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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 183

  • Programme du Festival du Film Asiatique de Deauville 2014

    Cette 16ème édition du Festival du Film Asiatique de Deauville aura lieu du 5 au 9 mars 2014. La présidente de son jury sera la réalisatrice Claire Denis.

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    Vous pouvez retrouver toutes les informations sur le festival sur le site officiel du festival www.deauvilleasia.com, sur la page Facebook officielle et sur les comptes twitter officiels du festival ( @deauvilleasia @lpscinema). Vous pouvez par ailleurs d’ores et déjà acquérir vos pass, ici: http://badgecid.com .

      Comme chaque année, je vous ferai vivre le festival en direct de l’ouverture à la clôture sur mes différents sites et principalement sur Inthemoodforfilmfestivals.com, Inthemoodfordeauville.com, Inthemoodlemag.com et Inthemoodforcinema.com mais aussi sur twitter (@moodforcinema, @moodfdeauville, @moodforfilmfest). Je vous informerai bien entendu de la programmation ici dès qu’elle sera dévoilée.

    Le 16e Festival du Film Asiatique de Deauville rendra hommage au réalisateur japonais Hideo Nakata, en sa présence, réalisateur des films cultes DARK WATER et RING.

    A l’occasion de cet hommage, son nouveau film MONSTERZ sera projeté en avant-première mondiale, en sa présence.

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    Filmographie sélective (source: site officiel du Festival du Film Asiatique de Deauville)  2014 MONSTERZ 2012 THE COMPLEX 2010 TV SHOW 2010 CHATROOM 2008 DEATH NOTE : L CHANGE THE WORLD 2007 KAIDAN 2005 LE CERCLE – THE RING 2 2002 DARK WATER 2001 SADISTIC AND MASOCHISTIC documentaire 2001 LAST SCENE 2000 SLEEPING BRIDE 2000 CHAOS 1999 RING II 1999 LE CERVEAU DE VERRE

    Le Festival du Film Asiatique de Deauville 2014 rendra également hommage  à TSAI MING-LIANG. En sa présence, sera projeté le film « Les Chiens errants » Lion d’Argent au Festival de Venise (en collaboration avec La Cinémathèque française ).

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    Filmographie sélective ( source: site officiel du Festival du Film Asiatique de Deauville)
    2014 VOYAGE EN OCCIDENT 2013 LES CHIENS ERRANTS 2009 VISAGE 2007 I DON’T WANT TO SLEEP ALONE 2005 LA SAVEUR DE LA PASTÈQUE 2003 GOOD BYE, DRAGON INN 2001 ET LÀ-BAS, QUELLE HEURE EST-IL ? 1999 THE HOLE 1997 LA RIVIÈRE 1994 VIVE L’AMOUR 1992 LES REBELLES DU DIEU NÉON

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    La 16e édition du Festival Asiatique de Deauville rendra également hommage à la « Reine du cinéma sri-lankais », la comédienne MALANI FONSEKA, à l’occasion de l’ouverture du Festival, en sa présence.

    La 16e édition du Festival du Film Asiatique de Deauville présentera 8 films en compétition, dont trois premiers longs métrages, et proposera dix films hors compétition.

    LA COMPÉTITION

    HAN GONG-JU de Lee Su-jin (Corée du Sud) 1er film

    Han Gong-ju, une jeune lycéenne, se retrouve impliquée malgré elle dans une histoire sordide. Délaissée par ses parents et contrainte de s’inscrire dans un autre établissement, elle emménage chez la mère d’un enseignant. Victime des circonstances et n’ayant rien à se reprocher, Gong-ju doit tout faire pour éviter d’attirer l’attention sur elle… Mais un jour, Eun-hee, une nouvelle camarade de classe qui fait partie du club de chant a capella du lycée, découvre les prédispositions de Gong-ju au chant et décide de lui proposer d’intégrer la chorale.

    MATER DOLOROSA d’Adolfo B. Alix Jr. (Philippines)

    Lourdes Lagrimas est à la tête d’une organisation criminelle qui sévit dans un petit quartier de la ville. Elle tient, avec ses enfants, les rênes du commerce illégal local : vols de voitures, jeux d’argent et trafics de drogue. A l’aube de la nouvelle année, le maire de la ville lance une campagne anti-corruption qui met en péril les activités de la famille Lagrimas. Lourdes va tout faire pour maintenir sa famille soudée malgré les événements qui vont remettre en cause son statut de mère et de criminelle.

    NAGIMA de Zhanna Issabayeva (Kazakhstan)

    Nagima est une jeune femme disgracieuse, illettrée et peu diserte qui a été abandonnée à la naissance et placée dans un orphelinat. Elle partage dorénavant un petit studio dans les environs de la ville d’Almaty avec son amie Anya rencontrée à l’orphelinat et qui est enceinte. Mais Anya meurt lors de l’accouchement et le nouveau-né – une fille – se retrouve à son tour placé dans un orphelinat. Afin d’arrêter ce cercle vicieux, Nagima décide de l’adopter…

    NO MAN’S LAND de Ning Hao (Chine) Film d’ouverture

    Dans un tribunal d’une ville située au beau milieu du désert de Gobi, Xiao Pan, un jeune avocat charismatique, fait innocenter Big Boss, suspecté de meurtre. Il reçoit en guise d’émoluments la Sedan rouge flambant neuve de son client, visiblement contrarié. Au volant de cette voiture, Xiao Pan prend la direction de l’autoroute qui traverse cette région totalement isolée nommée No Man’s Land. Mais un des hommes de main de Big Boss a été dépêché afin de récupérer son bien…

    STEEL COLD WINTER de Choi Jin-seong (Corée du Sud) 1er film

    Yoon-soo a lancé une rumeur dans son lycée sur un camarade de classe qui a fini par se suicider. Incapable de supporter sa culpabilité, il essaye de se suicider à son tour mais sa tentative échoue. Sa famille décide alors de déménager à la campagne afin de l’aider à se remettre sur pied. Là-bas, le jeune garçon fait la rencontre d’Hae-won, une jeune fille mystérieuse qui a tout le village à dos. Se voyant lui-même en elle, il lui offre réconfort et compassion. Peu à peu, Hae-won s’ouvre à son contact. Mais Yoon-soo se détourne finalement d’elle lorsqu’il entend des rumeurs peu flatteuses la concernant.

    TOILET BLUES de Dirmawan Hatta (Indonésie) 1er film

    Anjani s’enfuit du foyer familial le jour où elle est accusée d’avoir commis un acte obscène avec ses amis du sexe opposé. Elle décide d’accompagner Anggalih, son amour platonique depuis le collège, qui est en route pour rejoindre une communauté catholique où il doit rentrer dans les ordres et devenir prêtre. Ce voyage ne sera pas seulement l’occasion pour Anggalih de questionner sa vocation, mais également le moyen pour les deux d’échapper à leur vie toute tracée…

    TRAPPED de Parviz Shahbazi (Iran)

    Nazanin est une étudiante en première année de médecine. Ne trouvant pas de places disponibles dans le dortoir de l’université, elle cherche à louer un studio. Comme Téhéran est une ville chère, Nazanin n’a pas assez d’argent pour payer seule son loyer et se résout à partager un logement avec Sahar, une jeune femme qui travaille dans une parfumerie. Désireuse de quitter l’Iran, Sahar a dû emprunter de l’argent à un commerçant qui décide finalement de porter plainte contre elle. Sahar se retrouve emprisonnée du jour au lendemain. Nazanin va alors tout faire pour la sortir de là…

    Rahul et Shalini, les parents de Kali, dix ans, sont divorcés. La fillette vit désormais avec sa mère et son beau-père, Shoumik, responsable d’une brigade de la police de Bombay. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père Rahul, elle disparaît…

    HORS COMPÉTITION

    LE PROMENEUR D’OISEAU Film de clôture

    de Philippe Muyl (Chine & France)

    Afin de tenir la promesse qu’il avait faite à sa femme, Zhigen, un vieux paysan chinois, décide de faire le grand voyage de Pékin à Yangshuo et de ramener à son village l’oiseau qui fût son seul compagnon durant toutes ces années passées loin de chez lui. Qianing, sa belle-fille, riche et belle femme d’affaire, lui demande d’emmener Renxing, sa fille unique élevée dans le luxe. Tandis que le grand père et sa petite fille cheminent à travers les magnifiques paysages de la Chine – Zhigen vers ses souvenirs, Renxing vers ses racines familiales – le père et la mère de Renxing se penchent sur le sens de leur vie uniquement axée sur la réussite et l’argent.

    LES CHIENS ERRANTS de Tsai Ming-Liang (France &
    Taiwan)

    Un père et ses deux enfants vivent en marge de Taipei, entre les bois et les rivières de la banlieue et les rues pluvieuses de la capitale. Le jour, le père gagne chichement sa vie en faisant l’homme sandwich pour des appartements de luxe pendant que son fils et sa fille hantent les centres commerciaux à la recherche d’échantillons gratuits de nourriture. Chaque nuit, la famille trouve refuge dans un immeuble abandonné…

    MONSTERZ de Hideo Nakata (Japon)

    Un homme qui a la capacité de contrôler les gens par la seule force de son regard préfère mener une vie solitaire au lieu de faire plier l’humanité à son bon vouloir. Lorsqu’il fait usage, avec parcimonie, de son pouvoir, il s’assure que personne ne se souvienne d’avoir été manipulé. Sa petite vie sans saveur prend une tournure particulière lorsqu’il croise le chemin de Shuichi Tanaka. Ce dernier semble être le seul à pouvoir résister à ses pouvoirs télékinétiques. Troublé et furieux de ne pouvoir contrôler Shuichi, il décide de le faire disparaître coûte que coûte…

    OUR SUNHI de Hong Sangsoo (Corée du Sud)

    Sunhi, diplômée en cinéma, vient chercher auprès de son ancien professeur une lettre de recommandation pour partir étudier aux États-Unis. Enfin épanouie après une longue période d’introspection, elle rencontre alors au même moment deux anciennes relations : Munsu, son ancien petit ami, et Jaehak, un réalisateur diplômé de la même école qu’elle. Le temps passé ensemble, les trois hommes vont prodiguer à Sunhi leurs conseils sur la vie, pleins de bonnes intentions.

    PATEMA ET LE MONDE INVERSÉ Séance enfants

    de Yasuhiro Yoshiura (Japon)

    Après une catastrophe écologique, la terre se trouve séparée en deux mondes inversés ignorant tout l’un de l’autre. Dans le monde souterrain, Patéma, une jeune fille de quatorze ans espiègle et aventurière, rêve d’ailleurs. Sur la terre ferme, Age, un lycéen mélancolique, a du mal à s’adapter à son monde totalitaire. Le hasard va provoquer la rencontre des deux adolescents en défiant les lois de la gravité.

    PRESENT FOR YOU de Yoshihiko Dai (Japon)

    Lorsque les employés d’une entreprise véreuse, vantant les mérites d’une alimentation diététique, partent avec l’argent de la caisse, Kajiwara, un employé à temps partiel, se retrouve seul à devoir remettre l’entreprise à flot et à rendre des comptes au Boss, le président de la maison-mère. En un temps record, il parvient à faire rentrer dans les comptes de la société un demi-milliard de yen et à s’attirer les faveurs du Boss. Ce dernier le nomme alors président d’une autre entreprise, Present For You…

    REAL de Kiyoshi Kurosawa (Japon)

    Atsumi, talentueuse dessinatrice de mangas, se retrouve plongée dans le coma après avoir tenté de mettre fin à ses jours. Son petit-ami Koichi ne comprend pas cet acte insensé, d’autant qu’ils s’aimaient passionnément. Afin de la ramener dans le réel, il rejoint un programme novateur permettant de pénétrer dans l’inconscient de sa compagne. Mais le système l’envoie-t-il vraiment là où il croit ?

    RUIN de Michael Cody & Amiel Courtin-Wilson (Australie & Cambodge)

    Phirun et Sovanna, deux jeunes amants liés par un meurtre, décident de s’enfuir ensemble de Phnom Penh, la capitale cambodgienne gangrénée par la violence et la corruption. Inexplicablement attirés l’un vers l’autre, ils s’aventurent dans les profondeurs de la jungle. Au fil de leur errance, leur fragile amour se délie et fait ressurgir les traumatismes de leur vie passée et leur haine envers le monde…

    Yujin, élève de terminale promis à un avenir brillant, est retrouvé assassiné. Très rapidement, les soupçons se portent sur June, l’un de ses camarades de classe. Mais en remontant le fil des événements, c’est un univers d’ultra-compétition et de cruauté qui se fait jour au sein de ce lycée d’élite, où la réussite au Suneung, l’examen final qui conditionne l’entrée des élèves dans les meilleures universités, est une obsession. Pour obtenir la première place, certains sont prêts à tout, et même au pire…

    THE FAKE de Yeon Sangho (Corée du Sud) Film d’animation

    Les habitants d’un village qui sera bientôt englouti par les flots suite à la construction d’un barrage deviennent les victimes d’un escroc prénommé Choi. Se faisant passer pour un prophète, Choi sermonne ses ouilles à longueur de journée, aidé dans sa tâche par le pasteur Chung, et parvient à convaincre les villageois de verser leurs indemnités de relogement à cette religion d’un nouveau genre. Mais Min-chul, un bon-à-rien méprisé de tous, découvre le pot aux roses…

    Après cet aperçu sur l’édition 2014, je vous propose un petit retour sur l’édition 2013, l’occasion aussi pour moi de vous parler de mon amour inconditionnel pour ce festival et la ville qui l’accueille.

    En bas de page, vous trouverez également le concours qui vous permettra de remporter vos pass pour le Festival. Quelques réponses aux questions du concours pourraient bien se trouver parmi les lignes à venir…

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    L’an passé, un soleil insolent irradiait les planches tandis que, au CID, les spectateurs effectuaient une plongée dans la noirceur d’une société asiatique souvent oppressée par une crise décidément bel et bien mondiale, du moins pour ce qui concernait les films en compétition qui ne furent pas moins passionnants justement parce qu’ils mettaient en lumière cette face sombre et souvent ignorée ou en tout cas masquée par d’autres (ir)réalités.

    Vous pourrez retrouver mon compte rendu complet et détaillé du Festival du Film Asiatique de Deauville 2013 en cliquant ici.

     Parmi ces films qui mettaient en lumière une face sombre de l’Asie à l’image des trois exemples très différents cités ci-dessous, il y eut notamment le film philippin « APPARITION »  de Vincent SANDOVAL qui a reçu le prix du public, un film qui se déroule dans un lieu en apparence hors du temps, un récit tragiquement universel sur la barbarie, la lâcheté, l’oppression.  Un cri dans le silence, vibrant, notamment grâce à des interprètes exceptionnelles et une réalisation maîtrisée qui joue habilement du clair obscur, de la blancheur et de la noirceur, un défi relevé en 8 jours seulement.

    Le grand prix décerné à « I.D » de Kamal K.M était une plongée dans l’envers du décor de Bollywood et de l’Inde mais surtout le reflet pertinent d’une société mondialisée (et car mondialisée) individualiste.

     Le prix de la Critique, décerné à TABOOR de Vahid VAKILIFAR (Iran) était non moins sombre et passionnant même s’il avait décontenancé les spectateurs. Je me souviens encore de son premier (long) plan d’une beauté et d’une singularité étranges et marquantes : un homme revêt une combinaison métallique dans une roulotte tapissée d’aluminium. La scène s’étire en longueur et nous laisse le temps d’appréhender la composition de l’image, d’une fascinante étrangeté, une fascinante étrangeté qui ne cessera ensuite de croître. Tout semble rare, dans ce film : les dialogues, les personnages…et même le scénario. Malgré tout, la fascination opère pour cet univers et ce personnage entre la science-fiction et une réalité métaphorique bien sûr impossible à traiter frontalement dans un pays soumis à la censure, la surveillance et l’oppression. Tout est à la fois banal et étrange, quotidien et irréel comme cette viande qui cuit longuement filmée (et qui aura fait fuir plus d’un spectateur) qui prend soudain un tout autre sens. Un film radical et « absurde » dans un pays dont l’Etat l’est lui-même au point sans doute de ne pas se reconnaître dans cet univers carcéral, répétitif, cloisonné, oppressant, dans cette société qui étouffe, déshumanise, condamne à l’isolement, au silence, à se protéger des « radiations », d’un ennemi invisible mais bel et bien là. Le temps s’étire (longs couloirs, tunnels, longs plans fixes) quand il est dicté par une force supérieure qui « irradie », invisible et redoutable, et réduit l’être humain à être cette machine silencieuse et désincarnée. Un film qui s’achève par un plan splendide d’un homme dans la lumière qui se détache de la ville et la surplombe loin de « la violence du monde extérieure » rappelant ainsi le beau discours du réalisateur avant la projection qui avait dédié le film à son père « qui a toujours su préserver sa belle nature de la violence du monde extérieur ».  Un film qui ne peut laisser indifférent, une qualité en soi. Un prix de la critique prévisible pour le film visuellement le plus inventif, opaque et radical, et malin.

    Vous pourrez retrouver la suite de mon compte rendu de l’édition 2013 du Festival du Film Asiatique de Deauville en cliquant ici.

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    9 films étaient ainsi l’an passé projetés dans le cadre de la compétition et autant de regards, d’univers différents que de nationalités malgré cette noirceur commune et un instructif voyage dans la société, la culture et le cinéma asiatiques. Seuls, égarés, broyés par la crise, la solitude, oppressés, perdus dans la multitude, les personnages des films de cette compétition étaient tous en errance sous ou en quête d’ une identité et d’un ailleurs souvent inaccessible.

    L’édition 2013 fut aussi marquée par deux hommages et par la venue de deux grands cinéastes: Wong Kar Wai et Sono Sion (comme vous le verrez sur mes vidéos ci-dessous).

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    Le plus beau film de cette édition 2013 fut pour moi « The Land of hope » de Sono Sion, d’ailleurs même pour moi le plus beau film de l’année 2013 toutes nationalités et catégories confondues, un film dont la beauté mélancolique et poétique fait écho à celle de Deauville qui ne cessera jamais de me surprendre et ravir. Un film porté par un cri de révolte et l’énergie du désespoir, plus efficace que n’importe quelle campagne anti-nucléaire et surtout l’œuvre d’un poète, un nouveau cri d’espoir vibrant et déchirant qui s’achève sur un seul espoir, l’amour entre deux êtres, et une lancinante litanie d’un pas, qui, comme l’Histoire, les erreurs et la détermination de l’Homme, se répètent, inlassablement. Un film d’une beauté désenchantée, d’un romantisme désespéré (cette scène où le couple de vieux paysans danse au milieu du chaos est à la fois terriblement douce et violente, sublime et horrible, en tout cas bouleversante), d’un lyrisme et d’une poésie tragiques avec des paraboles magnifiquement dramatiques comme cet arbre -et donc la vie- qui s’embrasent mais aussi un travail sur le son d’une précision et efficacité redoutables. Vous pourrez retrouver la critique complète de ce film que je vous recommande plus que vivement dans le compte rendu précité.

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    Si j’aime le cinéma asiatique, j’aime aussi passionnément la ville qui lui sert de décor et sa douce mélancolie qui lui fait judicieusement écho. Je ne connais pas d’endroits, ou si peu, dont la beauté soit aussi agréablement versatile, dont les couleurs et la luminosité lui procurent une telle hétérogénéité de visages. Oui, Deauville a mille visages. Loin de l’image de 21ème arrondissement de Paris à laquelle on tendrait à la réduire (qu’elle est aussi, certes), ce qui m’y enchante et ensorcelle se situe ailleurs : dans ce sentiment exaltant que procurent sa mélancolie étrangement éclatante et sa nostalgie paradoxalement joyeuse. Mélange finalement harmonieux de discrétion et de tonitruance. Tant de couleurs, de visages, de sentiments que j’éprouve la sensation de la redécouvrir à chaque fois. Bien sûr, je la préfère très tôt le matin, mystérieuse, presque déserte, qui émerge peu à peu des brumes et de l’obscurité nocturnes, dans une âpre luminosité qui se fait de plus en plus évidente, incontestable et enfin éblouissante. Ou le soir, quand le soleil décline et la teinte de couleurs rougeoyantes, d’un ciel incendiaire d’une beauté insaisissable et improbable et que je m’y laisse aller à des rêveries et des espoirs insensés. A l’image des êtres les plus intéressants, Deauville ne se découvre pas forcément au premier regard mais se mérite et se dévoile récompensant le promeneur de sa beauté incendiaire et ravageuse aux heures les plus solitaires, avec des couleurs aux frontières de l’abstraction, tantôt oniriques, tantôt presque inquiétantes.

     Mais plutôt que d’effectuer une nouvelle déclaration d’amour à Deauville je vous propose quelques liens à ce sujet:

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    -Mon article sur « Une journée idéale à Deauville » avec de nombreux bons plans et bonnes adresses (dont les quelques phrases ci-dessus sont extraites)

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    -Mon recueil de 13 nouvelles romantiques et cruelles sur le cinéma  »Ombres parallèles » publié à compte d’éditeur aux Editions Numeriklivres qui comprend plusieurs nouvelles qui se déroulent à Deauville, ville à laquelle la couverture rend d’ailleurs hommage. Un roman qui vous pouvez acquérir directement en cliquant ici mais aussi sur fnac.com, chapitre.com, Amazon, iBookstore Apple, Numeriklire.net, Cultura, Google play etc.

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    Image ci-dessus, Ouest-France de septembre 2013

    org7.jpg-Mon roman « Les Orgueilleux » qui a pour cadre le Festival du Cinéma Américain de Deauville et qui est aussi une déclaration d’amour à Deauville, également publié à compte d’éditeur aux Editions Numeriklivres et que vous pouvez acquérir directement en cliquant là (j’en profite pour vous dire qu’il fait partie du Calendrier de l’Après de mon éditeur et est à 1,49 € au lieu de 4,99€ jusqu’à fin janvier) mais aussi sur fnac.com, chapitre.com, Amazon, iBookstore Apple, Numeriklire.net, Cultura, Google play etc . Vous pouvez aussi retrouver mon interview à ce sujet dans le magazine « L’ENA hors les murs » (magazine des anciens élèves de l’ENA) en cliquant ici.

    Le roman et le recueil de nouvelles font partie de la collection e-LIRE de mon éditeur Numeriklivres défini par celui-ci comme « un écrin pour des bijoux littéraires » et j’en profite pour vous annoncer que j’aurai l’honneur d’être sur le stand de mon éditeur au Salon du Livre de Paris 2014 avec ces deux ouvrages.

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    Le Festival du Film Asiatique de Deauville 2014 se déroulera comme chaque année au CID de Deauville (cf photo ci-dessous).

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    CONCOURS

    Cette année comme les années précédentes, 16 pass sont en jeu. Ils seront ainsi répartis

    1er et 2ème prix: 4 pass (1 pour le 6, 1 pour le 7, 1 pour le 8, 1 pour le 9)

    3ème et 4ème prix: 2 pass (1 pour le 8, 1 pour le 9)

    5ème et 6ème prix : 2 pass (1 pour le 6, 1 pour le 7)

    soit 6 gagnants qui se répartiront les 16 pass.

    Vous pouvez participer jusqu’au 25 février 2014 à minuit. Vos réponses sont à envoyer à inthemoodforfilmfestivals@gmail.com avec, pour intitulé de votre email « Concours Festival du Film Asiatique de Deauville 2014″. N’oubliez pas de me communiquer vos coordonnées (nom, prénom, email, numéro de téléphone). Les gagnants seuls seront contactés, par email après le 25 février.  Pour faire partie des heureux gagnants, répondez correctement aux 10 questions suivantes. Les réponses ont toutes un lien avec Deauville et/ou le cinéma asiatique et/ou le Festival du Film Asiatique de Deauville. Bonne chance à tous!

    1. Donnez-moi le titre du film dont est extraite l’image ci-dessous.

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    2. Citez le précèdent film du réalisateur du film dont est extraite l’image ci-dessous.

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    3. Quel est le rapport entre le film dont est extraite l’image ci-dessous et un des films primés au Festival du Film Asiatique de Deauville 2013.

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    4. De l’affiche de quelle édition du Festival du Film Asiatique de Deauville est découpée l’image ci-dessous?

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    5. De quel film est extraite l’image ci-dessous?

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    6. Comment se nomme le film dont est extraite l’image ci-dessous?

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    7. 2 indices pour découvrir un film. Quel est ce film?

    -Primé au Festival du Film Asiatique de Deauville.

    -En se référant au titre du film, Woody Allen aurait pu dire, pour paraphraser une citation qu’il affectionne… « …, c’est long, surtout vers la fin ».

    8. Qui a reçu le nouveau prix créé lors du Festival du Film Asiatique de Deauville de l’an passé?

    9. En quelle année le Festival de Deauville a-t-il rendu hommage à ce cinéaste?

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    10. Que représente le Festival du Film Asiatique de Deauville pour vous?

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  • Critique - LES BÊTES DU SUD SAUVAGE de Benh Zeitlin ce soir à 20H50 sur Canal plus cinéma

     

    « Quand le cinéma est beau comme le vôtre, quand les films sont beaux comme le vôtre, cela rassemble », avait déclaré la présidente du jury Sandrine Bonnaire lors de la cérémonie du palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012 lors de laquelle le film avait été couronné du Grand Prix et du prix de la révélation Cartier. C’est en effet un des pouvoirs magiques du cinéma que de pouvoir rassembler ainsi des spectateurs différents dans un tourbillon d’émotions agréablement dévastateur.

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    Ci-dessus, Benh Zeitlin, lors de la cérémonie du palmarès de Deauville (photo inthemoodfordeauville.com )

    A Cannes, déjà, où je l’avais manqué et où le film a notamment été couronné de la caméra d’or, c’était une incessante litanie « il faut voir Les Bêtes du Sud sauvage ». Alors, ce film méritait-il autant de louanges et autant de prix ?

    « Les Bêtes du Sud sauvage » est le premier long-métrage de Benh Zeitlin adapté de « Juicy and Delicious», une pièce écrite par Lucy Alibar, une amie de Benh Zeitlin qui a coécrit le scénario avec lui. Il se déroule dans le Sud de la Louisiane, dans le bayou, «le « bathtub », une terre sauvage et âpre où vit Hushpuppy (Quvenzhané Wallis), une petite fille de 6 ans et son père Wink (Dwight Henry). Soudain cette nature rebelle s’emballe, les glaciers fondent, des aurochs apparaissent, le monde s’effondre pour Hushpuppy (la nature qui l’environne mais aussi le sien, son monde, puisque la santé de son père décline) ; elle va alors partir à la recherche de sa mère.

    Ne vous fiez pas à mon synopsis réducteur car ce film possède tout ce qu’un synopsis ou une critique ne pourront jamais refléter. Il en va ainsi de certains films, rares, comme de certaines personnes qui possèdent ce charme indescriptible, cette grâce ineffable, ce supplément d’âme que rien ni personne ne pourront décrire ni construire car, justement, il n’est pas le fruit d’un calcul mais une sorte de magie qui surgit presque par miracle (et sans doute grâce à la bienveillance et la sensibilité du regard du cinéaste) comme celle qui peuple les rêves de Hushpuppy.

    Dès les premières secondes, malgré la rudesse de la vie qu’il décrit, malgré l’âpreté de cette terre et celle du père de Hushpuppy, ce film vous séduit et vous emporte pour ne plus vous lâcher. C’est à travers les yeux innocents et l’imagination débordante de Hushpuppy que nous sommes embarqués dans cette histoire guidés par sa voix qui nous berce comme un poème envoûtant.

    La vie grouille, palpite, dans chaque seconde du film, dans cet endroit où elle  est (et parce qu’elle est) si fragile, son cœur bat et résonne comme celui de ces animaux qu’écoute Hushpuppy pour, finalement, faire chavirer le vôtre. Un monde qu’il donne envie de préserver avant que les marées noires ne le ravagent et que la magie n’en disparaisse à jamais.

    Son monde est condamné mais Hushpuppy (incroyable présence et maturité de la jeune Quvenzhané Wallis) , avec son regard attendrissant, opiniâtre et frondeur résiste, lutte, et s’invente un univers magique où le feu s’allume au passage d’une belle femme, où elle résiste aux aurochs du haut de ses 6 ans. Benh Zeitlin filme à hauteur d’enfant et du regard d’Hushpuppy imprégnant tout le film de son riche imaginaire.

    Film inclassable : autant une histoire d’amour ( d’un réalisateur pour une terre sauvage et noble qui se confond avec la mer dans un tumulte tourmenté que pour ses habitants, fiers et courageux viscéralement attachés à leur terre mais aussi  d’une fille pour son père et réciproquement dont les relations sont faites de dureté attendrissante), fantastique ou fantasmagorique que conte philosophique et initiatique, « Les bêtes du sud sauvage » est aussi un poème onirique qui mêle majestueusement tendresse et rudesse (des êtres, de la terre), réalité et imaginaire, violence (des éléments) et douceur (d’une voix), dureté et flamboyance (comme lors de ce défilé d’une gaieté triste pour célébrer la mort).  Voilà, ce film est beau et contrasté comme un oxymore.

    Un film d’une beauté indescriptible, celle des êtres libres, des êtres qui résistent, des êtres qui rêvent, envers et contre tout, tous et cela s’applique aussi bien au film qu’à celui qui l’a réalisé avec un petit budget et des acteurs non professionnels sans parler des conditions de tournage puisque l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon de BP s’est produite le premier jour du tournage le 20 avril 2010.

    Un film universel, audacieux et dense, un hymne à la vie et l’espoir, au doux refuge de l’imaginaire aussi quand la réalité devient trop violente, un film d’une beauté âpre et flamboyante qui vous emmènera loin et vous accompagnera longtemps comme cette voix (texte de la voix off dit par Hushpuppy magnifiquement écrit), ce regard et cette musique qui reflètent ce mélange de force et de magie, de grâce et de détermination ( une musique dont Benh Zeitlin est le coauteur, elle fut même utilisée pour la campagne d’Obama) et, à l’image de son affiche, un feu d’artifices d’émotions. Un film rare qui méritait indéniablement son avalanche de récompenses.

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  • Critique de LA BELLE ET LA BÊTE de Christophe Gans

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    Alors que le début de l’année 2013 avait été riche de belles découvertes cinématographiques, j’attends encore le film de cette année qui me fera chavirer d’admiration et d’émotion, seuls « Twelve years a slave » et "Yves Saint Laurent » ayant pour l’instant suscité mes critiques élogieuses. J’étais donc impatiente de découvrir « La belle et la bête » de Christophe Ganz dont tous ceux qui passent leur temps à dénigrer le cinéma français (ce qui a le don de m’horripiler) semblaient chanter les louanges parce que, hein, enfin, le cinéma français osait rivaliser avec celui d’Outre-Atlantique comme s’il s’agissait toujours d’un exemple à suivre.

     

    Le film est directement adapté du conte publié en 1740 par Madame de Villeneuve repris par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont en 1757. Il s’agit de la neuvième adaptation, la plus remarquable restant celle de Jean Cocteau en 1946.

     

    En 1810, après le naufrage de ses navires, un marchand ruiné (André Dussolier) doit s’exiler à la campagne avec ses six enfants parmi lesquels Belle (Léa Seydoux), la plus jeune de ses filles, plus joyeuse et moins matérialiste que ses deux stupides sœurs. Lors d’un éprouvant voyage, le marchand découvre le domaine magique de la Bête (Vincent Cassel) qui le condamne à mort pour lui avoir volé une rose. Se sentant responsable du terrible sort qui s’abat sur sa famille, Belle décide de se sacrifier à la place de son père. Chaque soir, à l’heure du dîner, elle devra retrouver la Bête.

     

    Tout était réuni pour que cette superproduction soit un grand film romanesque, voire romantique : un casting prestigieux (Léa Seydoux, Vincent Cassel, Eduardo Noriega, André Dussolier…), un budget vertigineux (35 millions d’euros), une histoire intemporelle constituée de fracassants et très visuels paradoxes : la beauté et la laideur, la férocité et la douceur, le corps et l’âme, l’obscurité et la clarté. La belle et la bête. En résulte pourtant un film sans âme, désincarné, où jamais l’émotion n’affleure. Ou si, peut-être le temps d’une danse trop vite interrompue comme si Gans avait peur de l’émotion, de laisser jouer ses acteurs, qu’ils ne volent la vedette à ses décors démesurés qui étouffent ses personnages. Comme la nature cherche à les étouffer, certes. On retient tout de même un peu notre souffle le temps d’une course échevelée vers le fameux château. Mais il y avait mille fois plus de nuances, de poésie dans la photographie d’Henri Alekan que dans celle de Christophe Beaucarne ici et dans la musique de Georges Auric.

     

    Christophe Ganz s’est certes beaucoup amusé à faire virevolter sa caméra (jusqu’au vertige parfois, abusant des vues en plongées sur les décors ou sur le décolleté de Léa Seydoux, pour bien nous signifier l’animalité et l’emprise de la bête) mais ses personnages semblent se perdre dans ce tourbillon dont le décor devient alors le personnage principal qu’il pare de toutes les beautés et toutes les laideurs, de tous les vices et toutes les vertus, s’inspirant de Miyazaki pour l’aspect plus féérique, hymne à la nature, de Guillermo De Toro pour montrer une nature vengeresse aux accents gothiques (lequel Guillermo Del Toro l’adapte d’ailleurs à son tour). Une nature qui se rebelle, la transformation du Prince en bête étant ici un châtiment de celle-ci. Les scènes de nature anthropomorphique sont finalement les plus réussies, Gans étant sans aucun doute meilleur dans la noirceur que dans la clarté, dans le romanesque ou du moins le spectaculaire que dans le romantisme,  les scènes entre les deux protagonistes et les dialogues étant vite expédiés sans parler du dénouement d’une mièvrerie confondante qui frôle le ridicule.

     

    Plutôt qu’un remake, Christophe Ganz a préféré se référer au conte et signer une nouvelle adaptation. Oubliés donc Le Magnifique, les chandeliers mobiles,  et oubliée la beauté fulgurante de Jean Marais remplacé par un carnassier Vincent Cassel au jeu sans nuances et dont on se demande comment il peut inspirer tant d’amour à La Belle.

     

    Un film qui se voudrait un hymne à la nature, dépourvu de lyrisme, une histoire d’amour, dépourvue d’âme mais qui plaira peut-être aux amateurs d’un cinéma spectaculaire qui ne s’embarrasse pas de psychologie. Pour ma part, j’ai été profondément touchée par l’œuvre de Cocteau alors que je suis ici toujours restée à distance. Vincent Cassel a récemment dit que cette version aspirait à dépoussiérer celle de Cocteau. Certes. La poussière possède néanmoins parfois bien plus d’âme, de cœur et de poésie que le flambant neuf…

     

    Et pour vous donner envie de plonger dans la poussière, voici les premiers mots de la version de Jean Cocteau, qui vous permettra de laisser libre cours à ce que Gans semble vouloir emprisonner pour peut-être se conformer à une époque elle aussi carnassière et avide d'images et de sensationnel : l’imagination…

     

    L’enfance croit ce qu’on lui raconte et ne le met pas en doute. Elle

    croit qu’une rose qu’on cueille peut attirer des drames dans une famille.

    Elle croit que les mains d’une bête humaine qui tue se mettent à fumer

    et que cette bête en a honte lorsqu’une jeune fille habite sa maison. Elle

    croit mille autres choses bien naïves.

    C’est un peu de cette naïveté que je vous demande et, pour nous

    porter bonne chance à tous, laissez-moi vous dire quatre mots magiques,

    véritable « Sésame, ouvre-toi » de l’enfance :

    Il était une fois…..

    Jean Cocteau

     

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  • Concours : 300 lots de 2 contremarques pour le Printemps du cinéma à gagner sur Inthemoodforcinema.com !

     

     

    Je vous parle chaque année de cette belle opération qu'est le Printemps du cinéma. Ainsi, pour la 10ème année consécutive, BNP Paribas est le partenaire du Printemps du Cinéma et c'est grâce à BNP Paribas que j'ai aujourd'hui le plaisir de vous proposer  de remporter ici 300 lots de 2 contremarques. Cette année, le Printemps du cinéma aura lieu du 16 au 18 mars 2014: trois jours de cinéma au tarif unique de 3,50 euros* la séance pour tous les spectateurs, tous les films, toutes les séances et dans tous les cinémas participants.

    BNP Paribas, partenaire exclusif des opérations de promotion de cinéma en salles, prolongera cette opération du 19 au 25 mars 2014 inclus, en offrant plus de 330 000 contremarques à ses clients et prospects.

    Les détenteurs de contremarques BNP Paribas pourront bénéficier pendant 7 jours supplémentaires d'un tarif unique de 3,50 euros* la séance. 

    Bref, une occasion idéale de plonger "in the mood for cinema" sans modération. Bonne chance et bonnes séances à tous!

    * Tarif unique de 3,50 € la séance pour tous, pour tous les films, dans tous les cinémas participant à l'opération, et à toutes les séances (hors majoration pour les films en 3D, en Imax, séances spéciales et prestations complémentaires). Offre non cumulable avec d'autres offres tarifaires.

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  • Critique de LA COMTESSE AUX PIEDS NUS de Joseph L.Mankiewicz à 00H25 sur France 2 (Ciné-club)

    La comtesse aux pieds nus, Ava Gardner, cinéma, film, Humphrey Bogart

    Après les avoir, un peu, délaissées ces derniers temps, je reprends aujourd’hui mes critiques de classiques du septième art avec un film qui fait partie de mes premiers souvenirs cinématographiques,  des premiers films m’ayant marquée, en tout cas,  et que je n’avais pas revu depuis un moment :  « La Comtesse aux pieds nus » (en vo « The Barefoot Contessa »), un film de 1954 de Joseph L.Mankiewicz, écrit, réalisé et produit par Joseph L.Mankiewicz (avec Franco Magli, pour la production), ce qui est loin d’être un simple détail puisque « La Comtesse aux pieds nus » est la première production de Joseph L.Mankiewicz qui s’était ainsi affranchi de la tutelle des grands studios américains (Il avait auparavant réalisé des films pour la 20th Century-Fox et pour la Metro-Goldwyn-Mayer.) en fondant sa propre société « Figaro Inc. ».

    La comtesse aux pieds nus, Ava Gardner, cinéma, film, Humphrey Bogart

     Ce film fit parler de lui bien avant sa sortie en raison des similitudes du scénario avec la vie de Rita Hayworth (star de la Columbia) parmi d’autres similitudes frappantes avec le cinéma d’alors comme la ressemblance entre l’antipathique Kirk Edwards et Howard Hughes. Le rôle fut même proposé à Rita Hayworth qui,  en raison de la ressemblance avec sa propre existence justement, refusa.

    « La Comtesse aux pieds nus » débute, en Italie, un sinistre jour de pluie à l’enterrement de la star hollywoodienne Maria d'Amato née Maria Vargas (Ava Gardner). Le scénariste et réalisateur Harry Dawes (Humphrey Bogart) se souvient de   leur première rencontre alors qu’elle travaillait comme danseuse, dans un cabaret de Madrid, alors que ce dernier cherchait une nouvelle vedette pour le compte du producteur et milliardaire Kirk Edwards (Warren Stevens). Face à la statue de Maria, aux pieds symboliquement dénudés, alternent ensuite les récits d’Oscar Muldoon (Edmond O’Brien), l’agent de publicité, de Harry Dawes et de son mari, le comte Vincenzo Torlato-Favrini (Rossano Brazzi) qui dissimule un douloureux secret…à cause duquel Maria perdra ses dernières illusions, et la vie.

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    Dès le départ, le récit est placé sous le sceau de la fatalité et de la tragédie. La pluie implacable. L’enterrement sous un ciel grisâtre. L’atmosphère sombre. La voix poignante et traînante d’Humphrey  Bogart. Cette statue incongrue, d’une blancheur immaculée. La foule qui se presse, vorace, pour assister à sa dernière scène, ultime cynique ironie du destin pour Maria, éprise d’absolu et de liberté, qui voit même son enterrement lui échapper, en tout cas l’enfermer dans un rôle, chacun, là encore, cherchant à se l’approprier.

    Au-delà de ses ressemblances avec des personnalités ayant réellement existé, « La Comtesse aux pieds nus » est un classique pour de nombreuses raisons, à commencer par l’originalité de sa construction, ses flashbacks enchâssés qui permettent d’esquisser un portrait de Maria qui, malgré tout, reste d’une certaine manière insaisissable. Ces récits sont encore une fois une manière de se l’approprier, de l’enfermer, de décrire « leur » Maria même si Harry Dawes lui voue une amitié sincère, seul personnage réellement noble, désintéressé, au milieu de ces univers décadents. Mankiewicz avait déjà utilisé ce procédé dans « Eve », autre chef d’œuvre sans concessions, sur l’univers du théâtre cette fois, et démonstration cruelle mais terriblement juste sur l’arrivisme (j’en ai observé un rayon dans ce domaine...).

    Mankiewicz décrit en effet, à travers le parcours de Maria (trois portraits d’une même femme) trois univers distincts : celui du cinéma hollywoodien, des grandes fortunes sur la Riviera  et de l’aristocratie italienne, trois univers à la fois dissemblables et semblables dans leur décadence, tous trois théâtres de faux-semblants, de lassitude et de désenchantement. Maria, si lumineuse, semble égarée dans ces mondes qui l’emprisonnent.

    Mankiewicz  définissait « La Comtesse aux pieds nus » comme une « version amère de Cendrillon ». Il multiplie ainsi les symboles, clins d’œil au célèbre conte de fée : les chaussures (mais qui ici sont haïes par Maria pour qui elles symbolisent la boue à laquelle elle a  voulu échapper), son rêve d’amour idéalisé, son mariage avec un comte (mais pas vraiment de conte puisqu’il s’avèrera être une tragédie). Le rêve se transforme constamment en amertume jusqu’à sa mort, jusqu’au dernier plan, dans ce cimetière, où, statufiée, emprisonnée dans une image infidèle, elle reste seule face à la foule qui s’éloigne et au cinéma qui reprend ses droits.

    La comtesse aux pieds nus, Ava Gardner, cinéma, film, Humphrey Bogart

    La photographie (du chef opérateur anglais Jack Cardiff) même (à l’exception des images de l’enterrement) rappelle les couleurs chatoyantes d’un conte de fée, ce qui n’en fait pas pour autant un film suranné mais, au contraire, en fait une oeuvre particulièrement intemporelle dans la description de ces univers, éternels théâtres de vanités même si Mankiewicz dira que « le prince charmant aurait dû, à la fin, se révéler homosexuel, mais je ne voulais pas aller aussi loin" , limitant la modernité du film (même si deux plans y font référence) mais aussi dans la description de la solitude de l’artiste, auréolé de mystère.

    La mise en abîme, les flashbacks, l’intelligence des ellipses, la qualité de la voix off, la juste description de théâtre de faux semblants, les similitudes avec la réalité du cinéma hollywoodien de l’époque, tout cela en fait un classique mais, sans doute, sans les présences d’Humphrey Bogart et d’Ava Gardner n’aurait-il pas laissé une telle empreinte dans l’histoire du cinéma. Le premier interprète à la perfection ce personnage doucement désenchanté, mélancolique, lucide, fidèle, intègre, à la fois figure paternelle, protectrice et même psychanalyste de Maria. Et que dire d’Ava Gardner ? Resplendissante, étincelante, elle illumine le film, empreinte, à  l’image de celui-ci, de beauté tragique, et symbolise la liberté entravée. Personnage de conte de fée aux rêves brisés pour qui rien ne semblait impossible, même transformer la lune en projecteur et qui, peut-être, n’aura été heureuse et elle-même que l’espace d’une danse, sublime et qu’elle sublime,  au milieu de gitans, bohême, libre, animale, sensuelle, et l’instant d’un regard croisé ouvrant sur un océan de possibles.

     

    Ne pas oublier non plus Edmond O’Brien qui reçut l’Oscar et le Golden Globe du meilleur second rôle masculin, en 1954. Mankiewicz fut, quant à lui, nommé pour la meilleure histoire et le meilleur scénario original.

    En revoyant « La Comtesse aux pieds nus », des années après l’avoir revu de nombreuses fois, j’ai à nouveau été marquée par sa beauté désespérée, par sa justesse, et même par sa modernité, par la voix traînante et inimitable de Bogart, par l’élégance lumineuse et triste d’Ava Gardner, par le mystère de ce personnage noble épris d’absolu, être insaisissable et « féérique», presque irréel, dont, finalement, personne ne sondera les contours. Che sara sara : ce qui doit être sera, vieux dicton italien cité dans le film aux allitérations et assonances (et évidemment à la signification) portant la même beauté traînante et mélancolique que cette « Comtesse aux pieds nus » au destin fatal et à la magie tragique et non moins ensorcelante.

    Voir aussi ma critique de « Casablanca » de Michael Curtiz également avec Humphrey Bogart.

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  • Critique - LES ADIEUX À LA REINE de Benoit Jacquot à 20H45 sur Ciné plus club

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    Benoit Jacquot aime adapter des romans et mettre en scène des femmes comme protagonistes de ses films : Virginie Ledoyen dans « La Fille seule », Judith Godrèche dans » La Désenchantée » Isabelle Huppert dans « Villa Amalia », « L'École de la chair », « Les Ailes de la colombe », « Pas de scandale »,  Isabelle Adjani dans « Adolphe »…

    Son dernier film, « Les adieux à la reine », ne déroge pas à la règle puisqu’il s’agit d’une adaptation du roman éponyme de Chantal Thomas, et puisque c’est à travers le regard paradoxalement innocent et clairvoyant de la jeune Sidonie Laborde ( Léa Seydoux), jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine  (Diane Kruger) que nous voyons Versailles, en 1789, à l’aube de la révolution. L’insouciance et la désinvolture y règnent encore tandis que, à l’extérieur, la révolte gronde.  Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive jusqu’à la Cour, le château se vide. Nobles et serviteurs s’enfuient. Entièrement dévouée à la Reine par qui elle se croit protégée, Sidonie souhaite rester. Benoit Jacquot nous fait vivre à ses côtés ses trois derniers jours à Versailles, les 14,15, 16 juillet 1789 : la fin d’une époque.

    Comme souvent, Benoit Jacquot met en scène une réalité étouffante, la solitude de ses personnages et le désir de fuite mais quand cette réalité est celle de Versailles filmé avec une modernité et un réalisme étonnants, cela devient absolument passionnant.

    Dès les premiers plans, il capte ainsi notre intérêt et notre empathie en nous mettant à la place de Sidonie (souvent filmée de dos) qui, en trois jours, va grandir en découvrant toute la violence redoutable de Versailles, la lâcheté, la vanité, derrière les visages poudrées, derrière les masques qui tombent.

    Que vous aimiez ou pas les films historiques, celui-ci vous happera  pour vous conduire dans les dédales mystérieux et inquiétants de Versailles pour ne plus vous lâcher jusqu’à la dernière seconde. D’abord parce que c’est un Versailles loin des clichés que nous fait ici découvrir Benoit Jacquot. Personnage à part entière, Versailles est filmé comme une prison dorée au vernis qui se craquèle, souvent moins clinquante que les fastes de la cour le laissent imaginer, et c’est à travers Versailles, lieu d’un huis-clos étouffant, que nous sont relatées ces trois journées historiques mais c’est aussi la brillante métaphore d’un monde qui se meurt, pourri de l’intérieur, tout comme cet étang apparemment impassible est gangréné par les rats, ou ces tenues dorées sous lesquelles sévissent les moustiques.

     A l’image de la monarchie et de la noblesse, Versailles se décompose et derrière l’étincelante galerie des glaces se cachent des couloirs étroits, sombres et humides filmés comme un gouffre obscur et menaçant, tout comme derrière les visages poudrés et les fastes de la cour se dévoile un monde en décomposition. La caméra frémissante de Benoît Jacquot épouse et métaphorise ces frémissements et  est si précise qu’il nous donne l’impression de ressentir l’humidité glaçante des couloirs de Versailles où grouille toute cette vie souterraine et fourmillante d’une noblesse qui préfère rester tapie dans des appartements délabrés dans l’ombre du roi plutôt que de vivre à la lumière de ses châteaux, une noblesse qui se contente de cette vie obscure dans l’ombre du roi avec l’obsessionnel espoir de quérir un peu de sa lumière. Intemporelle valse des courtisans qui en plus de la fin d’un monde nous parle du nôtre grâce à la modernité de la mise en scène et du jeu des acteurs qui brouillent judicieusement les repères temporels…

    Ensuite, les relations troubles entre les trois femmes (la Reine, Sidonie et Madame de Polignac incarnée par Virginie Ledoyen) composées de domination, d’admiration, de manipulation, d’obsession sont absolument passionnantes car elles résument aussi toute la complexité de cet esprit de cour et des sentiments condamnés par l’intérêt et l’image, le souci des apparences là encore finalement très contemporain. Ces plans de courtisans qui courent pour apercevoir le Roi ou la Reine ou être aperçus d’eux rappellent une époque beaucoup moins lointaine avide d’images et qui s’aveugle dans l’admiration vaine et outrancière d’une autre royauté.

    Diane Kruger incarne cette reine frivole (qui pense à un nouveau motif pour ses vêtements quand le peuple meurt et gronde, quand son monde périclite) et capricieuse, prisonnière de Versailles comme de ses bracelets accrochés à ses poignets, qui passe d’un état à l’autre, tantôt horripilante, tantôt bouleversante, comme lorsqu’elle trône, terriblement seule et majestueuse, dans cette pièce soudain tristement luxueuse, illuminée par le feu d’une cheminée, déchirant des lettres, tandis que les vautours rôdent déjà. Symbole d’une époque et d’un monde qui chancèlent, image bouleversante de beauté, de mélancolie, de cruauté mêlées.

    Léa Seydoux, avec son visage diaphane, son regard déterminé, est absolument parfaite dans ce rôle de jeune lectrice qui, en trois jours, va vivre un parcours initiatique, passer de l’innocence à la conscience de la dure réalité, de quelqu’un à personne, et qui va fuir dans l’ombre d’une forêt, autant dire mourir puisqu’elle ne vivait que dans l’ombre lumineuse de la Reine et ces adieux à la Reine résonnent douloureusement comme des adieux à une époque, à un monde, à la vie.

    Une autre excellente idée est d’avoir concentré l’action sur trois jours, trois jours au cours desquels Versailles passe de la frivolité à la panique. La caméra frénétique de Benoit Jacquot renforce ce sentiment de tension palpable et crée un suspense captivant.

    Ajoutez à cela l’excellent scénario de Gilles Taurand, la musique de Bruno Coulais, la caméra vacillante de Benoit Jacquot à l’image de ce qu’elle enregistre, ce monde qui chancèle, et vous obtiendrez un des meilleurs films de cette année, passionnant du début à la fin, férocement moderne, cruellement réaliste, magnifiquement mélancolique, la brillante métaphore de la fin d’un monde, et de l’éternelle valse pathétique des courtisans qui, pour satisfaire leur orgueil et un peu de lumière ( celle de la richesse mais surtout de la célébrité) sont prêts à tout, au mépris des autres et parfois de leur propre dignité. Un tableau d’une tragique élégance aussi fascinant que terriblement cruel et mélancolique, historique et contemporain, instructif et intemporel.

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  • Concours spécial César 2014 : gagnez des VOD de films nommés ou d'anciens films primés

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    Je vous parle ici souvent d'Univers Ciné qui permet de voir ou revoir des pépites cinématographiques en VOD. UniversCiné est une initiative d'une cinquantaine de producteurs et distributeurs indépendants français de cinéma, née en 2001. L'objectif de cette organisation est d'établir un modèle ouvert, fédérateur et collaboratif d'exploitation de films indépendants en vidéo à la demande (VoD) et l'on moins qu'on puisse dire est que l'offre est alléchante!

    A l'occasion des César 2014 auxquels je consacre une rubrique comme chaque année (cliquez ici pour retrouver mes articles consacrés aux César 2014), je vous propose de remporter 10x2 locations.

    A l'occasion de l'opération spéciale César sur Universciné, dix gagnants remporteront ainsi chacun

    - une location parmi les films nommés cette année

    ET une location parmi les anciens films primés (au passage actuellement à -50% sur UniversCiné) : 
    Le choix est vraiment cornélien. Pour ma part, je vous conseille "Elle s'en va", "Grand Central", "Syngué Sabour", "Monsieur Klein", "La Leçon de piano", "Garde à vue", "Camille Claudel", "Le Pianiste"...
     
    A cette occasion, je vous propose d'ailleurs mes critiques de "Elle s'en va" d'Emmanuelle Bercot et "Monsieur Klein" de Joseph Losey, ci-dessous, les deux que je choisirais si j'en avais également deux à sélectionner.
     
    Concours:
     
    Pour faire partie des gagnants, soyez parmi les dix premiers à me donner les titres des trois films suivants, en envoyant vos réponses à inthemoodforfilmfestivals@gmail.com avec, pour intitulé "Concours VOD César".
     
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    Critique de "Monsieur Klein" de Joseph Losey
     
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    A chaque projection ce film me terrasse littéralement tant ce chef d'œuvre est bouleversant, polysémique, riche, brillant, nécessaire. Sans doute la démonstration cinématographique la plus brillante de l'ignominie ordinaire et de l'absurdité d'une guerre aujourd'hui encore partiellement insondables.  A chaque projection, je le vois  et l'appréhende différemment. Ce fut à nouveau le cas hier soir. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore et que j'espère convaincre d'y remédier par cet article, récapitulons d'abord brièvement l'intrigue.

    Il s'agit de Robert Klein. Le monsieur Klein du titre éponyme. Enfin un des deux Monsieur Klein du titre éponyme. Ce Monsieur Klein-là, interprété par Alain Delon,  voit dans l'Occupation avant tout une occasion de s'enrichir et de racheter à bas prix des œuvres d'art à ceux qui doivent fuir ou se cacher, comme cet homme juif (Jean Bouise) à qui il rachète une œuvre du peintre hollandais Van Ostade. Le même jour, il reçoit le journal « Informations juives » adressé à son nom, un journal normalement uniquement délivré sur abonnement. Ces abonnements étant soumis à la préfecture et M.Klein allant lui-même signaler cette erreur, de victime, il devient suspect... Il commence alors à mener l'enquête et découvre que son homonyme a visiblement délibérément usé de la confusion entre leurs identités pour disparaître...

    La première scène, d'emblée, nous glace d'effroi par son caractère ignoble et humiliant pour celle qui la subit. Une femme entièrement nue est examinée comme un animal par un médecin et son assistante afin d'établir ou récuser sa judéité.  Y succède une scène dans laquelle, avec la même indifférence, M.Klein rachète un tableau à un juif obligé de s'en séparer. M.Klein examine l'œuvre avec plus de tact que l'était cette femme humiliée dans la scène précédente, réduite à un état inférieur à celui de chose mais il n'a pas plus d'égard pour son propriétaire que le médecin en avait envers cette femme même s'il respecte son souhait de ne pas donner son adresse, tout en ignorant peut-être la véritable raison de sa dissimulation affirmant ainsi avec une effroyable et sans doute inconsciente effronterie « bien souvent je préfèrerais ne pas acheter ».

    Au plan des dents de cette femme observées comme celles d'un animal s'oppose le plan de l'amie de M.Klein, Jeanine (Juliet Berto) qui se maquille les lèvres dans une salle de bain outrageusement luxueuse. A la froideur clinique du cabinet du médecin s'oppose le luxe tapageur de l'appartement de M.Klein qui y déambule avec arrogance et désinvolture, recevant ses invités dans une robe de chambre dorée. Il collectionne. Les œuvres d'art même s'il dit que c'est avant tout son travail. Les femmes aussi apparemment. Collectionner n'est-ce pas déjà une négation de l'identité, cruelle ironie du destin alors que lui-même n'aura ensuite de cesse de prouver et retrouver la sienne ?

    Cet homonyme veut-il lui  sauver sa vie ? Le provoquer ? Se venger ? M.Klein se retrouve alors plongé en pleine absurdité kafkaïenne où son identité même est incertaine. Cette identité pour laquelle les Juifs sont persécutés, ce qui, jusque-là,  l'indifférait prodigieusement et même l'arrangeait plutôt, ou en tout cas arrangeait ses affaires.

     Losey n'a pas son pareil pour utiliser des cadrages qui instaurent le malaise, instillent de l'étrangeté dans des scènes a priori banales dont l'atmosphère inquiétante est renforcée par une lumière grisâtre mettent en ombre des êtres fantomatiques, le tout exacerbé par une musique savamment dissonante...  Sa caméra surplombe ces scènes comme un démiurge démoniaque : celui qui manipule M.Klein ou celui qui dicte les lois ignominieuses de cette guerre absurde. La scène du château en est un exemple, il y retrouve une femme, apparemment la maîtresse de l'autre M.Klein (Jeanne Moreau, délicieusement inquiétante, troublante et mystérieuse) qui y avait rendez-vous. Et alors que M.Klein-Delon lui demande l'adresse de l'autre M.Klein, le manipulateur, sa maîtresse lui donne sa propre adresse, renforçant la confusion et la sensation d'absurdité.  Changement de scène. Nous ne voyons pas la réaction de M.Klein. Cette brillante ellipse ne fait que renforcer la sensation de malaise.

    Le malentendu (volontairement initié ou non ) sur son identité va amener Klein à faire face à cette réalité qui l'indifférait. Démonstration par l'absurde auquel il est confronté de cette situation historique elle-même absurde dont il profitait jusqu'alors. Lui dont le père lui dit qu'il est « français et catholique  depuis Louis XIV», lui qui se dit « un bon français qui croit dans les institutions ». M.Klein est donc  certes un homme en quête d'identité mais surtout un homme qui va être amené à voir ce qu'il se refusait d'admettre et qui l'indifférait parce qu'il n'était pas personnellement touché : « je ne discute pas la loi mais elle ne me concerne pas ». Lui qui faisait partie de ces « Français trop polis ». Lui qui croyait que « la police française ne ferait jamais ça» mais qui clame surtout : «  Je n'ai rien à voir avec tout ça. » Peu lui importait ce que faisait la police française tant que cela ne le concernait pas. La conscience succède à l'indifférence. Le vide succède à l'opulence. La solitude succède à la compagnie flatteuse de ses « amis ». Il se retrouve dans une situation aux frontières du fantastique à l'image de ce que vivent alors quotidiennement les Juifs. Le calvaire absurde d'un homme pour illustrer celui de millions d'autres.

    Et il faut le jeu tout en nuances de Delon, presque méconnaissable, perdu et s'enfonçant dans le gouffre insoluble de cette quête d'identité pour nous rendre ce personnage sympathique, ce vautour qui porte malheur et qui « transpercé d'une flèche, continue à voler ». Ce vautour auquel il est comparé et qui éprouve du remords, peut-être, enfin. Une scène dans un cabaret le laisse entendre. Un homme juif y est caricaturé comme cupide au point de  voler la mort et faisant dire à son interprète : « je vais faire ce qu'il devrait faire, partir avant que vous me foutiez à  la porte ». La salle rit aux éclats. La compagne de M.Klein, Jeanine, est choquée par ses applaudissements. Il réalise alors, apparemment, ce que cette scène avait d'insultante, bête et méprisante et  ils finiront par partir. Dans une autre scène, il forcera la femme de son avocat à jouer l'International alors que le contenu de son appartement est saisi par la police, mais il faut davantage sans doute y voir là une volonté de se réapproprier l'espace et de se venger de celle-ci qu'un véritable esprit de résistance. Enfin, alors que tous ses objets sont saisis, il insistera pour garder le tableau de Van Ostade, son dernier compagnon d'infortune et peut-être la marque de son remords qui le rattache à cet autre qu'il avait tellement méprisé, voire nié et que la négation de sa propre identité le fait enfin considérer.

    Le jeu des autres acteurs, savamment trouble, laisse  ainsi entendre que chacun complote ou pourrait être complice de cette machination, le père de M.Klein (Louis Seigner) lui-même ne paraissant pas sincère quand il dit « ne pas connaître d'autre Robert Klein », de même que son avocat (Michael Lonsdale) ou la femme de celui-ci (Francine Bergé) qui auraient des raisons de se venger, son avocat le traitant même de « minus », parfaite incarnation des Français de cette époque au rôle trouble, à l'indifférence coupable, à la lâcheté méprisable, au silence hypocrite.

    Remords ? Conviction de supériorité ? Amour de liberté ? Volonté de partager le sort de ceux dont il épouse alors jusqu'au bout l'identité ? Homme égoïste poussé par la folie de la volonté de savoir ? Toujours est-il que, en juillet 1942, il se retrouve victime de la   Raflé du Vel d'Hiv avec 15000 autres juifs parisiens. Alors que son avocat possédait le certificat pouvant le sauver, il se laisse délibérément emporter dans le wagon en route pour Auschwitz avec, derrière lui, l'homme  à qui il avait racheté le tableau et, dans sa tête, résonne alors le prix qu'il avait vulgairement marchandé pour son tableau. Scène édifiante, bouleversante, tragiquement cynique. Pour moi un des dénouements les plus poignants de l'Histoire du cinéma. Celui qui, en tout cas, à chaque fois, invariablement, me bouleverse.

    La démonstration est glaciale, implacable. Celle de la perte et de la quête d'identité poussées à leur paroxysme. Celle de la cruauté dont il fut le complice peut-être inconscient et dont il est désormais la victime. Celle de l'inhumanité, de son effroyable absurdité. Celle de gens ordinaire qui ont agi plus par lâcheté, indifférence que conviction.

    Losey montre ainsi froidement et brillamment une triste réalité française de cette époque,  un pan de l'Histoire et de la responsabilité française qu'on a longtemps préféré ignorer et même nier. Sans doute cela explique-t-il que « Monsieur Klein » soit reparti bredouille du Festival de Cannes 1976 pour lequel le film et Delon, respectivement pour la palme d'or et le prix d'interprétation, partaient pourtant favoris. En compensation, il reçut les César du meilleur film, de la meilleure réalisation et  des meilleurs décors.

    Ironie là aussi de l'histoire (après celle de l'Histoire), on a reproché à Losey de faire, à l'image de Monsieur Klein, un profit malsain de l'art en utilisant cette histoire mais je crois que le film lui-même est une réponse à cette accusation (elle aussi) absurde.

    A la fois thriller sombre, dérangeant, fascinant, passionnant ; quête de conscience et d'identité d'un homme ; mise en ombres et en lumières des atrocités absurdes commises par le régime de Vichy et de l'inhumanité des français ordinaires ; implacable et saisissante démonstration de ce que fut la barbarie démente et ordinaire,  « Monsieur Klein » est un chef d'œuvre aux interprétations multiples que la brillante mise en scène de Losey sublime et dont elle fait résonner le sens et la révoltante et à jamais inconcevable tragédie ... des décennies après. A voir et à revoir. Pour ne jamais oublier...

    Critique de "Elle s'en va" d'Emmanuelle Bercot

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    Un film avec Catherine Deneuve est en soi déjà toujours une belle promesse, une promesse d’autant plus alléchante quand le film est réalisé par Emmanuelle Bercot dont j’avais découvert le cinéma avec « Clément », présenté à Cannes en 2001, dans le cadre de la Section Un Certain Regard, alors récompensé du Prix de la jeunesse dont je faisais justement partie cette année-là, l’histoire poignante et  délicate (et délicatement traitée) de l’amour d’un adolescent pour une femme d’âge plus mûr (d’ailleurs interprétée avec beaucoup de justesse par Emmanuelle Bercot). Une histoire intense dont chaque plan témoignait, transpirait de la ferveur amoureuse qui unissait les deux protagonistes. Puis, il y a eu « Backstage », et l’excellent scénario de « Polisse » dont elle était coscénariste.

     

    L’idée du road movie avec Catherine Deneuve m’a tout d’abord fait penser au magistral « Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans lequel le dernier regard de Catherine Deneuve à la fois décontenancé et ébloui puis passionné, troublé, troublant est un des plus beaux plans qu’il me soit arrivé de voir au cinéma contenant une multitude de possibles et toute la richesse de jeu de l’actrice.  « Elle s’en va » est un road movie centré certes aussi sur Catherine Deneuve mais très différent et né du désir « viscéral » de la filmer (elle n’est sans doute pas la seule mais nous comprenons rapidement pourquoi l’actrice a accepté ici) comme l’a précisé la réalisatrice avant la projection.

     

    L’actrice incarne ici Bettie (et non Betty comme celle de Chabrol), restauratrice à Concarneau, veuve (je vous laisse découvrir comment…), vivant avec sa mère (Claude Gensac !) qui la traite encore comme une adolescente. L’amant de Bettie vient de  quitter sa femme… pour une autre qu’elle. Sa mère envahissante, son chagrin d’amour, son restaurant au bord de la faillite vont la faire quitter son restaurant, en plein service du midi, pour aller « faire un tour » en voiture, puis pour acheter des cigarettes. Le tour du pâté de maisons se transforme bientôt en échappée belle. Elle va alors partir sur les routes de France, et rencontrer toute une galerie de personnages dans une France qui pourrait être celle des « sous-préfectures » du « Journal de France » de Depardon. Et surtout, son voyage va la mener sur une voie inattendue…et nous aussi tant ce film est une surprise constante.

     

    Après un premier plan sur Catherine Deneuve, au bord de la mer, éblouissante dans la lumière du soleil, et dont on se demande si elle va se « jeter à l’eau » (oui, d’ailleurs, d’une certaine manière), se succèdent  des plans montrant des commerces fermées et des rues vides d’une ville de province, un chien à la fenêtre, une poésie décalée du quotidien aux accents de Depardon. Puis Bettie apparaît dans son restaurant. Elle s’affaire, tourbillonne, la caméra ne la lâche pas…comme sa mère, sans cesse après elle. Bettie va ensuite quitter le restaurant pour ne plus y revenir. Sa mère va la lâcher, la caméra aussi, de temps en temps : Emmanuelle Bercot la filme sous tous les angles et dans tous les sens ( sa nuque, sa chevelure lumineuse, même ses pieds, en plongée, en contre-plongée, de dos, de face, et même à l’envers) mais alterne aussi avec des plans plus larges qui la placent dans des situations inattendues dans de « drôle[s] d’endroit[s] pour une rencontre », y compris une aire d’autoroute comme dans le film éponyme.

     

    Si l’admiration de la réalisatrice pour l’actrice transpire dans chaque plan, en revanche « Elle s’en va » n’est pas un film nostalgique sur le « mythe » Deneuve mais au contraire ancré dans son âge, le présent, sa féminité, la réalité. Emmanuelle Bercot n’a pas signé un hommage empesé mais au contraire un hymne à l’actrice et à la vie. Avec son jogging rouge dans « Potiche », elle avait prouvé (à ceux qui en doutaient encore) qu’elle pouvait tout oser, et surtout jouer avec son image d’icône.  « Elle s’en va » comme aurait pu le faire craindre son titre (le titre anglais est « On my way ») ne signifie ainsi ni une révérence de l’actrice au cinéma (au contraire, ce film montre qu’elle a encore plein de choses à jouer et qu’elle peut encore nous surprendre) ni un film révérencieux, mais au contraire le film d’une femme libre sur une autre femme libre. Porter une perruque improbable, se montrer dure puis attendrissante et s’entendre dire qu’elle a dû être belle quand elle était jeune » (dans une scène qui aurait pu être glauque et triste mais que la subtilité de l’écriture et de l’interprétation rendent attendrissante )…mais plus tard qu’elle sera « toujours belle même dans la tombe. » : elle semble prendre un malin plaisir à jouer avec son image.

     

    Elle incarne ici un personnage qui est une fille avant d’être une mère et une grand-mère, et surtout une femme libre, une éternelle amoureuse.  Au cours de son périple, elle va notamment rencontrer un vieil agriculteur (scène absolument irrésistible tout comme sa rencontre d’une nuit, belle découverte que Paul Hamy qui incarne l’heureux élu). Sa confrontation avec cette galerie de personnages incarnés par des non professionnels pourrait à chaque fois donner lieu à un court-métrage tant ce sont de savoureux moments de cinéma, mais une histoire et un portrait se construisent bel et bien au fil de la route. Le film va ensuite prendre une autre tournure lorsque son petit-fils l’accompagnera dans son périple. En découvrant la vie des autres, et en croyant fuir la sienne, elle va au contraire lui trouver un nouveau chemin, un nouveau sens, être libérée  du poids du passé.

     

    Si le film est essentiellement interprété par des non professionnels (qui apportent là aussi un naturel et un décalage judicieux), nous croisons aussi Mylène Demongeot (trop rare), le peintre  Gérard Garouste et la chanteuse Camille (d’ailleurs l’interprète d’une chanson qui s’intitule « Elle s’en va » mais qui n’est pas présente dans le film) dans le rôle de la fille cyclothymique de Bettie  et enfin  Nemo Schiffman, irréprochable dans le rôle du petit-fils. Ajoutez à cela une remarquable BO et vous obtiendrez un des meilleurs films de l’année 2013.

     

    Présenté en compétition officielle de la Berlinale 2013 et en compétition du Champs-Elysées Film Festival 20013, « Elle s’en va » a permis à Catherine Deneuve de recevoir le prix coup de cœur du Festival de Cabourg 2013.

     

    « Elle s’en va » est d’abord un magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout.  C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va »  montre que , à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour.  « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie . Un bonheur ! Et un bonheur rare.

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