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cinéma - Page 124

  • Critique de « Last night » de Massy Tadjedin avec Guillaume Canet, Keira Knightley, Sam Worthington, Eva Mendes…

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    C’est désormais devenu une mode, le jour de la Saint-Valentin, les distributeurs se croient obligés de sortir des comédies romantiques. Cette année, il y a donc eu le pire avec « Sex friends »(qui ne vaut même pas la peine que je lui consacre une critique, n’oublions pas que le but premier de ce blog était de partager mes coups de cœur et pérégrinations festivalières même si j’y déroge de temps à autre) qui bat le record d’alignement de clichés (la femme moderne a peur de s’engager sauf pour un gentil beau-encore que concernant Ashton Kutcher ce soit très relatif- gosse aux synapses déconnectées ), de vocabulaire en-dessous de la ceinture pour se donner air politiquement incorrect (alors que le film est tout le contraire) et moderne (mais c’est juste vulgaire)… et qui surtout ne m’a pas fait rire une seule seconde et plongée dans un profond ennui sans parler de la prestation d’Ashton Kutcher qui se contente de montrer ses dents qu’il bien blanches et bien alignées quand il est joyeux et de ne pas sourire dans le cas contraire (mais il a une nette préférence pour la première expression), bref qui a deux expressions à son actif. Mais qu’est-ce que Natalie Portman est allée faire dans cette galère ? Sans doute éprouvait-elle un besoin de légèreté après le magnifique mais sombre « Black swan »…

    Mais je digresse, je digresse et je ne suis pas là pour vous parler de « Sex friends » dont vous pourrez très bien vous passer, vous l’aurez compris, mais des comédies romantiques réussies également sorties cette semaine  comme « Les femmes du 6ème étage » dont je vous ai déjà parlé ici (encore que son appartenance à cette catégorie soit discutable) , et surtout de « Last night » de Massy Tadjedin  (dont l’appartenance à cette catégorie sera d’ailleurs sans doute pour d’autres également discutable).

    « Last night » met en scène 36 heures de la vie de quatre personnes : Joanna (Keira Knightley) et Michael (Sam Worthington) qui vivent à New York, apparemment amoureux et heureux, même si Joanna soupçonne Michael d’être fortement attiré par sa collègue de travail Laura (Eva Mendes). Cela tombe mal, c’est justement avec cette collègue de travail qu’il part à Philadelphie. Pendant ce temps, Joanna recroise Alex (Guillaume Canet), l’autre grand amour de sa vie. Joanna et Michael, pendant ces 36 heures, en même temps, et chacun de leur côté vont devoir faire des choix cruciaux. Vont-ils résister à la tentation ou rester fidèles?  Passionnant et éternel duel entre la raison et les sentiments.

    Résumée ainsi, l’intrigue semble banale mais le regard que pose Massy Tadjedin, d’une sensibilité indéniable, lui apporte sa force et son originalité. Dès les premières secondes se dégage de ce film un charme indéfinissable grâce auquel l’histoire se déroule avec une belle fluidité et pour laquelle notre intérêt va crescendo. La bonne idée est en effet d’avoir mis ces deux histoires en parallèles et de les mettre en scène comme un thriller. L’enjeu n’est pas de savoir si le coupable se fera arrêter mais si l’innocence va se transformer en culpabilité. Grâce à un montage judicieux qui contrebalance l’aspect théâtral du sujet, la tension et l’attention du spectateur vibrent à l’unisson et s’accroissent jusqu’au dénouement.  Ces 36 heures feront-elles basculer leurs existences ? Un mot, un geste peuvent tout changer, faire basculer une vie heureuse mais peut-être aussi routinière.

    Du « couple » formé par Guillaume Canet et Keira Knightley se dégage une incontestable alchimie. Massy Tadjedin semble d’ailleurs avoir plus de tendresse pour eux que pour le personnage de Sam Worthington qui manque cruellement de personnalité mais finalement rend d’autant plus triste ce qu’éprouve pour lui le personnage d’Eva Mendes, moins sensuelle et plus fragile qu’à l’accoutumée. Un Australien, une Anglaise, une Française, une Cubaine, un joyeux melting pot qui contribue aussi à la richesse de ce premier film. A signaler également : Griffin Dunne impeccable dans le rôle de l’ami éditeur.

    Avec un regard acéré, pudique, sensible, Massy Tadjedin filme les gestes synonymes de trouble, d’hésitation, d’attirance et les regards complices, fuyants, émus dont nous sommes les discrets et attentifs témoins, le souffle suspendu, presque gênés d’être là. Elle ne juge pas mais nous laisse juges : où commence l’infidélité ? Peut-être elle être simplement morale ?

    Massy Tadjedin signe là un premier film réellement prometteur, raffiné, élégant (grâce à la photo de Peter Deming et à  New York, inépuisable écrin des films romantiques), un vrai suspense sentimental. Une histoire simple au charme ensorcelant grâce à ses comédiens au premier rang desquels Keira Knightley, pétri de doutes artistiques et amoureux, et Guillaume Canet, au sourire enjôleur et au jeu en demi-teinte, grâce au scénario mais aussi grâce à la musique de Clint Mansell discrètement présente.  Une réalisatrice à suivre et un premier film que je vous recommande sans réserves qui n’est pas sans rappeler un autre cinéaste qui a, lui aussi, majestueusement filmé  New York et des atermoiements amoureux: un certain James Gray.

  • Concours- Gagnez votre place pour la Master class de Christophe Honoré au Gaumont Parnasse

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    Toujours dans le cadre du partenariat avec le Gaumont Parnasse, après la master class de Nathalie Baye (dont vous pouvez retrouver mes vidéos et mon compte rendu, ici), cette fois c'est pour la master class de Christophe Honoré (avant Karin Viard prochainement) que je mets 4 places en jeu. Cette leçon de cinéma aura lieu le 15 février, à 20H, au Gaumont Parnasse et sera, comme à chaque fois, animée par François Bégaudeau qui présente ainsi Christophe Honoré et cette master class: "En dix ans, Christophe Honoré a livré sept long-métrages et, un huitième nous arrive cette année. Avec à chaque fois, une proposition de cinéma originale. Cette prolixité et cette richesse justifient qu’on se livre en dialogue avec ce cinéaste-écrivain de 40 ans, à une sorte de bilan de mi-parcours. En revenant sur cette décennie si dense, nous essaierons de comprendre comment un style se cherche, se trouve, puis s’impose comme l’un des plus reconnaissables du cinéma français contemporain."

    Pour remporter une de ces 4 places, envoyez-moi par email à inthemoodforcinema@gmail.com  une critique (en quelques mots ou plusieurs pages) de votre film préféré de Christophe Honoré avec pour intitulé de votre email "Concours Honoré". Les gagnants seront contactés directement par email le 14 février. Faîtes vite, il reste peu de temps!

    Filmographie de Christophe Honoré:

    2001 : Nous deux - court métrage

    2002 : 17 fois Cécile Cassard

    2002 : Tout contre Léo - téléfilm

    2004 : Ma mère

    2006 : Dans Paris

    2007 : Les Chansons d'amour

    2008 : La Belle Personne

    2008 : Hôtel Kuntz - court métrage

    2009 : Non ma fille tu n'iras pas danser

    2010 : Homme au bain

    2011 : Les Bien-aimés

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  • L'affiche de la 36ème cérémonie des César : Romy Schneider dans "L'Enfer" de Clouzot

    C'est Romy Schneider, la première lauréate du César de la meilleure actrice en 1976 qui figure sur l'affiche de la 36ème cérémonie des César. Pour tout savoir sur ces César 2011 (nominations, César d'honneur...), retrouvez mon précèdent article à ce sujet en cliquant ici. La photo est extraite de "L'Enfer" d'Henri-Georges-Clouzot, un sublime film inachevé dont vous pouvez retrouver ma critique ici.

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  • Le film de la semaine: "Black swan" de Darren Aronofsky - dossier spécial

    A l'occasion de sa sortie en salles aujourd'hui, cliquez ici pour retrouver mon dossier spécial consacré au film de la semaine, "Black swan" de Darren Aronofsky: critique du film, vidéo, du réalisateur, teaser, making of...

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  • Festival International du Film Policier de Beaune 2011 : Hong Kong polar à l'honneur et affiche de cette 3ème édition

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    Si j'ai eu la chance de faire partie du jury du prédecesseur du Festival du Film Policier de Beaune, à savoir le Festival du Film Policier de Cognac (en 2002), je ne connais pas encore celui-ci qui me tente néanmoins et dont la troisième édition aura ainsi lieu du 30 mars au 3 avril 2011.

    Pour la troisième année consécutive, Le Festival International du Film Policier de Beaune rendra hommage à une ville pour son influence et sa dimension mythologique au sein du genre policier. Après « Paris Polar » pour sa première édition et « New York Polar » l’an dernier, le Festival mettra cette année à l’honneur Hong Kong:

    Communiqué de presse :

    HONG KONG POLAR

    La noirceur stylisée des ruelles de l’ancienne colonie britannique apparaît en effet comme le théâtre privilégié du polar. Dans les années 1980, une première vague de cinéastes redéfinit le genre, entre film noir, film d’action et film choral. Des réalisateurs tels que Tsui Hark (L’enfer des armes, 1980 ; Time and Tide, 2000), John Woo (Le Syndicat du Crime, 1986 ; The Killer, 1989), Ringo Lam (City on Fire, 1987 ; Full Alert, 1997) ou Jackie Chan (Police Story, 1985, également acteur) en renouvellent habilement les codes en proposant une version métissée du genre, à la violence souvent sophistiquée. C’est le moment de l’explosion du polar hongkongais, marquée par un pessimisme appuyé et des scènes d’action chorégraphiques qui frôlent le ballet sauvage. On assiste à l’avènement, quelques années plus tard, de ce que certains ont nommé le « néo-polar », brillamment représenté par des cinéastes devenus indissociables du genre comme Johnnie To (The Mission, 1999 ; P.T.U., 2005 ; Vengeance, 2009) ou Dante Lam (Beast Cops, 1998 ; The Beast Stalker, 2009). Mais au-delà de ces images d’Epinal de scènes de combats spectaculaires, d’affrontements mortels entre membres des triades et flics désabusés, c’est une vision nihiliste de la société que le polar hongkongais propose au spectateur : celle d’un monde gangréné par la corruption où les limites entre le Bien et le Mal s’effacent au rythme des coups de feu échangés et du sang versé. Dans le cadre de « Hong Kong Polar », les festivaliers pourront découvrir une sélection de films emblématiques, qui vous sera dévoilée ultérieurement.

    Pour en savoir plus rendez-vous sur le site officiel du Festival International du Film Policier de Beaune.

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  • Palmarès du Festival International du Premier Film d'Annonay 2011: "If I want to whistle, I whistle" de Florin Serban, grand prix du jury

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    Si, cette année encore, je n'ai pas tenu ma promesse (renouvelée chaque année depuis ma participation au jury du festival en 2007) de retourner dans ce festival cher à mon coeur de cinéphile, je n'en suis pas moins l'actualité avec assiduité. Pour tout savoir sur l'édition 2011, je vous recommande bien entendu le  (tout nouveau tout beau) site officiel du festival mais aussi le blog qu'on ne présente plus d'une autre ex-jurée (qu'on ne présente plus non plus) qui y partage ses mésaventures, sa passion du cinéma et pour ce festival. En attendant que j'y retourne, un jour, peut-être, et en attendant, comme chaque année, de vous parler du concours vous permettant peut-être à votre tour de devenir juré(e)s, voici le palmarès de cette édition 2011, 28ème du nom. Je me réjouis que le Grand prix du jury ait été attribuer à "Si je veux siffler, je siffle" ("If I want to whistle, I whistle"), mon chouchou du Festival Paris Cinéma 2010 dont je faisais d'ailleurs également partie du jury( d'ailleurs également avec la blogueuse précitée, décidément...) et donc vous pouvez retrouver ma critique en bas de cet article

    Grand Prix du Jury
    Si Je Veux Siffler, Je Siffle (Roumanie) de Florin Serban

    Prix Spécial du Jury
    80 Jours (Espagne) de Jon Garano et Jose Mari Goenaga

    Prix du Public
    La Petite Chambre (Suisse) de Véronique Reymond et Stéphanie Chuat

    Prix des Lycéens
    Oxygène (Belgique / Pays-Bas) de Hans Van Nuffel

    Prix de la Meilleure Musique de film
    Contracorriente (Pérou) de Javier Fuentes Leon

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     « If I want to whistle, I whistle »est un film roumain de Florin Serban dans lequel Silviu, un jeune délinquant de 18 ans, attend sa libération de la maison de redressement où il termine sa quatrième et dernière année d’emprisonnement.  Seulement, après une longue absence, sa mère est rentrée d’Italie pour emmener son petit frère avec elle. Il la tient pour responsable de sa situation et ne veut pas que son frère vive la même chose. Son enfermement devient insupportable. Pris de panique, il kidnappe Ana la jeune assistance sociale dont il est tombé amoureux.

     Il y a des films, comme celui-ci, et plutôt rares, qui captent votre attention pour ne plus la lâcher. La caméra à l’épaule au plus près de Silviu, au plus près de sa fébrilité, de sa rage qui affleure, des tourments qui le hantent, de la déraison qui le menace, nous plonge entre ces quatre murs qui l’oppressent, face à cette liberté qu’il enrage de retrouver.

     Le film doit beaucoup à son acteur principal, George Pistireanu au mélange de force, de fragilité, de tension qui émanent de son regard et de ses gestes. Florin Serban le filme comme un animal sauvage, apeuré, dont la violence est, à ses yeux, une question de survie.

    La tension culmine lors de la scène de la prise d’otage, lorsque Silviu et Ana se retrouvent seuls. Notre souffle est suspendu à chacun de ses gestes, à ce corps-à-corps presque fiévreux, au souffle saccadé d’Ana, au regard à la fois déterminé et perdu de Silviu. Puis, le cadre, les couleurs, le décor changent. Le décor champêtre procure à cette liberté chèrement payée et éphémère une tension encore plus palpable alors que le calme règne et que pourtant le piège qu’il s’est construit se referme sur lui.  Les longs silences et regards entre Ana et Silviu sont alors riches de sens, de douleurs, de regrets, de pardons après ce corps-à-corps intense, d’une violence presque sensuelle.

     Un huis-clos haletant et fiévreux, tout en forces et fragilités, sur la fureur de vivre et d’être libre que la caméra de Florin Serban sait si bien débusquer dans le regard de son talentueux acteur principal. Après « Un Prophète » de Jacques Audiard, la prison et le sentiment de révolte qui l’anime n’a visiblement pas fini d’inspirer les cinéastes et de procurer à leurs films une rage fascinante.

     

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  • Critique – « Le discours d’un roi » de Tom Hooper avec Colin Firth, Geoffrey Rush, Helena Bonham Carter…

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    C’est avec pas mal de retard que j’ai découvert « Le discours d’un roi » d’autant plus qu’il était  précédé de  la réputation de ses 12 nominations aux Oscars, soit bien plus que l’envoûtant « Black swan » de Darren Aronofsky.

    Le roi en question, c’est George VI (Colin Firth), à la fois fragile et colérique, qui n’avait d’ailleurs pas vocation à le devenir puisque c’est sont frère Edouard VIII (Guy Pierce) qui était destiné au trône à la mort de leur père.  Seulement Edouard VIII préféra abdiquer pour vivre son amour avec une femme, Wallis Simpson, à la réputation légère (du moins pour un monarque) car notamment divorcée deux fois, histoire à laquelle est d’ailleurs consacré le prochain film de Madonna W.E, dont la rumeur court qu’il pourrait être présenté dans le cadre du prochain Festival de Cannes. George VI que toute la famille royale appelle « Bertie » va donc devoir surmonter son handicap, un bégaiement qui l’empêche de s’exprimer en public. Pour cela, il pourra compter sur le soutien indéfectible de sa femme (Helena Bonham Carter) et sur l’aide d’un thérapeute du langage aux méthodes peu orthodoxes, Lionel Rogue (Geoffrey Rush). Alors qu’il mène cette guerre contre lui-même, une autre guerre beaucoup moins intime se fait de plus en plus menaçante…

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    A priori, cela s’annonçait donc comme un énième biopic avec reconstitution historique spectaculaire de rigueur et c’est sans doute d’abord le choix de prendre le contrepied de ce à quoi nous aurions pu nous attendre qui fait de ce film une grande réussite. Tom Hooper et son scénariste David Seidler ont ainsi fait le judicieux choix de l’intime, de l’histoire sans nier son implication sur l’Histoire mais vue telle que la voyait George VI, relativement lointaine. Le monde extérieur et ses rumeurs sont étouffés par l’atmosphère ouatée et non moins redoutable des allées du pouvoir.

    Plutôt que de  filmer George VI comme un personnage historique distant, Tom Hooper le filme à portée d’homme avec ses angoisses et ses faiblesses. Il n’apparait alors pas comme le puissant lointain (éloigné de nous historiquement et humainement) mais comme un homme qui doit affronter ses faiblesses en lequel chacun peut se reconnaître. La caméra de Tom Hooper le suit au plus près de son visage, de ses doutes, de son angoisse qui s’amorce. Le jeu en nuances de Colin Firth et la caméra sensible de Tom Hooper qui l’enferme ans son cadre, (il est tantôt filmé à gauche ou à droite, à son image, en marge) comme il l’est dans son handicap, nous donne la sensation asphyxiante d’éprouver nous aussi son angoisse si bien que notre souffle est  suspendu à ses lèvres hésitantes. La maîtrise du langage devient alors le véritable enjeu du suspense du film, haletant comme un thriller. Arrivera-t-il à prononcer ce fameux discours qui fera entrer le Royaume-Uni dans la guerre contre l’Allemagne nazie ?

     Un sujet qui n’a rien d’anachronique et qui est même particulièrement actuel à une époque (la nôtre)  où le contenant, la forme, la communication priment sur le contenu et le message, où celui ou celle qui recevra le plus de suffrages ne sera pas forcément le ou la plus apte à gouverner mais le ou la plus apte à délivrer son message et à maîtriser la communication et le langage. Un ancien premier ministre français au phrasé si particulier en a ainsi souvent fait les frais revendiquant et regrettant lui-même que son message qu’il ne veut pas lapidaire, expéditif, ou résumable à un slogan ne puisse être développé dans des médias toujours plus avides d’images chocs que de pensées profondes. Un peu la génération twitter aussi qui recherche le choc de la formule et qui pousse souvent à l’exagération, quitte à piétiner quelques personnes voire la réalité au passage. Plutôt que le pouvoir des mots, c’est donc celui de la communication que doit donc maîtriser le monarque. Un pouvoir qu’il était d’autant plus urgent de détenir quand un dictateur outre-Rhin en faisait un des instruments de sa propagande et l’utilisait pour haranguer, galvaniser et endormir les foules.  

    Sans tomber dans la psychologie de comptoir, le scénario montre habilement et par petites touches comment le poids de l’enfance et de l’Histoire (son père, ceux qui l’ont précédé, tous ceux dont les regards pèsent sur lui) sont responsables de son handicap. Mais, au-delà du combat personnel, c’est aussi une très belle histoire d’amitié entre deux hommes à la fois très différents et en quête de reconnaissance. Rogue demande constamment à être sur un pied d’égalité avec George VI, lui qui toujours à été à distance : du peuple, des autres, des mots. Prendre la parole c’est prendre sa place et exister. Le langage, dans le titre même, a d’ailleurs toute son importance : il ne s’agit pas du discours du roi mais d’un roi, qui n’a pas encore son identité propre, écrasé  par le poids de l’Histoire et  de ses prédécesseurs.

    La richesse des dialogues saupoudrés d’un humour so british participe amplement de la réussite du film. Il est vrai que le langage d’un film dont le sujet est justement le langage se devait d’être exemplaire mais ce n’était pas pour autant gagné d’avance.

    Enfin, le grand atout du film ce sont ses acteurs principaux : Colin Firth (absolument remarquable, ne forçant pas trop le trait comme c’est souvent le cas dans ces rôles à Oscars mais reflétant le bégaiement essentiellement par l’angoisse qu’il générait , Colin Firth d’ailleurs qui interprétait déjà pour moi un des meilleurs rôles de 2010  dans le très beau « A single man » de Tom Ford pour lequel il était déjà nommé à l’Oscar du meilleur acteur), Geoffrey Rush( impeccable en médecin peu conventionnel et malicieux ) et Helena Bonham Carter ( parfaite en future reine, à la fois cinglante et épouse aimante. )

    Si « Le discours d’un roi » n’est pas un film exceptionnel,  c’est un beau film en raison du degré de raffinement de chacun des éléments qui le constituent (musique –du Français Alexandre Desplat, d’ailleurs très belle mais parfois un peu trop présente pour un film sur le langage même si elle en est une autre forme-, scénario, interprétation, mise en scène), un film à résonance universelle autant de par le combat qu’il met en scène (un homme, fut-il roi, qui surpasse ses faiblesses et ses peurs) que de par le langage qu’il emploie et dont il souligne le poids historique.

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