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cinéma - Page 255

  • Avant-première - « La très très grande entreprise » de Pierre Jolivet : l’éloge de la détermination

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    Hier soir, Blogbang et Pathé distribution organisaient une projection privée en avant-première de « La très très grande entreprise » de  Pierre Jolivet, dans les locaux de Pathé  avec, à l’issue de la projection, une passionnante rencontre avec le cinéaste.

    Il est toujours difficile de ne pas être influencée après avoir entendu un cinéaste évoquer son film, comme ce fut le cas hier, avec enthousiasme, conviction, passion, et après avoir ainsi presque « revisionné » le film par le prisme de son regard aiguisé donc voilà : forcément j’ai été influencée mais après tout un film reste indissociable de l’aventure humaine qui l’a porté et contribue aussi à sa richesse, ses faiblesses parfois aussi.

    J’en aurais presque oublié ce qui m’a dérangée au début du film : le caractère artificiel  (ou du moins qui m’a semblé comme tel, même si, c’est vrai, l’essentiel ne réside pas là) des liens qui unissent au départ ces quatre personnages,  la célérité avec laquelle ces personnages décident d’agir ensemble et mettent leurs vies personnelles extérieures à leur « mission » de côté (hors champ tout au long du film) pour partir à l’attaque de Naterris, mais j’évoque là Naterris, vous devez vous demander ce dont il s’agit.

    Naterris est une très très grande multinationale d'agro-chimie (comme son nom ne l’indique pas, sorte de mélange entre Nature et Terre qui, comme l’a souligné Pierre Jolivet, à l’image de toutes les industries polluantes, porte un nom censé évoquer la nature et l’écologie…), 9 milliards d'euros de chiffre d'affaires. De l'autre, Zaccharias (Roschdy Zem), Mélanie (Marie Gillain), Denis (Jean-Paul Rouve) et Kevin (Adrien Jolivet), ostréiculteur, aide-comptable, restaurateur, ouvrier... Au milieu : un étang pollué par Naterris, dont ces derniers sont riverains. Après deux ans d'une âpre procédure, Naterris est condamnée à leur verser une indemnité ridicule, à eux qui ont tout perdu. A l'inverse des autres plaignants prêts à accepter ce maigre pourboire, ces quatre-là décident de faire appel pour que justice leur soit " vraiment " rendue. Mais pour faire appel, ils n'ont que trente jours et doivent impérativement découvrir un élément nouveau au siège de Naterris, dont l'imposant gratte-ciel domine le parvis de la Défense. Mélanie, Zaccharias, Kevin et Denis décident donc de monter à Paris. Leur mission n'est pas impossible mais s'annonce... très, très difficile !

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    Pierre Jolivet revient à un genre qui lui a réussi, celui de la comédie sociale (comme dans « Ma petite entreprise » dans lequel il faisait déjà l’éloge de la solidarité et dans lequel jouait déjà Roshdy Zem) sur fond de mondialisation dévorante (il ne pouvait pas mieux tomber dans le contexte actuel de crise économique dont on nous rebat les oreilles…) et de scandale écologique (il connaît bien le sujet : notamment aux côtés de son frère Marc Jolivet, Pierre Jolivet a mené de nombreux combats écologistes ). Mais  ce qui fait la force de ce film et fait donc d’autant mieux passer le discours qui le sous-tend c’est le capital sympathie de ses personnages Zak, Kevin, Mélanie, Denis auxquels chacun peut s’identifier et au combat desquels chacun peut s’identifier : celui de David contre Goliath, de citoyens ordinaires contre une entreprise tentaculaire et impersonnelle.

    C’est pour le spectateur jubilatoire de les voir réaliser cette mission impossible avec pour seuls gadgets leurs cellules grises, et surtout leur détermination. C’est là le message du film d’ailleurs martelé par le cinéaste lors de la conversation qui a suivi la projection : mieux vaut se battre que de se laisser faire et avec de la détermination et aussi faibles que soient a priori nos moyens d’action on peut arriver à tout ou presque, y compris s’attaquer à une multinationale prétendument intouchable. Le discours est idéaliste à l’image de ces personnages pour qui l’enjeu de financier devient moral.

    L’autre force du film, c’est que plutôt que de faire un drame de ce sujet qui aurait pu s’y prêter Pierre Jolivet en a fait une comédie dont le comique réside principalement dans le caractère de ses personnages, les principaux et les autres croqués avec sensibilité, un regard incisif parfois doucement cruel concernant les personnages secondaires comme celui du vigile aux neurones aux abonnés absents (un pléonasme ? Selon Pierre Jolivet en tout cas…) qui regarde ou plutôt tente de regarder « Mélodie en sous-sol », visiblement un peu lent à son goût.

    Pierre Jolivet a expliqué avoir choisi la comédie pour que les personnes dont il parle et auxquelles il souhaite s’adresser puissent voir le film, contrairement à « Fred » par exemple, un film encensé par la critique mais qui parlait du chômage et a finalement été très peu vu par les chômeurs.

    Reste à savoir si dans un contexte de crise le public aura envie de voir un film dont le sujet le ramène à sa réalité. Pour le convaincre, je pourrais ajouter que la forme, le caractère à la fois touchant, presque burlesque, de ses personnages l’en distraira aussi, tout en portant un message citoyen, engagé. L’intention est louable alors que la plupart des comédies s’évertuent à nier toute réalité et à n’avoir pour objectif que de vider le cerveau de ceux qui les regardent.

    Le discours qui aurait par ailleurs pu  être simpliste se révèle plus malin : il n’oublie pas de spécifier que ces sociétés créent des emplois et investissent, créent parfois aussi des fondations, dont l’objectif n’est bien évidemment pas purement altruiste.

    Il faut évoquer évidemment les acteurs, en particulier les quatre acteurs principaux au premier rang desquels Roschdy Zem dont c’est ici la quatrième collaboration avec Pierre Jolivet et qui, une nouvelle fois, impose son personnage avec une évidence déconcertante, en force et sensibilité. Jean-Paul Rouve qui, de film en film, prouve la diversité de son jeu, en fait juste ce qu’il faut, ni trop ni pas assez, pour être crédible dans son rôle de cuisinier homosexuel, Marie Gillain est juste et touchante et Adrien Jolivet confirme son talent prometteur. Le rythme, notre empathie et même notre sympathie pour ces personnages leur doit beaucoup (sachant qu’eux-mêmes ont parfois enrichi leurs personnages de ces gestes, manies qui les rend drôles et touchants et qui agrémentent le scénario).

    Une « très très grande entreprise » à l’assaut de laquelle je vous engage à partir ! Dans cette période de morosité et pessimisme collectifs (du moins  médiatiquement proclamée telle) ce film nous emporte dans son tourbillon de détermination et de dynamisme salutaires avec une sincérité touchante qui ne peut qu’emporter l’adhésion malgré quelques raccourcis et caricatures inéluctables pour que la mécanique de la comédie fonctionne !

    2008_1003jolivet0003.JPGLors de la conversation, intimiste et très intéressante, qui a suivi la projection et dont je vous ai déjà révélé quelques bribes ci-dessus, l’intérêt et la curiosité de Pierre Jolivet pour ses interlocuteurs blogueurs semblait sincère (il a d’ailleurs lui-même avoué être accro à internet et ne pouvoir se coucher sans y jeter un œil) , il a d’ailleurs lui-même posé des questions. Il a par ailleurs révélé que dans le dénouement initialement écrit ( je ne vous raconterai évidemment pas celui qui s’y substitue et que vous verrez) l’usine Naterris devait être détruite  et Michael Moore devait interviewer nos quatre protagonistes, ce qui n’a pu se faire pour des raisons budgétaires. Si comme moi vous trouvez la scène dans laquelle Mélanie (Marie Gillain) donne un billet de 200 euros peu crédible et l’infiltration de ces quatre citoyens ordinaires peu plausible sachez que cela s’inspire d’éléments véridiques et de différents témoignages de personnes travaillant dans des multinationales similaires.  Pierre Jolivet a également fait part de son désir d’aller de plus en plus vers la comédie, ce qui n’empêche pas les sujets graves et profonds comme c’est le cas dans cette « très très grande entreprise ». La conversation se serait sans doute prolongée s’il n’avait fallu libérer la salle. Toutes les bonnes choses ont une fin…en attendant le prochain événement « in the mood for cinema »…

     Remarques :

    - Le footballeur Vikash Dhoraso fait une apparition... remarquée

    -La musique est signée Manu Katché  (batteur et pianiste qui a notamment travaillé avec Sting et Peter Gabriel)

    -Pierre Jolivet était membre du jury du 34ème Festival du Cinéma de Deauville.

    -Sortie en salles en France : le 5 novembre 2008

     Merci à Blogbang et Pathé distribution pour l’accueil et à Pierre Jolivet pour sa curiosité et son enthousiasme.

     Lien, la page de Pathé distribution consacrée au film : http://www.pathedistribution.com/accueil/filmavenir.php?IDFilm=1727

     FILMOGRAPHIE DE PIERRE JOLIVET

    -En tant qu’acteur : 

     Zim and co. (2005), de Pierre Jolivet

    Mon idole (2002), de Guillaume Canet

     Ma petite entreprise (1999), de Pierre Jolivet

     Amour et confusions (1997), de Patrick Braoudé

     A l'heure où les grands fauves vont boire (1993), de Pierre Jolivet

     Le Complexe du Kangourou (1986), de Pierre Jolivet

     Le Dernier combat (1983), de Luc Besson

     L'Avant dernier (1981), de Luc Besson

     Salut, j'arrive (1981), de Gérard Poteau

     Alors... heureux ? (1980), de Claude Barrois

     Le Désert de Pigalle (1958), de Leo Joannon

     -En tant que réalisateur :

     La Très très grande entreprise (2008)

     Je crois que je l'aime (2007)

     Zim and co. (2005)

     Filles Uniques (2003)

     Le Frère du guerrier (2002)

     Ma petite entreprise (1999)

     En plein cœur (1998)

     Fred (1997)

     A l'heure où les grands fauves vont boire (1993)

     Simple mortel (1991)

     Force majeure (1989)

     Le Complexe du Kangourou (1986)

     Strictement personnel (1985)

     -En tant que scénariste :

     La Très très grande entreprise (2008), de Pierre Jolivet

     Je crois que je l'aime (2007), de Pierre Jolivet

     Zim and co. (2005), de Pierre Jolivet

     Filles Uniques (2003), de Pierre Jolivet

     Le Frère du guerrier (2002), de Pierre Jolivet

     Ma petite entreprise (1999), de Pierre Jolivet

     Fred (1997), de Pierre Jolivet

     A l'heure où les grands fauves vont boire (1993), de Pierre Jolivet

     Fortune express (1991), de Olivier Schatzky

     Simple mortel (1991), de Pierre Jolivet

     Force majeure (1989), de Pierre Jolivet

     Le Complexe du Kangourou (1986), de Pierre Jolivet

     Subway (1985), de Luc Besson

     Strictement personnel (1985), de Pierre Jolivet

     Le Dernier combat (1983), de Luc Besson

     L'Avant dernier (1981), de Luc Besson

     Alors... heureux ? (1980), de Claude Barrois

     -En tant que producteur :

     -Strictement personnel (1985), de Pierre Jolivet

     -En tant que dialoguiste

     La Très très grande entreprise (2008), de Pierre Jolivet

     Le Frère du guerrier (2002), de Pierre Jolivet

     -En tant que conseiller technique :

     Mon idole (2002), de Guillaume Canet

     -En tant que scénariste (version originale) :

     Loin du paradis (1999), de Joseph Ruben

  • Avant-première : soirée blogueurs à TCM et projection-débat sur « Les films du Président »

    2008_1003tcm0001.JPGS’il y a bien une chaîne que je peux regarder à toute heure du jour et de la nuit (TCM diffuse des films 24H sur 24H, un véritable et délicieux piège à cinéphile) et me laisser immanquablement captiver par quelques images d’un film, le plus souvent un classique, en couleurs ou noir et blanc , c’est TCM (Turner Classic Movies, à ne pas confondre avec TMC : Télé Monte Carlo), c’est pourquoi c’est avec enthousiasme que je me suis rendue à l’invitation de Heaven et de la chaîne en question dans ses locaux, à Neuilly, pour rencontrer ses équipes , découvrir en avant-première le documentaire « Les Films du Président » et débattre avec le producteur du documentaire et avec Christian Viviani, journaliste à Positif et professeur à Paris 1.

     L’accueil est à l’image de la chaîne : chaleureux, décontracté,  cinéphile, familier (dans le sens noble du terme), familier comme ces films que la chaîne diffuse et que l’on peut revoir un nombre incalculable de fois, autant pour la qualité des films en question que la réminiscence de cet instant magique où les a vus pour la première fois. Voilà : TCM a le charme incomparable et mélancolique des souvenirs d’enfance et de ses premiers émois cinématographiques, même si la chaîne permet aussi souvent de découvrir des pépites cinématographiques méconnues.

    Après le cocktail et avoir eu le plaisir de passer de la virtualité d’internet à la réalité et de faire connaissance avec d’autres blogueurs que je « connaissais » parfois virtuellement (filmgeek) ou dont je découvre aujourd’hui les blogs (L'ouvreuse, Le petit cinephile, je vous recommande d’ailleurs les trois blogs précités) -une petite trentaine de blogueurs étaient présents, blogs politiques et cinéma-, place au documentaire…

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     « Les Films du président » est un documentaire de 52 minutes réalisé par Charles Antoine de Rouvre et produit par TCM, il s’inscrit dans « une programmation spéciale autour de la représentation du président américain au cinéma, tous les jeudis d’octobre à partir de 20h45, avec 10 films emblématiques, engagés, mettant en scène des hommes politiques charismatiques, humanistes ou torturés ».

     A un mois du verdict tant attendu pour connaître le prochain locataire de la Maison Blanche (le 44ème président des Etats-Unis sera élu le 4 novembre prochain), alors que vient d’avoir lieu le très attendu débat entre Joe Biden et Sarah Palin, TCM nous montre ainsi à quel point cinéma et actualité, et en particulier politique, s’influencent mutuellement. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à voir à quel point les meetings d’Obama et McCain et leurs prédécesseurs ressemblent à de véritables shows imprégnés de grandiloquence cinématographique, ou même un peu moins loin, il suffit de regarder la communication excessive et mise en scène de celle-ci par Nicolas Sarkozy ou le spectacle hybride et curieusement insouciant, à l’américaine, de Ségolène Royal au Zénith la semaine dernière pour se rendre compte à quel point le cinéma et à quel point peut-être aussi la politique américaine, dans sa communication, influencent la nôtre. Ainsi,  Jean-Paul Huchon le souligne-t-il dans le documentaire : « Avec Royal et Sarkozy, nous avons assisté pour la première fois à une véritable scénarisation de la campagne présidentielle ».

    président2.jpgLe documentaire décrypte donc la représentation du Président des Etats-Unis dans le cinéma américain en se basant sur des témoignages de politiques (Marielle de Sarnez, Françoise de Panafieu, Jean-Paul Huchon…) ou de cinéastes et acteurs (Edouard Baer, Alain Corneau, Philippe Torreton- que j’aurais aussi pu classer dans la première catégorie-, Lionel Delplanque, Yves Boisset), l’Universitaire Michel Chandelier et la journaliste de CNN Hala Gorani… mais aussi des extraits de films ( dont certains ont, à juste titre, regretté qu’ils soient en VF) : « Les trois jours du Condor » de Sydney Pollack, « JFK » d’Oliver Stone, « Mars Attacks » de Tim Burton, « Les hommes du Président » d’Alan J.Pakula...

    Ce qui marque d’emblée c’est la surreprésentation du président dans le cinéma américain. C’est  à la fois une figure mythique, christique, démiurgique mais aussi un homme qui incarne l’Amérique de façon binaire et manichéenne, qui incarne l’American dream, celui qui peut partir de rien et se retrouver dans la plus haute fonction de l’Etat (au contraire de la France où nos présidents et politiques sont le plus souvent des énarques). Si le Président est un héros  récurrent du cinéma américain et de tous les cinémas (de la comédie au film d’action), sa représentation évoluera néanmoins au fil de l’Histoire et de ses événements, notamment après le 11 septembre 2001.  

     Si les témoignages des politiques  (choisis ici pour leur cinéphilie) restent très consensuels (le producteur a admis qu'ils ont dû  couper au montage ce qui se révélait être une virulente critique de la mise en scène de leurs camps respectifs ( !), TCM étant une chaîne cinéma et le documentaire se voulant cinéphilique et non polémiste ou politique…) les autres sont en revanche plus éclairants notamment sur la difficulté de représenter le président dans le cinéma français (A ce propos, je vous recommande l’excellent « Promeneur du champ de mars » de Robert Guédiguian, cliquez ici pour lire ma critique). Grâce notamment à Griffith et l’usage que le cinéma américain  a fait de l’insert, un simple objet prend dans son cinéma une dimension symbolique et métaphorique et un simple plan du bureau ovale immédiatement reconnaissable suffit à personnaliser le pouvoir…tandis qu’en France sa représentation est plus problématique (Comme le dit très bien Edouard Baer : « La Maison Blanche c’est déjà un plan large, alors que l’Elysée c’est un plan serré ») là aussi parce que, où dans un pays la représentation du drapeau est synonyme de patriotisme, il l’est de nationalisme dans l’autre. Dans « Président » par exemple, Lionel Delplanque a délibérément usurpé la réalité en transformant le bureau de l’Elysée en un bureau de 400m2, en évitant toute représentation du drapeau français, en montrant des limousines gigantesques tout simplement pour symboliser un pouvoir que la réalité ne suffisait pas à représenter.  

     Au-delà du Président, c’est aussi une image de la démocratie américaine, parfois simpliste, qui est vulgarisée dans le monde entier. Aux Etats-Unis, il suffit de présenter une bannière étoilée, le bureau ovale (tant de fois représenté au cinéma…) sur lequel figurent souvent des téléphones le connectant au monde entier, un homme relativement âgé, charismatique, au regard perçant et à la voix déterminée pour que le tour soit joué : on se demande d’ailleurs comment le cinéma pourra représenter W.Bush tant il correspond peu à cette description…et j’attends avec impatience le « W » d’Oliver Stone, portrait au vitriol de l’actuel président américain.

     Au cinéma une femme a déjà été présidente et Morgan Freeman l’a déjà incarné, espérons que le cinéma sera prémonitoire. Réponse dans un mois. En attendant les caméras du monde entier restent braquées sur cette passionnante course à la Maison Blanche, filmant comme une fiction cette réalité tellement « cinégénique » et palpitante et brouillant encore un peu plus les repères entre cinéma et réalité. Toujours est-il que, pour cause de frilosité des diffuseurs  ou manque d’intérêt du public, il nous reste encore beaucoup à faire en France pour que la politique, ou du moins la figure présidentielle, soit aussi présente dans nos fictions.

    tcmlogo2.gif « Les grandes répliques sont celles qui tuent. Les grands acteurs sont immortels. Les grandes histoires racontent la vie. Les grandes émotions rendent vivant ». Telle est la devise de TCM. Alors si vous voulez entendre de grandes répliques, voir de grands acteurs, regarder de grandes histoires, vivre de grandes émotions, être tué et immortel, vous faire raconter la vie en vous rendant vivant, et donc vous plonger en pleins paradoxes…rendez-vous sur TCM !

     Programme des 10 films sur les présidents « made in Hollywood » : http://www.tcmcinema.fr/voir/prsidents-made-in-hollywood

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    Et un marathon spécial élections américaines de 24H à partir du samedi 1er novembre à 20H45.  Pour en connaître le programme : http://www.tcmcinema.fr/voir/marathon-prsident-made-in-hollywood

    Les diffusions du documentaire « Les Films du Président »:


    jeudi 2 octobre à 20h45
    vendredi 17 octobre à 23h30
    jeudi 23 octobre à 19h45
    lundi 27 octobre à 19h45
    mercredi 29 octobre à 23h50
    samedi 1er novembre à 20h45
    dimanche 2 novembre à 19h45

     LIENS :

    tcm.png

    Site internet de TCM : http://www.tcmcinema.fr

    Page du site TCM consacrée au cycle sur les « présidents made in hollywood »: http://www.tcmcinema.fr/voir/le-thme-du-mois

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    Remarque : la chaîne rend également hommage à Paul Newman, avec une soirée spéciale ce vendredi à partir de 20H45 : http://www.tcmcinema.fr/voir/paul-newman-blues

    Ci-dessous, ma photo dans le bureau ovale de la Maison Blanche reconstitué à Deauville pour le 30ème Festival du Cinéma Américain.

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    Ci-dessus, le bureau des Présidents de la République à l'Elysée (photo "In the mood for cinema")
    Lien permanent Imprimer Catégories : AVANT-PREMIERES, CHRONIQUES TELEVISUELLES Pin it! 7 commentaires
  • « Faubourg 36 » de Christophe Barratier : un hommage au cinéma d’hier

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    Je l’avoue : je n’avais aucune envie de voir ce film, la bande annonce me laissait présager un film daté et artificiel mais ayant vu tous les autres films à l’affiche dans mes cinéma favoris, je me suis finalement laissée tenter. Il m’a fallu un petit bout de temps pour m’accoutumer à ce cinéma désuet, à sa succession frénétique de plans, de situations et de personnages stéréotypés et puis je me suis replongée sans déplaisir dans mes souvenirs de ce cinéma que j’aimais tant : celui de Carné, de Duvivier, de Becker (Jacques) , celui de l’avant-guerre , perdu quelque part entre les espoirs du Front populaire et la montée des extrêmes et de l’antisémitisme, avec des références aussi à celui que l’on appelait de qualité française (cinéma de studio et de scénaristes d’après-guerre. )

     Evidemment ce film n’a rien à voir avec « Entre les murs » par exemple actuellement à l’affiche et il ne prétend d’ailleurs nullement au même cinéma (si vous ne devez voir qu’un film ce mois-ci c’est évidemment celui de Laurent Cantet) mais aussi diamétralement opposés que soient leurs styles et leurs écritures (d’ailleurs ne vous y trompez pas « Entre les murs » est un film très écrit, parfaitement écrit  même au point de donner cette parfaite illusion du documentaire, de vérité prise sur le vif) je les crois portés par la même sincérité, la même envie de mener un genre à son paroxysme, le même perfectionnisme.

    Dans un faubourg populaire du nord de Paris en 1936, l'élection printanière du gouvernement de Front Populaire fait naître les plus folles espérances et favorise la montée des extrêmes. C'est là que trois ouvriers du spectacle au chômage Pigoil, Milou et Jacky  ( respectivement incarnés par Gérard Jugnot, Clovis Cornillac et Kad Merad) décident d'occuper de force le music-hall qui les employait il y a quelques mois encore, pour y monter un "spectacle à succès".

    Clovis Cornillac ressemble à s’y méprendre à Jean Gabin dans les films d’avant-guerre, Nora Arnezeder (la découverte du film comme Jean-Baptiste Maunier dans « Les Choristes » avec lequel elle a un commun une fraîcheur et un talent éclatants) à Michèle Morgan : tous deux font inévitablement penser au couple mythique Nelly et Jean du « Quai des Brumes » de Marcel Carné auquel un plan d’ailleurs fait explicitement référence. Bernard-Pierre Donnadieu (Galapiat), quant à lui,  fait penser à Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître) dans « Les enfants du paradis » de Carné et à  Jules Berry (Valentin) dans « Le jour se lève »  du même Carné  ou  dont j’ai d’ailleurs cru reconnaître le célèbre immeuble dessiné par Alexandre Trauner dans le premier plan du film… Les décors du film entier  font d’ailleurs penser à ceux de Trauner, avec cette photographie exagérément lumineuse entre projecteurs de théâtre et réverbères sous lesquels Paris et les regards scintillent de mille feux incandescents et mélancoliques. Et l'amitié qui unit les protagonistes de ce "Faubourg 36" fait évidemment penser à celle qui unissait ceux de "La belle équipe" de Duvivier. (Voir mes critiques des films précités dans ce paragraphe en cliquant ici).

      Barratier assume donc ses références, celles d’un cinéma académique, classique et populaire, prévisible,  empreint d’une douce nostalgie. Dommage qu’il n’ait pas trouvé un dialoguiste du talent de Prévert et qu’à la fin les personnages incarnés par Clovis Cornillac et Nora Arnezeder passent au second plan mais après tout le film s’intitule « Faubourg 36 » : c’est lui le vrai héros du film, lequel n’est pas vraiment une comédie musicale (même si la fin du film s’y apparente avec une belle énergie), plutôt un film sur un music hall, ceux qui le font vivre, pour qui il est une raison de vivre. Le destin, le conte de fée  d’une « Môme » qui assume pleinement le genre du film  sans les excès mélodramatiques et les maquillages outranciers du film éponyme...auquel quelques plans font d’ailleurs étrangement songer.

     On en reste peut-être un peu trop à distance comme on regarderait un beau spectacle avec l’impression que ses artistes s’amusent beaucoup entre eux mais ne nous font pas totalement entrer dans la danse mais ce voyage dans le temps et dans le cinéma d’hier que Christophe Barratier fait revivre le temps d’un film vaut néanmoins le détour ne seraient-ce que pour la beauté des plans emportés par une caméra dynamique, et pour ses comédiens portés par une énergie admirable au premier rang desquels François Morel qui apporte ici sa fantaisie imparable, Pierre Richard et sa bonhomie clownesque, Gérard Jugnot sa touchante justesse, Kad Merad son goût du second degré et sa –belle- voix que l’on découvre, et les seconds rôles qui, à l’image de ceux du cinéma auquel Barratier rend hommage, existent réellement.

     Quatre ans après « Les Choristes » (8 million de spectateurs) Christophe Barratier avec son second film a eu l’intelligence de ne pas forcer sa nature, d’être fidèle à ses convictions cinématographiques et impose  ainsi son style joliment désuet, musical, mélancolique, sentimental, photogénique (Tom Stern, photographie de Clint Eastwood signe ici la photographie) et enthousiaste avec une résonance sociale finalement très actuelle. Le film d’un réalisateur qui aime indéniablement le cinéma, ses acteurs et ses artifices revendiqués, et rien que pour cela, pour cette sincérité ce « Faubourg 36 » vaut le détour.

    appa.jpg Et après l’hommage au cinéma des années 30, mercredi prochain sort en salles l’hommage au western classique, l’hymne à l’amitié signé Ed Harris, « Appaloosa » que je recommande à tous les amateurs du genre...dont je suis (présenté en avant-première au dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville) !

    A suivre sur "In the mood for cinema": l'avant-première de la série "Flics" d'Olivier Marchal en présence de toute l'équipe du film.

     Sandra.M

  • 19ème Festival du Film Britannique de Dinard: le programme (article complété le 27.09)

    festival-film-britannique-dinard-19eme-editio-L-2.jpgDu 2 au 5 octobre aura lieu la 19ème édition du Festival du Film Britannique de Dinard.

    Entre avant-premières, compétition, hommage (à Hugh Hudson), gros plan (sur Daphné du Maurier), expositions, rencontres, débats, courts et longs-métrages, comme chaque année le programme sera riche et varié.

    JURY 2008

    Le jury sera présidé par Lambert Wilson et composé de : Arié Elmaleh, Tara Fitzgerald, Valérie Kaprisky, Aïssa Maïga, Rory Mc Cann, Nicolas Roeg, Lucy Russell, Alice Taglioni et Sterenn Le Scan  .

    CONCOURS

    Vous pouvez d'ailleurs vous aussi faire partie du jury comme ce fut mon cas en 1999,  grâce au concours organisé par Ouest-France et ouvert à tous:

    il suffit d'envoyer rapidement une lettre de motivation d'un feuillet maximum (1500 caractères) à la rédaction Ouest-France, Jury du Festival, 15 Avenue Jean-Jaurès, BP  214, 35049 Saint-Malo Cedex .

    PROGRAMME DU 19ème FESTIVAL DU FILM BRITANNIQUE DE DINARD

    COMPETITION

    Boy A, de John Crowley.

    Clubbed, de Neil Thompson.

    A Complete History of my Sexual Failures, de Chris Waitt.

    The Escarpist, de Ruppert Wyatt.

    Helen, de Christine Molloy & Joe Lawlor.

    The Market, de Ben Hopkins.

    AVANT-PREMIERES

    Film d'ouverture

    My Life So Far (1999), de Hugh Hudson.


    Film de gala

    Somers Town, de Shane Meadows.


    Séance spéciale

    Young @ Heart (doc), de Stephen Walker.


    Avant-premières

    Adulthood, de Noel Clarke.

    The Agent, de Lesley Manning.

    The Crew, de Adrian Vitoria.

    The Duchess, de Saul Dibb.

    Eden Lake de James Watkins.

    The Edge of love, de John Maybury.

    Flashbacks of a Fool, de Baillie Walsh.

    French Film, de Jackie Oudney.

    Genova, de Michael Winterbottom.

    The Hide, de Marek Losey.

    Hunger de Steve McQueen. (voir ma critique ici)

    Love Live Long, de Mike Figgis.

    Man on Wire (doc), de James Marsh.

    The Meerkats (La Famille suricate) (doc), de James Honeyborne.

    Of Time and the City (doc), de Terence Davies.

    Shadows in the Sun, de David Rocksavage.

    Stephen Frears, A Portrait (A propos de Stephen Frears), de Philippe Pilard.

    INFORMATIONS PRATIQUES: ASSISTER AU FESTIVAL

    Pour assister au festival, si vous ne possédez pas de carte pass (300 vendues mi-juin) ou de pass professionnel ou presse attribués suite à examen par une commission professionnelle, vous pouvez acheter des places à 5,50 (en vous présentant environ une demi-heure avant les projections)...moins chères que des places de cinéma classiques.

    LIENS:

    Vous pouvez aussi retrouver mes comptes rendus des éditions précédentes en cliquant sur les liens ci-dessous:

    Mon compte-rendu du Festival du Film Britannique de Dinard 2007

    Mon compte-rendu du Festival du Film Britannique de Dinard 2006

    Mon compte-rendu du Festival du Film Britannique de Dinard 2005

    Site officiel du Festival du Film Britannique de Dinard 2008

    et évidemment bientôt le récit du festival sur http://www.inthemoodforcinema.com !

    Ajouts du 26.09: "Genova" de Michael Winterbottom en avant-première, en présence de Colin Firth

    Gabriel Aghion complète le jury.

    Le  festival fera un clin d'oeil à la trilogie londonienne de Woody Allen (les critiques des 3 films en question figurent sur ce blog, rendez-vous dans la rubrique "Critiques des films à l'affiche")

    Accéder directement à la grille horaire du festival en cliquant ici

  • « Parlez-moi de la pluie » d’Agnès Jaoui : la météorologie des âmes…

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     Agathe Villanova (Agnès Jaoui), féministe nouvellement engagée en politique, revient pour dix jours dans la maison de son enfance, dans le sud de la France, aider sa sœur Florence (Pascale Arbillot) à ranger les affaires de leur mère, décédée un an auparavant.
    Agathe n'aime pas cette région, elle en est partie dès qu'elle a pu mais les impératifs de la parité l'ont parachutée ici à l'occasion des prochaines échéances électorales.
    Dans cette maison vivent Florence, son mari, et ses enfants mais aussi Mimouna (Mimouna Hadji), que les Villanova ont ramenée avec eux d'Algérie, au moment de l'indépendance et qui a élevé les enfants.
    Le fils de Mimouna, Karim (Jamel Debbouze), et son ami Michel Ronsard  (Jean-Pierre Bacri) entreprennent de tourner un documentaire sur Agathe Villanova, dans le cadre d'une collection sur "les femmes qui ont réussi".
    C’est  un mois d'Août gris et pluvieux : ce n’est pas normal…mais rien ne va se passer normalement.

     « Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps
    Le beau temps me dégoute et m'fait grincer les dents
    Le bel azur me met en rage
    Car le plus grand amour qui m'fut donné sur terr'
    Je l'dois au mauvais temps, je l'dois à Jupiter
    Il me tomba d'un ciel d'orage »

     Voilà les premiers vers de la chanson « L’orage » de Georges Brassens dont le titre du film est tiré. De l’orage surgit la vérité, parfois l’amour mais avant d’en arriver là les personnages de « Parlez-moi de la pluie » auront dû affronter des humiliations ordinaires et non moins blessantes, leurs certitudes parfois erronées ou une injustice lancinante, une condescendance.

     Je revoyais le magnifique et intemporel « César et Rosalie » de Claude Sautet avant-hier, encore, pour la énième fois, avec toujours cette même envie de suivre les personnages, de les connaître même,  et même si Agnès Jaoui récuserait peut-être cette comparaison (n’aime-t-elle pas plutôt, aussi, Kusturica, où par bribes visuelles et musicales, son film m’a aussi fait songer ?), je trouve que leurs films ont cela en commun de donner vie et profondeur à des personnages à tel point qu’on imagine leur passé, leur avenir, une existence réelle, qu’on les découvre différemment à chaque visionnage, dans toute leur touchante ambivalence. Et puis Claude Sautet aussi aimait « parler de la pluie ». Dans chacun de ses films ou presque, elle cristallisait les sentiments, rapprochait les êtres.

     Ce qu’on remarque en premier, c’est donc cela : le sentiment d’être plongés dans l’intériorité des personnages, de les connaître déjà ou de les avoir rencontrés ou d’avoir envie de les rencontrer tant les scénaristes Bacri et Jaoui les humanise. Karim et Mimouna sont victimes du racisme, d'autant plus terrible qu'insidieux, Agathe du sexisme et des préjugés concernant sa condition de femme politique,  Michel de ne pas exercer pleinement son métier ni d’avoir pleinement la garde de son fils, Florence de ne pas être assez aimée… Chaque personnage est boiteux, que son apparence soit forte ou fragile.

      La caméra d’Agnès Jaoui est plus nerveuse qu’à l’accoutumée comme si les doutes de ses personnages s’emparaient de la forme mais c’est quand elle se pose, reprend le plan séquence qu’elle est la plus poignante et drôle : vivante. Comme dans cette scène où Karim, Michel, Agathe se retrouvent chez un agriculteur qui les a « recueillis » : scène troublante de justesse, ne négligeant aucun personnage, aucun lieu commun pour mieux le désarçonner, en souligner l’absurdité.

     L’écriture de Bacri et Jaoui est toujours nuancée,  la complexité des êtres, leurs faiblesses que leur écriture précise dissèque devient ce qui fait leur force. Les dialogues sont toujours aussi ciselés, peut-être moins percutants et acerbes  que dans le caustique et si touchant  « Un air de famille » de Cédric Klapisch, plus mélancolique aussi. Jaoui et Bacri ont décidément le goût des autres à tel point qu’ils nous font aimer et comprendre leurs imperfections, et forcément nous y reconnaître. Aucun rôle n’est négligé. Le second rôle n’existe pas.  L’écriture de Jaoui et Bacri n’a pas son pareil pour faire s’enlacer pluie et soleil, émotion et rire, force et faiblesse : pour faire danser l’humanité sous nos yeux. Jaoui et Bacri n’ont pas leur pareil pour décrire la météo lunatique des âmes.

     Jamel Debbouze n’a jamais été aussi bien filmé, n’a jamais aussi bien joué : dans la retenue, l’émotion, la conviction. Adulte, enfin.

     Le personnage d’Agathe incarné par Agnès Jaoui est une salutaire réponse au poujadisme toujours régnant qui voudrait qu’ils soient « tous pourris » et rend hommage à l’engagement parfois compliqué que constitue la politique.

     Drôle, poétique, touchant, convaincant : cette pluie vous met du baume au cœur.

    On en ressort l’âme ensoleillée après que se soit dissipée la brume qui pesait sur celles de ses personnages que l’on quitte avec regrets, heureux malgré tout de les voir cheminer vers une nouvelle étape de leur existence qui s’annonce plus radieuse.

     Si comme l’écrivait Kirkegaard cité dans le film, l’angoisse est le possible de la liberté. La pluie sur les âmes sans doute est-elle le possible de son soleil, teinté d’une bienheureuse mélancolie  à l’image de ce film réconfortant, brillamment écrit et réalisé.

     Sandra.M

  • Avant-première : « L’art de la pensée négative » de Bard Breien, un hymne au politiquement incorrect à l’humour noir délicieusement caustique et corrosif

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    Ci-dessus, Fridtjov Saheim (Geirr) dans "L'art de la pensée négative"

    Un film qui s’intitule « L’art de la pensée négative », norvégien de surcroît, voilà a priori de quoi réfréner l’enthousiasme d’un certain nombre de spectateurs … et ils auraient bien tort. Certes, Bard Breien va délibérément à l’encontre d’un certain nombre de films, américains en général, selon lesquels tout va bien dans le meilleur du monde même lorsque celui-ci ou celui de ses personnages périclite mais il le fait avec tellement de talent et de causticité qu’on ne peut qu’être charmé.

     Evidemment si j’ajoute qu’il s’agit de l’histoire d’un trentenaire prénommé Geirr (Fridtjov  Saheim) handicapé à la suite d’un accident, dont la femme est sur le point de le quitter et qui cède à sa misanthropie galopante, son mauvais esprit et sa rageuse amertume, cela risque de décourager les quelques téméraires qui ne l’étaient pas encore… Oui, mais voilà cela ne s’arrête pas là : sa femme convie alors chez lui un groupe d’handicapés chaperonnés par une coach pleine de bonne foi en sa méthode positive. Il les accueille avec son altruisme légendaire en leur aspergeant avec un extincteur et commence alors son entreprise de démoralisation. Tous les repères vont alors exploser, les handicapés vont prendre le contrôle et exclure les valides et leur bonne conscience, se perdant dans une nuit d’ivresse aux vertus inattendus.

     Cela commence dans le bureau aseptisé de la coach avec ceux qui seront les autres protagonistes de l’histoire : Tori ( Kjersti Holmen), la coach apparemment imperturbable, Marte (Marian Saastad Ottesen) la jeune tétraplégique au sourire béat invariablement suspendu aux lèvres,  Gard ( Henrik Mestad), le mari de cette dernière apparemment dégoulinant de serviabilité et de compréhension, Lillemor (Kari  Simonsen) l’aînée du groupe dont les problèmes sont visiblement plus psychologiques que physiques et Asbjorn (Per Schaaning) qui n’a apparemment plus l’usage de la parole ni des jambes, le plus handicapé de tous. Tout ce petit monde se dirige ensuite chez Geirr sur la demande de sa femme Ingvild (Kirsti Eline Torhaug) où va se dérouler l’essentiel de l’histoire sous forme de huis-clos explosif et détonant. Les masques vont peu à peu se fissurer, les vraies personnalités se révéler, le décor lisse de la maison et les fausses certitudes exploser sous l’impulsion et le regard acide et acéré de Geirr.

     Ne vous y trompez pas : ce film est une comédie ! Le premier décalage provient d’abord de ces gens  censés apporter l’optimisme à Geirr alors qu’eux-mêmes ont encore plus de problèmes, de leur situation inexorable, de leur optimisme béat et ridicule. Plutôt que d’en faire des héros qui supportent toutes les situations sans broncher et qu’il faut traiter avec indulgence, Bard Breien fait de ces handicapés des êtres à part entière avec ce que cela comporte de failles, de fêlures, de dérapages incontrôlés, de désirs et de désordre à l’image de celui qui va peu à peu ravager la maison initialement d’une blancheur et d’une propreté immaculées.

      L’esprit caustique et dévastateur de Geirr va peu à peu s’emparer des autres handicapés qui vont peu à peu révéler leur être véritable, leur humanité et donc leurs imperfections. Chacun va alors évacuer sa rage finalement salvatrice, le tout à  un rythme effréné, grâce à un montage saccadé, une mise en scène frontale qui rappellent les films du dogme et notamment « Festen » même si ici de la noirceur surgira la lumière, même si la rage est ici finalement plus salvatrice que destructrice, ou du moins après avoir été salutairement destructrice : voilà tout l’art de la pensée négative ! Préparez-vous à voir les perruques voler, les ventilateurs tournoyer comme les hélices des hélicoptères dans « Apocalypse now », à jouer à la roulette russe, à entendre des vérités cinglantes, à jouer avec le feu et la morale.

      Plutôt que de refouler les problèmes, plutôt que de donner une image faussement et ridiculement parfaite et imperturbable notamment du handicap, mieux vaut les affronter pour mieux les comprendre et les surmonter. Tout repose donc sur les personnages et leur évolution psychologique savamment écrite.

     Préparez-vous à un voyage jubilatoire au bout d’un enfer savoureusement noir et caustique. Geirr est d’ailleurs totalement imprégné du film de Cimino et d’ « Apocalypse now », son art de la pensée négative consistant aussi à trouver le réconfort dans les vieux disques de Johnny Cash et ses vieux films de guerre et à s’identifier aux vétérans du Vietnam.

     Au bout de ce drôle d’enfer se trouve la lumière : l’art de la pensée négative c’est finalement de nous rendre positifs tout en admettant notre face sombre et négative, nos failles inéluctables, nos moments d’égarement, de doutes, peut-être simplement de sincérité.  Oui, cette lueur là est celle de la sincérité. La vérité crue. Terriblement salvatrice. A l’image de ce film à l’humour noir régénérateur.

     L’art de la pensée positive est une méthode qui existe vraiment en Norvège et y fait fureur. Importée des Etats-Unis,  elle consiste essentiellement en l’évitement des problèmes alors que « l’art de la pensée négative » prône au contraire la confrontation à ceux-ci. Pour notre plus grand plaisir de spectateurs malicieux.

     Ce « petit » film par le budget et la longueur (1H19 pour seulement 20 jours de tournage !) a reçu de nombreux prix, mérités, dans des festivals : Prix de la presse au Festival du Film Européen de la Réunion, prix de la presse aux Rencontres Internationales de Cinéma à Paris … sans compter de nombreuses sélections dans de prestigieux festivals comme ceux de Pusan, San Sebastian ou Montréal. La sortie en salles en France est prévue le 26 novembre 2008.  Je vous en reparlerai à cette occasion et vous le recommande dès à présent.

     Site internet du film : www.lartdelapenseenegative-lefilm.com

     Sandra.M

  • Bilan du 34ème Festival du Cinéma Américain de Deauville : le cinéma indépendant à l’honneur et la radiographie d'une Amérique engluée dans le présent

    face18.jpgIl y a une semaine déjà s’achevait le 34ème Festival du Cinéma Américain de Deauville. Il ne m’en fallait pas moins pour prendre du recul sur ce qu’est invariablement un festival de cinéma, celui-ci en particulier : une tornade émotionnelle dont le tourbillon fascinant, parfois dévastateur mais non moins majestueux, vous emporte et vous laisse bousculé, étourdi, heureux et épuisé, régénéré et mélancolique, un peu changé et riche de paradoxes comme ce festival sait si bien les exhaler et concilier. Cette 34ème édition n’a pas dérogé à la règle même si pour beaucoup ce fut un « petit festival ». Pour moi, au bout de quinze années (et cette année n’était certainement pas la dernière…) je le trouve toujours aussi riche et passionnant, et il me fait toujours vivre des moments, de vie et de cinéma, exaltants et ineffables, souvent même improbables.

    Cette édition fut en effet probablement moins festive et son générique moins spectaculaire que celui de l’an passé mais contrairement à un certain nombre de festivaliers j’ai trouvé sa compétition particulièrement riche et variée, et une nouvelle fois Deauville, à travers sa programmation, a effectué une radiographie particulièrement instructive de l’Amérique contemporaine. Deauville était ainsi cette année avant tout la vitrine du cinéma indépendant (comme en témoignait d’ailleurs aussi son hommage à l’actrice Parker Posey) et peut-être un peu moins la vitrine des blockbusters à venir...quoique…

    affichedeauville2008.jpg  Cela avait pourtant commencé en fanfare sur un air joliment suranné et naïf d’Abba, avec un film enchanté et enchanteur, mené par une Meryl Streep à l’enthousiasme communicatif (voir ma critique sur http://inthemoodfordeauville.hautetfort.com ). Une légèreté plutôt bannie de la compétition ancrée dans les problèmes de l’Amérique contemporaine, en particulier liés à  l’enfance et à l’adolescence, symboles d’une Amérique qui n’arrive plus à grandir, à trouver une lueur d’espoir alors que ses enfants se font tuer en Irak, une Amérique engluée dans un présent inextricable, terrassant rêves et utopies.

     L’Irak, c’était d’ailleurs le sujet hors champ de mon grand favori de cette compétition 2008, oublié de la compétition « American son » ou l’histoire d’un Marine de 19 ans qui tombe amoureux juste avant d’être envoyé en Irak. La guerre est hors champ et pourtant omniprésente et rend d’autant plus poignante cette histoire d’amour a priori banale mais sur laquelle pèse une épée de Damoclès. A travers le portrait de ce jeune homme comme tant d’autres, le réalisateur Neil Abramson personnifie et humanise ces soldats envoyés en Irak et sans jamais vraiment aborder le sujet de front crée une des dénonciations les plus efficaces de la guerre, de cette guerre qui broie des innocents, implique ces fils américains dans un combat qui les dépasse, un combat parfois aussi pour échapper à la banalité de leur existence ou même la délinquance. Certains ont trouvé l’histoire d’amour banale, naïve mais c’est justement cette banalité et cette naïveté qui exacerbent la profondeur et la dureté de ce qui suit, de cet inéluctable départ à la guerre, la réalité et le poids de son choix. Nous suivons ce jeune Marine et avec lui éprouvons l’impitoyable compte à rebours avant la fin de l’innocence de ce fils américain comme tant d’autres qui, en 96 heures, va devenir adulte. Finalement beaucoup plus efficace que « Dans la vallée d’Elah » projeté l’an passé, pourtant si démonstratif.

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     Mon deuxième coup de cœur de la compétition dont je vous ai déjà parlé c’est « Gardens of the night » un film pudique, sensible, magistralement traité sans complaisance ni voyeurisme  (prix de la critique internationale qui récompense un film pour ses qualités artistiques) sur un sujet particulièrement délicat dont le traitement aurait pu s’avérer scabreux. Un film dont la réalisation témoigne d’un grand savoir-faire et a fait vibrer une poignante note d’espoir chez les festivaliers… Un film qui a fait l’unanimité. (voir ma critique sur http://inthemoodfordeauville.hautetfort.com )

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    face26.jpg  Le prix de la révélation Cartier et le prix du jury ont été dévolus à mon troisième favori : « Ballast » de Lance Hammer, portrait particulièrement sensible de trois êtres (dont un adolescent, encore) que la mort du frère jumeau de l’un d’entre eux (et père de l’adolescent) va bouleverser. La lenteur lancinante et prenante, la morosité presque fascinante des paysages : tout contribue à nous faire éprouver leur lente réconciliation avec eux-mêmes et l’existence avec une judicieuse économie de mise en scène et d’emphase. (les acteurs sont par ailleurs des non professionnels). Un film d’une efficacité et d’un réalisme bluffant.

     Tous les autres films ou presque de cette compétition évoquaient d’ailleurs une enfance ou une adolescence meurtrie, désarçonnée, égarée, douloureuse, des personnages fragiles, un pénible passage à l’âge adulte :

    - une régression infantile dans le mésestimé « Momma’s man » de Azazel Jacob  (ou comment au lieu de rentrer chez lui auprès de sa femme et de son nouveau-né un trentenaire trouve une excuse fallacieuse pour rester chez ses parents)

    - les adolescents surdoués et non moins en crise du très conventionnel et télévisuel « Smart people » avec lesquels leur père taciturne depuis la mort de leur mère n’arrive plus à communiquer

    - le contexte douloureux et âpre d’un premier amour dans « Snow Angels »

    - l’éveil à la sexualité, le rapport au corps, le racisme dans « Towelhead » d’Alan Ball (scénariste de « American Beauty » et créateur de la série « Six feet under »), un film faussement subversif, réellement malsain sous prétexte d’éviter tout manichéisme (auquel il n’échappe pourtant pas dans le personnage de la jeune fille) et toute morale bien pensante : cela aurait pu être intéressant traité avec un peu plus de délicatesse

    - la quête insoluble du père dans « All god’s children can dance »

    - la fascination fatale pour la violence des adolescents dans un prestigieux pensionnat de la Côte Est dans « Afterschool ».

    - les péripéties de deux  sœurs (dans « Sunshine cleaning ») qui décident de créer une société de nettoyage de scènes de crime et cicatrisent ainsi leur blessure d’enfance : le suicide de leur mère. Par l’heureux producteur de « Little miss sunshine » dont sunshine et le ton décalé sont les deux seuls points communs avec ce film-ci, le premier n’arrivant scénaristiquement pas à la hauteur du second.

    Et enfin « The visitor » de Tom McCarthy qui échappe semble-t-il à cette classification, le Grand Prix de cette édition 2008, le seul film de cette compétition que j’ai manqué (mais vous pourrez retrouver ma critique dès sa sortie en salles, le 29 octobre 2008, sur www.inthemoodforcinema.com ) et qui raconte  comment un vieux professeur solitaire retrouve goût à la vie quand il découvre chez lui des squatteurs, un Syrien et une Sénégalaise victimes d’un escroc.

     Carole Bouquet, la présidente du jury de cette 34ème édition, plutôt avare d’explications sur les raisons des choix du jury, lors de la remise des prix, a simplement déclaré « Nous aurions voulu mettre d’autres films et metteurs en scène à l’honneur mais c’est le jeu ». Zoe Cassavetes, présidente du jury Cartier, quant à elle a déclaré : « la sélection nous a montrés des films très différents avec malgré tout une similarité, celle de la provocation et l’honnêteté » ajoutant « Nous avons une élection en novembre qui va nous permettre de redistribuer les cartes du rêve, de la culture et de la paix ». Zoe Cassavetes n’est pas la seule à placer tous ses espoirs en Obama puisque le réalisateur de « Ballast », en recevant son prix, a également déclaré « Notre pays est dans un état lamentable et ça me gêne beaucoup, c’est pourquoi je crois au pouvoir de l’art qui peut vraiment changer les choses. Pour cela nous avons un véritable espoir à saisir et il s’appelle Barack Obama. »

     Le rêve, l’onirisme étaient donc définitivement évincés de cette compétition 2008 même si dans certains émergeaient une (très faible) lueur d’espoir. Comme si le cinéma enserré dans une réalité sombre ne pouvait et ne devait y échapper mais au contraire la mettre en lumière : une lumière bien crue et blafarde le plus souvent.

     En allait-il autrement des Premières ? Il est vrai que cette année, pour mon plus grand plaisir, tous les genres ou presque étaient représentés : du western avec le second film en tant que réalisateur d’ Ed Harris «  Appaloosa » à la comédie romantique avec le très efficace « Coup de foudre à Rhode Island » de Peter Hedges, à la comédie d’action avec « Max la menace » de Peter Segal en passant par le thriller suffocant avec « Harcelés » de Neil La Bute, la comédie grinçante à suspense avec le très réussi « Married life », le film de guerre engagé avec « Miracle à Santa Anna » de Spike Lee, le film inclassable avec « Meurtres à l’Empire State Building » de William Karel, le film politique sous forme de « fiction documentaire » avec « Recount », le mélo improbable avec « The Yellow handkerchief » de Udayan Passad…

     Parmi ces 10 jours si intenses et forcément trop courts, je retiendrai :

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    -la passion communicative et l’engagement infaillible de Spike Lee lors de son hommage mais aussi à travers son dernier film projeté en Première : le magnifique et lyrique « Miracle à Santa Anna » (voir ma critique sur http://inthemoodfordeauville.hautetfort.com )

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    -l’émotion d’Ed Harris lors de son hommage ("Quand j'exprime ce qu'il y a au fond de mon coeur, je m'émeus moi-même, désolé! Je ne me sens jamais autant en vie que lorsque je joue. Je suis un homme extrêmement chanceux. Au mois de novembre, je fêterai mes vingt-cinq ans de mariage avec mon épouse, l'actrice Amy Madigan. Son amour, son soutien, son encouragement et sa passion pour la vérité m'apportent une stabilité constante, la joie et m'inspirent tous les jours.") et le plaisir de retrouver un western classique qui respecte magistralement les codes du genre avec en prime une ode à l’amitié, beaucoup d’humour et évidemment des Indiens, des paysages majestueux…, et cette envie de « laisser le temps au temps » à l’image de l’époque à laquelle se déroule le film. Dommage juste que le « méchant » incarné par Jeremy Irons ait un rôle si plat, voire inexistant. « Appaloosa » du nom d’un petit village du Mexique, à la fin du 19ème. Sortie en salles le premier octobre : je vous en reparlerai à cette occasion sur www.inthemoodforcinema.com . Me voilà presque prête à rejoindre « l’IAFT » l’Immense Amicale de vos Fans Tricolores, pour reprendre l’expression du président fondateur du festival Lionel Chouchan !

    - la magie intemporelle du cinéma avec mon coup de cœur de ce festival 2009 : « Meurtres à l’Empire State Building » de William Karel, une œuvre inclassable d’une inventivité visuelle et scénaristique incroyable, un hommage drôle, palpitant et émouvant au film noir américain et à toutes ses figures mythiques

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    -la modestie, l’enthousiasme de Juliette Binoche lors de la conférence de presse de « Coup de foudre à Rhode Island » , une comédie romantique dans laquelle elle irradie et excelle (de même que Steve Carell), un genre dans lequel on aimerait les voir l’un et l’autre plus souvent (un film actuellement à l’affiche que je recommande à tous les amateurs du genre qui, s’il ne le renouvelle pas, en respecte les règles avec beaucoup de talent et utilise avec ingéniosité ceux, multiples, de ses interprètes principaux)

    -Steve Carell, encore, aussi efficace dans la comédie romantique « Coup de foudre à Rhode Island » que dans la comédie d’action : le très réussi « Max la menace » (une comédie d’action aux scènes d’action aussi impressionnantes, enfin presque, que dans un James Bond, et au scénario qui tient la route et se suit avec jubilation)

    -la palpitante épopée électorale de « Recount » (que je n’espère pas prémonitoire pour cette élection 2008…)

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    -la très réussie première œuvre d’Helen Hunt en tant que réalisatrice « Une histoire de famille » qui fait beaucoup penser à Woody Allen, mêlant humour, émotion, profondeur avec beaucoup d’habileté, brassant de nombreux thèmes avec le même intérêt, dressant des portraits de personnages exubérants, attachants, fragile, humaines et débutant par une citation juive que je vous laisse découvrir qui prend toute sa signification à la fin. Un premier film étonnamment maîtrisé, drôle et poignant.

    -le galimatias d’André Halimi lors de la remise du prix littéraire à François Forestier (si quelqu’un a la traduction, je suis preneuse…)

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    -la disponibilité de Viggo Mortensen et son indissociable drapeau de l’équipe de San Lorenzo

    -le percutant, courageux et nécessaire « Johnny Mad Dog », prix Michel d’Ornano 2008 pour son réalisateur Jean-Stéphane Sauvaire, sur les enfants soldats et son utilisation intelligente du hors champ

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    -Des regards aussi : ceux, bleutés et perçants, de Ed Harris et Viggo Mortensen,  ou celui, terrifiant, de Samuel L.Jackson lors d’une conférence de presse où il a particulièrement économisé son sourire si bien que le soir même le voir dans « Lakeview terrace » où il interprète un policier raciste était d’autant plus crédible et terrifiant !

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    -la causticité et le cynisme réjouissant de « Married life »

    -la polémique suscitée par « The girl next door » de Gregory Wilson (que je n’ai pas vu), un film qui a tellement heurté les festivaliers que son réalisateur a dû être accompagné de 4 gardes du corps pendant toute la fin de sa présence à Deauville

    -les étourderies attendrissantes et la gentillesse de la présentatrice Gennie Godula (qui aura consolé les admirateurs de Sir Didier Allouche)

    -la richesse, la noirceur, la diversité des films en compétition

    -l’intransigeance de certains spectateurs et « journalistes » qui peut-être devraient retourner à Appaloosa au 19ème et, comme le préconise Ed Harris donner eux aussi le temps au temps , le temps aussi d’admettre que leur avis n’est que l’expression d’une subjectivité faillible (comme le mien sur ce blog) et non l’expression d’une vérité objective infaillible qui ne tolère aucune tentative d’objection

    -le regret de n’avoir pas eu le temps de profiter des Nuits Américaines ( des projections de classiques du cinéma américain 24H sur 24H)

    - de belles rencontres professionnelles et de drôles de hasards et coïncidences à la Lelouch (d’ailleurs absent cette année ?)

    -les musiques d’Abba qui n’ont cessé de résonner dans le CID lors de l’ouverture, entre les séances toute la semaine… et même dans « Max la menace » et qui résonnent encore dans ma pauvre tête endolorie de festivalière traumatisée 

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    -l’absence regrettée de Canal plus (presque) compensée par le fameux et incontournable lounge Orange

    -les couleurs changeantes des Planches et des festivaliers à fleur de peau, finalement pareillement chatoyantes

    -les facéties et l'humour joyeusement décalé d’Edouard Baer à chacune de ses apparitions toujours acclamées

    -les charismatiques et francophiles présences de William Hurt et John Malkovich

     Et tant d’émotions viscérales, de souvenirs contrastés, d’images bigarrées, d’instants magiques, de rencontres ou retrouvailles passionnantes et/ou impromptues que ces quelques lignes ne sauraient retranscrire et que j’aurai tout juste assez d’une année pour digérer d’ici la 35ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville que vous pourrez évidemment suivre sur « In the mood for Deauville » après avoir suivi le Festival de Cannes sur http://inthemoodforcannes.hautetfort.com , et, dès maintenant, de nombreux autres événements cinématographiques sur www.inthemoodforcinema.com . En attendant, n’hésitez pas à livrer vos commentaires sur cette édition 2008 du Festival du Cinéma Américain de Deauville…et n’oubliez surtout pas de plonger « in the mood for cinema » !

    Sur http://inthemoodfordeauville.hautetfort.com retrouvez de nombreuses photos et vidéos inédites et mes critiques de film de ce 34ème Festival du Cinéma Américain.

     PALMARES COMPLET DE CE 34ème FESTIVAL DU CINEMA AMERICAIN DE DEAUVILLE 

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     Grand prix

     « The Visitor » de Thomas McCarthy

     Prix du jury

     « Ballast » de Lance Hammer 

     Prix de la Révélation Cartier

     « Ballast » de Lance Hammer 

     Prix de la critique internationale

     « Gardens of the night » de Damian Harris

     Prix Michel d'Ornano

     Jean-Stephane Sauvaire (“Johnny Mad Dog”)

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