Ouverture du Champs-Elysées Film Festival 2013 (13/06/2013)
Hier soir, sur la terrasse du Publicis, en haut des Champs-Elysées, avec sa vue surplombant Paris sublimement vertigineuse, éblouissante et changeante, avait lieu l'ouverture de la 2ème édition du Champs-Elysées Film Festival, dans une atmosphère conviviale et décontractée, à l'image de ce festival à la riche programmation que vous pouvez retrouver dans mon article, ici.
L'ouverture a eu lieu en présence de la Présidente du festival Sophie Dulac mais aussi des présidents de cette édition 2013, Olivier Martinez et Julie Gayet ou encore de Halle Berry (en la présence de laquelle aura lieu , ce soir,la soirée au profit de l'Association Les Toiles Enchantées qui apporte le cinéma aux enfants malades), Chris Colfer (qui a déchaîné les foules aux abords du Publicis hier soir) et de nombreux autres invités du 7ème art. J'avoue qu'il a été difficile de quitter ce lieu qui aurait été parfait pour une séquence de "Minuit à Paris" de Woody Allen, délicieusement intemporelle.
Ayant le plaisir d'être blog partenaire du festival, je vais vous faire vivre au jour le jour ce festival, ses avant-premières françaises, américaines, mais aussi sa compétition de films indépendants américains ou encore ses master classes comme celle de Cédric Klapisch, à ne pas manquer, samedi.
Aujourd'hui, outre la compétition de films indépendants dont vous pourrez retrouver mes premières critiques, demain, et outre la projection au profit des Toiles enchantées précitée, je vous recommande notamment "Grand Central" de Rebecca Zlotowski qui sera projeté, ce soir, à 20H45 à l'UGC George V et dont vous pouvez retrouver ma critique, ci-dessous.
Critique de "Grand Central" de Rebecca Zlotowski
Dans ce nouveau film de Rebecca Zlotowski, Tahar Rahim incarne Gary, un jeune homme agile, frondeur, qui apprend vite, embauché dans une centrale nucléaire, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes et dangereuses. Là, où le danger est constant. Il va y trouver ce qu’il cherchait, de l’argent, une équipe à défaut d’une famille (on ne verra de sa vraie famille qu’une sœur dont le conjoint le rejette visiblement, et une grand-mère dont la porte restera impitoyablement fermée) même si elle le devient presque, mais aussi Karole ( Léa Seydoux), la femme de son collègue Toni (Denis Menochet). Tandis que les radiations le contaminent progressivement, une autre forme de chimie (ou d’alchimie), l’irradie, puisqu’il tombe amoureux de Karole. Chaque jour, la menace, de la mort et de la découverte de cette liaison, planent.
La première bonne idée du film est de nous faire découvrir cet univers dans lequel des hommes côtoient le danger et la mort chaque jour, dans des conditions terrifiantes que Rebecca Zlotowski parvient parfaitement à transcrire notamment par un habile travail sur le son, des bruits métalliques, assourdissants qui nous font presque ressentir les vibrations du danger. A l’image d’un cœur qui battrait trop fort comme celui de Gary pour Karole. J’ignore ce qui est réel dans sa retranscription des conditions de vie des employés de la centrale nucléaire tant elles paraissent iniques et inhumaines mais j’imagine qu’elles sont tristement réelles puisque Claude Dubout, un ouvrier qui avait écrit un récit autobiographique, « Je suis décontamineur dans le nucléaire », a été le conseiller technique du film. Le film a par ailleurs été tourné dans une centrale nucléaire jamais utilisée, en Autriche, ce qui renforce l’impression de réalisme.
Ne vous y trompez pas, « Grand Central » n’est néanmoins pas un documentaire sur les centrales nucléaires. C’est aussi et avant tout une histoire d’amour, de désirs dont la force est renforcée par la proximité d’un double danger. C’est un film sensuel, presque animal qui pratique une économie de dialogues et qui repose sur de beaux parallèles et contrastes. Parallèle entre l’amour de Gary pour Karole qui se laisse irradier par elle et pour rester auprès d’elle. Parallèle entre le sentiment amoureux, presque violent, impérieux, qui envahit lentement et irrémédiablement celui qui l’éprouve comme la centrale qui contamine. Parallèle entre les effets du désir amoureux et les effets de la centrale : cette dose qui provoque « la peur, l’inquiétude », les jambes « qui tremblent », la « vue brouillée » comme le souligne Karole. Parallèle entre ces deux dangers que Gary défie, finalement malgré lui. Contraste entre cette centrale clinique, carcérale, bruyante et la nature dans laquelle s’aiment Gary et Karole et que Rebecca Zlotowski filme comme une sorte d’Eden, ou comme dans « Une partie de campagne » de Renoir, même si elle n’élude rien des difficiles conditions de vie des ces ouvriers/héros qui habitent dans des mobile-homes près des centrales, telle une Ken Loach française.
Rebecca Zlotowski dresse le portrait de beaux personnages incarnés par d’excellents comédiens ici tout en force et sensualité au premier rang desquels Tahar Rahim, encore une fois d’une justesse irréprochable, Denis Menochet, bourru, clairvoyant et attendrissant, un beau personnage qui échappe au manichéisme auquel sa position dans le film aurait pu le réduire, ou encore Olivier Gourmet ou Johan Libéreau (trop rare).
Encore un film dont je vous reparlerai qui à la fois nous emporte par la beauté de ses personnages, leur rudesse tendre, la radieuse force des sentiments (amitié, amour) qui les unit … et qui nous glace d’effroi en nous montrant les conditions de travail de ceux qui risquent chaque jour leur vie dans l’une de ces 19 centrales françaises.
11:20 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (3) | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
ah tu y étais ???
Écrit par : Pascale | 13/06/2013
Je vous confirme que la vie des travailleurs du nucléaire est bien celle qui nous frappe dans Grand central et est aussi encore plus sombre parfois...
Je vous invite à lire "Je suis décontamineur dans le nucléaire" qui raconte par les mots ce que vous voyez en image!
Écrit par : DUBOUT | 18/06/2013
@Dubout: Je vous remercie pour votre témoignage. C'est terrifiant de savoir que cela correspond à la réalité. Je ne manquerai pas de suivre votre conseil de lecture.
Écrit par : Sandra.M | 27/07/2013