Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 315

  • Critique de « Drive » de Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling, Carey Mulligan… - Prix de la mise en scène du Festival de Cannes 2011

    drive7.jpg

    drive78.jpg

    drive8.jpg

    drive 020.JPG

    « Drive » de Nicolas Winding Refn avait créé l’évènement lors du dernier Festival de Cannes duquel il était d’ailleurs reparti avec un prix de la mise en scène. L’ayant alors manqué, je l’a finalement vu à Deauville où il était présenté en avant-première après la remise des trophées du Nouvel Hollywood (nouveauté de ce festival 2011) à Jessica Chastain et Ryan Gosling… en leur absence (mais ne manquez pas le discours de ce dernier lu par Nicolas Winding Refn, petit bijou de lucidité et d’humour).

    Drive est l'adaptation du livre éponyme écrit par James Sallis ; c’est  le scénariste Hossein Amini qui a  transformé le roman en scénario.

     C’est l’histoire d’un jeune homme solitaire, "The Driver" (Ryan Gosling),  qui conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Il a pour « principe » de ne participer aux crimes de ses employeurs qu’en conduisant et de n’être jamais armé. Sa  route croise celle d’Irene (Carey Mulligan) et de son jeune fils, ses voisins, et il succombe rapidement au charme de l’un et l’autre, et réciproquement. Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal… Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…

    Cela commence sur les chapeaux de roue : une mise en scène époustouflante, flamboyante et crépusculaire, qui nous fait ressentir les sensations trépidantes, périlleuses et vertigineuses de ce chauffeur hors pair et  mutique, au sourire retenu, dans une ville de Los Angeles tentaculaire, éblouissante et menaçante. Mais « The Driver » porte un masque, au propre comme au figuré (symbolisme un peu simpliste pour nous dire de nous méfier des apparences qui ne reflètent pas la réalité et pour symboliser la fragile frontière entre cinéma et réalité) et derrière ce chauffeur mutique d’allure plutôt sympathique va se révéler un vengeur impitoyable, sournois et trompeur comme le scorpion qu'il arbore sur sa veste, prêt à tous les excès pour protéger ceux qu’il « aime ».

     La violence psychologique s’annonce palpitante : pris dans un étau, il n’a d’autre solution que de commettre un méfait pour le mari d’Irène, pour sauver celle-ci … malheureusement ce qui dans la première partie s’annonçait comme un film à suspense se transforme en règlement de compte sanguinolent dans lequel l’intrigue devient inexistante et simple prétexte à une suite de scènes sanglantes, invraisemblables et vaines sans parler du personnage féminin totalement velléitaire.

     Là où un cinéaste comme James Gray -même si la mise en scène de Nicolas Winding Refn lorgne plus du côté de celle de Michael Mann- sublime une ville, en l’occurrence New York, et traite lui aussi de vengeance et d’amour, mais sans jamais mettre le scénario de côté, ou sans qu’un de ces aspects prennent le pas sur les autres, Nicolas Winding Refn se laisse entraîner par une sorte de fascination pour la violence (me rappelant ainsi la phrase de Coppola lors de sa master class deauvillaise « Montrer la guerre c’est déjà faire l’éloge de la guerre »), montrant pourtant le temps d’un meurtre sur la plage qu’il savait très bien filmer la mort, avec une force prenante, sans que cela tourne à la boucherie ridicule.

    Ryan Gosling est certes époustouflant (et il a confirmé dans "Crazy, stupid love," la large palette de son jeu et sa capacité à tourner son image en dérision, au passage comédie romantique qui détourne puis respecte habilement les codes du genre) et derrière sa gueule d’ange dissimule une violence froide, se transformant en un vengeur impitoyable qu’il est pourtant difficile de prendre en sympathie ou même en empathie alors que tout au début s'y prêtait pourtant.

    Dommage car la première partie était jubilatoire, réellement, de par la mise en scène qui nous fait éprouver ses sensations de vitesse et de mélancolie vertigineuses (sombre et belle alliance) mais aussi de par les contradictions du personnage principal et des conflits que cela annonçait. Dommage encore car la première partie était particulièrement prometteuse  avec des scènes plus calmes d’une beauté saisissante  comme ce face-à-face entre Irène et The Driver, dans l’appartement d’Irène, scène dans laquelle le temps est suspendu et dans laquelle les échanges évasifs de regards et les silences d’une douce sensualité en disent tellement. Sans parler évidemment d’une bo remarquable qui contribue fortement au caractère jubilatoire de la première partie.

    drive77.jpg

    Nicolas Winding Refn a ravi le prix de la mise en scène à Pedro Almodovar à Cannes qui, à mon avis, l’aurait davantage mérité (pour « La Piel que habito »), ne serait-ce que  parce qu’il a brillamment raconté une histoire cruelle, terrible, effroyable où toute la finesse de la mise en scène réside justement dans ce qui n’est pas montré et qui n’en a que plus de force…

    A voir néanmoins pour les amateurs de séries B auxquelles le film rend hommage, pour ceux pour qui la virtuosité de la mise en scène prédomine sur un scénario bancal, voire vide (dans la deuxième partie), ce qui n’enlève certes rien à la force de l’univers visuel de Nicolas Winding Refn mais ce qui pour moi a gâché tout le plaisir engendré par la première partie. La violence absurde et les excès du personnage principal (qui promettait là aussi d'être d'une complexité passionnante), sans parler des réactions invraisemblablement vélléitaires du personnage féminin, le manichéisme des méchants du film, l’ont emporté ainsi sur une première partie prometteuse comme rarement avec des images et une musique qui, encore maintenant, me restent en tête. Un magnifique clip, à défaut du grand film que la première partie annonçait pourtant. Surtout, un beau gâchis.

     

     Date de sortie en salles en France: 5 octobre 2011

    Lien permanent Imprimer Pin it! 3 commentaires
  • Programme complet du Festival Lumière de Lyon 2011

     

    lyon27.jpg

    lyon14.jpg

    lyon28.jpg

    lyon26.jpg

    lyon24.jpg

    lyon22.jpg

    lyon21.jpg

    lyon30.jpg

    lyon29.jpg

    C'est avec beaucoup de plaisir que je suis cette année invitée au Festival Lumière de Lyon (je vous en dirai prochainement plus sur les raisons de ma présence) auquel je rêve d'assister depuis sa création, il y a 3 ans. Ce festival présente une programmation hétéroclite qui met à l'honneur autant les oeuvres les plus pointues que le cinéma le plus "populaire", un festival qui ravira autant les cinéphiles avertis que les simples amateurs de cinéma. La bonne idée de ce festival est de confier la présentation de classiques du cinéma à des personnalités du 7ème art (pas forcément impliquées dans les films en question, vous pouvez en découvrir quelques exemples ci-dessus). Bref, un rendez-vous de cinéphilie, d'échanges et de passion(s) cinématographique(s), à ne pas manquer, par ailleurs créé par l'enthousiaste Thierry Frémaux (directeur de l'Isntitut Lumière de Lyon mais aussi évidemment délégué général du Festival de Cannes). Un festival à découvrir à Lyon du 3 au 9 octobre prochain. Pour les informations pratiques, rendez-vous sur le site officiel du festival: http://www.festival-lumiere.org/lumiere-2011.html .

    Quelques critiques de films que vous pourrez découvrir à Lyon, cette année (et que je vous recommande) - Cliquez sur les titres des films pour accéder à mes critiques:

    "The Artist" de Michel Hazanavicius (film d'ouverture)

    "La Femme d'à côté" de François Truffaut (dans le cadre du prix Lumière attribué cette année à Gérard Depardieu). Vous pourrez découvrir de nombreux autres grands films dans lesquels a joué l'acteur (liste ci-dessous) parmi lesquels "Le Dernier métro", "Le choix des armes", "Cyrano de Bergerac"...

    "Le Quai des Brumes" de Marcel Carné dans la section "Le temps retrouvé".

    "The Look" d'Angelina Maccarone dans le cadre de l'invitation à Charlotte Rampling.

    A ne pas manquer non plus : l'intégrale Jacques Becker et à voir notamment l'incontournable "Casque d'or". Vous pourrez aussi voir "Le Voyage dans la Lune" de Méliès, grand moment du dernier Festival de Cannes. Moment magique concentrant toute la beauté, la richesse, la modernité, la puissance du cinéma. Vous pourrez aussi découvrir des chefs d'oeuvre du film de gangster japonais dans la section "Yakuza!". Egalement à ne pas manquer parmi les évènéments du festival, le chef d'oeuvre de Marcel Carné "Les Enfants du Paradis". Et bien d'autres grands moments de cinéma que je vous laisse découvrir, ci-dessous.

    PROGRAMME COMPLET DU FESTIVAL LUMIERE DE LYON 2011:

    lyon9.jpg

    Ouverture

    The Artist de Michel Hazanavicius (2011, 1h40)

    Prix Lumière : Gérard Depardieu

     Pas si méchant que ça de Claude Goretta (1974, 1h52)

    1900 de Bernardo Bertolucci (Novecento, 1975, 5h25 – 1ère partie: 2h49/2e partie: 2h26)

    Dites-lui que je l’aime de Claude Miller (1977, 1h46)

    La Nuit tous les chats sont gris de Gérard Zingg (1977, 1h44)

    Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier (1978, 1h48)

    Le Sucre de Jacques Rouffio (1978, 1h40)

    Loulou de Maurice Pialat (1980, 1h57)

    Le Dernier métro de François Truffaut (1980, 2h11)

    Le Choix des armes d’Alain Corneau (1981, 2h15)

    La Femme d’à côté de François Truffaut (1981, 1h46) Remise du Prix Lumière

    Danton d’Andrzej Wajda (1982, 2h16)

    Le Tartuffe de Gérard Depardieu (1984, 2h20)

    Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat (1987, 1h37)

    Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau (1990, 2h18)

    Le Visiteur de Satyajit Ray (Agantuk, 1991, 2h)

     Court métrage :

    Le Beatnik et le minet de Roger Leenhardt (1965, 20min)

    Grenouille d'hiver de Slony Sow (2011, 17min)

     Intégrale Jacques Becker

    Dernier atout de Jacques Becker (1942, 1h45)

    Goupi Mains Rouges de Jacques Becker (1943, 1h44)

    Falbalas de Jacques Becker (1945, 1h50)

    Antoine et Antoinette de Jacques Becker (1947, 1h38)

    Rendez-vous de juillet de Jacques Becker (1949, 1h39)

    Édouard et Caroline de Jacques Becker (1951, 1h28)

    Casque d'Or de Jacques Becker (1952, 1h36)

    Rue de l’Estrapade de Jacques Becker (1953, 1h42)

    Touchez pas au grisbi de Jacques Becker (1954, 1h36)

    Ali Baba et les quarante voleurs de Jacques Becker (1954, 1h32)

    Les Aventures d’Arsène Lupin de Jacques Becker (1957, 1h44)

    Montparnasse 19 de Jacques Becker (1958, 1h49)

    Le Trou de Jacques Becker (1960, 2h12)

     Court métrage :

    La Grande espérance de Jacques Becker (1938, 30min)

     Documentaires :

    Jacques Becker, la passion cinéma de Hubert Niogret (1998, 1h17)

    Jacques Becker ou l’élégance morale de Claude-Jean Philippe (1979, 24min)

    Cinéastes de notre temps Jacques Becker de Claude de Givray (1967, 1h16)

     Rétrospective William A. Wellman

    Les Ailes de William A. Wellman (Wings, 1927, 2h31)

    Les Mendiants de la vie de William A. Wellman (Beggars of Life, 1928, 1h21)

    Other Men’s Women de William A. Wellman (1931, 1h10)

    L’Ennemi public de William A. Wellman (The Public Enemy, 1931, 1h23)

    L’Ange blancde William A. Wellman (Night Nurse, 1931, 1h12)

    Safe in Hell de William A. Wellman (1931, 1h13)

    Héros à vendre de William A. Wellman (Heroes For Sale, 1933, 1h16)

    Wild Boys of the Road de William A. Wellman (1933, 1h08)

    Une étoile est née de William A. Wellman (A Star is Born, 1937, 1h51)

    L’Étrange incident de William A. Wellman (The Ox-Bow Incident, 1943, 1h15)

    Les Forçats de la gloire de William A. Wellman (Story of G.I. Joe, 1945, 1h49)

    La Ville abandonnée de William A. Wellman (Yellow Sky, 1948, 1h38)

    Convoi de femmes de William A. Wellman (Westward the Women, 1951, 1h58)

    Documentaire : The Men who Made Movies: William Wellman de Richard Schickel (1973, 58min)

    Yakuza ! 5 chefs-d’œuvre du film de gangsters japonais

    Fleur pâle de Masahiro Shinoda (Kawaita hana, 1964, 1h32)

    Guerre des gangs à Okinawa de Kinji Fukasaku (Bakuto gaijin butai, 1971, 1h33)

    Combat sans code d'honneur de Kinji Fukasaku (Jingi naki tatakai, 1973, 1h39)

    Police contre syndicat du crime de Kinji Fukasaku (Kenkei tai soshiki Boryoku, 1975, 1h34)

    Femmes de Yakuzas de Hideo Gosha (Gokudô no onna-tachi, 1986, 1h57)

     Documentaires:

    Yakuza Eiga, une histoire du cinéma yakuza de Yves Montmayeur (2008, 1h)

    Pinku Eiga, The Pleasure Dome of Japanese Erotic Cinema d’Yves Montmayeur (2011, 1h25)

     Cinéma muet : hommage à Kevin Brownlow

    Les Quatre cavaliers de l’Apocalypse de Rex Ingram (The Four Horsemen of the Apocalypse, 1921, 2h12)

    Loin de Hollywood - L'art européen du cinéma muet de Kevin Brownlow et David Gill (Cinema Europe - The Other Hollywood, 1994, 6 épisodes de 52min)

     Cinémathèque invitée : Il Museo del Cinema di Torino

    Le Feu de Giovanni Pastrone (Il fuoco, 1916, 51min)

    L’Assassin d’Elio Petri (L’assassino, 1961, 1h38)

    I giorni contati d’Elio Petri (1962, 1h39)

     Sublimes moments du muet

    Muets en couleurs (1896-1914, 54min)

    Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès (1902, 16min)

    Le Feu de Giovanni Pastrone (Il fuoco, 1916, 51min)

    Les Quatre cavaliers de l’Apocalypse de Rex Ingram (The Four Horsemen of the Apocalypse, 1921, 2h12)

    Les Ailes de William A. Wellman (Wings, 1927, 2h31)

    Les Mendiants de la vie de William A. Wellman (Beggars of Life, 1928, 1h21)

     Le temps retrouvé

    Muets en couleurs (1896-1914, 54min)

    No Man’s Land de Victor Trivas (Niemansland, 1931, 1h33)

    Le Quai des brumes de Marcel Carné (1938, 1h44)

    Lumière d’été de Jean Grémillon (1943, 1h52)

    Femme de feu d’André De Toth (Ramrod, 1947, 1h35)

    La Machine à tuer les méchants de Roberto Rossellini (La macchina ammazzacattivi, 1952, 1h20)

    Park Row de Samuel Fuller (1952, 1h23)

    Jowita de Janusz Morgenstern (1967, 1h34)

    Portrait d’une enfant déchue de Jerry Schatzberg (Puzzle of a Downfall Child, 1970, 1h45)

    La Horse de Pierre Granier-Deferre (1970, 1h18)

    Frankenstein Junior de Mel Brooks (Young Frankenstein, 1974, 1h45)

    The Plague Dogs de Martin Rosen (1982, 1h43)

     Hommage à Roger Corman

    Corman’s World d’Alex Stapleton (Corman’s World: Exploits of a Hollywood Rebel, 2011, 1h35)

    L’Affaire Al Capone de Roger Corman (The St. Valentine's Day Massacre, 1967, 1h40)

     Événements

    • Restauration par Pathé

    Les Enfants du paradis de Marcel Carné (1945, 3h10)

     • Invitation à Benicio Del Toro

    L’Île nue de Kaneto Shindô (Hadaka no shima, 1960, 1h36)

     • Invitation à Fatih Akin

    La Loi de la frontière de Lüfti Akad (Hudutlarin Kanunu, 1966, 1h11)

     • Invitation à Helmut Berger

    Le Jardin des Finzi-Contini de Vittorio De Sica (Il giardino dei Finzi-Contini, 1970, 1h34)

     • Hommage à Raoul Ruiz

    Trois vies & une seule mort de Raoul Ruiz (1995, 2h15)

     • Axel Brücker, empereur de la bande-annonce

    Mini-nuit de la bande annonce (environ 3h)

     • Avant-première

    Bollywood, Bollywood de Rakeysh Omprakash Mehra et Jeff Zimbalist (Bollywood : The Greatest Love Story Ever Told, 2011, 1h21)

    • Hommage à Warner Home Video

    Ben-Hur de William Wyler (1959, 3h32) 

     • Invitation à Charlotte Rampling

    The Look d’Angelina Maccarone (2011, 1h34) 

    Déjà classiques !

    La Fiancée du pirate de Nelly Kaplan (1969, 1h47)

    L’Important c’est d’aimer d’Andrzej Zulawski (1975, 1h50)

    Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau (1975, 1h43)

    Le Sucre de Jacques Rouffio (1978, 1h40)

     Nuit de la science fiction : de la Terre à la Lune

    Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès (1902, 16min)

    Soleil vert de Richard Fleischer (Soylent Green, 1973, 1h37)

    District 9 de Neill Blomkamp (2009, 1h52)

    La Machine à explorer le temps de George Pal (The Time Machine, 1960, 1h35)

    2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (2001 : A Space Odyssey, 1968, 2h27)

     Mon festival à moi

    La Guerre des boutons d’Yves Robert (1962, 1h33)

    Ali Baba et les quarante voleurs de Jacques Becker (1954, 1h32)

    Documentaires sur le cinéma

    Loin de Hollywood - L'art européen du cinéma muet de Kevin Brownlow et David Gill (Cinema Europe - The Other Hollywood, 1994, 6 épisodes de 52min)

    Jacques Becker, la passion cinéma de Hubert Niogret (1998, 1h17)

    Jacques Becker ou l’élégance morale de Claude-Jean Philippe (1979, 24min)

    Cinéastes de notre temps Jacques Becker de Claude de Givray (1967, 1h16)

    The Men who Made Movies: William Wellman de Richard Schickel (1973, 58min)

    Yakuza Eiga, une histoire du cinéma yakuza de Yves Montmayeur (2008, 1h)

    Pinku Eiga, The Pleasure Dome of Japanese Erotic Cinema d’Yves Montmayeur (2011, 1h25)

    Elio Petri, notes sur un auteur de Stefano Leone, Federico Bacci, Nicola Guarneri (Elio Petri… appunti su une autore, 2005, 1h10)

    Jean Douchet ou l’art d’aimer de Thierry Jousse (2011, 1h15)

    Marcel Ophuls et Jean-Luc Godard : La rencontre de Saint-Gervais de Vincent Lowy et Frédéric Choffat (44 min, 2011)

    Dominique Laffin, portrait d’une enfant pas sage de Laurent Perrin (2007, 55 min)

    Maurice Pialat, l’amour existe de Anne-Marie Faux et Jean-Pierre Devilliers (2007, 1h21)

    Il était une fois... Vol au-dessus d'un nid de coucou d’Antoine de Gaudemar (2011, 52min)

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL LUMIERE DE LYON 2011 Pin it! 0 commentaire
  • Critique de « Musée haut, musée bas » : comédie chorale baroque de Jean-Michel Ribes (ce soir, à 23H20, sur France 3)

    Ce soir, à 23H20, France 3 diffusera "Musée haut, musée bas", la comédie chorale baroque de Jean-Michel Ribes sortie en salles en 2008. Retrouvez ma critique ci-dessous.

    musée haut.jpg

    Voilà un film qui, au moins, et avant tout, a le mérite (et le défaut) de ne ressembler à aucun autre, et d’être tour à tour percutant, agaçant virevoltant, drôle aussi. Le genre de film prédestiné à être détesté ou adoré et pourtant je ne me place dans aucune des deux catégories, ne parvenant pas à choisir entre le « musée haut » et le « musée bas » sans doute.

    Directeur du théâtre du Rond-point depuis 2001, Jean-Michel Ribes y a  créé, en 2004, la pièce « Musée haut, musée bas » qu’il a transformé en film homonyme sur les conseils de l’ex-agent devenu producteur Dominique Besnehard. Rien de plus périlleux que de transformer une pièce de théâtre en scénario, de risquer de la transformer en théâtre filmé, un reproche que Jean-Michel Ribes semble avoir anticipé en faisant virevolter, tournoyer, avancer, surplomber sa caméra, en multipliant démesurément les plans et les angles de vue à nous en donner le tournis sans que ce soit forcément justifié, le nombre vertigineux de personnages étant déjà suffisamment étourdissant.  Des personnages qui vont des gardiens harassés par la beauté littéralement ravageuse des œuvres auxquelles ils sont confrontés (passage que j’ai trouvé le plus intéressant) à un conservateur terrorisé par l’irruption de la nature dans son musée,  à un Ministre de la Culture imperturbable, des provinciaux passionnés d’Impressionnistes, une femme qui trouve tout merveilleux au désespoir de son mari qui trouve cela déprimant, une snob qui recherche désespérément Kandinsky et tant d’autres encore.

    Il aurait été facile de tomber dans l’écueil du mépris : mépris pour ceux que l’Art indiffère ou mépris pour l’Art qui méprise ceux qui n’en possèdent pas les codes. Or toute l’intelligence de ce film réside dans son titre et son désir de trouver l’équilibre entre le musée haut et le musée bas, entre le sublime et le ridicule, entre le méprisable et l’admirable, ce à quoi Jean-Michel Ribes est (presque) parvenu. Il ne se contente pas de faire une satire du monde de l’Art ou de la démocratisation de la culture, il lui rend aussi hommage (même si pas assez à mon goût.) Tourné au Petit palais, au Louvre, au musée Guimet, aux Beaux-Arts c’est aussi une promenade colorée, fantaisiste, décidément étourdissante, dans les couloirs labyrinthiques de l’Art et une réflexion sur le rapport de chacun à celui-ci.

     Ce film m’a autant charmée qu’exaspérer. Charmée par son audace, son aspect iconoclaste, par ses comédiens (provenant d’ailleurs souvent du théâtre), tous parfaits (et donc forcément bien dirigés) même si criant un peu trop parfois et nous donnant davantage l’impression d’être sur une scène de théâtre que devant une caméra (oui, malgré tout), mais réussissant tous à donner vie et crédibilité et épaisseur à leurs personnages malgré le peu de place qui leur est parfois donné, parfois seulement une réplique. Mention spéciale pour Isabelle Carré, irrésistible en femme incurablement joyeuse, face à son mari Pierre Arditi que cela déprime ; à André Dussolier  parfait en Jack Lang Ministre qui passe de la consternation à l’admiration feinte, qui passe d’une conversation avec le conservateur à une conversation avec un Mickey surréaliste avant de partir épingler une présentatrice ; à  Michel Blanc en gardien au bord de la folie débordé par une nature envahissante ; à Muriel Robin en snob obsédée par Kandinsky ; à Daniel Prévost en quête du parking Rembrandt marié à une allergique à Picasso. D’autres présentent moins d’intérêt comme cette prof qui demande aux élèves d’être calmes et silencieux, ce à quoi ils répondent systématiquement par des hurlements grégaires  (gag un peu trop répétitif et qui tend à montrer les enfants sous forme d’une masse inculte et désintéressée : musée bas sans doute).

     Exaspérée parce qu’à vouloir brosser trop de portraits, ils nous égare parfois :  on zappe d’une idée à l’autre, d’une personne à l’autre, d’une émotion à l’autre, sans rien approfondir, comme devant une télévision  abêtissante qu’il semble pourtant critiquer.  Il ébauche beaucoup de pistes, interroge le rapport de chacun à l’art. Une sorte de réflexion sur l’art donc, de mise en abyme aussi parfois, de critique aussi bien de ceux qui pensent que  l’art qui a du sens est condamné à être populaire et donc méprisable, à  l’art qui le devient simplement parce que nous le décrétons (comme ces performances d’un homme qui tue sa mère ou des visiteurs qui deviennent l’œuvre, ou d’autres qui ne sont pas sans rappeler le travail de certains comme Sophie Calle), une critique de l’art qui devient objet de consommation, aussi . Un film rempli de références qui parfois ressemble à une démonstration d’érudition (ça va d’un urinoir qui fait penser à celui de Duchamp à cette visiteuse-Victoria Abril, comme toujours fantasque et fantastique - qui confond Leveau et un veau à des plans qui singent de célèbres œuvres et nous le –dé-montrent un peu trop) : ce qui est d’ailleurs un atout du film. Un atout parce qu’il nous donne à voir et à être immergés dans un véritable bain de culture qui tend néanmoins à tout mélanger ...comme le fait la télévision aujourd’hui (paradoxe du film qui emprunte à ce qu’il critique). Un défaut parce qu’il tombe alors dans l’écueil que lui-même critique : égarer ceux qui ne possèdent pas les codes.

    L’absence de scénario trouve se justification finale dans une réflexion sur la confrontation entre nature et culture. Avant lui, beaucoup de philosophes comme Hegel se sont penchés sur cette question. Pour Ribes (théorie défendue dans le film par le conservateur interprété par Michel Blanc) et ainsi selon ce dernier, les arbres n’étaient pas beaux avant que Corot ne les ait peints. Ce n’est alors pas l’art qui imite le réel mais le réel qui est sublimé par l’art.  A ce sujet Jean-Michel Ribes tient un  discours relativement simpliste et finalement très politiquement correct à force de vouloir ne pas l’être (musée bas donc), confondant opposition entre nature et culture dans l’art, et  progrès et défense de l’environnement comme si ces deux derniers éléments étaient irrémédiablement incompatibles et tenant des propos comme ceux-ci : . « Moi je vous avoue ne pas trouver tout détestable dans le progrès. Je préfère habiter Venise que dans une yourte en roseaux et c'est vrai que je suis plus sensible au génie de Michel-Ange qu'à celui d'un champ de poireaux. J'aime la nature quand elle imite l'art, j'aime les jardins japonais parce qu'ils sont philosophiques avant d'être naturels. Je respire mieux dans un musée que dans une forêt. Et on semble oublier que beaucoup d'hommes passent leur vie à combattre quotidiennement la nature comme les médecins par exemple, qui luttent chaque jour contre cette chose très naturelle qu'est le cancer."

    J’en suis ressortie étourdie, en ayant l’impression d’avoir fait un tour de manège, agréable et perturbant,  comme si Warhol (l’esthétique du film s’inspire pas mal du pop art) avait rencontré Tati (les couloirs du musée rappellent parfois « Playtime », ou même certains plans s’inspirent de Tati), mais qu’ils ne s’étaient pas forcément bien entendus, comme s’ils n’avaient pas réussi à concilier musée haut et musée bas.

    Un film sans scénario mais pas sans saveur. Burlesque. Absurde. Fantaisiste. Inclassable. De jubilatoires numéros d’acteurs (Jean-Michel Ribes a eu le mérite de donner aussi des rôles à des acteurs de théâtre qui mériteraient de faire davantage de cinéma). De bonnes répliques percutantes. Des idées farfelues parfois savoureuses. Une réflexion intéressante sur l’art. Par moment, j’ai effleuré cette impression qui me (trans)porte tellement dans certains musées et qui fait que je peux aller des dizaines de fois à Orsay, au Louvre ou ailleurs et être toujours aussi transportée, éblouie,  joliment ravagée, par cette beauté qui ronge et qui porte, qui fait de la rencontre avec l’art un véritable rendez-vous amoureux qui perturbe, émeut, ébranle les certitudes, renforce, enrichit, nous élève : peut-être est-ce la raison pour laquelle le musée haut l’a emporté dans mon esprit. Mais là où une visite au musée m’enrichit, j’en suis finalement ressortie un peu vide, étourdie par tant d’images, de visages, d’idées désordonnées ne parvenant pas à retenir un ou une seule comme si le tout était dilué dans l’eau dévastatrice. Oui, c’est bien la nature qui a repris ses droits finalement…

    Lien permanent Imprimer Pin it! 0 commentaire
  • Critique - "La Délicatesse" de David Foenkinos: le livre, en attendant le film...

    delicatesse2.jpg

    Retrouvez ma critique du film "La Délicatess" de David et Stéphane Foenkinos en cliquant ici

    Le 21 décembre prochain, sortira en salles, "La Délicatesse" de David et Stéphane Foenkinos, un film avec Audrey Tautou, François Damiens, Bruno Todeschini, l'adaptation du roman éponyme du premier qui faisait partie de la sélection du prix des lectrices de Elle 2010 dont je faisais partie du jury et qui était alors mon favori. Je me réjouis donc de cette adaptation. En attendant, retrouvez ci-dessous mes commentaires sur le livre publiés alors.

    delicatesse.jpgJe poursuis mes lectures des livres qui me sont envoyés par le magazine Elle dans le cadre de ma participation à son jury de lectrices du prix littéraire 2010, avec ce mois-ci, 7 livres à lire. J'ai décidé de commencer mes lectures par « La Délicatesse » de David Foenkinos dont je me souvenais de la louable discrétion (là où d'autres cherchaient grossièrement à accaparer l'attention...non, non, je ne citerai pas de noms...) au Forum International Cinéma et Littérature de Monaco (une raison qui en vaut bien une autre :-)).

    « La Délicatesse » est le huitième roman de David Foenkinos. Ce pourrait être un premier. Pour la fraîcheur. Pour son apparente légèreté. Pour le plaisir inédit que sa lecture procure.  

     C'est l'histoire d'une femme qui va être surprise par un homme. Réellement surprise.

     Un livre dont l'auteur ose l'intituler « La délicatesse » dans une société (pas seulement littéraire) souvent brutale, cela force déjà le respect. Un livre qui nous parle des hasards des rencontres, de celles qui vous font d'autant plus chavirer qu'elles sont inattendues voire improbables, cela force l'attention. Et un livre qui nous parle des surprises du destin, cela (ren)force mon intérêt.

     Et puis, surtout, au-delà de la thématique, il y a la délicatesse avec laquelle David Foenkinos décrit ses personnages, ses situations, et avec laquelle son écriture, à la fois pudique et sensuelle, nous charme, progressivement, là et quand on ne l'attend pas comme ce Markus qui, dans le roman, charme Nathalie. Il pourrait aussi être un double de l'auteur puisque c'est avec le langage que Markus charme Nathalie. Avant tout.

     Son écriture sensible émaillée d'une réjouissante fantaisie (aphorismes, digressions aussi savoureuses que décalées) fait de ce roman une passionnante histoire autant qu'une aventure ludique pour le lecteur que Foenkinos, avec, décidément, une délicatesse quasiment amoureuse, n'oublie jamais, ce qui n'est finalement pas si courant...

     Et même s'il est aussi question de deuil, le second degré est là pour dédramatiser, sans pour autant effacer  l'émotion, bel et bien présente, qui nous fait accompagner Nathalie dans sa renaissance amoureuse.

     On se dit que Stéphane Brizé pourrait en faire un très beau film sur le deuil et l'espoir, avec une ironie salutaire qui ne nous touche pas moins en plein cœur, avec douceur, sincérité et humour ... tout en délicatesse donc. Et que ce livre a aussi quelque chose de truffaldien. Finalement intemporel. Il a aussi le charme incomparable des rencontres impromptues.

     Avec Foenkinos, la littérature n'est pas sinistre mais joyeuse car lucide, ludique, romantique, anticonformiste. Et il nous fait croire (ou nous conforte dans l'idée, selon notre degré d'optimisme) que la vie peut agréablement nous surprendre au moment où on s'y attend le moins. Pouvoir inestimable de certains (rares) auteurs...  Je vous le recommande vivement !

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Critique - « This must be the place » de Paolo Sorrentino avec Sean Penn, Frances McDormand…

    this2.jpg

    Loin du tumulte cannois, j’ai décidé hier de retourner voir « This must be the place » de Paolo Sorrentino, reparti bredouille de la compétition en mai dernier, enfin presque puisqu’il a reçu le prix du jury œcuménique. Avec son premier film en Anglais, le cinéaste italien était ainsi pour la quatrième fois en compétition à Cannes, trois ans après avoir obtenu un prix du jury pour « Il divo ». Avec « Melancholia », « Minuit à Paris » et « The Artist », c’était un de mes coups de cœur de cette édition 2011 qui a souvent fasciné autant qu’il a agacé les festivaliers. Des réactions aussi extrêmes sont souvent signes d’un univers fort, ce que possède incontestablement Paolo Sorrentino.

    Sean Penn y interprète Cheyenne, 50 ans, une ancienne star du rock.  Il vit de ses rentes à Dublin où il traine sa mélancolie et son ennui. La mort de son père avec qui il a coupé les ponts depuis des années le décide à partir pour New York. Là, il découvre que son père pourchassait un ancien criminel de guerre nazi, un bourreau d’Auschwitz qui l’avait humilié. Cheyenne va poursuivre la vengeance de son père et, pour l’accomplir, va traverser les Etats-Unis…

    En revoyant « This must be the place », j’ai pensé à l’écriture de Françoise Sagan. A sa fameuse petite musique des mots qui fait que, au-delà de l’histoire qu’elle nous raconte, le caractère jubilatoire de la forme happe notre attention et nous donne envie de dévorer notre lecture. C’est le cas aussi de la mise en scène de Sorrentino qui nous ensorcelle avec sa « petite musique » des images (des mots d’ailleurs aussi avec, en voix off, parfois le texte du père de Cheyenne). La comparaison n’est d’ailleurs pas aussi absurde, Cheyenne aurait ainsi pu dire telle la Cécile de « Bonjour tristesse » : « Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. »

    Cheyenne, c’est donc Sean Penn, allure gothique et dégingandée, dos courbé, démarche lente et irrésolue, voix traînante,  visage maquillé à la Robert Smith et rire triste et improbable. Pour entrer dans le film, il faut évidemment adhérer à son personnage d’enfant capricieux sur les épaules duquel semblent peser tous les malheurs du monde (en tout cas ceux de son histoire et de l’Histoire, rien que ça).  Contrairement à ce qu’il a déclaré récemment à propos d’un autre film (indice : ce film a obtenu la palme d’or), il semble vraiment savoir ce qu’il est venu faire là. Ses gestes, son regard, son phrasé : tout nous fait oublier l’acteur pour construire ce personnage de grand enfant innocent, malicieux, capricieux,  ce chanteur de rock déchu, à la fois pathétique, touchant, ridicule, flamboyant, décalé. Face à lui, Jane (Frances McDormand), sa femme, aussi forte, présente, décidé qu’il est faible, absent, velléitaire. Leur couple est d’ailleurs symbolique de ce film tout en contradictions et judicieux décalages.

    "Paolo réalise des films rapides sur des gens lents et des films drôles sur des gens tristes", a déclaré Sean Penn lors du dernier Festival de Cannes.  Sorrentino recourt en effet à la légèreté pour évoquer le poids de l’existence que Cheyenne semble porter, mais aussi le poids de la tragédie. Contradictions encore avec ce père absent et omniprésent.  Entre ce personnage enfantin, sa fragilité apparente et sa terrible, et souvent irrésistible, lucidité (Au départ on se dit « Ce sera ça ma vie » puis « C’est ça la vie » déclare-t-il ainsi). Entre la gravité du sujet et la tendresse loufoque pour l’aborder. Entre les grands espaces américains et la mélancolie irlandaise. Entre le visage fardé et ce qu’il dissimule. Entre la mort omniprésente et la vie absente d’un Cheyenne qui s’ennuie. Contradictions entre la fantaisie parfois dérisoire et son objectif qui est tout sauf dérisoire. Entre l’inoffensivité apparente d’un homme et les crimes qu’il a commis.

    Sorrentino semble prendre autant de plaisir à sublimer cette Amérique que Cheyenne traverse qu’à en souligner les ridicules excès, entre les images d’Epinal de l’American dream, les paysages qui ressemblent à des peintures de Hopper avec ses motels, ses stations service, ses vastes étendues d’une beauté vertigineuse et ses excès (ou contradictions à nouveau) qu’il tourne en dérision : d’un armurier à la plus grande pistache du monde, en passant par une bouteille géante qui entrave sa route. Il nous en montre aussi la diversité des visages et des paysages comme un enfant curieux, celui qu’est encore Cheyenne, qui découvre Le Nouveau Monde, un nouveau monde, un enfant qui s’émerveille et croise des personnages (un Indien silencieux, une oie, un bison…) qui semblent tout droit sortie d’un conte. Les moments de fantaisie poétique sont encore sublimés par la musique comme dans cette scène avec cette chanson interprétée par David Byrne, le chanteur des Talking heads qui a composé la musique du film (pas une première puisqu’il a reçu l’Oscar de la meilleure musique pour la BO du Dernier Empereur de Bertolucci).

    « This must be the place », c’est un parcours initiatique: l’histoire d’un masque qui tombe, d’un enfant qui grandit, d’un homme qui se relève. D’un artiste enfantin qui devient un homme et fume sa première cigarette.  Un film inclassable qui mélange habilement les genres, un road movie qui déroute et enchante, ou nous glace par sa lucidité. Un film envoûtant grâce à la musique de David Byrne, la  virtuosité de la mise en scène de Sorrentino et de l’interprétation de Sean Penn qui  nous plongent dans une atmosphère poétique, onirique et fantaisiste qui dissimule un visage grave et lucide. Un bel hommage à « Paris, Texas » de Wim Wenders, et à « Into the wild » de Sean Penn, aussi.  Un personnage et un film qui  vous restent dans la tête comme une petite musique. Celle des mots de Sagan. Ou une grande. Celle des Talkings Heads.  « Il faut choisir, dans l'existence, un moment, un seul, où la peur disparaît »  nous dit-on dans le film.  Ce périple en fait partie. Un périple réjouissant et bouleversant, grave et léger, mélancolique et enchanteur, fardé et sincère. Qui donne envie de regarder la vérité derrière le masque. Celle de l’abjection (le bourreau nazi) ou de l’humanité (Cheyenne) qui se mettent à nu (au propre comme au figuré ici). Leur rencontre improbable donne ce grand film construit sur de brillants contrastes.

    « This must be the place » est encore à l’affiche dans quelques cinémas parisiens comme le MK2 Parnasse ou Les Trois Luxembourg.

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2011/2012 Pin it! 0 commentaire
  • Concours - 10 invitations pour l'ouverture du Festival du Cinéma des Antipodes de Saint-Tropez 2011

    sainttropez.jpg

    tender.jpg

    roscoe.jpg

    CONCOURS PROLONGE JUSQU'AU 8 OCTOBRE!

     

    Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises des 13èmes rencontres internationales du Cinéma des Antipodes qui se déroulera à Saint-Tropez, du 10 au 16 octobre, et vous permettra de découvrir le meilleur des films australiens et néo-zélandais.  Vous pourrez suivre le festival en direct sur inthemoodforcinema.com, de l'ouverture à la clôture.

    Cliquez ici pour en savoir plus sur la programmation des Rencontres Internationales du Cinéma des Antipodes de Saint-Tropez 2011.

     Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous faire gagner 10 invitations pour l'ouverture (attention, il est nécessaire d'être sur place, ni l'hébergement ni le déplacement ne sont pris en charge).

     Le film d'ouverture sera  THE TENDER HOOK (en présence du réalisateur Jonathan Ogilvie). Ce film raconte l'ascension d'une jeune femme dans le milieu de la boxe à Sydney (avec Hugo Weaving, Rose Byrne, Matt Le Nevez...).

     Le festival s’ouvre aussi pour la première fois à la musique, en proposant pour l’ouverture un show case du groupe Belle Roscoe, duo frère-sœur originaire de Melbourne qui donneront le coup d’envoi au son de leurs mélodies rock-folk. Leur site officiel: http://www.belleroscoe.com/ . Découvrez les ci-dessus en vidéo.

    CONCOURS: Pour faire partie des 10 gagnants de cette invitation pour l'ouverture, vous avez jusqu'au 30 septembre pour répondre aux questions suivantes et m'envoyer vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé de votre email, "Concours Saint-Tropez".

    1. Quel est ce film? Quel prix a-t-il obtenu à Saint-Tropez?

    concourssainttrop1.jpg

    2. Qui est ce comédien australien?

    concourssainttrop2.jpg

    3. Quel réalisateur australien a réalisé le film dont est extraite l'image ci-dessous?

    concourssainttrop3.jpg

    4. De quel film est extraite l'image ci-dessous? Quel rapport avec le Festival de Saint-Tropez?

    concourssainttrop4.jpg

    5. Pour départager les gagnants en cas d'égalités,  une question facultative: dîtes-moi en deux phrases, quel est votre film australien ou néo-zélandais préféré et pourquoi?

     La page Facebook officielle du Festival de Saint-Tropez: https://www.facebook.com/pages/Festival-des-Antipodes/154...

    Suivez également le Festival sur twitter (compte twitter officiel du festival) : http://twitter.com/cineantipodes

    Site officiel du Festival: www.festivaldesantipodes.org

     

    sainttropez5.jpg

    Lien permanent Imprimer Catégories : CONCOURS, FESTIVAL DU CINEMA DES ANTIPODES DE SAINT-TROPEZ 2 Pin it! 0 commentaire
  • Bilan du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011

     

    deauville2011dernier 108.JPG

    Maclaine 013.JPG

    deauville12011 032.JPG

    Déjà la vie normale est censée avoir repris son cours, pourtant mes pensées vagabondent encore vers Deauville, vers ces 10 jours de parenthèse festivalière que ce compte rendu me permet de revivre un tout petit peu afin de ne pas céder tout à fait à la nostalgie, pas tout à fait car elle est aussi rassurante dans cette course frénétique à l’information qui déjà a dévoré et ingurgité ce festival dans les souvenirs duquel je me replonge avec délice, délice nostalgique donc. Ce Festival du Cinéma Américain de Deauville n’a pas dérogé à la règle des 17 qui, pour moi, l’ont précédé, ressemblant à un véritable film riche en émotions aussi diverses et excessives que le meilleur (ou le pire, la frontière est parfois floue) des blockbusters nécessitant quelques jours pour en appréhender l’enrichissante complexité (là, plutôt à l’image d’un film indépendant que d’un blockbuster).

    deauville2011dernier 154.JPG

    deauville12011 035.JPG

    Maclaine 014.JPG

    Maclaine 015.JPG

    Maclaine 016.JPG

    Quoiqu’il advienne, je perdrai toujours toute objectivité quand il s’agira d’évoquer ce festival (bonheur du blog que de n’être soumise à aucune censure ou à aucun rédacteur en chef et que de pouvoir revendiquer sa mauvaise foi), à jamais indissociable de tant de souvenirs et d’émotions cinématographiques, et heureux coupable de l’exacerbation de ma passion irrépressible pour le cinéma, qui le condamnent à la première place dans mon panthéon festivalier, la pluie et quelques déceptions cinématographiques fussent-elles au rendez-vous, comme cette année. J’avoue que j’ai un peu l’impression quand on critique ce festival que les critiques me sont destinées tant la douce mélancolie deauvillaise m’enchante, me porte, et me plonge dans une joie extatique totalement irrationnelle que j’aimerais à tout prix partager avec quiconque (tristes prosaïques) n’arrive à s’émerveiller devant les derniers feux de l’été, souvent les plus brillants et intenses, et rares, qui auréolent les Planches d’une luminosité incomparable, comme sortie d’un songe d’une nuit d’été, et devant ce festival qui concilie si bien les paradoxes et appréhende le cinéma américain dans sa globalité, voire ses contradictions, passant d’une comédie romantique réjouissante comme « Crazy, stupid, love » ou plus nuancée comme « Bringing up Bobby » de Famke Janssen à un film indépendant relevant du périlleux exercice de style comme « Jess+Moss » de Clay Jeter, de l’hommage à Shirley MacLaine à celui rendu à  Todd Solondz, de l’atmosphère feutrée des projections du matin en semaine à l’effervescence électrique des avant-premières du week end, des trophées du Nouvel Hollywood décernés cette année à Jessica Chastain et Ryan Gosling (malheureusement en leur absence) à l’émotion communicative de  l’hommage à Danny Glover ou Naomi Watts sans oublier l'instructive rencontre de Francis Ford Coppola avec les festivaliers (vidéos et ).

    master class coppola 010.JPG

    coppola4.jpg

    watts 023.JPG

    watts 013.JPG

    deauvillegrandepartie 027.JPG

    deauvillegrandepartie 073.JPG

    Maclaine 027.JPG

    Je ne suis pas (encore) allée aux Etats-Unis et pourtant j’ai l’impression d’en connaître les mille visages si contrastés tant ce festival et les films qui y sont projetés en reflètent la diversité, la richesse, les blessures malgré une étonnante homogénéité des thématiques dans la compétition. Plus que jamais, cette année, Deauville s’est positionné comme le festival du cinéma indépendant avec une compétition d’un remarquable niveau et, certes, avec moins de ces avant-premières évènementiels qui ont contribué à la notoriété du festival. Un cinéma indépendant et libre qui a donné raison à Francis Ford Coppola qui, lors de sa master class, (passionnante, le grand moment de cette édition) a déclaré : « Quand le cinéma est libre, il peut donner des fruits superbes » ; « Ce qui compte, c’est faire un cinéma indépendant et personnel. » ; « Aujourd’hui, c’est le film indépendant qui incarne le cinéma, certainement pas le cinéma commercial car il répète sans arrêt les films ; c’est le même film. » Olivier Assayas, président de ce jury 2011, a d’ailleurs souligné la « richesse » des films en compétition (9 premiers films sur 14) malgré « souvent des budgets minuscules », ce qui ne les empêche pas de conserver leur « liberté d’écriture et de ton ».

    deauvilleouverture2011 006.JPG

    deauville2011dernier 035.JPG

    deauville2011dernier 042.JPG

    deauville2011dernier 045.JPG

     « La meilleure chose du cinéma, c’est d’être tous ensemble et d’apprendre des choses » a déclaré Matthew Gordon, prix du jury 2011 pour « The dynamiter ».  En nous donnant à voir cet autre visage de l’Amérique, Deauville fait figure de sociologue.  Le visage qu’ont dessiné ces films en compétition était étonnamment uniforme : uniforme dans la noirceur, dans l’âge de ses protagonistes (des adolescents ou des enfants) souvent meurtris, livrés à eux-mêmes, victimes d’un manque de communication ou d’une société qui n’a jamais eu autant les moyens matériels de communiquer mais n’a jamais été aussi sourde et aveugle, délaissés par des parents fantomatiques, démissionnaires, désemparés, des mères absentes et des pères velléitaires. Une Amérique orpheline qui suffoque, paranoïaque (alors qu’on commémorait les 10 ans du 11 septembre), succombe à la folie et à des peurs irrationnelles, qui cherche un second souffle, une lueur d’espoir, sans oser l’aborder tout à fait (particulièrement significatifs étaient les dénouements des films en compétition presque tous ouverts, laissant à l’appréciation du spectateur cette lueur d’espoir, à peine perceptible), bien loin des films au dénouement desquels flotte insolemment la bannière étoilée comme le cinéma américain nous y a longtemps habitués.

    yelling.jpg

    Si les lieux et paysages (beau et instructif voyage à travers les Etats-Unis) et libertés diffèrent, c’est le même mal être que l’on retrouve dans chaque film en compétition, le même désarroi parental, le même sentiment de réalité suffocante à laquelle ces adolescents cherchent des échappatoires périlleux, illicites, le même besoin éperdu et rageur de liberté.  Je vous ai déjà parlé de 4 des 14 films en compétition et de leur traitement, ici : un cynisme tantôt amer, tantôt tendre (« Another happy day »),  une rigueur glaciale et non moins touchante (« On the ice »),  une mise en scène parfois un peu trop clipesque (« En secret ») ou  le souci de mettre en scène une réalité dans laquelle la violence est un engrenage implacable pour survivre (« Yelling to the sky »).  Ces adolescents en apparence si différents révèlent la même réalité étouffante, le même besoin d’ailleurs et d’appui familial, les mêmes personnages de mères broyées ou désemparées qui ont parfois renoncé. Tous présentent aussi le même défaut : un dénouement assez expéditif (un scénario qui s’essouffle vers la fin comme si ces cinéastes s’adonnaient à ce dont ne cessent de rêver leurs personnages pendant toute la durée de leurs films : la fuite.) Manière finalement peut-être plus consciente et habile qu’il n’y paraît de faire coïncider la forme et le fond. 

    another9.jpg

    La fuite c’est aussi la solution d’Henry Barthes, le personnage principal de « Detachment » de Tony Kaye qui se retrouve à enseigner dans un lycée difficile de New York.  Henry Barthes est un professeur remplaçant, remplaçant afin de ne pas s’investir avec ses élèves tout comme il s’évertue à ne pas s’investir avec les femmes. Il se rêve en homme désincarné dans une salle vide ; lui qui incarnera pourtant le visage de l’espoir. Avec une poésie sombre, Tony Kaye, dans le fond comme dans la forme, rend hommage à l’art, ici salvateur, et à ces êtres qui ne se comprennent pas mais finalement si proches dans leurs fêlures, leur solitude, leur besoin d’écoute. Adrien Brody lui ne fuit pas son rôle mais est au contraire d’une présence époustouflante, assumant les contradictions de son personnage, bouleversant. « Detachment » a obtenu le prix de la critique et de la révélation Cartier. Et sa présentation par son réalisateur (en musique et guitare à l’appui) restera un des beaux moments de cette édition.

    detachment.jpg

    deauville2011dernier 028.JPG

     Le père de famille incarné par Michael Shannon dans « Take Shelter » de Jeff Nichols (grand prix de cette édition, déjà primé à la dernière Semaine de la Critique), lui, ne trouvera pas vraiment de solution à ses peurs destructrices et irrationnelles, métaphoriques d’une Amérique en crise et paranoïaque d’après 11 septembre, avec la crise économique pour arrière-plan.  Terriblement efficace, la réalisation nous plonge dans ses terreurs et son désarroi avec précision et sobriété. Redoutant de devenir schizophrène comme sa mère au même âge, il est hanté par des cauchemars de plus en plus effrayants qui vont le conduire à construire un abri pour protéger sa femme (la douceur de Jessica Chastain s’oppose à ses visions apocalyptiques, une folie plus destructrice qu’un ouragan, une folie qui balaie tout sur son passage dont les images ne sont pas dénuées de force poétique) et sa fille.  Un film efficace (entre drame  social et thriller) mais un choix peut-être de facilité du jury.  Reste la fin intelligemment elliptique et mystérieuse et un vrai don du suspense du réalisateur.  Une judicieuse parabole d’une Amérique d’après 11 septembre qui n’est plus invulnérable, à l’image du père de famille, ébranlé par une tempête incontrôlable. Seul film de cette compétition dont le personnage principal est un adulte, au comportement et aux frayeurs certes enfantins.

    takeshelter.jpg

    Autre thriller psychologique et social avec « Without » de Mark Jackson qui là aussi mêle donc les genres et laisse au spectateur l’appréciation de ce qui relève de la réalité ou de la folie du personnage. Ainsi, sur une île boisée très isolée, Joslyn devient à 19 ans aide à domicile auprès d’un vieil homme en état végétatif, cloué sur son fauteuil roulant.  Isolée, se relevant d’une difficile épreuve personnelle, la solitude va peu à peu la faire basculer… Un peu comme dans « Take Shelter » avec peu d’éléments, Mark Jackson instille la peur, la suspicion, dans l’esprit de son personnage principal mais aussi dans celui du spectateur. Une peur souvent irrationnelle qui, là aussi, fait écho à celle de l’après 11 septembre.

    without.jpg

    Beaucoup plus lumineux, éclairé par la douceur et la chaleur incandescents du Mississipi « The dynamiter » dont le centre est le personnage du jeune Robbie (William Ruffin) qui porte le film et sa famille sur ses épaules. Un film à l’image de son réalisateur (qui a enchanté les festivaliers en conférence de presse, en parlant en Français) pudique, sobre, sensible, touchant, et lumineux.

    dynamiter.jpg

    Dans « Another Earth » de Mike Cahill (primé à Sundance), une jeune étudiante (fantastique Brit Marling également co-scénariste du film) est en quête de rédemption après avoir provoqué un accident de voiture mortel tandis qu’une planète miroir de la terre apporte l’espoir d’un ailleurs meilleur.  Mike Cahill réussit l’exploit d’un cinéma fantastique sans grands effets spéciaux (troisième film de la compétition dans lequel le surnaturel fait une subtile immersion). Cette poésie fantastique contrebalance la dureté du sujet. On retrouve le thème de la culpabilité déjà présent dans « On the ice » et « Without ».

    jess.jpg

    « Jess + Moss » mettait aussi en scène des enfants là aussi confrontés à eux-mêmes, tout l’un pour l’autre, un film en forme de conte initiatique qui relevait plus de l’exercice de style néanmoins illuminé d’une touchante innocence. Eveil à l’amitié, aux premiers émois que l’on retrouvait également dans le maladroit « Terry ».

    happy.jpg

    Dommage que le jury ait oublié « Another happy  day », ironique à l’image de son titre, une comédie acide et parfois tendrement cruelle (tendrement parce que Sam Levinson porte un regard finalement plein de compréhension sur ses personnages sans toutefois les épargner) dans laquelle un mariage devient le révélateur des rancœurs et des fêlures des différents membres d’une famille sans oublier le personnage attachant interprété par Ezra Miller qui crève l’écran. Un film qui fait preuve, à l’image de son personnage principal, d’une belle maturité pour un réalisateur de seulement 26 ans.

    deauvillegrandepartie 051.JPG

    deauvillegrandepartie 060.JPG

    trust.jpg

    Dans « Trust », David Schwimmer ( sans doute une des personnalités les plus ovationnées de ce festival) suit une adolescente de 14 ans qui se laisse séduire par un homme rencontré sur internet, en réalité un pédophile. Très différent dans la forme de « Michael », en compétition au dernier Festival de Cannes, qui décrivait de façon presque clinique le quotidien d’un enfant séquestré par un pédophile, il montre néanmoins aussi ce dernier dans sa froide et terrifiante normalité apparente. C’est parce qu’il a « rencontré des victimes par le biais d’une association », que  ce sont ces rencontres et ces histoires qui l’ont choqué qui lui ont donné « envie de réaliser un film sur ce sujet »  que David Schwimmer a fait ce film qui, en effet, fait preuve d’une certaine finesse dans la psychologie  de l’adolescente (interprétée avec beaucoup de justesse par Liana Liberato) qui passe de la fascination, au déni, à la colère, au rejet. David Schwimmer stigmatise la publicité qui met en scène des enfants ou des adolescents dans des poses plus que suggestives ou dans sa sexualisation à outrance, mais aussi le caractère virtuel de la communication (notamment avec les parents incarnés par Clive Owen et Catherine Keener) dans une société qui la glorifie et n’en a jamais eu autant les moyens matériels qui isolent finalement plus qu’ils ne rassemblent. Dommage que la scène du générique de fin soit aussi lourde et fasse ressembler à un très mauvais gag ce qui est dramatiquement réaliste. David Schwimmer fait néanmoins passer son message avec beaucoup d’efficacité.

    restless.jpg

    Parmi les bonnes surprises, « Restless » de Gus Van Sant, conte poétique sur la mort. Très différent dans la forme du film qui lui valut la palme d’or en 2003, « Elephant », il y regarde cependant à nouveau l’adolescence avec gravité, une adolescence à nouveau confrontée à la mort mais avec moins de violence et plus de poésie. Le sujet, particulièrement mélodramatique, pouvait pourtant susciter quelques réticences ; l’histoire d’amour entre un jeune homme de 20 ans, Enoch, interprété par Henry Hopper (le fils de Dennis) qui, depuis la mort de ses parents dans un accident, fuit (la fuite à nouveau donc mais sous une autre forme) son existence en assistant à des enterrements où il rencontre Annabel, jeune femme en phase terminale d’un cancer. Avec un sujet qui aurait pu se prêter à un film lourd et pesant, Gus Van Sant distille du surnaturel et de la poésie (Enoch est toujours accompagné de son ami imaginaire Hiroshi, fantôme et pilote japonais kamikaze) qui en font un hymne doux et poignant à la beauté fugace de l’existence (comme celle d’un corps tracé à la craie), qui fait rimer premier amour et dernier  jour avec beaucoup de fantaisie, de tendresse et de pudeur.

    deauville2011dernier 004.JPG

    Autre bonne surprise, le film qui a reçu le prix Michel d’Ornano (dont je vous reparlerai ultérieurement), « 17 filles » de Muriel et Delphine Coulin inspiré d’une histoire vraie arrivée aux Etats-Unis : 17 filles américaines avaient décidé de tomber enceinte en même temps.  Très beau film sur l’utopie, l’inconscience, l’énergie mais aussi l’ennui de l’adolescence qui filme la province comme elle l’a rarement été, avec une tranquille mélancolie.

    conspirator.jpg

    Egalement très attendu, « The Conspirator » de Robert Redford, film sur Mary Suratt, complice présumée de l’assassinat de Lincoln, accusée de complicité pour avoir hébergé l’auteur du crime, John Wilkes Booth. Un jeune avocat, Frederick Aiken,  accepte de défendre Mary Surratt. Il prend alors conscience que sa cliente serait innocente et qu’elle ne serait qu’un appât dans le but de capturer le seul conspirateur qui ait échappé à une redoutable chasse à l’homme : son propre fils. Si la réalisation est très académique (l’autochrome, le procédé photographique utilisé, en a décontenancé plus d’un mais nous replonge dans l’ambiance de l’époque), elle sert plutôt le propos, montrant l’intemporalité des tensions politiques et de ce que le film dénonce : la peine de mort, dans toute son impitoyable froideur et sa glaciale et glaçante absurdité. Le personnage de Frederick Aiken, intègre, épris de justice, envers et contre tous, rappelle les personnages incarnés par Robert Redford lui-même épris de loyauté. L’émotion est retenue pendant tout le film mais explose brillamment lors de la scène de la fin, donnant toute sa force à son message et ce qui précède.

    drive 020.JPG

    drive7.jpg

    Parmi les déceptions, « Drive », dont je vous ai parlé en détails ici,  malgré ses évidentes qualités de mise en scène, flamboyante et crépusculaire, et malgré sa bo remarquable alliée à des scènes plus calmes d’une beauté saisissante (face-à-face dans son appartement entre Irène et The Driver dans laquelle le temps est suspendu et dans laquelle les échanges évasifs de regards et les silences d’une douce sensualité en disent tellement). Nicolas Winding Refn a ravi le prix de la mise en scène à Pedro Almodovar à Cannes qui, à mon avis, l’aurait davantage mérité, ne serait-ce parce qu’il a brillamment raconté une histoire cruelle, terrible, effroyable où toute la finesse de la mise en scène réside justement dans ce qui n’est pas montré et qui n’en a que plus de force… Pour les amateurs de séries B avant tout auxquelles le film rend hommage.

    deauville2011dernier 059.JPG

    deauville2011dernier 058.JPG

    Enfin la soirée du palmarès s’est terminée avec « The Artist », bouclant la boucle puisque la « Couleur des sentiments » rendait hommage au pouvoir salvateur de l’écriture, tandis que « The Artist » sublime les artistes dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité, leurs belles et poignantes contradictions. Un film qui concentre la beauté simple et magique, poignante et foudroyante du cinéma et rend hommage à son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici. (Cliquez ici pour lire ma critique du film « The Artist »).

     Finalement le pouvoir de l’art était à l’honneur dans « The Artist », « La Couleur des sentiments », « Detachment », belle mise en abyme qui fait écho à cette phrase de Shirley MacLaine lorsqu’elle a reçu son prix (pour son rôle d’actrice mais aussi d’écrivain) : « Les deux sont des réflexions sur qui on est. J’ai été tous ces personnages, on est tous plusieurs personnes à la fois. Un des bonheurs de ma vie est cette quête de mon identité que j’ai menée  à la fois dans l’écriture et l’art dramatique. »

    deauvilleouverture2011 025.JPG

    Comme chaque année, je quitte Deauville avec un peu de nostalgie, de mélancolie, la certitude et le désir d’y revenir très vite et de belles images comme celle de la chanson interprétée par Tony Kaye  lors de la clôture en hommage à une ville de New York meurtrie mais toujours belle et débout et  qui montre tout ce qui fait la richesse d’un festival, et souvent de celui-ci, la magie ensorcelante de l’imprévu :

    Histoire de vous replonger dans l’atmosphère du festival, la "BO" du CID:

    Inthemoodfordeauville à nouveau à l’honneur cette année :

    deauville2011dernier 136.JPG

    deauville2011dernier 178.JPG 

    Cette année, vous pourrez me suivre en direct de nouveaux festivals (Lyon, comme intervenante dans deux débats ou encore Saint-Tropez et bien sûr toujours à Cannes et à Deauville en mars et septembre) mais désormais l’actualité deauvillaise se poursuivra toute l’année sur inthemoodfordeauville. Vous pourrez à nouveau bien sûr suivre le Festival du Cinéma Américain l'an prochain, avec plus de partenariats en perspective mais j'y reviendrai...

     N’oubliez pas que vous pouvez suivre l’actualité de ce blog sur Facebook (http://facebook.com/inthemoodfordeauville  ) et sur twitter (http://twitter.com/moodfdeauville  ).

    Et rendez-vous sur inthemoodforcinema.com pour l’actualité cinématographique quotidienne avec, aussi, cette semaine, des places à gagner pour le Festival de Dinard (Film Britannique) et pour le Festival de Saint-Tropez (Cinéma des Antipodes).

    deauville2011dernier 131.JPG

    deauville2011dernier 093.JPG

    deauville2011dernier 100.JPG

    deauville2011dernier 140.JPG

    deauville2011dernier 141.JPG

    watts 016.JPG

     

    deauville2011dernier 118.JPG

    deauville2011dernier 015.JPG

    deauville2011dernier 130.JPG

    deauville2011dernier 122.JPG

     
    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DU CINEMA AMERICAIN DE DEAUVILLE 2011 Pin it! 2 commentaires