Les films à voir au cinéma cet été 2012
Non pas que je sois partie vers des contrées lointaines mais les films que je souhaitais voir depuis un moment ne sont pas à l’affiche là où je me trouve actuellement ( toutes les villes n’ont pas des exploitants « audacieux » qui passent autre chose que « Madagascar » ou « L’âge de glace » ou pire « Paris-Manhattan »), ce qui explique (en partie) mon relatif silence sur ce blog (même si je me consacre à d’autres et notamment le nouveau que je vous invite à découvrir http://inthemoodforfilmfestivals.com , ainsi qu’à d’autres projets).
J’en ai néanmoins vu pas mal en avant-premières. D’autres qui sont sortis depuis un moment déjà, parfois passés inaperçus, sont encore à l’affiche. Quelques-uns ont retenu mon attention. Je vous en parle ci-dessous.
Les critiques de classiques du 7ème art un peu délaissées vont aussi reprendre sur ce blog. D’ailleurs, par la force des choses, ayant dû abandonner les salles obscures, j’ai revu trois classiques la semaine dernière : « La grande Evasion » de Raoul Walsh, « Sueurs froides » d’Alfred Hitchcock et « Le train » de Pierre Granier-Deferre. Le premier m’a rappelé que je n’avais jamais vu un mauvais film avec Bogart. Le deuxième m’a encore une fois fascinée par l’intelligence de la mise en scène et de l’écriture, leur polysémie réjouissante, la beauté foudroyante des images (et des acteurs), l'intensité dramatique exacerbée par la musique d'Herrmann, le charme discret de James Stewart, la beauté insolente de Kim Novak, le souci du détail, de chaque détail, et le savoureux machiavélisme du châtiment divin final. Le troisième m’a rappelé quel couple à la fois improbable et évident formaient dans ce film Romy Schneider et Jean-Louis Trintignant, que le film reposait sur les épaules de ce couple et de leur alchimie troublante.
Je ne succombe pas à la folie « Batman – The Dark Knight Rises » et donc sans doute serai-je une des rares à ne pas me ruer dans mon cinéma à sa sortie mercredi prochain, pourtant je reste une inconditionnelle de Christopher Nolan, lié à un souvenir magique puisque j’avais eu le plaisir de découvrir son premier film au Festival du Film Britannique de Dinard, en 1999, et que le jury présidé par Jane Birkin dont j’avais eu le plaisir de faire partie l’avait primé. Je reverrai donc plutôt « Following », « Memento » ou « Inception » en DVD.
Et parce que ses « Amours imaginaires » est un de mes plus grands chocs cinématographiques de ces dernières années, et parce que je fais confiance à Mrs Sur la route du cinéma, allez voir « Laurence anyways » de Xavier Dolan (qui ne passe malheureusement pas dans mon cinéma) et retrouvez ma critique des « Amours imaginaires » si vous hésitez encore : une fantasmagorie pop, poétique sur la cristallisation amoureuse, sur ces illusions exaltantes et destructrices, sublimes et pathétiques, un film enivrant et entêtant comme un amour imaginaire…
Parmi les films à l’affiche ou à venir, en juillet/août, je vous recommande d’abord « L’été de Giacomo » d'Alessandro Comodin et si je commence par celui-ci c’est que rares sont les salles à le programmer encore, comme le Reflet Médicis. J’ai eu un coup de cœur pour ce film découvert dans le cadre du Festival Paris Cinéma. Un film universel, solaire et languissant, troublant de réalisme, l’histoire d’une métamorphose qui résonne en nous comme le souvenir, lumineux et mélancolique, heureux et nostalgique, de la fin de quelque chose (l’enfance) et le début d’une autre (l’entrée dans l’âge adulte) porté par trois jeunes non comédiens attachants et le regard bienveillant et aiguisé du réalisateur ; et qui, l’air de rien, nous bouleverse comme une douce et âpre réminiscence des derniers feux de l’enfance, d’un éphémère été et des premiers émois. Une vraie pépite qui mérite d’être découverte. Cliquez ici pour lire ma critique.
Toujours à l’affiche, le dernier film de Woody Allen « To Rome with love », un film idéal en cette période estivale. Certains esprits chagrins (qui, pour certains, n’auront pas pris la peine d’aller le voir) vous diront qu’il n’en vaut pas la peine. Si « To Rome with love » n’atteint certes pas le niveau de « Manhattan », « La Rose poupre du Caire », « Match point » (pour moi un modèle d’écriture scénaristique, le scénario parfait dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici ainsi que de 7 autres films de Woody Allen dans le « dossier » que je lui ai consacré), Woody Allen une nouvelle fois a l’élégance de nous distraire en nous emmenant dans une promenade réjouissante qui nous donne envie de voyager, de vivre, de prendre la gravité de l’existence avec légèreté, de tomber amoureux, de savourer l’existence et ses hasards et coïncidences, et surtout de voir le prochain film de Woody Allen et de revoir les précédents. C’est sans doute la raison pour laquelle, avec notamment Claude Sautet, il fait partie de mes cinéastes de prédilection car, comme les films de ce dernier, ses films « font aimer la vie ». J’ai eu le plaisir de le rencontrer à l’occasion de sa venue à Paris. Retrouvez ici mon article complet à ce sujet et la critique du film.
Ensuite, pour les deux autres films que je vous recommande, vous devrez attendre le 22 août : le premier est mon énorme coup de cœur du dernier Festival de Cannes, le second un petit coup de cœur du Festival du Film de Cabourg 2011.
Il s’agit d’abord de « A perdre la raison » de Joachim Lafosse pour lequel Emilie Dequenne a reçu le prix d’interprétation de la sélection Un Certain Regard pour ce film qui a des accents de Dardenne, Chabrol, Clouzot mais qui, surtout, témoigne de la singularité de son réalisateur. Si vous ne deviez voir que trois films cette année, celui-ci devrait sans aucun doute en faire partie. Bouleversant, il vous hantera et questionnera longtemps après cette plongée étouffante, palpitante et brillante dans cette cellule familiale (la bien nommée) et dans la complexité des tourments de l’âme humaine et vous laissera avec le choc de ce dénouement annoncé mais non moins terrassant. Cliquez ici pour lire la critique.
« Au cul du loup » et est le premier long métrage de Pierre Duculot présenté dans la section Panorama du Festival du Film de Cabourg 2011. Il suit Cristina, presque trentenaire, qui vit dans la région de Charleroi avec son petit ami ; elle y travaille comme serveuse. L’héritage d’une maison en Corse que lui a léguée sa grand-mère va chambouler son existence. Alors que tout le monde l’incite à vendre, elle va peu à peu y trouver un sens à sa vie et le goût de vivre, vraiment. Pierre Duculot filme son anti-héroïne avec beaucoup de délicatesse, d’empathie, de sensibilité et son éveil à un nouvel amour (surtout celui de la vie mais aussi celui d’un berger) au contact de la rudesse et de la beauté des paysages corses. Le film est porté par sa fascinante actrice principale Christelle Cornil, une actrice malheureusement encore méconnue d’une étonnante présence. « J’aime la beauté des filles ordinaires qui ne le sont pas » a déclaré Pierre Duculot lors du débat d’après film et c’est exactement ça. Christelle Cornil derrière une apparence banale révèle peu à peu, grâce à la délicatesse du regard de Pierre Duculot derrière la caméra, une beauté, une détermination et un caractère tout sauf ordinaires. Pierre Duculot a débuté sa carrière comme assistant des Dardenne et on retrouve dans son cinéma cette manière de révéler le meilleur des acteurs et des êtres derrière leur froideur, cette manière d’accorder beaucoup de place au silence, à l’implicite, aux fêlures tacites des personnages.
Enfin, je suis très curieuse de découvrir « Superstar » de Xavier Giannoli, le 29 août dont je vous laisse découvrir la bande-annonce, ci-dessous.
Je vous promets d’autres pépites plus tard dans l’année, mais de celles-là, je vous parlerai ultérieurement. Et prochainement, je vous parlerai des films à ne pas manquer à la télévision, cet été.
Je vous rappelle enfin que vous pouvez toujours gagner vos pass pour le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012, ici, un festival dont le programme sera révélé lors de sa conférence de presse, le 25 juillet prochain.