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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 335

  • Programme de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2011

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    Je vous laisse découvrir, ci-dessous, la sélection de la Semaine de la Critique 2011 dévoilée aujourd’hui et qui aura lieu du 12 au 20 mai et dont je vous rappelle qu’elle célèbrera cette année ses 50 ans. Comme chaque année (et parce qu’il faut bien faire des choix même si j’aimerais TOUT voir), je privilégierai la sélection officielle même si je verrai très certainement le film de Valérie Donzelli qui présente en ouverture son deuxième long-métrage que je suis très curieuse de découvrir  ayant beaucoup aimé son premier film « La Reine des pommes » (vous pouvez en retrouver ma critique en bas de cet article)

    Long-métrages

    « Las Acacias » Pablo Giorgelli (Argentine/Espagne)

    « Avé » Konstantin Bojanov (Bulgarie/France)

    « 17 filles » Delphine Coulin, Muriel Coulin (France)

    « Sauna on Moon » Zou Peng (Chine)

    « The Slut (Hanotenet)” Hagar Ben Asher (Israël/Allemagne)

    “Snowtown (Les Crimes de Snowtown) » Justin Kurzel (Australie)

    « Take Shelter » Jeff Nichols (Etats-Unis)

     Courts et moyens métrages

    « Alexis Ivanovitch vous êtes mon héros » Guillaume Gouix (France)

    « Black Moon » Amie Siegel (Etats-Unis)

    « Blue » Stephan Kang (Nouvelle-Zélande)

    « Boy » Topaz Adizes (Etats-Unis)

    « Bul-Myul-Ui-Sa-Na-Ie » Moon Byoung-gon (Corée du Sud)

    « Dimanches » Valéry Rosier (Belgique)

    « In Front of the House » Lee Tae-ho (Corée du Sud)

    « La inviolabilidad del domicilio se basa en el hombre que aparece empunando un hacha en la puerta de su casa » Alex Piperno (Uruguay/Argentine)

    « Junior” Julia Ducournau (France)

    “Permanências” Ricardo Alves Júnior (Brésil)     

    Séances spéciales

    Film d’Ouverture

    « La guerre est déclarée » Valérie Donzelli (France)

    Séance spéciale

    « Walk Away » Renée Jonathan Caouette (Etats-Unis/France/Belgique)

     Séance du 50e anniversaire

    « My Little Princess » Eva Ionesco (France)

    Film de Clôture

    « Pourquoi tu pleures ? » Katia Lewcowicz (France)

    Critique de "La reine des pommes" de Valérie Donzelli

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    Adèle (Valérie Donzelli) une jeune trentenaire se fait quitter par Mathieu (Jérémie Elkaïm), l'amour de sa vie. Anéantie, suffoquée, Adèle ne pense plus qu'à une chose : mourir. Rachel (Béatrice de Staël), une cousine éloignée, la prend en charge. Elle décide d'aider Adèle en essayant de lui trouver du travail, de lui redonner goût à la vie et de la conseiller sentimentalement. Son principal conseil : coucher avec d'autres hommes afin de désacraliser cette histoire. Ce sera Pierre, Paul et Jacques (dans les trois cas, Jérémie Elkaïm).

    Adèle donc. Déjà tout un programme truffaldien, Truffaut à qui Valérie Donzelli n'emprunte pas seulement le nom d'une de ses héroïnes mais aussi une tristesse désinvolte, un ton ludique, une légèreté, une narration, un personnage décalé et anachronique à la Antoine Doinel, un jeu agréablement suranné à la Jean-Pierre Léaud. Ajoutez à cela un marivaudage qui relève de Rohmer, des passages en-chantés, enchanteurs à la Demy et une note d'Agnès Varda ou d'Emmanuel Mouret et vous obtiendrez un premier film aussi singulier qu'attachant. Ces multiples références assumées et même proclamées auraient pu alourdir et plomber l'ensemble, et nous agacer mais Valérie Donzelli a l'intelligence de ne pas se prendre au sérieux et de se tourner en ridicule juste à temps pour que son film ne le soit pas. Loin de là !

    Avec un  sujet galvaudé, grâce à un ton et un personnage burlesques, à des situations cocasses, à des dialogues décalés, Valérie Donzelli nous emporte dans sa comédie légère aux airs de Nouvelle Vague rafraîchissante et dans son univers (scénariste, réalisatrice, actrice, elle a aussi composé, écrit, interprété la musique du film).

     La légèreté des moyens rend service au sujet puisque le même acteur interprète tous les hommes que rencontre Adèle, tous les hommes en qui elle voit celui qu'elle a perdu, qu'ils s'appellent (avec beaucoup d'ironie) Pierre, Paul ou Jacques.

    Seule la fin, à new York (où Adèle a un nouveau regard sur un nouveau monde, quand la reine des pommes se retrouve dans la grosse pomme) redevient sérieuse là où le film aurait peut-être gagné à rester dans le décalage et la légèreté.

    Sélectionné à la Quizaine des réalisateurs pour son court-métrage « Il fait beau dans la plus belle ville du monde »,  avec « La Reine des pommes » Valérie Donzelli a reçu le prix du public du festival d'Angers.

    Un film fantaisiste, attachant, parfois même touchant qui sort du cadre formaté des comédies habituelles et on aurait bien tord de s'en priver et de ne pas se laisser enchanter par cet air connu et joliment singularisé.

    Remarque :  Les plus cinéphiles s'amuseront à reconnaître Serge Bozon, Dominik Moll et Gilles Marchand.

     
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  • Avant-première - Critique de « Voir la mer » de Patrice Leconte avec Pauline Lefevre, Nicolas Giraud, Clément Sibony

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    En général, les grands cinéastes se distinguent par la ressemblance de styles entre leurs différents films qui, d’une scène ou même juste d’un plan, permettent de reconnaître leurs signatures, sans aucun doute. Patrice Leconte est l’exception qui confirme à la règle, car, à l’inverse, même si on retrouve des ressemblances ou des thématiques communes dans ses différents films, ils ont surtout pour point commun de ne pas en avoir… A chaque fois, Patrice Leconte nous embarque dans un nouvel univers, dans un nouveau style. Difficile d’imaginer que c’est le même cinéaste qui a réalisé « Monsieur Hire », « Ridicule », « La Fille sur le pont » (bijou scénaristique et de mise en scène, avec sa musique et ses métaphores envoûtantes), « La Veuve de Saint-Pierre », « Dogora », des films très différents les uns des autres. Je ne cite pas ceux-là par hasard, ce sont ceux que je préfère (d’ailleurs en bonus, retrouvez ma critique de « Ridicule », ci-dessous) et j’avais aussi beaucoup aimé des films comme « Une chance sur deux », qui n’avait pas eu le succès escompté mais qui jouait avec beaucoup d’humour sur le statut de stars de ses protagonistes, ou « L’homme du train », au succès encore plus confidentiel, mais réussi. En fait, je crois que les deux seuls qui me semblent détoner dans sa filmographie et que je n’ai pas aimés  sont « Les Bronzés 3 » dans lequel les personnages étaient devenus mesquins ou vraiment médiocres et « La Guerre des Miss », peut-être le film de trop. Deux ans plus, tard, je me demandais donc bien à quoi pourrait ressembler ce nouveau film intitulé « Voir la mer ».

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    « Voir la mer », c’est d’abord l’histoire de deux frères, Clément (Clément Sibony) et Nicolas (Nicolas Giraud). Ils habitent à Montbard, en Bourgogne et,  pour les vacances d’été, ont décidé d’aller voir leur mère à Saint-Jean-de-Luz qu’ils n’ont pas vue depuis longtemps. Clément vient de se séparer de sa petite amie et Nicolas, lors d’une soirée, rencontre Prudence (Pauline Lefevre)… qu’il retrouve le lendemain matin sur son pallier. Elle, Prudence, c’est la mèrE qu’elle n’a jamais vue. Elle va les accompagner sur les routes, partant tous finalement pour (re)voir la mer(e). Nicolas d’abord réticent en voyant ce périple entre frères ainsi troublé par une troisième présence va peu à peu tomber sous son charme…

    Que pouvait donc bien faire Patrice Leconte après tant de films et après les deux derniers qui témoignaient d’une certaine lassitude ? Repartir de zéro. D’ailleurs, il signe pour la première fois le scénario seul (à l’exception du « Parfum d’Yvonne » mais qui était une adaptation de Modiano.) Faire un film qui ressemble, non pas à un 28ème film, mais à un premier. Avec ce que cela implique de légèreté, de liberté, d’insouciance, de sincérité et de touchantes maladresses. Il aurait pu choisir une grosse production, mais non, il a finalement choisi ce qui réclamait le plus d’audace, un film simple avec trois acteurs principaux dont une actrice qui fait ses débuts au cinéma.

    De ce synopsis, il aurait pu tirer une histoire de jalousie, de rancœur, de cynisme sur les désillusions de l’existence, sur la duplicité. Il a choisi tout le contraire. Une parenthèse enchantée, hors du temps, hors de la réalité, cette réalité, dans laquelle, normalement, il faut choisir et transiger.  Prudence ne choisira pas entre Jules et Jim, pardon, Clément et Nicolas. Clément et Nicolas ne se déchireront pas, rongés par la jalousie et l’aigreur. Non. Dans leur motor-home d’occasion, ils vont simplement faire la route tous les trois, au gré de leurs envies, de leurs désirs. Désirs de liberté et désirs amoureux. La caméra de Patrice Leconte caresse l’épaule, les cheveux, le visage de Prudence, empreinte du regard ensorcelé des deux frères. C’est avant tout le film de la légèreté. Pas au sens péjoratif. Mais au sens d’insouciance, presque d’inconscience. Légèreté technique aussi puisque Patrice Leconte s’est entouré d’une petite équipe (14 personnes).

    Et puis il y a la découverte. Prudence, qui est d’ailleurs tout le contraire de son prénom, cette fille inattendue », attachante, libre, franche, une « femme aux cheveux courts », qui est « ce qui leur est arrivé de mieux dans la vie » incarnée par Pauline Lefevre, l’ex miss Météo de Canal + qui fait ses premiers pas au cinéma et qui apporte au film son indéniable charme lumineux, et sa justesse. Elle rappelle un peu le personnage de « La Fille sur le pont » qui portait elle aussi un prénom tout aussi charmant qu’improbable, Adèle. Là aussi un road movie. Un film sur la chance (mais là aussi finalement, la chance de la bonne rencontre) et sur le cirque que rappelle parfois aussi la musique de « Voir la mer », une bo d’ailleurs très réussie.

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     Les deux garçons eux aussi sont pleins de charme : Nicolas qui ne semble pas encore totalement sorti de l’enfance, avec son regard enfantin, naïf, avec ses tshirts d’adolescent, Clément, d’abord plus méfiant vis-à-vis de Prudence car un peu blessé par la vie. Seul le personnage de Max (l’ex jaloux –un peu trop- grandiloquent de Prudence) incarné par Gilles Cohen vient troubler cette quiétude et apporter une note dissonante, entièrement assumée par une musique de cirque.

    Encore une fois, Patrice Leconte a décidé de ne pas tenir compte des critiques (et il a bien raison !), de faire comme ses personnages, (ou plutôt ses personnages reflètent-ils sont état d’esprit ou ce que à quoi il aspire) qui suivent leurs envies sans se soucier du regard des autres ou du lendemain, trois grands enfants attachants que les aigris trouveront sans doute « naïfs ». Tant pis pour eux. C’est cela aussi le cinéma, nous donner à voir des personnages autres, presque « irréels ».

    C’est néanmoins un peu exagérer que de dire que ce film a des airs de premier film car pour célébrer ainsi l’éclat et l’éternité fugace de la jeunesse, sans doute faut-il l’avoir déjà passée et en avoir éprouvé la cruelle nostalgie. C’est aussi exagérer que de dire que ses films n’ont aucune ressemblance. On retrouve cette rencontre providentielle qui change le cours d’un destin, ces êtres un peu paumés mais attachants… et une photographie comme toujours remarquable, baignée d'une lumière d'été à la fois douce et incandescente (signée ici Jean-Marie Dreujou également comme dans « La Fille sur le pont »).

    Allez voir cette parenthèse enchantée et rafraîchissante, ce road movie sentimental, solaire, tendrement sensuel, empreint d'une douce candeur, et découvrez un « premier » film plein de charme (qui fait surgir l’émotion  le temps d’un « si Maman si » ) qui nous ferait presque croire à la possibilité de « vivre au jour le jour » ou en tout cas nous en donnerait envie; un jeune cinéaste dont on ne peut croire que le titre de son livre « J’arrête le cinéma » reflète réellement ce qu’il désire. Ce serait bien dommage qu’il s’arrête là. Sa (nouvelle) carrière ne fait que commencer. Vivement le second film  (déjà tourné : « Le magasin des suicides » dont la date de sortie n’est pas encore fixée) de ce jeune cinéaste, libre et insouciant, et qui nous donne envie de l’être, ou de voir la mer et la mère peut-être simplement,…et dans une époque où le cinéma se complait parfois un peu trop dans la morosité, le réalisme et le cynisme (souvent les trois en même temps, imaginez…), cela fait beaucoup de bien.

     Sortie en salles : le 4 mai 2011

    Critique de "Ridicule" de Patrice Leconte

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    1780. Le Marquis Grégoire Ponceludon de Malavoy (Charles Berling),  issu d'une famille d'ancienne noblesse provinciale, ingénieur de formation, cherche désespérément à assécher son marécageux pays des Dombes, ravagé par une épidémie. En dernier recours, il décide de gagner Versailles pour solliciter l'aide de Louis XVI. Muni d'une lettre de recommandation, il se rend tout d'abord chez Madame de Blayac (Fanny Ardant) mais son mari qu'il était venu voir vient de décéder. Agressé sur la route non loin de Versailles, il est secouru et recueilli par le Marquis de Bellegarde (Jean Rochefort).  Ce dernier cherche d'abord à le dissuader d'aller à la cour, si frivole et impitoyable, avant de céder devant son insistance.  Là, il retrouve Madame de Blayac et fait la connaissance des courtisans et notamment de l'Abbé de Vilecourt (Bernard Giraudeau).  Dans le même temps, il rencontre Mathilde (Judith Godrèche) la savante fille du Marquis de Bellegarde qui doit épouser un vieux et riche noble...

    En sélectionnant ce film pour l'ouverture du Festival de Cannes 1996, Gilles Jacob a fait preuve d'un redoutable cynisme, certainement involontaire, tant les personnages de « Ridicule » sont d'une troublante modernité, et pourraient appartenir à des univers beaucoup plus contemporains que celui de la cour de Louis XVI, qu'ils soient médiatiques, politiques ou cinématographiques. Jusqu'où aller pour réaliser ses objectifs aussi nobles (dans les deux sens du terme) soient-ils ? Jusqu'où aller sans compromettre ses principes ni se compromettre ?

    Pour les courtisans de « Ridicule », les joutes verbales sont les cruelles, sauvages et violentes armes d'une guerre dont le ridicule est le terrible signe de reddition. L'autre n'est alors qu'un faire-valoir et qu'importe si pour briller, sauver la face, il faut l'anéantir en le ridiculisant. Pour Jean Rochefort «  C'est un western dons lequel on a remplacé les colts par des mots d'esprit ». La vive mise en scène de Patrice Leconte souligne ainsi ces échanges verbaux assénés comme des coups mortels, dégainés  sans la moindre vergogne avec pour seul souci de leurs auteurs de rester dans les bonnes grâces de la cour et du roi. Le bel esprit est alors un poison violent et vénéneux qui contamine et condamne quiconque souhaite s'en approcher. Menace constante et fatale qui plane au-dessus de chaque courtisan : le ridicule. Le langage devient l'arme de l'ambition et du paraître car « le bel esprit ouvre des portes » mais « la droiture et le bel esprit sont rarement réunis ».

    Derrière l'éclat de Versailles, derrière la blancheur à la fois virginale et cadavérique dont s'enduisent les corps et les visages se cache une cruelle noirceur, un narquois sursaut de vie,  derrière le raffinement une vulgarité indicible, un mal qui les ronge de l'intérieur comme la cour est progressivement rongée par son pathétique bel esprit, bientôt par les Lumières, une cour qui se prévaut du bel esprit de Voltaire tout en rejetant l'Esprit des Lumières qui lui sera fatal. C'est le crépuscule d'une époque annonciatrice de la Révolution. La cour parade et brille de toute sa paradoxale noirceur mais le désenchantement et le déclin la guettent. Epoque de contradictions entre les Lumières et ses découvertes scientifiques et un monde qui périclite. Portrait d'un monde qui se sait déclinant et refuse pourtant de mourir. A tout prix. Madame de Blayac incarne la conscience de ce déclin qu'elle tente de masquer par une cruauté désenchantée consciente de ses vanités et de sa vanité.

    Les savoureux et cruels dialogues, ces jeux dangereux voire mortels font penser au cynisme des « Liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos ou aux bons mots de Guitry. Le scénario est ainsi signé Rémi Waterhouse et inspiré des écrits de la Comtesse de Boigne.

    De twitter et ses phrases lapidaires avec lesquelles certains se réjouissent de faire preuve d'un pseudo bel esprit a fortiori si c'est au détriment d'autrui, des critiques cinématographiques (qui ont d'ailleurs tellement et injustement malmené Patrice Leconte) qui cherchent à briller en noircissant des pages blanches de leur fiel, des couloirs de chaînes de télévision dont l'audience justifie toute concession à la morale et parfois la dignité, de la Roche de Solutré hier à la Lanterne de Versailles aujourd'hui, de ces comiques ravis de ternir une réputation d'un mot cruel, prêts à tuer pour et avec un bon mot pour voir une lueur d'intérêt dans les yeux de leur public roi, que ne ferait-on pas pour briller dans le regard  du pouvoir ou d'un public, fut-ce en portant une estocade lâche, vile et parfois fatale. L'attrait du pouvoir et des lumières (médiatiques, rien à voir avec celles du XVIIIème) est toujours aussi intense, l'esprit de cour bel et bien là, bien que celle de Versailles ait été officiellement déchu il y a plus de deux siècles.

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    Le choix des comédiens principaux est aussi pour beaucoup dans cette réussite de Jean Rochefort, partagé entre ces deux mondes, à Charles Berling dont c'est ici le premier grand rôle qui y apporte son prompt et fougueux esprit, à Bernard Giraudeau, baroque et pathétique au nom si parlant d'abbé Vilecourt, en passant par Fanny Ardant cruelle, lucide et donc malgré tout touchante sans oublier Judith Godrèche d'une attendrissante candeur et obstination.

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    Pour son premier film en costumes, à partir d'un excellent scénario, Patrice Leconte a réalisé un film d'une réjouissante modernité, à la mise en scène duale et aussi élégante que les courtisans qui traversent son film sont inélégants, un film mordant aussi cruel que raffiné qui  s'achève en faisant tomber les masques de la cour et triompher les Lumières. Alors laissez-vous aller au plaisir coupable des bout rimés,  bons mots, saillies drôlatiques et autres signes du bel esprit de cette cour de Versailles, tellement intemporelle et universelle.

  • Bande-annonce - "Je ne suis pas là pour être aimé" de Stéphane Brizé à ne pas manquer, à 20H40, sur Arte

    A ne manquer sous aucun prétexte, "Je ne suis pas là pour être aimé", de Stéphane Brizé, à 20H40, sur Arte. Retrouvez ma critique datant de 2005, en cliquant ici. A cette occasion, je vous propose également ma critique d'un autre excellent film de Stéphane Brizé, "Mademoiselle Chambon", ci-dessous.

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    Cela pourrait se résumer en une phrase : Jean (Vincent Lindon), maçon, bon mari et père de famille, croise la route de la maîtresse d'école de son fils, Mademoiselle Chambon (Sandrine Kiberlain) ;  leurs sentiments réciproques vont s'imposer à eux. Enfin non, justement, cela ne se résume pas en une phrase parce que tout ce qui importe ici réside ailleurs que dans les mots, même si ce film est inspiré de ceux du roman d'Eric Holder.

    Les mots sont impuissants à exprimer cette indicible évidence. Celle d'un regard qui affronte, esquive, tremble, vacille imperceptiblement. Celle d'une lèvre dont un rictus trahit un trouble ou une blessure. Celle d'une rencontre improbable mais impérieuse. Entre un homme qui ne sait pas manier les mots (la preuve, c'est son fils qui lui apprend ce qu'est le complément d'objet direct) et vit du travail de ses mains et une femme dont c'est le métier que de manier les mots, les apprendre. Lui construit des maisons, elle déménage sans cesse. Lui est ancré dans la terre, elle est évanescente. Il a un prénom, elle est avant tout mademoiselle. Lui a un lien douloureux et charnel avec son père, ses parents à elle ne lui parlent que par téléphone interposé et pour lui faire l'éloge de sa sœur. Et pourtant, et justement : l'évidence.  La musique va alors devenir le langage qui va cristalliser leurs émotions, et les sanglots longs des violons (pas de l'automne, comme ceux de Verlaine, mais ici du printemps, avec une langueur plus mélancolique que monotone) exprimer la violence de leurs irrépressibles sentiments.

    Comme dans le magnifique « Je ne suis pas là pour être aimé »,  on retrouve cette tendre cruauté et cette description de la province, glaciale et intemporelle. Ces douloureux silences. Cette sensualité dans les gestes chorégraphiés, déterminés et maladroits. Cette révolte contre la lancinance de l'existence. Et ce choix face au destin. Cruel. Courageux ou lâche. (Magnifique scène de la gare dont la tension exprime le combat entre ces deux notions, la vérité étant finalement, sans doute, au-delà, et par un astucieux montage, Stéphane Brizé en exprime toute l'ambivalence, sans jamais juger ses personnages...). On retrouve aussi cet humour caustique et cette mélancolie grave, notamment dans la scène des pompes funèbres qui résume toute la tendresse et la douleur sourdes d'une existence et qui fait écho à celle de la maison de retraite dans « Je ne suis pas là pour être aimé. »

     Mais ce film ne serait pas ce petit bijou de délicatesse sans l'incroyable présence de ses acteurs principaux, Vincent Lindon (récemment déjà magistral dans "Welcome" et "Pour elle") d'abord, encore une fois phénoménal, aussi crédible en maçon ici qu'en avocat ailleurs. Son mélange de force et de fragilité, de certitudes et de fêlures, sa façon maladroite et presque animale de marcher, de manier les mots, avec parcimonie, sa manière gauche de tourner les pages ou la manière dont son dos même se courbe et s'impose, dont son regard évite ou affronte : tout en lui nous faisant oublier l'acteur pour nous mettre face à l'évidence de ce personnage.  Et puis Sandrine Kiberlain, rayonnante, lumineuse, mais blessée qui parvient à faire passer l'émotion sans jamais la forcer. Aure Atika, qui interprète ici l'épouse de Vincent Lindon, est, quant à elle, absolument méconnaissable, et d'une sobriété remarquable et étonnante. Sans doute faut-il aussi une direction d'acteurs d'une précision, d'une sensibilité rares pour arriver à une telle impression d'évidence et de perfection ( la preuve, les seconds rôles sont d'ailleurs tout aussi parfaits).

    Une histoire simple sur des gens simples que Stéphane Brizé (avec la complicité de Florence Vignon, déjà co-scénariste du très beau « Le bleu des villes ») compose avec dignité  dans un film épuré, sensible qui fait de ses personnages des héros du quotidien emprisonnés dans un fier et douloureux silence (résumé par le dernier plan d'une belle luminosité derrière les barreaux d'une fenêtre ). Un film qui, encore une fois, rappelle le cinéma de Claude Sautet (notamment par l'utilisation du violon et de la musique comme éléments cristallisateurs qui rappellent « Un cœur en hiver » mais aussi par la sublimation d'une « histoire simple ») qui, tout en « faisant aimer la vie » et la poésie des silences, en souligne toute la quotidienne et silencieuse beauté, cruelle et dévastatrice.

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  • Présentation des films en sélection officielle du Festival de Cannes 2011

    cannes, festival, cinéma, dardenneA partir d'aujourd'hui, et jusqu'au 11 mai, sur inthemoodforcannes.com, je vous présenterai en détails un film de la sélection officielle. Je commence avec des habitués de Cannes que j'affectionne particulièrement, les frères Dardenne, cette année en compétition pour "Le gamin au vélo". Retrouvez mon article complet en cliquant ici.

     Vous remarquerez qu'inthemoodforcannes.com s'est mis à l'heure du Festival de Cannes 2011, et que j'y ai ajouté de nouvelles rubriques (et que j'en ai modifié d'autres) avec notamment un dossier spécial Woody Allen (en l'honneur de son dernier film "Minuit à Paris" qui fera l'ouverture de cette édition 2011) et un dossier Jean-Paul Belmondo (en l'honneur de l'hommage qui sera rendu au comédien, le 17 mai). De nombreux liens ont  aussi été ajoutés. N'hésitez pas à donner votre avis sur des rubriques que vous souhaiteriez voir apparaître.

    Je vous rappelle que, comme chaque année, vous pourrez suivre le 64ème Festival de Cannes en direct sur ce blog mais aussi sur deux de mes autres blogs, http://wwwinthemoodforcannes.com et http://www.inthemoodforluxe.com. Suivez-moi également en direct de Cannes sur mon compte twitter spécial Cannes  (http://twitter.com/moodforcannes ) et sur la nouvelle page Facebook d’Inthemoodforcannes (http://facebook.com/inthemoodforcannes ).

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  • Avant-première – Critique de « Et soudain tout le monde me manque » de Jennifer Devoldere avec Mélanie Laurent, Michel Blanc, Géraldine Nakache

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    Vous l’aurez peut-être remarqué, les critiques de films à l’affiche se sont raréfiées sur inthemoodforcinema ces derniers jours, d’abord car je me suis concentrée sur deux autres de mes blogs et sur des projets « extrabloguesques » mais aussi parce que je n’ai pas souhaité évoquer ici les derniers films vus en salles aussitôt vus aussitôt oubliés. Il en va différemment de « Et soudain tout le monde me manque » dont je n’attendais pas grand-chose, n’ayant pas vu le premier film de la réalisatrice Jennifer Devoldere « Jusqu’à toi », ni même lu le synopsis de ce dernier film, et étant plutôt réservée sur les dons de comédienne de Mélanie Laurent (en particulier en raison de son jeu dans un film qui est pourtant pour moi un chef d’œuvre « Inglourious basterds »). Tout juste avais-je vu la bande-annonce qui me semblait alterner judicieusement entre humour et émotion (contrairement à celle d’une autre comédie prochainement à l’affiche qui me semble atteindre le paroxysme de la vulgarité, devinerez-vous de quel film il s’agit ?).

    Le « tout le monde » du film, c’est avant tout la famille, celle d’Eli (Michel Blanc), le père, 60 ans tout juste et qui attend un enfant de sa nouvelle femme, Suzanne (Claude Perron). De son côté, sa fille aînée, Dom (Florence Loiret-Caille), cherche à adopter tandis que Justine (Mélanie Laurent) qui travaille dans un cabinet de radiologie, passe constamment d’un petit ami à un autre en trompant son ennui et ses velléités artistiques en faisant des radios d’objets (ou d’animaux) du quotidien. Les deux filles sont ébranlées à l’annonce de la nouvelle. Pour se rapprocher de Justine avec qui il ne s’est jamais entendu, Eli se lie d’amitié avec tous ses ex…à son insu. Mais voilà, les pères, eux non plus, ne sont pas éternels et il serait bien de se réconcilier avec eux avant qu’il ne soit trop tard.

    Que ceux qui cherchent un film qui révolutionnera l’histoire du cinéma et que les rabat-joies qui trouvent toujours qu’il y a trop de bons sentiments, là où parfois simplement un film n’a pas peur de faire preuve d’émotion, oui, que ceux-là passent leur chemin.  Pour les autres qui apprécient le cinéma populaire qui sait capter l’air du temps (par don de l’observation ou sensibilité et non par opportunisme), il se pourrait bien que ce film les enchante, eux aussi.

    L’air du temps, c’est la difficulté de communiquer. L’air du temps c’est une certaine immaturité. La difficulté de communiquer ici entre un père et ses filles. L’immaturité du père  et de la fille. Ce père, joueur de golf assidu, musicien avorté, incarné par Michel Blanc est en effet infantile, agaçant, contradictoire, blessant et malgré tout touchant.

    Cela commence comme une comédie avec un humour tendre(ment cruel même parfois), absurde, un humour mis en valeur par des dialogues particulièrement bien écrits impeccablement  servis par une galerie de premiers et de seconds rôles parfaits, parfois décalés (Géraldine Nakache toujours un peu dans le même rôle de la copine allumée attachante mais toujours impeccable dans ce rôle, Manu Payet, Florence Loiret-Caille, Sébastien Castro, Guillaume Gouix).

    Jennifer Devoldere explore la complexité, toute la pudeur, la rancœur parfois, l’incompréhension souvent des rapports parents enfants et plus particulièrement des rapports père/fille : Dom et son mari qui s’apprêtent à adopter, la femme d’Eli qui est enceinte, les rapports d’Eli avec ses deux filles…

    Justine, c’est ici le double de la réalisatrice qui manipule les radios comme cette dernière manipule ses personnages. Mélanie Laurent convient parfaitement à ce genre de rôle, solaire, manquant de confiance, immature, dégageant à la fois charme, force et fragilité avec une maladresse héritée de l’enfance. (Mélanie Laurent à qui on ne peut en tout cas pas reprocher d’avoir divers talents, sera ainsi la maîtresse de cérémonie du prochain Festival de Cannes. Elle vient de réaliser son premier film « Adoptés » et vient de sortir son premier album coécrit avec Damien Rice).

    Puis le film bascule en nous rappelant parfois que la vie est souvent violemment imprévisible et implacable et qu’il ne faut pas attendre que « soudain tout le monde nous manque » pour dire ce que l’on pense aux personnes qui comptent, et même si porter un masque (comme Eli) est plus facile. Sans doute le discours est-il naïf mais Jennifer Devoldere fait finalement une belle déclaration d’amour à ces pères maladroits dans l’expression de leurs sentiments et non moins touchants, et qui m’a touchée contrairement au film sorti la semaine dernière qui aborde également ce sujet mais qui m’a semblé sonner constamment faux, être anachronique et dont les bonnes intentions semblent clignoter en permanence accumulant les stéréotypes servis par une réalisation agitée mais vaine.

    Là, je ne vais pas disserter sur un mouvement de caméra, Jennifer Devoldere ne fait pas d’expérimentations stylistiques pour donner à son film des airs de film  d’auteur. La réalisation est au service de l’histoire, et elle assume parfaitement son aspect comédie/mélo avec pluie de rigueur les jours de larmes. Il s’agit d’une « histoire simple », rien de plus, rien de moins, qui va droit au cœur et parfois cela fait beaucoup de bien.

    N’allez pas croire que vous en sortirez déprimés, juste avec le sentiment qu’aujourd’hui est « le premier jour du reste de votre vie » (ce film présente d’ailleurs pas mal de similitudes avec le film de Rémi Bezançon sur la complexité, la beauté, les douleurs que recèle la famille ) avec d’ailleurs là aussi une BO réussie (Nina Simone, David Bowie, Cat Stevens...). Tout le mal que je lui souhaite, c’est le même joli succès.  Bref, vous aurez compris. Je vous le recommande.

    En bonus, le clip d’une des chansons de l’album de Mélanie Laurent, « En t’attendant » qui me trotte dans la tête depuis quelques jours…

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2011/2012 Pin it! 2 commentaires
  • Concours : 5x2 places pour "Moi, Michel G, Milliardaire, Maître du monde" de Stéphane Kazandjian

    mi.jpgGrâce à touscoprod, coproducteur du film, je vous propose aujourd'hui de gagner 5 places pour 2 pour "Moi, Michel G, Milliardaire, Maître du monde" de Stéphane Kazandjian avec François-Xavier Demaison, Laurent Lafitte, Guy Bedos...  Je n'ai pas encore vu le film mais j'avoue que la bande-annonce me donne envie de découvrir cette comédie dont le synopsis est le suivant:

    Homme d'affaires à succès, symbole d'un capitalisme moderne et décomplexé, Michel Ganiant a tout : l'argent, le pouvoir, l'amour. Et il veut que ça se sache. Alors qu'il s'apprête à réaliser le "coup" de sa carrière, il accepte de se laisser suivre par la caméra de Joseph Klein, journaliste impertinent et engagé. Ce devait être une ode au génie du grand homme. Ce sera un voyage sidérant et jubilatoire dans les coulisses du business et la vie des riches et puissants. Bienvenue dans le monde de Michel Ganiant. Pas de bol, c'est aussi le vôtre...

    Dîtes-moi en une phrase pourquoi vous aussi cette bande-annonce vous donne envie de le découvrir... Les plus motivés remporteront ces places. Vous avez jusqu'au 23 avril  à minuit pour participer en m'envoyant un email à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé, "Moi Michel G".

    Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seul, vous pouvez vous aussi devenir coproducteurs du film grâce à Touscoprod.

    Vous pourrez également TOUT savoir sur le film sur la page du site qui y est consacré.

    Lien permanent Imprimer Catégories : CONCOURS Pin it! 0 commentaire
  • Programme détaillé du 64ème Festival de Cannes et compte rendu de la conférence de presse de sélection du 14 avril

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    Pour la première fois, j’étais cette année à la conférence de presse de sélection du Festival de Cannes (vous avez ainsi pu me suivre, pour certains, mes commentaires sur cette annonce en direct sur twitter), au Grand Hôtel Intercontinental (je vous en reparlerai prochainement sur In the mood for luxe mais ce n’est pas le sujet du jour), lieu symbolique et mythique puisque c’est là, dans le Salon Indien du Grand Café, le 28 décembre 1895, qu’eut lieu la première projection publique des frères Lumière. Le salon somptueux procure une certaine solennité à l’évènement. La fébrilité s’empare progressivement de la salle, comble.  Les rumeurs circulent dans les travées, chacun s’enorgueillissant de connaître LE film en sélection que les autres ignorent…forcément. Puis, précédé d’une nuée de caméras arrive Thierry Frémaux suivi un peu plus tard de Gilles Jacob. La salle retient son souffle, enfin moi, je retiens mon souffle. N’en déplaisent à certain(e)s, le plaisir est le même que lors de mon premier Festival de Cannes, il y a 11 ans déjà, et mes blogs, plus que jamais, ont et auront vocation à défendre et partager ma passion, toujours viscérale, avec, je l’espère, un regard singulier par des comptes-rendus "d’atmosphère » et non des critiques lapidaires prétextes à l’exercice (facile d’ailleurs) d’une plume vengeresse (mais je reviendrai sur le sujet à l’occasion d’un documentaire intitulé « Tous critiques ? » diffusé en mai et dans lequel je suis intervenue pour parler de la critique et des blogs ), ce qui ne m’empêchera pas d’évoquer autant les films que j’aurai appréciés que les autres pour ce festival, exception cannoise au parti pris de ces blog qui est de parler avant tout de mes coups de cœur (et de temps à autre de quelques coups de gueule quand un film, pour une raison ou une autre, me révolte) et non de tous les films auxquels j’assiste. La devise n’en demeurera pas moins celle empruntée à la citation de Saint-Augustin qui a longtemps figuré en exergue de ce blog « Celui qui se perd dans sa passion est moins perdu que celui qui perd sa passion ».  Mais revenons à l’essentiel, à Cannes, au cinéma, à la vie qui passera comme un rêve, pour paraphraser le titre du livre de Gilles Jacob, et à cette liste tant attendue, particulièrement enthousiasmante, confirmant un cru hétéroclite et d’exception comme les premiers éléments d’informations diffusés ces dernières semaines le laissaient déjà entendre.

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     La conférence débute par un discours de Gilles Jacob, et notamment par l’éloge du cinéma d’auteur «  de nature à faire progresser le cinéma » et par l’évocation de la vocation du festival à défendre un cinéma plus confidentiel. « Le talent ne peut se mesurer au nombre de billets vendus » a-t-il ajouté rappelant que le but du festival est aussi de « permettre aux œuvres non formatées de s’exprimer ». Il a notamment pris l’exemple du cinéma israélien avec des « films faits dans l’urgence sur des problèmes contemporains, un cinéma qui rencontre son époque. » Pour Gilles Jacob, « de ses composantes, le festival tire son efficacité et son élan ». Il  est également revenu sur le rôle de diplomate du festival (que la palme d’or reflète d’ailleurs souvent même si le jury est souverain dans son choix, il est vrai, mais sans doute non moins conscient des répercussions autres que cinématographiques d’un prix cannois) avec un mot pour « Jafar Panahi toujours au centre de nos préoccupations ». Il a également évoqué l’Egypte « pays à l’honneur », ainsi que le Japon et la Tunisie pour lesquels il a eu une pensée.

    Puis, Thierry Frémaux a pris le relai pour présenter la sélection : 49 longs-métrages sur 1715 reçus dont 40 premières mondiales pour 13 pays représentés.

    Il a scindé en deux groupes les 19 films sélectionnés en compétition. Les films des « habitués » d’un côté, ou du moins intitulés comme tels, le plus souvent d’ailleurs dans une acception péjorative par les détracteurs du festival, une « tradition du festival » d’ailleurs revendiquée par Thierry Frémaux (et à raison, comment ne pas sélectionner un film des Dardenne ou d’Almodovar à chaque fois de petits bijoux ?) et le deuxième groupe constitué de jeunes cinéastes. Pour lui, le festival reste ainsi « un voyage, une proposition artistique ».

    Il a souligné « la diversité stylistique et de production » de cette année avec un mot sur chaque film, avec son enthousiasme habituel (si vous suivez les séances d’Un Certain Regard qu’il présente chaque année, vous le constaterez). Il a notamment évoqué le dernier film de Kim Ki-Duk comme « un journal intime, un film passionnant » (que j’attends d’ailleurs avec impatience) tout en tenant à préciser qu’il n’avait subi aucune pression, dans un sens ou dans l’autre pour la sélection ou la non sélection de la « La Conquête ». Il a également précisé que la sélection serait « d’une tonalité moins sombre cette année. »

    Nous connaissions déjà les noms des présidents des différents jurys : Robert De Niro pour le jury des longs métrages, Michel Gondry pour le jury de la Cinéfondation et des courts-métrages, Emir Kusturica pour le jury Un Certain Regard, Bong Joon-Ho pour le jury de la caméra d’or et nous savions déjà que le film d’ouverture serait « Minuit à Paris » de Woody Allen qui, comme toujours, ne figure pas en compétition (il paraît qu’il s’y refuse toujours obstinément) tandis que le film d’ouverture d’Un Certain Regard sera « Restless » de Gus Van Sant, dont je vous parlais hier.

    Michel Gondry décernera les trois prix de la Cinéfondation, le vendredi 20 mai entouré des membres de son jury, ainsi que la palme d’or du court-métrage au cours de la cérémonie du palmarès le 22 mai.

     Le prix de la caméra d’or sera également remis lors de la cérémonie de clôture, le 22 mai.

    Emir Kusturica décernera le prix Un Certain Regard et l’ensemble du palmarès lors du week end de clôture.

    C’est toujours le 17 mai qu’aura lieu la soirée spéciale en l’honneur de Jean-Paul Belmondo. Ce dernier assistera ainsi à la première du documentaire de Vincent Perrot et Jeff Domenech « Belmondo, Itinéraire… ».

    Une palme d’or d’honneur sera remise à Bernardo Bertolucci le mercredi 11 mai lors de la cérémonie d’ouverture.

    C’est (comme nous le savions également déjà) Mélanie Laurent qui sera la maîtresse de cérémonie de l’ouverture et de la clôture, succédant ainsi à Kristin Scott Thomas. Elle vient de réaliser son premier film « Les adoptés ».

    Cannes Classics, qui accompagne la sélection contemporaine de projections de chefs d’œuvre du patrimoine présentés dans des copies restaurés, débutera cette année avec « Portrait d’une enfant déchue » de Jerry Schatzberg, le jeudi 12 mai, en présence du réalisateur et de son actrice Faye Dunawaye dont la photo sur l’affiche 2011 du festival a ainsi été prise par Jerry Schatzberg.

    L’exposition du festival sera cette année consacrée aux pin-ups rappelant que si Cannes est le plus grand festival de cinéma au monde, c’est aussi un spectacle…

    Un programme encore une fois diversifié et de qualité également dans la section Un certain regard qui  accueillera cette année  Gus Van Sant, Robert Guédiguian, Bruno Dumont, Hong Sangsoo, Kim Ki-Duk…

    Dans la sélection des « habitués » déjà primés par le festival : Lars von Trier avec « Melancholia », « le Gamin au vélo » des frères Dardenne  ou encore Nanni Moretti pour  « Habemus Papam »,  Pedro Almodovar avec « La Piel que habito » (inspiré de Mygale, de Thierry Jonquet) dont Marisa Paredes m’avait parlé, les yeux brillants, suscitant ma curiosité lors du déjeuner presse des « Yeux de sa mère ». Almodovar aurait été au départ réticent à le montrer à Cannes avant sa sortie en Espagne, c'est donc une des bonnes surprises de cette sélection.

    Côté films français, on retrouvera en compétition Alain Cavalier avec  Pater dans lequel le cinéaste  joue avec Vincent Lindon ;  Maïwenn avec Polisse, son troisième film et le premier présenté à Cannes et Bertrand Bonnello avec Apollonide – souvenirs de la maison close.

    La Conquête, de Xavier Durringer sera donc finalement projetée à Cannes, hors compétition, le 18 mai, le  jour de sa sortie en salles. Thierry Frémaux a ainsi tenu à affirmer que le film ne serait pas montré avant cette date.

    4 femmes seront cette année en compétition : Lynne Ramsay, Naomi Kawase, Maïwenn, Julia Leigh.

    Quant aux inconditionnels des montées des marches, sans doute déçus par un générique moins prestigieux qu’à l’accoutumé l’an passé, ils seront ravis cette année, ne serait-ce qu’avec les présidents de jurys et les cinéastes en compétition mais aussi notamment  avec « Pirates des caraïbes : la fontaine de Jouvence » qui donnera l’occasion à Penelope Cruz et à Johnny Depp de monter les marches, ou encore avec « Tree of life » pour lequel Brad Pitt montera les marches, ainsi que vraisemblablement Angelina Jolie. Sean Penn, absent l’an passé malgré un film en compétition, devrait revenir cette année avec deux films en sélection (celui de Terrence Malick et celui de Paolo Sorrentino). Générique de rêve également pour le film de Lars Von Trier : Charlotte Gainsbourg, Kirsten Dunst et Charlotte Rampling.

     Nombreux sont les films que je ne souhaite pas manquer, le choix sera donc cornélien. Il me sera évidemment impossible de vous parler de tout mais j’essaierai de vous livrer une vue d’ensemble du festival.

    Il ne s’agit là que d’un résumé et chaque jour, jusqu’à l’ouverture, je vous détaillerai sur In the mood for Cannes  chacun des films de la compétition en attendant de vous livrer ici mes critiques en direct de Cannes et mes Live tweets à partir du 11 mai sur http://twitter.com/moodforcannes .  Je continuerai aussi à vous livrer de nombreuses informations pratiques et notamment les blogs et sites sur lesquels je vous recommanderai de suivre le festival comme Cannesenlive (des cinéphiles en direct de Cannes et habitués de Cannes qui vous parleront aussi bien des soirées que des films, un des premiers blogs consacrés au festival), Hugo Mayer Leblogreporter (le roi des soirées cannoises –et parisiennes- également aux manettes de l’excellent site Cannes Addict d'Adr Prod , lui aussi un des « vétérans » des sites en direct de Cannes) et Cinedouard (qui parle sur son blog d’opéra et évidemment de cinéma que vous pourrez retrouver sur Artistik Rézo) également croisés avec plaisir à la conférence ce matin.

    Je vous laisse découvrir ci-dessous en détails la sélection officielle : compétition, hors compétition, séances spéciales, séances de minuit, Cinéfondation, Un Certain Regard.

    Sachez enfin qu’une application officielle « Festival de Cannes » bilingue et très détaillée (avec un espace dédié aux professionnels) sera téléchargeable gratuitement à partir du 7 mai 2011

    Je vous rappelle que, comme chaque année, vous pourrez suivre le 64ème Festival de Cannes en direct sur ce blog mais aussi sur deux de mes autres blogs, http://wwwinthemoodforcinema.com et http://www.inthemoodforluxe.com . Suivez-moi également sur mon compte twitter spécial Cannes  (http://twitter.com/moodforcannes ) et sur la nouvelle page Facebook d’Inthemoodforcannes (http://facebook.com/inthemoodforcannes )

    Sélection officielle- Compétition

    Woody ALLEN MIDNIGHT IN PARIS (Hors competition)

    Films en compétition

    Pedro ALMODÓVAR LA PIEL QUE HABITO

    Bertrand BONELLO L'APOLLONIDE - SOUVENIRS DE LA MAISON CLOSE

    Alain CAVALIER PATER

    Joseph CEDAR HEARAT SHULAYIM

    Nuri Bilge CEYLAN BIR ZAMANLAR ANADOLU'DA (ONCE UPON A TIME IN ANATOLIA)

    Jean-Pierre et Luc DARDENNE LE GAMIN AU VÉLO

    Aki KAURISMÄKI LE HAVRE

    Naomi KAWASE HANEZU NO TSUKI

    Julia LEIGH SLEEPING BEAUTY

    MAÏWENN POLISSE

    Terrence MALICK THE TREE OF LIFE

    Radu MIHAILEANU LA SOURCE DES FEMMES

    Takashi MIIKE ICHIMEI

    (HARA-KIRI: DEATH OF A SAMURAI)

    Nanni MORETTI HABEMUS PAPAM

    Lynne RAMSAY WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN

    Markus SCHLEINZER MICHAEL

    Paolo SORRENTINO THIS MUST BE THE PLACE

    Lars VON TRIER MELANCHOLIA

    Nicolas WINDING REFN DRIVE

    Sélection officielle – Un Certain Regard

    Film d’Ouverture

    Gus VAN SANT RESTLESS

    Bakur BAKURADZE THE HUNTER

    ANDREAS DRESEN HALT AUF FREIER STRECKE

    Bruno DUMONT HORS SATAN

    SEAN DURKIN MARTHA MARCY MAY MARLENE

    Robert GUEDIGUIAN LES NEIGES DU KILIMANDJARO

    Olivier HERMANUS SKOONHEID

    Hong Sangsoo THE DAY HE ARRIVES

    Cristian JIMENEZ BONSAÏ

    Eric KHOO TATSUMI

    Kim Ki-Duk ARIRANG

    Nadine LABAKI ET MAINTENANT ON VA Où

    Catalin MITULESCU LOVERBOY

    Na Hong-Jin YELLOW SEA

    Gerardo NARANJO MISS BALA

    Juliana ROJAS, Marco DUTRA TRABALHAR CANSA (Travailler fatigue)

    Pierre SCHOELLER L’EXERCICE DE L’ETAT

    Ivan SEN TOOMELAH

    Joachim TRIER OSLO, AUGUST 31ST

    Hors Compétition :

    Xavier DURRINGER LA CONQUETE

    Jodie FOSTER THE BEAVER (LE COMPLEXE DU CASTOR)

    Michel HAZANAVICIUS THE ARTIST

    Rob MARSHALL PIRATES OF THE CARIBBEAN: ON STRANGER TIDES

    (PIRATES DES CARAÏBES : LA FONTAINE DE JOUVENCE)

    Séances de minuit :

    CHAN Peter Ho-Sun WU XIA

    Tekla TAIDELLI DIAS DE GRACIA (JOURS DE GRÂCE)

    Séances spéciales :

    Frederikke ASPÖCK LABRADOR

    Rithy PANH LE MAÎTRE DES FORGES DE L'ENFER

    Michael RADFORD MICHEL PETRUCCIANI

    Christian ROUAUD TOUS AU LARZAC

    Sélection Cinéfondation 2011 :

    ARAMISOVA

    FAMU, République Tchèque CAGEY TIGERS

    Nathanael CARTON

    NYU Asie, Singapour     SUU ET UCHIKAWA

    Simão CAYATTE

    Columbia University, États-Unis A VIAGEM

    Anat COSTI

    Bezalel Academy, Israël BEFETACH BEITY

    D. Jesse DAMAZO, Joe BOOKMAN

    University of Iowa, États-Unis THE AGONY AND SWEAT OF THE HUMAN SPIRIT

    Pieter DIRKX

    Sint-Lukas University, Belgique BENTO MONOGATARI

    Doroteya DROUMEVA

    dffb, Allemagne  DER BRIEF

    Alice FURTADO

    Universidade Federal Fluminense, Brésil DUELO ANTES DA NOITE

    Kamal LAZRAQ

    La fémis, France DRARI

    Mariano LUQUE

    Universidad Nacional de Córdoba, Argentine SALSIPUEDES

    Gastón MARGOLIN, Martín MORGENFELD

    Universidad del Cine, Argentine LA FIESTA DE CASAMIENTO

    Pasquale MARINO

    Centro Sperimentale di Cinematografia, Italie L'ESTATE CHE NON VIENE

    Jefferson MONEO

    Columbia University, États-Unis BIG MUDDY

    Ma'ayan RYPP

    Tel Aviv University, Israël AL MARTHA LAUF

    SON Tae-gyum

    Chung-Ang University, Corée du Sud YA-GAN-BI-HANG

    Maria STEINMETZ

    HFF ''Konrad Wolf'', Allemagne DER WECHSELBALG

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