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cinéma - Page 10

  • Rétrospective Lars von Trier, le 12 juillet au cinéma - Critique de MELANCHOLIA

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    L'intégrale de Lars von Trier sera à (re)découvrir au cinéma, le 12 juillet, en version restaurée. L'occasion de vous parler de Melancholia.

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    Je me souviens encore de cet  immense  choc, tellurique certes mais surtout cinématographique, lorsque je l'avais découvert dans le cadre du Festival de Cannes, où il figurait en compétition, en 2011. 

    Je pourrais vous en livrer le pitch. Ce pitch vous dirait que, à l'occasion de leur mariage, Justine (Kirsten Dunst) et Michael (Alexander Skarsgård ) donnent une somptueuse réception dans le château de la sœur de Justine, Claire(Charlotte Gainsbourg) et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige inéluctablement vers la Terre...

     Mais ce film est tellement plus que cela…

    Dès la séquence d’ouverture, d’une beauté sombre et déroutante, envoûtante et terrifiante (une succession de séquences et photos sur la musique de Wagner mêlant les images de Justine  et les images de la collision cosmique), j’ai été éblouie, subjuguée, happée par ce qui se passait sur l’écran pour ne plus pouvoir en détacher mon attention. Après ce prologue fantasmagorique et éblouissant,  cauchemardesque,  place au « réalisme » avec les mariés qui sont entravés dans leur route vers le château où se déroulera le mariage. Entravés comme Justine l’est dans son esprit. Entravés comme le sera la suite des évènements car rien ne se passera comme prévu dans ce film brillamment dichotomique, dans le fond comme dans la forme.

    Lars von Trier nous emmène ensuite dans un château en Suède, cadre à la fois familier et intemporel, contemporain et anachronique, lieu du mariage de Justine, hermétique au bonheur. La première partie lui est consacrée tandis que la seconde est consacrée à sa sœur Claire. La première est aussi mal à l’aise avec l’existence que la seconde semble la maitriser jusqu’à ce que la menaçante planète « Melancholia » n’inverse les rôles, cette planète miroir allégorique des tourments de Justine provoquant chez tous cette peur qui l’étreint constamment, et la rassurant quand elle effraie les autres pour qui, jusque là, sa propre mélancolie était incompréhensible.

    Melancholia, c’est aussi le titre d’un poème de Théophile Gautier et d’un autre de Victor Hugo (extrait des « Contemplations ») et le titre que Sartre voulait initialement donner à « La nausée », en référence à une gravure de Dürer dont c’est également le titre. Le film de Lars von Trier est la transposition visuelle de tout cela, ce romantisme désenchanté et cruel. Ce pourrait être prétentieux mais au lieu de se laisser écraser par ses brillantes références (picturales, musicales, cinématographiques), Lars von Trier les transcende pour donner un film d’une beauté, d’une cruauté et d’une lucidité renversantes.

     C’est aussi  un poème vertigineux, une peinture éblouissante, un opéra tragiquement romantique, bref une œuvre d’art à part entière. Un tableau cruel d’un monde qui se meurt ( dont la clairvoyance cruelle de la première partie fait penser à Festen de Vinterberg) dans lequel rien n’échappe au regard acéré du cinéaste : ni la lâcheté, ni l’amertume, ni la misanthropie, et encore moins la tristesse incurable, la solitude glaçante face à cette « Mélancholia », planète vorace et assassine, comme l’est la mélancolie dévorante de Justine.

    Melancholia est un film  qui mêle les genres habituellement dissociés (anticipation, science-fiction, suspense, métaphysique, film intimiste…et parfois comédie, certes cruelle) et les styles (majorité du film tourné caméra à l’épaule) .

    Un film de contrastes et d’oppositions. Entre rêve et cauchemar. Blancheur et noirceur. La brune et la blonde. L’union et l’éclatement. La terreur et le soulagement. La proximité (de la planète) et l’éloignement (des êtres).

    Un film à contre-courant, à la fois pessimiste et éblouissant. L’histoire d’une héroïne  incapable d’être heureuse dans une époque qui galvaude cet état précieux et rare avec cette expression exaspérante « que du bonheur ».

    Un film dans lequel rien n’est laissé au hasard, dans lequel tout semble concourir vers cette fin…et quelle fin ! Lars von Trier parvient ainsi à instaurer un véritable suspense terriblement effrayant et réjouissant qui s’achève par une scène redoutablement tragique d’une beauté saisissante aussi sombre que poignante et captivante qui, à elle seule, aurait justifié une palme d’or. Une fin sidérante de beauté et de douleur. A couper le souffle. D’ailleurs, je crois être restée de longues minutes sur mon siège dans cette salle du Grand Théâtre Lumière, vertigineuse à l’image de ce dénouement, à la fois incapable et impatiente de transcrire la multitude d’émotions procurées par ce film si intense et sombrement flamboyant.

    Et puis… comment aurais-je pu ne pas être envoûtée par ce film aux accents viscontiens (Le Guépard et Ludwig- Le crépuscule des Dieux  de Visconti ne racontant finalement pas autre chose que la déliquescence d’un monde et d’une certaine manière la fin du monde tout comme Melancholia), étant inconditionnelle du cinéaste italien en question ?

    Kirsten Dunst incarne la mélancolie ( tout comme dans Marie-Antoinette et Virgin Suicides) à la perfection dans un rôle écrit au départ pour Penelope Cruz.

    Un très grand film qui bouscule, bouleverse, éblouit, sublimement cauchemaresque et d’une rare finesse psychologique qui me laisse le souvenir lancinant et puissant  d’un film qui mêle savamment les émotions d’un poème cruel et désenchanté, d’un opéra et d’un tableau mélancoliques et crépusculaires.

    Alors je sais que vous êtes nombreux à vous dire réfractaires au cinéma de Lars von Trier…mais ne passez pas à côté de ce chef-d’œuvre qui vous procurera plus d’émotions que la plus redoutablement drôle des comédies, que le plus haletant des blockbusters, et que le plus poignant des films d’auteurs et dont je vous garantis que la fin est d’une splendeur qui confine au vertige. Inégalée et inoubliable.

  • 9ème Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule : programme de l'incontournable rendez-vous cinématographique de l'été

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    Présentation du festival

    Pour Victor Hugo, "La musique exprime ce qui ne peut être dit et sur quoi il est impossible de rester silencieux." Exprimer l'indicible est une des qualités (parmi d'autres) de la musique de film que le Festival du Cinéma et Musique de Film La Baule a la judicieuse idée de mettre à l'honneur chaque année depuis 9 ans. Si vous voulez avoir une idée de ce en quoi consiste ce festival et des raisons pour lesquelles c'est désormais un évènement incontournable de l'année cinématographique (au même titre que des festivals plus anciens comme Cabourg ou Dinard), retrouvez mes articles depuis la première édition et, ici, mon compte-rendu détaillé de l'édition 2022.

    Ce festival est ainsi un évènement unique et rare tant par la qualité des films projetés, la symbiose entre cinéma et musique que la convivialité qui y règne. Le tout dans le cadre majestueux de la Baie de La Baule qui sert d’écrin à ce festival qui, en 9 ans, a réussi à s’imposer comme un évènement cinématographique et musical indispensable avec, à son générique, des films majeurs, mais aussi des concerts marquants des plus grands compositeurs de musiques de films à l’image de ce que sera sans aucun doute celui de cette année.

    Il y a deux ans, les organisateurs de ce festival (créé et dirigé par Sam Bobino, notamment fondateur des Paris Film Critics Awards -vous trouverez ici mon compte-rendu détaillé et le palmarès de l'édition 2023 -  et le cinéaste Christophe Barratier) avaient eu la judicieuse idée d’inaugurer une nouvelle formule mettant l’accent sur le cinéma français.  Le festival devient ainsi une fenêtre d’exposition pour les films qui sortent pendant l’été, une idée lumineuse quand certains films à l’affiche en juillet-août ne bénéficient pas de la visibilité qu’ils mériteraient. 

    9ème édition

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    "Comme par magie" de Christophe Barratier fera l'ouverture du festival.

    Le Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule revient ainsi pour une 9ème édition, du 28 juin au 2 juillet 2023. Pour cette nouvelle édition, les organisateurs ont prévu de nombreuses surprises. Et toujours une sélection de longs et courts-métrages français en avant-première (en compétition ou hors compétition avec, notamment, le dernier film du cofondateur du festival, Christophe Barratier, tourné en partie à La Baule, Comme par magie, en ouverture (le film sera présenté en hors compétition pour la première fois au public en présence du réalisateur, celle du compositeur Bertrand Burgalat et des acteurs principaux, Kev Adams et Gérard Jugnot. Cette comédie produite par M.E.S Productions, marquera les retrouvailles entre Christophe Barratier et Gérard Jugnot, 20 ans après Les Choristes et 15 ans après Faubourg 36), un panorama de films internationaux singuliers (les “coups de projecteur’’, en partenariat avec Universciné parmi lesquels, comme chaque année, des pépites à découvrir), l’organisation de rencontres et d’échanges avec les artistes (les masters class : cette année Radu Mihaileanu, Ariane Ascaride, Ludovic Bource, Jean-Michel Bernard, Sacha Chaban), des projections sur la plage (The Artist de Michel Hazavanicius, en présence de son compositeur Ludovic Bource, à l'occasion des 100 ans de la Warner Bros, à revoir absolument, vous trouverez ma critique ci-dessous, dans cet article), une grande exposition intitulée Music & Iconic et des animations…sans oublier l'incontournable concert lors de la soirée du palmarès, cette année celui de Kyle Eastwood. Cette année, 24 films seront présentés dont 22 en avant-première (19 longs métrages dont 5 en compétition et 5 courts métrages également en compétition). Au total ce sont 34 projections qui seront organisées durant 5 jours (avec les reprises des films durant le week-end).

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    Un festival découvreur de talents

    Les films découverts dans le cadre de ce festival sont souvent les meilleurs de l’année parmi lesquels il y eut : Paterson, À peine j’ouvre les yeux, Tanna, Le Prophète, Demain tout commence, Born to be blue, Jalouse, L’attente, Mr. Turner, Carole Matthieu, Tout nous sépare, Guy, La tortue rouge, Les hirondelles de Kaboul et, rien que pour l’année 2019, en compétition, sans doute les meilleurs films de l’année (Les Éblouis, J’ai perdu mon corps, La Belle époque, La dernière vie de Simon, La nuit venue, Lola vers la mer)…et tant d’autres et aussi de nombreux documentaires comme Abdel Rahman El Bacha - Un piano entre Orient et Occident, ou encore des courts-métrages. L'édition 2022 n'avait pas dérogé à la règle notamment avec la projection du documentaire Ennio de Giuseppe Tornatore, ou encore en compétition les films I love Greece de Nafsika Guerry-Karamounas, Flee de Jonas Poher Ramussen, mais aussi Maria rêve de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller...

    Des concerts mémorables

    Chaque année, le festival propose aussi  des master class passionnantes et des concerts mémorables comme le furent ceux de Francis Lai, Michel Legrand, Lalo Schifrin, Eric Serra, Gabriel Yared, Vladimir Cosma, Philippe Sarde et Alexandre Desplat l’an passé.

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    Photos ci-dessus par Inthemoodforcinema.com : Francis Lai, Lalo Schifrin et Vladimir Cosma au Festival de La Baule.

    Kyle Eastwood, invité d'honneur de la 9ème édition et concert hommage "Eastwood by Eastwood" dirigé par Kyle Eastwood et son quintet

    Cette année, le Festival de La Baule met à l’honneur le musicien, compositeur et arrangeur de musiques de film, Kyle Eastwood. Il se produira sur la scène du Palais des Festivals et des Congrès Jacques Chirac–Atlantia de La Baule lors d’un concert hommage aux plus belles musiques des films de son père, l’acteur et réalisateur Clint Eastwood, dont certaines qu’il a composées lui-même, un concert inédit de Kyle Eastwood, entouré de son quintet, intitulé Eastwood by Eastwood, le samedi 1er juillet prochain à 19H (pour lequel je vous recommande d'ores et déjà de réserver, ce concert sera précédé de la cérémonie de remise des prix du festival).

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    Crédit photos  : Jérôme Bonnet

    Fils de Clint, mais avant tout talentueux contrebassiste de jazz et compositeur ou arrangeur de musiques de film dont Gran Torino, Mystic River, Million Dollar Baby, Lettres d’Iwo Jima et Invictus, Kyle Eastwood est l’auteur de huit albums dont le dernier , Cinematic, est une variation sur des thèmes cultes du cinéma. Le quintet de Kyle Eastwood y sublime la ballade de Gran Torino, y fait swinguer Pink Panther et groover le thème de Skyfall.

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    Le jury

    Radu Mihaileanu, président du jury de la 9ème édition

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    C’est Radu Mihaileanu, le réalisateur du film aux 2 millions de spectateurs, Le Concert, qui présidera le jury de cette 9ème édition. Grand cinéaste humaniste et lyrique, découvert avec un second film à l’incroyable trajectoire internationale (Train de vie), Radu Mihaileanu incarne la solidité du lien franco-roumain, comme autrefois Cioran ou Sergiu Celibidache. Son plus grand succès public, Le Concert, film autour de l’univers de la musique, exprime pleinement la passion de Radu Mihaileanu pour la musique en général et pour celle aux tonalités slaves ou orientales en particulier, comme le démontre sa collaboration avec le compositeur Goran Bregović pour Train de vie ou Armand Amar son compositeur d’élection avec qui il a signé quatre films : Va, Vis et deviens (un très grand film que je vous recommande vivement, récompensé par le César du meilleur scénario original l’année suivante, après avoir reçu plusieurs prix lors de la Berlinale 2005), Le Concert, La Source des Femmes et L’Histoire de l’Amour, sans oublier Béatrice Thiriet pour le téléfilm Les Pygmées de Carlo. Pour Radu Mihaileanu « la musique c’est la vie » et elle est indissociable de son œuvre. C’est en passionné et grand connaisseur de musiques que Radu Mihaileanu présidera ce 9e jury du Festival de La Baule.

    Il sera entouré de : Amanda Sthers (qui viendra présenter son dernier film, Les Promesses), Irène Drésel Drésel (César 2023 de la meilleure musique originale pour À plein temps), Victoria Bedos, Stéphane de Groodt.

    9 prix seront décernés : Meilleur Film 2023, Meilleure Musique de film 2023, Meilleure Interprétation 2023, Meilleur Court-Métrage 2023, Prix du Public 2023  Groupe Barrière, Prix spécial Coup de Projecteur 2023 UniversCiné, Meilleure Musique de l’année 2023, Révélation Jeune Talent Compositeur 2023, Prix d’Honneur 2023.

    Les films en compétition

    - Le théorème de Marguerite de Anna Novion

    Musique : Pascal Bideau

    - Sur la branche de Marie Garel Weiss

    Musique : Ferdinand Berville et Pierre Allio

    - Une nuit de Alex Lutz

    Musique : Vincent Blanchard

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    - Sous le tapis de Camille Japy

    Musique : M (Matthieu Chedid)

    - Le Syndrome des amours passées de Ann Sirot Raphaël Balboni

    Musique : Julie Roué

    Courts métrages en compétition

    - Le Père, le Fils et le Rav Kalmenson de Dayan D. Oualid

    - Love on the beach de Anne Barbier

    - Mukbanger de Hugo Becker (qui fut présenté dans le cadre des courts métrages de l’ADAMI Talents Cannes, je vous recommande ce film choc)

    - The last dinner de Marie-Ange Casalta

    - Boussa the kiss de Azedine Kasri

    Longs métrages hors compétition

    - Comme par magie de Christophe Barratier (film d’ouverture)

    Musique : Bertrand Burgalat

    - Toni en famille de Nathan Ambrosioni

    -Petit Jésus de Julien Rigoulot

    Musique : Mahieu Lafontaine

    - Super bourrés de Bastien Milheau

    Musique : Alexis Rault

    - Les Promesses de Amanda Sthers

    Musique : Andrea Laszlo de Simone

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    Ciné Jeunesse – Hors compétition

    - Super lion de Rasmus A. Sivertsen

    Musique : Stein Johan Grieg Halvorsen, Eyvind Andreas Skeie

    Coups de projecteurs longs métrages avec Universciné

    - Club zéro de Jessica Hausner

    Musique : Markus Binder

    - Le Colibri de Francesca Archibugi

    Musique : Battista Lena

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    - Linda veut du poulet de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach

    Musique : Clément Ducol

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    - Les Meutes de Kamal Lazraq

    Musique : Pauline Rambeau de Baralon

    - Les Algues vertes de Pierre Jolivet

    Musique : Adrien Jolivet

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    Doc musical

    - Squaring the circle de Anton Corbijn

    L’invité : Ludovic Bource

    Le compositeur oscarisé pour The Artist de Michel Hazanavicius (en 2012), lauréat du prix de la meilleure musique au Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule 2022 pour e Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?, sera cette année présent au festival comme invité de deux master-class (dont une scolaire) et, en passage de relais, comme remettant au lauréat 2023 de la meilleure musique.

    Le Festival de La Baule célèbre les 100 ans de la Warner

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    J’ai consacré il y a quelques jours, ici, un article aux 100 ans de la Warner. Le Festival de La Baule a l’excellente idée de les célébrer également avec la projection sur la plage de La Baule du film The Artist que viendra présenter son compositeur Ludovic Bource. Il donnera une master class et participera à une initiation à la musique à l'image destinée aux élèves des écoles primaires de La Baule.

    Critique de The Artist de Michel Hazanavicius

    - et souvenir de projection au Festival de Cannes 2011, ma critique ci-dessous fut intialement publiée suite à cette projection -

    (Un film à -re-voir sur la plage de la Baule)

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    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence pour le film qui obtint la palme d’or mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, j'étais retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connaît un succès retentissant mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement  placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi,  lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de Citizen Kane) et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment La comtesse aux pieds nus de Mankiewicz, La Nuit américaine de Truffaut, Sunset Boulevard de Billy Wilder, Une étoile est née de George Cukor et encore Chantons sous la pluie de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels The Artist, de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer The Artist de Michel Hazanavicius. Ses précédents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à Sueurs froides ou La Mort aux trousses d'Hitchcock dans OSS 117 : Rio ne répond plus.

    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît alors le cinéma, celle du Numérique.

    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation cannois.

    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard une foule d’émotions, de la fierté aux regrets,  de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance.  Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans Un balcon sur la mer de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer.  Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.

     Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour  du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

    Il y eut bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame  est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. The Artist est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius  évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant.  Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.

    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le  primant,  le Festival de  Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

     The Artist fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films  aussi différents et marquants que  This must be the place de Paolo Sorrentino, Melancholia de Lars von Trier, La piel que habito de Pedro Almodovar.

     Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte  de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    Gran Torino de Clint Eastwood - Critique

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    Walt Kowalski ( oui, Kowalski comme Marlon Brando dans Un tramway nommé désir), Walt Kowalski (Clint Eastwood) donc, ancien vétéran de la guerre de Corée et retraité de l’usine Ford de Détroit, a tout pour plaire : misanthrope, raciste, aigri, violent, cynique, irascible, intolérant. Et  très seul. D’autant plus que lorsque débute l’intrigue, il enterre sa femme méprisant autant ses enfants et petits-enfants que ceux-ci le dédaignent.  Enfin, seul… ou presque : il est toujours accompagné de la fidèle Daisy, son labrador,  de son fusil, de sa voiture de collection, une splendide Gran Torino qu’il ne se lasse pas d’admirer depuis la terrasse de son pavillon de Détroit,  de ses bières et ses douloureux souvenirs. La dernière volonté de sa femme était qu’il aille se confesser mais Walt ne fait confiance à personne ni à un prêtre (Christopher Carley) qui va le poursuivra inlassablement pour réveiller sa bonne (ou mauvaise) conscience pour susciter sa confession, ni à sa famille et encore moins ses voisins, des immigrants asiatiques qu’il méprise et qui lui rappellent de cruelles blessures. Jusqu’au jour où, sous la pression d’un gang, un adolescent Hmong, le fils de ses voisins,  le jeune, timide -et lui aussi solitaire et incompris- Thao (Bee Vang),  tente de lui voler sa voiture, ce à quoi il tient le plus au monde. Et lorsque le gang s’attaque à Thao,  Walt s’attaque au gang non pas pour le défendre mais pour les chasser de son jardin.  Sur ce malentendu, ayant ainsi défendu Thao, malgré lui, il devient ainsi le héros du quartier. Sue (Ahney Her), la sœur aînée de Thao, insiste pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Ce dernier va alors lui confier des travaux d’intérêt général. Et peu à peu,  en apprenant à se comprendre, le timide adolescent aux prémisses de son existence, et le misanthrope, aux dernières lueurs de la sienne, vont révéler un nouveau visage, et emprunter une nouvelle route…

    Gran Torino est un film multiple et fait partie de ces films, rares, qui  ne cherchent pas l’esbroufe et à vous en mettre plein la vue mais de ces films qui vous enserrent subrepticement dans leur univers pour vous asséner le coup de grâce au moment où vous y attendiez le moins, ou plutôt alors que vous vous y attendiez. Mais pas de cette manière. Oui la grâce. Coup de grâce dans tous les sens du terme.

    Multiple parce qu’il est aussi drôle que touchant, passant parfois de l’humour à l’émotion, du comique au tragique  en un quart de seconde, dans une même scène. La scène où son fils et sa belle-fille viennent fêter son anniversaire est à la fois redoutablement triste et drôle.

    Multiple parce qu’il réunit tous les clichés du film manichéen pour subtilement et mieux s’en départir. Et après le justement très manichéen et excessivement mélodramatique L’Echange on pouvait redouter le pire, surtout que ce sujet pouvait donner lieu aux pires excès.

    Multiple parce que derrière cette histoire de vétéran de la guerre de Corée, c’est aussi celle d’un mythe du cinéma américain qui fait preuve d’autodérision, répondant à ses détracteurs, exagérant toutes les tares qui lui ont été attribuées et les faisant une à une voler en éclats mais créant aussi un personnage, sorte de condensé de tous ceux qu’il a précédemment interprétés. Souvent des hommes en marge, solitaires, sortes de cowboys intemporels. Et ce Kowalski  ressemble  un peu à l’entraîneur de  Million Dollar Baby, lui aussi fâché avec sa famille et la religion. Mais aussi à l’inspecteur Harry. Ou même au Robert Kincaid de Sur la route de Madison dont il semble pourtant de prime abord être aux antipodes.

    Multiple parce que c’est à la fois un film réaliste (les acteurs Hmong sont non professionnels, Gran Torino est ainsi le premier scénario de Nick Schenk –coécrit avec Dave Johannson- qui a travaillé longtemps dans des usines au milieu d’ouvriers Hmong, peuple d’Asie répartie dans plusieurs pays  avec sa propre culture,  religion, langue) et utopique dans son sublime dénouement. C’est aussi  à la fois un thriller, une comédie, un film intimiste, un drame, un portrait social, et même un western.

    Evidemment nous sommes dans un film de Clint Eastwood. Dans un film américain. Evidemment nous nous doutons que cet homme antipathique va racheter ses fautes, que la Gran Torino en sera l’emblème, qu'il ne pourra rester insensible à cet enfant, à la fois son double et son opposé, sa mauvaise conscience (lui rappelant ses mauvais souvenirs et ses pires forfaits) et sa bonne conscience (lui permettant de se racheter, et réciproquement d'ailleurs),  que la morale sera sauve et qu’il finira par nous séduire. Malgré tout. Mais c’est là tout l’immense talent de Clint Eastwood : nous surprendre, saisir, bouleverser avec ce qui est attendu et prévisible, faire un film d’une richesse inouïe à partir d’une histoire qui aurait pu se révéler mince, univoque et classique, voire simpliste.  D’abord, par une scène de confession qui aurait pu être celle d’un homme face à un prêtre dans une Eglise, scène qui aurait alors été convenue et moralisatrice. Une scène qui n’est qu’un leurre pour que lui succède la véritable scène de confession, derrière d’autres grilles. A un jeune garçon qui pourrait être le fantôme de son passé et sera aussi le symbole de sa rédemption.  Scène déchirante, à la fois attendue et surprenante. Ensuite et surtout,  avec cette fin qui, en quelques plans, nous parle de transmission, de remords, de vie et de mort, de filiation, de rédemption, de non violence, du sens de la vie. Cette fin sublimée par la photographie crépusculaire de Tom Stern (dont c’est la septième collaboration avec Clint Eastwood, cette photographie incomparable qui, en un plan, vous fait entrevoir la beauté évanescente d'un instant ou la terreur d'un autre) qui illumine tout le film, ou l’obscurcit majestueusement aussi, et par la musique de Kyle Eastwood  d’une douceur envoûtante  nous assénant le coup fatal.

    Vous quitterez ce film encore éblouis par sa drôlerie désenchantée,  à la fois terrassés et portés par sa sagesse, sa beauté douloureuse, sa lucidité, sa mélancolie crépusculaire, entre ombre et lumière, noirceur et espoir, mal et rédemption, vie et mort, premières et dernières lueurs de l'existence. Le tout servi par une réalisation irréprochable et par un acteur au sommet de son art qui réconciliera les amateurs de l’inspecteur Harry et les inconditionnels de Sur la route de Madison et même ceux qui, comme moi, avaient trouvé Million dollar baby et L’Echange  démesurément grandiloquents et mélodramatiques. Si, les premières minutes ou même la première heure vous laissent vous aussi parfois sceptiques, attendez…attendez que ce film ait joué sa dernière note, dévoilé sa dernière carte qui éclaireront l’ensemble et qui  font de ce film un hymne à la tolérance, la non violence (oui, finalement) et à la vie qui peut rebondir et prendre un autre sens (et même prendre sens!) à chaque instant.   Même l'ultime. Même pour un homme seul, irascible, cynique et condamné à mort et a priori à la solitude. Même pour un enfant seul, timide, a priori condamné à  une vie terne et violente. 

    Un film qui confirme le talent d’un immense artiste capable de tout jouer et réaliser et d’un homme capable de livrer une confession, de faire se répondre et confondre subtilement cinéma et réalité, son personnage et sa vérité, pour nous livrer un visage à nu et déchirant. Une démonstration implacable. Un film irrésistible et poignant.  Une belle leçon d’espoir, de vie, d’humilité. Et de cinéma…

    Les Rencontres

    Animées par Stéphane Lerouge, Romain Balland et Emmanuel D’Orlando

    "Les master-class et rencontres sont conçues comme des séances de réflexion et de vulgarisation, à destination du grand public. Extraits à l’appui, elles permettent aux invités d’évoquer les choix de leur parcours et, notamment aux cinéastes et compositeurs, de montrer comment un film s’écrit aussi par sa musique."

    Rencontre avec Radu Mihaileanu

    Rencontre avec Ariane Ascaride

    Rencontre avec Ludovic Bource, Jean-Michel Bernard, Sacha Chaban

    Complément de programmation

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    L'affiche de la 9ème édition

    Pour cette nouvelle affiche du Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule, l’artiste Carolina Spielmann (déjà à l’origine de la création de l’affiche 2022) et le studio La Femme assise, ont imaginé un visuel qui fait directement référence à l’univers de l’acteur et réalisateur Clint Eastwood. Cette nouvelle affiche du Festival de La Baule met en avant deux éléments forts qui sont associés à la filmographie de Clint Eastwood : le revolver Smith & Wesson, utilisé par l’inspecteur Harry Callahan dans la série des films L’inspecteur Harry (qui s’inspire directement d’une des affiches américaines de Dirty Harry et qui rappelle aussi le colt utilisé par Clint Eastwood dans ses westerns) ; et la trompette, pour le côté jazz et musical de ses films comme Bird. Le Festival a fait aussi le choix d’un aplat de couleur un peu sixties et surtout très seventies (la couleur orange) référence directe aux deux décennies de « l’âge d’or » de Clint Eastwood en tant qu’acteur avec des films aussi emblématiques que ceux de la « Trilogie du dollar », dans les années 60 (Pour une poignée de dollars, Et pour quelques dollars de plus et Le Bon, la Brute et le Truand) ; et les polars des années 70 (L’inspecteur Harry, Magnum Force, L’inspecteur ne renonce jamais). La couleur orange dominante est également un clin d’œil au côté ensoleillé de La Baule.

    Exposition Music & Iconic

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    Extrait du communiqué de presse du festival à ce sujet :

    Les plus grandes stars de la musique et la plus grande icône du cinéma, Marilyn Monroe, sont ainsi réunis dans une seule et même exposition. Cette exposition rend hommage à ces icônes comme les Rolling Stones, que Jean-Luc Godard a immortalisées dans son film One + One et Martin Scorsese avec Shine a Light, lui qui a souvent utilisé aussi les chansons des Stones dans ses films (Jumpin’Jack Flash dans Mean Streets et Gimme Shelter et Let It Loose dans Les Infiltrés), Scorsese qui a aussi croisé la route de Bob Dylan avec le film Rolling Thunder Revue. On retrouvera aussi les chansons des Stones dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola et Full Metal Jacket de Stanley Kubrick, comme emblèmes de la contre-culture et pour mieux dénoncer la guerre du Vietnam. Les musiques des Rolling Stones seront également à l’affiche de La Famille Tenenbaum et À bord du Darjeeling Limited, de Wes Anderson, ou encore C.R.A.Z.Y, V pour Vendetta, Le Fan, Flight, Zabriskie Point et même Les Minions dont la personnalité même de Keith Richards inspirera le personnage de Jack Sparrow dans Pirates des Caraïbes ! David Bowie, presque autant chanteur qu’acteur marquera aussi beaucoup le cinéma avec des rôles mythiques comme celui du Major Jack dans Furyo, d’un alien dans L’Homme qui venait d’ailleurs, de Jareth le roi des gobelins dans Labyrinthe, des films suivis par Les Prédateurs (de Tony Scott aux côtés de Catherine Deneuve), Absolute Beginners, La Dernière Tentation du Christ, Twin Peaks: Fire Walk with Me, Basquiat, Le Prestige… Ou encore Madonna, qui jouera dans plus d’une vingtaine de longs métrages de Recherche Suzanne Désespérément (Who’s That Girl) à Dick Tracy réalisé par Warren Beatty et Ombres et brouillard de Woody Allen, en passant par le sulfureux Snake Eyes d’Abel Ferrara et bien sûr Evita d’Alan Parker ou le James Bond–Meurs un autre jour, et qui signera certaines de ces bandes originales. Les autres icônes ce sont aussi les Doors, dont le biopic sera porté à l’écran par Oliver Stone (également grand amateur des Stones), Serge Gainsbourg aussi, acteur, réalisateur et compositeur pour le cinéma dont le nom est automatiquement associé au film Le Pacha de Georges Lautner avec la chanson Requiem pour un c… .Mais lorsqu’on parle d’icône on ne peut oublier celle qui est l’incarnation de la star iconique hollywoodienne par excellence, Marilyn Monroe, son incroyable et tragique destinée, sa grâce, son sourire, sa mélancolie… comme un puits sans fond ! Une exposition photo idéale et idéalisée, sous forme d’un témoignage, celui d’une époque, d’une innocence et d’une liberté, dont nous rêvons parfois, que nous envions et qui nous inspire et nous aide à vivre sans aucun doute. Une déclaration d’amour aussi à toutes ces icônes de la musique mais également icônes du cinéma. Pour une expérience encore plus immersive, vous pourrez plonger dans l’univers musical de cette exposition en scannant un QR Code qui vous donnera accès à la Playlist «Music & Iconic»… À écouter tout au long de votre parcours. Chaque visiteur devenant ainsi « ACTEUR & ICÔNE MUSICALE » de l’exposition pour la rendre encore plus vivante !

    EXPOSITION DU 27 MAI AU 02 JUILLET 2023 DU MARDI AU DIMANCHE DE 14H30 À 19H
    CENTRE CULTUREL CHAPELLE SAINTE-ANNE – LA BAULE-ESCOUBLAC – 02.40.23.34.34 – ENTRÉE LIBRE
    EN PARTENARIAT AVEC LA GALERIE DE L’INSTANT

    La Factory

    Pour la quatrième année consécutive aura lieu « La Factory ». Le Festival, soucieux de faire émerger de nouveaux talents, fera participer de jeunes apprentis compositeurs, étudiants en musique de films, issus exceptionnellement cette année du Conservatoire Paul Dukas et du CRR de Paris. Encadré par le compositeur confirmé Emmanuel d’Orlando (« Populaire », « House of time », « Si j’étais un homme »…), ces jeunes compositeurs (Thibault Duclos Malidor, Guillaume Genet, Jazz Roussel, Electra Drossos, Andrew Gebrayel, Basile Andrieu, Jean-Baptiste Vrillon et Alexandre Treille) auront quatre jours pour composer une musique originale sur une œuvre cinématographique déjà existante, issu du catalogue Gaumont. Cette année, c’est une scène de Santa & Cie d’Alain Chabat, dont Matthieu Gonet est le compositeur qui a été sélectionnée. Un Prix de la Révélation Jeune Talent, récompensera la meilleure musique réalisée et sera décerné, lors de la Cérémonie de remise des prix, au meilleur d’entre eux.

    Ma vision romanesque du festival

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    En attendant de pouvoir vous parler de mon nouveau roman qui a en grande partie le festival pour cadre, je vous invite également à écouter ma nouvelle qui se déroule intégralement au Festival de La Baule, Un Certain 14 novembre, publiée dans le recueil de 16 nouvelles sur le cinéma Les illusions parallèles (Editions du 38 - 2016) que j'avais eu le plaisir de dédicacer au festival, une nouvelle enregistrée dans mon podcast In the mood for cinema, composé de 13 fictions littéraires, la plupart lauréates de concours d'écriture. A écouter ici sur Spotify mais aussi sur Deezer, Amazon Music, Google podcasts...

    Pour en savoir plus sur le festival

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    Pour en savoir plus sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule et pour réserver vos pass, rendez-vous aussi sur le site officiel du festival, ainsi que sur le compte Instagram du festival (@festivallabaule).

    TARIF PASS FESTIVAL 50 €
    PLACE À L’UNITÉ 8 € (5 € tarif réduit)
    Concert Kyle EASTWOOD, «Eastwood by Eastwood» & Remise des prix
    du Festival – Samedi 1er juillet 2023 – 19H – Palais des congrès – Atlantia
    La Baule
    TARIF À partir de 55 € (30 € tarif réduit)
    INFOS & RÉSERVATIONS WWW.FESTIVAL-LABAULE.COM
    ENTRÉE LIBRE POUR L’EXPOSITION « MUSIC & ICONIC » JUSQU’AU 2 JUILLET

    Mes bonnes adresses

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    Retrouvez mes articles sur mes bonnes adresses bauloises, L'hôtel Barrière L'Hermitage et l' Hôtel Royal Thalasso Barrière.

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  • Critique - LE SAMOURAÏ de Jean-Pierre Melville (au cinéma le 28.06.2023, en version restaurée 4K)

    Le 28 juin prochain, les films du Camélia ressortent Le Samouraï dans une version restaurée 4K inédite. L'occasion rêvée de (re)voir le chef-d'œuvre de Jean-Pierre Melville au cinéma.

    Le Samouraï de Jean-Pierre Melville au cinéma le 28 juin 2023.jpg

    Jef Costello (Alain Delon) est un tueur à gages dont le dernier contrat consiste à tuer le patron d’une boîte de jazz, Martey. Il s’arrange pour que sa maîtresse, Jane (Nathalie Delon), dise qu’il était avec elle au moment du meurtre. Seule la pianiste de la boîte, Valérie (Cathy Rosier) voit clairement son visage. Seulement, lorsqu’elle est convoquée avec tous les autres clients et employés de la boîte pour une confrontation, elle feint de ne pas le reconnaître… Pendant ce temps, on cherche à  tuer Jef Costello « le Samouraï » tandis que le commissaire (François Périer) est instinctivement persuadé de sa culpabilité qu’il souhaite prouver, à tout prix.

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Dès le premier plan, Melville parvient à nous captiver et à nous plonger dans une atmosphère, celle d’un film hommage aux polars américains qui est aussi la référence de bien des cinéastes comme Johnny To dans Vengeance dans lequel le personnage principal se prénomme d’ailleurs Francis Costello mais aussi Jim Jarmusch  dans Ghost Dog, la voie du samouraï  sous oublier Michael Mann avec Heat, Quentin Tarantino  avec Reservoir Dogs ou encore John Woo avec The Killer et bien d’autres qui, plus ou moins implicitement, ont cité ce film de référence…et plus récemment encore le personnage incarné par Ryan Gosling dans  Drive présente de nombreuses similitudes avec Costello ou encore celui de Clooney dans The American d'Anton Corbijn.

    Ce premier plan, c’est celui du Samouraï à peine perceptible, fumant, allongé sur son lit, à la droite de l’écran, dans une pièce morne dans laquelle le seul signe de vie est le pépiement d’un oiseau, un bouvreuil. La chambre, presque carcérale, est grisâtre, ascétique et spartiate avec en son centre la cage de l’oiseau, le seul signe d’humanité dans cette pièce morte (tout comme le commissaire Mattei interprété par Bourvil dans Le Cercle rouge a ses chats pour seuls amis).  Jef Costello est un homme presque invisible, même dans la sphère privée, comme son « métier » exige qu’il le soit. Le temps s’étire. Sur l’écran s’inscrit « Il n’y a pas de plus profonde solitude que celle du samouraï si ce n’est celle d’un tigre dans la jungle…peut-être… » ( une phrase censée provenir du Bushido, le livre des Samouraï et en fait inventée par Melville). Une introduction placée sous le sceau de la noirceur et de la fatalité comme celui du Cercle rouge au début duquel on peut lire la phrase suivante : "Çakyamuni le Solitaire, dit Siderta Gautama le Sage, dit le Bouddha, se saisit d'un morceau de craie rouge, traça un cercle et dit : " Quand des hommes, même sils l'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge (Rama Krishna)".

    Puis, avec calme et froideur (manière dont il agira tout au long du film), Costello enfile sa « panoplie », trench-coat et chapeau, tandis que son regard bleu acier affronte son image élégante et glaciale dans le miroir. Le ton est donné, celui d’un hiératisme silencieux et captivant qui ne sied pas forcément à notre époque agitée et tonitruante. Ce chef-d’œuvre (rappelons-le, de 1967) pourrait-il être tourné aujourd’hui ? Ce n’est malheureusement pas si certain…

    Pendant le premier quart d’heure du film, Costello va et vient, sans jamais s’exprimer, presque comme une ombre. Les dialogues sont d’ailleurs rares tout au long du film mais ils  ont la précision chirurgicale et glaciale des meurtres et des actes de Costello, et un rythme d’une justesse implacable : «  Je ne parle jamais à un homme qui tient une arme dans la main. - C’est une règle ? -  Une habitude. » Avec la scène du cambriolage du Cercle rouge (25 minutes sans une phrase échangée), Melville confirmera son talent pour filmer le silence et le faire oublier par la force palpitante de sa mise en scène. N’oublions pas que son premier long-métrage fut Le silence de la mer.

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    La mise en scène de Melville est un modèle du genre, très épurée (inspirée des estampes japonaises), mise en valeur par la magnifique photographie d’Henri Decae, entre rues grises et désertes, atmosphère âpre du 36 quai des Orfèvres, passerelle métallique de la gare, couloirs gris, et l’atmosphère plus lumineuse de la boîte de jazz ou l’appartement de Jane. Il porte à la fois le polar à son paroxysme mais le révolutionne aussi, chaque acte de Costello étant d’une solennité dénuée de tout aspect spectaculaire.

    Le scénario sert magistralement la précision de la mise en scène avec ses personnages solitaires, voire anonymes. C’est ainsi « le commissaire », fantastique personnage de François Périer en  flic odieux prêt à tout pour satisfaire son instinct de chasseur de loup (Costello est ainsi comparé à un loup), aux méthodes parfois douteuses qui fait songer au « tous coupables » du Cercle rouge. C’est encore « La pianiste » (même si on connaît son prénom, Valérie) et Jane semble n’exister que par rapport à Costello et à travers lui dont on ne saura jamais s’il l’aime en retour. Personnages prisonniers d’une vie ou d’intérieurs qui les étouffent, là aussi comme dans Le cercle rouge.

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Le plan du début et celui de la fin se répondent ainsi ingénieusement : deux solitudes qui se font face, deux atmosphères aussi, celle grisâtre de la chambre de Costello, celle, plus lumineuse, de la boîte de jazz mais finalement deux prisons auxquelles sont condamnés ces êtres solitaires qui se sont croisés l’espace d’un instant.  Une danse de regards avec la mort qui semble annoncée dès le premier plan, dès le titre et la phrase d’exergue. Une fin cruelle, magnifique, tragique (les spectateurs quittent d’ailleurs le « théâtre » du crime comme les spectateurs d’une pièce ou d’une tragédie) qui éclaire ce personnage si sombre qui se comporte alors comme un samouraï sans que l’on sache si c’est par sens du devoir, de l’honneur…ou par un sursaut d’humanité.

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Que ce soit dans Le Doulos, Le Deuxième souffle et même, dans une autre mesure, L’armée des ombres, on retrouve toujours chez Melville cet univers sombre et cruel, et ces personnages solitaires qui firent dirent à certains, à propos de L’armée des ombres qu’il réalisait un « film de gangsters sous couverture historique » … à moins que ses « films de gangsters » n’aient été à l’inverse le moyen d’évoquer cette idée de clandestinité qu’il avait connue sous la Résistance. Dans les  films ayant précédé à L’armée des ombres  comme Le Samouraï, Melville se serait donc abrité derrière des intrigues policières comme il s’abritait derrière ses indéfectibles lunettes, pour éviter de raconter ce qui lui était le plus intime : la fidélité à la parole donnée, les codes qui régissent les individus vivant en communauté. Comme dans L’armée des ombres, dans Le Samouraï la claustrophobie psychique des personnages se reflète dans les lieux de l’action et est renforcée d’une part par le silence, le secret qui entoure cette action et d’autre part par les «couleurs », terme d’ailleurs inadéquat puisqu’elles sont ici aussi souvent proches du noir et blanc et de l’obscurité. Le film est en effet auréolé d’une lumière grisonnante, froide, lumière de la nuit, des rues éteintes, de ces autres ombres condamnées à la clandestinité pour agir.

    Evidemment, ce film ne serait sans doute pas devenu un chef-d’œuvre sans la présence d’Alain Delon (que Melville retrouvera pour Le Cercle rouge, en 1970, puis dans Un flic en 1972) qui parvient à rendre attachant ce personnage de tueur à gages froid, mystérieux, silencieux, élégant, dont le regard, l’espace d’un instant, face à la pianiste, exprime une forme de détresse, de gratitude, de regret, de mélancolie pour ensuite redevenir sec et brutal. N’en reste pourtant que l’image d’un loup solitaire impassible d’une tristesse déchirante, un personnage quasiment irréel (Melville s’amuse d’ailleurs avec la vraisemblance comme lorsqu’il tire sans vraiment dégainer) transformant l’archétype de son personnage en mythe, celui du fameux héros melvillien. 

    Avec ce film noir, polar exemplaire, Meville a inventé un genre, le film melvillien avec ses personnages solitaires ici portés à leur paroxysme, un style épuré d’une beauté rigoureuse et froide et, surtout, il a donné à Alain Delon l’un de ses rôles les plus marquants, lui-même n'étant finalement peut-être pas si éloigné de ce samouraï charismatique, mystérieux, élégant et mélancolique au regard bleu acier, brutal et d’une tristesse presque attendrissante, et dont le seul vrai ami est un oiseau. Rôle en tout cas essentiel dans sa carrière que celui de ce Jef Costello auquel Delon lui-même fera un clin d’œil dans Le Battant. Melville, Delon, Costello, trois noms devenus indissociables au-delà de la fiction.

    Sachez encore que le tournage se déroula dans les studios Jenner si chers à Melville, en 1967, des studios ravagés par un incendie lors duquel périt le bouvreuil du film. Les décors durent être reconstruits à la hâte dans les studios de Saint-Maurice.

     

  • Festival de Cannes 2023 - Critique de THE ZONE OF INTEREST de Jonathan Glazer (compétition officielle)

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    Rarement un film m’aura autant bousculée, de la première à la dernière seconde, et hantée, des jours après. Cela commence par un écran noir, interminable, tandis que des notes lancinantes et douloureuses viennent déjà heurter notre tranquillité, nous avertir que la sérénité qui lui succèdera sera fallacieuse. La première scène nous donne à voir une image bucolique, celle d’une famille au bord d’une rivière par une journée éclatante. Celle de Rudolf Höss, commandant d’Auschwitz de 1940 à 1943, qui habite avec sa famille dans une villa avec jardin, juste derrière les murs du camp. À qui ignorerait l’histoire (et l’Histoire) et ne serait pas attentif, la vie de cette famille semblerait de prime abord presque « normale ». Un air de vacances et de gaieté flotte dans l’air. Les corps s’exhibent, en pleine santé. Pourtant c’est dans cette normalité, cette banalité que réside toute l’horreur, omniprésente, dans chaque son, chaque arrière-plan, chaque hors-champ. Cette zone d’intérêt, ce sont les 40 kilomètres autour du camp, ainsi qualifiés par les nazis. Une qualification qui englobe déjà le cynisme barbare de la situation. La biographie de Rudolf Höss avait inspiré La mort est mon métier de Robert Merle, puis le roman The Zone of Interest de Martin Amis (publié chez Calmann-Lévy en 2015) dont le film est adapté. Il décrit le quotidien de cet artisan de l’horreur avec Hedwig, son épouse et leurs cinq enfants.

    Avant même le premier plan, ce qui nous interpelle, c’est le son, incessant, négation permanente de la banalité des scènes de la maisonnée. C’est le bruit d’un wagon. Ce sont des cris étouffés. Ce sont des coups de feu. Ce sont des aboiements. Ce sont ces ronronnements terrifiants et obsédants des fours crématoires. Mais c’est l’arrière-plan aussi qui teinte d’horreur tout ce qui se déroule au premier, cette indifférence criante qui nous révulse. C’est la vue de cette cheminée, juste au-dessus du jardin, dont une fumée noire s’échappe, sans répit. Ce sont les barbelés. C’est ce prisonnier qui s’affaire dans le jardin du Commandant. C’est la vue de ces trains qui ne cessent d’arriver. Ce sont ces os que charrie la rivière. L’horreur est là, omniprésente, et pourtant insignifiante pour les occupants de la zone d’intérêt qui vivent là comme si de rien n’était, comme si la mort ne se manifestait pas à chaque seconde. La vie est là dans ce jardin, entre le père qui fume, les pépiements des oiseaux et les cris joyeux des enfants, éclaboussant de son indécente frivolité la mort qui sévit constamment juste à côté. La « banalité du mal » définie par Hannah Arendt représentée dans chaque plan.

    Hedwig Höss se glorifie même d’être gratifiée du titre de « reine d’Auschwitz » par son mari. Hedwig est en effet très fière : de son statut, de ce qu’elle fait de sa maison, surtout de son jardin, avec sa serre et sa piscine. Son havre de paix au cœur de l’horreur absolue. Son mari est muté. Pour elle, l’horreur absolue s’inscrit cependant là : dans la perspective de devoir déménager de son « paradis ». Cette « zone d’intérêt » qu’elle ne quitterait pour rien au monde. Ce cliché de propagande nazie.

     

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    Claude Lanzmann (dont le documentaire Shoah, reste l’incontournable témoignage sur le sujet, avec également le court-métrage d’Alain Resnais, Nuit et brouillard) écrivit ainsi : « L’Holocauste est d’abord unique en ceci qu’il édifie autour de lui, en un cercle de flammes, la limite à ne pas franchir parce qu’un certain absolu de l’horreur est intransmissible : prétendre pourtant le faire, c’est se rendre coupable de la transgression la plus grave. » Le film de Glazer a cette intelligence-là : ne jamais montrer l’intransmissible. L’imaginer est finalement plus parlant encore. Ainsi, nous ne voyons rien de ce qui se déroule dans le camp mais nous le devinons. Nous ne voyons que des objets appartenant aux déportés qui contiennent en eux des destins tragiques et racontent la folie des hommes : un manteau de fourrure, des vêtements d'enfants, des bijoux, ou ce rouge à lèvres appartenant à une déportée qu’Hedwig s’applique soigneusement, et dans cette application en apparence insignifiante s’insinue le souffle glaçant de la mort qui la sous-tend. Le film adopte la retenue qui sied au sujet, au respect des victimes dont l’absence à l’image ne contribue pas à les nier mais n’est que le reflet de ce qu’elles étaient pour leurs bourreaux : des chiffres, des êtres dont on occultait sans état d'âme l'humanité. Le dénouement leur rend la lumière et la dignité. La Zone d’intérêt a été tourné à Auschwitz même, encore une fois avec ce souci, de respect des victimes et de fictionnaliser le moins possible. Pas d’esthétisation. Pas de lumière artificielle. Le sentiment de contemporanéité n’en est que plus frappant.

    Sandra Hüller figure au générique de deux films en compétition  puisqu’elle incarne aussi la Sandra de Anatomie d’une chute de Justine Triet. Révélée à Cannes en 2016 dans Toni Erdmann, dans le film de Justine Triet, elle est impressionnante d’opacité, de froideur, de maitrise, d’ambiguïté. Ici, dans le rôle d'Hedwig, elle est carrément glaçante. Elle se délecte à essayer un manteau de fourrure trop grand pour elle dont il est aisé de deviner l’origine. Elle distribue des vêtements à ses amis dont la provenance ne fait aucun doute là non plus. Elle est si fière d’être cette femme à la vie si privilégiée, clamant qu’elle a une vie « paradisiaque » dans ce jardin qu’elle montre avec orgueil à sa mère, comme cette chambre d’enfant où elle l’héberge, avec fenêtre sur les miradors et cheminées. Elle est monstrueuse dans l’apparente normalité de ses gestes et paroles, et laissant même éclater toute sa violence lorsqu’une assiette n’est pas là où elle doit être. Ou quand elle demande à « Rudolf » de l'« emmener encore dans ce spa italien »  tandis que rugissent les fours crématoires, et la mort, alors qu’elle ne pense qu’à jouir de la vie, sans scrupules.

    Pour le Commandant (Christian Friedel), seule compte la fierté de servir le 3ème Reich. Obstinément. Des industriels viennent louer les qualités de leurs fours, comme s’il s’agissait d’un quelconque produit industriel. Comment ne pas avoir la nausée devant l’ignominieuse distance et l’abominable froideur avec lesquelles ils discutent des modalités de la solution finale et du principe d’un "four crématoire circulaire" ? Les réunions des directeurs de camps sont aussi nauséeuses dans leur apparence ordinaire. Il est question d’efficacité, de rendement, de logistique. Comme si rien de tout cela ne concernait des êtres humains, et leur mort atroce.

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     Une folie qui semble contaminer jusqu’aux enfants quand l’un enferme son frère dans la serre. On pense alors au chef-d’œuvre de Michael Haneke, Le ruban blanc. Ce ruban blanc, dans le film d’Haneke, c’est le symbole d’une innocence ostensible qui dissimule la violence la plus insidieuse et perverse. Ce ruban blanc, c’est le signe ostentatoire d’un passé et de racines peu glorieuses qui voulaient se donner le visage de l’innocence. Ce ruban blanc, c’est le voile symbolique de l’innocence qu’on veut imposer pour nier la barbarie, et ces racines du mal qu’Haneke nous fait appréhender avec effroi par l’élégance moribonde du noir et blanc. Ces châtiments que la société inflige à ses enfants en évoquent d’autres que la société infligera à plus grande échelle, qu’elle institutionnalisera même pour donner lieu à l’horreur suprême, la barbarie du XXème siècle. Cette éducation rigide va enfanter les bourreaux du XXème siècle dans le calme, la blancheur immaculée de la neige d’un petit village a priori comme les autres. La forme, comme dans le film de Glazer, démontre alors toute son intelligence, elle nous séduit d’abord pour nous montrer toute l’horreur qu’elle porte en elle et dissimule à l’image de ceux qui portent ce ruban blanc.

    Je ne saurais citer un autre film dans lequel le travail sur le son est aussi impressionnant que dans La Zone d’intérêt, la forme sonore tellement au service du fond (parmi les films récents, je songe au long-métrage de Vincent Maël Cardona,  Les Magnétiques mais le sujet est à des années-lumière de celui du film de Glazer) : cette dichotomie permanente entre ce vacarme et l’indifférence qu’il suscite. Ce grondement incessant qui nous accompagne des jours après. Les musiques composées par Mica Levi et les sons du concepteur sonore Johnnie Burn sont pour beaucoup dans la singularité de cette œuvre et dans sa résonance. Ces dissonances qui constamment nous rappellent que tout cela n'a rien de normal, qui nous oppressent. Et au cas où nous aurions souhaité occulter ce que ces sons représentent, ce qui se joue là, derrière les discussions sur la façon d’agencer le jardin ou les jeux des enfants, un écran brusquement rouge vient nous heurter, comme un écho à l’écran noir du début, nous signifiant bien que ce paradis bucolique masque un enfer, que le vert qui envahit l’écran n’est là que pour masquer le rouge qui déferle à quelques mètres. Seules des parenthèses en négatif laissent éclater un peu d’humanité (lueur d’espoir apparaissant alors comme irréalité au milieu de cette inconcevable réalité), et peut-être le départ anticipé de la mère d’Hedwig avec un mot dont nous ne connaîtrons pas la teneur et dont on a envie de croire qu'il dénonce l'horreur, et qui pourtant a elle aussi profité des déportés, en l’occurrence ses anciens patrons. C’est tout. Pas d'autre lueur d'espoir.

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    En 2015, avec Le Fils de Saul, László Nemes nous immergeait dans le quotidien d'un membre des Sonderkommandos, en octobre 1944, à Auschwitz-Birkenau. Saul Ausländer est alors membre de ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d’assister les nazis dans leur plan d’extermination. Il travaille dans l’un des crématoriums où il est chargé de « rassurer » les Juifs qui seront exterminés et qui ignorent ce qui les attend, puis de nettoyer… quand il découvre le cadavre d’un garçon en lequel il croit ou veut croire reconnaître son fils. Tandis que le Sonderkommando prépare une révolte (la seule qu’ait connue Auschwitz), il décide de tenter l’impossible : offrir une véritable sépulture à l’enfant afin qu’on ne lui vole pas sa mort comme on lui a volé sa vie, dernier rempart contre la barbarie. La profondeur de champ, infime, renforce cette impression d’absence de lumière, d’espoir, d’horizon, nous enferme dans le cadre avec Saul, prisonnier de l’horreur absolue dont on a voulu annihiler l’humanité mais qui en retrouve la lueur par cet acte de bravoure à la fois vain et nécessaire, son seul moyen de résister. Que d’intelligence dans cette utilisation du son, de la mise en scène étouffante, du hors champ, du flou pour suggérer l’horreur ineffable, ce qui nous la fait d’ailleurs appréhender avec plus de force encore que si elle était montrée. László Nemes s’est beaucoup inspiré de Voix sous la cendre, un livre de témoignages écrit par les Sonderkommandos eux-mêmes.

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    Avec le plus controversé La vie est belle, Benigni a lui opté pour le conte philosophique, la fable pour démontrer toute la tragique et monstrueuse absurdité à travers les yeux de l’enfance, de l’innocence, ceux de Giosué. Benigni ne cède pour autant à aucune facilité, son scénario et ses dialogues sont ciselés pour que chaque scène « comique » soit le masque et le révélateur de la tragédie qui se « joue ». Bien entendu, Benigni ne rit pas, et à aucun moment, de la Shoah mais utilise le rire, la seule arme qui lui reste, pour relater l’incroyable et terrible réalité et rendre l’inacceptable acceptable aux yeux de son enfant. Benigni cite ainsi Primo Levi dans Si c’est un homme qui décrit l’appel du matin dans le camp. « Tous les détenus sont nus, immobiles, et Levi regarde autour de lui en se disant : “Et si ce n’était qu’une blague, tout ça ne peut pas être vrai…” C’est la question que se sont posés tous les survivants : comment cela a-t-il pu arriver ? ». Tout cela est tellement inconcevable, irréel, que la seule solution est de recourir à un rire libérateur qui en souligne le ridicule. Le seul moyen de rester fidèle à la réalité, de toute façon intraduisible dans toute son indicible horreur, était donc, pour Benigni, de la styliser et non de recourir au réalisme. Quand il rentre au baraquement, épuisé, après une journée de travail, il dit à Giosué que c’était « à mourir de rire ». Giosué répète les horreurs qu’il entend à son père comme « ils vont faire de nous des boutons et du savon », des horreurs que seul un enfant pourrait croire mais qui ne peuvent que rendre un adulte incrédule devant tant d’imagination dans la barbarie (« Boutons, savons : tu gobes n’importe quoi ») et n’y trouver pour seule explication que la folie (« Ils sont fous »). Benigni recourt à plusieurs reprises intelligemment à l’ellipse comme lors du dénouement avec ce tir de mitraillette hors champ, brusque, violent, où la mort terrible d’un homme se résume à une besogne effectuée à la va-vite. Les paroles suivantes le « C’était vrai alors » lorsque Giosué voit apparaître le char résonne alors comme une ironie tragique. Et saisissante.

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    Autre approche encore que celle de La Liste de Schindler de Spielberg dont le scénario sans concessions au pathos de Steven Zaillian, la photographie entre expressionnisme et néoréalisme de Janusz Kaminski (splendides plans de Schindler partiellement dans la pénombre qui reflètent les paradoxes du personnage), l’interprétation de Liam Neeson, passionnant personnage, paradoxal, ambigu et humain à souhait, et face à lui, la folie de celui de Ralph Fiennes, la virtuosité et la précision de la mise en scène (qui ne cherche néanmoins jamais à éblouir mais dont la sobriété et la simplicité suffisent à retranscrire l’horrible réalité), la musique poignante de John Williams par laquelle il est absolument impossible de ne pas être ravagé d'émotions à chaque écoute (musique solennelle et austère qui sied au sujet -les 18 premières minutes sont d’ailleurs dénuées de musique- avec ce violon qui larmoie, voix de ceux à qui on l’a ôtée, par le talent du violoniste israélien Itzhak Perlman, qui devient alors, aussi, le messager de l’espoir), et le message d’espérance malgré toute l’horreur en font un film bouleversant et magistral. Et cette petite fille en rouge que nous n'oublierons jamais, perdue, tentant d’échapper au massacre (vainement) et qui fait prendre conscience à Schindler de l’individualité de ces juifs qui n’étaient alors pour lui qu’une main d’œuvre bon marché. 

    Avec The Zone of Interest, Jonathan Glazer prouve d’une nouvelle manière, singulière, puissante, audacieuse et digne, qu’il est possible d’évoquer l’horreur sans la représenter frontalement, par des plans fixes, en nous en montrant le contrechamp, reflet terrifiant de la banalité du mal, non moins insoutenable, dont il signe une démonstration implacable. Cette image qui réunit dans chaque plan deux mondes qui coexistent et dont l’un est une insulte permanente à l’autre est absolument effroyable.  Si cette famille nous est montrée dans sa quotidienneté, c’est avant tout pour nous rappeler que la monstruosité peut porter le masque de la normalité. L’intelligence réside aussi dans la fin, qui avilit le monstre et le fait tomber dans un néant insondable tandis que nous restent les images de ce musée d’Auschwitz dans lequel s’affairent des femmes de ménage, au milieu des amas des valises, de chaussures et de vêtements, et des portraits des victimes. C’est d’eux dont il convient de se souvenir. De ces plus de cinq millions de morts tués, gazés, exterminés, parfois par des journées cyniquement ensoleillées. Un passé si récent comme nous le rappellent ces plans de la maison des Höss aujourd’hui transformée en mémorial. Une barbarie passée contre la résurgence de laquelle nous avons encore trop peu de remparts. Le film s’achève par un écran noir accompagné d’une musique lugubre, là pour nous laisser le temps d’y songer, de nous souvenir, de respirer après cette plongée suffocante, et de reprendre nos esprits et notre souffle face à l’émotion qui nous submerge. Un choc cinématographique. Un choc nécessaire. Pour rester en alerte. Pour ne pas oublier les victimes de l’horreur absolue mais aussi que le mal peut prendre le visage de la banalité. Un film brillant, glaçant, marquant, incontournable. Avec ce quatrième long-métrage (après Sexy Beast, Birth, Under the skin) Jonathan Glazer a apporté sa pierre à l'édifice mémoriel. De ce film, vous ne ressortirez pas indemnes. Vous ne pourrez pas (l') oublier. Voyez-le, impérativement.

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  • Sélection officielle du 76ème Festival de Cannes : présentation du « radieux » programme de l’édition 2023

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    Montée des marches – nuit © Jean-Louis Hupe / FDC

    Cet article sera régulièrement mis à jour, au fur et à mesure des nouvelles annonces.

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    Photo © Jack Garofalo/Paris Match/Scoop – Création graphique © Hartland Villa

    Vers un avenir radieux. Tel est le titre d’un des 19 films de la compétition officielle (21 avec les deux ajouts ultérieurs à la conférence de presse) de ce 76ème Festival de Cannes, signé Nanni Moretti. Un avenir (plus) radieux est aussi ce vers quoi tend le cinéma en salles après une désertification liée à la pandémie. Cette édition 2023 du Festival de Cannes s’annonce particulièrement prometteuse avec une sélection « renouvelée » et beaucoup de nouveaux noms, de premiers films aussi, mais également les films de nombreux cinéastes ayant déjà figuré au palmarès ou ayant remporté la palme d'or (Wim Wenders, Nuri Bilge Ceylan, Ken Loach, Hirokazu Kore-Eda, Martin Scorsese, Nanni Moretti…).

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    Cette sélection est aussi élargie géographiquement, avec le retour de films venus de Chine ou d’Iran, mais aussi avec des films venus de pays ayant peu figuré ou même n’ayant jamais figuré en sélection officielle comme la Mongolie. Voilà qui annonce une belle « fenêtre ouverte sur le monde », pour paraphraser Bazin. Une sélection exigeante qui fera aussi la part belle aux lumières hollywoodiennes. Un programme qui devrait donc réjouir autant les cinéphiles les plus avertis que les amateurs de glamour. Sont à noter également le grand retour du cinéma italien avec trois films en compétition officielle ( Il sol dell'avvenire de Nanni Moretti, La Chimera de Alice Rohrwacher, et Rapito de Marco Bellochio) mais aussi un nombre record de réalisatrices en compétition officielle (Alice Rohrwacher, Justine Triet, Catherine Breillat, Jessica Hausner, Kaouther Ben Hania, Ramata-Toulaye Sy) et une belle présence du cinéma africain.

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    Selon Richard Attenborough, « Tout le monde s'imagine que le gigantisme est un facteur de joie et de satisfaction pour un metteur en scène. Ce n'est pas vrai. Le cinéma doit aussi définir, examiner et creuser l'éternel humain. »  Nous informer de l’état du monde mais aussi « définir, examiner et creuser l’éternel humain », voilà deux rôles majeurs du Festival de Cannes, qui devient alors un radiologue de la planète dont l'examen minutieux donne toujours des résultats toujours aussi passionnants qu’instructifs.

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    Iris Knobloch, nouvelle Présidente du Festival de Cannes et Thierry Frémaux, le Délégué général, ont annoncé, lors de la conférence de presse de ce 13 avril 2023, la Sélection officielle de ce 76ème Festival de Cannes, du moins une grande partie de celle-ci puisqu’elle sera complétée dans les jours à venir, comme chaque année, de même que le jury dont nous savons uniquement pour le moment qu’il sera présidé par le lauréat du la palme d’or 2017 (The Square) et 2022 (Sans filtre), Ruben Östlund. Ce 76ème Festival de Cannes aura lieu du 16 au 27 mai 2023.

    La conférence a débuté avec le discours de la nouvelle Présidente du Festival, Iris Knobloch qui succède ainsi à Gilles Jacob et Pierre Lescure, et qui se dit « très fière et très honorée » de ce nouveau rôle, racontant que son premier séjour au Festival de Cannes date de 1998 et qu’elle n’aurait jamais imaginé alors en devenir présidente. Elle a également souligné que « le Festival de Cannes est un vrai et extraordinaire tremplin pour le cinéma du monde de toutes les origines et de tous les genres. » Mais aussi que cette année, il s’agira d’ « un moment de réamour pour le cinéma », le public étant de retour en salles, ajoutant que « rien ne peut remplacer l’évènement culturel que représente une sortie en salles d’un film » et que  « cette multiplication des écrans individuels a renforcé le désir d’une expérience partagée dans une salle obscure. L’expérience du cinéma pur est irremplaçable. » Elle a également rappelé un des objectifs du festival : « prendre le pouls de la création et du cinéma en train de se faire. » Enfin, elle a terminé en paraphrasant Saint-Exupéry selon lequel « le secret d’un couple réussi, c’est de regarder dans la même direction » et se disant persuadée que le nouveau tandem qu’elle forme avec Thierry Frémaux va « marcher car nous partageons la même vision d’un festival fidèle à ses cinéastes et résolument tourné vers l’avenir. »

    Iris Knobloch a ensuite laissé la parole à Thierry Frémaux pour l’annonce de la sélection officielle au sujet de laquelle nous savions déjà que :

    - Jeanne du Barry de Maïwenn fera l'ouverture du festival. Le sixième long métrage de la réalisatrice sera projeté le mardi 16 mai sur l’écran du Grand Théâtre Lumière, après la cérémonie d’ouverture retransmise en direct sur France Télévisions et Brut. Jeanne du Barry sortira le même jour dans les salles françaises.  Maïwenn incarne elle-même l’héroïne éponyme aux côtés de Johnny Depp, Benjamin Lavernhe, Melvil Poupaud, Pierre Richard, Pascal Greggory et India Hair. Le film est dédié à la vie, à l’ascension et à la chute de la favorite du roi Louis XV.

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    - Indiana Jones revient au Festival de Cannes pour l’avant-première mondiale de Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, réalisé par James Mangold, avec Harrison Ford dans le rôle du héros légendaire. 15 ans après la présentation en 2008 de Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal réalisé par Steven Spielberg, le dernier volet de la saga Lucasfilm sera projeté le jeudi 18 mai à Cannes et sortira en salles le 28 juin en France et le 30 juin aux États-Unis. Le Festival rendra à cette occasion un hommage exceptionnel à Harrison Ford pour l’ensemble de sa carrière avec une projection notamment de quelques extraits des Cent et une nuits de Simon Cinéma d'Agnès Varda dans lequel il apparaissait.

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    -  En accord avec Apple Original Films, Martin Scorsese présentera en avant-première mondiale Killers of the Flower Moon, son nouveau long métrage. L’événement marquera le retour du cinéaste en Sélection officielle pour la première fois depuis la présentation de After Hours en 1986. Au générique : Leonardo DiCaprio, Robert De Niro, Lily Gladstone, Jesse Plemons, Cara Jade Myers, JaNae Collins, Jillian Dion, Tantoo Cardinal...Le film sera présenté le samedi 20 mai dans le Grand Théâtre Lumière. Synopsis : En Oklahoma, dans les années 20, les meurtres en série dont ont été victimes les membres de la communauté Osage, qui s'était enrichie grâce au pétrole présent sous ses terres. Cette série de meurtres brutaux est aujourd’hui connue sous le nom de Règne de la Terreur.

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    - Strange Way of Life de Pedro Almodóvar sera projeté en Sélection officielle et en avant-première mondiale, en présence du réalisateur et des deux comédiens principaux Ethan Hawke et Pedro Pascal. Western tourné dans le sud de l'Espagne, ce court métrage est la deuxième expérience du cinéaste en langue anglaise, après La Voix Humaine réalisé en 2020. La projection du film sera suivie d'une rencontre avec Pedro Almodóvar et l'équipe du film. Synopsis : Un homme traverse à cheval le désert qui le sépare de Bitter Creek. Il vient rendre visite au Shérif Jake. Vingt-cinq ans plus tôt, le Shérif et Silva, l'éleveur qui vient à sa rencontre, travaillaient ensemble comme tueurs à gages. Silva lui rend visite sous prétexte de retrouver son ami de jeunesse, et ils fêtent effectivement leurs retrouvailles, mais le lendemain matin le Shérif Jake lui dit que la raison de son voyage n'est pas de suivre les traces de leur ancienne amitié…

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    ©  Iglesias Más / El Deseo

    Thierry Frémaux a tenu par commencer en saluant la mémoire de Carlos Saura. En préambule, il a ensuite souligné que le comité de sélection « a vu plus de 2000 films témoignant que le cinéma mondial est plein de vitalité », en rappelant que « quiconque fait un film de plus d’une heure et souhaite le soumettre, le film sera vu » et soulignant la « grande démocratie cannoise qui fait que le rêve est toujours là ». Il a défini la sélection 2023 comme « renouvelée, ponctuée ici et là de grands auteurs. Un instantané de ce qu’a été la création cinématographique mondiale. Cette sélection va donner une idée de ce qu’est le cinéma dans son esthétique et dans son industrie. » Thierry Frémaux a également précisé que cette sélection serait élargie géographiquement avec « deux pays historiques très présents : l’Italie et les Etats-Unis mais aussi avec des pays qui n’ont pas l’habitude de venir comme la Mongolie qui vient pour la première fois en Sélection officielle » mais aussi une « nouvelle génération de cinéastes africains parmi lesquels beaucoup de réalisatrices. » Concernant le nombre de films sélectionnés, il a également spécifié que « après deux années de générosité pour permettre à des films qui, en 2002 et 2021, n’avaient eu de destin en salles, d’être exposés, nous sommes revenus à un étiage de films que vous connaissez. »

    Il a ensuite détaillé les films de la sélection officielle en commençant par Un Certain regard : « Nous avons recentré Un Certain Regard sur le jeune cinéma, un cinéma un peu plus de recherche. »

    J’ai d'ores et déjà noté quelques films de cette sélection (qui s’annonce particulièrement riche de découvertes) à voir absolument : Goodbye Julian, un film soudanais de Mohamed Kordofani, Crowra de João Salaviza et Renée Nader Messora, un film « qui évoque ces populations brésiliennes si douloureusement malmenées dans l’histoire récente du Brésil », les films français Rosalie de Stéphanie Di Giusto et Rien à perdre de Delphine Deloget, un premier film, mais aussi le film d’ « un cinéaste australien aborigène qui évoque cette histoire complexe de l’Australie, produit par Cate Blanchett », The new boy de Warwick Thornton, ou encore le premier film d’une réalisatrice venant de Mongolie, If only I could hibernate de Zoljargal Purevdash et enfin le film qui fera l’ouverture Un Certain Regard, Le règne animal de Thomas Caillet, le « réalisateur très célébré du film Les Combattants, un film cette fois avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos » a rappelé Thierry Frémaux. La comédie sera également au programme avec la réalisatrice canadienne Monia Chokri et sa « comédie chokriesque » Simple comme Sylvain.

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    "Rosalie" de Stéphanie Di Giusto © 2023 TRESOR FILMS - GAUMONT - LDRPII - AR TÉMIS PRODUCTIONS

     Thierry Frémaux a dernier a ensuite détaillé Les Séances Spéciales, ainsi définies : « des cinéastes qui viennent donner des nouvelles », comme Kleber Mendonça Filho pour Portraits fantômes, un « retour à Recife, un essai sur sa ville et l’histoire de sa ville à travers les cinémas». De retour à Cannes également : Wim Wenders avec le portrait d’un sculpteur, Le bruit du temps, Anselm Kiefer, ou encore Steve McQueen avec Occupied city et Wang Bing pour Man in black, « l’histoire d’un grand témoin de la révolution culturelle. »

    Thierry Frémaux a ensuite détaillé la section Cannes Première indiquant que pour cette section « nous avons voulu des films de nature à sortir dans les salles pour rencontrer un large public », une « manière de programmer un certain cinéma au Festival de Cannes aux côtés du Festival de Cannes ». Dans Cannes Première, vous pourrez ainsi retrouver : Le temps d’aimer de Katell Quilléveré, Fermer les yeux de Victor Erice, un « cinéaste rare dans l’histoire du cinéma mondial, qui a été membre du jury, un film sur le cinéma, comment le cinéma capte le passé, le conserve, le restitue ». Dans Cannes Première, vous pourrez aussi découvrir le nouveau film de Martin Provost, Bonnard, Pierre et Marthe. Et enfin, Kubi, film japonais de samouraï de Takeshi Kitano.

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    "Le temps d'aimer" de Katell Quillévéré - © Roger Arpajou.

    En Séances de minuit seront présentés Omar La Fraise de Elias Kelkeddar, un « film algérien tourné à Alger, une vision iconoclaste, singulière et drôle d’Alger, une comédie avec Reda Kateb et Benoît Magimel » (d’ailleurs au générique de trois films en Sélection officielle dont également La Passion de Dodin-Bouffant de Tran Anh Hung et Rosalie de Stéphanie Di Giusto) et enfin Acide, un film avec Guillaume Canet de Just Philippot qui avait réalisé La Nuée.

    Hors compétition, comme je l’évoquais plus haut, vous retrouverez Killers of the flower moon de Martin Scorsese au sujet duquel Thierry Frémaux a annoncé son souhait de le voir figurer ensuite en compétition. Dans cette catégorie, nous pourrons également découvrir The Idol de Sam Levinson avec Lily-Rose Depp et le chanteur The Weeknd.

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    Credit: Courtesy of HBO

    Ou encore Cobweb de Jee-Woon Kim qui « a fait sa nuit américaine », film dans lequel nous retrouverons Song Kang-Ho, l’acteur lauréat du prix d’interprétation 2022 pour Les bonnes étoiles de Kore-eda.

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    "Cobweb" ("Dans la toile") de Kim Jee-woon - ©  Anthology Studios / Barunson Studio / Luz y Sonidos

    Enfin, hors compétition encore, sera projeté Indiana Jones et le cadran de la destinée, évoqué plus haut, au sujet duquel Thierry Frémaux a précisé que « Phoebe Waller-Bridge est une actrice formidable qui donne un élan et un allant à cette comédie d’aventure ».

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    "Club Zero" de Jessica Hausner - Compétition officielle - ©  Coproduction Office / Fred Ambroisine

    Enfin, ont été annoncés les 19 films de la compétition, une liste amenée à être complétée qui « va mêler de jeunes cinéastes qui viennent rarement ou pour la première fois avec des vétérans dont nous connaissons le travail et l’œuvre. » « En matière d’art, il n’y a pas de date de péremption pour les cinéastes ou pour les œuvres » a également rappelé Thierry Frémaux, ajoutant que « tous les films que vous allez voir dans cette sélection officielle sont des films de cinéma, au sens que ce sont des objets singuliers.  Là ce sont des prototypes, des propositions. » Parmi les cinéastes habitués de Cannes, souvent déjà primés, voire lauréats de la palme d’or, nous retrouverons ainsi notamment :

    - Aki Kaurismaki pour Les feuilles mortes (Fallen leaves), déjà récompensé pour L’homme sans passé en 2002 (Grand prix et prix d’interprétation féminine),

    - Wes Anderson, pour Asteroid city (avec Scarlett Johansson, Margot Robbie, Tom Hanks) au sujet duquel Thierry Frémaux a déclaré : « Je dirais pour le résumer que c’est un film de Wes Anderson. Un casting prestigieux. Ils vont arriver à 100 au pied des marches. Un cinéma d’assemblage de miniatures toutes plus extraordinaires les unes que les autres. »,

    - Hirokazu Kore-Eda, autre ancien lauréat de la palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille mais aussi du prix du jury en 2013 pour Tel père, tel fils, de retour pour Monster, un « film japonais sur les questions que pose l’interprétation qu’on peut avoir d’un incident entre un professeur et un élève. Un film qui n’est pas Rashômon mais qui a une filiation avec le film de Kurosawa »,

    - Nanni Moretti avec Le Soleil de l’avenir (Il sol dell’avenire), autre ancien lauréat de la palme d’or, en 2001 pour La Chambre du fils, et prix de la mise en scène en 1994 pour Journal intimeSynopsis : Giovanni, cinéaste italien renommé, s’apprête à débuter le tournage d'une fresque politique. Mais entre son couple en crise, son coproducteur au bord de la faillite et le monde du cinéma qui change, tout semble jouer contre lui ! Toujours sur la corde raide, Giovanni va devoir repenser sa manière de faire s’il veut mener tout son petit monde vers un avenir radieux.

    - Alice Rohrwacher pour La Chimera, une « cinéaste très formaliste pleine de questions sur ce qu’est le cinéma »,

    - Nuri Bilge Ceylan, autre ancien lauréat de la palme d’or, en 2014 pour Winter sleep mais aussi grand prix en 20O3 pour Uzak, Prix de la mise en scène en 2008 pour Les trois singes, Grand prix ex-aequo pour Il était une fois en Anatolie en 2011, sélectionné pour Les herbes sèches, « tourné dans l’est du pays dans un pays de neige avec des gens qui s’interrogent sur le sens de la vie. »

    - Catherine Breillat avec L’été dernier, « des problèmes de santé l’avaient éloignée du cinéma. Saïd Ben Saïd est allé la chercher pour lui faire cette proposition » a expliqué Thierry Frémaux.

    - Marco Bellochio pour Rapio, le troisième film italien de cette sélection, « l’histoire vraie d’un enfant kidnappé que se disputent catholiques et communauté juive. »,

    -Todd Haynes avec May december, un film avec Natalie Portman et Julianne Moore,

    - Ken Loach, Prix du jury en 1990 pour Hidden agenda, Prix du jury ex-aequo en 1993 pour Raining stones,  Palme d’or en 2006 pour Le vent se lève et en 2016 pour Moi, Daniel Blake, Prix du jury en 2012 pour La part des anges, cette année présent  pour The old oak dont le synopsis est le suivant : TJ Ballantyne est le propriétaire du "Old Oak", un pub qui est menacé de fermeture après l'arrivée de réfugiés syriens placés dans le village sans aucun préavis. Bientôt, TJ rencontre une jeune Syrienne, Yara, qui possède un appareil photo. Une amitié va naître entre eux... « Avec son scénariste, Paul Laverty, Loach a embrassé à cœur perdu toutes ces problématiques contemporaines»  a précisé Thierry Frémaux.

    - Wim Wenders, palme d’or pour Paris Texas en 1984 mais aussi Prix de la mise en scène pour Les ailes du désir en 1987, Grand prix du jury en 1993 pour Si loin, si proche !. Il revient cette année avec Perfect days, « l’histoire d’un homme déchu mais heureux incarné par la star japonaise Koji Yakusho. Un homme qui nettoie les toilettes publiques de Tokyo et qui va de toilettes en toilettes en écoutant du rock. » Wim Wenders qui revient en compétition et qui sera donc à Cannes pour deux films.

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    "Banel e Adama"de Ramata-Toulaye Sy  - ©  Tandem Films

    Enfin, parmi les nouveaux, nous découvrirons une cinéaste sénégalaise avec un premier film prometteur, un « film à la lisière de l’expérimentation », Banel e Adama de Ramata-Toulaye Sy. En lice également La passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hun avec Benoît Magimel et Juliette Binoche

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    Copyright : Photo : Carole Bethuel ©2023 CURIOSA FILMS – GAUMONT – FRANCE 2 CINÉMA

    Wang Bing, comme Wim Wenders, présentera cette année deux films à Cannes. Le film Jeunesse sera ainsi en compétition, le film d’un « auteur chinois qui ne vit plus en Chine mais qui fait toujours des documentaires sur son pays. Un film immersif sur les ateliers de tissage en Chine. Un film qui signe le retour du documentaire à Cannes. »

    Thierry Frémaux a conclu par un clin d’œil à la Semaine de la Critique (retrouvez le programme en bas de cet article) et à la Quinzaine des Réalisateurs (qui annoncera son programme mardi) mais aussi au Festival International du Film d’Animation d’Annecy en indiquant que des films d’animation seront sans doute annoncés ultérieurement et insistant enfin sur son souhait que « la ville de Cannes soit pendant deux semaines au cœur du monde et qu'elle place le cinéma que nous aimons au cœur du monde. »

    Cet article sera complété au fur et à mesure des annonces. Suivez également mes posts au sujet du Festival de Cannes puis en direct sur Instagram (@Sandra_Meziere).

    LES ANNONCES ULTÉRIEURES  À LA CONFÉRENCE DE PRESSE :

    -Chiara Mastroianni sera la maîtresse de cérémonie du 76ème Festival de Cannes. Un excellent choix que celui de cette actrice synonyme d'élégance et d'intelligence. Cette dernière a ainsi déclaré, à propos de ce rôle qu'elle remplira dès le 16 mai pour la cérémonie d'ouverture : "La première fois que je suis allée au Festival de Cannes, c’était pour mon premier film, Ma saison préférée de André Téchiné. Nous étions en compétition officielle, j’avais 20 ans, et j’étais très impressionnée. J’ai eu la chance d’y retourner de nombreuses fois en compétition, et aussi dans d’autres sélections, comme Un Certain Regard par exemple (où elle a reçu le Prix d’interprétation pour Chambre 212 dans la sélection en 2019 ndlr), et c’est toujours pour moi le même émerveillement, le même trac que la première fois. J’ai aussi été dans le jury présidé par Martin Scorsese. Ce fût une expérience incroyable de vivre 10 jours de cinéma intense avec un jury passionnant. Cette fois-ci, en revenant en tant que maîtresse de cérémonie, je vais découvrir une autre facette du Festival de Cannes, que je ne connais pas. J’ai un trac immense mais je suis ravie. Je le vis comme une chance absolue d’assister à la plus belle sélection de cinéma du monde. Je le fais avec beaucoup de sincérité car mon désir de devenir comédienne est né de mon amour des films, de mon plaisir de spectatrice. Je suis toujours très admirative de voir comment Thierry Frémaux parvient à chaque fois, à proposer une sélection de longs métrages tout à fait éclectique et où, parfois, surgit un premier film qui éblouit tout le monde. Parce que c’est aussi ça ce festival, un tremplin qui peut tout faire basculer. Le Festival est une promesse de sensations vertigineuses, un endroit où existe toujours la possibilité de l’inattendu."

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    - Howard Shore invité de la Leçon de musique 2023 du Festival de Cannes : depuis 2018, la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique s’associe au Festival de Cannes afin de valoriser la musique de film et les compositeurs. Dans le cadre de sa programmation officielle, le festival accueillera pour la 2ème année consécutive la « Leçon de musique ». Cette année, elle sera donnée par Howard Shore. Sa Leçon de musique sera l'occasion pour lui de partager son expérience et les coulisses de ses créations. La Leçon de musique se déroule le lundi 22 mai à 16h30 en Salle Buñuel et sera animée par Stéphane Lerouge. Le compositeur a travaillé avec les plus grands cinéastes : Martin Scorsese pour After hours en 1985, prélude à une collaboration qui prendra son envol dix-sept ans plus tard avec Gangs of New York, The Aviator, Les Infiltrés et Hugo Cabret. Puis ce seront Jonathan Demme (Le Silence des Agneaux, Philadelphia), David Fincher (Seven, The Game, Panic room) ou Tim Burton (Ed Wood). Il faut aussi citer, en 1999, la rencontre décisive avec Arnaud Desplechin sur Esther Kahn...

    - La sublime affiche en noir et blanc de cette année, dévoilée le 19 avril 2023, représente Catherine Deneuve, le 1er juin 1968, sur la plage de Pampelonne, près de Saint-Tropez, pour le tournage de La Chamade d’Alain Cavalier, adapté du roman de Françoise Sagan. Elle interprète Lucile dont le « cœur bat frénétiquement, précipitamment, passionnément. Comme celui de l’amour du cinéma que le Festival de Cannes célèbre chaque année : on entend résonner partout ses pulsations vivantes et habitées. Le cœur du 7e Art, de ses artistes, de ses professionnels, de ses amateurs, de la presse bat la chamade, au rythme de l’urgence qu’impose son éternité. Joyeuse, insolente et romanesque, une jeune femme aux longs cheveux blonds sourit, confiante, à son avenir. C’est une certaine magie que Catherine Deneuve incarne, pure, incandescente et parfois transgressive. C’est cette magie indicible que le 76e Festival International du Film fait résonner avec cette affiche intemporelle. Pour redire le présent glorieux du cinéma et envisager son futur plein de promesses. Car Catherine Deneuve est ce que le cinéma doit se souvenir d’être : insaisissable, audacieux, irrévérencieux. Une évidence. Une nécessité. », nous précise le communiqué de presse du Festival. Dans ce roman que j’aime tant, comme tous ceux de Sagan, on peut aussi lire ces répliques :

    « Ton cœur bat très fort, dit-elle. C'est la fatigue ?

    - Non, dit Antoine, c'est la chamade. »

    « ... J'ai eu peur de vivre à côté, ajouta-t-elle confusément.

    - À côté de quoi ?

    - De la vie. De ce que les autres appellent la vie. »

    Voilà aussi ce que nous permet chaque année le Festival de Cannes : une cavalcade d’émotions, la chamade, mais aussi tout en la regardant par le prisme de l’écran, de ne pas passer à côté de la vie, d’en disséquer chaque parcelle de seconde.

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    - Les studios d’Animation Pixar sont de retour au Festival de Cannes le 27 mai prochain pour la présentation en avant-première mondiale de leur nouveau long métrage Élémentaire. Présenté Hors Compétition, le film sortira en salles le 16 juin aux États-Unis et le 21 juin en France. Élémentaire est le quatrième long métrage des studios d'Animation Pixar à être présenté en Sélection officielle, après Là-Haut, Vice-Versa et Soul. A cette occasion, le festival recevra Pete Docter, le réalisateur Peter Sohn, la productrice Denise Ream et les nombreux comédiens ayant prêté leurs voix aux personnages du film.  Adèle Exarchopoulos incarne ainsi Flam -une jeune femme intrépide et vive d’esprit - tandis que Vincent Lacoste interprète Flack, un garçon sentimental et attachant, qui au fil de l’aventure, va faire découvrir à la jeune tête brûlée que la vie peut être plus « coule » qu’elle n’y parait. Pour l’un comme pour l’autre, il s’agit d’une première expérience de doublage.

    L’histoire :
    Dans la ville d’Element City, le feu, l’eau, la terre et l’air vivent dans la plus parfaite harmonie. C’est ici que résident Flam, une jeune femme intrépide et vive d’esprit, au caractère bien trempé, et Flack, un garçon sentimental et amusant, plutôt suiveur dans l’âme. L’amitié qu’ils se portent remet en question les croyances de Flam sur le monde dans lequel ils vivent...

    - Entourée d’Ana Lily Amirpour, Charlotte Le Bon, Karidja Touré et Shlomi Elkabetz, la réalisatrice et scénariste hongroise Ildikó Enyedi décernera la Palme d’or du court métrage et les 3 prix de La Cinef destinés aux films d’école de la Sélection officielle.

    Après Rossy de Palma en 2022, l’actrice française Anaïs Demoustier sera la Présidente du Jury de la Caméra d’or du 76e Festival de Cannes, qui récompensera un film parmi tous les premiers longs métrages présentés en Sélection officielle et dans les sections parallèles. Le Jury remettra son prix lors de la cérémonie de clôture du 76e Festival de Cannes le samedi 27 mai prochain. Elle sera accompagnée de : RAPHAËL PERSONNAZ (acteur), NATHALIE DURAND (Directrice de la Photographie), MIKAEL BUCH (Scénariste et réalisateur), SOPHIE FRILLEY (CEO de TITRAFILM), NICOLAS MARCADÉ (Rédacteur en chef des Fiches du Cinéma et l’Annuel du Cinéma).

    - Le 28 février dernier, Ruben Östlund a été annoncé comme Président du Jury. Pour cette édition, qui succède à celle du 75e anniversaire, le Festival de Cannes souhaite saluer l’arrivée d’une génération d’artistes qui réalisent, qui jouent, qui chantent, qui écrivent. Aux côtés d’un Président, déjà deux fois récompensé d’une Palme d’or, on retrouve la réalisatrice marocaine Maryam Touzani, l’acteur français Denis Ménochet, la scénariste et réalisatrice britanico-zambienne Rungano Nyoni, l’actrice et réalisatrice américaine Brie Larson, l’acteur américain Paul Dano, l’écrivain afghan Atiq Rahimi, le réalisateur argentin Damián Szifron, ainsi que la réalisatrice française Julia Ducournau, qui remporta la récompense suprême en 2021.

    - Le Festival de Cannes l’a décernée à Forest Whitaker, Agnès Varda, Jean-Pierre Léaud, Jodie Foster ou Manoel de Oliveira, Michael Douglas recevra la Palme d’or d’honneur du 76e Festival de Cannes, qui saluera sa brillante carrière et son engagement pour le cinéma. Le Festival de Cannes lui rendra hommage lors de la cérémonie d’Ouverture, qui sera retransmise en direct sur France 2 et sur Brut. à l’international, le mardi 16 mai prochain.

    - Après la réalisatrice, actrice et productrice italienne Valeria Golino, l'acteur américain John C. Reilly sera le Président du Jury Un Certain Regard du 76e Festival de Cannes. Il sera entouré de la réalisatrice et scénariste française Alice Winocour, de l'actrice allemande Paula Beer, du réalisateur et producteur franco-cambodgien Davy Chou et de l'actrice belge Émilie Dequenne. Il aura pour mission de remettre le Palmarès de cette section qui célèbre un jeune cinéma, d’auteur et de découverte. 20 œuvres sont sélectionnées cette année (dont la dernière figure en fin de ce communiqué), parmi lesquelles 8 sont des premiers films. L’année dernière, c’est le film des réalisatrices françaises Lise Akoka et Romane Gueret, Les Pires, qui avait remporté le Prix Un Certain Regard remis par la Présidente du Jury Valeria Golino.

    - Salem de Jean-Bernard Marlin a également été ajouté à la sélection Un Certain Regard lors de l'annonce du jury.

    - Comme chaque année, Cannes Classics et le Cinéma de la Plage nous réservent des projections qui s’annoncent réjouissantes. Cette sélection 2023 est dédiée à Jean-Luc Godard dont le dernier travail, Drôles de guerres, sera présenté, comme tous ses derniers films, en avant-première au Festival de Cannes. Le cinéaste sera ainsi célébré avec la présentation en exclusivité mondiale de son dernier film, d’un nouveau documentaire qui lui est consacré et de la restauration 4K d’un de ses chefs-d’œuvre les plus célèbres.

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    Parmi les séances de Cannes Classics que je vous recommande également : Classe tous risques de Claude Sautet en version restaurée ou encore Quand Jim Jarmusch rencontre Man Ray. Les quatre films du légendaire photographe Man Ray viennent ainsi d’être restaurés. Jim Jarmusch et Carter Logan, du groupe Sqürl, les ont réunis en un seul et unique objet artistique et en ont composé la bande originale. Actrice et réalisatrice, souvent venue en Sélection officielle, Présidente du Jury en 2001, Liv Ullmann sera également présente pour cette 76e édition à l’occasion d’un documentaire dans lequel elle se livre sur sa carrière, sa vie et ses engagements. Vous pourrez également (re)voir La Maison du docteur Edwards dAlfred Hitchcock. Une présentation et une restauration de Walt Disney Studios en association avec The Film Foundation, avec la participation de l’Academy Film Archive, avec la participation de Martin Scorsese et de Steven Spielberg. A ne pas manquer également : la célébration de Jean-Pierre Bacri avec l’inénarrable film Le Sens de la fête d’Éric Tolédano et Olivier Nakache . Une présentation de Gaumont. En copie neuve, la plus grande comédie de ces dernières années avec un Jean-Pierre Bacri majestueux.  En présence des réalisateurs d’Éric Tolédano et Olivier Nakache venus fêter le Festival de Cannes sur la Plage.

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    Parmi les autres évènements de ce Cannes Classics 2023, figure également l’avant-première mondiale de Flo  de Géraldine Danon   Un film-événement sur la grande navigatrice Florence Arthaud.  En présence de Géraldine Danon, Stéphane Caillard, Samuel Jouy, Pierre Deladonchamps et Alexis Michalik. Retrouvez, ici, le programme complet de Cannes Classics et du Cinéma de la Plage 2023.

     

    - Le jury du Prix de la Citoyenneté sera présidé par Maria de MEDEIROS (Actrice, réalisatrice, scénariste, et compositrice franco-portugaise), accompagnée de :  Philippe Faucon (Réalisateur, scénariste, producteur français), Rachid Hami (Acteur, réalisateur et scénariste franco-algérien), Inna Modja (Musicienne et actrice malienne), Sophie Torlottin (Journaliste, cheffe- adjointe du service Culture de RFI). Leila et ses frères de Saeed Roustaee (dont vous pouvez retrouver ma critique ici) avait l’an passé obtenu le Prix de la Citoyenneté. Line Toubiana, Françoise Camet, Guy Janvier, Jean-Marc Portolano ont créé en 2017 une association, Clap Citizen Cannes. Ces quatre fondateurs de l'association, tous critiques et cinéphiles passionnés, sont attachés aux valeurs d'humanisme, d'universalisme et de laïcité de la Citoyenneté.  Le président de l'association est Laurent Cantet (palme d'or 2008 pour son mémorable Entre les murs). Cette association a pour but de décerner le prix de la citoyenneté à un des films de la sélection officielle du Festival du Film International de Cannes. Le film primé incarne des valeurs humanistes, laïques et universalistes. Le président du jury de la première édition du Prix de la Citoyenneté était le cinéaste Abderrhamane Sissako. Pour en savoir plus :  https://www.prixdelacitoyennete.fr/

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    - La Semaine du Cinéma Positif dont ce sera cette année la 8ème édition aura lieu du 24 au 27 mai 2023, parrainée par l'acteur et réalisateur Eric Judoc. Créée en 2016 par Positive Planet présidé par Jacques Attali, en partenariat avec le CNC et la Ville de Cannes, la Semaine du Cinéma Positif (dirigée par Sam Bobino) à l’occasion du Festival International du Film de Cannes, consacre un cinéma qui change notre regard sur le monde, éveille les consciences, interroge son industrie et met son art au service des générations futures. Le cinéma positif rassemble, fait bouger les lignes, influence nos modes de pensées, nos comportements et invite les citoyens du monde entier à s’engager. La 8e édition de la Semaine du Cinéma Positif proposera, pendant le Festival International du Film, du 24 au 27 mai prochain, des projections de films en salle et en plein air, des rencontres et la remise du prix du cinéma positif 2023 au film le plus positif en compétition officielle à Cannes. Retrouvez mon article détaillant le programme de cette 8ème Semaine du Cinéma Positif, ici.

    SELECTION OFFICIELLE DU FESTIVAL DE CANNES 2023

     

    FILM D’OUVERTURE

    JEANNE DU BARRY

    Maïwenn

    Hors Compétition

     

    COMPETITION

     

    CLUB ZERO

    Jessica Hausner

    THE ZONE OF INTEREST

    Jonathan Glazer

     

    FALLEN LEAVES

    Aki Kaurismaki

     

    LES FILLES D'OLFA

    Kaouther Ben Hania

     

    ASTEROID CITY

    Wes Anderson

     

    ANATOMIE D'UNE CHUTE

    Justine Triet

     

    MONSTER

    Kore-eda Hirokazu

     

    IL SOL DELL'AVVENIRE

    Nanni Moretti

     

    L'ÉTÉ DERNIER

    Catherine Breillat

     

    KURU OTLAR USTUNE (LES HERBES SÈCHES)

    Nuri Bilge Ceylan

     

    LA CHIMERA

    Alice Rohrwacher

     

    LA PASSION DE DODIN BOUFFANT

    Tran Anh Hung

     

    RAPITO

    Marco Bellocchio

     

    MAY DECEMBER

    Todd Haynes

     

    JEUNESSE

    Wang Bing

     

    THE OLD OAK

    Ken Loach

     

    BANEL ET ADAMA

    Ramata-Toulaye Sy

    1er film

     

    PERFECT DAYS

    Wim Wenders

     

    FIREBRAND

    Karim Aïnouz

     

    UN CERTAIN REGARD

     

    LE RÈGNE ANIMAL

    Thomas Cailley

    Film d'ouverture

     

    LOS DELINCUENTES

    Rodrigo Moreno

     

    HOW TO HAVE SEX

    Molly Manning Walker

    1er film

     

    GOODBYE JULIA

    Mohamed Kordofani

    1er film

     

    KADIB ABYAD (LA MÈRE DE TOUS LES MENSONGES)

    Asmae El Moudir

     

    SIMPLE COMME SYLVAIN

    Monia Chokri

     

    CROWRÃ

    João Salaviza, Renée Nader Messora

     

    LOS COLONOS (LES COLONS)

    Felipe Gálvez

    1er film

     

    AUGURE

    Baloji Tshiani

    1er film

     

    THE BREAKING ICE

    Anthony Chen

     

    ROSALIE

    Stéphanie Di Giusto

     

    THE NEW BOY

    Warwick Thornton

     

    IF ONLY I COULD HIBERNATE

    Zoljargal Purevdash

    1er film

     

    HOPELESS

    Kim Chang-hoon

    1er film

     

    TERRESTRIAL VERSES

    Ali Asgari, Alireza Khatami

     

    RIEN À PERDRE

    Delphine Deloget

    1er film

     

    LES MEUTES

    Kamal Lazraq

    1er film

     

    HORS COMPETITION

     

    INDIANA JONES ET LE CADRAN DE LA DESTINÉE

    James Mangold

     

    COBWEB

    Kim Jee-woon

     

    THE IDOL

    Sam Levinson

     

    KILLERS OF THE FLOWER MOON

    Martin Scorsese

     

    SEANCES DE MINUIT

     

    KENNEDY

    Anurag Kashyap

     

    OMAR LA FRAISE

    Elias Belkeddar

     

    ACIDE

    Just Philippot

     

    CANNES PREMIERE

     

    KUBI

    Takeshi Kitano

     

    BONNARD, PIERRE ET MARTHE

    Martin Provost

     

    CERRAR LOS OJOS (FERMER LES YEUX)

    Victor Erice

     

    LE TEMPS D'AIMER

    Katell Quillévéré

     

    SEANCES SPECIALES

     

    MAN IN BLACK

    Wang Bing

     

    OCCUPIED CITY

    Steve McQueen

     

    ANSELM (DAS RAUSCHEN DER ZEIT) (LE BRUIT DU TEMPS, ANSELM KIEFER)

    Wim Wenders

     

    RETRATOS FANTASMAS (PORTRAITS FANTÔMES)

    Kleber Mendonça Filho

    COMPLEMENTS DE SELECTION OFFICIELLE (ANNONCES DU 24 AVRIL)

    COMPÉTITION

    BLACK FLIES

    Jean-Stéphane Sauvaire

    LE RETOUR

    Catherine Corsini

    (Projection le 17 mai)

    CANNES PREMIÈRE

    PERDIDOS EN LA NOCHE

    Amat Escalante

    L'AMOUR ET LES FORÊTS

    Valérie Donzelli

    (Au cinéma le 24 mai)

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    EUREKA

    Lisandro Alonso

    HORS COMPÉTITION

    L'ABBÉ PIERRE – UNE VIE DE COMBATS

    Frédéric Tellier

    (Au cinéma le 15 novembre 2023)

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    UN CERTAIN REGARD

    ONLY THE RIVER FLOWS

    Wei Shujun

    UNE NUIT

    Alex Lutz

    Le film sera projeté Hors Compétition en clôture du Certain Regard

    COURT MÉTRAGE

    FILLES DU FEU

    Pedro Costa

    SÉANCES SPÉCIALES

    LITTLE GIRL BLUE

    Mona Achache

    BREAD AND ROSES

    Sahra Mani

    LE THÉORÈME DE MARGUERITE

    Anna Novion

    SÉANCES DE MINUIT

    HYPNOTIC

    Robert Rodriguez

    PROJECT SILENCE

    Kim Tae-gon 

    LA SEMAINE DE LA CRITIQUE 2023

    C'est une image du sublime Aftersun de Charlotte Wells qui figure cette année sur l'affiche de l'édition 2023. Une petite digression pour vous parler de ce film à voir absolument. Un film sublime et triste, sublimement triste, comme un soleil d’été ardent soudain masqué après avoir ébloui avec intransigeance, comme l’insouciance et l’enfance et un père qui s’éclipsent avec une brusquerie déconcertante, peut-être à tout jamais. Film impressionniste sur quelques jours d’été entre un père et sa fille en Turquie. La gaieté un peu mélancolique de l’une. « Sur ce sentiment inconnu, dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse » aurait pu écrire Sagan à son propos, aussi. Les énigmatiques bleus à l’âme (titre d’un excellent roman de Sagan, aussi, au passage) de l’autre. Tous deux au bord du vide, chacun à leur manière : la fin des illusions pour l’un, de l’enfance pour l’autre. Moment suspendu, instants faussement futiles, dont on devine vaguement qu’ils sont essentiels, qu’on voudrait retenir mais comme les grains de sable qui filent entre les doigts, déjà ils périclitent entre les mailles de la mémoire. Un film gracieux, d’une délicatesse mélancolique qui charrie la beauté fugace de l’enfance devenue songe et la saveur inégalable de ses réminiscences (floues). Et puis ce dernier plan !! Celui du vide et du mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, que laissent les instants futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout. Renversant d’émotions. Vous chavirerez, aussi, surtout si votre soleil d’enfance a été dévoré par l’ombre…

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    Le jury sera cette année présidé par Audrey Diwan.

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    LA QUINZAINE DES CINEASTES 2023

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    L'affiche 2023 rend hommage au sublime Val Abraham de Manoel de Oliveira (inspiré de Madame Bovary de Gustave Flaubert) qui fête cette année son 30e anniversaire (Quinzaine des Réalisateurs 1993).

    Tandis que la censure menaçait la parution de son roman, Flaubert avait déclaré : "Il y a de l'immoralité à bien écrire". La Quinzaine nous invite ainsi "au voyage du 17 au 26 mai à la découverte d'œuvres singulières, libres et impertinentes."

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    En plus de son programme alléchant, pour la clôture, la Quinzaine des Cinéastes nous proposera un programme exceptionnel avec Tarantino qui vinedra présenter un film surprise et discuter autour de sa contre histoire du cinéma. 

     

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    ET POUR VOS DEJEUNERS ET SOIREES...

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    Chaque année, pendant le Festival de Cannes, nous pouvons faire confiance à Nomade pour nous réserver les plus beaux moments de détente et d'échanges professionnels en toute convivialité, des escales gastronomiques et artistiques entre deux séances le midi ou en soirées. On se souvient ainsi d'inoubliables instants sur le rooftop du Five Seas Hotel, sur le toit du Palais des Festivals ou encore sur la plage Vegaluna.

    Cette année, pour la 76ème édition du Festival de Cannes, c'est sur la plage et le rooftop de l'hôtel 3.14 que s'installe Nomade, co-production de l'agence de communication Cartel (qui a récemment représenté des films que je vous avais vivement recommandés parmi lesquels "Les Trois mousquetaires : D'Artagnan", "Mon Crime", "La Syndicaliste", "Le Parfum vert", "Ténor"...)  et du groupe Le Perchoir.

    Résidence artistique itinérante et agence expérientielle créée par les fondateurs du groupe Perchoir et de l’agence de communication Cartel, Nomade réunit les communautés du cinéma, de la musique, des arts et de la gastronomie pour créer des moments mémorables. Pour en savoir plus , retrouvez ici mon article à ce sujet sur Inthemoodforcannes.com.

     

  • Festival de Cannes 2023 – Présentation de la 8ème Semaine du Cinéma Positif

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    Je vous parle chaque année de la Semaine du Cinéma Positif (dont je vous recommande d'ores et déjà la programmation, ouverte à tous) qui, à l’image du Prix de la Citoyenneté que j’évoquais ici, met en valeur un cinéma « citoyen » avec pour objectifs : offrir une tribune au cinéma engagé et lanceur d’alertes, inciter les professionnels du cinéma à faire des films qui donnent envie de s’engager pour améliorer le monde dans l’intérêt des générations futures, inscrire l’événement dans l’ADN du Festival de Cannes, donner accès à la culture pour tous, offrir un événement autour du cinéma, gratuit, populaire et ouvert à tous.

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    (c) Vincent Muller

    Cette 8ème édition de la Semaine du Cinéma Positif aura lieu à Cannes, sous les auspices du Festival International du Film, du 24 au 27 mai et sera parrainée par l’acteur et réalisateur Éric Judor.

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    Créée en 2016 et organisée par le groupe Positive Planet présidé par Jacques Attali, en partenariat avec le CNC et la Ville de Cannes, la Semaine du Cinéma Positif (dirigée par Sam Bobino) a lieu chaque année à Cannes pendant le Festival International du Film et consacre un cinéma qui change notre regard sur le monde, interroge son industrie et met son art au service des générations futures. Le Cinéma Positif a pour vocation d’interpeller le spectateur, de le faire réagir et de l’encourager à s’engager et à agir pour un monde meilleur.

    Au total, ce sont 27 films qui seront projetés ou diffusés durant la 8e Semaine du Cinéma Positif (en salle, en plein air ou sur plateforme) et une dizaine de tables rondes ou rencontres qui seront organisées. Toutes les projections et rencontres sont gratuites et ouvertes au public, pour permettre à tous de pouvoir participer à l’événement.

    Au programme : des projections de longs métrages et de courts métrages pendant le Festival de Cannes en salle et en plein air (en partenariat avec TV5Monde, la Ville de Cannes et les festivals Méga Cities-Short Docs et Hello Planet), des conférences sur la plage du CNC et à la Fnac de Cannes : tables rondes et échanges avec des personnalités et professionnels du cinéma autour de la thématique de l’inclusion et de l’engagement, des rencontres avec les collégiens et les étudiants en cinéma de la Ville de Cannes et avec le public (partage d’expériences), la remise du Prix du Cinéma Positif au long métrage le plus positif de la sélection officielle en compétition au Festival de Cannes, la montée des marches de la délégation du Cinéma Positif, une programmation spéciale Cinéma Positif sur TV5 MONDE plus.

    Pendant la Semaine du Cinéma Positif à Cannes, l’acteur et réalisateur Éric Judor participera notamment à une rencontre avec les étudiants en cinéma du Campus de Cannes Georges Méliès pour un «partage d’éxpériences» (le jeudi 25 mai à 11 h), ainsi qu’à une rencontre sur la plage du CNC (le vendredi 26 mai à 11 h) et à la Fnac rue d’Antibes (le samedi 27 mai à 11 h). Éric Judor viendra également présenter son film Problemos (sortie en 2017), sur la place du Marché de la Bocca, à l’occasion d’une projection en plein air organisée avec la Ville de Cannes et en présence du Maire, David Lisnard (jeudi 25 mai à 21 h). Pour que la fête soit partout dans la ville et également dans les quartiers populaires. (L’ensemble de ces rendez-vous sont gratuits et ouverts au public).

    Le film Des quartiers au sommet sera projeté en avant-première en ouverture, en présence des réalisateurs Marine BOURGUIGNON TROMBINI & Loïc PREGHENELLA, de Nadir DENDOUNE (auteur du livre «Un Tocard sur le toit» qui a inspiré le film qui a inspiré le film L’Ascension et ce documentaire), de l’acteur Ahmed SYLLA (sous réserve) ainsi que des 30 adolescents de Seine-Saint-Denis et de Cannes qui feront le déplacement spécialement pour l’occasion.

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    Une programmation spéciale « Semaine du Cinéma Positif» sera proposée pendant la durée du Festival de Cannes, sur la plateforme TV5MONDEplus, du 19 au 28 mai, afin de partager l’événement partout dans le monde.

    Comme chaque année, les conférences de la Semaine du Cinéma Positif viendront clôturer le programme officiel des rencontres de la plage du CNC (plage du Gray d’Albion). Cette année les thèmes principaux seront: « le cinéma comme moyen d’inclusion professionnelle», « l’engagement », « l’écologie» (à quelques jours du traité international contre la pollution plastique à Paris présidé par le Président de la République, M. Emmanuel Macron, en présence de 145 chefs d’État) et le «genre documentaire», puisque c’est l’année du documentaire en France à l’initiative du CNC.

    PROGRAMME DES CONFÉRENCES DU 26 MAI

    11 h-11 h 15 > Ouverture

    11 h 15-12 h > Table ronde : Le cinéma comme moyen d’inclusion professionnelle

    12 h-13 h > Table ronde : «Le documentaire positif pour donner envie de s’engager» et «Le documentaire-court positif, nouveau format idéal pour créer de l’engagement auprès de la nouvelle génération ?»

    15 h-15 h 15 > Diffusion des Courts Métrages Lauréats du Hello Planet Festival 2022 (3 films autour du thème de «L’Alimentation de demain »: Viande (en présence du réalisateur Léo GIRAUDEAU), Le Batman-la nouvelle super diète, Jus-Tice)

    15 h 15-16 h > Table ronde: La Transition environnementale du cinéma : Où en sommes-nous? Vers un cinéma plus éco-responsable et éco-impactant

    16 h-16 h 30 > Table ronde: Grand témoin

    À l’issue de la journée de débats du 26 mai, aura lieu à 16h30, plage du CNC, la remise du Prix du Cinéma Positif au film le plus positif de la Sélection Officielle de la  76ème édition du Festival de Cannes, en présence de Jacques  Attali et des talents lauréats et remettants.

    Chaque année, une montée des marches symbolique du Palais des Festivals de Cannes par les différents « acteurs» de la Semaine du Cinéma Positif est organisée. Cette séquence est à la fois l’occasion de réaffirmer les liens forts qui unissent le Festival International du Film avec la Semaine du Cinéma Positif (placée officiellement sous les auspices du Festival de Cannes) et de mettre en lumière davantage la présence des talents engagés invités et le cinéma positif en général (vendredi 26 mai à 19 h).

  • CRITIQUE – LE COURS DE LA VIE de Frédéric Sojcher (au cinéma le 10 mai 2023)

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    Dans On connaît la chanson d’Alain Resnais, dont Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ont signé le (si inventif) scénario, dans le dernier acte, à l’occasion d’une fête, tous les protagonistes sont réunis, et chaque personnage laisse tomber son masque, de fierté ou de gaieté feinte. Dans l’appartement dans lequel a eu lieu cette fête, ne reste qu’un sol jonché de bouteilles et d'assiettes vides, le lieu comme les personnages alors débarrassés du souci des apparences, et du rangement (de tout et chacun dans une case). Les personnages d'On connaît la chanson sont ainsi avant tout seuls, enfermés dans leurs images, leurs solitudes, leur inaptitude à communiquer, et les chansons leur permettent souvent de révéler leurs vérités, personnalités ou désirs masqués, tout en ayant souvent un effet tendrement comique. La séquence finale se termine cependant ensuite par une pirouette, toute l’élégance de Resnais et de ses scénaristes figurant là, dans cette dernière phrase qui nous laisse avec un sourire, et l’envie de saisir l’existence avec légèreté. C’est avec ce même sentiment que j’ai quitté, bouleversée, les personnages du film de Frédéric Sojcher (qui eux ne communiquent pas par chansons interposées mais par leçon de scénario interposée), celui de vouloir embrasser (et scénariser) chaque parcelle de seconde de l’existence.

    Ce début d’année 2023 n’a pourtant pas été avare en (excellents) films sur le cinéma : Empire of light de Sam Mendes, la fresque foisonnante de Damien Chazelle, Babylon, mais surtout The Fabelmans de Steven Spielberg. Ce dernier, en plus d’être une ode à la magie du cinéma qui éclaire et sublime la réalité (à l’image de cette hypnotique danse à la lueur des phares qu’il met en scène), démontre le pouvoir cathartique de l’art. Un film mélancolique et flamboyant, intime et universel. Le cours de la vie de Frédéric Sojcher, cette quatrième déclaration d’amour cinématographique de l’année au septième art, contre toute apparence, ne manque pas de points communs avec la nouvelle œuvre de Spielberg. Dans l’un comme dans l’autre film, le cinéma est un pansement sur les plaies béantes de l’existence et de l’âme. L’un et l’autre sont aussi de remarquables mises en abyme, à la fois intimes et universelles. Je précise en préambule que c’est même une double mise en abyme me concernant, ayant fait partie de la première promotion du Master 2 Scénario, réalisation, production que Frédéric Sojcher a initiée et dirige toujours à la Sorbonne, et ayant suivi ses cours à Rennes puis à Paris. À son actif également : cinq longs métrages, trois fictions et deux documentaires.

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    Dans son indispensable livre sur le scénario Atelier d’écriture (publié dans la collection que dirige Frédéric Sojcher aux éditions Hémisphères, réédité ce mois-ci avec une nouvelle couverture), le scénariste du Cours de la vie, Alain Layrac, recommande Martin Eden, le roman de Jack London qui, selon lui, « décrit mieux qu’aucun autre livre ce sentiment euphorisant et éphémère de la satisfaction du travail d’écriture accompli. » C’est en effet un -sublime- roman (que je vous recommande au passage) qui entrelace la fièvre créatrice et amoureuse qui emprisonnent, aveuglent et libèrent. Un entrelacs que l’on retrouve aussi dans Le cours de la vie. Ce sont deux livres dont les souvenirs, puissants, ne m’ont pas quittée, même des années après leur lecture. Les mots du livre d’Alain Layrac m’ont ainsi accompagnée après sa lecture en 2017 (une amie que je ne remercierai jamais assez avait eu la bonne idée de me l’offrir), et aujourd’hui encore, comme cela peut être le cas pour les personnages d’un roman ou d’un film, ils continuent à vivre avec moi, intégrés à ma propre histoire. Et puis le livre avait pour couverture initiale une image du film Les choses de la vie de Claude Sautet, c’était forcément déjà une belle promesse. Au-delà de ses excellents conseils d’écriture, de ce livre je garde en mémoire des passages particulièrement forts qui ont d’ailleurs donné lieu à des scènes très émouvantes dans le film de Frédéric Sojcher mais aussi des phrases qui font particulièrement écho comme cette phrase d’Harold Mac Millan : « On devrait utiliser le passé comme trempoline et non comme sofa. » Ou encore cette citation de l’auteur : « Tant que j’aurai l’envie de raconter une histoire, je resterai vivant. »

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    Si, en apparence, adapter un essai en scénario peut sembler improbable, j’espère que cette introduction lèvera vos doutes à ce sujet. Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement d’un essai. Sans doute ce livre aurait-il déjà pu s’appeler Le cours de la vie… L’affiche (très réussie) du film, en écho au double sens du titre, donne le ton et évoque ainsi déjà judicieusement cette mise en abyme mais aussi la nostalgie dont est empreint le long-métrage.

     Le film se déroule ainsi sur une journée de masterclass d’une scénariste dans une école de cinéma. Le scénario du film applique la célèbre règle des trois unités : unité de lieu, de temps et d’action.  Noémie (Agnès Jaoui) retrouve Vincent (Joanthan Zaccaï), son amour de jeunesse, dans l'école de cinéma de Toulouse dont il est désormais directeur pour y donner une masterclass, à l’invitation de ce dernier. Et si Noémie ne donnait pas seulement une masterclass pour les étudiants de l’école mais s’adressait aussi à quelqu’un en particulier ?   Et si… C’est ainsi la formule magique du scénariste selon Alain Layrac (que Noémie enseigne à ses élèves), celle qui permet de démarrer toute histoire.

     Être auteur, n’est-ce pas aussi être le scénariste de sa propre vie, entremêler sans cesse fiction et réalité, faire de sa vie le matériau de sa fiction, et instiller du romanesque dans sa vie ? En écrivant pour tous, n'écrit-on pas toujours pour une seule personne en particulier ? Noémie se livre ainsi à travers sa leçon de scénario qui va influer sur le cours de la vie (estudiantine et personnelle) de ses étudiants mais aussi sur celui de sa propre histoire. La masterclass va aussi transformer la vie des étudiants mais aussi celles de la scénariste et du directeur d’école et ainsi leur donner l’occasion à l’un et l’autre de revenir sur ce passé qui n’a jamais cessé de les habiter, et qui est resté en suspens. La salle de cours va devenir un antre dont le cadre protecteur et où le prisme du cours permettront de dire des vérités indicibles à la lumière crue de l’extérieur, comme la salle de cinéma dans laquelle chacun est à l’abri des tumultes du monde.

    Jonathan Zaccaï est parfait dans le rôle de Vincent, directeur d’école aussi réservé et maladroit que son écharpe (rouge) est voyante. Géraldine Nakache interprète elle aussi avec beaucoup de nuances et sensibilité un magnifique personnage en retrait mais essentiel, celui de la belle-soeur de Vincent, sorte de double du spectateur, puisqu’elle est la régisseuse de l’école de cinéma, et voit tout par le prisme de l’écran, mais aussi double de Noémie, ayant vécu comme elle un drame qui a changé le cours de sa vie.  Agnès Jaoui est successivement drôle, touchante, bouleversante, mais toujours charismatique dans ce magnifique rôle de femme qui semble écrit pour elle tant elle rayonne, convoquant des images puissantes par la « simple » force de ses mots et de son interprétation, comme lors de ce sublime monologue au sujet de son frère ou lors de l’évocation d’un cœur en plastique de fête foraine qui ne s’est jamais dégonflé pendant 30 ans.

    Grâce à un dispositif ingénieux de réalisation et de montage et au travail du chef opérateur Lubomir Bakchev, les scènes de masterclass (filmées à plusieurs caméras et par le recours au flou, à des recadrages brusques...) ne sont jamais ennuyeuses ou didactiques mais toujours vivantes et rythmées.

    Le film est certes un coup de projecteur sur le magnifique métier de scénariste mais aussi sur le rôle essentiel du compositeur, le troisième auteur du film. Il met en exergue le rôle primordial de la musique de film, que celle-ci exacerbe ou accompagne ou même suscite une émotion. Ainsi, aucun des extraits de films choisis par Noémie pour illustrer sa leçon de scénario n’est visible par le spectateur. Nous les « voyons » alors à travers le regard des étudiants mais surtout nous les entendons. Merveilleuse idée (même si elle fut au départ en partie dictée par des raisons budgétaires) qui nous plonge dans l’univers des films grâce aux inoubliables musiques de Vladimir Cosma. Le compositeur a ainsi accepté que Frédéric Sojcher choisisse dans le catalogue de musiques qu’il a créées pour d’autres films. En plus de ces musiques préexistantes, Vladimir Cosma (dont je vous avait dit à quel point son concert au Festival du Cinéma et Musique de Film de la Baule en 2017 était inoubliable, l’occasion d’entendre la musique de La septième cible,  La Boum, Les  Aventures de Rabbi Jacob, La Chèvre et tant d'autres, jouées par un orchestre symphonique) a aussi composé ici un morceau et une chanson originale que l’on entend au générique  et dans la cour de l’école, quand les étudiants autour de l’arbre entament les paroles d’un refrain : Et si…, une chanson pour laquelle Vladimir Cosma a travaillé avec le parolier Jean-Pierre Lang.

    « La qualité d’un scénariste, ce n’est pas tant l’imagination que le sens de l’observation des autres et de soi-même. Il faut aimer les personnages, leurs défauts, leurs faiblesses ,comme leurs qualités, peut-être même encore plus leurs défauts » rappelle ainsi Noémie à ses étudiants. Une leçon de scénario est finalement une leçon de vie, comme ce film qui nous invite à regarder (les images, les autres, l’existence) plus intensément. Un cours sur la vie autant qu’un cours de cinéma.  

    Cette journée est pour Noémie une parenthèse après laquelle en apparence rien n’a changé et après laquelle rien ne serait tout à fait pareil. Comme pour le spectateur, après ce vibrant hommage au cinéma savoureusement anticonformiste (adapter un essai sur le scénario et faire d'une masterclass le cadre des 3/4 d'un film, il fallait oser, et pourtant cela fonctionne incroyablement grâce...au scénario, mais aussi à la réalisation, constamment en mouvement). Et puis cette fin, inattendue et poignante, est une de celles que je n’oublierai pas, qui continuera à m’accompagner comme Martin Eden et le livre d’Alain Layrac. Elle m’a fait penser au fameux « Brûle la lettre » des Choses de la vie (on y revient) qui ne cesse de résonner dans mon esprit comme une ultime dissonance. Un hommage au cinéma, au métier de scénariste, à la musique de film, mais aussi au pouvoir des mots.

    Ceux qui auront connu la peine ineffable d’un deuil insurmontable en seront d’autant plus émus, tant le sujet, à travers deux magnifiques personnages de femmes, est traité avec délicatesse et poésie.  Une magnifique histoire d’amour, teintée d’humour et de mélancolie, qui entremêle sens de l'existence et du cinéma et qui nous invite à mieux regarder l’une et l’autre, mais aussi à nous laisser emporter par le tourbillon de la vie, à l'unisson de ce magnifique plan, lorsque la caméra virevolte autour d’un arbre, sublimé par la musique de Vladimir Cosma*.

    « Tant que j’aurai envie de raconter une histoire, je serai vivant. »  Ce film nous conforte dans l’idée que raconter des histoires n’est pas une manière de fuir la vie mais de l’exalter, l’adoucir, la sublimer, la regarder passionnément, la savourer plus intensément.  La force des histoires, des mots, du montage, de la musique prennent ici tout leur sens, si noble, en résonance avec nos fêlures, nos regrets, nos rêves, nos espérances, nos sentiments enfouis, jusqu’à, peut-être, modifier le cours de notre vie. Bref, une démonstration implacable et passionnante de la puissance du cinéma, des personnages quand ils sont comme ici "uniques et universels", et évidemment du scénario.

    Le cours de la vie a reçu le Prix Cineuropa et le Prix RTBF au Love International Film Festival de Mons.

    *Vladimir Cosma, compositeur de plus de 500 musiques de films, est de retour sur la scène du Grand Rex à Paris avec 3 concerts exceptionnels les 16, 17 et 18 juin 2023. Il dirigera un orchestre philharmonique, de grands chœurs, des solistes prestigieux et des invités surprise. 

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