Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 185

  • Trophées influenceurs by Tribway : votez pour Inthemoodlemag.com et tentez de gagner 500€ de shopping

     

    tribway.jpg

    Je vous propose aujourd'hui de tenter votre chance pour gagner 500 euros de shopping. En ces temps de crise, un petit plaisir non négligeable auquel s'ajoute celui de bénéficier de 15% de réduction sur le site de shopping Tribway sur lequel vous trouverez aussi bien des accessoires de mode que des livres ou des DVDs!

     Si vous aimez mes blogs, je vous propose ainsi de voter pour moi (attention: ne pouvant inscrire qu'un seul de mes 7 blogs, ce vote concerne Inthemoodlemag.com ). Vous pouvez voter une fois par jour. Et, raison de plus de ne pas vous en priver : vous pourrez bénéficier de 15% de réduction sur tous les produits en vente sur le site de shopping Tribway avec le code INTHEMOOD (valable jusqu’au 17 mai 2014). 

    Par ailleurs, en votant pour moi vous participerez automatiquement au grand tirage au sort qui vous permettra peut-être de gagner 500 € de shopping sur Tribway !

    Vous voulez participer? Alors, cliquez ici ou directement sur la bannière ci-dessus. Si vous me suivez depuis longtemps, vous savez que j'écris sur ces blogs depuis maintenant bientôt 11 ans, que j'en demeure la seule rédactrice (et j'y tiens!) et que je les rédige toujours avec autant de passion.

    Si vous voulez en savoir plus sur la genèse de ces blogs et donc  la genèse d'Inthemoodlemag.com, rendez-vous dans la rubrique "En savoir +" et "Mes blogs dans les médias".

    Lien permanent Imprimer Catégories : CONCOURS Pin it! 0 commentaire
  • Rencontre avec Patrick Bruel pour le clip de « Maux d’enfants »

    bruel2.jpg

    Pornichet 545.JPG

    Pornichet 551.JPG

    Je connais le bonheur indicible de jongler avec l’écriture : le pouvoir des mots. Si bien. Un pouvoir  salvateur.  Salutaire même, parfois. Inestimable. Mais un pouvoir qui peut être aussi dévastateur. Cruel. Même criminel.  Les mots peuvent sauver mais aussi abîmer, infliger des blessures d’autant plus redoutables qu’elles sont invisibles, des cicatrices mortelles. Des mots cinglants qui peuvent provoquer des maux assassins. Des jeux d’enfants qui n’ont  plus rien d’innocents. Ces mots et ces maux, je les ai connus, dans une moindre mesure,  dans une tranquille école de province. J’étais "l’intello". La solitaire.  L'extraterrestre. La singulière. Celle qu’on aime détester. Celle qui ne rentre pas dans les cases. Celle qui adore l’école mais la déteste aussi parce qu’il faut y aller la boule au ventre, le cœur serré, le souffle coupé. Parce qu'il faut affronter le regard des autres. Les préjugés des autres. Leurs silences. Leurs regards. Leurs mots. Les mots et parfois même les gestes qui claquent, qui blessent, qui pétrifient. J’ai eu la chance d’avoir des parents extraordinaires qui m’ont aidée, soutenue, qui ont fait en sorte que cela se résolve même si, aujourd’hui encore, je me souviens de ces récréations à me dissimuler, à n’attendre qu’une chose, que la sonnerie retentisse, que la récréation (si mal nommée) s’achève  pour retrouver l’atmosphère rassurante de la salle de classe. Mais qu’en aurait-il été si internet avait existé ? Je n’ose l’imaginer. Aux mots s’ajoutent aujourd’hui les images qui, en une fraction de seconde, via les réseaux sociaux, peuvent se répandre, et détruire, voire terrasser.

    lequel.jpg

     

    Patrick Bruel que j’ai été invitée à rencontrer grâce à l’agence No site, a écrit une chanson (figurant dans son album de 2013 « Lequel de nous »)  qui met en avant les comportements perpétrés et subis par les enfants sur la toile. C'est à l'occasion du lancement du clip qu'il est venu à la rencontre des blogueuses et blogueurs (la veille de son concert au Zénith avant de reprendre sa tournée). Ce n'est pas un scoop, Patrick Bruel est un artiste engagé, participant aux Enfoirés, parrain de la dernière édition du Téléthon mais aussi à travers ses prises de parole et ses chansons.

     Cette chanson (coécrite avec La Fouine) s’intitule « Maux d’enfants ». Au passage "Lequel de nous" est un album très réussi, riche, sensible, éclectique aussi bien dans les thèmes que musicalement.  J'ai été particulièrement touchée par « Ces moments-là » (et pour cause...), par l'engagé « Où es-tu » (très belle chanson sur les reporters de guerre), par l’entraînant « She’s gone » (qui vous trotte inlassablement et joyeusement dans la tête une fois que vous l'avez entendu), par le sublime « Les larmes de leurs pères »  comme un écho à une chanson que j’aimais particulièrement sur la chute du mur de Berlin (« Combien de murs ») sans oublier l’ensorcelant « J’aurais chanté peut-être ». Il arrive à capter les fragments de vie,  à mettre des mots sur les maux (pas seulement d’enfants), à faire danser et s'entrelacer joie et mélancolie, et même à noyer la seconde dans la première. Il chante aussi l’amour, l’amour fantasmé, la fin de l’amour, l’amour toujours…  Ces "maux d'enfants" lui ont été dictés parce que le sujet lui tenait apparemment à cœur puisque lors du débat qui a suivi ( au cours duquel il n'a d'ailleurs économisé ni son temps ni son énergie pour répondre à chacun), il a évoqué en filigrane son propre enfant et une mauvaise expérience qui lui a inspiré cette chanson, ce cri de révolte, cet appel à écouter et devancer les "maux d'enfants" qui conduisent certains jusqu'au suicide.

    Eric Debarbieux, Délégué Ministériel à la Prévention et à la Lutte contre la violence à l'école était également à ses côtés pour parler du harcèlement dans les établissements scolaires. Justine Atlan, directrice de l’association e-ENFANCE  (qui pourra vous apporter soutien et réponses si votre enfant est victime de cyber-harcèlement ou même en répondant directement aux enfants) était également présente. Il ne s’agissait pas ici de stigmatiser internet mais de prévenir le cyber-harcèlement, et de trouver des solutions à ce mal qu'est le harcèlement à l'école que ce nouvel outil permet d'exacerber.

    Cette chanson allie intelligemment les mots et les voix de Bruel et La Fouine avec pour résultat un clip percutant, des mots et des images qui cognent, glacent, claquent, interpellent.

    Je vous invite à regarder le clip sur http://www.mauxdenfants.fr/ Vous y rencontrerez Lauren,  Manon,  Paul, Dimitri et les raisons de leurs blessures plus ou moins visibles.... Tout au long de la vidéo interactive vous pourrez cliquer sur les personnages pour découvrir leurs histoires. Quelques minutes de clip qui permettent de rappeler quel grand acteur est Bruel qui incarne ici un professeur. A cette occasion, je vous propose d’ailleurs ma courte critique de "Un secret"  de Claude Miller (ci-dessous), formidable adaptation, à mon avis son meilleur rôle, un "type" de rôle dans lequel on aimerait le voir plus souvent. Peut-être sa nomination (méritée) aux César pour "Le Prénom" lui donnera-t-elle accès aux rôles forts, profonds et ambivalents qu'il mérite et peut sans aucun doute interpréter et sublimer.

    Je vous invite enfin à partager ces maux d’enfants, des mots qui, je l’espère, aussi, sauvent…

    Ci-dessous La Fouine et Patrick Bruel et La Fouine interprètent "Maux d'enfants" sur France 2.

    Cliquez ici pour découvrir le clip "Maux d'enfants". 

    Pour terminer, si vous hésitez à témoigner, une citation de Molière extraite de "Don Juan" par laquelle a conclu Patrick Bruel l'autre soir:  "C'eût été y prendre part que de ne s'y pas opposer".

     

    Critique de "Un secret" de Claude Miller

    secret8.jpg

     
     
     
     Un petit garçon malingre, François,  voit indistinctement son image à travers un miroir tacheté de noir. Ce premier plan en dit déjà tellement… Puis, ce petit garçon, à travers son regard d’adulte, (interprété par Mathieu Amalric) nous raconte son histoire et celle de ses parents, Maxime (Patrick Bruel) et Tania (Cécile de France), l’histoire qu’il a apprise de la bouche de Louise (Julie Depardieu), la voisine et amie : l’histoire d’un secret.

    Dans un des plans suivants, le même petit garçon marche à côté de sa mère Tania, Tania dont on ne voit d’abord que le corps sculptural qui contraste tellement avec celui, si frêle, du petit garçon. Un petit garçon qui s’imagine un frère beau et glorieux au point de laisser une assiette à table pour lui, devant le regard terrassé de ses parents comme si le poids du secret, de cet enclos de silence, devenu celui de l’inconscient, avait tellement pesé sur sa famille qu’il avait deviné sans savoir.

    Les images du passé, en couleurs, alternent  judicieusement avec celles du présent, en noir et blanc, (dans le roman le passé est écrit au présent et inversement) un présent que le passé pourtant si sombre, va venir éclairer en révélant l’existence de ce frère, Simon, à l’époque où Maxime s’appelait encore Grinberg et non Grimbert, ces deux lettres pour lui porteuses de mort, porteuses aussi de son douloureux secret profondément enfoui.

    Revenons à ce premier plan auquel de nombreux autres feront ensuite songer : ces plans de corps sublimes au bord de la piscine, au milieu de couleurs chaudes, d’une gaieté insolente. Le dos nu de Tania lorsque Maxime la voit pour la première fois. Son corps qui, dans une acrobatie parfaite, fend l’air et le bleu du ciel puis de la piscine, lorsqu’elle plonge. Les corps décharnés et sans vie des camps. Les corps, leur force et leur fragilité, symboles de vie et de mort, tout le temps mis en parallèle. Ce corps que Maxime sculpte jour après jour, ce corps qui nie presque son identité juive à une époque où le régime nazi fait l’apologie du corps, à une époque où les images de Jeux Olympiques filmées par Leni Riefenstahl défilent sur les écrans, à une époque où il faut porter une étoile sur le cœur, une étoile que Maxime refuse de porter, parce que, pour lui, montrer son identité juive signifie souffrir, mourir et faire prendre des risques à son enfant. Le corps, encore, de François, cet enfant si chétif que son père regarde avec des éclairs d’amertume, cet enfant qui « lui a échappé », cet enfant qui suscite une douloureuse et cynique réminiscence de son passé. Pourquoi ? C’est ce fameux secret que je ne vous dévoilerai pas ici. Celui de trois amours fous qui font déraisonner, qui s’entrechoquent finalement, qui se croisent et qui bouleversent plusieurs existences. 

     L’ambiguïté du personnage de Maxime parcourt et enrichit tout le film : Maxime qui exhibe son corps, qui nie presque sa judaïté, qui fera dire à son père sur le ton de l’humour, certes, qu’il a un fils antisémite, à qui dans son roman Philippe Grimbert attribue des « ambitions de dandy ». L’ambiguïté est encore accrue quand il tombe amoureux de Tania : une femme blonde aux yeux bleus, sportive comme lui, et ce qui n’arrange rien, sa belle sœur, dont il tombe amoureux, pour couronner le tout, le jour de son mariage. Tania, si différente de sa femme, Hannah (Ludivive Sagnier), la timide, la mère parfaite, plus mère que femme dans le regard de Maxime, dans son regard hypnotisé par Tania, son double, celle qui lui ressemble tellement. Hanah : celle pour qui Maxime  est pourtant tout. Et qui le signifiera tragiquement.

    Avec Un Secret, Claude Miller a fait beaucoup plus que transcrire en images le roman éponyme de Philippe Grimbert, il a écrit et réalisé une adaptation particulièrement sensible et personnelle, d’abord par la manière dont il filme les corps, les mains qui s’accrochent les unes aux autres, les mains qui en disent tant, et puis ces regards lourds de sens, de vie, de désespoir, de passion,  magnifiquement orchestrés par le chef d’orchestre Claude Miller pour nous donner cette mélodie bouleversante du passé. Par la manière dont présent et passé se répondent. Comme ce plan de François qui regarde son père à travers le grillage d’un court de tennis. Un grillage qui rappelle celui, abject, du passé, des camps.

    Passé et présent se répondent  constamment en un vibrant écho. L’entrelacement de temporalités rendait d’ailleurs le roman quasiment inadaptable, selon les propres propos de Philippe Grimbert. Claude Miller y est pourtant admirablement parvenu. Echo entre le passé et le présent donc, Echo c’est aussi le nom du chien dans le roman. Celui dont la mort accidentelle fera ressurgir le passé, cette douleur ineffable intériorisée pendant tant d’années. Maxime s’effondre alors sur la mort de son chien alors qu’il avait surmonté les autres. Il s’effondre, enfin abattu par le silence meurtrier, le poids du secret et de la culpabilité.

    Ce n’est pas « le » secret seulement que raconte ce film mais « un » secret, un secret parmi tant d’autres, parmi tous ceux que cette époque a engendrés.  Des secrets qui s’emboîtent et dont la révélation devient insoluble. Doit-on et peut-on tout dire ?

    Claude Miller signe  un film d’une intensité et d’une densité dramatiques rares, empreint de la passion irrépressible, tragiquement sublime, qui s’empare de Maxime et Tania. Il nous raconte une transgression amoureuse, une passion dévastatrice, une quête d’identité, un tango des corps : un grand film tout simplement où il témoigne de l’acuité de son regard de metteur en scène (il témoigne d’ailleurs aussi dans un autre sens : il témoigne aussi de son passé), de ces films qui vous font frissonner, vous étreignent, vous bouleversent, tout simplement et ne vous bouleversent pas avec des « recettes » mais subrepticement, sincèrement. 

     Claude Miller offre là à Ludivine Sagnier, Julie Depardieu, Patrick Bruel et Cécile de France un de leurs plus beaux rôles. Ces deux derniers ne jouent pas, leur passion dévaste l’écran, l’envahit, en déborde. Une fatale évidence.

    Le psychanalyste Philippe Grimbert a écrit ce livre, en grande partie autobiographique, après la découverte d’un cimetière de chiens dans le jardin de la fille de Pierre Laval. Là, les dates qui pourraient être celles d’enfants morts dans les camps, s’alignent avec obscénité, alors que les enfants morts pendant la guerre n’ont même pas eu de tombe, eux, n’ont pas eu droit à une sépulture et sont partis en fumée. De cette découverte indécente est né ce livre. Ce film et ce livre constituent le tombeau de ces enfants et participent au devoir de mémoire. Parce que l’oubli est une menace constante, parce que l’Histoire se complait trop souvent dans une amnésie périlleuse. Et puis,  pour que le petit garçon, qui a délivré son père de son secret, distingue enfin une image précise dans le miroir… L'image de son passé et de son identité et de son corps retrouvés.

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : CONFERENCES DE PRESSE, IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Critique de COCO AVANT CHANEL d'Anne Fontaine ce soir sur France 3

    coco2.jpg

    Alors le film de Jan Kounen « Coco Chanel et Igor Stravinsky » clôturait le 62ème Festival de Cannes, c’est la même année qu'Anne Fontaine s'intéressa à Chanel, ou plutôt à Coco, l’enfant placée dans un orphelinat avec sa sœur Adrienne (Marie Gillain), puis à la chanteuse sans voix et sans voie qui s’époumone et cherche un bon parti dans un bar interlope où se mêle une foule bigarrée et où elle rencontrera Etienne Balsan (Benoît Poelvorde), puis à la couturière dans l’arrière-boutique d’un tailleur de province, puis à l’anticonformiste, déjà,  dans le château de Balsan…

     

    La bonne idée est d’avoir choisi un moment précis et déterminant de sa vie, nous épargnant le classique biopic avec maquillage outrancier et ridicule de rigueur, et d’avoir choisi cette période qui éclaire sa personnalité, son parcours, toute une époque aussi, celle où les femmes étaient encore corsetées et avides de liberté(s)...

     

     A la fois fière et arriviste, forte et fragile, émouvante et agaçante, frondeuse et menteuse, svelte et cassante, androgyne et symbole de féminité, comme son titre l’indique, le grand intérêt du film est de nous faire découvrir Coco avant qu’elle devienne Melle Chanel, avant qu’elle se fasse un nom, son obsession :  qu’on se batte pour dîner à sa table, elle que Balsan faisait, dans un premier temps, dîner dans l’arrière-cuisine avec les domestiques. Elle s’humanise en tombant amoureuse de Boy Capel ( Alessandro Nivola, assez transparent pourtant) mais elle y perd aussi de son mordant, et le film avec elle...

     

    Audrey Tautou prête ses traits androgynes, sa fragilité apparente, sa détermination inébranlable, son allure et son élégance à ce fabuleux destin et moi qui dois avouer avoir souvent (mal) jugé son jeu assez limité, j’ai été totalement embarquée par son personnage, oubliant Audrey Tautou pour ne plus voir que Coco, fière et rebelle, éprise de liberté et terriblement vivante.

     

    Si la mise en scène reflète l’élégance de son personnage principal, dommage que Coco ne lui ait pas aussi insufflé sa liberté, son anticonformisme et sa modernité. Anne Fontaine nous avait habitués à des mises en scène fiévreuses, voire charnelles, mettant habilement en lumière passions destructrices et dévastatrices, d’où probablement ma déception devant cette réalisation académique même si, l’espace d’un instant, une caméra qui glisse avec sensualité sur les étoffes et caresse amoureusement le noir et blanc, nous rappelle la langueur envoûtante dont son  cinéma sait faire preuve.

     

    Le scénario qui a l’élégante simplicité de son personnage principal a été coécrit par Anne Fontaine avec Camille Fontaine et Christopher Hampton (notamment scénariste de « Chéri » et des « Liaisons dangereuses », mais, côté scénario, on lorgne ici malheureusement davantage du côté du premier) et la musique a été composée par le très demandé Alexandre Desplat (notamment nommé aux Oscars pour la musique de « L’Etrange histoire de Benjamin Button » de David Fincher) apportant au film la touche de lyrisme qui lui fait défaut.

     

    Quant à Benoît Poelvoorde dont Anne Fontaine avait déjà révélé une autre facette dans l’excellent « Entre ses mains », il excelle à nouveau parvenant à être tour à tour odieux, touchant, désinvolte,  pathétique  et Emmanuelle Devos en courtisane est assez réjouissante.

     

    Reste ce plan final où Coco devenue Chanel regarde son passé défiler en même temps que ses mannequins, un regard dans lequel se reflète une jubilation mélancolique, le regard d’une actrice qui a intelligemment su se départir du mimétisme pour incarner un personnage, faire oublier l’original tout en lui rendant hommage, et dont la forte personnalité laisse une empreinte dans son sillage, le film s’effaçant devant celle-ci, devant Chanel et celle qui l’incarne admirablement. Rien que pour cela, ce parfum entêtant d'une forte personnalité, ce film vous est recommandé par Inthemoodforcinema.com.

    Lien permanent Imprimer Catégories : A VOIR A LA TELEVISION : CRITIQUES DE FILMS Pin it! 0 commentaire
  • Programme du Festival International du Film Policier de Beaune 2014

     

    « Salaud, on t’aime » de Claude Lelouch fera ce mardi 2 avril l’ouverture du prochain Festival International du Film Policier de Beaune à l’occasion duquel sera rendu un hommage à Johnny Hallyday. À l’occasion de la venue exceptionnelle de Johnny Hallyday à Beaune, le Festival International du Film Policier lui rendra hommage en présentant cinq  films emblématiques de sa carrière cinématographique, dans un genre et une couleur qu’il affectionne :  »Vengeance » de Johnnie To,  »L’homme du train » de Patrice Leconte,   »Conseil de famille » de Costa-Gavras,  »Détective » de Jean-Luc Godard,  »A tout casser » de John Berry. Retrouvez ma critique de « Salaud, on t’aime », ci-dessous.

    Programme du Festival International du Film policier de Beaune 2014

    FILM D’OUVERTURE SALAUD, ON T’AIME de Claude Lelouch Interprété par Johnny Hallyday, Sandrine Bonnaire, Eddy Mitchell

    HOMMAGE À JOHNNY HALLYDAY : NOIR C’EST NOIR

    À l’occasion de la venue exceptionnelle de Johnny Hallyday à Beaune, le Festival International du Film Policier lui rendra hommage en présentant cinq  films emblématiques de sa carrière cinématographique, dans un genre et une couleur qu’il affectionne :

    VENGEANCE de Johnnie To

    L’HOMME DU TRAIN de Patrice Leconte

    CONSEIL DE FAMILLE de Costa-Gavras

    DETECTIVE de Jean-Luc Godard

    A TOUT CASSER de John Berry

    HOMMAGE à WALTER HILL

    Hommage en sa présence, le jeudi 3 avril

    Réalisateur, scénariste et producteur (notamment de la saga ALIEN), Walter Hill imprime au polar sa marque, celle d’un cinéaste efficace dans la narration et le filmage, pour le plus grand plaisir du spectateur qu’il transforme sans EXTREME PREJUDICE en BAGARREUR, DRIVER et GUERRIERS DE LA NUIT, dans LES RUES DE FEU pendant 48 HEURES et SANS RETOUR.

    HOMMAGE à PAUL HAGGIS

    Hommage en sa présence, le vendredi 4 avril

    Leçon de cinéma et d’écriture le samedi 5 avril Comment ne pas rêver d’une leçon de cinéma et d’écriture par l’homme qui a réalisé COLLISION (2004), qui a écrit MILLION DOLLAR BABY (2004), LETTRES D’IWO JIMA (2006) et MÉMOIRES DE NOS PÈRES (2006) de Clint Eastwood ainsi que les « James Bond » CASINO ROYALE (2006) et QUANTUM OF SOLACE (2008) ?

    LA COMPÉTITION

    ‘71 de Yann Demange (Royaume-Uni) 1er film

    BLACK COAL de Diao Yinan (Chine & Hong Kong)

    BLUE RUIN de Jeremy Saulnier (États-Unis) 1er film

    IN ORDER OF DISAPPEARANCE de Hans Petter Moland (Norvège)

    LE DERNIER DIAMANT d’Éric Barbier  (France)

    LES POINGS CONTRE LES MURS de David Mackenzie  (Royaume-Uni)

    THE STONE de Cho Se-rae (Corée du Sud) 1er film

    WOLF de Jim Taihuttu (Pays-Bas) 2e film

    HORS COMPÉTITION

    96 HEURES de Frédéric Schoendoerffer (France)

    DEVIL’S KNOT d’Atom Egoyan (États-Unis)

    HELI d’Amat Escalante (Mexique)

    LA VOIE DE L’ENNEMI de Rachid Bouchareb (France)

    SALAUD, ON T’AIME de Claude Lelouch (France)

    THE RAID 2 de Gareth Evans (Indonésie) / AVP Européenne

    THE TWO FACES OF JANUARY de Hossein Amini (Royaume-Uni)

    UGLY d’Anurag Kashyap (Inde)

    LE PRIX CLAUDE CHABROL

    Après 38 TÉMOINS de Lucas Belvaux et MAINS ARMÉES de Pierre Jolivet (2013/ ex-aequo), le Prix Claude Chabrol 2014 est attribué au film FOXFIRE, CONFESSIONS D’UN GANG DE FILLES de Laurent Cantet. Le Prix Claude Chabrol sera remis le vendredi 4 avril à Laurent Cantet par François Guérif et Aurore Chabrol.

    MEXICO POLAR

    Depuis sa première édition en 2009, le Festival International du Film Policier de Beaune s’attache à rendre hommage à une ville pour son influence et sa dimension mythologique au sein du genre policier. Après Paris, New York, Hongkong, Londres, Rome et Naples, le Festival s’arrêtera cette année à Mexico.

    Le Jury

    Cédric Klapisch (président), Jean-Hugues Anglade, François Berléand, Marie Gillain, Marc Lavoine, Pio Marmaï, Anne Parillaud & Fanny Valette

    Le Jury Sang Neuf Jacques Maillot (président), Pascal Demolon, Pauline Lefèvre, Sophie Mounicot et Jean-François Rauger

    Critique de « Salaud, on t’aime » de Claude Lelouch

    johnny1.jpg

    « Salaud, on t’aime » de Claude Lelouch fera ce mardi 2 avril l’ouverture du prochain Festival International du Film Policier de Beaune à l’occasion duquel sera rendu un hommage à Johnny Hallyday. À l’occasion de la venue exceptionnelle de Johnny Hallyday à Beaune, le Festival International du Film Policier lui rendra hommage en présentant cinq  films emblématiques de sa carrière cinématographique, dans un genre et une couleur qu’il affectionne :  »Vengeance » de Johnnie To,  »L’homme du train » de Patrice Leconte,   »Conseil de famille » de Costa-Gavras,  »Détective » de Jean-Luc Godard,  »A tout casser » de John Berry.

    Lelouch. Prononcez ce nom et vous verrez immédiatement l’assistance se diviser en deux. D’un côté, les adorateurs du cinéaste qui aiment : ses fragments de vérité, ses histoires d’amour éblouissantes, sa vision romanesque de l’existence, sa sincérité, son amour inconditionnel du cinéma, ses phrases récurrentes, ses aphorismes, une musique et des sentiments grandiloquents, la beauté parfois terrible des hasards et coïncidences. De l’autre, ses détracteurs qui lui reprochent son sentimentalisme et tout ce que les premiers apprécient, et sans doute de vouloir raconter une histoire avant tout, que la forme soit au service du fond et non l’inverse. Avec « Roman de gare », les seconds s’étaient rapprochés des premiers, mais pour cela il aura auparavant fallu que le film soit au préalable signé d’un autre nom que le sien.  Je fais partie de la première catégorie et tant pis si pour cela je dois subir la condescendance des seconds. Le cinéma est pour moi avant tout affaire de passion, de sincérité, d’audace, de liberté et quoiqu’en disent ses détracteurs, le cinéma de Claude Lelouch se caractérise par ces quatre éléments comme le démontre magnifiquement le documentaire « D’un film à l’autre » réalisé à l’occasion des 50 ans des films 13.  Un documentaire qui résume un demi-siècle de cinéma du « Propre de l’homme » à « Ces amours-là ».

    afh.jpg

    La plus flamboyante de ses réussites fut bien sûr « Un homme et une femme », palme d’or à Cannes en 1966, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario parmi 42 récompenses … à 29 ans seulement ! L’histoire de la rencontre de deux solitudes blessées qui prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires. A chaque fois que je le revois (et je ne les compte plus !), je suis frappée par son étonnante modernité, notamment dans le montage avec les alternances de noir et blanc et de couleurs qui jouent alors habilement avec les méandres du temps et de la mémoire émotive, entre le présent et le bonheur passé qui ressurgit sans cesse. Je suis aussi toujours frappée par cette photographie aux accents picturaux qui sublime Deauville (et qui n’est certainement pas étrangère à mon coup de foudre pour le lieu en question) filmée avec une lumière nimbée de mélancolie, des paysages qui cristallisent les sentiments de Jean-Louis et d’Anne, fragile et paradoxalement impériale, magistralement (dirigée et) interprétée par Anouk Aimée. Rares sont les films qui procurent cette impression de spontanéité, de vérité presque. Les fameux « instants de vérité » de Lelouch. Et puis le célèbre « Montmartre 1540 » prononcé par la voix inimitable de Jean-Louis Trintignant. Mais, je m’égare…

    fcg.jpg

    Avec sa dernière fiction, « Ces amours-là », Lelouch signait une fresque nostalgique, une symphonie qui s’achevait sur une note d’espoir, la bande originale de son existence cinématographique (qui évitait l’écueil du narcissisme) en guise de remerciements au cinéma, à la musique, à son public, à ses acteurs. Un film qui mettait en exergue les possibles romanesques de l’existence. Un film jalonné de moments de grâce, celle des acteurs avant tout à qui ce film était une déclaration d’amour émouvante et passionnée.

    fcl.jpgg

    Cette dernière réalisation qu’est « Salaud, on t’aime » se rapproche peut-être davantage de « Itinéraire d’un enfant gâté », du moins en ce qu’elle raconte l’histoire d’un homme à l’automne de sa vie, un autre « enfant gâté » qui est peut-être passé à côté de l’essentiel et qui, contrairement au film précité, ne va pas fuir sa famille, mais au contraire tenter de la réunir.

    itinéraire.jpg

    Jacques Kaminsky (Johnny Hallyday) est ainsi un photographe de guerre et père absent, qui s’est plus occupé de son appareil photo (enfin plutôt de son impressionnante collection d’appareils photos) que de ses 4 filles (de 4 mères différentes) nommées Printemps (Irène Jacob), Eté (Pauline Lefèvre), Automne (Sarah Kazemy –révélée par le magnifique « En secret » de Maryam Keshavarz ) et Hiver (Jenna Thiam). Avec l’espoir de les réunir, il décide d’acquérir une maison dans les Alpes dont il tombe amoureux en même temps que de celle qui la lui fait visiter,   Nathalie Béranger (Sandrine Bonnaire). Tout va se compliquer encore un peu plus quand son meilleur ami, Frédéric Selman (Eddy Mitchell) va tenter de le réconcilier avec sa famille en leur racontant un terrible mensonge.

    johnny2.jpg

    Avec « Salaud, on t’aime », Claude Lelouch signe son 44ème film. Les réalisations et les années n’ont pourtant pas entamé la jeunesse et la modernité de son cinéma. Ni la curiosité, l’admiration, la fascination avec lesquelles il regarde et révèle les acteurs. Les acteurs et la vie qu’il scrute et sublime. Dès ce premier plan avec le beau visage buriné de Johnny Hallyday et derrière lui les pages d’un livre (écrit par sa fille) qui se consume, j’étais déjà happée. Et les pages de cet autre livre qui se tournent et montrent et rendent hommage au photographe de guerre qu’est Kaminsky, à tous les photographes de guerre et aux horreurs (et quelques bonheurs) de l’Histoire qu’ils ont immortalisées, souvent au péril de leur vie. Deux livres. Deux faces d’un même homme. Peut-être un peu le double de Claude Lelouch qui fut lui-même photographe de guerre à ses débuts.

    Dès les premiers plans du film règne à la fois une atmosphère tranquille et inquiétante à l’image de  celle de cette maison gardée par un  aigle majestueux, sublime, clairvoyant, là comme une douce menace, comme si tout pouvait basculer d’un instant à l’autre dans le drame ou le thriller. Le cinéma de Claude Lelouch ne rentre dans aucune case, situé à la frontière des genres. Ou si: il rentre dans un genre, celui d’un film de Lelouch, tout simplement. Et c’est ce que j’aime par-dessus tout : celle liberté, cet atypisme que j’ai retrouvés dans ce film.  Claude Lelouch est né avec la Nouvelle Vague qui ne l’a jamais reconnu sans doute parce que lui-même  n’avait « pas supporté que les auteurs de la Nouvelle Vague aient massacré Clouzot,   Morgan, Decoin, Gabin », tous ceux qui lui ont fait aimer le cinéma alors qu’il trouvait le cinéma de la Nouvelle Vague « ennuyeux ». Et tous ceux qui M’ont fait aimer le cinéma.

    johnny5.jpg

    A l’image de ses autres films, sans doute celui-ci agacera-t-il ses détracteurs pour les mêmes raisons que celles pour lesquelles il m’a enchantée. Ses citations sur la vie, la mort, l’amour, l’amitié :

    - « Un ami c’est quelqu’un qui te connait très bien et qui t’aime quand même »,

    -« Qu’est-ce que vous préférez le plus au monde, à part votre appareil photo ? Le juste milieu. L’équilibre. Vous savez comme ces types qui viennent de traverser le Grand Canyon sur un fil. »

    C’est d’ailleurs ce qui pourrait définir le cinéma de Lelouch. Et ce film. La vie aussi. Et ce qui les rend si singuliers, palpitants et attachants. Cette impression d’être sur un fil, sur le fil, au bord du précipice.

    Comme toujours chez Claude Lelouch, la musique est judicieusement choisie entre le sublime jazz d’Ella Fitzgerald et Louis Armstrong, la chanson « Les eaux de mars » de Georges Moustaki, ou encore les « Quatre saisons » de Vivaldi repris par les compositeurs du film, le fidèle Francis Lai et Christian Gaubert.

    Et puis il y a les acteurs. Ces acteurs que la caméra de Lelouch aime, scrute, sublime, magnifie, révèle, caresse presque. D’abord, Johnny Hallyday qui n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour être ce personnage. Son visage et sa prestance racontent déjà une histoire. Il n’a pas besoin d’en faire ou dire beaucoup pour imposer son personnage grâce à sa forte personnalité, un mélange de douceur,  de douleur, de force, de fragilité, de liberté, d’humanité, de rudesse et de tendresse. Et pour l’avoir vu (et revu) sur scène, que ce rôle lui ait été attribué me semble une évidence tant il est et joue sur scène et sait capter et captiver l’attention d’un regard. Leconte dans « L’homme du train » (à mon avis le meilleur film avec Johnny Hallyday) avait déjà compris cet énorme potentiel. Johnny Hallyday avait d’ailleurs déjà tourné sous la direction de Claude Lelouch en 1972 pour « L’Aventure c’est l’Aventure » où il jouait son propre rôle aux côtés de Lino Ventura et Jacques Brel. Ce rôle de Kaminsky semble avoir été écrit pour lui et pourtant il n’était initialement pas pressenti pour jouer le rôle principal de « Salaud, on t’aime ». Le plus sidérant est que Lelouch a dû l’imposer: « Aucune chaîne de télévision ne voulait faire un film avec Johnny et moi, aucune assurance n’a voulu nous suivre, les coproducteurs, les distributeurs, tout le monde s’est montré frileux. » Il y a eu Annie Girardot dans « Les Misérables », Jean-Paul Belmondo dans « Itinéraire d’une enfant gâté »  Tant d’autres… Il y aura désormais Johnny Hallyday dans « Salaud, on t’aime ». De fortes personnalités qui, plus que d’incarner des rôles, les imprègnent et les révèlent. Les réveillent même.

    A ses côtés, il y a Sandrine Bonnaire avec qui il forme un couple évident. Solaire Sandrine Bonnaire avec son sourire lumineux et empathique et dont on comprend qu’il en tombe immédiatement amoureux.

    johnny6.jpg

    Et puis les 4 « saisons » dont la photographie reflète judicieusement les caractères au premier rang desquelles Jenna Thiam (Hiver Kaminsky), révélation du film à qui sont dévolues les plus belles partitions. Le temps d’un dialogue dans une voiture qui pourrait constituer à elle seule un court-métrage, Lelouch nous montre quel directeur d’acteurs et quel conteur d’histoire il est.  Les « seconds » rôles ne sont pas en reste : Isabelle de Hertogh, Rufus, Agnès Soral, Valérie Kaprisky, Jacky Ido, Antoine Duléry…

    Enfin, dernier personnage ici (et non des moindres !): la nature, sublime et sublimée elle aussi, à laquelle ce film est aussi un véritable hymne et qui varie subtilement au gré des saisons.

    johnny9.jpg

    « Chaque nouvelle invention modifie l’écriture cinématographique. Mes gros plans c’est ma dictature, et les plans larges c’est ma démocratie, et pas de plan moyen. » avait-il dit lors du débat succédant à la projection du documentaire « D’un film à l’autre ». Ce nouveau film ne déroge pas à la règle. Une scène de repas est ainsi particulièrement réussie me faisant songer à celles qu’affectionnait Claude Sautet qui lui aussi aimait tant ces scènes mais aussi, comme Lelouch, raconter la vie. Notre vie.

    Ce film comme chaque film de Lelouch comporte quelques scènes d’anthologie. Celle pendant laquelle les deux amis Kaminsky/Johnny et Selman/ Eddy refont « Rio Bravo » est un régal. Mais aussi, à l’opposé, ce brusque basculement du film (que je ne vous révélerai évidemment pas) qui m’a bouleversée.  Il n’y a que lui pour oser. De même qu’il n’y a que lui pour oser appeler les 4 filles d’un personnage Printemps, Eté, Automne et Hiver. Et ce sont cette liberté presque irrévérencieuse, cette audace, qui me ravissent. Dans la vie. Au cinéma. Dans le cinéma de Lelouch qui en est la quintessence. La quintessence des deux.

    Lelouch, dans ce nouveau film coécrit avec Valérie Perrin,  raconte la vie, avec tout ce qu’elle comporte de beauté tragique ou de belle cruauté, de douleurs ineffables aussi, ses paradoxes qui la rendent si fragile et précieuse. En quelques plans, ou même en un plan d’une silhouette, il exprime la douleur indicible de l’absence. Mais c’est aussi et avant tout un film magnifique sur l’amitié et ses mensonges parfois nécessaires, sur le le pardon aussi…sans oublier ces « hasards et coïncidences » qu’affectionne le cinéaste. Ce hasard qui «  a du talent » à l’image de celui qui en a fait un de ses thèmes de prédilection.   Malgré son titre, peut-être son film le plus tendre, aussi.

    Je ne sais pas si le cinéma comme « le bonheur, c’est mieux que la vie » mais en tout cas Claude Lelouch fait partie de ceux dont les films nous la font voir en gros plans majestueux, parfois sans fards, avec une redoutablement sublime vérité, et qui nous la font aimer ardemment.   Et ce nouveau film porté par des acteurs solaires, un montage ingénieux, une musique judicieuse, une photographie émouvante ne déroge par à la règle. Le juste milieu entre légèreté et gravité. Les fragments de vérité et les fragments de mensonges. La vie et le cinéma.

    Sortie en salles 2 Avril 2014

    Et puisque de Deauville il est question, découvrez « Les Orgueilleux » et « Ombres parallèles », mes ebooks qui sont aussi des déclarations d’amour à Deauville.

    lol.jpg

    Retrouvez également cette critique sur mon blog http://inthemoodforcinema.com  et sur http://inthemoodforfilmfestivals.com .

     Retrouvez l’actualité cinématographique, culturelle et touristique sur mes 7 blogs inthemood : Inthemoodlemag.com, Inthemoodforfilmfestivals.com, Inthemoodforcinema.com, Inthemoodforcannes.com, Inthemoodfordeauville.com, Inthemoodforluxe.com, Inthemoodforhotelsdeluxe.com .

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Critique de LINCOLN de Steven Spielberg à 20H55 sur Canal plus

    lincoln.jpg

    Début 2013, deux cinéastes américains de génie, Tarantino et Spielberg, sortaient un film ayant pour toile de fond l’esclavage(sans compter le meilleur film de ce début d'année 2014 "12 years a slave" de Steve Mc Queen). Pour le premier, avec « Django unchained« , c’est  même le sujet qui lui permet de réinventer un genre cinématographique, puisqu’un esclave y devient héros de western. Pour le second, c’est ce qui lui permet, en traitant de l’adoption du 13ème amendement qui fit de l’abolition de l’esclavage un fondement permanent de la loi américaine, de tisser le portrait d’une éminente figure politique, celle du Président Abraham Lincoln. L’esclavage était d’ailleurs déjà au centre d’un de ses films, « Amistad ».  Le premier a situé l’action de son film deux ans avant la guerre de Sécession, le second lors de sa dernière année. Mais, plus que tout cela, ce qui les différencie, c’est un style : singulier, audacieux, qui à la fois utilise et s’affranchit  des règles du western pour Tarantino, avec cette  histoire d’amitié et de vengeance romanesque, de duels et de duos, une nouvelle fois jubilatoire. Plus classique, académique diront (à tort) certains est en revanche le film de Spielberg. Imaginez que quelqu’un leur aurait donné pour sujet : « réalisez un film qui évoquera l’esclavage ». Ils l’illustrent chacun à leur manière. Différente mais passionnante. Spielberg d’ailleurs, comme l’indique le titre de son film, évoque Lincoln plus que l’esclavage car même si l’adoption du 13ème amendement est l’enjeu du film, c’est Abraham Lincoln qui en est le centre. Alors, l’un est peut-être trop bon élève, l’autre un élève irrévérencieux, quoiqu’il en soit, tous deux ont en commun d’avoir signé deux films délicieusement bavards. Deux magistrales visions de l’Histoire et deux brillantes leçons de cinéma.

    lincoln2.jpg

    Spielberg se concentre ainsi sur les quatre derniers passionnants mois du 16ème Président des Etats-Unis : Abraham Lincoln (Daniel Day- Lewis). 1865. La nation est déchirée et divisée par la guerre de Sécession. Lincoln veut à la fois mettre fin au conflit, faire unifier le pays et faire adopter le 13ème amendement qui mettrait fin à l’esclavage. Dans le même temps, il doit faire face à des douleurs et conflits personnels : la perte d’un fils qui a ébranlé son couple et le désir d’un autre, brillant étudiant de Harvard, qui désire partir à la guerre.

    Adapté de « Team of Rivals : The Political Genius of Lincoln » de Doris Kearns Goodwin, le premier trait de génie du film de Spielberg et d’abord de son scenario (signé Tony Kushner, l’auteur, notamment, d’ « Angels in America », une pièce couronnée par le prix Pulitzer) est de ne pas avoir cédé à la facilité du classique biopic qui finalement nous en aurait appris beaucoup moins que ces quatre mois qui révèlent toute la grandeur et l’habileté politiques de Lincoln, sa détermination, mais aussi sa complexité. En conteurs inventifs, plutôt que de narrer son enfance, en une tirade, Kushner/Spielberg évoquent l’enfance de Lincoln et le rapport, là aussi complexe, à son père permettant ainsi, en ne traitant que de ces quatre mois, de cerner la personnalité de cet homme politique tant aimé des Américains et qui a tant influé sur leur Histoire.

    Les premiers plans, marquants (et à dessein puisque, ensuite, l’intrigue se concentrera dans les lieux de pouvoir) nous immergent dans les combats sanglants, impitoyables, de la guerre de Sécession. Spielberg avait déjà retranscrit avec brio toute l’horreur ineffable de la guerre dans « La Liste de Schindler » et « Il faut  sauver le soldat Ryan ». Ces quelques secondes nous les rappellent alors que dans « Cheval de guerre », cette violence était essentiellement hors-champ, notamment dans une scène d’une redoutable ingéniosité, celle où deux frères sont fusillés par les Allemands, deux enfants encore, fauchés en pleine innocence, une scène dissimulée par l’aile d’un moulin qui la rendait d’autant plus effroyable.

    Ces quelques secondes de ces hommes qui s’affrontent cors-à-corps suffisent là aussi à nous faire comprendre l’âpre violence de cette guerre et dénotent avec le reste du film, essentiellement centré sur les dialogues, ce qui déconcertera peut-être les inconditionnels du cinéaste qui en attendaient plus de spectaculaire ici savamment distillé.

    lincoln10.jpg

    Après cette première scène, Lincoln apparaît, de dos, assis, écouté, admiré. En quelques minutes d’exposition, tout est dit : le conflit, l’admiration, l’esclavage, la complexité de la situation. Spielberg est évidemment le roi de scènes d’exposition. Rappelez-vous celle de « La Liste de Schindler » (que l’on peut d’ailleurs mettre en parallèle avec celle-ci) : Schindler s’habillant méthodiquement, soigneusement, choisissant cravate, boutons de manchette, et épinglant sa croix gammée. Le tout avec la dextérité d’un magicien. Nous n’avons pas encore vu son visage. De dos, nous le voyons entrer dans une boite de nuit où se trouvent des officiers nazis et des femmes festoyant allègrement. Il est filmé en légère contre-plongée, puis derrière les barreaux d’une fenêtre, puis souriant à des femmes, puis observant des officiers nazis avec un regard mi-carnassier, mi-amusé, ou peut-être condescendant. Assis seul à sa table, il semble juger, jauger, dominer la situation. Sa main tend un billet avec une désinvolte arrogance. Son ordre est immédiatement exécuté. Son regard est incisif et nous ignorons s’il approuve ou condamne. Il n’hésite pas à inviter les officiers nazis à sa table, mais visiblement dans le seul but de charmer la femme à la table de l’un d’entre eux. Cette longue scène d’introduction sur la musique terriblement joyeuse (« Por una cabeza » de Gardel), et d’autant plus horrible et indécente mise en parallèle avec les images suivantes montrant et exacerbant même l’horreur qui se joue à l’extérieur, révèle tout le génie de conteur de Spielberg. En une scène, il révélait là aussi tous les paradoxes du personnage, toute l’horreur de la situation. L’ambigüité du personnage est posée, sa frivolité aussi, son tour de passe-passe annoncé.

    Cela pour dire que si les films de Spielberg sont en apparence très différents, ils se répondent tous dans leurs thématiques et constructions, comme  les thèmes de loyauté, espoir, courage, ténacité étaient à l’honneur dans « Cheval de guerre » et le sont à nouveau ici, aussi différents puissent paraître ces deux films dans leurs formes.

    lincoln11.jpg

    Certains reprocheront à Spielberg une absence d’émotion contrairement à ce à quoi il nous avait habitués. C’est au contraire le grand atout de ce film et  c’est justement là encore tout le talent de Spielberg que d’avoir su insérer quelques scènes d’émotion au milieu de ce passionnant parcours politique, de ce film exigeant, de ces joutes verbales. En quelques plans, il nous fait éprouver la détresse et les dilemmes d’un père. Les scènes intimes, rares, n’en sont que plus bouleversantes, souvent filmées dans la pénombre, révélant les zones d’ombre de cet homme éclairé.  Le talent de (ra)conteur de Spielberg culmine lors de la scène de l’adoption du 13ème amendement pour laquelle il cède un moment au lyrisme et à l’emphase, et à quelques facilités scénaristiques qui contrastent avec la rigueur de l’ensemble mais témoignent de sa capacité à intéresser et émouvoir en quelques secondes. Il serait d’ailleurs intéressant de mettre en parallèle le montage de cette scène avec celle de la scène de la constitution de la liste dans « La Liste de Schindler », ces scènes étant toutes deux l’apogée de ces films autour desquelles ils sont articulés.

    A ces quelques exceptions près, Spielberg a préféré ici raconter l’Histoire plutôt qu’une histoire, même s’il reste un conteur admirable sachant captiver l’attention, et rendant ainsi encore hommage à Lincoln, lui-même conteur malicieux. Quand, aujourd’hui, on tend à tout simplifier et à utiliser des recettes souvent racoleuses pour captiver le spectateur, c’est un défi louable que de réaliser une œuvre aussi dense, foisonnante. D’ailleurs quel meilleur moyen pour évoquer la complexité de la démocratie, ses contradictions ? Indigne hommage que cela aurait alors été que de tout simplifier. Au contraire, par un récit complexe (mais d’ailleurs clair), Spielberg illustre la complexité de la politique, et lui redonne ses lettres de noblesse quand elle est ce qu’elle devrait uniquement représenter : un changement, un espoir, tout en n’éludant pas les compromis et même les compromissions nécessaires lorsque « La fin justifie les moyens », citation plus machiavélienne que machiavélique…

    lincoln3.jpg

    Au-delà de tout, ce qui restera sans doute de ce film, c’est l’incroyable présence de Daniel Day-Lewis qui EST Lincoln, politicien de génie, mari et père confronté à la douleur, homme mélancolique, conteur malicieux, brillant stratège et surtout profondément humain et charismatique. Il fait totalement oublier l’acteur pour donner vie à l’ancien président américain. Dans un rôle  aux antipodes de celui qu’il incarnait dans « There will be blood », tout en excès (mais tout aussi magistral), ici tout en nuances, il prouve une nouvelle fois la fascinante étendue de son talent. Spielberg, plutôt que de faire des mouvements de caméra démonstratifs, a mis sa caméra au service de son jeu, se rapprochant au fur et à mesure qu’il captive son auditoire, dans le film, et la salle de cinéma. A côté de lui, une distribution exceptionnelle campe plus d’une centaine de personnages, là encore identifiables et caractérisés en quelques mots, quelques plans. Un véritable défi. Parmi eux, retenons Sally Field impeccable dans le rôle de l’autoritaire et torturée Mrs Lincoln ou encore Tommy Lee Jones qui incarne les contradictions et les compromis nécessaires à l’adoption d’une loi historique qui aura guidé sa vie. Joseph Gordon-Lewitt qui interprète un des fils de Lincoln a lui les honneurs d’un des plus beaux plans du film, d’une tristesse et d’une beauté déchirantes, lorsqu’il découvre un charnier et décide de s’engager. David Strathairn, trop rare encore, est également remarquable en William Seward.

    lincoln7.jpg

    Le film est servi par un souci perfectionniste du détail, des décors aux costumes, en passant par une photographie réaliste d’une élégante sobriété. Ainsi, en un instant, lorsque Lincoln est filmé s’éloignant de dos dans un couloir vide tel un comédien quittant la scène ou dans ce plan de sa silhouette et de celle de son fils dans l’aveuglante lueur d’une fenêtre lorsqu’il apprend l’adoption de l’amendement, Spielberg nous éblouit sans pour autant chercher à en mettre plein la vue.  La musique de John Williams alterne entre lyrisme et discrétion et achève ce tableau historique d’une passionnante sobriété.

    Un film captivant et exigeant sur un homme et une situation historiques et complexes. Un hommage à Lincoln mais, au-delà, à la politique et ce qu’elle implique d’exigence à laquelle la forme judicieuse du film rend si bien justice. Un film d’une sobriété  salutaire qui ne cède que quelques instants et brillamment à l’émotion mais jamais à l’esbroufe. Un film dense aux 2H29 nécessaires. Un travail d’orfèvre servi par une prestation en or, celle d’un Daniel Day-Lewis au sommet de son art, accompagné par une distribution remarquablement choisie et dirigée. Un très grand film dont le classicisme n’est pas un défaut mais au contraire le témoignage de l’humilité et de l’intelligence d’un grand cinéaste devant un grand homme à qui il rend un admirable hommage, de la plus belle manière qui soit, en ne le mythifiant pas mais en le montrant dans toute son humaine complexité.

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : A VOIR A LA TELEVISION : CRITIQUES DE FILMS Pin it! 0 commentaire
  • Critique de DIPLOMATIE de Volker Schlöndorff avec André Dussolier et Niels Arestrup

    diplomatie.jpg

    Diplomatie. Un mot que fait aujourd’hui encore résonner et déraisonner l’actualité quand l’Histoire semble interminablement et tristement se répéter, sans savoir tirer les leçons du passé. C’est une des nombreuses raisons pour lesquelles ce film est aussi passionnant. Bien qu’ancrée dans une temporalité précise, une nuit précise même, nous pouvons imaginer une joute verbale similaire, par exemple entre deux chefs d’Etat contemporains, dans laquelle le manque de diplomatie de l’un ou de l’autre pourrait faire basculer tout ou partie du monde dans le chaos.

    Nuit du 24 au 25 août 1944. Alors que Leclerc approche de Paris avec la 2ème DB, le Général Von Choltitz (Niels Arestrup), Gouverneur du Grand Paris, se prépare, sur ordre d'Hitler, à faire exploser Paris. Des explosifs sont placés sous les monuments centraux et emblématiques de la capitale : Notre-Dame, Louvre, Opéra… et sous les ponts de Paris (à une seule exception près, le Pont-Neuf) pour ainsi détourner la Seine, provoquer une crue, et noyer des milliers -voire des millions- de Parisiens. Issu d'une longue lignée de militaires prussiens, le général a toujours obéi aux ordres. Le consul suédois Nordling (André Dussolier)  va alors devoir utiliser ses propres armes, celles de la diplomatie, pour convaincre le général de ne pas exécuter l'ordre de destruction donné par Hitler, jaloux de cette capitale occupée mais resplendissante tandis que Berlin n’est plus qu’une ville en ruines.

    « Diplomatie » est l'adaptation de la pièce éponyme signée Cyril Gély. André Dussollier et Niels Arestrup étaient déjà les deux interprètes de la pièce de théâtre qu’ils ont jouée plus de 200 fois.  C’est aussi le vingt-huitième film de Volker Schlöndorff, lauréat de la palme d’or en 1979 pour « Le Tambour ». « Diplomatie » s’inspire de faits réels puisque des rencontres entre Raoul Nordling et le Général von Choltitz ont vraiment eu lieu, néanmoins nous ignorons encore la teneur réelle de leurs échanges et si Nordling a joué un rôle dans la décision de von Choltitz. Deux personnages déjà immortalisés par René Clément dans « Paris brûle-t-il ? »  en 1966.

    A quelques exceptions près, rares sont les films à m’avoir enthousiasmée cette année, et en tout cas à m’avoir enthousiasmée à ce point. Les films pseudo-générationnels (principalement des comédies) se multiplient avec pour scénario un pitch d’une ligne, certes diaboliquement accrocheur, et des dialogues qui rivalisent de vulgarité pour faire dans l’air du temps. Heureusement, il existe encore des festivals qui proposent des films plus exigeants comme le Festival du Film Asiatique de Deauville dont je vous ai récemment parlé ici ou des cinéastes qui ne cherchent pas à tout prix à satisfaire les goûts prétendus du plus grand nombre.

    La radio qui rappelle la triste actualité et la musique de Beethoven. Des images d'archives de Varsovie bombardée et des images de Paris encore intacte. La fébrilité à l’hôtel Meurice et l’atmosphère grave et feutrée de la chambre du Général qui y loge. Tout est dit dans ces contrastes et ces alternances par lesquels débute « Diplomatie ». Entre la destruction et la beauté intacte. Entre la sérénité, plutôt la gravité, et le chaos. Entre l’agitation à l’extérieur et le calme apparent à l’intérieur.   C’est pourtant là, dans l’atmosphère ouatée de la chambre de l’hôtel Meurice du Général, que va se jouer une autre bataille, celle des mots, de l’intelligence, de la rouerie, de la raison (face à la folie : on rappelle ici que Choltitz a joué un rôle dans l’extermination des Juifs). Deux hommes face à face.  Deux visions de l’obéissance et du monde.

    Bien que nous connaissions le dénouement, le suspense est constant, haletant pendant cette nuit de discussions qui fera basculer l’Histoire de Paris. Une partie d’échecs à l’enjeu capital. Jamais la pression ne se relâche. Notre souffle est suspendu aux mots, aux silences de l’un et de l’autre. Rien n’échappe à la caméra de Schlöndorff qui enferme, enserre, encercle ses deux protagonistes prisonniers de cette nuit décisive. Les questions sont passionnantes, le discours n’est jamais pompeux mais jamais simpliste non plus.

    La photographie, magnifique, alterne entre ombre et lumière (visage de Dussolier dans l’ombre quand tout semble perdu puis dans le soleil levant quand l’avenir s’éclaire, face à la beauté vertigineuse de Paris) et la mise en scène, intense et sobre, par de judicieux champs / contre-champs, ne perd pas un instant de ce face-à-face palpitant.

    Il fallait Dussolier et Arestrup, deux acteurs au sommet de leur art pour incarner les protagonistes de ce duel captivant. L’un essayant de persuader l’autre que la désobéissance est légitime quand l’ordre est aberrant. L’autre campant sur ses positions de Général n’ayant, selon lui, d’autre rôle et d’autre choix que d’obéir. Le Général Von Choltitz, militaire intransigeant, laisse peu à peu entrevoir quelques failles (en raison du Sippenhaft dont je vous laisse découvrir la teneur si vous ignorez ce dont il s’agit) et Nordling, derrière une apparente désinvolture, laisse peu à peu se développer un plan savamment étudié pour rallier l’ennemi à sa cause et éviter la catastrophe. Il faut voir Dussolier employer toutes les gammes de sa voix et son regard empreints d’une douce force et de gravité sereine et manier les subtilités du langage avec une habileté remarquable. Il me semble difficilement pouvoir échapper à une nomination aux César 2015, sérieux concurrent pour Pierre Niney dans « Yves Saint Laurent » de Jalil Lespert. Il reste pour moi l’un des plus grands acteurs français, encore sous-employés, notamment remarquable dans mon film fétiche : « Un cœur en hiver » de Claude Sautet ou encore dans un des nombreux chefs d’œuvre d’Alain Resnais, « On connaît la chanson ». Quant à Niels Arestrup, son corps tout entier est imprégné de la puissance intransigeante de son personnage, une nouvelle fois magistral après son César du second rôle amplement mérité pour « Quai d’Orsay » de Bertrand Tavernier.

    Alors, bien sûr, dans ce film qui trahit intelligemment la réalité historique, pas de trentenaires en mal de vivre, pas d’effets spéciaux et de monstres métalliques, mais un art du jeu, de la rhétorique et même de la mise en scène (Schlöndorff évite intelligemment l’écueil du théâtre filmé pour mettre en scène ce huis clos) portés à leur paroxysme pour ce film qui est un magnifique hymne à la beauté de Paris et surtout au pouvoir salvateur des mots, et un moment de cinéma d’une rare intensité à côté duquel il serait vraiment dommage de passer. A préférer aux « Monuments men » de George Clooney  (les 2 films furent d'ailleurs projetés dans le cadre de la dernière Berlinale) qui sauvent aussi des œuvres d’Art de la destruction en 1944 mais malheureusement la volonté de rendre hommage à la vérité et au combat historiques de ces « Monuments men » a paralysé le réalisateur, là où la fiction a permis à  Schlöndorff de transcender son art.

  • Critique de GREEN ZONE de Paul Greengrass à 20H45 sur France 2

    green5.jpg

     

    Avec ce septième long-métrage, Paul Greengrass retrouve pour la troisième fois Matt Damon et s'attèle également pour la troisième fois au film « historique » après « Bloody Sunday » et « Vol 93 ».  Mais qu'allait donc donner cette collaboration entre le réalisateur et l'acteur qui, sous la direction de Paul Greengrass, pour la première fois n'incarne plus Jason Bourne mais l'adjudant-chef Roy Miller  dans cette adaptation du livre d'enquête de Rajiv Chandrasekaran?

    Pendant l'occupation américaine de Bagdad en 2003, ce dernier et ses hommes ont ainsi pour mission de trouver des armes de destruction massive censées être stockées dans le désert iraquien mais, d'un site à un autre où il ne trouve jamais rien, Roy Miller commence à s'interroger sur le véritable objectif de leur mission. C'est dans la Green zone (quartier fortifié du gouvernement provisoire irakien, des ministères et des ambassades) que se joue le sort du pays entre les mains de ceux pour qui il est un capital enjeu...

    Le premier grand atout de cette nouvelle collaboration Damon/Greengrass (et disons-le tout de suite,  de cette vraie réussite) c'est d'expliquer intelligemment et avec simplicité  tous les ressorts d'une situation aussi explosive que complexe. Ainsi,  chaque personnage incarne un point de vue sur la situation irakienne : le militaire américain qui remet en cause la position du Pentagone, l'Irakien (blessé lors de la guerre Iran/Irak et victime de ce conflit qui à la fois le concerne directement et l'ignore) qui souhaite avant tout que son pays aille de l'avant et le débarrasser des anciens acolytes de Saddam Hussein (les fameuses cartes comme si cette désolante et tragique mascarade n'était qu'un jeu), les militaires qui obéissent aveuglement au mépris des vies sacrifiées et au prétexte de l'objectif fallacieux dicté par la Maison Blanche (et pour couvrir cet objectif fallacieux), les journalistes manipulés et par voie de conséquence manipulateurs de l'opinion, le nouveau gouvernement incompétent choisi par l'administration américaine... et au milieu de tout ça, une population qui subit les conséquences désastreuses qui, aujourd'hui encore, n'a pas trouvé d'heureux dénouement.

     Le film de guerre se transforme alors en explication géopolitique imagée mais n'allez pas croire qu'il s'agit là d'un film soporifique comme son sujet aurait pu laisser le craindre. Caméra à l'épaule, réalisation nerveuse, saccadée, contribuant à renforcer le sentiment d'urgence, immersion dès le premier plan qui nous plonge en plein chaos... Paul Greengrass, avec son style documentaire et réaliste (il a même fait tourner de nombreux vétérans de la guerre en Irak), n'a pas son pareil pour créer une tension qui nous emporte dans le début et ne nous quitte plus jusqu'à la fin.  Côté réalisation le film lorgne donc du côté  des Jason Bourne surtout que Roy Miller, tout comme Jason Bourne est aussi en quête de vérité, pas celle qui le concerne mais qui implique l'Etat dont il est censé défendre les valeurs. Matt Damon avec son physique d'une force déterminée et rassurante  confirme une nouvelle fois la pertinence de ses choix.

    En signant le premier film à aborder frontalement le thème de l'absence des armes de destruction massive, Paul Greengrass n'épargne personne, ni l'administration Bush ( un dernier plan sur des installations pétrolières est particulièrement significatif quant aux vraies et accablantes raisons du conflit) ni certains militaires ni les médias ne sont épargnés.  Enfin des images sur une piètre vérité pour un film aussi explosif que la situation qu'il relate.

    Entre thriller et film de guerre, un film prenant en forme de brûlot politique qui n'oublie jamais, ni de nous distraire, ni de vulgariser une situation complexe, ni son objectif de mettre en lumière la sombre vérité. Courageux et nécessaire.

    Lien permanent Imprimer Catégories : A VOIR A LA TELEVISION : CRITIQUES DE FILMS Pin it! 0 commentaire