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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
« Quand des hommes, même s'ils l'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux et ils peuvent suivre des chemins divergents. Au jour dit, inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. » Hier soir, le Palais des Congrès tenait lieu de cercle rouge à ceux qui souhaitaient rendre hommage au « dernier samouraï », le jour de son anniversaire, presque deux mois après sa mort survenue au cœur de l’été dernier, en « plein soleil ».
Manalese. Sartet. Gabin. Delon. Verneuil. Morricone. Cela a commencé comme cela. Par le « duel » final Manalese (Gabin) / Sartet (Delon) sur la musique entêtante de Morricone (pour laquelle ce dernier disait s’être inspiré du Prélude et Fugue 543 de Bach). Sartet meurt. Delon meurt souvent. Enfin non, cela a commencé un peu avant, avec la musique de Clapton à tue-tête dans le bus qui me menait vers le Palais des Congrès. J’ignore quelle était la probabilité que le chauffeur fasse résonner cette musique-là, à ce moment-là, une des musiques préférées de celui qui m’a fait aimer le cinéma grâce aux films avec Delon. Il paraît que « la chance, ça n’existe pas » (citation extraite de Borsalino), mais les signes du destin, et le hasard peut-être ?
80 musiciens. 20 films. 20 musiques. Un ciné-concert symphonique au profit de la recherche contre Alzheimer (que Delon soutenait). Un hommage à l’image de Delon : sobre, nostalgique, mélancolique, élégant, concentré sur l’essentiel : le cinéma. Des souvenirs de vie et de cinéma qui se confondent, le tourbillon étourdissant des extraits, des musiques, allant crescendo pour finalement nous emporter et faire chavirer d’émotions. Sarde. Morricone. Delerue. Rota. Demarsan. De Roubaix. Bolling. Legrand. Borniche. Ripley. Rocco. Tancrède. Costello. Sartet. Siffredi. Klein. Corey. Clément. Verneuil. Visconti. Losey. Cavalier. Melville. Deray. Giovanni. Granier-Deferre. Dans le désordre. La liste impressionnante des compositeurs de musiques de films dans lesquels Delon a tourné, à l’honneur hier soir (et que de chefs-d’œuvre parmi ces musiques, redécouvertes grâce à ce ciné-concert, comme celle de Rocco et ses frères, de Nino Rota, dont j’avais oublié à quel point elle était bouleversante). Les noms des personnages que Delon a rendus immortels et qui seuls suffisent à nous rappeler les films dans lesquels il les incarne. Les immenses metteurs en scène des films en question. Les extraits juxtaposés témoignaient du talent unique et du jeu protéiforme de Delon, mais qui en douterait encore ? Les variations de la voix. L’intensité et la polysémie du regard, l’émotion qui y affleure souvent. Et puis ces regards échangés, d’une puissance renversante. Entre Gabin et Delon à la fin de Mélodie en sous-sol (avec l’inoubliable musique de Michel Magne). Entre Signoret et Delon (La Veuve Couderc, musique de Philippe Sarde). Entre Gabin et Delon (Deux hommes dans la ville, musique de Philippe Sarde). Dans les deux derniers, la mort qui s’insinue dans les regards et les silences. Alors, le cœur qui s’emballe, parce que ce n’est plus tout à fait du cinéma. Oui, Delon meurt beaucoup. Et puis ces mots (écrits par Barbelivien) avec la voix de Delon qui envahit le Palais des Congrès, présent, vivant même soudain, sur la musique de Rêve d’amour de Liszt (quel autre incroyable signe du destin que comprendront ceux qui auront lu La Symphonie des rêves). Alors, oui Delon meurt beaucoup, est mort pour de bon mais hier soir son ombre illuminait le Palais des Congrès lors de ce moment où réalité et fiction valsaient comme Tancrède et Angelica dans Le Guépard.
J’ai repensé à cette scène du Guépard justement : Salina (Lancaster), face à sa solitude, devant un tableau de Greuze, La Mort du juste, faisant « la cour à la mort » comme le lui dira Tancrède (Delon). Angelica, Tancrède et Salina ensuite dans cette même pièce face à ce tableau morbide alors qu’à côté se fait entendre la musique joyeuse du bal. L’aristocratie vit ses derniers feux mais déjà la fête bat son plein. Devant les regards attristés et admiratifs de Tancrède et Angelica, Salina s’interroge sur sa propre mort. Les regards lourds de sens qui s’échangent entre eux trois, la sueur qui perle sur les trois visages, ce mouchoir qu’ils s’échangent pour s’éponger en font une scène d’une profonde cruauté et sensualité, entre deux regards et deux silences, devant ce tableau terriblement prémonitoire de la mort d’un monde et d’un homme, illuminé par deux bougies que Salina a lui-même allumées comme s’il admirait, appelait, attendait sa propre mort, devant ces deux êtres resplendissants de jeunesse, de gaieté, de vigueur. Là, Delon ne mourait pas, il incarnait la vie.
Cet hommage (posthume, vraiment là) m’a évidemment fait repenser à ce soir, poignant et inoubliable, du 19 mai 2019, lorsque Delon recevait sa palme d’or d’honneur, où il faisait ses adieux à la vie et à la scène, et évoquait « un hommage posthume de mon vivant ».
« Je ne joue pas. Je vis », disait-il aussi. Alors, hier soir, lors de cette soirée mémorable, il ne jouait pas, il vivait. Après cela, il a fallu retrouver la réalité, s’enfoncer dans le silence de la nuit percé par les galimatias des noctambules, la vie qui n’était plus un jeu. Quoique… J’aime à croire qu’elle peut l’être comme m’y incitaient les musiques de films sublimant davantage encore la beauté incendiaire Paris qui résonnaient dans ma tête, contribuant à ce que tout se mélange un peu : les morts, les vivants, Clapton, Liszt, Morricone, Delon, le hasard, les signes du destin, la vie, le cinéma, le passé, le présent, la nostalgie, la joie, la musique joyeuse du bal et, finalement, la vie qui l’emportait là aussi, la vie qui M’emportait. Pour terminer, et refermer le cercle rouge, une autre citation, extraite du Samouraï cette fois :
« Il n'y a pas de plus profonde solitude que celle du samouraï. Si ce n'est celle d'un tigre dans la jungle...Peut-être. » (Quelques mots désordonnés encore portée par l'émotion d'hier et peu d'images ayant préféré profiter de l'instant et aussi parce qu'elles sont souvent plus imparfaites et traîtresses et moins puissantes que les souvenirs).
Voilà un concours idéal pour cet été 2018 ! La musique d'Enrique Iglesias évoque pour moi l'allégresse, les vacances et un séjour dans le Sud de l'Espagne où, d'un lieu à l'autre, résonnait la même musique comme la bande originale du film de mes vacances, celle du chanteur de pop en question désormais pour moi indissociable de ce joyeux séjour.
La star latine revient pour un grand concert le 11 novembre 2018 dans le majestueux décor de l’AccorHotels Arena et je suis ravie de permettre à l'une ou l'un d'entre vous de pouvoir remporter sa place ici.
Depuis sa dernière tournée en France, il a sorti quatre grands hits - Duele El Corazon, Subeme La Radio, El Baño et Move To Miami, qui dominent les charts du monde entier.
En novembre, Enrique se produira à Paris avec sa tournée All The Hits Live, qui, avec un tel nom, devrait enthousiasmer les fans de musique latine contemporaine avec 100 % de hits.
Le nouveau show, All The Hits Live, comporte une nouvelle mise en scène et beaucoup plus d'effets spéciaux avec par exemple un mur de LEDs de 500 m², deux fois plus d'effets lumières et pyrotechniques et un son deux fois plus puissant grâce à la technologie de dernière génération.
Depuis début 2018, le chanteur a donné une série exclusive de concerts à guichets fermés dans toute l’Europe occidentale. Avec ce nouveau show, il s'est produit à Prague, Budapest et Ljubljana avec deux concerts, et un autre à Oslo, Athènes, Munich, Copenhague et Lisbonne. En Mai dernier, Enrique Iglesias a vendu l'intégralité des 45 000 billets pour son concert à Tel Aviv.
Les billets du concert All The Hits Live à Paris sont disponibles auprès des points de ventes Ticketmaster. Les organisateurs conseillent aux plus grands fans de se dépêcher pour obtenir leur place, étant donné que les billets en promotion pour ses derniers concerts ont tous été vendus en l'espace de 18 jours.
Les billets sont disponibles ici : https://bit.ly/2lyvC0R ...et un chanceux ou une chanceuse pourra remporter sa place pour le concert du 11 novembre 2018 en participant au concours ci-dessous.
CONCOURS
Vous avez jusqu'au 30 septembre 2018 pour envoyer vos réponses à inthemoodforfilmfestivals@gmail.com avec, pour intitulé de votre email, "Concours concert Enrique Iglesias". Seul(e) la gagnante ou le gagnant sera contacté(e).
1. Combien de single (environ) Enrique Iglesias a-t-il vendu au fil de sa carrière ?
2. Comment se nommait son premier album ?
3. Quel grand compositeur sera en concert à l'AccorHotels Arena le 23 novembre ?
4. Citez deux chanteuses avec qui Enrique Iglesias a interprété deux différents duos ?
5. Pourquoi voulez-vous remporter cette place pour ce concert en particulier ? (La réponse à cette question permettra de départager les bonnes réponses et de récompenser la ou le plus passionné(e) et/ou motivé(e).)
Je vous parle (trop) rarement de musique ici et je vais y remédier, le dernier article à ce sujet remontant au concert du groupe Archimède à Laval en début d'année (au passage, pour ceux que cela intéresse, ils donneront un concert pour les 30 ans de l'hippodrome de Laval, le 28 août 2015). Mais je ne pouvais pas ne pas évoquer le nouvel album et les prochains concert de Mika, notamment au Zénith de Paris, après avoir eu le plaisir d'assister à son concert privé à Paris au 1515 en 2010, 45 minutes de spectacle inoubliables, un concert lors duquel il avait déployé une énergie incroyable, un enthousiasme communicatif et bondissant, faisant oublier l'étroitesse de la scène où il était pourtant a priori impossible de danser ! (enfin pas pour lui...) Et quelle danse, toujours si savamment singulière, décalée et entraînante!
Ce furent 45 minutes de flamboyance entrecoupées, avec humour, de quelques allusions au volcan qui paralysait alors l'Europe ou d'incitation à chanter et danser, même auprès de Bernadette Chirac à qui il s'était directement adressé, présente en tant que représentante de la Fondation Hôpitaux de Paris au profit de laquelle était donné le concert.
Au-delà de sa voix éblouissante aux capacités vertigineuses (dont la tessiture couvrirait 4 octaves), au-delà de ses chansons pop qui se retiennent après une seule écoute et vous embarquent dans leur arc-en-ciel de couleurs et leur joie de vivre, au-delà et de son univers ludique, psychédélique, haut en couleurs, entre enfance et adolescence, ce qui me marque à chacune de ses interviews, c'est un sourire d'une belle candeur (un pudique masque pour dissimuler la mélancolie sous-jacente peut-être -que reflètent ses plus beaux titres-, et peut-être des blessures d'enfance et d'adolescence) mais surtout son humilité ainsi que son professionnalisme servi par une culture musicale époustouflante qu'il a si bien démontré dans "The Voice" dont il est un des 4 coachs. Il a ainsi notamment étudié au Royal College of Music de Londres.
"Life in Cartoon Motion", son premier album, fut en France l'album le plus vendu en 2007 et, en 2009, il avait vendu plus de 19 millions de disques dans le monde.
Par ailleurs, il ne prend pas de posture et assume pleinement ce que d'autres (les cyniques, les aigris) jugeront certainement obscène: un aspiration au bonheur et une envie de le transmettre d'une apparente naïveté (alors que d'autres se complaisent dans la morosité et le cynisme) et que, d'ailleurs, plus que le reflet d'une naïveté enfantine sont certainement, au contraire, davantage celui d'une maturité et d'une générosité.
Je me souviens de ce concert, volcanique, comme d'un bel instant dont l'éphémère a renforcé l'intensité et le plaisir, bref, un condensé métaphorique de l'existence en somme... Un concert qui donnait envie de faire de l'existence un film coloré avec, comme bande originale, le titre le plus connu ( qui avait terminé ce concert décidément trop court): "Relax".
Alors, évidemment, je ne pouvais que me précipiter sur son quatrième album sorti le 15 juin 2015, "No Place in Heaven" (qui succède au magnifique "The Origin of love", sorti en 2012 qui comprenait notamment le splendide "Underwater"), un nouvel album dont vous avez certainement d'ores et déjà entendu le single "Talk about you" (qui, systématiquement, me donne le sourire et une irrésistible envie de danser, allez voir le clip une fois de plus très cinématographique et coloré si vous ne l'avez pas encore visionné) et "Boum boum boum", le single sorti près d'un an avant la sortie de l'album.
Ce nouvel album a été enregistré à Londres et Los Angeles, co-réalisé par Gregg Wells. ll comprend 4 titres en français. Il a encore gagné en maturité et, plus que jamais, intègre son impressionnante culture musicale et la richesse de ses différentes cultures (Mika est britannico-libanais et a étudié au lycée français de Londres, il a également résidé en France), s'assumant pleinement.
Au fil des 14 titres de l'album, j'y retrouve ce mélange subtile de musiques pop et entraînantes ( réjouissant "No place in heaven") et de ballades mélancoliques, même romantiques (sublimes "Last party" et "Hurts" porté par le son envoûtant du piano, magnifique "Les baisers perdus"), et cette voix, toujours si inimitable, qui se fait cristalline, ensorcelante...
Les concerts de Mika au Zénith de Paris le 19 septembre 2015 et le 17 octobre 2015 seront donc indéniablement des événements à ne pas manquer. Vous pourrez aussi le voir dans quelques villes de province et notamment à Rennes, le 18 septembre 2015.
Alors, vous savez ce qu'il vous reste à faire si vous voulez assister à un vrai spectacle et voir en concert une des rares stars du 21ème siècle, terme souvent usurpé quand il en qualifie d'autres qui n'en sont que des simulacres mais dont il est pour moi l'incarnation. Allez le voir en concert, chanter, danser comme personne et vous ne pourrez qu'acquiescer et avoir envie de le suivre dans ce feu d'artifices musical...
Il y trois mois, je n’aurais pas imaginé venir là. Assister à un concert. Un concert, vous imaginez ! Non, vous n’imaginez pas, certainement. Il y a quatre mois, je n’aurais pas imaginé voir mon père mourir quelques jours plus tard. Il y a trois mois, je n’aurais pas imaginé survivre à la mort de mon père. Ou si : survivre, seulement. Il y a cinq mois, en écoutant avec mon père, émus, l’Ave Maria de Gounod chanté par Alagna, je n’aurais pas imaginé que nous l’entendrions, deux mois plus tard, séparés par : l’allée glaciale d’une Eglise, un cercueil, la mort. Sa mort. Je n’aurais pas imaginé que cette musique qui nous avait réunis dans un instant complice résonnerait peu de temps après dans une Eglise comme un cri d’une beauté douloureuse et déchirante. Je n’aurais pas imaginé aller à un concert, trois mois après la mort de mon père. Ou si : comme d’autres vont à l’Eglise, justement. Pour trouver une explication à l’inexplicable. Pour trouver un écho à l’indicible. Un sens à l'insensé. Il y a tant de choses que je n’aurais pas imaginées. Les silences fracassants de ceux qui sont si diserts quand leur intérêt entre en jeu. Les mots qui sauvent aussi. Parfois sans le savoir. J’ai choisi de ne retenir que ceux-là. Ceux que j’ai reçus et par lesquels j'ai été et suis particulièrement touchée. Les mots de belles personnes. Qui me portent encore. Ceux que j’ai écrits. Libérateurs. Ceux que j’ai lus, plongeant à cœur et âme perdus dans ces milliers de livres inertes et orphelins eux aussi, dans sa bibliothèque. Pouvoir inestimable des mots. Faire abstraction de ceux qui imaginent (Sérieusement. Sérieusement ?) que, après trois mois, tout est effacé et qui ignorent que leur silence est comme un autre deuil. De la douleur et du passé. Ceux qui me parlent de tout et de rien, surtout de riens, de tout sauf ça, me rappelant que cette cicatrice, béante, est invisible. Que je suis là en apparence et encore tellement ailleurs. A regarder le soleil avec circonspection et à me demander combien de temps encore en émanera cette tristesse infinie. Je n’aurais jamais imaginé que dorénavant le chagrin avec lui devrait être enterré. Cet ennemi sournois qui surgit n’importe quand. En regardant un film, me souvenant que le dernier que nous avons regardé ensemble était le même que celui par lequel il m’a fait aimer le cinéma, et l’aimer passionnément. Terrible ironie du destin. En me promenant : ici, ailleurs, partout. En retournant ou voyant un lieu où, il y a quatre mois seulement, persuadée qu'il était sur la voie de la guérison, je lui avais promis que nous irions: l'Opéra de Paris, la Comédie Française, ou le chemin de halage devant la maison familiale où il courait 18 kms il y a deux ans seulement. Avant. Juste avant ces deux années de vain combat. En voyant un restaurant où nous avions dîné en famille si récemment, hier il me semble, à me dire comment est-ce possible. Brusquement, en étant éblouie par une lumière particulière, réminiscence brutale d’un instant. Ou exhalant ce doux parfum de l'enfance à jamais révolue. Une silhouette au loin qui me rappelle la sienne, me fait sourire, déraisonner, oublier une seconde l’ineffaçable, puis me ravage. Un moment ou une réflexion que je ne pourrai pas partager et qui meurent, eux aussi. Un concert de Vincent Delerm sur lequel il aurait ironisé. Chagrin sournois comme cette maladie qui l’a emporté que certains nomment « longue » pour ne pas dire cancer par une soudaine et ridicule pudeur. Peur peut-être d’évoquer ce qui, en le nommant, semble être contagieux et qui, malheureusement, concerne tant de familles, elles aussi plongées dans ce silence étouffant qui entoure, encore aujourd'hui, cette maladie, surtout quand elle devient incurable, comme elle l'est encore parfois même si on tend de plus en plus à le nier, dissimuler (et même si, aussi, bien heureusement, on en guérit de plus en plus). Cette réalité que semblent seulement comprendre ceux qui sont passés par là, familles ou bien sûr malades quand d’autres la balaient d’un silence, d’un revers d’indifférence ou d’insouciance, qui ignorent le combat et le courage que cela représente. Je n’aurais jamais imaginé que le deuil était peut-être notre dernier tabou. Qu’on était censé le zapper comme tout le reste.
Voilà tout ce à quoi je pensais, là-haut, tout en haut du théâtre de Laval lorsque Vincent Delerm a commencé son unique concert de l’Ouest. Moi dans mon monde. A le regarder de loin, en plongée. Lui dans le sien. A attendre qu’il vienne me chercher, à ma place dont j’avais l’impression qu’elle était si peu la mienne ce soir-là. La mienne ou la nôtre, plutôt : mon chagrin, mes souvenirs et moi. Ne me croyez pas de parti pris. J’ai aimé la musique de Vincent Delerm. Follement. Comme vous le verrez dans mon "article" suite à son concert à La Cigale en 2006 (publié à nouveau ci-dessous). C’était la vie d’avant. Peut-être étais-je plus indulgente? Peut-être Delerm semblait-il plus impliqué? Sans doute l’étais-je beaucoup plus aussi. Sans doute y a-t-il des choses que je ne pourrai plus supporter désormais (outre les silences fracassants) : le manque de générosité, la paresse, la désinvolture (fût-elle jouée), la nonchalance. Sur scène ou dans la vie. Tout ce que j’ai ressenti ce soir-là. En tout cas, les 40 premières minutes pendant lesquelles mes pensées divaguaient.
Il est arrivé. Tranquillement. Seul en scène. S’est installé à son piano tandis qu’un autre jouait. Sans pianiste. Comme le fantôme de ses émotions. Derrière, des images éparses sur un écran. Des variations de lumière. Une voix off féminine. C’était triste (oui, triste, pas mélancolique), morcelé, conceptuel et lent comme un (mauvais ?) film de la Nouvelle Vague. Après deux phrases, il s’est raclé la gorge. Sans discrétion. Sans égards pour ce public qui devenait alors comme une masse informe, indifférenciée. Là ou ailleurs…
Nous étions faits pour nous comprendre, pourtant. Lui et ses « Amants parallèles » (titre de ce cinquième album après son album éponyme puis « Kensington Square », « Les piqûres d’araignée » et « Quinze chansons » ). Moi, et mes Ombres parallèles. Il semblait monologuer. Alors, je suis restée dans mes divagations. A me demander, à cet instant précis, combien de familles vivaient ces moments insoutenables à entendre l’insupportable au milieu d’un silence et d’une indifférence assassins, ce râle haletant et harassé d’un être cher, héros du quotidien, à redouter le suivant, à espérer qu’il puisse supporter le suivant, tout en sachant que le seul soulagement pour lui serait l’insoutenable pour eux : qu’il cesse à jamais.
Pendant ce temps, Vincent Delerm racontait l’histoire d’un couple sur une décennie résumée en 32 minutes (durée de son album) ou un peu plus, en parlant, souvent. En chantant, de temps en temps. Ou plutôt en murmurant comme on le ferait à l’oreille d’un ami. Comme ça me semblait vain. Sinistre. Lointain. Prosaïque comme son « avant l’hiver avant le pull-over ».Pas un ami, oui, une connaissance plutôt. Une lointaine connaissance.
Le disque a été enregistré avec des pianos seulement. L'album est réalisé avec Maxime Le Guil et Clément Ducol qui a travaillé avec Camille (tout un programme...). Et un piano préparé (qui engendre des sons qui ne sont pas ceux d’un piano « ordinaire »). Il faut l'avouer: du piano, il en joue admirablement.
En résulte un ton feutré qui ne m’a jamais semblé intime ou même intimiste. Un ton pour nous parler d’amour. De désamour surtout. De solitude à deux finalement. Comme lors de son spectacle. Lui, d’un côté. Le public, de l’autre. Des instantanés : Vincent Delerm aime d’ailleurs beaucoup la photographie, en particulier Martin Parr et Raymond Depardon. Une bande originale de film qui se voulait universelle. Instants fugaces racontés comme autant d’épisodes du film d’une histoire amoureuse. Ou plutôt des fragments. Des courts métrages inachevés. C’est d’ailleurs le titre d’une chanson de cet album. Le film. Une minute quarante quatre trop courte. Dommage. J’aimais son rythme cinématographique. Ses images que je voyais presque danser avec les mots. « Et tu connais le film par cœur la fille maladroite l’ascenseur le garçon sous la pluie qui court… » « le pare-brise le volant je roule jusqu’à Milan » « Des violons par-dessus l’histoire » « Et tu connais le film par cœur et dans une heure quarante même si c’est le même ascenseur tu seras différente ».Comme dans cette autre chanson, « Ils avaient fait les valises dans la nuit ». Il ne manquait plus que la musique de Francis Lai et j’avais l’impression de voir Trintignant dans « Un homme et une femme », rouler à vive allure sous la pluie rejoindre Anouk Aimée dans cette scène sublime. Rares sont les films qui donnent à ce point la sensation de voir une histoire d'amour naître et vibrer sous nos yeux, d'en ressentir -partager, presque- le moindre battement de cœur ou le moindre frémissement de ses protagonistes, comme si la caméra scrutait les visages et les âmes. Vous pourrez voir une des plus belles scènes du film dans le clip de la chanson ci-dessous.
C’est d’ailleurs ce qui m’a fait revenir à la réalité. La voix ensorcelante de Trintignant dans le film de Lelouch. Lorsqu’il a chanté Deauville sans Trintignant. Et puis La natation synchronisée. Quatrième de couverture. Le Baiser Modiano. Revenant à ses anciens titres que j'ai tant aimés, au name-dropping aussi ( abandonné ici si ce n’est le un peu lourd « Son ventre à elle ressemblait maintenant à celui de Mia Farrow dans Rosemary’s baby").
Et puis… Son humour nonchalant. Son autodérision ("Je suis un chanteur pluvieux"). Cette manière de se moquer du chanteur qui veut se la jouer sincère en racontant des anecdotes et en racontant lui-même des anecdotes (vous avez vu un peu la mise en abyme !?), au second degré. Cette manière d’emporter malgré tout notre adhésion sans rompre tout à fait le monologue. Parce que sa nonchalance et sa désinvolture (fausses, jouées, je sais, je sais) ont du charme, finalement.
Mais je suis restée à distance, malgré tout. Sans doute étais-je loin, trop loin. Sans doute n’était-il pas assez proche de son public. Il n’a d’ailleurs prononcé qu’une fois le nom de Laval, à la fin. Il est si beau le nom de mon palindrome natal avec la symétrie parfaite de ses lettres qu’il est pourtant dommage de se priver de le prononcer.
Le concert s’est achevé par une chanson de William Sheller. « Un homme heureux ». Un beau programme. Peut-être nous sommes-nous rejoints un court instant sur cette quête de bonheur.
Le concert s’est achevé. Sans avoir réussi à m’émouvoir. C’est rare. Peut-être étais-je trop happée par mon propre monologue. Peut-être aussi était-il un peu trop enfermé dans le sien. Sans doute étions-nous deux parallèles. Je demeure, malgré tout, une incurable utopiste persuadée que même les parallèles peuvent se rejoindre. Que même le soleil finira par ne plus être trompeur. Alors, peut-être au prochain concert, Vincent. Sans rancune.
Et puis, pour être honnête, j’ai souri à cette chanson (d'un précèdent album) que je vous propose de réentendre…
Pour le plaisir, celle-ci qu'il n'a pas chanter:
Et puis, de ce nouvel album » je vous recommande tout de même « Le film » et « Les Amants parallèles ».
« Parallèles Pas loin mais à côté quand même ». Pas mieux.
Vincent Delerm sera au théâtre Dejazet du 4 au 29 mars 2014.
(Et puisque de musique il est question, j'en profite pour vous recommander le dernier album d'Etienne Daho "Les chansons de l'innocence retrouvée", malheureusement reparti bredouille des Victoires de la Musique hier soir, et à qui je consacre un large article, ici).
Un soir de 29 novembre à La Cigale (ci-dessous , mon "article" publié le 30 novembre 2006, suite à son concert à La Cigale)
C’était un soir de novembre à la Cigale,
D’ailleurs cela a commencé par leurs voix si musicales
Avec aussi le charme suranné d’images un peu jaunies
Sur un rideau blanc quand même un peu décrépi
Puis, l’un s’évanouit, l’autre apparut à nos yeux attendris, tout ouïe aussi
Dans une salle qui aurait pu être de Chatenay Malabry
Ou recevoir l’archevêque de Canterbury
Mais c’était dans mon impitoyablement belle ville de Paris
Là où le faux pas n’est pas permis
Où, pour presque rien,
Cela peut s’achever en dénouement shakespearien
Et puis des piqûres d’araignées
Au doux présent nous ont ramenés
A la poésie d’une époque un peu désenchantée
Alors, son regard aiguisé il a baladé
Avec son allure élégamment dégingandée
Sur son époque passée enchantée
Qu’il sait si joliment nous faire partager, regretter
Sur son époque actuelle
Sur laquelle il pose et ose son regard faussement cruel
Avec sa voix devenue mélodieuse
Sublimée par les notes de son piano, langoureuses
Comme de belles et filmiques histoires
Qu’il conterait à d’éternels enfants dans le noir
Toujours l’ironie au bord des lèvres
La pudeur de celui qui ne renonce pas aux rêves
Qui sait que l’enfance est à jamais révolue
Celle qui ne l’a jamais autant ému
Qu’il nous appartient d’en garder toujours la folie
De la raviver par notre goût immodéré d’envies, en vie,
Qui cache sa nostalgie derrière une douce ironie
Raillant Renaud, les capricornes, les koalas, juste la vie, surtout lui
Hitchcock Truffaut les entretiens
Ca aussi, nous avons en commun
Cela ressemblait à un film de Fellini
Avec lui, nous sommes allés en Italie
Cela ressemblait à du Woody Allen
L’humour pour si bien cacher ses peines
Cela ressemblait à du Chaplin, simplement finalement à Delerm
Qui, de sa plume, a capturé les plaies des temps modernes
Empreint de toute la nostalgie de Truffaut
Cela ressemblait à un film avec Jean-Pierre Léaud
Qui se regarde et s’écoute comme un film d’antan
Aussi captivant que la voix suave de Fanny Ardant
On aurait dit ce film avec Charles Denner
Dont il aurait pu composer l’air
Cela ressemblait à du cinéma
Il devrait passer derrière la caméra
Et puis son air quelque peu distant
Peut-être intimidé par la présence de son Philippe de parent
Ou simplement l’humilité maladroite du talent
Lecteurs du Figaro Madame ou de Libé
A sa place le public l’a trop timidement entonné
Par des diapos pourtant bien aidé
Pour, avec lui, se retrouver en natation synchronisée
Il a pourtant finalement si bien su l’envoûter, l’électriser
Malgré l’air un peu blasé
De certains Parisiens bobos par Renaud raillés
Ou de provinciaux qui ont Sardou manqué
Et se sont à La Cigale égarés
Disant Delerm c’est bien mais faut aimer Delerm
A moins qu’ils n’aient eu la déveine
De dîner auparavant avec Anita Pettersen
Réveillés quand même par le duo avec Fersen
Qui nous a entraînés dans sa rengaine
La salle a enfin trouvé son entrain
Enchaînant les rappels, tapant dans les mains
Pour oublier le petit matin, en vain
Car, forcément, il succèderait, chagrin
A ce soir qu’on aurait cru sans lendemain
J’aurais aimé faire la peau
Aux maudits qui remettaient trop tôt leurs manteaux
Avant même le rideau, le dernier écho
Habitués à zapper, passer, décrier, éluder
Prisonniers encore de leurs piètres et opiniâtres réalités
Si pressés toujours de la retrouver
Métro Boulot Dodo
Finalement des amateurs égarés de la dame au chapeau
Surtout ne pas rater le dernier métro
Finalement d’autres admirateurs de Truffaut
Pourtant le repos arrive bien assez tôt
Pour se priver de celui des maux
Engloutis dans cette avalanche de jolies nostalgies
Pas seulement de Chatenay Malabry
Déjà, encore, j’étais ailleurs, sur le quai des Grands Augustins,
Avec peut-être un livre de Modiano à la main
Et tant de rêves dans ma tête
Qui plus que jamais chantaient à tue-tête
Quelque chose comme un air de fête
Et puis, il le fallait alors je suis sortie
Avec une image improbable de mariachis
Enveloppée aussi d’un voile d’une réconfortante mélancolie
Suscitée par son enchanteresse poésie
Moi et mes rêves à la folie
Qui crois aux quatrièmes de couverture
Qui peuvent effacer toutes les blessures
Qui sais les soirs d’été à Ambroise Paré
Mais aussi que tout peut en un jour changer, révéler, réveiller
Ignorant la chaleur ou le froid ou la pluie
Ignorant si j’étais à Paris ou Chatenay Malabry
En rentrant, j’ai admiré plus que jamais l'incomparable charme germanopratin
Tiens, tiens le quai des Grands Augustins
Après être passée devant le Carrousel illuminé
De son incomparable beauté auréolé
Comme une chanson de Delerm un soir d’été
Insatiable esthète acharnée
Si seulement c’était un métier
Je dois avouer avoir quelques chansons absentes regretté
Ainsi, j’aurais aimé savourer sa délicieuse heure du thé
Entendre la voix de Jean-Louis
Voir le visage de Fanny, aussi
C’était un soir à La Cigale
Avec celui que j’ai découvert par son imitateur intarissable
Dans le Deauville de Trintignant, subrepticement ensorcelant
Celui qui n’est jamais décevant
Le mien celui qui suspend le vol du temps,
Je vous écris dans le silence qui s’installe
Le silence lénifiant après un doux soir à la Cigale,
Dé(i)fiant le temps, la réalité, l’ennui
Un moment de poésie, un beau moment de vie, de nostalgie, de mélancolie, de rêveries
Juste envie de dire merci. Allez-y. Courrez-y.
Malgré la ville normale
Malgré les voitures banales
Il y aura toujours le chant des cigales
C’était juste et tellement un soir de novembre inoubliable à La Cigale
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Cinq ans. Il y a cinq ans, déjà, j’assistais au concert d'Etienne Daho à l'Olympia pour Obsession tour. Un concert élégant et sensuel, fiévreux et électrique, poétique et magnétique. En bref, un moment inoubliable sur lequel je ne peux m’empêcher de revenir ci-dessous.
C’était un samedi soir sur la terre comme l’aurait chanté Cabrel. Un samedi soir Boulevard des Capucines, à l’Olympia. Un soir de juin. Ce soir-là, il pleuvait tristement, inlassablement.
Neuf ans auparavant, en octobre 1999, j’avais été sélectionnée sur lettre sur le cinéma Britannique pour intégrer le jury du Festival du Film Britannique de Dinard alors présidé par Jane Birkin et dont Etienne Daho était également membre se distinguant par une discrétion, une affabilité et une sensibilité rares et émouvantes, une sincérité et une pudeur touchantes. A la fin du festival, il m’avait proposé (en tout bien tout honneur) de transmettre mes coordonnées à son secrétaire pour que je sois invitée à ses prochains concerts. Je n’avais pas osé. Rendez-vous manqué… J’ai ensuite commencé à écouter sa musique que je connaissais si peu, à vraiment l’écouter, à l'apprécier vraiment aussi pour finalement être totalement envoûtée. Depuis, je l’ai aperçu dans un célèbre hôtel de la côte bretonne où je séjournais en même temps que lui. Je n’ai pas osé l’aborder, le déranger. Rendez-vous manqué, à nouveau. J’ai simplement griffonné gauchement et de mes hiéroglyphes légendaires quelques mots que je lui ai faits transmettre et dont j’ignore aujourd’hui encore s’il les a reçus et lus.
Cher Etienne, si par un heureux hasard - je sais que vous les affectionnez-, vous tombez sur ces mots, merci de la gentillesse et l’élégance dont vous aviez alors fait preuve à mon égard, étudiante maladroite car intimidée par le prestigieux jury qui m’entourait, et merci pour votre musique et vos mots qui m’ont si souvent accompagnée, ensorcelée. Merci aussi, sans le savoir, de m'avoir porté bonheur puisque mon premier roman publié portait le titre d'une de vos chansons que j'aime tant Le Brasier. Et, surtout, j'espère que vos ennuis de santé ne sont plus qu'un mauvais souvenir...
« Il n’est pas de hasard, il est des rendez-vous. Pas de coïncidence.» Telles sont les premières paroles du sublime morceau Ouverture de l’album Corps et Armes, véritable ode au public et allégorie amoureuse, public à qui, ce soir-là, à l’Olympia, il avait confié que c’était sa chanson préférée, lui rendant subtilement hommage. Non, il n’est pas de hasard, il est des rendez-vous. Pas de coïncidence. Et sans ce rendez-vous du destin à Dinard, probablement ne serais-je jamais allée à l’Olympia ce soir de 2008, ni l’écouter à Rennes, la ville de ses débuts, lorsque j’y étudiais encore, il y a quelques années. Et probablement n’aurais-je pas écouté ces Chansons de l’innocence retrouvée qui, en des jours tragiques, me donnent l’audace inespérée de croire que même après des moments terribles, il est possible de retrouver le goût de la légèreté.
Alors, certes il pleuvait tristement et inlassablement ce soir de juin 2008 mais quand je suis entrée dans les couloirs solennels de l’Olympia, noirs et rouges, couleurs d’une sobriété mystérieuse et passionnée, c’était déjà une promesse paradoxale d’une obscurité lumineuse et ensoleillée, à l’image de ce concert et de son interprète.
L’embellie a commencé avec les « Ukulélé girls » qui assuraient (oui, elles assuraient) sa première partie, un groupe de quatre filles qui revisitent la musique pop au Ukulélé et avec une belle allégresse et originalité comme avec cette reprise réussie de « Gangsta Paradise » de Coolio (www.myspace.com/ukulelegirls ).
Puis la lumière s’est rallumée, la tension est montée d’un cran. Quand Etienne Daho a entonné les premières notes de L’invitation (Victoire de la musique 2008 du meilleur album pop rock), alors plus rien d’autre n’existait et la foule s’est unanimement levée, galvanisée déjà.
Il est apparu sur scène juste vêtu d’un costume noir à même la peau, à la fois à fleur de peau et à nu, dans tous les sens du terme, ainsi aussi vêtu de mystère magnétique. Je crois, je suis certaine même, de ne jamais avoir assisté à un concert où l’atmosphère, dès les premières notes, était aussi électrique et festive. Ses premiers mots ont été de dire que nous « ferions la fête ensemble », « ce soir un peu spécial » incluant immédiatement le public, pourtant déjà conquis.
Enfiévré, s’épongeant régulièrement et langoureusement le front, dansant tout aussi langoureusement, d’une élégance sensuelle, d’une passion communicative, il a ensuite alterné entre morceaux de son dernier album « L’invitation » et titres plus anciens sans que jamais cette énergie électrique ne quitte la scène ni la salle. De son adaptation du poème de Genet Le condamné à mort dans la chanson Sur le cou, poème « sulfureux et poignant » comme il l’a décrit, à l’image de ce concert, à Paris, Le Flore extrait du mythique album Pop Satori dit fondateur de la Pop française aux Heures hindoues en passant par Mon manège à moi reprise d’Edith Piaf ou par le charnel et poétique « Les Fleurs de l’ interdit » inspiré de ses trépidantes nuits sans fin à Barcelone. « La notte, la notte » qu’il évoque d’ailleurs souvent nous entraînant en mots et musiques enivrantes dans ses dérives salutaires. Et même s’il dit que « La chanson est le seul langage qu’il maîtrise », d’ailleurs magnifiquement, il était ce soir-là plutôt bavard, poétiquement drôle et drôlement poétique.
Bien sûr, quand il a chanté Boulevard des Capucines, une chanson sur le pardon inspirée d’une lettre que lui a écrite son père peu de temps avant sa mort, une émotion silencieuse et palpable s’est emparée de la salle du Boulevard des Capucines, étrange résonance entre les mots chantés et la réalité. Il a eu la pudeur d’insérer cette chanson entre deux autres, de ne rien en dire, évidemment tout était dit…
Le concert s’est achevé par Cap Falcon qui évoque ce lieu à 20 kilomètres d’Oran, en Algérie, où il a passé ses premières années, un endroit auquel « il pensait particulièrement ces derniers jours » parce qu’ils y avaient pour voisin un certain Yves Saint-Laurent décédé peu de temps avant le concert…
Daho sait écrire et interpréter la passion avec une intensité rare dont semblait vibrer toute la salle de l’Olympia ce soir-là, une intensité qui sait vous donner viscéralement ce sentiment qu’aujourd’hui est « le premier jour du reste de [notre] vie » et que nous « aurons toute la mort pour vivre avec des remords, des regrets », sublime « étreinte de la liberté ».
Sur scène et en chanson (dans Un air étrange) il a su faire rimer et danser « cimes » et « abîme », en un tango rock périlleusement passionnel, il a vacillé (et emploie d’ailleurs souvent ce mot) et su nous faire vaciller. Le trio de cordes et "les sanglots longs des violons", la sobriété scénique, accroissaient encore la mélancolie joyeuse et poétique de cet instant dont on aurait aimé qu’il dure encore plus longtemps malgré ses plus de deux heures sur scène.
C’est seul et à genoux qu’il a achevé ce concert. Nous aussi. A genoux. D’émotion. De gratitude. Puis il est réapparu, un court instant, seul devant le rideau rouge. Discret, presque effacé (j’ai repensé à Dinard, que talent et discrétion démesurés riment si bien ensemble), ému surtout sans doute. La lumière s’est rallumée, violemment. Dénouement abrupte après ce spectacle tumultueux et inoubliable, fiévreux, intensément vivant, nous donnant aussi, encore plus, l’inestimable sentiment de l’être : un « brasier » incandescent.
Non, décidément, il n’est pas de hasard, il est des rendez-vous. Pas de coïncidence. C'était un samedi soir pluvieusement ensoleillé sur la terre, une irrésistible "invitation" "Boulevard des Capucines"...
Dehors, quand j’ai laissé derrière moi ce Boulevard des Capucines avec son « nom qui tout là haut scintille » peut-être pleuvait-il encore. Je l’ignore. Je n’avais qu’un sentiment, celui qu’ « Il est des rendez-vous, Pas de coïncidence. »
Oubliez cette pseudo-polémique absurde au sujet de la photographie de la pochette de son nouvel album Les chansons de l'innocence retrouvée (un « jardin d’Eden » signé Richard Dumas) et plongez-y sans hésiter pour vous laisser ensorceler par sa mélancolie joyeuse délicieuse(ment) contagieuse, son irrévérence gracieuse. Ecoutez et réécoutez aussi. Ses albums possèdent toujours cet étrange pouvoir : plus vous écoutez, plus vous aimez, moins vous pouvez vous en passer…
Au détour de ces 17 titres, vous croiserez aussi Visconti, Camus, Giacometti...parfois deux versions (très différentes) de la même chanson avec, notamment, ce duo enchanteur avec Dominique A sur "En surface".
On y retrouve ce mélange de sensualité et d’électricité, de fièvre et de mélancolie, et ses thèmes fétiches comme celui du destin, de la chance mais aussi une influence très cinématographique. Des sons et des mots qui s’enlacent, langoureux et joyeux, sensuels et tourmentés.
Un grand retour après son interprétation du Condamné à mort de Genet avec Jeanne Moreau et le projet de Lou Doillon, Places, album d’une beauté déchirante.
A un moment où je redoute d’avoir perdu à jamais le goût de la légèreté, ces chansons de l’innocence retrouvée (en référence aux Chants de l’innocence de William Blake) m’ont réellement transportée, avec ces mots tellement précis, ciselés, ensorcelants, poétiques et parfois tranchants, alliés à ce vibrant orchestre de cordes enregistrées à Abbey Road. Au détour d’une chanson, l’Etrangère, vous croiserez Debbie Harry (Blondie) ou sur deux autres Nile Rodgers à la guitare. Ou une chanson plus engagée sur Lampedusa (Un Nouveau Printemps).
Un douzième album incontournable, un enchantement mélancolique que je ne me lasse pas d’écouter et réécouter, inlassablement comme tombait cette pluie ce jour de juin 2008 sur le Boulevard des Capucines, et en attendant le prochain rendez-vous (que je n'espère pas manqué et manquer), sans doute lors de la prochaine tournée à laquelle je ne manquerai pas d’assister et dont je vous donne toutes les dates ci-dessous.
Vous pourrez retrouver Etienne Daho à l’occasion de sa tournée « Diskönoir tour » avec, notamment, l’Olympia du 3 au 6 novembre 2014.
Dates du 2 octobre au 20 décembre 2014. La tournée d’Etienne Daho, initialement prévue au Printemps 2014 est confirmée pour l’automne 2014. Les billets achetés sont remboursables auprès du point de vente ou restent valables pour les dates reportées si la salle est identique. La tournée passera par l’Olympia du 3 au 6 Novembre 2014 Toutes les dates sont disponibles sur le site http://www.tsprod.com, ainsi que dans tous les points de vente habituels dont La Fnac
Le Domaine Privé consacré à Etienne Daho par la Cité de la Musique et la salle Pleyel initialement prévu en février 2014 est reporté en juillet 2014 et devient Une Jeunesse Modern. Il sera présenté dans le cadre du festival Days Off. dont Etienne Daho sera l’invité d’honneur. Le programme sera le suivant : Le 1 Juillet : Etienne Daho joue Pop Satori à la Cité de la Musique Le 5 Juillet : Etienne Daho Pop Hits à la Cité de la Musique Le 8 Juillet : Soirée Tombés pour la France à la Salle Pleyel Les billets achetés pour les dates initiales restent valables ou sont remboursables auprès du point de vente.
Aussi, le 18 Juillet, Etienne Daho sera en concert à Lyon aux Nuits de Fourvière, le 25 septembre à Vélizy Villacoublay à L’Onde, le 27 septembre à Gap au Quatro, le 16 octobre à Rueil Malmaison au Théâtre André Malraux et le 16 décembre à Brest au Quartz. Ces dates seront ouverte à la réservation début 2014.
Les dates du DISKÖNOIR TOUR – 2014 : Jeudi 02 Octobre 2014 – CHALONS EN CHAMPAGNE (51 ) – Le Capitole Vendredi 03 Octobre 2014 – LILLE (59) – Théâtre Sebastopol Samedi 04 octobre 2014 – BETHUNE (62) – Théâtre Mardi 07 octobre 2014 – MEAUX (77) – Théâtre du Luxembourg Jeudi 09 octobre 2014 – NANCY (54) – Salle Poirel Vendredi 10 octobre 2014 – THIONVILLE (57) – Théâtre Samedi 11 octobre 2014 – SAUSHEIM (68) – Espace Dolfus & Noack Jeudi 16 octobre 2014 – VELIZY VILLACOUBLAY (78) – L’Onde Vendredi 17 octobre 2014 – ESCH SUR ALZETTE (LUX) – Rockhal Samedi 18 octobre 2014 – STRASBOURG (67) – La Laiterie Jeudi 30 octobre 2014 – LIEGE (BE) – Le Forum Vendredi 31 octobre 2014 – BRUXELLES (BE) – Cirque Royal Du lundi 03 au jeudi 06 novembre 2014 – PARIS – Olympia Jeudi 13 novembre 2014 – MARSEILLE (13) – Le Silo Vendredi 14 novembre 2014 – CANNES (06) – Palais des Festivals Samedi 15 novembre 2014 – SAINTE MAXIME (83) – Le Carré Mercredi 19 novembre 2014 – ANNEMASSE (74) – Château Rouge Jeudi 20 novembre 2014 – GRENOBLE (38) – MC2 Vendredi 21 novembre 2014 – BOURG LES VALENCE (26) – Théâtre le Rhône Samedi 22 novembre 2014 – CLERMONT FERRAND (63) – Coopérative de Mai Mardi 25 novembre 2014 – ROUEN (76) – Le 106 Jeudi 27 novembre 2014 – SAINT LÔ (50) – Le Normandy Vendredi 28 novembre 2014 – NANTES (44) – Cite des Congrés Samedi 29 novembre 2014 – TOURS (37) – Le Vinci Mercredi 03 décembre 2014 – MONTCEAU LES MINES (71) – L’Embarcadère Jeudi 04 décembre 2014 – FIRMINY (42) – Le Firmament Samedi 06 Décembre 2014 – MORGES (CH) – Théâtre de Beausobres Vendredi 12 décembre – TARBES (65) – Le Parvis Samedi 13 décembre 2014 – SEIGNOSSE (40) – Les Bourdaines Jeudi 18 décembre 2014 – TOULOUSE (31) – Le Bikini Vendredi 19 décembre 2014 – BORDEAUX (33) -Théâtre Fémina Samedi 20 décembre 2014 – RENNES (35) – Le Liberté
A noter également: Daho fait son cinéma : Une sélection de films français réalisée par Étienne Daho, avec projection dans les cinémas Mk2 Quai de Loire et Quai de Seine 19e arrondissement de Paris.
Les chansons de l’innocence retrouvée– Polydor – Universal Music
Produit et arrangé par Etienne et Jean-Louis Piérot et co-produit par Richard Woodcraft
Ce soir, Vincent Delerm sera à l'Olympia. Je n'y serai malheureusement pas. A cette occasion, retrouvez, ci-dessous, "l'article" que je lui avais consacré suite à son concert à La Cigale en 2006 et bon concert à ceux qui auront le plaisir et la chance d'y aller! Egalement, ci-dessus, un petit teaser et le résumé de ce concert, ci-dessous, histoire de regretter un peu plus...
"Memory", spectacle de et avec Vincent Delerm. Mise en scène de Vincent Delerm, avec la complicité artistique de Macha Makeïeff. Textes et chansons de Vincent Delerm. Musicien Nicolas Mathuriau. Lumières Nicolas Maisonneuve.
Il y a toujours eu du théâtre dans les spectacles de Vincent Delerm. Depuis dix ans, ses 4 albums ont été l’occasion de mettre en scène les déambulations d'un personnage noir et blanc, ses pensées intérieures, son cinéma muet.
C'est l'inverse cette fois-ci. Memory est un spectacle de théâtre, prétexte à présenter des chansons, écrites pour ce projet et ne figurant sur aucun album. Elles accompagnent la vie et les questionnements de Simon que Vincent Delerm interprète, accompagné du multi-instrumentiste Nicolas Mathuriau.
Simon s'interroge sur le temps qui passe, sur la façon dont les modes se démodent, sur ce que nous attendons d'une existence, sur ce qui permettrait de ne pas se retrouver un beau soir « blanchi comme un cheval fourbu et glacé dans un lit de hasard ». « Avec le temps » est sa chanson préférée mais elle lui fait tellement d'effet qu'il ne supporte de l'écouter que dans sa version italienne, en été, sur un radio-cassette de voiture qui fait passer la bande un peu au ralenti.
Memory parle de notre rapport au temps, aux âges de la vie et à la disparition.
Avec la participation vocale et amicale de Woody Allen.
Un soir de 29 novembre 2006 à La Cigale
C’était un soir de novembre à la Cigale,
D’ailleurs cela a commencé par leurs voix si musicales
Avec aussi le charme suranné d’images un peu jaunies
Sur un rideau blanc quand même un peu décrépi
Puis, l’un s’évanouit, l’autre apparut à nos yeux attendris, tout ouïe aussi
Dans une salle qui aurait pu être de Chatenay Malabry
Ou recevoir l’archevêque de Canterbury
Mais c’était dans mon impitoyablement belle ville de Paris
Là où le faux pas n’est pas permis
Où, pour presque rien,
Cela peut s’achever en dénouement shakespearien
Et puis des piqûres d’araignées
Au doux présent nous ont ramenés
A la poésie d’une époque un peu désenchantée
Alors, son regard aiguisé il a baladé
Avec son allure élégamment dégingandée
Sur son époque passée enchantée
Qu’il sait si joliment nous faire partager, regretter
Sur son époque actuelle
Sur laquelle il pose et ose son regard faussement cruel
Avec sa voix devenue mélodieuse
Sublimée par les notes de son piano, langoureuses
Comme de belles et filmiques histoires
Qu’il conterait à d’éternels enfants dans le noir
Toujours l’ironie au bord des lèvres
La pudeur de celui qui ne renonce pas aux rêves
Qui sait que l’enfance est à jamais révolue
Celle qui ne l’a jamais autant ému
Qu’il nous appartient d’en garder toujours la folie
De la raviver par notre goût immodéré d’envies, en vie,
Qui cache sa nostalgie derrière une douce ironie
Raillant Renaud, les capricornes, les koalas, juste la vie, surtout lui
Hitchcock Truffaut les entretiens
Ca aussi, nous avons en commun
Cela ressemblait à un film de Fellini
Avec lui, nous sommes allés en Italie
Cela ressemblait à du Woody Allen
L’humour pour si bien cacher ses peines
Cela ressemblait à du Chaplin, simplement finalement à Delerm
Qui, de sa plume, a capturé les plaies des temps modernes
Empreint de toute la nostalgie de Truffaut
Cela ressemblait à un film avec Jean-Pierre Léaud
Qui se regarde et s’écoute comme un film d’antan
Aussi captivant que la voix suave de Fanny Ardant
On aurait dit ce film avec Charles Denner
Dont il aurait pu composer l’air
Cela ressemblait à du cinéma
Il devrait passer derrière la caméra
Et puis son air quelque peu distant
Peut-être intimidé par la présence de son Philippe de parent
Ou simplement l’humilité maladroite du talent
Lecteurs du Figaro Madame ou de Libé
A sa place le public l’a trop timidement entonné
Par des diapos pourtant bien aidé
Pour, avec lui, se retrouver en natation synchronisée
Il a pourtant finalement si bien su l’envoûter, l’électriser
Malgré l’air un peu blasé
De certains Parisiens bobos par Renaud raillés
Ou de provinciaux qui ont Sardou manqué
Et se sont à La Cigale égarés
Disant Delerm c’est bien mais faut aimer Delerm
A moins qu’ils n’aient eu la déveine
De dîner auparavant avec Anita Pettersen
Réveillés quand même par le duo avec Fersen
Qui nous a entraînés dans sa rengaine
La salle a enfin trouvé son entrain
Enchaînant les rappels, tapant dans les mains
Pour oublier le petit matin, en vain
Car, forcément, il succèderait, chagrin
A ce soir qu’on aurait cru sans lendemain
J’aurais aimé faire la peau
Aux maudits qui remettaient trop tôt leurs manteaux
Avant même le rideau, le dernier écho
Habitués à zapper, passer, décrier, éluder
Prisonniers encore de leurs piètres et opiniâtres réalités
Si pressés toujours de la retrouver
Métro Boulot Dodo
Finalement des amateurs égarés de la dame au chapeau
Surtout ne pas rater le dernier métro
Finalement d’autres admirateurs de Truffaut
Pourtant le repos arrive bien assez tôt
Pour se priver de celui des maux
Engloutis dans cette avalanche de jolies nostalgies
Pas seulement de Chatenay Malabry
Déjà, encore, j’étais ailleurs, sur le quai des Grands Augustins,
Avec peut-être un livre de Modiano à la main
Et tant de rêves dans ma tête
Qui plus que jamais chantaient à tue-tête
Quelque chose comme un air de fête
Et puis, il le fallait alors je suis sortie
Avec une image improbable de mariachis
Enveloppée aussi d’un voile d’une réconfortante mélancolie
Suscitée par son enchanteresse poésie
Moi et mes rêves à la folie
Qui crois aux quatrièmes de couverture
Qui peuvent effacer toutes les blessures
Qui sais les soirs d’été à Ambroise Paré
Mais aussi que tout peut en un jour changer, révéler, réveiller
Ignorant la chaleur ou le froid ou la pluie
Ignorant si j’étais à Paris ou Chatenay Malabry
En rentrant, j’ai admiré plus que jamais l'incomparable charme germanopratin
Tiens, tiens le quai des Grands Augustins
Après être passée devant le Carrousel illuminé
De son incomparable beauté auréolé
Comme une chanson de Delerm un soir d’été
Insatiable esthète acharnée
Si seulement c’était un métier
Je dois avouer avoir quelques chansons absentes regretté
Ainsi, j’aurais aimé savourer sa délicieuse heure du thé
Entendre la voix de Jean-Louis
Voir le visage de Fanny, aussi
C’était un soir à La Cigale
Avec celui que j’ai découvert par son imitateur intarissable
Dans le Deauville de Trintignant, subrepticement ensorcelant
Celui qui n’est jamais décevant
Le mien celui qui suspend le vol du temps,
Je vous écris dans le silence qui s’installe
Le silence lénifiant après un doux soir à la Cigale,
Dé(i)fiant le temps, la réalité, l’ennui
Un moment de poésie, un beau moment de vie, de nostalgie, de mélancolie, de rêveries
Juste envie de dire merci. Allez-y. Courrez-y.
Malgré la ville normale
Malgré les voitures banales
Il y aura toujours le chant des cigales
C’était juste et tellement un soir de novembre inoubliable à La Cigale