Critique et concours- Gagnez 5 places pour «El Gusto » de Safinez Bousbia
En 2008, mon coup de cœur cinématographique de fin d’année s’appelait « I feel good », un documentaire dans lequel son réalisateur Stephen Walker suivait le quotidien de Young@Heart, une chorale unique au monde dont la moyenne d’âge de ses chanteurs, résidents d’une petite ville du Massachussetts, Northampton, est de 80 ans (de 75 à 93 ans !), rien à voir avec une bande de grabataires plaintifs ânonnant des airs mièvres et surannés lénifiants comme on pourrait l’imaginer, les membres de cette chorale qui porte bien son nom ne chantent que des tubes punk, soul et hard rock, le tout avec une joie et un entrain communicatifs, sous la direction d’un jeune quinquagénaire. Un film plein d’espoir, un hymne à la vie mais surtout à la passion, celle qui permet de surmonter les difficultés, la douleur, l’âge, de se surpasser, de narguer la mort même parfois. Evidemment ce film était très différent de par son cadre et le parcours de ses protagonistes d’El Gusto, néanmoins on y retrouve l’espoir et la passion portées par la musique à laquelle ce film est aussi un hymne...mais pas seulement…
Synopsis officiel : La bonne humeur - el gusto - caractérise la musique populaire inventée au milieu des années 1920 au cœur de la Casbah d'Alger par le grand musicien de l'époque, El Anka. Elle rythme l'enfance de ses jeunes élèves du Conservatoire, arabes ou juifs. L'amitié et leur amour commun pour cette musique qui "fait oublier la misère, la faim, la soif" les rassemblent pendant des années au sein du même orchestre jusqu'à la guerre et ses bouleversements.
El Gusto, Buena Vista Social Club algérien, raconte avec émotion et... bonne humeur comment la musique a réuni ceux que l'Histoire a séparés il y a 50 ans.
Né au milieu des années 1920, le chaâbi est un genre musical issu de multiples influences ( berbères, andalouses et également de chants religieux) dont l’inventeur s’appelle Cheikh El Anka.
C'est en 2003, à l’occasion d’un voyage de fin d'études en Algérie, que la réalisatrice et productrice Safinez Bousbia, a découvert par hasard le monde des maîtres de la musique chaâbi. Touchée par leurs destins, elle éprouve alors le besoin de partager sa découverte, et change radicalement de vie en réalisant ce film et en partant à la recherche de ces musiciens qui ne se sont pas vus depuis 50 ans. Elle mettra deux ans à les retrouver et réunir. Elle nous fait ainsi voyager entre Paris, Marseille et Alger pour partir à la rencontre de ces hommes marqués par la vie mais habités par leur passion et les réminiscences d’un délicieux soupçon d’enfance que celle-ci procure.
Sa caméra semble virevolter entre les ruelles éblouissantes de la Casbah d’Alger, décor fascinant et principale source d’inspiration de cette musique qui en loue la beauté. Mais à travers l’histoire de cette musique, c’est l’Histoire complexe et contrariée de l’Algérie mais aussi les rapports entre l’Algérie et la France qui sont dépeints. Un des musiciens raconte ainsi comment, parce qu’ils étaient respectés en tant qu’artistes, (« la guitare c’était notre passeport ») ils passaient des lettres, des messages et même des armes pour le FLN. Et puis il y a la douleur du départ « la valise ou le cercueil » pour ceux qui seront ensuite appelés les Pieds noirs.
Le film est porté par la beauté envoûtante, à la fois chaleureuse et nostalgique, de la musique chaâbi (qui d’ailleurs m’a rappelée cette musique que j’aime passionnément qui présente aussi ces caractéristiques même si son histoire et ses sonorités sont différentes) ces « chants lancinants », ce « virus ou poison bénéfique de la musique » qui « fait oublier la misère, la faim, la soif », un musique riche de ses influences et des différences de ceux qui la célèbrent. Le film est aussi porté par l’émotion procurée par l’histoire de ces hommes (et la manière dont ils relatent ici leur histoire) dont le destin et la passion ont été entravés par l’Histoire…faisant de leurs histoires singulières un sujet universel et presque un conte puisque, aujourd’hui, ils se produisent dans les plus grandes salles de la planète.
Reste un sentiment d’inachevé de ne pas en savoir davantage sur l’histoire des ces hommes simplement esquissée (chacun d’entre eux semble avoir tant à dire…) mais aussi sur ce qu’ils ont pu se dire après tant d’années de séparation, réunis par leur passion commune… mais après tout c’est cette passion commune qui est le centre de ce documentaire et elle est ici magnifiquement honorée et, à n’en pas douter, comme moi, après la projection, vous n’aurez qu’une envie, les découvrir en concert et vous laisser porter par la mélancolie chaleureuse de cette musique ensorcelante qui vous donne l’impression de voir et ressentir la beauté enivrante d’Alger.
Ce film sortira en salles le 11 janvier. Vous pourrez également assister aux concerts de « El Gusto » au Grand Rex, 9 et 10 janvier . Toutes les informations sur le film sur sa page Facebook : https://www.facebook.com/ElGusto.LeFilm et son compte twitter : https://twitter.com/#!/El_Gusto_LeFilm .
CONCOURS : Pour faire partie des 5 gagnants, soyez parmi les 5 premiers à me donner le nom du musicien qui a inventé cette musique. Envoyez vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com en n’oubliant pas de joindre vos coordonnées et avec pour titre de votre email « Concours El Gusto ».