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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 2

  • Rétrospective Lars von Trier, le 12 juillet au cinéma - Critique de MELANCHOLIA

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    L'intégrale de Lars von Trier sera à (re)découvrir au cinéma, le 12 juillet, en version restaurée. L'occasion de vous parler de Melancholia.

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    Je me souviens encore de cet  immense  choc, tellurique certes mais surtout cinématographique, lorsque je l'avais découvert dans le cadre du Festival de Cannes, où il figurait en compétition, en 2011. 

    Je pourrais vous en livrer le pitch. Ce pitch vous dirait que, à l'occasion de leur mariage, Justine (Kirsten Dunst) et Michael (Alexander Skarsgård ) donnent une somptueuse réception dans le château de la sœur de Justine, Claire(Charlotte Gainsbourg) et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige inéluctablement vers la Terre...

     Mais ce film est tellement plus que cela…

    Dès la séquence d’ouverture, d’une beauté sombre et déroutante, envoûtante et terrifiante (une succession de séquences et photos sur la musique de Wagner mêlant les images de Justine  et les images de la collision cosmique), j’ai été éblouie, subjuguée, happée par ce qui se passait sur l’écran pour ne plus pouvoir en détacher mon attention. Après ce prologue fantasmagorique et éblouissant,  cauchemardesque,  place au « réalisme » avec les mariés qui sont entravés dans leur route vers le château où se déroulera le mariage. Entravés comme Justine l’est dans son esprit. Entravés comme le sera la suite des évènements car rien ne se passera comme prévu dans ce film brillamment dichotomique, dans le fond comme dans la forme.

    Lars von Trier nous emmène ensuite dans un château en Suède, cadre à la fois familier et intemporel, contemporain et anachronique, lieu du mariage de Justine, hermétique au bonheur. La première partie lui est consacrée tandis que la seconde est consacrée à sa sœur Claire. La première est aussi mal à l’aise avec l’existence que la seconde semble la maitriser jusqu’à ce que la menaçante planète « Melancholia » n’inverse les rôles, cette planète miroir allégorique des tourments de Justine provoquant chez tous cette peur qui l’étreint constamment, et la rassurant quand elle effraie les autres pour qui, jusque là, sa propre mélancolie était incompréhensible.

    Melancholia, c’est aussi le titre d’un poème de Théophile Gautier et d’un autre de Victor Hugo (extrait des « Contemplations ») et le titre que Sartre voulait initialement donner à « La nausée », en référence à une gravure de Dürer dont c’est également le titre. Le film de Lars von Trier est la transposition visuelle de tout cela, ce romantisme désenchanté et cruel. Ce pourrait être prétentieux mais au lieu de se laisser écraser par ses brillantes références (picturales, musicales, cinématographiques), Lars von Trier les transcende pour donner un film d’une beauté, d’une cruauté et d’une lucidité renversantes.

     C’est aussi  un poème vertigineux, une peinture éblouissante, un opéra tragiquement romantique, bref une œuvre d’art à part entière. Un tableau cruel d’un monde qui se meurt ( dont la clairvoyance cruelle de la première partie fait penser à Festen de Vinterberg) dans lequel rien n’échappe au regard acéré du cinéaste : ni la lâcheté, ni l’amertume, ni la misanthropie, et encore moins la tristesse incurable, la solitude glaçante face à cette « Mélancholia », planète vorace et assassine, comme l’est la mélancolie dévorante de Justine.

    Melancholia est un film  qui mêle les genres habituellement dissociés (anticipation, science-fiction, suspense, métaphysique, film intimiste…et parfois comédie, certes cruelle) et les styles (majorité du film tourné caméra à l’épaule) .

    Un film de contrastes et d’oppositions. Entre rêve et cauchemar. Blancheur et noirceur. La brune et la blonde. L’union et l’éclatement. La terreur et le soulagement. La proximité (de la planète) et l’éloignement (des êtres).

    Un film à contre-courant, à la fois pessimiste et éblouissant. L’histoire d’une héroïne  incapable d’être heureuse dans une époque qui galvaude cet état précieux et rare avec cette expression exaspérante « que du bonheur ».

    Un film dans lequel rien n’est laissé au hasard, dans lequel tout semble concourir vers cette fin…et quelle fin ! Lars von Trier parvient ainsi à instaurer un véritable suspense terriblement effrayant et réjouissant qui s’achève par une scène redoutablement tragique d’une beauté saisissante aussi sombre que poignante et captivante qui, à elle seule, aurait justifié une palme d’or. Une fin sidérante de beauté et de douleur. A couper le souffle. D’ailleurs, je crois être restée de longues minutes sur mon siège dans cette salle du Grand Théâtre Lumière, vertigineuse à l’image de ce dénouement, à la fois incapable et impatiente de transcrire la multitude d’émotions procurées par ce film si intense et sombrement flamboyant.

    Et puis… comment aurais-je pu ne pas être envoûtée par ce film aux accents viscontiens (Le Guépard et Ludwig- Le crépuscule des Dieux  de Visconti ne racontant finalement pas autre chose que la déliquescence d’un monde et d’une certaine manière la fin du monde tout comme Melancholia), étant inconditionnelle du cinéaste italien en question ?

    Kirsten Dunst incarne la mélancolie ( tout comme dans Marie-Antoinette et Virgin Suicides) à la perfection dans un rôle écrit au départ pour Penelope Cruz.

    Un très grand film qui bouscule, bouleverse, éblouit, sublimement cauchemaresque et d’une rare finesse psychologique qui me laisse le souvenir lancinant et puissant  d’un film qui mêle savamment les émotions d’un poème cruel et désenchanté, d’un opéra et d’un tableau mélancoliques et crépusculaires.

    Alors je sais que vous êtes nombreux à vous dire réfractaires au cinéma de Lars von Trier…mais ne passez pas à côté de ce chef-d’œuvre qui vous procurera plus d’émotions que la plus redoutablement drôle des comédies, que le plus haletant des blockbusters, et que le plus poignant des films d’auteurs et dont je vous garantis que la fin est d’une splendeur qui confine au vertige. Inégalée et inoubliable.

  • Critique de TITANIC de James Cameron de retour au cinéma le 8 février 2023 (en version restaurée 3D)

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    A l'occasion de son 25ème anniversaire, Titanic de James Cameron sera de retour en salles dans une version restaurée 3D HDR et HFR, le  8 février 2023. L'occasion pour moi de vous parler à nouveau de ce film de tous les superlatifs : il reste numéro 1 en France en nombre d'entrées avec 21, 77 millions de spectateurs, le film occupe la 3ème place au box-office mondial de tous les temps avec 2,2 milliards de dollars de recettes, il est avec Ben-Hur le film ayant été le plus récompensé aux Oscars avec 11 statuettes remportés (pour 14 nominations), la BO composée par James Horner est plus vendue de tous les temps...Rares sont en effet les films à s’être ainsi transformés en phénomènes de société. 

    Southampton, 10 avril 1912. L’évènement est international. Le paquebot le plus grand et le plus moderne du monde, réputé insubmersible, le "Titanic" qui doit son nom à son gigantisme, appareille pour son premier voyage, une transatlantique en direction de New York. Quatre jours plus tard, il heurte un iceberg avant de sombrer dans les eaux glaciales de l’Atlantique.

    Jack Dawson (Leonardo DiCaprio), un artiste pauvre et libre comme l’air, gagne son billet de 3ème classe au poker et embarque in extremis. De son côté, en première classe, la jeune Rose DeWitt Bukater (Kate Winslet) embarque avec son futur époux, Caledon Hockley (Billy Zane), aussi emprisonnée dans les conventions et dans un avenir cadenassé que Jack est libre de toute entrave. Rose va tenter de se suicider en se jetant d’un pont du paquebot. Jack va la sauver. Ils vont tomber amoureux et vivre une histoire d’amour intense, éphémère et éternelle, au milieu du chaos.

    Des années plus tard, Brock Lovett coordonne une équipe de fouilles de l'épave du Titanic. Lors d'une plongée en sous-marin, il espère enfin retrouver le Cœur de l'Océan, un bijou inestimable, porté par Louis XVI. Le coffre-fort qu’il remonte des profondeurs ne contient qu'un dessin représentant une jeune fille nue portant le bijou.

    Une dame très âgée, Rose Calvert, découvre ce dessin à la télévision. Elle appelle Lovett en affirmant être la jeune fille en question…

    Il faut le dire d'emblée : le résultat de la 3D est saisissant. Jamais encore la 3D ne m'avait semblée avoir cet impact (d'ailleurs, jamais encore la 3D ne m'avait semblée avoir d'impact tout court)... L'immersion est immédiate et l'émotion au rendez-vous. L’éclat de la photographie mais surtout la précision, le souci du détail nous fascinent et immergent immédiatement dans cette aventure tragique et romanesque. Une poupée de porcelaine. Une brosse. Un miroir brisé. Une chaussure. Un coffre…Tous ces objets qui flottent au milieu de l’épave semblent terriblement réels et rendent soudain particulièrement palpable et tangible l’humanité de la tragédie qui s’y est déroulée et de ceux qui l’ont vécue, et nous embarquent dès le début dans l’aventure bien que nous la connaissions par cœur.

    La 3D n'est pas ici un gadget mais un véritable atout qui procure au spectateur de vraies sensations et émotions, que ce soit dans les premières scènes à Southampton au cours desquelles nous découvrons le paquebot et où nous avons l’impression d’être dominés par son gigantisme et sa majesté ou dans les scènes du naufrage. Quand le navire apparaît dans toute sa splendeur, nous oublions qu’il n’est déjà plus qu’une épave engloutie, pour embarquer et croire qu’il est réellement insubmersible. Quand, beaucoup plus tard, le paquebot se lève, comme un mourant émet son dernier râle, avant de sombrer à jamais, tout en rejetant ses passagers à la mer, quand le silence précède le terrifiant fracas, la scène nous glace d’effroi.

    Les scènes intimistes sont presque plus impressionnantes encore que les scènes à grand spectacle tant le spectateur a l'impression d'être un intrus, de s'immiscer dans une sphère privée, et pas seulement d'en être spectateur. Et lorsque les mains de Jack et Rose se frôlent et s’étreignent, ou lorsque Jack peint Rose dénudée, nous avons presque envie de retenir notre souffle pour ne pas les déranger, tant leur trouble irradie l’écran.

    Grâce à la 3D, le danger, aussi, devient palpable, la somptuosité des décors ensuite ravagée est plus éblouissante encore, mais surtout la lâcheté, le courage, la beauté nous happent et heurtent plus que jamais. La scène où Rose déambule dans les couloirs en cherchant de l'aide nous donne la sensation magique et inquiétante d'être à ses côtés, tétanisés par le danger, révoltés par la couardise de certains passages, et lors de celle où Jack et Rose s'enlacent et "volent", la sensation est étourdissante comme si nous virevoltions aussi.

    Si Titanic était déjà romanesque, flamboyant et spectaculaire, cette conversion le transforme en une expérience exaltante, vertigineuse et parfois effroyable grâce à la profondeur de champ et grâce au souci du détail qui sont alors flagrants (tasse de porcelaine ou vestiges du naufrage, tout semble, pas seulement exister sur l’écran, mais prendre vie sous nos yeux).

     L’écriture presque schématique, voire dichotomique, est toujours aussi efficace. Les pauvres opposés aux riches. Le courage à la lâcheté. La raison à l’amour. L’insouciance à la gravité. La liberté de Jack opposée à l’enfermement de Rose. La clairvoyance de Jack opposée à l’aveuglement de ceux qui entourent Rose. Le silence de mort de la 1ère classe face à la musique et au rythme effréné de la gigue irlandaise dans la 3ème. L’éphémère et l’éternité qui ne s’opposent pas mais que réunit la catastrophe. Les sentiments y sont simples voire simplistes et manichéens mais tout est là pour nous étonner avec ce que nous attendons. Le mélange du spectaculaire et de l’intime, de la tragédie et de l’amour nous rappellent les plus grandes fresques (Autant en emporte le vent -ah, que serait l’incendie de Tara en 3D ?-,  Docteur Jivago) ou histoires d’amour (Casablanca, Le dernier métro) dans lesquelles la menace gronde (souvent la guerre) et renforce les sentiments alors confrontés aux obstacles (ici, la nature, la société). Titanic parvient à être à la fois un film catastrophe épique et une histoire d’amour vibrante sans que l’un prenne le pas sur l’autre, mais au contraire en se renforçant mutuellement. Un soufflé épique qui nous emporte contre notre raison même qui nous avertit de ces défauts comme certains personnages caricaturaux nous le rappellent comme l’égoïste, médiocre, odieux au possible fiancé de Rose ou comme une certaine outrance dans le mélodrame. Qu’importe !   

    Avec la 3D, les traits de Leonardo DiCaprio et Kate Winslet que nous avons vus grandir apparaissent dans leur éclat et l’innocence de leur jeunesse, et les visages blafards qui flottent sur l’eau n’en sont que plus redoutables, en miroir de cette splendeur passée et si proche. Il est d’ailleurs injuste que, contrairement à Kate Winslet, Leonardo Di Caprio n’ait pas été nommé aux Oscars comme meilleur acteur. Si la première interprète l’impétueuse, passionnée, fière et lumineuse Rose avec vigueur et talent, Leonardo DiCaprio, sans doute incarne-t-il un personnage trop lisse pour certains (mais il prouvera par la suite à quel point il peut incarner toutes les nuances et des rôles beaucoup plus sombres), il n’en est pas moins parfait dans son personnage d’artiste vagabond, libre, faussement désinvolte, malin, séduisant et courageux. Dans le chef d’œuvre de Sam Mendes,  Les noces rebelles , Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, réunis à nouveau, ont d’ailleurs su prouver qu’ils étaient de grands acteurs (aux choix judicieux), dans des rôles qui sont à l’opposé de leurs rôles romantiques de Rose et Jack.

    Alors, bien sûr, l'art c'est aussi de laisser place à l'imaginaire du spectateur et sans doute ce nouveau procédé est-il une manière de prendre le spectateur par la main, de lui dicter ce qu'il doit regarder et même éprouver, ce qui pourrait faire s'apparenter le cinéma à une sorte de parc d'attraction abêtissant mais ce tour de manège-là est tellement étourdissant que ce serait faire preuve de mauvaise foi que de bouder notre plaisir.

    Ce Titanic en 3D permet de revisiter le film de James Cameron. Ou quand le cinéma devient une expérience au service de l'émotion, des sensations mais surtout du film et du spectateur. Vous aurez l’impression étrange et vertigineuse d'être réellement impliqués dans une des plus belles histoires d'amour de l'histoire du cinéma. Histoire d'amour mais aussi histoire intemporelle et universelle, d'orgueil, d'arrogance et de lâcheté, une tragédie métaphorique des maux de l'humanité, une course au gigantisme et à la vitesse au détriment de l’être humain et de la nature, qui fait s'entrelacer mort et amour, éphémère et éternité, et qui reste aussi actuelle et émouvante 15 ans après. Un film avec de la profondeur (dans les deux sens du terme désormais), et pas un simple divertissement. Un moment de nostalgie aussi pour ceux qui, comme moi, l'ont vu en salles lors de sa sortie et pour qui ce sera aussi une romantique réminiscence que de redécouvrir les amants immortels, "Roméo et Juliette" du XXème siècle, et de sombrer avec eux, avant de retrouver la lumière du jour et de quitter à regrets les eaux tumultueuses de l’Atlantique et cette histoire d’amour rendue éternelle par les affres du destin, et par la magie du cinéma.

    Le 8 février, plongez au "cœur de l'océan" et au cœur du cinéma... Achetez votre billet pour embarquer sur le Titanic (vous en aurez vraiment l’impression), je vous promets que vous ne regretterez pas le voyage, cette expérience unique, magique, étourdissante, réjouissante : définition du cinéma (du moins, de divertissement) finalement porté ici à son paroxysme! A (re)voir et vivre absolument.

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  • Cinéma - Les meilleurs films de l'année 2022

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    Dans mon dernier post Instagram (je vous invite à suivre mon compte @Sandra_Meziere, si ce n'est pas déjà le cas), je vous souhaitais notamment de poétiser chaque poussière de seconde et, en paraphrasant Victor Hugo, de pourchasser la « splendeur du beau ». À l’heure du traditionnel bilan cinématographique, je vous propose 20 films qui m’ont marquée en 2022, certains parce qu’ils correspondaient à cette définition de l’art donnée par Hugo. Aussi, souvent, parce qu’ils répondaient à celle de Chaplin : « L'art est une émotion supplémentaire qui vient s'ajouter à une technique habile. » Ou de Jean Renoir : « L'art du cinéma consiste à s'approcher de la vérité des hommes, et non pas à raconter des histoires de plus en plus surprenantes. » 
     
    Je reconnais le caractère iconoclaste de cette liste. Mais en 2023, plus que jamais, c’est aussi ce que je (me et vous) souhaite : assumer sa voie et sa voix, rester fidèle à soi-même. 
     
    Certains de ces films n’ont reçu quasiment aucun écho médiatique, d’autres ont été méprisés par la critique. Qu’importe ! J’assume ces choix guidés souvent par l’émotion, mais aussi par des critères plus objectifs. Certains, je les ai choisis pour leur interprétation, leur mise en scène, leur audace, leur sujet, leur nécessité, leur musique, leur photographie, leur scénario, ou même pour m'avoir heurtée ou pour un unique plan marquant, parfois pour toutes ces raisons réunies. 
     
    Pas de hiérarchie dans cette liste hétéroclite. Simplement des films que je vous recommande de découvrir. Vous pouvez lire mes critiques de ces films sur Inthemoodforcinema.com.
     
    Je remarque a posteriori qu’il y a une majorité de films français, ce n'est pas un choix délibéré mais je m'en réjouis à l’heure où certains ne cessent de dénigrer le cinéma hexagonal.   
     
    Parmi ces films, beaucoup furent  découverts en festivals : aux Festival de Cannes, Festival du Cinéma Américain de Deauville, Festival du Cinéma et Musique de film de La Baule et au Dinard Festival du Film Britannique. Je vous promets encore des festivals cette année, cinématographiques mais aussi littéraires. Il s'agit après tout toujours d'histoires, à regarder ou raconter, qu’elles nous enchantent, heurtent, stupéfient, glacent, égarent, éclairent ou exaltent, qu'elles cherchent la vérité, la poésie ou le spectacle.
     
    Je complèterai cette liste ici le cas échéant car il me reste à rattraper quelques films qui ont marqué l'année (Revoir Paris, Les enfants des autres, Leila et ses frères, La Conspiration du Caire, Saint-Omer, Novembre...), je vous dirai donc si je les y inclus. J'en profite aussi pour vous recommander d'ores et déjà deux films de 2023 dont vous pouvez lire ici mes critiques : Babylon de Damien Chazelle et Emily de Frances O'Connor, le grand vainqueur du Dinard Festival du Film Britannique 2022 et pour moi le meilleur film vu cette année. Enfin, je pourrais également ajouter à cette liste de 20 films, chacun pour des raisons différentes, deux films pleins de charme qui n'ont pas récolté le succès mérité : Maria rêve de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller et I love Greece de Nafsika Guerry-Karamaounas.
  • Spectacle symphonique "Claude Lelouch, d'un film à l'autre" : l'inoubliable hymne à la vie de Claude Lelouch pour ses 85 ans !

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    Éperdument vivants. Ainsi sont presque toujours les personnages dans les films de Claude Lelouch. Ainsi nous donnent-ils encore plus envie d’être. Dans Un homme et une femme, Jean-Louis Duroc (Trintignant) demande à Anne Gauthier (Anouk Aimée), citant Giacometti « Qu'est-ce que vous choisiriez : l'art ou la vie ? ». Lelouch n'a certainement pas choisi, ayant réussi a insufflé de l'art dans la vie de ses personnages et de la vie dans son art. Son cinéma, c'est de l'art qui transpire la vie. Et, hier soir, chaque seconde transpirait la vie.
     
    C’est par son fameux court-métrage, sa trépidante traversée de Paris de huit minutes, C’était un rendez-vous, qu’a débuté cette soirée unique. Hier soir, au Palais des Congrès, c’était effectivement un sacré rendez-vous. Un rendez-vous avec mes premiers émois de cinéma. Un rendez-vous avec certains des films qui me l’ont fait aimer, comme on devrait toujours aimer : la vie, les êtres chers, le septième art. Passionnément. Inconditionnellement. Par ce concert exceptionnel au Palais des Congrès, avec les 80 musiciens de l’orchestre philarmonique de Prague, Claude Lelouch a célébré ses 85 ans....enfin pardon ses...8+5=13 ans ! Une soirée qui, comme chacun de ses films, aspirait à nous faire « aimer un peu plus la vie » qui est « le plus grand cinéaste du monde », cette vie qu'il fait tournoyer sous sa caméra, et qu’il rend ainsi si vibrante et intense. Dans chacun de ses films, la vie est un jeu. Dénué de tiédeur. Sublime et dangereux. Grave et léger. Un jeu de hasards et coïncidences. Le cinéma, son cinéma, l’est aussi.
     
    « C’est l’irrationnel qui invente notre vie. La musique est ce qui parle le mieux à notre irrationnel » a coutume de dire Claude Lelouch. Alors, hier soir, l’irrationnel a déployé toute sa puissance pour nous embarquer dans un tourbillon d’émotions transcendé par la musique (surtout) de Francis Lai.
     
    Cette soirée aurait pu être une scène d’un film de Lelouch, là où la frontière entre le cinéma et la réalité est si ténue. L’ouvreuse vend le programme sur l’air de « qui me dira » et déjà le cinéma empiète sur la réalité, lui procure une aura romanesque.
     
    La vie de Lelouch a d’ailleurs débuté sous le signe du cinéma. C’est dans un cinéma qu’il se réfugia pendant la guerre. Et ses parents s’y sont rencontrés, pendant un film de Fred Astaire et Ginger Rogers, lesquels, des années plus tard, lui remettront son Oscar. Comme dans une scène d'un film de Lelouch glorifiant les hasards et coïncidences ! Il n’y a pas plus bel endroit pour s’abriter de la réalité qu’un cinéma après tout, non ?
     
    Claude Lelouch n’a eu de cesse de sublimer la vie et les acteurs avec sa fougue communicative, sa réjouissante candeur, son regard enthousiaste, sa curiosité malicieuse. Bien que les critiques ne l’aient pas épargné, il est toujours resté fidèle à sa manière, singulière, de faire du cinéma, avec passion et sincérité, et fidélité : à la musique de Francis Lai (toujours enregistrée avant le tournage et diffusée sur le plateau), aux fragments de vérité, aux histoires d’amour éblouissantes, à sa vision romanesque de l’existence, à ses aphorismes, aux sentiments grandiloquents et à la beauté (parfois terrible) des hasards et coïncidences.
     
    Quel plaisir de revoir tous ces moments inoubliables de cinéma portés par la musique (essentiellement de Francis Lai qui a composé les musiques de 35 de ses 50 films) magistralement interprétée par l’orchestre philarmonique de Prague, de cet inénarrable Dabada mondialement célèbre repris par Nicole Croisille à la musique de son prochain film composée par Ibrahim Maalouf et jouée en exclusivité hier.
     
    Que d’images et musiques inoubliables revues et réentendues hier ! La foule d’émotions qui passent sur le visage de Girardot à la fin d’Un homme qui me plaît jusqu’à son regard final, poignant, sur le magnifique Concerto pour la fin d’un amour. L’incroyable musique de western de ce film aussi. Ou encore ce couple magique et improbable interprété par Françoise Fabian et Lino Ventura dans le jubilatoire La bonne année (le film préféré de Kubrick, tandis qu’hier soir dans les messages enregistrés, Travolta déclarait que Un homme et une femme était son «film préféré de tous les temps» et Woody Allen que Lelouch était pour lui une source d’inspiration). Ce crescendo étourdissant et magistral du Boléro de Ravel plus bouleversant que jamais grâce à l’orchestre philarmonique et au montage des images des films de Lelouch. Ou encore la musique épique, flamboyante et lyrique de Itinéraire d’un enfant gâté qui, rappelez-vous, dans le film, accompagne d’abord les premières années de Sam Lion et les numéros de cirque étourdissants qui défilent (sans dialogues, juste avec la musique pour faire le lien) jusqu’à l’accident fatidique. Puis, les flashbacks qui alternent avec les vagues sur lesquelles flotte le navire de Sam Lion, des vagues qui balaient le passé. Rappelez-vous ces premières minutes bouleversantes, captivantes, montées et filmées sur un rythme effréné, celui sur lequel Sam Lion (ainsi appelé parce qu’il a été élevé dans un cirque) va vivre sa vie jusqu’à ce qu’il décide de disparaître.
     
    Rappelez-vous aussi le « Montmartre 1540 » de Trintignant dans Un homme et une femme (c’est déjà un peu de la musique quand il le prononce, non ?). Ou des années plus tard dans  Les plus belles années d’une vie quand soudain il s'illumine par la force des souvenirs de son grand amour, comme transfiguré, jeune, si jeune soudain. Et la majesté d'Anouk Aimée, sa grâce quand elle remet sa mèche de cheveux. Que d'intensité poétique et poignante lorsqu'ils se retrouvent et qu’ils sont l’un avec l’autre dans ce film des décennies après Un homme et une femme comme si le cinéma (et/ou l'amour) abolissai(en)t les frontières du temps et de la mémoire.
     
    « Les plus belles années d’une vie sont celles qu’on n’a pas encore vécues ». Cette citation de Victor Hugo reprise dans le film précité résume au fond ce que nous racontent tous les films de Claude Lelouch. Et ce qu’a raconté cette soirée. Et ce sont cette liberté et cette naïveté presque irrévérencieuses qui me ravissent, n’en déplaise aux sinistres cyniques. Comme chacun des films de Lelouch, cette soirée était une déclaration d’amour avec ses touchantes maladresses et ses élans passionnés. Une déclaration au cinéma. Aux acteurs. À l’amour. Aux hasards et coïncidences. Un hymne à la vie. Au présent. À l’émerveillement. À la musique.
     
    « Je ne suis pas un metteur en scène. Je suis un metteur en vie. Le plus grand scénariste, le meilleur dialoguiste, c’est la vie », « J’ai toujours privilégié l’émotion à la technique. L’émotion, c’est la vérité » répète régulièrement Claude Lelouch. « La musique c’est ce qui parle le mieux à notre instinct, qui interpelle notre cœur » dit-il aussi. Alors, hier, le mien était chamboulé.
     
    « Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte ». Cette citation d’Albert Cohen ouvre Itinéraire d’un enfant gâté et place le film sous le sceau du pessimisme et de la solitude, impression que renforce la chanson interprétée par Nicole Croisille qui ouvre le film. « Qui me dira, les mots d’amour qui font si bien, du mal ? Qui me tiendra, quand tu iras décrocher toutes les étoiles ? Qui me voudra, avec le nez rouge, et le cœur en larmes ? Qui m’aimera, quand je n’serai plus que la moitié d’une femme ? » tandis qu’un petit garçon seul sur un manège attend désespérément sa mère. Un homme s’occupe de lui, découvre le carton qu’il a autour du cou et qui indique que sa mère l’a abandonné.
     
    Rares sont les films qui émeuvent ainsi, dès les premiers plans et qui parviennent à maintenir cette note jusqu’au dénouement. Pour y parvenir, il fallait la subtile et improbable alliance d’ une musique fascinante comme un spectacle de cirque, d’acteurs phénoménaux au sommet de leur art, de dialogues réjouissants magistralement interprétés, un scénario ciselé, des paysages d’une beauté à couper le souffle, des histoires d’amour (celles qui ont jalonné la vie de Sam Lion, avec les femmes de sa vie, son grand amour décédé très jeune, sa seconde femme, sa fille Victoria pour qui il est un héros et un modèle et qui l’aime inconditionnellement, mais aussi celles d’Albert avec Victoria), jouer avec nos peurs (l’abandon, la disparition des êtres chers, le besoin de reconnaissance), nos fantasmes (disparaître pour un nouveau départ, le dépaysement) et les rêves impossibles (le retour des êtres chers disparus). Mais je digresse...
     
    Hier soir, au contraire, nous n’étions plus sur l’île déserte. La musique est effectivement le meilleur des médicaments comme l’a dit hier soir Claude Lelouch. Un baume universel sur les âmes meurtries et les cœurs blessés. Bref, ce fut un grand moment. De musique. D’émotions. De cinéma. Sur scène, Calogero, Nicole Croisille, Barbara Pravi, Ibrahim Maalouf, Patrick Bruel, Thomas Dutronc, ont rejoint l'orchestre philarmonique pour interpréter les chansons extraites des BO des films de Claude Lelouch tandis que Didier Barbelivien lui a composé et interprété une chanson inédite et que Francis Huster lui a lu deux déclarations d'amour, l'une de la compagne de Claude Lelouch, la talentueuse écrivaine Valérie Perrin, et l'autre des acteurs qui ont tourné avec lui, nombreux dans la salle venus souhaiter un joyeux anniversaire à celui dont on espère qu'il continuera le plus longtemps possible à nous faire aimer la vie, ainsi, passionnément.
     
    A l'issue du concert, Claude Lelouch est monté sur scène et, la voix étranglée par l'émotion, a déclaré : «A la fin de Guerre et Paix, Tolstoï disait, le plus difficile dans la vie, c'est d'aimer la vie. C'est ce que j'ai essayé de faire et à travers ces 50 films, d'essayer de vous faire partager cet amour que j'ai de la vie. Profitez-en. Vous ne pouvez pas savoir. Vous savez, je crois qu'on ne saura d'où l'on vient et où l'on va. Vous êtes arrivés dans un film qui avait commencé bien avant vous et vous serez obligés de vous barrer avant la fin du film. Alors profitez d'une seule chose, c'est le présent.» «La musique est la chose la plus importante de ma vie. C'est le meilleur des médicaments. Dès que j'ai un coup de blues, c'est à elle que je pense.»
     
    Selon Platon « La musique donne une âme à nos cœurs, des ailes à notre pensée et un essor à l’imagination. » En sortant du Palais des Congrès hier, la pensée et l’imagination s’envolaient en effet vers un joyeux ailleurs. Comme dans un film de Lelouch… Qui me dira…♪♪♪... Merci et joyeux anniversaire Monsieur Lelouch !
  • Vernissage de l'exposition « Les choses, une histoire de la nature morte » (à voir au Musée du Louvre jusqu’au 23.01.2023)

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    « Pendant que nous parlons, le temps jaloux s'enfuit. Cueille le jour, et ne crois pas au lendemain. » Cette citation d'Horace est une de celles qui illustrent la remarquable exposition Les choses. Une histoire de la nature morte au vernissage de laquelle j’ai eu le plaisir d’assister.

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    Lorsque j'étais étudiante, je m'évadais au Musée du Louvre comme d'autres se réfugient à l'église. De ce temple de l'art, je ressortais enrichie d'énergies, de rêves, d'émotions. Quelle émotion de nouveau en découvrant les œuvres qui composent cette exposition, de : Rousseau, Dali, Arcimboldo, Rembrandt, Géricault, Manet, Van Gogh, Magritte, Picasso, Miró, Giacometti, Cézanne, Matisse...!

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    En contraste avec notre monde bavard, cette passionnante exposition (du 12.10.2022 au 23.01.2023) s'intéresse au silencieux, au minuscule, fait dialoguer artistes contemporains avec œuvres passées. Une exposition d'auteure conçue par Laurence Bertrand Dorléac qui propose une vision nouvelle de ce genre longtemps considéré comme mineur. Près de 170 œuvres qui émerveillent, choquent, interpellent, éblouissent. 15 séquences chronologiques et thématiques. 

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    Sous la pyramide, l'œuvre monumentale de Barthélémy Toguo, Le Pilier des migrants disparus, invite à réfléchir à l'exil comme l'exposition invite aussi à réfléchir aux défis  contemporains. 

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    Vous verrez aussi des extraits de films de Keaton, Tarkovski, Tati, un extrait de PlayTime  d'ailleurs repris par Truffaut qui dans Domicile conjugal. Peut-être en voyant ce film avez-vous été déconcertés par cette sollicitation permanente de l'ouïe et du regard, par cette responsabilisation du spectateur.  PlayTime  qui est sorti en 1967 pourrait ainsi avoir été réalisé aujourd'hui tant il reflète notre époque : avide de transparence, d'exhibition et souvent aveugle à ce qui l'entoure. Une époque tonitruante et sourde, d'une modernité aliénante, intrigante, inquiétante, constituée d'incongruités.  Mais Tati nous invite aussi à voir la poésie, certes parfois désespérée, qui se cache derrière (et parfois émane de) l'absurdité de l'existence moderne. 

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    Cette digression pour vous dire qu'il en va aussi de même avec cette exposition mêlant incongruités et poésie et nous embarquant elle aussi dans son monde fascinant. Je vous la recommande vivement !

    J’en profite aussi pour vous dire que l’une de mes nouvelles, lauréate du Grand Prix de Short Edition, intitulée L’homme au gant, s’inspire du tableau éponyme du Titien et se déroule en partie au Musée du Louvre. Vous pouvez la lire, ici.

  • Programme du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz 2022 : au rendez-vous de la passion du cinéma (d’avenir)

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    Le Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz vient de dévoiler sa programmation. Et quelle programmation ! Comme chaque année, l’hétéroclisme et la qualité seront sans aucun doute au rendez-vous grâce au regard aiguisé de son directeur artistique, Patrick Fabre (également réalisateur, notamment de passionnants documentaires sur le cinéma dont Cinéma au féminin Pluri(elles) dont je vous avais parlé, ici) qui sélectionne minutieusement chaque film, et a le talent de découvrir et mettre en lumière les pépites de l’année à venir, que ce soit dans la compétition des premiers et deuxièmes longs ou courts-métrages de fiction ou dans la sélection des films hors compétition. Le festival braque en effet ses projecteurs sur « un cinéma d’avenir » comme l’indique son affiche, un cinéma toujours défendu avec une passion ardente et communicative par le directeur artistique qui présente les films et anime les débats d’après séances, souvent riches en émotions.

    Alors que les spectateurs désertent tristement les salles de cinéma, les festivals, a fortiori celui de Saint-Jean-de-Luz, sont plus que jamais essentiels pour nous faire retrouver le goût incomparable des films vus en salles.

    Comment rivaliser avec la fébrilité impatiente d'une salle qui retient son souffle quand le générique s'élance ou à la fin juste avant qu'un film ne balbutie ses derniers secrets ? Et ce bruissement quand une salle entière vacille de la même émotion ! Et cet étourdissement quand on ressort de la salle, ignorant la foule et la réalité et le présent et le lendemain et même que tout cela n'est "que" du cinéma, transportés ailleurs, loin, avec l'envie parfois même de "chanter sous la pluie" et de croire en tous ces (im)possibles auxquels il donne vie et invite et incite ! Sans salle de cinéma, lanterne décidément magique qui suspend le vol de notre temps insatiablement impatient, le 7ème art, comme le personnage de Gabin dans Le jour se lève, a "un œil gai et un œil triste". Et moi aussi j'ai l'impression de ne voir qu'à demie émotion ou indistinctement ces images qui méritent d'étinceler. 

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    Le Cinéma Le Sélect (là aussi dirigé par des passionnés, la famille Garat) dans le cadre duquel se déroule le festival avait d’ailleurs reçu le prix mérité de 2ème meilleur cinéma de France.

     A peine j’ouvre les yeux, Jusqu’à la garde, Les Invisibles, J’enrage de son absence, Olli Maki, Le Géant égoïste, Une bouteille à la mer, Compte tes blessures, Respire, Les Invisibles, L’évènement, Sol, La nuit venue, Un jeune fille qui va bien…: voici autant de films remarquables (parmi tant d'autres !) qui ont été mis à l’honneur ou récompensés à Saint-Jean-de-Luz.

    C’est le comédien Darren Muselet qui a posé devant l’objectif de Manuel Moutier pour l’affiche de cette 9ème édition, illustrant le slogan du festival, tourné vers le futur. Découvert dans Jeunesse sauvage de Frédéric Carpentier présenté au Festival en 2019, il est revenu en 2021 pour présenter Une mère de Sylvie Audecoeur. Il sera bientôt à l’affiche de Novembre de Cédric Jimenez.

    Le jury 2022 sera présidé par l’actrice Géraldine Pailhas qui sera entourée de Charlène Favier, Stéphane Foenkinos, Jean-Paul Gaultiere et Valérie Karsenti.

    Une comédie romantique de Thibault Segouin sera projeté en ouverture le lundi 3 octobre tandis que Une histoire d'amour de Alexis Michalik sera projeté en clôture le samedi 8 octobre.

    Je ne peux que vous recommander vivement ce festival qui fait primer convivialité, émotion et interaction avec le public et qui est accessible à tous sur achat d'une simple place ou d'abonnements pour 10 films.

    Les films en compétition

    La compétition est réservée exclusivement aux premiers et deuxièmes films de longs ou courts métrages de fiction. 10 longs métrages de fiction internationaux et 8 courts métrages français de fiction d'une durée maximum de 20mn ont été sélectionnés. Le jury professionnel décernera cinq prix aux longs métrages : Prix de la musique originale, Prix d'interprétation féminine et masculine, Prix de la mise en scène et le Grand Prix. Il récompensera également le court métrage avec son Grand Prix. Le jury jeunes décernera son Prix à un court-métrage et à un long. Le public décernera lui aussi son Prix à un court-métrage et à un long. Enfin, les 8 courts-métrages sélectionnés seront également présentés lors de la 27ème édition de Cinémania, le Festival de Films Francophones de Montréal.

    HARKA de Lofty Nathan avec Adam Bessa (France, Luxembourg, Tunisie, Belgique)

    MAGNIFICAT de Virginie Sauveur (France) avec Karin Viard, François Berléand, Maxime Bergeron

    LA MAISON de Anissa Bonnefont avec Ana Girardot, Aure Atika et Rossy de Palma (France)

    BUTTERFLY VISION de Maksym Nakonechnyi (Ukraine, République Tchèque, Croatie, Suède)

    AILLEURS SI J’Y SUIS de François Pirot (Belgique, Luxembourg)

    LES ENGAGES de Emilie Frèche avec Benjamin Lavernhe (France)

    ALMA VIVA de Cristèle Alves Meira (Portugal, France)

    TU CHOISIRAS LA VIE de Stéphane Freiss avec Lou de Lâage (Italie, France)

    NOS SOLEILS de Carla Simón (Espagne)

    AMORE MIO de Guillaume Gouix avec Alysson Paradis (France)

    Les films hors compétition

    UNE COMEDIE ROMANTIQUE de Thibault Segouin avec Alex Lutz (France)

    FIFI de Paul Saintillan et Jeanne Aslan (France)

    L’ASTRONAUTE de Nicolas Giraud (France)

    TROIS NUITS PAR SEMAINE de Florent Gouëlou avec Cookie Kunty (France)

    LES PIRES de Lise Akoka avec Mallory Wanecque (France)

    MON HÉROÏNE de Noémie Lefort avec Pascale Arbillot (France)

    LA JAURIA de Andrès Ramirez Pulido (Colombie, France)

    REPRISE EN MAINS de Gilles Perret avec Gregory Montel (France)

    UNE HISTOIRE D’AMOUR de Alexis Michalik (France)

    LA PARLE de Gabriela Boeri, Fanny Boldini, Simon Boulier et Kévin Vanstaen (France, Brésil)

    Informations pratiques

    Le festival se tiendra du 3 au 9 octobre et est accessible à tous sur achat d'une place ou d'abonnements pour 10 films.

    Pour connaître la programmation complète et notamment les courts-métrages en lice mais aussi le programme des rencontres professionnelles, scolaires et masterclasses : https://www.fifsaintjeandeluz.com/ 

    Le Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz sur les réseaux sociaux : 

    Festival International du Film de Saint Jean de Luz | Facebook

    @fifsaintjeandeluz (instagram et twitter)

    En complément 

    -Mon compte-rendu de l’édition 2016 du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz

    -Mon recueil de nouvelles Les illusions parallèles (Editions du 38 – 2016) qui comprend une nouvelle qui se déroule intégralement dans le cadre du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz. Pour vous donner un aperçu de ce recueil, je vous invite à écouter l’une de celles-ci, enregistrée en podcast, qui a pour cadre le Festival du Cinéma et Musique de Film de Ma Baule.

  • Master class acoustique de Gabriel Yared au cinéma Le Balzac

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    Ce 2 juin, au cinéma Le Balzac, organisée par l'association Hors champ (dont l’idée est de dialoguer sur l’origine du geste, qu’il soit celui de la photographie, du cinéma ou de l’art contemporain), avait lieu une passionnante master class acoustique de Gabriel Yared, un dialogue musical animé par Léolo, entrecoupé d'extraits de films et de musiques jouées au piano par Gabriel Yared. Un moment intimiste, privilégié, hors du temps et absolument captivant.

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    Gabriel Yared revenait tout juste du Festival de Cannes dans le cadre duquel a été présenté L’Envol, nouveau long métrage du réalisateur italien Pietro Marcello dont il signe la partition mais également les chansons du film, paroles et musique (sortie prévue en 2023). Le 18 mai 2022, L’Envol a fait l’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs, en Première mondiale. Par ailleurs, le Lundi 23 Mai 2022,  Gabriel Yared a donné une leçon de cinéma au Festival de Cannes en partenariat avec la Sacem qui lui a rendu hommage ainsi qu’à ses 50 ans de carrière.

    Parmi ses nombreuses distinctions, il a remporté l’Oscar de la Meilleure Musique de Film pour Le Patient Anglais.

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     Récemment, Gabriel Yared a également composé la musique du premier long métrage de Jimmy Keyrouz, Le dernier Piano,  notamment choisi pour représenter le Liban pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.

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    En 2021, Gabriel Yared a également composé la musique de Broadway (sorti en salle le 1er juin 2022). Une histoire de danseurs, de vagabonds et de voleurs dans l’Athènes des temps modernes. Soutenu en développement par le Sundance Institute et l’Atelier de la Cinéfondation du Festival de Cannes, Broadway est le premier long métrage de Christos Massalas, jeune scénariste et réalisateur grec.

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    Gabriel Yared était également l’invité d’honneur du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2019 lors duquel avait eu lieu un concert en son honneur. Cet hommage avait été rendu à Gabriel Yared  à l’occasion de son 70ème anniversaire et de ses 40 ans de carrière avec plus de 100 musiques de films composées essentiellement pour le cinéma

    Cliquez ici pour retrouver mon article détaillant le programme du 8ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule qui aura lieu du 28 juin au 3 juillet 2022 et dont l'invité d'honneur sera cette année le compositeur Alexandre Desplat.

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    Parmi les musiques incontournables qu'on doit à Gabriel Yared, on peut citer : Sauve qui peut (la vie) (1980), La lune dans le caniveau (1983), Hanna K. (1983), La diagonale du fou (1984), 37°2 le matin (1986), Beyond Therapy (1987), Camille Claudel (1988), Tatie Danielle (1990), Vincent et Théo (1990), La putain du Roi (1990), L’Amant (César de la meilleure musique de film en 1993), La cité des anges (1998), Une bouteille à la mer (1999), Le talentueux Mr Ripley (1999), Un automne à New York (2000), Retour à Cold Mountain (2003), Azur et Asmar (2006), Tom à la ferme (2013), Chocolat (2015), Juste la fin du monde (2016), Dilili à Paris (2018), The Happy Prince (2018), Ma vie avec John F. Donovan (2019)… 

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    Cette master class a donc été l’occasion d’entendre cet autodidacte évoquer son métier avec passion et une grande humilité et notamment ses références, de Franz Liszt à Bernard Herrmann ou Chaplin.

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    Une master class qui fut aussi l’occasion de revoir des extraits de films : Camille Claudel, L’Amant, 37,2° le matin, ou encore la fin, bouleversante, de l’électrisant Juste la fin du monde de Xavier Dolan (dont vous pouvez retrouver ma critique complète, ici) accompagnée par la musique La valse de Gabriel Yared. Une fin en forme de valse de l'Enfer qui nous embrasse dans son vertige étourdissant et éblouissant, un paroxysme sans retour possible. Comme le bouquet final d’une démonstration implacable sur la violence criminelle de l’incommunicabilité. Quelques citations extraites de cette master class (dont je vous invite à voir un extrait sur mon compte instagram @Sandra_Meziere) :

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    « - Parfois il pleut sur moi des idées.
    Je me nourris beaucoup, pas seulement de musique.
    Cette nourriture me donne envie d'aller vers une certaine perfection que je n'atteins pas.
    Quand j’étais petit, j'aimais Schumann, Chopin, puis j'ai découvert Debussy, Ravel. 

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    Godard m’a dit deux ou trois phrases. Avec quelques adjectifs quelques descriptions, il m’a inspiré. Il m'a dit « pensez un thème pour l'imaginaire ».
    En découvrant le film de Godard, j'ai vu que ma musique au moment où elle s'élançait, elle était coupée net. Après, j'ai compris, il y a une véritable philosophie du son et de la musique chez lui. J'ai adoré travailler avec lui. J'aime les images mais pas comme source d'inspiration. J'ai besoin de lire, de parler, qu’on me décrive. Quand on me décrit, il y a des images subjectives qui se forment.
    Une musique doit être un tout intéressant en lui-même.  Elle doit se tenir en elle-même et servir le film.
    Je me suis découvert grâce à Godard
    Godard me disait : « il faut confronter des idées vagues avec des images claires ».
    Bernard Herrmann est probablement celui que j’aime le plus et m’a le plus inspiré avec Prokofiev, Bartok et Liszt.
    Nous ne venons pas de nulle part. Un compositeur doit connaître le répertoire.
    La musique fait une sorte de pause divine dans un film. La volonté d'accompagner les images ne suffit pas.
    Anthony Minghella est ma plus belle histoire au cinéma : d’amitié, d’entente…
    Minghella m'a dit :  « je pense à Bach, à Puccini, pour l'élégance de ses harmonies et de son écriture. »
    Je veux tendre vers l'éclectisme et la perfection.
    Un mot peut faire naitre une musique. Avec Annaud, j'ai écrit beaucoup de musiques avant le tournage.
    C'est comme si tout mon être était habité par le sujet.
    C'est une recherche en cercles concentriques. Si je trouve un thème même s'il me plait je chercher un autre thème pour le contredire.

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    Je prends la musique que je compose très au sérieux et en même temps je suis fou de joie de faire ce métier.


    J'ai toujours été complexé d’avoir appris tout seul. Alors, je cherche encore plus pour dédiaboliser ce manque de confiance que j'ai et qui me pousse à me dépasser.
    Nous avons tous une musique en nous et on ne l'entend plus car nous sommes devenus sourds.
    La musique est l'art ultime.

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    Camille Claudel me dépasse. Quand je l'entends, je me dis je ne sais pas comment j'ai fait cela.
    Je suis inexistant. Je n'ai pas de grands intérêts dans la vie, que la musique. Inventer, c'est une renaissance permanente.
    Ce qui m'importe le plus ce sont les nouveaux talents.
    J'écris les films pour les maîtres d'œuvre car les films, ce sont eux. C'est ça qui m'intéresse, les relations humaines.
    Je n'aime pas qu'il y ait trop de musique, sauf si c'est justifié, ni que ce soit trop fort, sauf si c'est justifié.
    Pour rester vraiment soi, il faut savoir dire non pour préserver la musique qu'il y a en vous.
    J'acceptais et je perdais l'exigence. Je crois que c'est important de résister.
    Si la musique est un personnage, un personnage ne parle pas tout le temps. Et quand elle est là elle dit quelque chose par rapport au film
    Je pense que toutes les musiques de films dont on se souvient, ce sont des thèmes.
    J’aime beaucoup les musiques de film de Chaplin de Tati."

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