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film - Page 77

  • Critique de « Johnny Guitar » de Nicholas Ray (1954) -actuellement sur TCM- : western atypique et flamboyant

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    Etonnamment, par un ignominieux oubli de ma part, aucun western ne figure encore dans la rubrique « Gros plan sur des classiques du septième art », bien que les westerns soient pourtant (avec les films policiers) à l’origine de ma passion pour le cinéma. J’ai donc décidé d’y remédier en commençant par un des chefs d’œuvre du genre : « Johnny Guitar », un western  de Nicholas Ray (« La fureur de vivre »…) datant de 1954.

    Tout commence dans une de ces vallées aussi majestueuses qu’hostiles. Un homme assiste à une attaque de diligence. Il n’intervient pas. Il porte en bandoulière une guitare d’où son surnom de « Johnny Guitar » (Sterling Hayden).  Il se rend dans un saloon (Que serait un western sans saloon et sans ses clients aux visages patibulaires affalés sur le bar derrière lequel se trouve toujours un barman –en général vieux, suspicieux et maugréant- ?) où il a été engagé pour jouer de la guitare. Là, pas de clients aux visages contrariés ni de barman antipathique. Un barman, certes, mais plutôt sympathique, et des croupiers. Et une femme dont le saloon porte le nom et qui en est la propriétaire : Vienna (Joan Crawford).  Le frère d’Emma, une riche propriétaire, (Mercedes McCambridge), a été tué dans l’attaque de la diligence. Emma et d’autres propriétaires terriens, viennent au saloon pour arrêter Vienna, accusant la bande du Dancing kid (Scott Brady), à laquelle Vienna est très liée, d’être à l’origine de l’attaque. Ils donnent 24h à Vienna et ses amis pour partir. Mais pour Vienna ce saloon représente toute sa vie et elle refuse de quitter les lieux. Johnny Guitar se révèle avoir été l’amant d’Emma cinq ans auparavant tandis que le Dancing kid est amoureux d’elle. La situation se complique encore quand la bande du Dancing kid attaque la banque. Vienna, suspectée d’en être la complice, devient alors le bouc-émissaire des fermiers en furie, menés par Emma qui voit là l’occasion rêvée d’abattre sa rivale…

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    Dans ce simple résumé, on peut déjà voir que « Johnny Guitar » s’affranchit des règles du western classique. Contrairement à ce que son titre pourrait indiquer, le véritable protagoniste n’est pas un homme et ce n’est pas ici l’éternel duel entre deux hommes liés par une haine farouche, immédiate ou séculaire, mais entre deux femmes : Vienna et Emma.

    Vienna, c’est donc Joan Crawford, d’une beauté étrange et irréelle, au seuil de son déclin,  dont les lignes du visage, non moins splendides, ressemblent à des lames tranchantes et fascinantes. Indomptable (en général dans les westerns les femmes sont des faire-valoir destinés à être « domptés »), déterminée, fière, forte, indépendante, aventurière, c’est Vienna la véritable héroïne du film que Joan Crawford incarne brillamment. Face à elle, Emma, aigrie, jalouse, enfermée dans ses principes.

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    Mais là n’est pas la seule originalité de « Johnny Guitar ». Derrière l’apparente opposition classique et manichéenne des westerns des bons contre les méchants se cache une subtile critique du Maccarthysme dont Nicholas Ray fut lui-même victime. Les fermiers en furie qui lynchent  aveuglément symbolisent la commission Mac Carthy souvent aveuglée par la haine et la suspicion. Sterling Hayden était lui-même passé devant la commission. Nicholas Ray aurait même délibérément  confié  à Ward Bond le rôle de chef des lyncheurs. Ce dernier était ainsi lui-même membre de "Motion Picture Alliance for the Preservation of American Ideals" qui avait activement participé à la « chasse aux sorcières ».

    Mais, même sans cela, « Johnny Guitar » serait un chef d’œuvre. Dès les premières minutes, la tension est palpable, renforcée par l’intensité du jeu et de la présence de Joan Crawford, et elle ne cessera de croître jusqu’au dénouement : classique duel final, mais non pas entre deux hommes donc mais entre les deux femmes. Les dialogues sont aussi des bijoux de finesse où s’exprime toute la nostalgie poignante d’un amour perdu qui ne demande qu’à renaitre de ses cendres. A côté de Vienna, Johnny Guitar représente une présence douce et forte, qui n’entrave pas sa liberté et non le macho cynique conventionnel des westerns.

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     Et que dire de ces plans, somptueux, ensorcelants, d’une beauté littéralement à couper le souffle : celui de Joan Crawford, dans sa robe blanche, virginale, jouant du piano, tel un animal sauvage et impérial réfugié dans son saloon assimilé à une grotte, face à la population vêtue de noir, des « vautours » prêts à fondre sur elle (une scène magistrale à la fois violemment et cruellement sublime) ; celui où elle apparaît pour la première fois en robe dans l’encadrement d’une fenêtre, soudainement à fleur de peau et fragile ; où de cette scène au clair de lune, réminiscence mélancolique de leur amour passé. Ou encore de ce brasier qui consume le saloon en même temps que leur amour tacitement se ravive. Des scènes d’une rare flamboyance (au propre comme au figuré)  pendant lesquelles les hommes et la nature se déchaînent avec des couleurs étonnantes (liées au procédé Trucolor qui fut ensuite abandonné).

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    Drame, splendide histoire d’amour, parabole politique, bien plus qu’un western, « Johnny Guitar » est un chef d’œuvre atypique, lyrique et baroque, sombre et flamboyant. D’ailleurs de Godard à Almodovar en passant par Truffaut, nombreux sont les cinéastes à l’avoir cité dans leurs films. Je vous laisse deviner lesquels… En attendant profitez de sa diffusion sur TCM pour le voir ou le revoir.

    Prochaines diffusions de « Johnny Guitar » sur TCM :

    Mardi 31 août à 18H45

    Vendredi 3 septembre à 11H35

    Dimanche 5 septembre à 20H40

    Mardi 7 septembre à 18H45

    Dimanche 12 septembre à 13H55

  • Inthemoodforcinema invité au 13ème Festival International des Scénaristes: le programme

    scenaristes.jpgHier, j'ai eu le plaisir d'apprendre que j'étais invitée au 13ème Festival International des Scénaristes qui se déroulera à Bourges du 24 au 28 mars 2010, ce dont je me réjouis (et je remercie au passage à nouveau le festival pour cette très sympathique invitation inattendue), souhaitant depuis longtemps assister à ce festival. Vous trouverez bien entendu un compte rendu sur inthemoodforcinema.com .

    Au programme: débats, leçons, ateliers parmi lesquels une table ronde "Ecrire pour le web", un débat "Culture et Territoires" etc . Robert Guédiguian est cette année l'invité d'honneur. 

     Pour en savoir plus rendez-vous sur le site officiel du festival.

     Ci-dessous, la bande-annonce du Festival réalisée par Lola Doillon.

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  • Avant-première- Critique de « Bus Palladium » de Christopher Thompson

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    Alors qu'il a toujours baigné dans l'univers cinématographique, entre son grand-père Gérard Oury et sa mère Danièle Thompson (avec laquelle il a coécrit plusieurs scénarii), Christopher Thompson a attendu d'avoir presque quarante ans pour passer derrière la caméra. Un premier film est souvent le plus personnel, celui qui porte le plus l'empreinte de son réalisateur. Christopher Thompson, lui, a choisi de nous parler de musique et d'amitié à travers une bande de jeunes musiciens...

    Lucas, (Marc-André Grondin), Manu (Arthur Dupont), Philippe (Abraham Belaga), Jacob (Jules Pelissier) et Mario (François Civil) s'aiment depuis l'enfance. Ils ont du talent et de l'espoir. Ils rêvent de musique et de gloire. Leur groupe de rock, LUST, connaît un succès grandissant, mais les aspirations de chacun rendent incertain leur avenir commun. L'arrivée de Laura (Elisa Sednaoui) dans leur vie va bousculer un peu plus ce fragile équilibre.

    Cela débute sur le sublime air de « Let it loose » des Stones et pour moi c'était déjà une bonne raison d'aimer ce film ( vous saurez désormais comment me corrompre... : -)). Et ensuite ? Ensuite, « Bus Palladium » pâtit un peu de cette brillante référence avant de nous embarquer dans sa propre musique. Plus lisse, plus douce mais non dénuée de rugosité et d'amertume. Christopher Thompson fait commencer son film dans un joyeux désordre imprégné de l'enthousiasme de ce groupe qui débute. Puis, des personnages se distinguent : Lucas et Manu surtout, définis autant par l'amitié qui les lie que par leur rapport à leurs mères. La mère de Lucas est psy, réfléchie et compréhensive. Celle de Manu est très jeune, hôtesse de l'air, elle est indépendante, libre, et vit avec son fils comme avec un colocataire, dans un incessant tourbillon. Le premier est aussi équilibré que le second vit sur le fil et en déséquilibre. Et c'est là la grande force de ce premier film qui nous en fait dépasser les faiblesses : le caractère attachant de ses personnages dont Christopher Thompson (et Thierry Klifa, son coscénariste) brosse subtilement les portraits, à travers leurs relations avec leurs parents (mère dans le cas des deux précités ou grand-mère dans le cas de Babcia la grand-mère de Jacob qui ne parle que Yiddish.) Il sait singulariser ses personnages, les distinguer, nous les rendre familiers, particulièrement aidé en cela par trois acteurs exceptionnels. D'abord, la découverte Arthur Dupont qui interprète l'écorché vif Manu qui joue la comédie avec un air de Romain Duris et chante avec la voix de De Palmas. Ensuite Marc-André Grondin qui de nouveau en est au « premier jour du reste de sa vie ». et Elisa Sednaoui, séductrice et forte avec juste ce qu'il faut de fragilité qui affleure.

    Ces trois-là nous valent de suivre le film avec intérêt, leurs relations parfois troubles, surtout fortes, leur douloureux et définitif adieu à l'adolescence et le cruel renoncement à leurs rêves. Dommage alors que le reste soit si peu « rock », si peu à l'image du nom du groupe « Lust » (qui signifie luxure), que tout semble tellement lisse, que le Bus Palladium et certains personnages (au contraire de ces trois-là qui en ont tant) manquent  de caractère, que le film ait refusé de se situer vraiment dans une époque pour malheureusement ne pas parvenir non plus à être intemporel ( l'intrigue se déroule dans les années 80 avec des références vestimentaires des années 1970  et un vocabulaire des années 2000 « taf », « buzz » sans oublier la nourriture venant de chez Quick...).

    Malgré cela, émanent de ces trois personnages  principaux un tel charisme et une belle fragilité qu'on les quitte avec regret même s'ils nous laissent, comme Rizzo (lumineuse Naomi Greene)qui, dans le dernier plan, regarde à travers une vitre baignée de soleil, avec le bel espoir et la force d'un avenir (plus) radieux. Allez-y ne serait-ce que pour ces trois-là qui crèvent l'écran... Une première réalisation imparfaite mais attachante avec quelques beaux plans qui reflètent bien le tourbillon d'effervescence et de mélancolie mêlées de cette période charnière de leurs existences.

     

    Sortie en salles : le 17 mars 201

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  • Les films romantiques incontournables

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    hp2.jpgPour la première fois, aujourd'hui, j'ai regardé l'émission "Cinémas" sur France 5 (chaque samedi à 17H55 ) animée par Serge Moati. Parmi les sujets du jour: un débat sur la comédie romantique. Un genre malheureusement méprisé, en France en tout cas, et auquel je m'intéresse tout particulièrement actuellement en m'essayant à l'écriture de la comédie romantique, et j'avoue que c'est d'ailleurs particulièrement jubilatoire à faire (j'espère avoir prochainement l'occasion de vous en reparler). J'en regarde donc un grand nombre en ce moment.

    Je suppose que chacun a sa définition du romantisme qui, si l'on en croit le dictionnaire désigne " les tourments du coeur et de l'âme". Il est aussi souvent synonyme de rêve et de mélancolie. Pour ce qui est du cinéma, j'y ajouterai avec au centre une histoire d'amour, parfois contrariée ou passionnée, ou les deux.

     La comédie romantique est, quant à elle, un genre à part du film romantique puisqu'elle a cela de particulier qu'elle se termine toujours bien et que nous le savons dès le départ, après que les protagonistes aient franchi un certain nombre d'obstacles.

     Ci-dessous vous trouverez les films romantiques qui me viennent immédiatemenent à l'esprit mais je suis certaine que dans 5 minutes j'en aurai d'autres à vous soumettre...

    J'ai donc choisi de mêler ces définitions et d'y inclure de véritables chefs d'oeuvre ("Sur la route de Madison", "La Fièvre dans le sang, "Les Lumières de la ville"...) qui sont aussi des films plus dramatiques, à des comédies romantiques pures sans prétention si ce n'est celle de distraire comme "Love actually", elles n'en sont pas moins jubilatoires si on n'en attend pas davantage. Des films que je revois inlassablement avec le même plaisir... (sans ordre particulier)

    Sur la route de Madison de Clint Eastwood

    Un coeur en hiver de Claude Sautet

    Lost in translation de Sofia Coppola

    Casablanca de Michael Curtiz

    La femme d'à côté de François Truffaut

    La fille sur le pont de Patrice Leconte

    Les enfants du paradis de Marcel Carné

    Indochine de Régis Wargnier

    Un homme et une femme de Claude Lelouch

    Le Quai des brumes de Marcel Carné

    Les lumières de la ville de Charles Chaplin

    La fièvre dans le sang d'Elia Kazan

    Les poupées russes de Cédric Klapisch

    In the mood for love de Wong Kar Wai

    Les Enchaînés d'Alfred Hitchcock

    La leçon de piano de Jane Campion

    Elle et lui de Leo Mc Carey

    Gatsby le Magnifique de Jack Clayton

    Out of Africa de Sydney Pollack

    Le Guépard de Luchino Visconti

    Le Patient Anglais d'Antony Minghella

    Autant en emporte le vent de Victor Fleming

    La Rose pourpre du Caire de Woody Allen

    Le Docteur Jivago de David Lean

    Two lovers de James Gray

    Love actually de Richard Curtis

    Pretty woman de Garry Marshall

    Quatre mariages et un enterrement de Mike Newell

    La Strada de Federico Fellini

    Et pour, vous quels sont les films romantiques par excellence?

  • 27ème Festival International du Premier Film d'Annonay

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    Je vous ai déjà parlé à maintes reprises de ce festival depuis ma participation à son jury de cinéphiles en 2007 (cliquez ici pour lire mon compte rendu du Festival International du Premier Film d'Annonay 2007), un festival que je ne peux que vous inciter à découvrir pour sa convivialité, la richesse de sa programmation, pour ses premiers films parmi lesquels se cachent souvent des pépites, pour ses passionnés organisateurs...

     Au programme de cette édition 2010 qui se déroule du 29 janvier au 8 février:  une programmation sous le signe des "Rêves et cauchemars" ("Armacord", "Brazil", "Duel", "La Cité des enfants perdus", "La Science des rêves", "Le labyrinthe de Pan"...); huit premiers longs-métrages de fictions de nationalités différentes; un jury de cinéphiles sélectionnés en France mais aussi (et pour la première fois) en Angleterre, Allemagne, Italie, lequel sera présidé par la réalisatrice Aurélia Georges; une leçon de cinéma de Jean-Pierre Jeunet ce samedi; une journée spéciale en compagnie du réalisateur Jean-Pierre Améris; une sélection consacrée à Jonathan Zaccaï également invité au festival...

    Pour en savoir plus: le site officiel du Festival International du Premier Film d'Annonay

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  • "Le ruban blanc" de Michael Haneke: à ne pas manquer mercredi!

    Sans doute trop impatiente de vous le recommander, je me suis trompée sur sa date de sortie et vous ai parlé de ce film une semaine trop tôt , c'est pourquoi je vous en parle de nouveau aujourd'hui. Il sort donc en salles mercredi prochain, ne le manquez pas!

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    Photo: inthemoodforcannes.com (clôture du Festival de Cannes 2009)
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    pariscinema.jpgDans le cadre de Paris Cinéma, était projetée la palme d’or du Festival de Cannes 2009 : « Le ruban blanc » de Michael Haneke qui sort en salles ce mercredi. N’ayant pas pu le voir sur la Croisette, j’étais impatiente de voir ce film que le jury avait préféré au magistral « Un Prophète » de Jacques Audiard (cliquez ici pour lire mes commentaires) et surtout à « Inglourious  Basterds » de Quentin Tarantino (cliquez ici pour lire ma critique), mon coup de cœur de ce Festival de Cannes 2009.

     

    En raison de l’inimitié ou de la potentielle rancœur subsistant entre Isabelle Huppert et Quentin Tarantino suite à leurs dissensions lors du casting d’ « Inglourious Basterds » et du lien particulier qui unit cette dernière à Haneke  ( « La Pianiste » du même Haneke lui a valu un prix d’interprétation cannois), je supposais  que « Le ruban blanc » devait être un chef d’œuvre tel que ce prix mettait la présidente du jury 2009 hors du moindre soupçon d’avoir favorisé le réalisateur autrichien, pour des raisons autres que cinématographiques.

     

    Alors, « un ruban blanc » est-il ce chef d’œuvre irréfutable faisant de cette palme d’or une évidence ?

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    Haneke est aussi outrancier dans l’austérité que Tarantino l’est dans la flamboyance. Leurs cinémas sont à leurs images, extrêmes. Alors difficile de comparer deux films aussi diamétralement opposés même si pour moi l’audace, l’inventivité, la cinéphilie de Tarantino le plaçaient au-dessus du reste de cette sélection 2009. Audace, inventivité, cinéphilie : des termes qui peuvent néanmoins tout autant s’appliquer à Haneke même si pour moi « Caché » (pour lequel il avait reçu un prix de la mise en scène en 2005) méritait davantage cette palme d’or (et celui-ci un Grand Prix) qui, à défaut d’être une évidence, se justifie et se comprend aisément.
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    Synopsis : Un village de l’Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre Mondiale. Un instituteur raconte l’histoire d’étranges incidents qui surviennent dans la petite communauté protestante formée par les élèves et leurs familles. Peu à peu, d’autres accidents surviennent et prennent l’allure d’un rituel primitif.

     

    Quel qu’en soit l’enjeu  et aussi âpre soit-elle, Haneke a le don de créer une atmosphère quasi hypnotique, et de vous y plonger. L’admiration pour la perfection formelle  l’emporte toujours sur le rejet de l’âpreté, sur cette froideur qui devrait pourtant nous tenir à distance, mais qui aiguise notre intérêt, notre curiosité. La somptuosité glaciale  et glaçante de la réalisation, la perfection du cadre et des longs plans fixes où rien n’est laissé au hasard sont aussi paralysants que l’inhumanité qui émane des personnages qui y évoluent.

     

    Derrière ce noir et blanc, ces images d’une pureté étrangement parfaite,  à l’image de ces chérubins blonds symboles d’innocence et de pureté (que symbolise aussi le ruban blanc qu’on leur force à porter) se dissimulent la brutalité et la cruauté.

     

    L’image se fige à l’exemple de cet ordre social archaïquement hiérarchisé, et de cette éducation rigoriste et puritaine dont les moyens sont plus cruels que les maux qu’elle est destinée prévenir et qui va provoquer des maux plus brutaux encore que ceux qu’elle voulait éviter. La violence, au lieu d’être réprimé, s’immisce insidieusement pour finalement imposer son impitoyable loi. Cette violence, thème cher à Haneke, est toujours hors champ, « cachée », et encore plus effrayante et retentissante.

     

    Ce ruban blanc c’est le symbole d’une innocence ostensible qui dissimule la violence la plus insidieuse et perverse. Ce ruban blanc c’est le signe ostentatoire d’un passé et de racines peu glorieuses qui voulaient se donner le visage de l’innocence. Ce ruban blanc, c’est le voile symbolique de l’innocence qu’on veut imposer pour nier la barbarie, et ces racines du mal qu’Haneke nous  fait appréhender avec effroi par l’élégance moribonde du noir et blanc.

     

    Ces châtiments que la société inflige à ses enfants en évoquent d’autres que la société infligera à plus grande échelle, qu’elle institutionnalisera même pour donner lieu à l’horreur suprême, la barbarie du XXème siècle. Cette éducation rigide va enfanter les bourreaux du XXème siècle dans le calme, la blancheur immaculée de la neige d’un petit village a priori comme les autres.

     

    La forme démontre alors toute son intelligence, elle nous séduit d’abord pour nous montrer toute l’horreur qu’elle porte en elle et dissimule à l’image de ceux qui portent ce ruban blanc.

     

    Que dire de l’interprétation ? Elle est aussi irréprochable. Les enfants jouent avec une innocence qui semble tellement naturelle que l’horreur qu’ils recèlent en devient plus terrifiante encore.

     

    Avec une froideur et un ascétisme inflexibles, avec une précision quasi clinique, avec une cruauté tranchante et des dialogues cinglants, avec une maîtrise formelle fascinante,  Haneke poursuit son examen de la violence en décortiquant ici les racines du nazisme, par une démonstration implacable et saisissante. Une œuvre inclassable malgré ses accents bergmaniens.

     

    Un film à voir absolument. L'oeuvre austère, cruelle, dérangeante, convaincante, impressionnante d'un grand metteur en scène.

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  • Le 20ème Festival du Film Britannique en direct du 8 au 12 octobre

    dinard2009.jpgA partir de demain, de l'ouverture à la clôture, et jusqu'au 12 octobre, suivez le 20ème Festival du Film Britannique de Dinard en direct sur http://www.inthemoodforcinema.com et bien sûr sur le site officiel du Festival.

    Cliquez ici pour lire mes précèdents articles consacrés au Festival du Film Britannique de Dinard 2009

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DU FILM BRITANNIQUE DE DINARD 2009 Pin it! 0 commentaire