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  • Compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015

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    baue11Du 11 au 15 novembre, j’ai eu le plaisir d’être invitée à assister au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, pour moi le dernier festival de l’année après Beaune, Cannes, Cabourg, Deauville, Dinard. Je vous avais dit tout le bien que je pensais de la première édition de ce festival, ici, un festival dont j’ai du mal à croire qu’il s’agissait seulement de sa deuxième édition tant la programmation fut riche et passionnante (et, par ailleurs, je n’y ai vu QUE de bons films). Par ailleurs, la convivialité chère à Christophe Barratier, (guitariste émérite, producteur et bien sûr cinéaste : « Les Choristes », « Faubourg 36 », « La Nouvelle guerre des boutons »et, bientôt, sa nouvelle réalisation « Avis de tempête » sur l’affaire Kerviel, lequel sera incarné par Arthur Dupont, d’ailleurs présent au festival pour présenter « La vie est belge »), co-président du festival avec Sam Bobino (fondateur de Sam Bobino Consulting et désormais également directeur des relations internationales aux Journées Cinématographiques de Carthage qui auront lieu du 21 au 28 novembre 2015), fut toujours au rendez-vous malgré le remarquable essor pris par le festival en une année.

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    Une musique et un silence salutaires

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    Avant d’en venir au Festival en lui-même, ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux (twitter @moodforcinema et instagram @sandra_meziere, compte instagram sur lequel vous pourrez retrouver d’autres photos et vidéos du festival) sur lesquels je l’ai largement commenté en direct, ont peut-être remarqué que j’ai brusquement cessé, après vendredi soir. Par respect pour ce deuil national, cette ignominie, cette tragédie, et surtout les victimes et leurs familles, il me semblait indécent d’évoquer tout autre sujet, et le cœur n’y était d’ailleurs pas, mais ne plus parler de cinéma, de musique, tout ce qu’on a voulu étrangler, ce serait aussi une bien triste abdication alors…je reprends doucement me souvenant aussi que, comme l’a très justement cité le cofondateur du Festival, Sam Bobino, lors de la clôture, dans ce film qui reste pour moi un des plus beaux et tragiquement clairvoyant de ces dernières années, « Timbuktu » (et alors que le Mali est lui aussi à nouveau dramatiquement touché) d’Abderrahmane Sissako (dont vous pouvez retrouver ma critique, ici), la musique est justement une des cibles de cette violence inepte comme elle l’a été au Bataclan.

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    Comme un écho à « Timbuktu » de Sissako

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    Je me souviens en effet, dans « Timbuktu », de ces plans d’œuvres d’art détruites : des masques et statuettes qui servent de cible à des exercices de tir. La violence absurde, ridicule, terrible des fanatiques face à la culture, la poésie et la beauté. Sissako montre des fanatiques parfois courtois, mais surtout hypocrites (par exemple interdisant de fumer et fumant en cachette), interdisant la musique, les cigarettes, le football, finalement tout ce qui a été visé ce tragique vendredi 13. Dans le film, des personnages se dressent contre l’horreur, justement en musique, comme une jeune fille flagellée parce qu’elle a chanté et qui se met à chanter tandis qu’elle subit son châtiment. Un exemple de cette résistance, une scène qui a la force poignante de « la Marseillaise » chantée dans « Casablanca» de Michael Curtiz que j’avais envie de vous partager ci-dessous avant de vous parler du festival. Dans « Timbuktu », la musique, aussi, est splendide. Signée Amine Bouhafa, elle ajoute de l’ampleur et de la force à ce film sublimé aussi par la photographie de Sofiane El Fani (directeur de la photographie de « La vie d’Adèle) qui nimbe le film d’une douceur poétique enivrante.

    La force poignante et combattive de la musique

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    Le voyage musical et cinématographique dans lequel m’a entraînée ce Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule a été pour moi passionnant, particulièrement instructif, bouleversant parfois, diversifié aussi, du rap en passant par la musique classique, à la musique rock ou folklorique. Il a montré les multiples visages de la musique : l’expression d’une passion, ou d’une révolte, d’une résistance, d’un élan de vie, d’un désarroi, de poésie et parfois même tout cela à la fois dans un même film comme dans le remarquable « A peine j’ouvre les yeux » de Leyla Bouzid, mon grand coup de cœur de ce festival, lauréat de l’Ibis d’or du meilleur film mais aussi de la meilleure actrice (prix ex-aequo pour les deux actrices principales du film) et de la meilleure musique.

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    La musique est bien souvent un combat pacifiste contre les différences, le silence assourdissant des non dits, des oppressions, mettant en scène des êtres épris de liberté, bref une arme de paix.

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    Tous les genres de films étaient représentés avec des classiques (quel plaisir ce fut pour moi de revoir « West side story » le lendemain du ciné-concert des 70 musiciens du La Baule Symphonic mais aussi de découvrir enfin « Le Maître de musique » de Gérard Corbiau, président du jury 2015 aux côtés de Edouard Montoute, Pauline Lefèvre, Elisa Tovati, Eric Michon), des comédies (« La vie est belge », « Comment c’est loin »…), des concerts (ciné-concert« West side story », concert exceptionnel de Michel Legrand), des documentaires (splendides « Janis, « Le Maître d’école », « Abdel Rahman El Bacha »), et même un magistral film d’animation (« Le Prophète »). Le festival rendait également hommage à Michel Legrand et Jacques Demy (après Francis Lai et Claude Lelouch, l’an passé), a fêté les 25 ans de « La Baule Les Pins » de Diane Kurys, a proposé une rétrospective Gérard Corbiau. Bref, une programmation à donner le tournis !

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    L’émotion a souvent été au rendez-vous dans la salle de cinéma ou de concert, a fortiori le 14 novembre lors du concert exceptionnel de Michel Legrand, bouleversé, qui a débuté son concert de 1H30 par un morceau improvisé et deux mesures de La Marseillaise. Un grand moment qui restera gravé dans nos mémoires auquel a succédé sa passionnante master class le lendemain (cf mes vidéos de la master class, en bas de cet article).

    Je suis partie de ce festival avec une envie fiévreuse de m’enivrer de musiques : d’écouter du Chopin a fortiori quand il est interprété par le fascinant Abdel Rahman El Bacha, de passer en boucle la musique de « West side story », de revoir les films de Jacques Demy et les autres films dont la musique fut signée par Michel Legrand, d’écouter Yodelice (qui a signé la chanson originale du « Maître de Musique »), de mettre à tue-tête Janis Joplin, de m’étourdir joyeusement avec la voix de Jacques Higelin, d’aller à l’Opéra.

    La Baule, l’élégante…

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    L’élégante quiétude de La Baule sied décidément parfaitement à ce festival qui se déroule dans le petit cinéma du Gulf Stream situé Avenue de Gaulle qui mène à l’impétueuse et lunatique Atlantique et dont les concerts ont lieu dans la splendide salle Atlantia. Ce fut aussi pour moi l’occasion de découvrir de nouvelles adresses.

    Retrouvez, en cliquant ici, mon article sur mes bonnes adresses à La Baule, bientôt complété.

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    Il m’a été impossible de tout voir tant la programmation était riche (j’ai notamment hâte de rattraper « House of time » de Jonathan Helpert présenté en avant-première et dont on m’a dit le plus grand bien) mais, en attendant, ci-dessous, retrouvez mes coups de cœur du festival, en avant-première et/ou en compétition mais aussi des classiques et concerts avec, en bonus, quelques vidéos dont celles de la Master Class de Michel Legrand.

    « La musique, c’est du bruit qui pense » écrivait Victor Hugo, alors en ces temps troublés, faisons en sorte que, plus que jamais, partout, le bruit pense intensément, envers et contre tout !

     Avant-première – « L’attente » de Julien Piero Messina (en salles le 16 décembre 2015)

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    Un film avec Juliette Binoche dont les choix cinématographiques sont toujours judicieux, est déjà en soi une promesse de bon film. « Copie conforme » de Kiarostami reste pour moi une des plus exceptionnelles performances d’actrices à laquelle il m’ait été donné d’assister. Malgré sa jeune carrière, Lou de Lâage se distingue par l’intelligence de ses choix et par son immense talent qui crève l’écran de « J’aime regarder les filles » de Frédéric Louf à « Respire » de Mélanie Laurent. J’étais donc impatiente de voir les deux réunies pour ce film réalisé par un ex assistant de Paolo Sorrentino et produit par les producteurs de « Youth » et « La Grande Bellezza ». Lors du débat d’après film, dans le cadre du festival, le producteur nous a expliqué qu’il ne fut pas évident de trouver une « jeune femme qui puisse faire face à Juliette Binoche ». Et je ne vois pas quel meilleur choix il y aurait pu avoir que celui de Lou de Lâage.

    Synopsis : Dans les grands salons d’une ancienne villa marquée par le temps, Anna (Juliette Binoche), touchée par un deuil soudain, passe ses journées dans la solitude. La campagne sicilienne, sauvage et d’une grande beauté, entoure la maison et l’isole tandis que le brouillard se lève lentement sur les flancs de l’Etna. Seuls les pas de Pietro, l’homme à tout faire, rompent le silence. A l’improviste arrive Jeanne (Lou de Lâage), la petite amie de Giuseppe, le fils d’Anna, qu’il a invitée à venir passer quelques jours en Sicile. Anna ignorait l’existence de Jeanne et Giuseppe est absent. Il va revenir bientôt, très bientôt…c’est ce que dit Anna à Jeanne. Les jours passent, les deux femmes apprennent lentement à se connaître et attendent ensemble le jour de Pâques, où Giuseppe rentrera pour la procession.

    La sonnerie du téléphone qui retentit dans cette villa glacialement vide, sombre et silencieuse dans laquelle déambule Anna, livide, fantomatique, annonce le surgissement de la vie, de l’imprévu, impression renforcée par l’arrivée de Jeanne avec, en fond sonore, une musique pop qui contraste avec l’atmosphère recueillie de la scène qui précède. Dans cette villa déserte où ne déambule que l’homme à tout faire et sur laquelle semble peser un chagrin ineffable, va s’instaurer une relation trouble entre les deux femmes et la vie s’y immiscer à nouveau. Jeanne va apporter sa fougue, sa jeunesse, sa fraîcheur, son aveuglement, sa gaieté et la vie dans cette maison qui en a soudainement été dénuée. Sans doute a-t-elle tous les éléments pour comprendre, mais sans doute plus sidérée et incapable d’affronter la réalité que réellement aveugle à celle-ci, elle se jette à corps perdu dans le mensonge d’Anna.

    Le véritable mensonge étant finalement celui que les deux femmes se font à elles-mêmes. Les scènes lors desquelles cette dernière semble sur le point de lui avouer la vérité sont d’une rare justesse et se prêtent à ces diverses interprétations. Ces deux femmes en apparence si différentes se ressemblent finalement beaucoup. Le film est d’ailleurs baigné de contrastes, entre le soleil et la noirceur, les rires et les silences, le deuil et la vie éclatante que représente Jeanne. Certains plans sont d’une beauté à couper le souffle comme lorsque les rayons du soleil se réverbèrent sur l’eau du lac dans lequel se baigne Jeanne. Le deuil renforce la beauté douloureuse de ce qui entoure les deux femmes qui le vivent.

    Parmi les très belles scènes de ce film qui n’en est pas avare, la danse envoûtante de Jeanne sur une chanson de Leonard Cohen (au titre à propos :« Waiting for miracle ») suspend le vol du temps et est à l’image de ce film : sensuel, sombre et solaire, ensorcelant et âpre comme un village de Sicile et, surtout, est porté par deux splendides et talentueuses actrices qui apportent toute leur sensibilité à ces personnages exhalant la vie et la bienveillance et à ce beau film empreint de vie et de mélancolie, belle variation sur l’indicible attente et absence.

     « Le Prophète » de Roger Allers d’après l’œuvre de Khalil Gibran – (En salles le 2 décembre 2015)

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    Sombre et solaire, « Le Prophète » de Roger Allers l’est également. Au programme du festival figurait ainsi également un film d’animation que j’attendais de voir avec d’autant plus d’impatience que j’en avais découvert les premières images, dont la poésie m’avait captivée et fascinée, lors du Festival de Cannes. Cette séance « jeune public »a autant marqué les adultes que les enfants qui en ont certainement eu une lecture différente.

    Synopsis : Sur l’île fictionnelle d’Orphalese, Almitra, une petite fille de huit ans, rencontre Mustafa, prisonnier politique assigné à résidence. Contre toute attente, cette rencontre se transforme en amitié. Ce même jour, les autorités apprennent à Mustafa sa libération. Des gardes sont chargés de l’escorter immédiatement au bateau qui le ramènera vers son pays natal. Sur son chemin, Mustafa partage ses poèmes et sa vision de la vie avec les habitants d’Orphalese. Almitra, qui le suit discrètement, se représente ces paroles dans des séquences oniriques visuellement éblouissantes. Mais lorsqu’elle réalise que les intentions des gardes sont beaucoup moins nobles qu’annoncées, elle fait tout son possible pour aider son ami. Arrivera-t-elle à le sauver ?

    « Le Prophète » est un best-seller, universel et intemporel, de l’auteur libanais Khalil Gibran, c’est un recueil de 26 essais philosophiques rédigés en anglais dans une prose poétique. Ce livre a été traduit en plus de 40 langues et vendu à plus de 100 millions d’exemplaires ne cessant d’être réédité depuis sa première publication en 1923.

     Pour les producteurs, seule l’animation était capable de rendre le lyrisme intemporel du livre à l’écran. «L’animation nous semble être en quelque sorte la forme cinématographique la plus proche de la poésie ». Au départ, le film était conçu comme une suite de courts-métrages animés, mais l’actrice et productrice Salma Hayek-Pinault, quand elle a rejoint le projet, s’est prononcée en faveur d’une trame narrative unique pour établir le lien entre chacun des « chapitres » inspirés par le chef-d’œuvre de Khalil Gibran. « Je voulais que le film soit encore plus important, encore plus unique », dit-elle. « J’ai proposé d’utiliser une histoire principale pour accompagner les poèmes et rendre ainsi le film plus accessible, plus familial. L’histoire permet de relier une suite de courts-métrages animés dont l’un est notamment réalisé par Joann Sfar (sur le mariage et le couple avec un tango chorégraphié par Philippe Découflé) et huit autres des plus grands noms de l’animation internationale. Le long-métrage est une galerie de tableaux où les animateurs ont puisé dans les techniques picturales les plus anciennes.

     Pour imaginer ce fil conducteur, les producteurs se sont tournés vers Roger Allers, un scénariste-réalisateur plébiscité et réputé pour son travail sur certains dessins animés Disney qui ont remporté le plus de succès. Après avoir signé le scénario de « La Belle et la Bête » et d’ « Aladdin », il a réalisé le blockbuster « Le Roi Lion ». Il l’a également adapté pour la comédie musicale éponyme donnée à Broadway depuis de nombreuses années.

     Le livre de Gibran aborde toutes les grandes questions de l’existence et prend une résonance toute particulière ces jours-ci. Il évoque ainsi l’amour et de la mort, les enfants et le travail. Voici quelques citations extraites du film :

    « L’amour ne possède pas, ni ne veut être possédé. »

    « Car la liberté n’est possible que lorsqu’elle n’est plus un but. »

    « Le travail, c’est l’amour rendu visible. »

    « Aimez- vous mais ne faites pas un lien d’amour : qu’il soit plutôt une mer mouvante entre les rivages de votre âme. »

    « Car qu’est- ce que le mal sinon le bien torturé par sa propre faim et sa propre soif ? »

    « La vie et la mort ne font qu’un, comme ne font qu’un la rivière et la mer. »

    « Quand le bien a faim il cherche partout de quoi se nourrir. »

    « Que me reste-t-il si je renie mes convictions les plus profondes. »

    « Lorsqu’on aime un ami, on ne doit pas pleurer car ce qu’on aime en lui peut être plus clair en son absence. En amitié seule compte la profondeur de l’âme. »

     La musique douce et envoûtante de Gabriel Yared permet de lier ces différents chapitres et corrobore le lyrisme et la poésie des mots et des images. J’ai entendu parfois (de la part d’adultes et non d’enfants) que ce film était ennuyeux. Il est tout le contraire. Il nous touche en plein cœur et nous met du baume à l’âme, il nous emporte et nous élève. La musique, les personnages, les textes, tout contribue à l’ensorcellement du spectateur. A l’image d’Almitra, le spectateur effectue un parcours initiatique dont chaque étape exhale une poésie fascinante. La fin, bouleversante, intelligemment polysémique, fera sourire les enfants et pleurer les adultes. Ajoutez à cela la voix douce du talentueux Mika, celle délicate de Salma Hayek et celle de Nicolas Duvauchelle et vous obtiendrez un divertissement brillant, passionnant, lyrique et poétique. Je vous laisse imaginer l’effet que produit ce texte magnifique prononcé par la voix de Mika :

     « Je vais te dire un secret, je me suis souvent envolé loin d’ici. Nous ne sommes emprisonnés ni par des murs ni par nos corps. Nous sommes des esprits, libres comme l’air. Pour être libres, il faut briser les liens avec lesquels on s’est soi-même enchainés. Quand l’amour te fait signe, il faut le suivre même si la route est difficile et abrupte. Les mots sont mes ailes et toi tu es mon messager. »

     « Comment c’est loin » de Orelsan (Sortie en salles le 9 décembre 2015)

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    La poésie promettait d’être moins au rendez-vous avec « Comment c’est loin » d’Orelsan, mais le cinéma est aussi là pour faire voler en éclats les préjugés ou en tout cas pour nous embarquer dans des univers parfois diamétralement opposés.

    Synopsis : Après une dizaine d’années de non-productivité, Orel et Gringe, la trentaine, galèrent à écrire leur premier album de rap. Leurs textes, truffés de blagues de mauvais goût et de références alambiquées, évoquent leur quotidien dans une ville moyenne de province. Le problème : impossible de terminer une chanson. À l’issue d’une séance houleuse avec leurs producteurs, ils sont au pied du mur : ils ont 24h pour sortir une chanson digne de ce nom. Leurs vieux démons, la peur de l’échec, la procrastination, les potes envahissants, les problèmes de couple, etc. viendront se mettre en travers de leur chemin.

     Je l’avoue, le talent incontestable des deux compères pour la procrastination, la nonchalance et le phrasé si singulier d’Orelsan m’ont plus d’une fois amusée et même de certaines scènes se dégage une incongruité touchante comme celle dans laquelle intervient la propre grand-mère d’Orelsan. Elle n’est d’ailleurs pas la seule proche d’Orelsan à intervenir, il a également fait appel à ses amis d’enfance de Caen. Caen où se déroule l’intrigue (ou la non intrigue) devient un personnage à part entière et les deux anti-héros adoptent sa lenteur, ou inversement. Signalons aussi que Orelsan a été fortement aidé pour le scénario (par Stéphanie Murat) et par le célèbre chef opérateur Christophe Offenstein (aussi réalisateur de « En solitaire »)

    Les deux anti-héros ne sont pas sans nous rappeler d’autres anti-héros du cinéma français comme dans « Marche à l’Ombre » de Michel Blanc. Dix titres originaux accompagneront la sortie du film le 9 décembre 2015. Même si quelques jours après, il ne me reste pas grand-chose de ce film, si ce n’est le bon rap final, forcément attendu tout au long du film, ce film parlera sans doute à une génération désabusée ou désenchantée, drôlement lucide ou lucidement drôle, qui rêvait en grand et qui a dû se résoudre à une « médiocrité » honnie pour tenter de vivre tant bien que mal dans une société qui ne permet pas toujours aux rêves de se concrétiser même si la fin nous montre qu’il ne faut jamais cesser de persévérer et d’y croire. Le duo de compères fonctionne indéniablement. Dommage que les personnages féminins ne soient que de pathétiques faire-valoir. Un film de génération qui, sans doute, ravira les fans du duo

    « Abdel Rahman el Bacha, un piano entre Orient et Occident » de Gérard Corbiau

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    Retour à la poésie et changement radical d’univers avec ce portrait fascinant du non moins fascinant pianiste Abdel Rahman el Bacha réalisé par le président du jury de ce Festival du Film de La Baule 2015, Gérard Corbiau. Qu’il parle ou qu’il joue, le pianiste franco-libanais apaise ceux qui l’écoutent par son intelligence, son humanisme, sa vision de la musique et son message de liberté, de fraternité et de paix qu’elle porte en elle et qu’il semble irradier d’un pays à l’autre, la musique étant pour lui un moyen de jeter un pont entre l’Orient et l’Occident. Si la musique orientale l’a bercé, c’est aussi vers Bach, Beethoven, Prokofiev et Chopin que va son admiration. Vainqueur du Concours Reine Elisabeth en 1978, à 19 ans (à l’unanimité pour la première fois de l’histoire du concours !), il est aujourd’hui Maître de piano, donne des concerts dans le monde entier et enseigne à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Une mémoire, une passion, un travail, une détermination, une intelligence exceptionnels mais surtout un amour immodéré de la musique. Le tournage a ainsi duré trois ans et le film s’articule essentiellement autour d’une croisière musicale en Méditerranée, à laquelle participait le pianiste, lieu mythique et symbolique. C’est à cette occasion qu’il interprétera l’intégrale des sonates de Beethoven qu’il a donnée sur cinq jours consécutifs au festival de piano de la Roque d’Anthéron. Notre souffle est alors suspendu à chaque note, à chaque respiration, à chaque mouvement de ses doigts sur le piano lors de cette performance exceptionnelle qui relève de la magie. C’est absolument magnifique. Si entendre parler ce pédagogue, humaniste, philosophe de la musique, est passionnant, l’entendre jouer est un moment de magie pure et ce portrait m’a donné envie de venir l’écouter et nul doute que cela produira le même effet sur tout spectateur de ce documentaire.

     « Mon Maître d’école » de Emilie Thérond (Sortie en salles le 13 janvier 2016) – Avant-première

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    Autre documentaire. Autre portrait d’humaniste et de pédagogue, celui que réalise Emilie Thérond de son ancien instituteur dans « Mon Maître d’école », un documentaire produit par François-Xavier Demaison (que vous pouvez entendre dans ma vidéo ci-dessus, je suis désolée pour la très mauvaise qualité de l’image).

    A St Just-et-Vacquières, Jean-Michel Burel, maitre d’école d’une classe à plusieurs niveaux, commence sa dernière année scolaire avant la retraite. L’instituteur enseigne la tolérance et la sagesse au même titre que l’orthographe et les mathématiques. Il mène son programme avec détermination. Il s’évertue à soutenir les élèves pour leur donner confiance et les élever plus haut. À travers les yeux d’une ancienne élève, aujourd’hui réalisatrice, se dessine une école intemporelle où la rigueur se conjugue avec la bonne humeur, une école où la liberté commence avec le respect de celle des autres. Une école qui appartient à tous et au domaine universel de l’enfance

    Cette école et ce maître-là sont ceux que nous aurions tous rêvés d’avoir. L’homme est passionné par son métier, attachant, iconoclaste et l’école devient une sorte d’Eden où les élèves apprennent tout en s’épanouissant. Tout cela semble tellement idyllique qu’on peine à croire qu’il est réel et l’émotion nous envahit à l’idée que cet homme ne puisse plus enseigner même s’il continuera à être dans le bureau d’à côté. Ajoutez à cela la musique enchanteresse de Yodelice (dont vous connaissez forcément le « Talk to me » des « Petits mouchoirs ») et vous obtiendrez une bouffée de fraîcheur et d’optimisme, un documentaire plein de tendresse sur un homme attachant.

    « A peine j’ouvre les yeux » de Leyla Bouzid- Compétition (Sortie en salles le 23 décembre 2015)

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    C’est aussi le portrait d’une femme libre que nous dresse Leyla Bouzid dans ce film qui a remporté l’Ibis d’or du meilleur film, de la meilleure musique et de la meilleure actrice ex-aequo, des prix amplement mérités pour ce film magistral.

    La Tunisie, dont les représentants du dialogue national ont cette année reçu le Prix Nobel de la Paix, a aussi été victime du terrorisme avec les attentats du Bardo à Tunis et de Sousse, un cauchemar qui a succédé à un autre, celui de la Tunisie de Ben Ali dans laquelle la corruption gangrénait la société et dans laquelle les libertés étaient restreintes et réprimées. Je n’oublierai jamais ce 14 janvier 2011, jour où Ben Ali a été chassé du pouvoir. Jour historique.

    Tunis, été 2010, quelques mois avant la Révolution, Farah, (Baya Medhaffar), 18 ans passe son bac et sa famille l’imagine déjà médecin… mais elle ne voit pas les choses de la même manière. Elle chante au sein d’un groupe de rock engagé. Elle vibre, s’enivre, découvre l’amour et sa ville de nuit contre la volonté d’Hayet (Ghalia Benali), sa mère, qui connaît la Tunisie et ses interdits.

    Dès les premières minutes, j’ai été captivée, estomaquée par la beauté furieuse de ce film. Par la vitalité, la force, la fougue de la mise en scène et de la jeune Farah (et de son interprète principale d’une maturité, d’une justesse sidérantes) qui dévore la vie et qui doit lutter pour exercer sa passion : chanter. Les textes qu’elle chante sont ouvertement opposés au régime et malgré sa volonté et son désir forcenés, progressivement le piège va se refermer sur elle jusqu’à ce que sa voix soit étouffée. Littéralement.

    Non seulement la manière dont la réalisatrice démontre les restrictions imposées par le régime est aussi passionnante qu’édifiante, mais elle raconte avec autant de précision et sensibilité la relation amoureuse (Farah va aussi découvrir l’amour et la trahison) et la relation mère/fille. Ghalia Benali qui interprète la mère de Farah est elle aussi bouleversante, et sa dureté ne dissimule que sa lucidité et ses craintes pour sa fille qui lui ressemble finalement tant. La scène lors de laquelle la mère pousse sur l’accélérateur de sa voiture pour effrayer sa fille et lui faire promettre de ne pas sortir chanter est d’une force rare, poignante et redoutable, à la hauteur de la peur ressentie par la mère pour sa fille.

    Ces yeux qui s’ouvrent du titre, ce sont à la fois ceux de Farah sur la vie, la réalité du monde qui l’entoure, mais aussi ceux de sa mère sur ce que veut et doit faire sa fille mais aussi l’éveil d’une Tunisie trop longtemps réprimée et condamnée à la soumission et au silence par vingt années de dictature. Farah représente finalement la Tunisie et cette jeunesse qui crie sa colère, sa révolte et son désir de se délivrer de ses chaînes malgré les risques encourus. La musique, fiévreuse, transcrit les élans de la jeunesse et devient un opposant incontrôlable, une arme de liberté et de paix.

    Un film engagé, fiévreux, fougueux, poétique, porté par deux actrices exceptionnelles, une réalisation d’une force et d’une intensité rares, des textes et des musiques remarquables et qui montrent la puissance de liberté de la musique. C’est aussi une histoire d’amour. L’amour d’un pays. L’amour de la musique et de son pouvoir. L’amour de la liberté. L’amour d’une mère pour sa fille qui explose dans ce dernier plan d’une douceur et d’une émotion ravageuses. (Le jury ne s’y est pas trompé en primant, ex-aequo, les deux actrices). Un grand film. Un chant de liberté. Un film à l’image de sa jeune actrice : incandescent et brûlant de vie.

     Lors de la clôture du festival, Baya a lu un message de la réalisatrice Leyla Bouzid. Elle a rappelé les attentats qui ont touché Tunis et Sousse avant Paris : « Un triste lien de mort unit la France et la Tunisie. Il s’agit d’un film d’un élan de vie vif et inaliénable. C’est bien d’être ici pour cet élan de vie malgré ce qui s’est produit. J’ai envie de vous dire que notre élan de vie est inaliénable. Vive la vie, la musique, et la liberté. Personne n’arrivera à les tuer. »

     « L’Orchestre des aveugles » de Mohamed Mouftakir – Compétition

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    Réalisé par Mohamed Mouftakir avec une musique originale de Didier Lockwood, « L’Orchestre des aveugles » est un film marocain en grande partie autobiographique qui raconte l’histoire de Houcine et de sa famille, dans les années 70, à Casablanca. Ils vivent dans la maison familiale de sa femme, Halima. Cette maison est un lieu de cohabitation animée : une galerie de personnages hauts en couleurs s’y croise au rythme de la vie de l’orchestre et de ses danseuses traditionnelles (les Chikhates). Cet orchestre est particulier, les musiciens hommes sont parfois obligés de se faire passer pour des aveugles afin de jouer dans les fêtes réservées aux femmes chez des familles conservatrices marocaines.

    Ce film est fois un hommage et un pardon de Mohamed Mouftakir à son père. Il y exprime ce qu’il n’a pas pu lui dire avant sa disparition. Comme dans le film de Leyla Bouzid, il est question de liberté réprimée et de délit d’opinion et comme pour le film de Leyla Bouzid « L’Orchestre des aveugles » le jury a couronné ex –aequo ses deux acteurs (Ibis d’or du meilleur acteur-Groupe Barrière pour les comédiens Younes Megri et El Jihani Llyas, ex-aequo). Le cadre est ici celui du Maroc des années 70. Le film évoque en effet la liberté de parole et le délit d’opinion dans les années 70. L’oncle d’Houcine rêve de révolution marxiste. Plus timoré et classique que le film de Leyla Bouzid, « L’Orchestre des aveugles » privilégie l’implicite même si, en filigrane, apparaît une société patriarcale qui rêve de s’émanciper. Ce parti pris peut aussi se justifier par le fait que le regard est celui que porte un enfant triste et nostalgique sur son passé. Au dénouement, les émotions, toujours en filigrane au cours du film, éclatent pour laisser la tristesse affleurer enfin. Un film à l’image de son jeune personnage principal, touchant et sensible.

     « La Passion d’Augustine » de Léa Pool – Compétition (Date de sortie en salles le 30 mars 2016)

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    Egalement en compétition et également au palmarès ( Ibis d’or du meilleur scénario), « La Passion d’Augustine » nous embarque sous une autre latitude et dans une autre atmosphère, celui d’un couvent du Québec des années 60.

    Simone Beaulieu, devenue Mère Augustine, dirige ainsi avec succès un petit couvent sur le bord du Richelieu. Passionnée, elle met toute son énergie et son talent de musicienne au service de ses élèves. Lorsque sa nièce Alice lui est confiée, c’est non seulement une nouvelle pianiste prodige qui fait son entrée, mais aussi une jeune femme dont les aspirations sont au diapason de l’époque et qui rappelle à Mère Augustine un passé qu’elle avait cru mis de côté définitivement.

    Là aussi, dans ce film lumineux, rempli de générosité, d’espoir et de bons sentiments, la musique est une arme de résistance au chagrin, d’éducation à l’art et à la vie. Il vaut surtout par la prestation de Céline Bonnier en Mère Augustine, beau portrait d’une femme qui se dévoile au propre comme au figuré, et la musique de François Dompierre, qui a retravaillé plusieurs oeuvres de Bach et Chopin, dont la beauté élève le film.

     « Move ! » de Fanny Jean-Noël – Compétition

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    Atypique. S’il fallait ne choisir qu’un adjectif pour qualifier ce film (et sa réalisatrice) ce serait sans doute celui-là. Fascinant et étourdissant de beauté aussi. Seule avec sa petite caméra, Fanny Jean-Noël a ainsi réalisé le portrait d’une vingtaine de personnages à travers le monde (au gré de ses rencontres, passant au début 25 jours dans chaque pays) ayant tous une passion commune qui va changer leur vie : la danse ! Une fiction-documentaire sur le langage universel de la danse, besoin vital, premier né des arts.

    De la poésie à l’état pur qui montre avec une force poignante ce qui nous rassemble au-delà de toutes les supposées différences, au-delà des frontières. Le résultat est une ode à la musique, à l’art comme vecteur universel de joie, d’émotions qui permet de transcender les différences. Elle cite Nietzsche qui dit « Considérons comme perdue toute journée où n’avons pas dansé au moins une fois » et fait de la musique un art de vivre, intensément, d’aimer, d’affronter la vie.

    Elle explore ainsi toutes les fonctions de la danse : danse guerrière, de séduction, de cour, incantatoire, de rituel, aux rois ou aux ancêtres…Son tour du monde devient ainsi une quête des représentations des différentes fonctions de la danse, en suivant les âges de la vie : l’enfance, l’apprentissage, la mort. Certains passages (à vrai dire presque tous) sont d’une beauté à couper le souffle. La réalisatrice sait marier les contrastes, saisissants, pour accentuer la beauté de ces instants magiques, hors du temps que ce soit à Bali, en Irlande, en Espagne, au Japon, à Madagascar, au Maroc, en Géorgie, en Inde…

    1h15 magiques qui irradient de beauté, de lumière, de poésie. La danse (aucun dialogue ici) devient un langage universel, un étourdissant vertige qui nous laisse heureux et essoufflés avec une seule envie, entrer dans la danse ! (Musique originale de Piers Faccini).

     « Janis » de Amy Berg (USA) (Sortie en salles le 6 janvier 2016) – Compétition

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    Janis que son prénom suffit à désigner, c’est donc Janis Joplin, l’une des plus mythiques chanteuses de rock et de blues de tous les temps mais aussi une écorchée vive, forte et vulnérable, aussi sensible que sa voix était puissante. L’histoire de la courte vie d’une femme passionnée qui changea le cours de l’histoire de la musique, qui a enfreint tous les codes dans sa vie comme dans la musique, se jetant à corps perdu dans l’une comme dans l’autre. Elle décéda ainsi en 1970 à l’âge de 27 ans (le fameux « Club des 27″, l’âge auquel décédèrent les autres légendes du rock : Jim Morrison, Jimmy Hendrix, Kurt Cobain et Amy Winehouse).

    Peut-être, dans son dispositif un peu classique pour une femme aussi libre et iconoclaste, « Janis » repose néanmoins sur une belle idée. Celle d’une voix off qui lit des lettres que Janis avait adressées à sa famille créant ainsi une proximité avec le spectateur qui a l’impression de recueillir ses confidences, d’entendre sa voix intérieure aussi fragile que sa musique était puissante.

    Ce dispositif épistolaire permet d’esquisser un portrait plus nuancé et nous donne à voir, derrière les images enfiévrées, fascinantes, explosives, électriques, des concerts, la femme blessée, avide d’amour, à jamais complexée et surtout fragilisée par les humiliations qu’elle a subies dans son enfance. Bouleversante est la scène où, devenue une star, elle revient dans son ancien lycée et, où dans sa voix et son regard perdus, à fleur de peau, subsistent les bleus à l’âme de l’enfant blessée qu’elle semble alors être à nouveau et à jamais.

    Se dessine ainsi, derrière l’artiste hors normes, au talent qui transpire l’écran et nous fait frissonner d’émotion, le portrait d’une femme terriblement attachante, sensible, empathique, pétrie d’incertitudes, de manque d’amour et de confiance qu’elle tentait de noyer dans des plaisirs artificiels.

    La fin du documentaire, ce rendez-vous manqué que n’aurait osé inventer le plus audacieux des scénaristes, est absolument bouleversante et nous laissent ko avec une seule envie, entendre à nouveau sa voix immortelle, fiévreuse et incandescente.

     « Ce que le temps a donné à l’homme » de Sandrine Bonnaire

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    Autre portrait d’un chanteur libre et à fleur de peau, celui réalisé par l’actrice et réalisatrice ‪Sandrine Bonnaire (aussi talentueuse en tant que réalisatrice qu’ en tant qu’actrice, on se souvient ainsi notamment du sublime « J’enrage de son absence » que je vous recommande à nouveau vivement et dont vous pouvez retrouver ma critique, ici) a suivi son ami ‪Jacques Higelin pendant un an derrière sa caméra pour réaliser un « portrait intimiste » du chanteur. Cela a donné un film bouillonnant, de vie, de sincérité, de musique, intitulé « Ce que le temps a donné à l’homme » que les  deux artistes sont venus présenter à La Baule. Leur complicité transparait à l’écran et permet de livrer un portrait à la fois personnel, singulier, lumineux qui ne soit jamais indiscret et impudique et, d’ailleurs, à l’issue du documentaire de 52 minutes, le mystère demeure et c’est bien heureux, mais surtout elle nous donne envie d’écouter encore et encore  les musiques à l’image de l’artiste, « tendre et sauvage » et d’aller le voir en concert. (Je garde un souvenir inoubliable de sa prestation au Festival du Film de Cabourg, il y a quelques années.) Sandrine Bonnaire avait déjà réalisé un documentaire, un autre magnifique portrait, poignant mais ni larmoyant ni complaisant, celui de sa sœur Sabine dans  « Elle s’appelle Sabine ».

     « Le Maître de musique » de Gérard Corbiau

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    Ce festival fut aussi pour moi l’occasion de voir (mieux vaut tard que jamais !) « Le Maître de musique », un film du président du jury de ce Festival de La Baule, Gérard Corbiau. Ce film de 1988 a été nommé pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1989.

    Au début du XXe siècle, Joachim Dallayrac, fameux baryton, annonce qu’il met un terme à sa carrière lyrique, pourtant au sommet de la gloire. Il a en effet décidé de se consacrer entièrement à l’enseignement de la jeune Sophie dont il recherche la perfection vocale, surprenant et décevant ainsi les critiques. Jusqu’au jour où il rencontre Jean, un jeune voyou dont il entame le travail vocal. Ses deux élèves sont alors conviés au concours lyrique organisé par l’éternel rival de Dallayrac, le Prince Scotti. Jean et Sophie se joignent au concours…

    Je reviendrai ultérieurement sur ce film, d’une étonnante maîtrise, et dont il est difficile de croire que c’est un premier film. Construit comme un opéra dans lequel la musique exprime les sentiments passionnés, parfois réfrénés, des protagonistes, et grâce un montage remarquable, une photographie somptueuse ce film est un moment de pure poésie et de musique violemment enchanteresses.

    Hommage à Michel Legrand, concert exceptionnel et master class

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    L’an passé, le compositeur Francis Lai avait reçu un Ibis d’Or pour l’ensemble de sa carrière (et pour ses 50 ans de collaboration avec Claude Lelouch). Cette année, c’était au tour d’un autre très grand compositeur de musiques de films, Michel Legrand, d’être honoré par le Festival (avec un concert unique et exceptionnel lors de la clôture, un grand moment).

    C’est l’occasion aussi pour moi de faire une petite parenthèse pour vous recommander l’excellent film « Cinq jours en juin » réalisé par Michel Legrand. Un film méconnu de 1988 que Michel Legrand a réalisé. Le film est certes de facture classique mais la réalisation est loin d’être inintéressante ou banale et, en plus d’être un musicien génial, Michel Legrand se révèle être un cinéaste doué, pudique et inspiré. Dans ce film, il raconte une histoire fortement inspiré de la sienne: Michel, âgé de quinze ans, (Matthieu Rozé) remporte son prix de piano au conservatoire de Paris le jour où les alliés débarquent sur les plages de Normandie. Les trains sont réquisitionnés, lui et sa mère (Annie Girardot) ne peuvent plus rentrer en Normandie. Avec Yvette ( Sabine Azéma), une jeune femme délurée, ils volent des bicyclettes et partent pour Saint-Lô. Sur leur chemin, ils échappent à des bombardements et à des combats, assistent à la débâcle des troupes allemandes et rencontrent des soldats américains. Michel tombe amoureux d’Yvette. Ce film exhale un parfum entêtant et enivrant qui doit s’appeler le charme qui doit beaucoup au trio de comédiens avec une Sabine Azéma, rayonnante, mutine, malicieuse, éclatante de vie et une Annie Girardot, à la fois grave et sereine et bienveillante, comme toujours d’une justesse remarquable. Un film plein de vitalité et d’émotions, de celle qui nous envahit quand on écrit pour les êtres chers disparus, de celle qui vient du cœur, qui transparait dans chacun des plans de ce film qui mérité d’être vu.

    « Les circonstances dramatiques ont créé l’envie de se rassembler et de célébrer la chance d’être en vie et cela s’est senti dans chaque note » a très justement précisé Christophe Barratier en préambule de cette passionnante master class lors de laquelle l’émotion fut au rendez-vous. Pardon pour la mauvaise qualité de l’image mais je tenais néanmoins à partager ici les propos passionnants de Michel Legrand. La master class a été précédée d’un montage d’extraits emblématiques de musiques de films signées de ce grand artiste :

    -Les Demoiselles de Rochefort

    -Cléo de 5 à 7

    -Le Messager

    -La Piscine

    -Les Mariés de l’an 2

    -Un été 42

    -Jamais plus jamais

    -Les enfants de Lumière

    -La rançon de la gloire

    -Peau d’âne

    -L’affaire Thomas Crown

    -Yentl

     1.Michel Legrand a commencé par évoquer le dernier film sur la musique duquel il a travaillé, « La Rançon de la gloire » de Xavier Beauvois dont vous pouvez retrouver ma critique ici.

    « La musique au cinéma est comme un deuxième dialogue. La musique que j’écris, elle dérange » a ainsi expliqué Michel Legrand

    2. Le deuxième extrait fut celui de la scène si sensuelle de la partie d’échecs dans « L’Affaire Thomas Crown »

     3. Le troisième extrait, «  Les parapluies de Cherbourg » a clos cette master class. « J’ai musiqué un film écrit pour être parlé », a ainsi raconté Michel Legrand à propos de ce chef d’œuvre de Demy, palme d’or 1964.

    -Ciné-concert « West side story »

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    Quel plaisir ce fut aussi de revoir « West side story » le lendemain du concert donné par les 70 musiciens du La Baule Symphonic, de me laisser à nouveau conquérir par la musique de Leonard Bernstein, de me laisser bouleverser par ce Roméo et Juliette du Upper West Side à New York. La noirceur du thème, la musique sophistiquée, les problèmes sociaux évoqué restent étonnamment actuels sans parler de la partition de Bernstein et ses inoubliables et intemporels Something’s coming, Maria, America, Somewhere, Tonight, Jet Song, I Feel Pretty, One Hand, One Heart, Gee, Officer Krupke et Cool.

    Le film remporta dix Oscars (sur onze nominations) lors de la 34e cérémonie des Oscars.

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    « Toutes mes vocations sont nées de ce film » a expliqué Mathilda May venue rendre hommage à George Chakiris finalement absent pour raisons de santé.

    « Le Bolero » de Maurice Ravel (la musique du film « Les Uns et Les Autres » de Claude Lelouch…) par lequel s’est terminé ce concert m’a emportée dans ce tourbillon de musique éblouissant, ce que fut aussi ce 2ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule. Une indéniable réussite. Vivement le prochain!

     Palmarès

    Ibis d’or du meilleur film

    « A peine j’ouvre les yeux » de Leyla Bouzid (Tunisie)

    Ibis d’or de la meilleure musique de film :

    Khyam Allami pour « A peine j’ouvre les yeux » de Leyla Bouzid (Tunisie)

    Ibis d’or du meilleur scénario :

    « La Passion d’Augustine » de Lea Pool (Canada, Québec)

    Ibis d’or du meilleur acteur – Groupe Barrière :

    Younes Megri et El Jihani Llyas (ex-aequo)

    pour « L’Orchestre des aveugles » de Mohamed Mouftakir (France / Maroc)

    Ibis d’or de la meilleure actrice :

    Baya Medhaffer et Ghalia Benali (ex-aequo)

    pour « A peine j’ouvre les yeux » de Leyla Bouzid (Tunisie)

    Ibis d’or Prix du public :

    « La Passion d’Augustine » de Lea Pool (Canada, Québec)

    Ibis d’or du meilleur court métrage :

    « La Veilleuse » de Joan Borderie (France)

    Enfin, puisque de musiques de films il est question, j’en profite pour vous rappeler que vous pouvez encore gagner, ici, les inoubliables musiques des films de Scorsese à l’occasion de la sortie du coffret ci-dessous.

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  • Concours - Gagnez vos pass pour le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015

    Du 11 au 15 novembre, j'ai le plaisir d'être invitée au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule que je vous ferai vivre en direct sur mes blogs et sur twitter. Je m'en réjouis d'autant plus que j'avais particulièrement apprécié la première édition et que le programme de cette édition 2015 est encore plus riche, diversifié et enthousiasmant. En partenariat avec le festival, j'ai aussi le plaisir de faire gagner des pass pour le festival à trois d'entre vous (deux pass par gagnant, vous pourrez donc venir avec la personne de votre choix). En cliquant sur l'image ci-dessous, vous pourrez accéder au concours (attention: vous n'avez que quelques jours pour participer) mais aussi au programme complet et détaillé du festival, à mes bonnes adresses à La Baule, à toutes les informations pratiques et à mon compte rendu de l'édition 2014. Bonne chance et peut-être à bientôt à La Baule!

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  • Concours - A gagner: 3 CD de "The Cinema of Martin Scorsese", les sublimes musiques de ses films (Decca Records)

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    Je vous ai récemment relaté ici la passionnante conférence de presse de Martin Scorsese suite au vernissage de l’exposition que lui consacre actuellement la Cinémathèque Française (jusqu’au 14 février 2015) dont vous trouverez à nouveau le récit ci-dessous ainsi que, en bonus, ma critique de « Shutter island ». A cette occasion, mais aussi à l’occasion d’un festival qui met la musique de films à l’honneur (le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule qui aura lieu du 11 au 15 novembre et pour lequel je vous fais gagner vos pass et dont vous pouvez retrouver le programme complet, ici), j’ai le plaisir de vous faire gagner 3 CD de « The Cinema of Martin Scorsese » sur lequel vous retrouverez les sublimes musiques de ses films (en partenariat avec Decca Records, un label Universal Music France, pour toutes les informations sur ce CD, rejoignez l'excellente page Facebook "Ecoutez le cinéma" en cliquant ici).

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    La musique est en effet un acteur indissociable du cinéma de Scorsese et en est même une composante essentielle. Pour prolonger le plaisir de l’exposition Scorsese à la Cinémathèque Française, je vous recommande vivement ces 4 CD « The Cinema of Martin Scorsese » dans lesquels vous retrouverez les inoubliables musiques de ses films.

    La musique a bercé l’existence de Scorsese et a influé sur son cinéma, que ce soit le son et le «  rythme de la langue sicilienne, de l’anglais avec accent sicilien » ou des musiques qui flottaient dans le quartier de son enfance, le quartier new-yorkais de Little Italy. Des musiques qui se répondent et se font écho parfois d’un film à l’autre, prouvant à qui en douterait encore à quel point son cinéma est un impressionnant édifice d’une logique implacablement construite et à quel point Scorsese est cinéphile mais aussi mélomane. Preuve en est notamment sa collaboration avec Bernard Herrmann (LE compositeur d’Hitchcock, lequel Hitchcock a d’ailleurs beaucoup influencé le cinéma de Scorsese comme le montre très bien l’exposition) pour « Taxi driver ».

    « The Cinema of Martin Scorsese » vous permet d’écouter chronologiquement les musiques de ses films qu’elles soient originales ou non et ainsi de vous replonger dans leurs singulières ambiances. 5 heures de musique pour revisiter le cinéma de Scorsese, en appréhender la richesse et la construction musicales. Au programme donc notamment les musiques de Bernard Herrmann, Howard Shore, ou encore Peter Gabriel mais aussi Bach ou encore les voix de Tony Bennett ou Aretha Franklin. Une orfèvrerie musicale qui témoigne de l’éclectisme musical qui imprègne les films de Scorsese. Pour ma part, je suis totalement envoûtée par la musique du « Temps de l’innocence » (composée par Elmer Bernstein) à réécouter sans modération. Une compilation Decca Records – Un label Universal Music France

    CONCOURS

    Pour remporter « The Cinema of Martin Scorsese », répondez aux questions suivantes avant le 15 novembre 2015, à minuit. Envoyez vos réponses à inthemoodforfilmfestivals@gmail.com en n’oubliant pas de spécifier vos coordonnées. Pour remporter un des trois CD mis en jeu répondez correctement aux questions suivantes. La dernière question permettra de départager les gagnants. Abonnez-vous au préalable à la page Facebook Decca records et à la page Facebook "Ecoutez le cinéma".

    1. Sur la place parisienne dont figure la photo ci-dessous s’achève un des plus beaux films de Scorsese. Quel est le nom de cette place? Quel est ce film?

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    2. Quel compositeur a composé le plus de musiques de films de Martin Scorsese?

    3. De quel film de Scorsese l’image ci-dessous est-elle extraite?

    concours64. Un festival français, en octobre 2015, a décerné une récompense à Martin Scorsese. Citez cette récompense et les réalisateurs qui l’ont  obtenue avant lui.

    5. Quel est pour vous le meilleur film de Martin Scorsese et pourquoi?

    VERNISSAGE DE L’EXPOSITION ET CONFERENCE DE PRESSE DE MARTIN SCORSESE

     

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    Difficile de l’ignorer au regard de la médiatisation dont elle fait l’objet mais je ne résiste pas à l’envie de vous parler à mon tour de l’ exposition Scorsese qui a lieu à la Cinémathèque Française du 14 octobre 2015 au 14 février 2015 accompagnée d’une rétrospective (intégrale !) de l’œuvre du cinéaste du 14 octobre au 30 novembre 2015 d’autant plus que j’ai eu le plaisir d’assister au vernissage de l’exposition ainsi qu’à la passionnante conférence de presse de Martin Scorsese (à qui le Festival Lumière de Lyon décernera ce soir le prix Lumière comme l’a rappelé Serge Toubiana lors de la conférence de presse).

    Cinéaste intrinsèquement new-yorkais, Martin Scorsese est aussi un cinéphile érudit qui a par ailleurs créé la Film Foundation pour préserver la mémoire du cinéma. C’est ainsi à ce titre que, en 2010, il avait présenté « Le Guépard » de Visconti projeté dans le cadre de Cannes Classics au Festival de Cannes, moment inoubliable dont vous pouvez retrouver mon récit, ici…La mission de la Film Foundation est ainsi la conservation du patrimoine cinématographique mondial.

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    Scorsese revient ainsi à la Cinémathèque Française dix ans après y être venu lors de l’inauguration du bâtiment de Frank Gehry.

    Que vous aimiez le cinéma de Scorsese ou non, que vous le connaissiez plus ou moins bien, je ne peux que vous encourager à découvrir cette exposition qui vous immergera dans son univers, ses racines, ses décors, ses thématiques récurrentes et vous (dé)montrera la cohérence et l’intelligence indéniables et admirables de son cinéma. Il s’agit en effet de la plus importante exposition jamais réalisée sur le cinéaste, une exposition conçue par la Deutsche Kinemathek, Museum for Film and Television, Berlin et retravaillée avec la complicité de Kristina Jaspers et Nils Warnecke, les deux commissaires, et par Matthieu Orléan.

    L’exposition est divisée en 5 partie. La première intitulée «  de nouveau héros » vous immergera dans le clan familial qui a tant inspiré son cinéma, mais aussi dans le monde des gangs. La deuxième partie intitulée « Crucifixion » est consacrée à l’influence de l’Eglise catholique dans son cinéma (Scorsese souhaitait devenir prêtre dans sa jeunesse). Ne manquez pas les images de films mises en parallèle à l’entrée de l’exposition et qui montrent magnifiquement à quel point cette thématique est présente dans son œuvre.

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    La troisième partie évoque un personnage incontournable de son oeuvre  : New York, théâtre fascinant de ses films (il a grandi dans le quartier de Little Italy qui imprègne tant son cinéma), dont, comme Woody Allen, pour reprendre les termes de Serge Toubiana il est « un des plus grands chroniqueurs de ses métamorphoses ». La quatrième partie évoque ses « inspirations » comme Hitchcock à qui il fait régulièrement référence allant aussi jusqu’à collaborer avec Bernard Herrmann, son compositeur dont le maître du suspense est indissociable, mais aussi des techniciens ayant collaboré avec Hitchcock. Cette partie évoque aussi ses nombreuses références au patrimoine cinématographiques a fortiori dans ses films qui y sont consacrés comme « Aviator » en 2004 ou encore « Hugo Cabret » en 2011. Enfin, la dernière partie intitulée « Maestria » est consacrée à l’habileté et la virtuosité de sa mise en scène et démontre la construction visuelle de ses films plan par plan, notamment à travers des story boards. Vous y croiserez bien sûr ses acteurs fétiches : De Niro, DiCaprio, Keitel.

    Véritable caverne d’Ali Baba, cette exposition vous permettra de découvrir de nombreux documents fascinants : photographies, storyboards, costumes, affiches, objets culte… L’exposition Martin Scorsese s’appuie principalement sur sa propre collection privée à New York, ainsi que sur la collection de Robert De Niro et celle de Paul Schrader. Je vous laisse découvrir ci-dessous mes clichés de quelques-uns de ces documents qui vont feront écarquiller vos yeux de cinéphiles!

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    Comme moi, je vous garantis que vous ressortirez avec une seule envie : revoir toute l’œuvre de Scorsese que cette exposition éclaire magnifiquement.

     Serge Toubiana inscrit « Le temps de l’innocence » parmi les 10 meilleurs films de l’histoire du cinéma, c’est aussi mon Scorsese préféré que je vous invite à revoir. Retrouvez également, ci-dessous, ma critique de « Shutter island » que vous pourrez également (re)voir dans le cadre de la rétrospective. Je vous recommande aussi d’aller faire un tour sur le site officiel de la Cinémathèque Française particulièrement bien agencé et sur quel vous retrouverez de  nombreux documents  liés à l’exposition : http://www.cinematheque.fr/   /

    Vous pourrez également asssister aux projections et conférences suivantes :

    Jeudi 22 octobre à 19H : « Scorsese, l’homme par qui le rock a envahi le cinéma »par Michka Assayas

    Jeudi 5 novembre à 19H : « Taxi Driver » : un montage, dé-montages » par Bernard Benouel

    Jeudi 19 novembre à 19H : « Martin Scorsese : vitesse trompeuse » par Jean-Baptiste Thoret

    En ligne sur Cinematheque.fr : le New York de Martin Scorsese

    Martin Scorsese recevra le prix Lumière ce vendredi à Lyon

    Sur Arte : cycle Martin Scorsese du 12 au 18 octobre

    Sur Canal + mardi 13 octobre à 20H55 : diffusion en première exclusivité du « Loup de Wall Street »(2013)

    Sur Cine + club dimanche 25 octobre à 20H45 : « Les Nerfs à vif » (1991) suivi de « Casino »(1995)

    Informations pratiques :

    La Cinémathèque Française

    Musée du Cinéma

    51 rue de Bercy

    75012 Paris

    Informations : 0171193333

    Martin Scorses, l’exposition

    Du lundi au samedi (sauf fermeture mardi 25 décembre et 1er janvier) : de 13h à 19h, nocturne le jeudi jusqu’à 22H

    Samedi, dimanche et vacances scolaires de Toussaint et Noël : de 10h à 20H

    Plein Tarif : 12 euros – Tarif réduit : 9 euros – Moins de 18 ans : 6 euros – Libre Pass : accès libre

    Quelques extraits vidéos de la conférence de presse et quelques citations extraites de celle-ci :

    « C’est la première fois que je vois l’exposition et c’est assez bouleversant. »

    « Avec De Niro comme avec DiCaprio la confiance est réciproque, c’est une amitié qui fait que le travail est facile. »

    « Dans ma famille on ne lisait pas mais on racontait beaucoup d’histoires et on écoutait beaucoup de musiques. »

    « Je me fais du souci pour les jeunes et pour ce que représente le cinéma pour eux. » (à propos des blockbusters)

    « Aviatior est à part car on le voulait à très grande échelle mais pour les autres c’est seulement en cours de route qu’on a réalisé. »

    « Pasolini a tourné la plus belle adaptation de l’Evangile, c’est le film que j’aurais voulu tourner . »

    « J’ai vu Accatone à la projection presse en 1966 au Festival de New York, c’est un film bouleversant. »

    « La première musique qui a provoqué des émotions en moi est celle de Django Reinhardt ».

    « J’ai une relation directe avec les financiers qui investissent dans mes films. Il y a eu une traversée du désert dans les 80′. »

    « L’idée de départ était lien entre le storyboard et l’art contemporain pour l’expo à Berlin avant de faire une expo plus large. »

    « Depuis une quinzaine d’années mes dessins sont devenus des croquis plus petits et rapides ».

    « J’ai l’habitude de penser en termes de séquences, d’anticiper en termes de séquences montées. »

    Critique de SHUTTER ISLAND de Martin Scorsese (critique publiée lors de la sortie du film) –

    A voir à la Cinémathèque le lundi 19 octobre à 16H30/ le mercredi 4 novembre à 19H/ le samedi 28 novembre à 15H30

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    Cela faisait longtemps. Longtemps que j’entendais parler de cette adaptation tant attendue du best seller de 2003 de Dennis Lehane (que je n’ai pas lu et qui est également l’auteur de best-sellers ayant donné lieu à d’excellentes adaptations cinématographiques comme « Mystic river » de Clint Eastwood et, dans une moindre mesure, « Gone baby gone » de Ben Affleck). Longtemps que je n’avais pas ressenti un tel choc cinématographique. Longtemps qu’un film ne m’avait pas autant hantée des heures après l’avoir vu… Un grand film, c’est en effet comme un coup de foudre. Une évidence. Une évidence qui fait que les mots à la fois manquent et se bousculent. Je vais essayer de trouver les plus justes pour vous faire partager mon enthousiasme sans trop en dévoiler.

    Avant toute chose, il faut que je vous présente « Shutter island ». Shutter island est une île au large de Boston sur laquelle se trouve un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. Une île séparée en trois bâtiments : un pour les femmes, un pour les hommes et un pour les criminels les plus dangereux, enfin quatre si on compte son phare qui détient la clef de l’énigme. En 1954, l’une des patientes, Rachel Solando, a mystérieusement disparu… alors que sa cellule était fermée de l’extérieur, laissant pour seul indice une suite de lettres et de chiffres. Le marshal Teddy Daniels (Leonardo DiCaprio) et son coéquipier Chuck  Aule (Mark Ruffalo) sont envoyés sur place pour résoudre cette énigme… Alors qu’une forte tempête s’abat sur l’île isolée, une plongée dans un univers étrange, sombre, angoissant s’annonce alors pour Teddy qui devra aussi affronter ses propres démons.

    Rarement un film aura autant et si subtilement fait se confondre la fond et la forme, le ressenti du personnage principal et celui du spectateur. Dès le premier plan, lorsque Teddy, malade, rencontre son coéquipier sur un ferry brinquebalant et sous un ciel orageux, Scorsese nous embarque dans l’enfermement, la folie, un monde mental qui tangue constamment, flou, brouillé. Tout est déjà contenu dans cette première scène : cette rencontre qui sonne étrangement, le cadre  qui enferme les deux coéquipiers et ne laisse voir personne d’autre sur le ferry, cette cravate dissonante, le mal de mer d’un Teddy crispé, le ciel menaçant, les paroles tournées  vers un douloureux passé.

    Puis, c’est l’arrivée sur l’île et toute la paranoïa que Scorsese suggère en un plan : un visage informe, un regard insistant… En quelques plans subjectifs, Scorsese nous « met » dans la tête de Teddy, nous incite à épouser son point de vue, à ne voir et croire que ce que lui voit et croit. Nous voilà enfermés dans le cerveau de Teddy lui-même enfermé sur « Shutter island ». Avec lui, nous nous enfonçons dans un univers de plus en plus menaçant, sombre, effrayant, déroutant. L’étrangeté des décors gothiques, l’instabilité du climat coïncident avec cette fragilité psychique. Tout devient imprévisible, instable, fugace, incertain.

    Commence alors la quête de vérité pour Teddy alors que surgissent des images du passé : des images de sa femme défunte et des images de l’horreur du camp de concentration de Dachau dont Teddy est un des « libérateurs », images qui se rejoignent et se confondent parfois. L’hôpital, autre univers concentrationnaire  rappelle alors les camps, avec ses êtres moribonds, décharnés, ses barbelés…, d’autant plus qu’il est dirigé par l’Allemand Dr Naehring. La guerre froide pendant laquelle se déroule l’intrigue, période paranoïaque par excellence, renforce de climat de suspicion. L’action est par ailleurs concentrée sur quatre jours, exacerbant encore l’intensité de chaque seconde, le sentiment d’urgence et de menace.

    Chaque seconde, chaque plan font ainsi sens. Aucun qui ne soit superflu. Même ces images des camps dont l’esthétisation à outrance m’a d’abord choquée mais qui en réalité sont le reflet de l’esprit de Teddy qui enjolive l’intolérable réalité. Même (surtout) cette image envoûtante d’une beauté poétique et morbide qui fait pleuvoir les cendres.

    A travers la perception de la réalité par Teddy, c’est la nôtre qui est mise à mal. Les repères entre la réalité et l’illusion sont brouillées.  A l’image de ce que Teddy voit sur Shutter island où la frontière est si floue entre l’une et l’autre, nous interrogeons et mettons sans cesse en doute ce qui nous est donné à voir, partant nous aussi en quête de vérité. Le monde de Teddy et le nôtre se confondent : un monde de cinéma, d’images trompeuses et troublantes qui ne permet pas de dissocier vérité et mensonge, réalité et illusion, un monde de manipulation mentale et visuelle.

    Pour incarner cet homme complexe que le traumatisme de ses blessures cauchemardesques et indélébiles et surtout la culpabilité étouffent, rongent, ravagent, Leonardo DiCaprio, habité par son rôle qui, en un regard, nous plonge dans un abîme où alternent et se mêlent même parfois angoisse, doutes, suspicion, folie, désarroi (interprétation tellement différente de celle des « Noces rebelles » mais tout aussi magistrale qui témoigne de la diversité de son jeu). La subtilité de son jeu  fait qu’on y croit, qu’on le croit ; il est incontestablement pour beaucoup dans cette réussite. De même que les autres rôles, grâce à la duplicité des interprétations (dans les deux sens du terme): Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, Emily Mortimer, Patricia Clarkson, Max von Sydow…

    Le maître Scorsese n’a pas son pareil pour créer une atmosphère oppressante, claustrophobique, pour déstabiliser les certitudes. Une œuvre pessimiste d’une maîtrise formelle et scénaristique impressionnante, jalonnée de fulgurances poétiques, dont chaque plan, jusqu’au dernier, joue avec sa et notre perception de la réalité. Un thriller psychologique palpitant et vertigineux. Une réflexion malicieuse sur la culpabilité, le traumatisme (au sens éthymologique, vous comprendrez en voyant le film)  et la perception de la réalité dont le film tout entier témoigne de l’implacable incertitude. Ne cherchez pas la clef. Laissez-vous entraîner. « Shutter island », je vous le garantis, vous emmènera bien plus loin que dans cette enquête policière, bien plus loin que les apparences.

    Un film multiple à l’image des trois films que Scorsese avait demandé à ses acteurs de voir  avant le tournage: « Laura » d’Otto Preminger, « La griffe du passé » de Jacques Tourneur, « Sueurs froides » d’Alfred Hitchcock.  Un film noir. Un film effrayant. Un thriller. En s’inspirant de plusieurs genres, en empruntant à ces différents genres, Martin Scorsese a créé le sien et une nouvelle fois apposé la marque de son style inimitable.

     Un film dont on ressort avec une seule envie : le revoir aussitôt. Un film brillant. Du très grand Scorsese. Du très grand cinéma. A voir et encore plus à revoir.

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  • Concerts de Mika au Zénith de Paris le 19 septembre 2015 et le 17 octobre 2015

    Mika, musique, concernt, no place in heaven, chanteur, Zénith, Paris, chanson

    Je vous parle (trop) rarement de musique ici et je vais y remédier, le dernier article à ce sujet remontant au concert du groupe Archimède à Laval en début d'année (au passage, pour ceux que cela intéresse, ils donneront un concert pour les 30 ans de l'hippodrome de Laval, le 28 août 2015). Mais je ne pouvais pas ne pas évoquer le nouvel album et les prochains concert de Mika, notamment au Zénith de Paris, après avoir eu le plaisir d'assister à son concert privé à Paris au 1515 en 2010, 45 minutes de spectacle inoubliables, un concert lors duquel il avait déployé une énergie incroyable, un enthousiasme communicatif et bondissant, faisant  oublier l'étroitesse de la scène où il était pourtant a priori impossible de danser ! (enfin pas pour lui...) Et quelle danse, toujours si savamment singulière, décalée et entraînante!

    Ce furent 45 minutes de flamboyance entrecoupées, avec humour, de quelques allusions au volcan qui paralysait alors l'Europe ou d'incitation à chanter et danser, même auprès de Bernadette Chirac à qui il s'était directement adressé, présente en tant que représentante de la Fondation Hôpitaux de Paris au profit de laquelle était donné le concert.

    Mika, musique, concernt, no place in heaven, chanteur, Zénith, Paris, chanson 

    Au-delà de sa voix éblouissante aux capacités vertigineuses (dont la tessiture couvrirait 4 octaves), au-delà de ses chansons pop qui se retiennent après une seule écoute et vous embarquent dans leur arc-en-ciel de couleurs et leur joie de vivre, au-delà  et de son univers ludique, psychédélique, haut en couleurs, entre enfance et adolescence, ce qui me marque à chacune de ses interviews, c'est un sourire d'une belle candeur (un pudique masque pour dissimuler la mélancolie sous-jacente peut-être -que reflètent ses plus beaux titres-, et peut-être des blessures d'enfance et d'adolescence) mais surtout son humilité ainsi que son professionnalisme  servi par une culture musicale époustouflante qu'il a si bien démontré dans "The Voice" dont il est un des 4 coachs. Il a ainsi notamment étudié au Royal College of Music de Londres.

     "Life in Cartoon Motion", son premier album, fut en France l'album le plus vendu en 2007 et, en 2009, il avait vendu plus de 19 millions de disques dans le monde.

    Par ailleurs, il ne prend pas de posture et assume pleinement ce que d'autres (les cyniques, les aigris) jugeront certainement obscène: un aspiration au bonheur et une envie de le transmettre d'une apparente naïveté (alors que d'autres se complaisent dans la morosité et le cynisme) et que,  d'ailleurs, plus que le reflet d'une naïveté enfantine sont certainement, au contraire, davantage celui d'une maturité et d'une générosité.

    Je me souviens de ce concert, volcanique, comme d'un bel instant dont l'éphémère a renforcé l'intensité et le plaisir, bref, un condensé métaphorique de l'existence en somme... Un concert qui donnait envie de faire de l'existence un film coloré avec, comme bande originale, le titre le plus connu ( qui avait terminé ce concert décidément trop court): "Relax". 

    Mika, musique, concernt, no place in heaven, chanteur, Zénith, Paris, chanson

    Alors, évidemment, je ne pouvais que me précipiter sur son quatrième album sorti le 15 juin 2015, "No Place in Heaven" (qui succède au magnifique "The Origin of love", sorti en 2012 qui comprenait notamment le splendide "Underwater"), un nouvel album dont vous avez certainement d'ores et déjà entendu le single "Talk about you" (qui, systématiquement, me donne le sourire et une irrésistible envie de danser, allez  voir le clip une fois de plus très cinématographique et coloré si vous ne l'avez pas encore visionné) et "Boum boum boum", le single sorti près d'un an avant la sortie de l'album.

    Ce nouvel album a été enregistré à Londres et Los Angeles, co-réalisé par Gregg Wells. ll comprend 4 titres en français. Il a encore gagné en maturité et, plus que jamais, intègre son impressionnante culture musicale et la richesse de ses différentes cultures (Mika est britannico-libanais et a étudié au lycée français de Londres, il a également résidé en France), s'assumant pleinement.

    Au fil des 14 titres de l'album, j'y retrouve ce mélange subtile de musiques pop et entraînantes ( réjouissant "No place in heaven") et de ballades mélancoliques, même romantiques (sublimes "Last party" et "Hurts" porté par le son envoûtant du piano, magnifique "Les baisers perdus"), et cette voix, toujours si inimitable, qui se fait cristalline, ensorcelante...

    Les concerts de Mika au Zénith de Paris le 19 septembre 2015 et le 17 octobre 2015 seront donc indéniablement des événements à ne pas manquer. Vous pourrez aussi le voir dans quelques villes de province et notamment à Rennes, le 18 septembre 2015.

    Mika, musique, concernt, no place in heaven, chanteur, Zénith, Paris, chanson

    Alors, vous savez ce qu'il vous reste à faire si vous voulez assister à un vrai spectacle et voir en concert une des rares stars du 21ème siècle, terme souvent usurpé quand il en qualifie d'autres qui n'en sont que des simulacres mais dont il est pour moi l'incarnation. Allez le voir en concert, chanter, danser comme personne et vous ne pourrez qu'acquiescer et avoir envie de le suivre dans ce feu d'artifices musical...

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  • Compte rendu et palmarès du 1er Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule

    Cliquez sur l'image ci-dessous pour accéder à mon article sur mon site http://inthemoodforfilmfestivals.com.

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  • CONCOURS - 10 pass VIP pour le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule

    Sur Inthemoodforfilmfestivals.com, vous pouvez actuellement gagner un des  10 pass VIP mis en jeu pour assister au 1er Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule. Cliquez sur l'image ci-dessous pour connaître le règlement du concours et le programme complet du festival et lire l'article sur Inthemoodforfilmfestivals.com.

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  • LES CHANSONS DE L’INNOCENCE RETROUVEE d’ETIENNE DAHO : l’album de cette fin d’année et histoire de nos rendez-vous manqués

     

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    Cinq ans. Il y a cinq ans, déjà, j’assistais au concert  d'Etienne Daho à l'Olympia pour  Obsession tour. Un concert élégant et sensuel, fiévreux et électrique, poétique et magnétique. En bref, un moment inoubliable sur lequel je ne peux m’empêcher de revenir ci-dessous.

    C’était un samedi soir sur la terre comme l’aurait chanté Cabrel. Un samedi soir Boulevard des Capucines, à l’Olympia. Un soir de juin. Ce soir-là, il pleuvait tristement, inlassablement.

    Neuf ans auparavant, en octobre 1999, j’avais été sélectionnée sur lettre sur le cinéma Britannique pour intégrer le jury du Festival du Film Britannique de Dinard alors présidé par Jane Birkin et dont Etienne Daho était également membre se distinguant par une discrétion, une affabilité et une sensibilité rares et émouvantes, une sincérité et une pudeur touchantes. A la fin du festival, il m’avait proposé (en tout bien tout honneur) de transmettre mes coordonnées à son secrétaire pour que je sois invitée à ses prochains concerts. Je n’avais pas osé. Rendez-vous manqué… J’ai ensuite commencé à écouter sa musique que je connaissais si peu, à vraiment l’écouter, à l'apprécier vraiment aussi pour finalement être totalement envoûtée.   Depuis, je l’ai aperçu dans un célèbre hôtel de la côte bretonne où je séjournais en même temps que lui. Je n’ai pas osé l’aborder, le déranger. Rendez-vous manqué, à nouveau.  J’ai simplement griffonné gauchement et de mes hiéroglyphes légendaires quelques mots que je lui ai faits transmettre et dont j’ignore aujourd’hui encore s’il les a reçus et lus. 

    Cher Etienne, si par un heureux hasard - je sais que vous les affectionnez-, vous tombez sur ces mots, merci de la gentillesse et l’élégance dont vous aviez alors fait preuve à mon égard, étudiante maladroite car intimidée par le prestigieux jury qui m’entourait, et merci pour votre musique et vos mots qui m’ont si souvent accompagnée, ensorcelée. Merci aussi, sans le savoir, de m'avoir porté bonheur puisque mon premier roman publié portait le titre d'une de vos chansons que j'aime tant Le Brasier. Et, surtout, j'espère que vos ennuis de santé ne sont plus qu'un mauvais souvenir...

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    « Il n’est pas de hasard, il est des rendez-vous. Pas de coïncidence.»  Telles sont les premières paroles du sublime morceau Ouverture de  l’album Corps et Armes, véritable ode au public et allégorie amoureuse, public à qui, ce soir-là,  à l’Olympia, il avait confié que c’était sa chanson préférée, lui rendant subtilement hommage. Non, il n’est pas de hasard, il est des rendez-vous. Pas de coïncidence. Et sans ce rendez-vous du destin à Dinard, probablement ne serais-je jamais allée à l’Olympia ce soir de 2008,  ni l’écouter à Rennes, la ville de ses débuts, lorsque j’y étudiais encore, il y a quelques années. Et probablement n’aurais-je pas écouté ces Chansons de l’innocence retrouvée qui, en des jours tragiques, me donnent l’audace inespérée de croire que même après des moments terribles, il est possible de retrouver le goût de la légèreté.

    Alors, certes il pleuvait tristement et inlassablement ce soir de juin 2008 mais quand je suis entrée dans les couloirs solennels de l’Olympia, noirs et rouges, couleurs d’une sobriété mystérieuse et passionnée, c’était déjà une promesse paradoxale d’une obscurité lumineuse et ensoleillée, à l’image de ce concert et de son interprète.

    L’embellie a commencé avec les « Ukulélé girls » qui assuraient (oui, elles assuraient) sa première partie, un groupe de quatre filles qui revisitent la musique pop au Ukulélé et avec une belle allégresse et originalité comme avec  cette reprise réussie de « Gangsta Paradise » de Coolio (www.myspace.com/ukulelegirls ).

    Puis la lumière s’est rallumée, la tension est montée d’un cran. Quand Etienne Daho a entonné les premières notes de L’invitation (Victoire de la musique 2008 du meilleur album pop rock), alors plus rien d’autre n’existait et la foule s’est unanimement levée, galvanisée déjà.

    Il est apparu sur scène juste vêtu d’un costume noir à même la peau, à la fois à fleur de peau et à  nu, dans tous les sens du terme, ainsi aussi vêtu de mystère magnétique. Je crois, je suis certaine même, de ne jamais avoir assisté à un concert où l’atmosphère, dès les premières notes, était aussi électrique et festive. Ses premiers mots ont été de dire que nous « ferions la fête ensemble », « ce soir un peu spécial » incluant immédiatement le public, pourtant déjà conquis.

    Enfiévré, s’épongeant régulièrement et langoureusement le front, dansant tout aussi langoureusement, d’une élégance sensuelle, d’une passion communicative, il a ensuite alterné entre morceaux de son dernier album « L’invitation » et titres plus anciens sans que jamais cette énergie électrique ne quitte la scène ni la salle. De son adaptation du poème de Genet  Le condamné à mort  dans la chanson Sur le cou, poème « sulfureux et poignant » comme il l’a décrit,  à l’image de ce concert, à Paris, Le Flore extrait du mythique album  Pop Satori dit fondateur de la Pop française aux Heures hindoues en passant par Mon manège à moi reprise d’Edith Piaf ou par le charnel et poétique « Les Fleurs de l’ interdit » inspiré de ses  trépidantes nuits sans fin à Barcelone. «  La notte, la notte » qu’il évoque d’ailleurs souvent nous entraînant en mots et musiques enivrantes dans ses dérives salutaires. Et même s’il dit que « La chanson est le seul langage qu’il maîtrise », d’ailleurs magnifiquement, il était ce soir-là plutôt bavard, poétiquement drôle et drôlement poétique.

    Bien sûr, quand il a chanté Boulevard des Capucines, une chanson sur le pardon inspirée d’une lettre que lui a écrite son père peu de temps avant sa mort, une émotion silencieuse et palpable s’est emparée de la salle du Boulevard des Capucines, étrange résonance entre les mots chantés et la réalité. Il a eu la pudeur d’insérer  cette chanson entre deux autres, de ne rien en dire, évidemment tout était dit…

    Le concert s’est achevé par Cap Falcon  qui évoque ce lieu à 20 kilomètres d’Oran, en Algérie, où il a passé ses premières années, un endroit  auquel « il pensait particulièrement ces derniers jours » parce qu’ils y avaient pour voisin un certain Yves Saint-Laurent décédé  peu de temps avant le concert…

    Daho sait écrire et interpréter la passion avec une intensité rare dont semblait vibrer toute la salle de l’Olympia ce soir-là,  une intensité qui sait vous donner viscéralement ce sentiment qu’aujourd’hui est « le premier jour du reste de [notre] vie » et que nous « aurons toute la mort pour vivre avec des remords, des regrets », sublime « étreinte de la liberté ».

    Sur scène et en chanson (dans Un air étrange) il a su faire rimer  et danser « cimes » et « abîme », en un tango rock périlleusement passionnel, il a vacillé (et emploie d’ailleurs souvent ce mot) et su nous faire vaciller. Le trio de cordes et "les sanglots longs des violons", la sobriété scénique, accroissaient encore la mélancolie joyeuse et poétique de cet instant dont on aurait aimé qu’il dure encore plus longtemps malgré ses plus de deux heures sur scène.

    C’est seul et à genoux qu’il a achevé ce concert. Nous aussi. A genoux. D’émotion. De gratitude. Puis il est réapparu, un court instant, seul devant le rideau rouge. Discret, presque effacé (j’ai repensé à Dinard, que talent et discrétion démesurés riment si bien ensemble), ému surtout sans doute.  La lumière s’est rallumée, violemment. Dénouement abrupte après ce spectacle tumultueux et inoubliable, fiévreux, intensément vivant, nous donnant aussi, encore plus, l’inestimable sentiment de l’être : un « brasier » incandescent.

    Non, décidément, il n’est pas de hasard, il est des rendez-vous. Pas de coïncidence. C'était un samedi soir pluvieusement ensoleillé sur la terre, une irrésistible "invitation" "Boulevard  des Capucines"...

    Dehors, quand j’ai laissé derrière moi ce Boulevard des Capucines avec son « nom qui tout là haut scintille » peut-être pleuvait-il encore.  Je l’ignore. Je n’avais qu’un sentiment, celui qu’ « Il est des rendez-vous, Pas de coïncidence. »

    Oubliez cette pseudo-polémique absurde au sujet de la photographie de la pochette de son nouvel album Les chansons de l'innocence retrouvée (un « jardin d’Eden » signé Richard Dumas) et plongez-y sans hésiter pour vous laisser ensorceler par sa mélancolie joyeuse délicieuse(ment) contagieuse, son irrévérence gracieuse. Ecoutez et réécoutez aussi. Ses albums possèdent toujours cet étrange pouvoir : plus vous écoutez, plus vous aimez, moins vous pouvez vous en passer… 

    Au détour de ces 17 titres, vous  croiserez aussi Visconti, Camus, Giacometti...parfois deux versions (très différentes) de la même chanson avec, notamment, ce duo enchanteur avec Dominique A sur "En surface".

    On y retrouve ce mélange de sensualité et d’électricité, de fièvre et de mélancolie, et ses thèmes fétiches comme celui du destin, de la chance mais aussi une influence très cinématographique. Des sons et des mots qui s’enlacent, langoureux et joyeux, sensuels et tourmentés.

    Un grand retour après son interprétation du Condamné à mort de Genet avec Jeanne Moreau et le projet de Lou Doillon, Places,  album d’une beauté déchirante.

     A un moment où je redoute d’avoir perdu à jamais le goût de la légèreté, ces chansons de l’innocence retrouvée (en référence aux Chants de l’innocence de William Blake) m’ont réellement transportée, avec ces mots  tellement précis, ciselés, ensorcelants, poétiques et parfois tranchants, alliés à ce vibrant orchestre de cordes enregistrées à Abbey Road.  Au détour d’une chanson, l’Etrangère, vous croiserez Debbie Harry (Blondie) ou sur deux autres Nile Rodgers à la guitare. Ou une chanson plus engagée sur Lampedusa (Un Nouveau Printemps).

    Un douzième album  incontournable, un enchantement mélancolique que je ne me lasse pas d’écouter et réécouter, inlassablement comme tombait cette pluie ce jour de juin 2008 sur le Boulevard des Capucines, et en attendant le prochain rendez-vous (que je n'espère pas manqué et manquer), sans doute lors de la prochaine tournée à laquelle je ne manquerai pas d’assister et dont je vous donne toutes les dates ci-dessous.

     

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    Vous pourrez retrouver Etienne Daho à l’occasion de sa tournée « Diskönoir tour » avec, notamment, l’Olympia du 3 au 6 novembre 2014.

     

    Dates du 2 octobre au 20 décembre 2014.
    La tournée d’Etienne Daho, initialement prévue au Printemps 2014 est confirmée pour l’automne 2014.
    Les billets achetés sont remboursables auprès du point de vente ou restent valables pour les dates reportées si la salle est identique.
    La tournée passera par l’Olympia  du 3 au 6 Novembre 2014
    Toutes les dates sont disponibles sur le site http://www.tsprod.com, ainsi que dans tous les points de vente habituels dont La Fnac

     

    Le Domaine Privé consacré à Etienne Daho par la Cité de la Musique et la salle Pleyel initialement prévu en février 2014 est reporté en juillet 2014 et devient Une Jeunesse Modern.
    Il sera présenté dans le cadre du festival Days Off. dont Etienne Daho sera l’invité d’honneur.
    Le programme sera le suivant :
    Le 1 Juillet : Etienne Daho joue Pop Satori à la Cité de la Musique
    Le 5 Juillet : Etienne Daho Pop Hits à la Cité de la Musique
    Le 8 Juillet : Soirée Tombés pour la France à la Salle Pleyel
    Les billets achetés pour les dates initiales restent valables ou sont remboursables auprès du point de vente.

     

    Aussi, le 18 Juillet, Etienne Daho sera en concert à Lyon aux Nuits de Fourvière, le 25 septembre à Vélizy Villacoublay à L’Onde, le 27 septembre à Gap au Quatro, le 16 octobre à Rueil Malmaison au Théâtre André Malraux et le 16 décembre à Brest au Quartz. Ces dates seront ouverte à la réservation début 2014.

     

    Les dates du DISKÖNOIR TOUR – 2014 :
    Jeudi 02 Octobre 2014 – CHALONS EN CHAMPAGNE (51 ) – Le Capitole
    Vendredi 03 Octobre 2014 – LILLE (59) – Théâtre Sebastopol
    Samedi 04 octobre 2014 – BETHUNE (62) – Théâtre
    Mardi 07 octobre 2014 – MEAUX (77) – Théâtre du Luxembourg
    Jeudi 09 octobre 2014 – NANCY (54) – Salle Poirel
    Vendredi 10 octobre 2014 – THIONVILLE (57) – Théâtre
    Samedi 11 octobre 2014 – SAUSHEIM (68) – Espace Dolfus & Noack
    Jeudi 16 octobre 2014 – VELIZY VILLACOUBLAY (78) – L’Onde
    Vendredi 17 octobre 2014 – ESCH SUR ALZETTE (LUX) – Rockhal
    Samedi 18 octobre 2014 – STRASBOURG (67) – La Laiterie
    Jeudi 30 octobre 2014 – LIEGE (BE) – Le Forum
    Vendredi 31 octobre 2014 – BRUXELLES (BE) – Cirque Royal
    Du lundi 03 au jeudi 06 novembre 2014 – PARIS – Olympia
    Jeudi 13 novembre 2014 – MARSEILLE (13) – Le Silo
    Vendredi 14 novembre 2014 – CANNES (06) – Palais des Festivals
    Samedi 15 novembre 2014 – SAINTE MAXIME (83) – Le Carré
    Mercredi 19 novembre 2014 – ANNEMASSE (74) – Château Rouge
    Jeudi 20 novembre 2014 – GRENOBLE (38) – MC2
    Vendredi 21 novembre 2014 – BOURG LES VALENCE (26) – Théâtre le Rhône
    Samedi 22 novembre 2014 – CLERMONT FERRAND (63) – Coopérative de Mai
    Mardi 25 novembre 2014 – ROUEN (76) – Le 106
    Jeudi 27 novembre 2014 – SAINT LÔ (50) – Le Normandy
    Vendredi 28 novembre 2014 – NANTES (44) – Cite des Congrés
    Samedi 29 novembre 2014 – TOURS (37) – Le Vinci
    Mercredi 03 décembre 2014 – MONTCEAU LES MINES (71) – L’Embarcadère
    Jeudi 04 décembre 2014 – FIRMINY (42) – Le Firmament
    Samedi 06 Décembre 2014 – MORGES (CH) – Théâtre de Beausobres
    Vendredi 12 décembre – TARBES (65) – Le Parvis
    Samedi 13 décembre 2014 – SEIGNOSSE (40) – Les Bourdaines
    Jeudi 18 décembre 2014 – TOULOUSE (31) – Le Bikini
    Vendredi 19 décembre 2014 – BORDEAUX (33) -Théâtre Fémina
    Samedi 20 décembre 2014 – RENNES (35) – Le Liberté

    A noter également: 
    Daho fait son cinéma : Une sélection de films français réalisée par Étienne Daho, avec projection dans les cinémas Mk2 Quai de Loire et Quai de Seine 19e arrondissement de Paris.

     

    Les chansons de l’innocence retrouvée– Polydor – Universal Music

     

    Produit et arrangé par Etienne et Jean-Louis Piérot et co-produit par Richard Woodcraft

    Pour en savoir plus: http://dahofficial.com/

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