Cérémonie et film d’ouverture du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2023, LE JEU DE LA REINE de Karim Aïnouz (01/09/2023)
Comme c’est le cas désormais chaque année, pour le plus grand plaisir des festivaliers, c’est en musique que s’ouvre le Festival du Cinéma Américain de Deauville. Pour cette 49ème édition, c’est Kyle Eastwood qui a enchanté les spectateurs de la majestueuse salle du CID, avant de présenter un documentaire qui lui est consacré, aux Franciscaines.
L’été expire ses dernières lueurs et, chaque année début septembre, il se ravive avec l’incontournable rendez-vous du festival. D’autant plus avec cette 49ème édition au programme passionnant, nullement abîmé par les absences de ceux qui auraient dû être à l’honneur cette année, récipiendaires de Deauville Talent Awards (Natalie Portman, Jude Law, Joseph Gordon-Levitt, Peter Dinklage), absents pour cause de grève à Hollywood. L’occasion cependant de découvrir leurs derniers films en avant- première (notamment She came to me de Rebecca Miller, en la présence de la cinéaste) ou leurs anciens (notamment The Nest de Sean Durkin, Grand prix du Festival de Deauville 2020). Emilia Clarke recevra le prix Nouvel Hollywood, qui récompense une étoile du cinéma américain, avant la projection de The Pod Generation réalisé par Sophie Barthes.
Comme chaque année, le Festival de Deauville sera le reflet des ombres et lumières de la société américaine, et nous a offrira une plongée réjouissante ou angoissante dans les méandres de son âme, ses tourments et ses espoirs, avec 80 films en sélection officielle dont 14 en compétition officielle (9 étant premiers longs-métrages) mais aussi des Premières et des Docs de l’Oncle Sam. Ou encore, comme c’est le cas depuis la pandémie, une Fenêtre sur le cinéma français (3 films français en première mondiale dont Icon of french cinema, la série de Judith Godrèche dans laquelle elle incarne son alter ego fictif qui rentre à Paris après dix années d’exil à Hollywood) et L’heure de la Croisette ( 3 films de la sélection officielle du dernier Festival de Cannes).
Le festival propose aussi cette année des conversations avec Luc Besson (à l’occasion de la première de son film DogMan) et Carole Bouquet (à l’occasion de la projection de Captives de Arnaud des Pallières).
Comme chaque année, il ne faudra également pas manquer le Prix d’Ornano-Valenti, attribué cette année à Rien à perdre de Delphine Deloget.
Rendez-vous le 9 septembre pour découvrir le palmarès décerné par Guillaume Canet (à qui la distinction numérique de l’INA sera remise le 6 septembre avant la projection de L’enlèvement de Marco Bellochio). Il sera accompagné du réalisateur Alexandre Aja, de la romancière Anne Berest, de la réalisatrice Laure de Clermont-Tonnerre, de la réalisatrice Léa Mysius, de la comédienne Marina Hands de la Comédie-Française, de la comédienne Rebecca Marder, du comédien Stéphane Bak, et du musicien et comédien Maxime Nucci.
Le Jury de la Révélation est présidé par la comédienne Mélanie Thierry, entourée de la comédienne Julia Faure, du comédien Pablo Pauly, de la réalisatrice Ramata-Toulaye Sy et du comédien Félix Lefebvre.
La cérémonie du palmarès sera suivie du film de clôture : Joika de James Napier Robertson.
En attendant, ce soir, le photographe et cinéaste, Jerry Schatzberg recevait un hommage pour l'ensemble de sa carrière. L'occasion pour lui de retrouver Guillaume Canet, qu'il avait dirigé à ses débuts dans The Day The Ponies Come Back. C’est Guillaume Canet qui lui a rendu hommage, en l’accueillant par ces mots : « Il représente le festival indépendant américain. Je vous demande d'accueillir mon ami et mon père spirituel, Jerry Schatzberg ». Jerry Schatzberg réalisa notamment L’Epouvantail (Palme d’or à Cannes en 1973), Panique à Needle Park (1971), Portrait d’une enfant déchue (1970).
CRITIQUE - LE JEU DE LA REINE
C’est le film Le Jeu de la reine de Karim Aïnouz de qui a ensuite été projeté lors de cette cérémonie d’ouverture.
Catherine Parr (Alicia Vikander) est la sixième femme du roi Henri VIII (Jude Law), dont les précédentes épouses ont été soit répudiées, soit décapitées (une seule étant décédée suite à une maladie). Avec l’aide de ses dames de compagnie, elle tente de déjouer les pièges que lui tendent l’évêque, la cour et le roi…
Ce film a été figurait en compétition du Festival de Cannes 2023.
Catherine Parr fut donc la sixième et dernière épouse du roi tyrannique Henri VIII. Le film s’intéresse ainsi aux derniers mois de la survie de Catherine Parr en tant que reine d’Angleterre, et aux derniers mois d’Henri VIII en tant que roi. Une femme qui rêvait en dépit de la relation abusive dans laquelle elle était enfermée. Une femme courageuse.
Entre horreur psychologique et thriller politique, Le Jeu de la Reine est une adaptation du roman éponyme d’Elizabeth Fremantle, publié en 2012. Henri VIII, souverain réputé pour sa cruauté, a eu cinq épouses avant Catherine Parr, dont deux qu'il fit décapiter, Anne Boleyn et Catherine Howard.
L’intégralité du film a été tournée à Haddon Hall qui ressemble au décor d’un thriller funeste. La mise en scène en clair-obscur sied parfaitement à cette histoire de ténèbres parsemées de lueurs d’espoirs éparses. Où menacent les complots et la peste. Et où la liberté est sans cesse menacée.
Jude Law est surprenant et même méconnaissable dans le rôle de ce roi repoussant, inquiétant, tyrannique et abusif. Un film intemporel et angoissant. Un magnifique portrait de femme aussi, celui de Catherine Parr, première femme à publier un recueil de poèmes en langue anglaise.
Avec cette vision de sa relation avec Henri VIII féministe et originale, mais aussi austère et angoissante, le coup d’envoi de cette 49ème édition était donné. Sera-t-elle à l’image de ce film ? Réponse dans dix jours !
23:37 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer |