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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 185

  • Critique de J.EDGAR de Clint Eastwood à 20H40 sur la RTS UN

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    Clint Eastwood fait partie de ces réalisateurs dont j’essaie de ne manquer aucun film (il faut dire que, depuis 2005, il est particulièrement prolifique), en particulier depuis « Sur la route de Madison »,  sans aucun doute un des plus beaux films d’amour de l’histoire du cinéma (auquel je suis beaucoup plus sensible qu’à « Million dollar baby », trop larmoyant à mon goût). En 2010, avec « Au-delà » il avait déçu beaucoup de spectateurs (une déception que je ne partageais pas) alors que, pourtant,  ce film était aussi, à l’image de « Sur la route de Madison », un hymne à ces instants fugaces et intenses qui modifient le cours du destin, mais aussi le message d’un homme hanté par la mort comme en témoignait aussi déjà « Gran Torino ».

     «Au-delà » n’est certes certainement pas le film trépidant que certains attendaient mais au contraire un film à hauteur d’hommes qui tisse peu à peu sa toile d’émotions en même temps que les destins de ses personnages et qui laisse une trace d’autant plus profonde et aboutit à un final d’autant plus bouleversant que le cheminement pour l’atteindre a été subtil et délicat et que tout le justifiait. Une réflexion sur la mort mais surtout un hymne à la vie (au-delà de la douleur, au-delà de la perte), à l’espoir retrouvé (qui n’est pas dans l’au-delà mais dans le dépassement de son appréhension et donc bel et bien là), à la beauté troublante et surprenante du destin.

    D’une certaine manière, dans « J.Edgar », Clint Eastwood réunit les thématiques des trois films évoqués ci-dessus : Gran Torino (la hantise de la mort et de la trace laissée après celle-ci), «  Sur la route de Madison » (une histoire d’amour condamnée à l’ombre) et « Au-delà » (les rouages du destin).

    « J.Edgar » (Leonardo DiCaprio), c’est Hoover, cet homme complexe qui fut directeur du FBI de 1924 à sa mort, en 1972, soit pendant 48 ans. 48 années pendant lesquelles il a vu se succéder pas moins de 8 présidents. L’action du film débute ainsi dans les années 70. Pour préserver son héritage. Hoover dicte alors ses mémoires et se replonge dans ses souvenirs qui le ramènent en 1919. Il n’avait alors que 20 ans, était déjà ambitieux, orgueilleux et autoritaire et on ne le nommait pas encore J.Edgar.

    Dès les premiers plans, trois éléments qui ne se démentiront pas tout au long du film, sautent aux yeux du spectateur (aux miens, du moins) : la beauté sombre de la photographie de Tom Stern (fidèle chef opérateur de Clint Eastwood), l’art avec lequel Clint Eastwood s’empare du scénario de Dustin Lance Black pour entremêler passer et présent, et pour nous raconter brillamment une histoire et enfin le jeu stupéfiant et remarquable de Leonardo Di Caprio qui, bien au-delà du maquillage, devient Hoover. Au moins trois éléments qui font de ce film un bonheur cinématographique…même s’il n’est pas exempt de défauts comme certaines longueurs ou certaines scènes trop appuyées et mélodramatiques.

    Derrière ce que certains nommeront peut-être classicisme,  Clint Eastwood démontre une nouvelle fois son habileté à tisser la toile du récit pour dresser le portrait complexe d’un homme dont la vie était basée sur le secret (ceux qu’il dissimulait et ceux des autres qu’il utilisait notamment ceux qu’il détenait sur les hommes du pouvoir qu’il manipulait  sans scrupules, ce qui explique ici sa longévité à la tête du FBI) qui aspirait à être dans la lumière mais dont l’existence était une zone d’ombre, deux contrastes que la photographie de Tom Stern reflète magnifiquement. En un plan de Hoover sur son balcon, regardant les cortèges d’investiture de Roosevelt puis de Nixon, à plusieurs années de distance, il  nous montre un homme dans l’ombre qui semble n’aspirer qu’au feu des projecteurs mais qui, aussi, de son piédestal, semble néanmoins être le démiurge de la scène qui se déroule en contrebas. Tout un symbole. Celui de ses contradictions.

    Si les agents du FBI aimaient se présenter comme les « gentils », la personnalité de Hoover était beaucoup plus complexe que l’image qu’il souhaitait donner de l’organisation qu’il dirigeait et de lui-même : avide de notoriété, recherchant l’admiration et l’amour de sa mère, dissimulant son homosexualité, manipulant les politiques. Pour lui « l’information, c’est le pouvoir ».

    Cette personnalité complexe (et ce qui conduisit Hoover à devenir J.Edgar) nous est expliquée à travers ses relations avec trois personnes : sa mère, Annie Hoover ( Judi Dench) qui lui voyait un destin et voulait qu’il compense les échecs de son père et dont il recherchera toujours l’admiration, sa secrétaire Helen Gandy (Naomi Watts) qui lui restera toujours fidèle depuis ses débuts et même après sa mort, et son directeur adjoint Clyde Tolson (Armie Hammer) avec qui il entretint vraisemblablement une liaison.

    Si l’histoire de Hoover nous permet de traverser l’Histoire  des Etats-Unis, la seconde est bien en arrière-plan et c’est bien à la première que s’attache Eastwood, de son rôle dans l’instigation des méthodes modernes d’expertises médico-légales mais aussi à ses tentatives (vaines) pour faire tomber Martin Lurther King, son combat obstiné et même obsessionnel contre le communisme et évidemment la création du FBI et l’enlèvement du fils de Lindbergh, deux évènements qui témoignent de l’ambition de Hoover et de ses méthodes parfois contestables pour la satisfaire.

    Le film de Clint Eastwood épouse finalement les contradictions de son personnage principal, sa complexité, et a l’intelligence de ne pas faire de Hoover un héros, prétexte à un film à la gloire des Etats-Unis mais au contraire un personnage qui en symbolise l’ombre et la lumière et surtout ce désir d’être dans la lumière (manipulation des médias mais aussi propagande avec des albums de bd consacrés au FBI et des vignettes ornant les paquets de corn-flakes) comme le revers de la médaille d’un American dream dont l’image se voudrait lisse et irréprochable.

    La réussite du film doit évidemment beaucoup à celui qui incarne Hoover et qui tourne pour la première fois pour Eastwood : Di Caprio dont le maquillage n’est pour rien dans l’étonnante nouvelle métamorphose qui le fait devenir Hoover, avec sa complexité, son autorité, son orgueil, ses doutes qui passent dans son regard l’espace d’un instant, lorsque ses mots trahissent subitement son trouble et le font alors redevenir l’enfant en quête de l’amour de sa mère qu’il n’a finalement jamais cessé d’être derrière ce masque d’intransigeance et d’orgueil (très belle scène avec Noami Watts dans la bibliothèque du Congrès ou dans la suite avec Clyde, scènes au cours desquelles il passe d’une expression ou une émotion à une autre, avec une rapidité fascinante). Une nouvelle composition magistrale. Déjà dans « Shutter island », il était  habité par son rôle qui, en un regard, nous plongeait dans un abîme où alternaient et se mêlaient même parfois, angoisse, doutes, suspicion, folie, désarroi (interprétation tellement différente de celle des "Noces rebelles" mais tout aussi magistrale qui témoigne de la diversité de son jeu). Il n’avait pourtant obtenu l’Oscar du meilleur acteur pour aucun de ces deux films, il ne l’a d’ailleurs jamais obtenu. Est-ce possible que celui qui est sans doute le plus grand acteur actuel passe une nouvelle fois à côté ? J’avoue que mon cœur balance sachant que Jean Dujardin sera sans doute nommé face à lui pour « The Artist ». Vous pourrez aussi le retrouver bientôt dans une nouvelle adaptation du chef d’œuvre de Fitzgerald « Gatsby le magnifique » même si je vous recommande surtout la version de Jack Clayton.

    En nous racontant avec une maîtrise incontestable des codes du récit l’histoire d’un homme soucieux du secret, de la trace qu’il laissera, de sa et ses mémoire(s) (et de sa subjectivité), de ses zones d’ombre, Clint Eastwood, par-delà la personnalité complexe et passionnante de Hoover traite d’un sujet particulièrement personnel (un homme qui se penche sur son passé, pétri de contradictions entre le culte du secret et l’envie d’être dans la lumière ) et universel et actuel (la manipulation des médias, le désir avide de notoriété). La marque d’un grand cinéaste. Et enfin, il permet à celui qui est le meilleur acteur actuel d’explorer une nouvelle facette de son immense talent et de trouver là un nouveau rôle, complexe et passionnant, à sa démesure et qui le mènera peut-être, enfin, à l’Oscar tant mérité.

    Retrouvez également cet article sur mon blog "In the mood - Le Magazine": http://inthemoodlemag.com/2012/01/06/cinema-critique-de-j...

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  • Critique de CARNAGE de Roman Polanski à 20H45 sur Cine + club

    L’an passé avec « The Ghost Writer », Roman Polanski réalisait un des trois meilleurs films de l’année, une forme de huis-clos sur une île inhospitalière à l’abandon balayée par le vent et la monotonie, un film dans lequel l’inquiétude et le sentiment d’inconfort  nous saisissaient immédiatement avec pour cadre une demeure élégante mais déshumanisée dont l’ouverture sur l’extérieure donnait des plans d’une redoutable beauté glaciale aux frontières de l’absurde, sorte de monde désertique devant lequel, tel un démiurge, apparaissait un ancien premier ministre qui jadis dirigeait tout un peuple. Un film dans lequel tout est à la fois familier et étrange, envoûtant et angoissant. A priori, le nouveau film de Roman Polanski, en compétition du dernier Festival de Venise, est très différent ne serait-ce que parce que celui de l’an passé restera davantage dans l’histoire du cinéma pourtant…l’enfermement et l’angoisse chers au cinéaste sont bel et bien très présents dans ce nouveau film, véritable huis-clos (deux plans exceptés) adapté de la célèbre et « multiprimée » pièce de Yasmina Reza « Le Dieu du carnage » dont Polanski est ici à son tour le Dieu et le démiurge du carnage.

    New York. Dans un jardin public, deux enfants de 11 ans se bagarrent et l’un d’eux, le fils de Nancy (Kate Winslet) et Alan Cowan (Christoph Waltz) blesse l’autre au visage, le fils de Penelope (Jodie Foster) et Michael Longstreet (John C.Reilly). Tout se passe apparemment très cordialement pour rédiger la déclaration destinée aux assurances si ce n’est que le père du « coupable » demande à ce que le terme « armé » d’un bâton soit remplacé par celui de « muni », le tout dans l’appartement de Penelope et Michael. 

    Nancy et Alan sont tirés à quatre épingles. Nancy est « armée » de son collier de perles, d’une coiffure dont pas une mèche ne dépasse et d’un sourire impeccable même si légèrement condescendant. Penelope et Michael semblent particulièrement affables, compréhensifs, cordiaux. Les premiers auraient dû partir et les seconds en rester là … sauf que… une phrase, un mot, finalement la différence entre armé et muni, la frontière entre victime et coupable, va constamment les retenir… Le vernis va voler en éclats, la pose princière de Nancy se transformer en attitude vulgaire, le débonnaire Michael va se transformer en être médiocre et cynique, l’avocat Alan sarcastique et grossier qui se prend pour John Wayne (et se tient comme s’il était dans un saloon, s’appropriant les lieux) être constamment accroché à son portable plus important que quoi que ce soit d’autre avant de s’écrouler et l’altruiste Penelope qui écrit sur le Darfour se révéler plus attachée aux objets qu’aux hommes et être enfermée dans ses principes. Chacun va vomir (au figuré et même au propre) toute sa médiocrité, sa haine, révéler son vrai et méprisable visage, sa monstruosité derrière son apparence civilisée. Cela me rappelle le « Tous coupables » du « Cercle rouge »  sauf que, dans le film de Melville, le constat était fait avec une sorte de mélancolie désabusée et qu’ici chacun semble en retirer une forme de jouissance malsaine (d’ailleurs Nancy et Alan pourraient partir à tout moment mais semblent finalement trouver un certain plaisir à régler leurs comptes en public et à dévoiler leur odieux visage).

    Polanski ne s’est pas contenté de filmer une pièce de théâtre, au contraire même, tout le génie de Polanski se révèle une nouvelle fois ici. Par un cadrage, parfois étouffant, par une manière de placer sa caméra dans l’espace et de diviser cet espace au gré des clans qui se forment, par des gros plans ou des plongées ou contre-plongées qui révèlent toute la laideur de ses personnages, le cinéaste est très présent et ne se contente pas de poser sa caméra. D’ailleurs, j’ai ressenti un vrai malaise physique en parallèle de celui qui s’empare des personnages. Les deux plans hors de l’appartement (le premier et le dernier) sont  également très significatifs, sans parler de la musique, ironique. Le décor est également très révélateur. Tout y est impeccable, carré. Seules les tulipes jaunes achetées pour l’occasion, le livre sur Bacon ou Kokoschka, ou encore sur Mao, laissent entendre une laideur ou un caractère dictatorial sous-jacents … sans parler de la salle de bain, l’invisible, beaucoup moins « rangée » qui laisse entendre que ce qui est caché est beaucoup moins impeccable que ce qui est montré.

    Le décor new-yorkais aurait pu être celui d’un film de Woody Allen…sauf que les personnages sont tout sauf des personnages de Woody Allen, car si ce dernier souvent n’épargne pas non plus ses personnages, il a finalement toujours beaucoup d’empathie et de tendresse pour leurs failles et leurs faiblesses…tandis qu’ici tout n’est qu’amertume et cynisme, chacun n’agissant que sous un seul diktat : celui de l’égoïsme censé régir la vie de chacun.

    Les comédiens sont impeccables, la réalisation également brillante mais ces personnages détestables qui ne possèdent plus la plus petite lueur d’humanité sont « à vomir ». Ce film est un peu l’anti « Intouchables »… (et pourtant j’ai de nombreuses réserves sur ce dernier qui vient d’ailleurs de dépasser les 12 millions d’entrées). L’un et l’autre révèle deux visages contradictoires et finalement complémentaires de notre société : une société cynique qui se revendique comme telle mais qui, au fond, a surtout besoin d’espoir quitte à ce que cet espoir  prenne un visage qui relève plus du conte et du fantasme que de la réalité, un visage presque enfantin…

    Je vous conseillerais donc plutôt de revoir « Répulsion », « Chinatown », « Tess » , « Le Pianiste » et « The Ghost Writer » même si les comédiens sont ici impeccables semblant prendre beaucoup de plaisir à ce jeu de massacres. Précisons enfin que l’appartement dans lequel se déroule l’action a été construit en studio à Bry-sur-Marne, en région parisienne mais donne l’illusion que cela se déroule à New York, un travail remarquable qui est l’œuvre chef-décorateur Dean Tavoularis cher à Coppola.

    Un carnage brillant et étouffant d’asphyxiante médiocrité mais trop (d’ailleurs totalement) dénué d’humanité sentencieusement décrétée comme uniquement dirigée  par l’égoïsme et trop sinistrement cynique pour me plaire…ce qui ne remet nullement en cause le talent de Polanski, éclatant encore une fois, malgré l’unité de lieu et le caractère répulsif des personnages. 

    Retrouvez également cette critique sur mon nouveau blog http://inthemoodlemag.com .

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  • Interview cinéma & enfance pour aider les Toiles Enchantées

     

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    Je vous parle ici très souvent et depuis de nombreuses années de la très belle association Les Toiles Enchantées qui amène le cinéma aux enfants hospitalisés. C'est donc sans hésiter que j'ai répondu à l'invitation de  PriceMinister - Rakuten qui s’associe aux Toiles Enchantées pour être partenaire de l'opération qui permettra d' offrir des séances de cinéma aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés. Je sais à quel point dans ces terribles situations s'évader, ne serait-ce qu'en pensées et virtuellement, est essentiel, voire vital...et que le cinéma est alors, plus que jamais, une évasion salutaire.

    Un article sur ce site se transforme ainsi en un don de 15€ de PriceMinister - Rakuten aux Toiles Enchantées pour les soutenir dans leur merveilleuse démarche d’offrir gratuitement aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés les films à l'affiche sur grand écran, comme au cinéma !

    Je vous invite vous aussi à soutenir cette très belle association en faisant un don. Si vous êtes blogueur/euse vous pouvez aussi participer à l'opération en répondant à l'interview ci-dessous "cinéma et enfance", et en la publiant sur votre blog, qui se transformera en don pour l'association.

    Vous aussi participez à la chaîne de solidarité en participant à #1Blog1Séance http://bit.ly/1d7Og1o ou en faisant directement un don si vous n’avez pas de blog.

     

    Interview cinéma & enfance

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    En publiant cette mini-interview sur mon blog, PriceMinister - Rakuten s’engage à faire un don de 15€ aux Toiles Enchantées qui offre gratuitement aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés les films à l'affiche sur grand écran, comme au cinéma !

    -          Quel est votre premier souvenir du cinéma ?

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    -Je dois avouer (honteusement) ne pas me souvenir du premier film que j'ai vu AU cinéma. En tout cas, je ne pense pas qu'il s'agissait d'un film d'animation, un genre pour lequel, même petite, je n'ai jamais eu d'affection particulière tout comme je n'en ai jamais eu pour la BD commençant très très tôt à lire des romans (et faisant même semblant de lire des BD à l'école pour ne pas trop passer pour une "extraterrestre":)).  Ce dont je me souviens en revanche, ce sont mes premiers souvenirs DE cinéma, les films vus à la maison avec mon père qui m'a fait découvrir très jeune tous les classiques, une tradition qui a perduré de nombreuses années, les veilles des jours où je n'avais pas école. Comme j'habitais dans une ville où l'offre cinématographique était assez réduite, cela compensait largement. J'ai ainsi revu un nombre incalculable de fois "Autant en emporte le vent", mais aussi des films de Marcel Carné, notamment "Les Enfants du Paradis", des films de Chaplin, des westerns (Beaucoup! Le manichéisme souvent caractéristique du genre les rend universels et compréhensibles très jeune), des films de cape et d'épée, des péplums comme "Ben Hur" ou de grandes épopées comme les films de David Lean à l'exemple de "Docteur Jivago", et de très nombreux films policiers, autant de films qui ont forgé ma cinéphilie...et sans doute ma désaffection pour l'animation à l'exception de films au contenu vraiment "adulte" comme ceux d'Ari Folman, mais qui n'existaient pas à l'époque.

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     -          Quel est selon vous le meilleur film pour enfants de tous les temps ?

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    - Mon cœur balance entre les films de Jacques Demy, de Tim Burton, de Franck Capra et Spielberg, pas forcément des films "enfantins" mais qui ont à la fois une capacité à émouvoir, fasciner, faire rire parfois, et qui peuvent avoir divers degrés de lecture selon l'âge auquel on les regarde comme "Le Petit prince" de Saint-Exupéry en littérature. Ce ne sont donc pas forcément des films "pour enfants" mais qui pourront ravir autant les enfants que les adultes. Je dirais peut-être un Chaplin même s'il serait plus évident de citer un Spielberg ou "E.T." tant le cinéaste a fait de l'enfance son thème phare et tant il est impossible de rester insensible face au film précité. Les films de Chaplin sont compréhensibles par les enfants du monde entier, et sans être moralisateurs, défendent de belles "valeurs". S'il fallait en choisir un alors peut-être son premier long-métrage "Le kid" parce qu'il met en scène un enfant et contient déjà toute la richesse et la beauté du cinéma de Chaplin (qui était d'ailleurs déjà connu bien avant), même si, à titre personnel, je lui préfère "Les lumières de la ville" (ah la scène de la fin!) ou "Les feux de la rampe".

    -          Une machine à voyager dans les films vient d’être inventée. Vous avez la possibilité de vivre les aventures d’un de vos héros cinématographiques d’enfance, dites nous qui ?

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    Je n'ai jamais été fascinée par les héros, plutôt par les personnages ordinaires auxquels il arrive des histoires extraordinaires comme dans les films d'Hitchcock. Parmi les films que je n'ai pas cités dans ceux de mon enfance, il y a aussi ceux d'Hitchcock, pas "Psychose" ou "Les Oiseaux" découverts plus tard mais des films comme  "Les Enchaînés" ou "La Main au collet" pour être Grace Kelly face à Cary Grant. Ou encore Meryl Streep dans  "Out of Africa", un personnage que j'aimais beaucoup, celui de Karen Blixen, femme spirituelle, romanesque et romancière. Ou encore  Angelica/Claudia Cardinale dans "Le Guépard" de Visconti pour vivre la magnifique et mélancolique scène du bal aux côtés de Lancaster et Delon, une scène qui me faisait tant rêver petite et que, évidemment, j'ai perçu bien différemment en revoyant le film plus tard, cette scène étant en réalité profondément mélancolique, cette scène du fastueux bal qui occupe un tiers du film marquant certes par sa magnificence et sa somptuosité mais aussi par la déliquescence d'un monde qui s'amorce. Ou peut-être Belmondo ou Delon dans une de leurs multiples aventures policières ...

     

    Les Toiles Enchantées en quelques mots

    Depuis 1997, l’association sillonne les routes pour offrir gracieusement aux enfants et adolescents hospitalisés ou handicapés des séances de cinéma dans leur établissement, en projetant les films dont tout le monde parle au moment même leur sortie en salle, voire parfois en avant-première !

    Grâce à cette immersion dans des films de tout genre soigneusement sélectionnés, Les Toiles Enchantées permettent aux jeunes malades ou handicapés de briser leur quotidien, de s’évader, d’accéder à la culture et au divertissement des jeunes de leur âge, et de « se sentir comme tous le monde ».

    Les séances de cinéma aident aussi à lutter contre l’isolement et le découragement en créant des rencontres et des connivences entre les enfants au travers des projections.

    Le “vrai” cinéma à l’hôpital, c’est un pied-de-nez à la maladie, une fenêtre ouverte sur la vie, en numérique.

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  • César 2014 : nominations complètes et compte rendu de conférence de presse

     

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    Photos ci-dessus copyright inthemoodforcinema.com

    Avant-hier matin, comme chaque année, au Fouquet's, avait lieu la conférence de presse au cours de laquelle sont annoncées les nominations aux César. Comme chaque année, vous avez pu en suivre mon live tweet en direct du Fouquet's sur mon compte twitter @moodforcinema. En voici le récapitulatif et mon avis sur ces nominations dont je peux vous dire d'emblée qu'elles reflètent le bel éclectisme du cinéma français.

    La cérémonie aura lieu le 28 février en direct du théâtre du Châtelet. Elle sera présidée par l'acteur François Cluzet (qui comptabilise pas moins de 10 nominations) et c'est l'actrice Cécile de France qui présentera la cérémonie.

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    Avec un total de 10 nominations "Les Garçons et Guillaume, à table!", le premier film de Guillaume Gallienne en tant que réalisateur figure en tête des nominations, nommé à la fois comme meilleur premier film et comme meilleur film. Voilà qui est mérité pour le film d'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs (qui le prima d'ailleurs) qui avait tant ému les festivaliers, de même que les festivaliers deauvillais, lors de sa projection au Festival du Cinéma Américain de Deauville suite à l'obtention du prix Michel d'Ornano décerné à son scénario. Un film qui est avant tout une déclaration d’amour fou  à sa mère (quel personnage qu'il interprète d'ailleurs aussi !) et aux femmes dont il aime et scrute jusqu’à la respiration, mais aussi aux mots, avec lesquels il jongle admirablement, et au théâtre, qui libère, et même au cinéma avec les codes duquel il s’amuse ici. Même s’il lorgne parfois du côté d’Almodovar, Woody Allen ou de Wilder (avec une réplique finale comme un écho à son « nobody’s perfect »), ce film peut difficilement être plus personnel tout en étant universel et il faut sans aucun doute une tonne de talent et de sensibilité pour transformer son mal être en film burlesque, en ce rafraichissant plaidoyer pour la différence (qui n’est jamais militant), en film aussi atypique, inclassable que celui qui en est l’auteur et l’acteur. Un grand auteur et un très grand acteur. Et une comédie tendre et caustique qui mérite indéniablement ces nombreuses nominations.

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                           Photo ci-dessus, © Inthemoodforcinema.com  – Conférence de presse du Festival de Cannes 2013

    Viennent ensuite  « La Vie d'Adèle, chapitres 1 & 2 » et « L'Inconnu du lac » avec huit nominations  puis « La Vénus à la fourrure » de Roman Polanski avec sept nominations. Voilà qui est aussi mérité pour ce film d’une réjouissante insolence qui est aussi un ping-pong sémantique jubilatoire, et un double-jeu habile, ludique et cruel, qui repose sur  la frontière trouble et troublante entre fiction et réalité grâce au talent d’un réalisateur plus manipulateur et donc plus cynique que jamais.

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     Ensuite, six nominations pour « 9 mois ferme » de Dupontel et cinq pour « Le Passé » d'Asghar Farhadi qui mériterait (notamment) le César du meilleur scénario pour son extrême sensibilité et sa  précision rare et parce qu’il donne au spectateur un vrai rôle  et parce qu'il reflète si bien l’absurdité et la complexité de l’existence. C’est là toute la force du « Passé », d’une justesse fascinante et rare, dont le dernier plan nous laisse astucieusement interrogatifs, et émus, enfin.

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    Photos ci-dessus copyright inthemoodforcinema.com

    Avec sa Palme d’or, le film de Kechiche part favori (de même que ses actrices) déjà lauréat pour  « L’Esquive » en 2004 et « La Graine et le Mulet » en 2008. « Amour » d'Haneke l’an passé avait déjà réussi ) obtenir les deux récompenses suprêmes, palme d’or/César. Adèle Exarchopoulos est nommé comme meilleur espoir, le règlement ne permettant plus d’être nommé meilleur espoir et meilleure actrice depuis que Tahar Rahim avait obtenu les deux récompenses pour "Un Prophète". Sachant néanmoins que ce sont les techniciens du cinéma (notamment ) qui votent, soutiendront-ils un film dont le réalisateur avait été accusé (à juste titre ou à tort) par leurs collègues de les malmener quelque peu? Un film qui n'en reste pas moins singulier, coup de cœur, coup de poing au cœur, un film qui de toutes façons, comme tout grand film, ne peut pas laisser indifférent. Comment, en effet, pourrait-on rester indifférent devant un film qui respire autant le souffle de la vie avec tout ce qu’elle comprend de beauté et cruauté, déchirantes ? Qui pourrait rester indifférent devant un film qui décrit si bien l’embrasement, sublime, d’un amour puis son extinction, terrifiante ?

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    Parmi les oubliés, « Elle s’en va » d'Emmanuelle Bercot, un magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout.  C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va »  montre que , à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour.  « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie . Un bonheur ! Et un bonheur rare.

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    Egalement oublié de ces nominations, « After » de Géraldine Maillet,  une danse sensuelle et mélancolique, un tango doux et troublant, une parenthèse enchantée qui possède la magie ineffable des rencontres improbables et furtives, éphémères et indélébiles, et malgré ou à cause de tout cela d’une évidence insensée.

    Egalement oublié: « Grand Central » de Rebecca Zlotowski   avec une seule nomination (pour Olivier Gourmet comme meilleur second rôle), un film qui, à la fois nous emporte par la beauté de ses personnages, leur rudesse tendre, la radieuse force des sentiments (amitié, amour) qui les unit … et qui nous glace d’effroi en nous montrant les conditions de travail de ceux qui risquent chaque jour leur vie dans l’une des 19 centrales nucléaires françaises. 

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    A également été oublié « Le temps de l’aventure » de Jérôme Bonnell, un film sur une passion éphémère (ou peut-être pas…) porté par une actrice étincelante et qui nous prouve que le bonheur peut parfois être un présent, un film qui laisse un goût d’éternité et nous donne envie d’arrêter le temps ou en tout cas de croire que le temps parfois peut s’arrêter, même quand, ou a fortiori quand, la réalité est douloureuse et implacable. « Le temps de l’aventure » est un hymne subtile et délicat au présent, au jeu aussi, à la vie qui peut en être un aussi. Un film d’une mélancolie solaire, une belle réflexion sur le bonheur et la vérité, avec un air truffaldien (plane d’ailleurs l’ombre d’un certain Antoine) qui m’a emportée et m’a accompagnée longtemps après le générique de fin avec le goût persistant de cette parenthèse enchantée, de tristesse et d’espoir mêlés. Finalement une sorte de mise en abyme ou de métaphore du cinéma, et de sa magie : l’espace de quelques minutes, nous faire croire au vol du temps suspendu. Et au spectateur de décider s’il veut y croire, si cela modifiera le cours de l’existence (la sienne et celle des personnages) ou non… Une absence de nominations inexplicable.

    Seulement 2 nominations donc pour le film qui reste pour moi le meilleur de l'année 2013 "Elle s'en va" d'Emmanuelle Bercot, des nominations pour ses deux formidables interprètes néanmoins: Catherine Deneuve (extraordinaire) comme meilleure actrice et Nemo Schiffman (comme meilleur espoir masculin). L'absence de nomination pour le scénario reste pour moi un mystère.

    Pour le César de la meilleure actrice, Catherine Deneuve (dont ce sera la 12ème nomination!) le mériterait une nouvelle fois pour  « Elle s’en va »  qui est d’abord un magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout. Elle  se retrouvera face à d'autres grandes intérprètes : Fanny Ardant, Emmanuelle Seigner (formidable dans "La Vénus à la fourrure"). En effet, pour sa quatrième collaboration avec Emmanuelle Seigner, après  « Frantic »,  « Lunes de Fiel », « La Neuvième porte », le metteur en scène Polanski offre un rôle en or à l’actrice Seigner comme Thomas avec Vanda dans la pièce sauf que l’actrice Seigner se laisse ici diriger, manipuler.  Emmanuelle Seigner est sidérante aussi bien dans le rôle de la Vanda actrice d’une désinvolture, d’une stupidité apparente et d’une exubérance savoureuses sans parler de ses tics de langage (elle ponctue toutes ses phrases par « genre ») que dans le personnage de Vanda de la pièce, au langage beaucoup plus distingué,  passant de l’une à l’autre avec une dextérité déconcertante, pour finalement interpréter un troisième personnage, grâce à une inversion des rôles qui vient brillamment clôturer le film, le mythe gagnant et l’emportant sur la réalité. A l’inverse de « Tess »  tout en douceur et retenue,  enfermée  dans les conventions, ainsi  Vanda les défie et les inverse.

     Léa Seydoux n'en reste pas moins favorite pour ce César de la meilleure actrice. Elle vient d'obtenir le prix Lumières de la meilleure actrice, des prix qui préfigurent souvent les César.

    Le César du meilleur acteur confronte aussi de grands acteurs. Nous y retrouvons notamment le partenaire d'Emmanuelle Seigner dans "La Vénus à la fourrure", Mathieu Amalric qui est ici un double de Polanski (la ressemblance est troublante et évidemment pas innocente) un peu velléitaire, se laissant bientôt dominer, devenant totalement désinhibée, et objet dans les mains de sa créature devenue créateur. Est également nommé Fabrice Luchini dans "Alceste à bicylette", Michel Bouquet (épatant Renoir dans le film éponyme qui a déjà obtenu deux fois le César notamment pour sa formidable interprétation de Mitterrand dans "Le Promeneur du champ de Mars"), un film qui est un hymne à la nature, à la beauté et la force de l’art qui manque certes parfois de la vitalité et de la flamboyance d’Andrée (en particulier dans le traitement de son histoire d’amour avec Jean) et de celles des peintures du maître, mais la musique du prolifique Alexandre Desplat et surtout les interprétations de Michel Bouquet et Vincent Rottiers en font un film agréable et instructif, même émouvant dans une très belle scène d’adieux qui les réunit, les enlace même.

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     Et bien sûr, nommé comme meilleur acteur Guillaume Gallienne: LA révélation de cette année 2013. Il interprète ainsi le rôle de sa mère, aimante (trop ou mal peut-être), sachant rester élégante tout en étant vulgaire, masquant sa tendresse derrière un air revêche et des paroles (fra)cassantes, mais parce qu’il joue aussi son propre rôle… à tous les âges ! Avec un talent tel qu’on oublie d’ailleurs rapidement et totalement qu’il n’a pas l’âge du personnage. La magie du cinéma. Et le talent d’un grand acteur, à tel point qu’il en devient follement séduisant malgré son allure parfois improbable

    Son partenaire dans "Yves Saint Laurent", Pierre Niney, n'est en revanche pas nommé pour la comédie "20 ans d'écart", une comédie pleine de clichés qu'il éclaire néanmoins, une prestation pour laquelle il aurait mérité d'être nommé. Sans nul doute, il sera nommé pour les César 2015 pour "Yves Saint Laurent" de Jalil Lespert dont je prends déjà le pari qu'il l'obtiendra.

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    Pour le César de la meilleure actrice dans un second rôle, nous retrouvons François Fabian pour "Les Garçons et Guillaume, à table!" notamment face à Marisa Borini dans le très beau et mésestimé "Un château en Italie" de Valeria Bruni Tedeschi qui est un film riche de son humour noir, de sa fantaisie salutaire qui permet d’affronter cette histoire de deuils ( de l’enfance, du passé, des personnes aimées, de certains rêves et espoirs), comme un exutoire aux nôtres. Un film vibrant, vivant, lucide, cruel, drôle, tendre, plein de charme, parsemé d’instants de grâce. Un film tourbillonnant qui ne rentre pas dans les codes, singulier, qui mêle le burlesque, la tragédie et l’amour de la vie. Un film où l’amour et le rire dansent constamment avec la mort et les larmes. La lucidité et la cruauté finalement comme un masque pudique sur la douleur. Un film plein de vie qui s’achève en mêlant la beauté légère et joyeuse d’un nouvel élan et la cruauté douloureuse et déchirante d’un déracinement. Un film qui fait du bien, et que je vous recommande.

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    Egalement nommée pour le meilleur second rôle féminin, Julie Gayet dans "Quai d'Orsay" qui à mon sens aurait davantage mérité de l'être pour "After" de Géraldine Maillet dans lequel elle était lumineuse à souhait. La nommer comme meilleure actrice ( pour cet autre film aurait évité les suspicions tant on peut se demander pourquoi elle est nommée pour un film dans lequel elle n'apparaît que très peu, et si cette nomination n'est pas un cadeau empoisonné des votants. Même si j'apprécie cette actrice (qui est aussi une courageuse productrice), en l'espèce Marisa Borini (ironie du sort, mère de Carla Bruni) mériterait sans aucun doute davantage ce César.

    Pour le prix de la meilleure adaptation, le choix s'annonce cornélien entre "Les Garçons et Guillaume, à table!", "La Vie d'Adèle" et "Quai d'Orsay".

    "Blue Jasmine", "Django unchained", "La Grande Bellezza", "Gravity", "Dead man talking", "Blancanieves", "Alabama Monroe" s'affronteront pour le César du meilleur film étranger. Il me serait bien difficile de choisir entre les trois premiers.

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    Deux hommages cette année: le premier  à Patrice Chéreau, disparu l’an passé, et l’autre à Henri Langlois, le fondateur de la Cinémathèque française.

    La conférence de presse a aussi été l’occasion de découvrir l’affiche des César représentant  Isabelle Adjani, dans « La Reine Margot » pour lequel elle a obtenu le César de la meilleure actrice 1995 (elle l'a également obtenu pour "Possession", "L'été meurtrier", "La journée de la jupe", "Camille Claudel"). 

    Petit rappel: pour être nommés, les films en compétition doivent être sortis entre le 1er janvier et le 31 décembre 2013. Le 2ème tour commencera le 10 février et prendra fin à 16h, le 28 février, jour de la cérémonie. 

    Petit rappel (bis): Mon recueil de nouvelles "Ombres parallèles" qui se déroule dans le cadre du cinéma comprend une nouvelle qui se déroule dans le cadre de cette cérémonie des César (intitulée "Sans lendemain, sans importance") que je connais désormais bien pour y avoir assisté plusieurs fois. Pour acquérir le recueil, c'est notamment ici: http://www.storenumeriklire.com/fiction-litterature/113-ombres-paralleles-de-sandra-meziere.html

    La cérémonie des César sera retransmise en direct et en exclusivité sur Canal plus à 21H le vendredi 28 février. Dès maintenant, retrouvez de nombreuses informations sur les César sur http://www.canalplus.fr  avec notamment des interviews des talents et des bandes-annonces des films nommés. Et n'oubliez pas le hashtag #Cesar2014 . Comme chaque année, j'aurai le plaisir de vous la faire suivre et vivre en direct de la salle presse où se succèdent les lauréats (ci-dessous, petit extrait de mes photos et vidéos de l'an passé).

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    Critiques des films nommés:

    "Les Garçons et Guillaume, à table!" de Guillaume Gallienne

    "La Vénus à la fourrure" de Roman Polanski

    "Le Passé" d'Asghar Farhadi

    "Elle s'en va d'Emmanuelle Bercot

    "Grand Central" de Rebecca Zlotowski

    "Renoir" de Gilles Bourdos

    "Un château en Italie" de Valeria Bruni Tedeschi

    "Blue Jasmine" de Woody Allen

    "Django unchained" de Quentin Tarantino

    "Gravity" d'Alfonso Cuaron

    Mes articles sur les éditions précédentes :

    CESAR (2005 à 2009)

     César 2014: les nominations complètes

    Meilleure Actrice

    Fanny Ardant
      Les beaux jours
    Bérénice Bejo
      Le Passé
    Catherine Deneuve
      Elle s'en va
    Sara Forestier
      Suzanne
    Sandrine Kiberlain
      9 mois ferme
    Emmanuelle Seigner
      La Vénus à la fourrure
    Léa Seydoux
      La vie d'Adèle Chapitres 1 & 2

    Meilleur Acteur

    Mathieu Amalric
      La Vénus à la fourrure
    Michel Bouquet
      Renoir
    Albert Dupontel
      9 mois ferme
    Grégory Gadebois
      Mon âme par toi guérie
    Gallienne Guillaume
      Les Garçons et Guillaume, à table !
    Fabrice Luchini
      Alceste à bicyclette
    Mikkelsen Mads
      Michael Kohlhaas

    Meilleure Actrice dans un Second Rôle

    Borini Marisa
      Un Château en Italie
    Françoise Fabian
      Les Garçons et Guillaume, à table !
    Gayet Julie
      Quai d'Orsay
    Adèle Haenel
      Suzanne
    Géraldine Pailhas
      Jeune & Jolie

    Meilleur Acteur dans un Second Rôle

    Niels Arestrup
      Quai d'Orsay
    Patrick Chesnais
      Les beaux jours
    D'Assumçao Patrick
      L'inconnu du lac
    François Damiens
      Suzanne
    Olivier Gourmet
      Grand Central

    Meilleur Espoir Féminin

    de Laâge Lou
      Jappeloup
    Pauline Etienne
      La Religieuse
    Exarchopoulos Adèle
      La vie d'Adèle Chapitres 1 & 2
    Farahani Golshifteh
      Syngué sabour - Pierre de patience
    Vacth Marine
      Jeune & Jolie

    Meilleur Espoir Masculin

    Bartel Paul
      Les Petits Princes
    Deladonchamps Pierre
      L'inconnu du lac
    Hamy Paul
      Suzanne
    Vincent Macaigne
      La fille du 14 juillet
    Schiffman Nemo
      Elle s'en va

    Meilleur Scénario Original

    Albert Dupontel
      9 mois ferme
    le Guay Philippe
      Alceste à bicyclette
    Alain Guiraudie
      L'inconnu du lac
    Asghar Farhadi
      Le Passé
    Quillévéré Katell
    Désert Mariette
      Suzanne

    Meilleure Adaptation

    Gallienne Guillaume
      Les Garçons et Guillaume, à table !
    Arnaud Desplechin
    Peyr Julie
    Jones Kent
      JIMMY P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines)
    Baudry Antonin
    Bertrand Tavernier
    Blain Christophe
      Quai d'Orsay
    Roman Polanski
    Ives David
      La Vénus à la fourrure
    Abdellatif Kechiche
    Ghalya Lacroix
      La vie d'Adèle Chapitres 1 & 2

    Meilleure Musique Originale

    Arriagada Jorge
      Alceste à bicyclette
    Dury Loïk
    Minck Christophe "Disco"
      Casse-tête chinois
    Charry Etienne
      L'Écume des jours
    Wheeler Martin
      Michael Kohlhaas
    Alexandre Desplat
      La Vénus à la fourrure

    Meilleur Son

    Marc-Antoine Beldent
    Loïc Prian
    Olivier Dô Hùu
      Les Garçons et Guillaume, à table !
    Grivel Philippe
    Vidal Nathalie
      L'inconnu du lac
    Jean-Pierre Duret
    Mallet Jean
    Petitjean Mélissa
      Michael Kohlhaas
    Balibar Lucien
    Nadine Muse
    Cyril Holtz
      La Vénus à la fourrure
    Chenevoy Jérôme
    Pochet Fabien
    Jean-Paul Hurier
      La vie d'Adèle Chapitres 1 & 2

    Meilleure Photo

    Hardmeier Thomas
      L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet
    Mathon Claire
      L'inconnu du lac
    Jeanne Lapoirie
      Michael Kohlhaas
    Ping Bing Lee Mark
      Renoir
    El Fani Sofian
      La vie d'Adèle Chapitres 1 & 2

    Meilleur Montage

    Pinel Christophe
      9 mois ferme
    Deseine Valérie
      Les Garçons et Guillaume, à table !
    Hym Jean-Christophe
      L'inconnu du lac
    Juliette Welfling
      Le Passé
    Camille Toubkis
    Lastera Albertine
    Lengellé Jean-Marie
      La vie d'Adèle Chapitres 1 & 2

    Meilleurs Costumes

    Fontaine Florence
      L'Écume des jours
    Madeline Fontaine
      L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet
    Olivier Bériot
      Les Garçons et Guillaume, à table !
    Diener Anina
      Michael Kohlhaas
    Pascaline Chavanne
      Renoir

    Meilleurs Décors

    Rozenbaum Stéphane
      L'Écume des jours
    Aline Bonetto
      L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet
    Sylvie Olivé
      Les Garçons et Guillaume, à table !
    Arlaud Yan
      Michael Kohlhaas
    Barouh Benoît
      Renoir

    Meilleur Réalisateur

    Albert Dupontel
      9 mois ferme
    Gallienne Guillaume
      Les Garçons et Guillaume, à table !
    Alain Guiraudie
      L'inconnu du lac
    Arnaud Desplechin
      JIMMY P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines)
    Asghar Farhadi
      Le Passé
    Roman Polanski
      La Vénus à la fourrure
    Abdellatif Kechiche
      La vie d'Adèle Chapitres 1 & 2

    Meilleur Film de Court Métrage

    Avant que de tout perdre
      réalisé par Legrand Xavier
    produit par Alexandre Gavras
    Bambi
      réalisé par Sébastien Lifshitz
    produit par Mirabello Carole
    La fugue
      produit par de Blignières Valentine
    réalisé par Marlin Jean-Bernard
    Les Lézards
      réalisé par Mariette Vincent
    produit par Ovise Amaury
    Marseille la nuit
      réalisé par Monge Marie
    produit par Haguenauer Sébastien

    Meilleur Film d'Animation

    Aya de Yopougon
      produit par Antoine Delesvaux, Joann Sfar, Oubrerie Clément
    réalisé par Abouet Marguerite, Oubrerie Clément
    Lettres de femmes
      produit par Hus Gilbert, Malka Charles, Camilli Luc, Deluze Dominique
    réalisé par Zanovello Augusto
    Loulou l'incroyable secret
      réalisé par Omond Eric
    produit par Valérie Schermann, Christophe Jankovic
    Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill
      réalisé par Boréal Marc, Chatel Thibaut
    produit par Galliot Guillaume, Chatel Thibaut
    Mademoiselle Kiki et les Montparnos
      réalisé par Harrault Amélie
    produit par Serge Elissalde, Catherin Olivier

    Meilleur Film Documentaire

    Comment j'ai détesté les maths
      réalisé par Peyon Olivier
    produit par Petit Laurence, Carole Scotta, Bruno Nahon
    Le dernier des injustes
      produit par David Frenkel, Labadie Jean
    réalisé par Claude Lanzmann
    Il était une forêt
      réalisé par Luc Jacquet
    produit par Darondeau Yves, Lioud Christophe, Priou Emmanuel
    La maison de la radio
      réalisé par Nicolas Philibert
    produit par Serge Lalou
    Sur le chemin de l'école
      réalisé par Plisson Pascal
    produit par Fougea Barthélémy

    Meilleur Premier Film

    La Bataille de Solférino
      produit par Chaumet Emmanuel
    réalisé par Triet Justine
    La Cage Dorée
      réalisé par Alves Ruben
    produit par Hugo Gélin, Laetitia Galitzine, Danièle Delorme
    En solitaire
      produit par Dumas Sidonie, Cottin Jean, Taïeb Laurent
    réalisé par Christophe Offenstein
    La fille du 14 juillet
      réalisé par Peretjatko Antonin
    produit par Chaumet Emmanuel
    Les Garçons et Guillaume, à table !
      produit par Edouard Weil, Colbeau-Justin Cyril, Dupont Jean-Baptiste
    réalisé par Gallienne Guillaume

    Meilleur Film Étranger

    Alabama Monroe
      distribution France BODEGA FILMS
    réalisé par Van Groeningen Félix
    Blancanieves
      coproduction France NOODLES PRODUCTION (Jérôme Vidal)
    réalisé par Berger Pablo
    Blue Jasmine
      distribution France MARS DISTRIBUTION
    réalisé par Woody Allen
    Dead Man Talking
      réalisé par Ridremont Patrick
        coproduction France SUPERPROD (Jérémie Fajner, Clément Calvet)
    Django Unchained
      distribution France SONY PICTURES RELEASING FRANCE
    réalisé par Quentin Tarantino
    La Grande Bellezza
      réalisé par Sorrentino Paolo
    coproduction France BABE FILMS (Fabio Conversi)
    Gravity
      distribution France WARNER BROS
    réalisé par Cuarón Alfonso

    Meilleur Film

    9 mois ferme
      réalisé par Albert Dupontel
    produit par Bozorgan Catherine
    Les Garçons et Guillaume, à table !
      produit par Edouard Weil, Colbeau-Justin Cyril, Dupont Jean-Baptiste
    réalisé par Gallienne Guillaume
    L'inconnu du lac
      réalisé par Alain Guiraudie
    produit par Pialat Sylvie
    JIMMY P. (Psychothérapie d'un Indien des Plaines)
      produit par Pascal Caucheteux, Grégoire Sorlat
    réalisé par Arnaud Desplechin
    Le Passé
      produit par Mallet-Guy Alexandre
    réalisé par Asghar Farhadi
    La Vénus à la fourrure
      réalisé par Roman Polanski
    produit par Robert Benmussa, Alain Sarde
    La vie d'Adèle Chapitres 1 & 2
      produit par Abdellatif Kechiche, Maraval Vincent, Chioua Brahim
    réalisé par Abdellatif Kechiche
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  • César 2014 : nominations et conférence de presse en direct ce 31 janvier 2014

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    Comme chaque année, je vous donne rendez-vous demain en direct de la conférence de presse des César (sans "s", César était un sculpteur et un nom propre...), à 10H, au Fouquet's de Paris. Vous pourrez me suivre sur twitter en attendant de découvrir ici les nominations complètes et commentées comme chaque année.

    Pour l'instant, nous savons seulement que cette 39ème cérémonie aura lieu le 28 février au théâtre du Châtelet, qu'elle sera présidée par François Cluzet, que la comédienne Cécile de France aura la lourde tâche de présenter la cérémonie (succédant à Antoine De Caunes) et que les nommés aux César du meilleur espoir féminin et du meilleur espoir masculin se trouvent parmi les 32 nommés aux révélations suivants:

    Présélectionnés pour le César du meilleur espoir féminin 2014 :

    • Margot Bancilhon dans Les Petits Princes
    • Flore Bonaventura dans Casse-tête chinois
    • Pauline Burlet dans Le Passé
    • Lou de Laâge dans Jappeloup
    • Laetitia Dosch dans La Bataille de Solférino
    • Pauline Etienne dans La Religieuse
    • Adèle Exarchopoulos dans La vie d'Adèle
    • Golshifteh Farahani dans Syngué sabour - Pierre de patience
    • Esther Garrel dans Jeunesse
    • Ariane Labed dans Une place sur la terre
    • Charlotte Le Bon dans La Marche
    • Chloé Lecerf dans Vandal
    • Anamaria Marinca dans Un nuage dans un verre d'eau
    • Pauline Parigot dans Les Lendemains
    • Vimala Pons dans La fille du 14 juillet
    • Marine Vacth dans Jeune & Jolie

    Présélectionnés pour le César du meilleur espoir masculin 2014 :

    • Swann Arlaud dans Crawl
    • Paul Bartel dans Les Petits Princes
    • M'Barek Belkouk dans La Marche
    • Zinedine Benchenine dans Vandal
    • Pierre Deladonchamps dans L'inconnu du lac
    • Alain-Fabien Delon dans Les rencontres d'après minuit
    • Idrissa Diabate dans La Cité Rose
    • Youssef Hajdi dans Mohamed Dubois
    • Paul Hamy dans Suzanne
    • Tewfik Jallab dans La Marche
    • Ibrahim Koma dans La Cité Rose
    • Vincent Macaigne dans La fille du 14 juillet
    • Hamza Meziani dans Les Apaches
    • Driss Ramdi dans Je ne suis pas mort
    • Jules Sagot dans Tu seras un homme
    • Nemo Schiffman dans Elle s'en va

    Il serait plus que surprenant qu'Adèle Exarchopoulos ne figure pas parmi les nommés (elle vient d'obtenir le Prix Lumières de l'espoir féminin, une cérémonie dont les prix préfigurent souvent ceux des César). Pour les autres, c'est plus incertain même si Marine Vacth semblait avoir fait l'unanimité à Cannes. Pour ma part, j'aimerais, en plus d'Adèle Exarchopoulos y voir figurer Lou de Laâge  et Pauline Burlet pour "Le Passé" ou encore Golshifteh Farahani pour le sublime "Syngué sabour - Pierre de patience".

    Nemo Schiffman sera-t-il nommé pour ce qui est pour moi le film de l'année (pour lequel il serait d'ailleurs étonnant et injuste que Catherine Deneuve ne soit pas nommée): "Elle s'en va" d'Emmanuelle Bercot.

    J'aimerais également que "Driss Ramdi" soit nommé, ce qui donnerait peut-être une visibilité au film "Je ne suis pas mort " de Mehdi Ben Attia malheureusement passé inaperçu lors de sa sortie ainsi que Swann Arlaud, comédien exceptionnel encore méconnu, vu dans des courts-métrages mais aussi dans "L'homme qui rit" de Jean-Pierre Améris.

    Il est aussi fort probable que Pierre Niney, après deux nominations en tant que meilleur espoir (pour "J'aime regarder les filles" puis "Comme des frères") sera nommé comme meilleur acteur pour "20 ans d'écart" (comédie dans l'air du temps qui n'évite pas certains clichés mais dans lequel il est exceptionnel) avant une autre nomination l'an prochain pour "Yves Saint Laurent" (et un César 2015 amplement mérité, je prends le pari). Parmi les nommés comme meilleur acteur, il pourrait bien retrouver Guillaume Gallienne, son compagnon dans "Yves Saint Laurent" qui pour moi mériterait indéniablement ce César pour "Les Garçons et Guillaume, à table!" dont il ne serait pas étonnant qu'il figure aussi en tête des nominations.

    Réponses à ces questions vendredi à 10H. J'en profite aussi pour vous signaler que l'une des nouvelles de mon recueil "Ombres parallèles" se déroule dans le cadre de la cérémonie des César à laquelle j'ai le plaisir d'assister depuis de nombreuses années, que ce soit dans la salle ou en salle presse. Il ne serait donc pas étonnant que la réalité en soit la source d'inspiration: http://www.storenumeriklire.com/fiction-litterature/113-ombres-paralleles-de-sandra-meziere.html

    Comme chaque année, vous pourrez me suivre en direct de la cérémonie des César. Retrouvez ci-dessous, mes articles sur les éditions précédentes avec, notamment, des vidéos inédites.

    CESAR (2005 à 2009)

     

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : CESAR 2014, CONFERENCES DE PRESSE Pin it! 0 commentaire
  • Critique de COMME DES FRERES de Hugo Gélin sur Ciné + Emotion à 20H45

    Ce soir, sur Ciné + Emotion, ne manquez pas un de mes grands coups de cœur de l'année 2012 dont ce sera le premier passage télévisé. Vous pourrez notamment y retrouver Pierre Niney, actuellement à l'affiche d ' "Yves Saint Laurent" qui, au passage, connaît un vrai succès au box office. Retrouvez ma critique de "Comme des frères" publiée lors de la sortie du film, ci-dessous.

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    Nombreuses sont les comédies françaises à être sorties depuis le début de l’année  (sans doute le reflet d’une frilosité des producteurs se disant qu’en période de crise, le public est friand de ce genre) et rares sont malheureusement celles à se démarquer et surtout à être autre chose qu’une suite de sketchs (certes parfois très drôles), sans véritable scénario ni mise en scène. Je vous parle d’ailleurs rarement de comédies ici mais je tenais à le faire pour celle-ci pour différentes raisons…

     « Comme des frères », c’est l’histoire de trois hommes de trois générations différentes, Boris (François-Xavier Demaison), Elie (Nicolas Duvauchelle) et Maxime (Pierre Niney) qui, a priori, n’ont rien en commun, rien si ce n’est Charlie (Mélanie Thierry), à qui ils étaient tous liés par un sentiment fort et singulier, et qui vient de mourir. Comme elle le leur avait demandé, ils décident de faire ensemble ce dernier voyage qu’elle aurait voulu faire avec eux, direction la Corse et la maison que Charlie aimait tant. 900kms ensemble avec, pour point commun, l’ombre de la lumineuse Charlie, leur chagrin…un voyage après lequel plus rien ne sera tout à fait pareil.

    Dès le début de ce film se dégage un charme inexplicable (pléonasme, non ?) qui vous accroche et attache aux protagonistes pour ne plus vous lâcher… Les frères Dardenne (dans un genre de film certes radicalement différent) répètent souvent que ce sont les personnages qui comptent avant les idées et, si la plupart des comédies se contentent d’une bonne idée et d’un bon pitch, négligeant leurs personnages, ici, dans l’écriture du scénario, Hérvé Mimran ( coauteur/coréalisateur d’une autre comédie très réussie qui d'ailleurs présentait aussi cette qualité:  « Tout ce qui brille »), Hugo Gélin et Romain Protat, se sont d’abord attelés à construire des personnages forts et particulièrement attachants : le jeune homme lunaire de 20 ans, le trentenaire scénariste noctambule, et l'homme d’affaires, quadragénaire et seul. Trois personnages qui, tous, dissimulent une blessure.

     Le chagrin et la personne qui les réunissent annihilent la différence d’âge même si elle est prétexte à un gag récurrent (et très drôle) sur les goûts parfois surannés du personnage de François-Xavier Demaison qui apporte toute sa bonhomie mélancolique et attendrissante et la justesse de son jeu à cet homme qui n’arrive pas -plus- à aimer depuis Charlie. L’autre bonne idée est en effet le casting : outre François-Xavier Demaison, Nicolas Duvauchelle est également parfait, et surtout Pierre Niney ( pensionnaire de la comédie française depuis 2010), découvert au Festival du Film de Cabourg 2011 (où il a cette année reçu le prix de la révélation masculine) dans le très beau premier long-métrage de Frédéric Louf « J’aime regarder les filles » dans lequel il incarnait un personnage d’une maladroite élégance, à la fois léger et grave, immature et obstiné, autodestructeur et volontaire, audacieux et inconscient. Ici il est lunaire, burlesque même, immature (mais finalement pas tant que ça), attachant, et cache  lui aussi derrière sa maladresse, une blessure. Pas étonnant que les propositions pleuvent après sa nomination aux César 2012 pour cet acteur par ailleurs humble et sympathique, ce qui ne gâche rien…

     Si je vous parle du film de Frédéric Louf, c’est qu’il présente un autre point commun avec le film d’Hugo Gélin : cette vitalité si chère à Truffaut (« Le cinéma c’est la vitalité » disait-il) qui parcourt tout le film. Une vitalité, un sentiment d’urgence, une conscience du dérisoire de l’existence, de sa beauté mélancolique aussi, et de la tendre ironie qu’inspirent souvent les drames de l’existence, qui changent à jamais le regard sur celle-ci, et que ce film parvient magnifiquement à retranscrire.

     Hugo Gélin ne recourt jamais au pathos, l’écueil dans lequel il aurait été si facile de tomber avec un tel sujet, mais montre au contraire qu’une révoltante et cruelle injustice de l’existence, peut donner une autre saveur à celle-ci , le goût de l’essentiel et qu’elle peut avoir la capacité  de (re)créer des liens, ici quasiment fraternels. Plutôt que de nous montrer Charlie malade et agonisante, il nous la montre telle que la voyaient ses trois amis, radieuse, viscéralement vivante et lumineuse, par une série de flashbacks judicieusement amenés qui retracent le lien si particulier que chacun d’entre eux entretenait avec elle mais aussi la manière dont le quatuor devenu trio s’est construit avec, notamment, la très belle scène chaplinesque sur leur première rencontre, intelligemment placée au dénouement.

     Le scénario (qui a le mérité d’être original, de n’être pas l’adaptation d’une BD ou d’un livre, ou la transposition de sketchs d’humoristes désireux de passer derrière et/ou devant la caméra comme c’est très-trop-souvent le cas), sensible, qui nous révèle les liens entre les personnages par petites touches et alterne intelligemment entre rires et larmes, est aussi servi par des dialogues savoureux. Tant pis si certains aspects sont peut-être plus prévisibles comme le prénom donné au bébé de l’un d’entre eux, cela fait aussi partie des codes de ce genre de film.

    De ces trois (quatre)-là, vraiment irrésistibles, émane une belle complicité, une alchimie même, à cause de laquelle ou plutôt grâce à laquelle nous les laissons avec regrets nous frustrant presque de n'en  savoir pas plus… Un quatuor qui m’a parfois rappelé celui de « Père et fils » de Michel Boujenah qui mettait ainsi en scène un père et ses trois fils. Le tout est servi par une belle photographie signée Nicolas Massart ( avec des plans que certains cyniques jugeront sans doute clichés, comme ce plan de soleil, reflet d’un nouveau jour et de l’espoir qui se lèvent), un film d’une gravité légère à la fois tendre et drôle, pudique et espiègle: en tout cas, charmant et qui prouve qu'une comédie peut sonner juste et actuelle sans recourir systématiquement au trash ou au cynisme.

    Ajoutez à ce casting impeccable, ce scénario et ces dialogues réjouissants, cette photographie, la musique ensorcelante du groupe Revolver (quelle bonne idée d'ailleurs! J’en profite pour vous signaler qu’ils seront à l’Olympia le 25 octobre prochain !) et vous obtiendrez ce road movie attachant et riche d'espoirs, cet hymne à l'amitié et la comédie tendrement mélancolique de l’année.

    En salles le 21 novembre 2012

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  • Critique de 12 YEARS A SLAVE de Steve McQueen

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    En 2013, Tarantino  a mis en scène un esclave héros de western dans « Django unchained » qui avait d’ailleurs suscité une polémique dans la presse américaine et déclencher les critiques  notamment de Spike Lee,  celui-ci jugeant le film «irrespectueux» envers ses ancêtres, une polémique stérile car si ce film est d’une certaine manière le plus violent de Tarantino, il l’est parce qu’il est le plus politique, le plus réaliste : terrible violence hors-champ de cet esclave déchiqueté par les chiens, de ce combat entre esclaves. Et une discussion entre Schultz (Christoph Waltz) et Candie (Leonardo DiCaprio) sur Alexandre Dumas achève de nous convaincre, si nous en doutions encore, que ce film est tout sauf irrespectueux mais particulièrement malin. Quelques scènes parmi d’autres… Il y a ensuite eu le éponyme film de Spielberg sur « Lincoln » qui,  en traitant de l’adoption du 13ème amendement qui fit de l’abolition de l’esclavage un fondement permanent de la loi américaine,  tissait brillamment le portrait d’une éminente figure politique, celle du Président Abraham Lincoln. Avec Steve McQueen (bientôt aussi célèbre que son homonyme) dont c’est le troisième film après « Hunger » et  « Shame », et qui traite lui aussi de l’esclavage, on pouvait s’attendre à plus de radicalité. Finalement, son film fait une petite concession à Hollywood mais n’en demeure pas moins le premier film choc de cette année 2014 qui mérite ses 9 nominations aux Oscars 2014.

     Solomon Northup (Chiwetel Ejiofor), jeune homme noir originaire de l’État de New York, est enlevé et vendu comme esclave, quelques années après la guerre de Sécession.  Face à la cruauté d’un propriétaire de plantation de coton, Solomon se bat pour rester en vie et garder sa dignité.  Douze ans plus tard, il va croiser un abolitionniste canadien (Brad Pitt) et cette rencontre va changer sa vie…

    Le film est adapté des Mémoires de Solomon Northup, homme vivant libre dans l’État abolitionniste de New York, à Saratoga, père de deux enfants et violoniste, kidnappé par des Sudistes cupides au début des années 1840 à  33 ans et vendu comme esclave en Louisiane. On lui offre un beau contrat pour une tournée dans un cirque, on l'enivre avant de l’embarquer pour la Louisiane puis le vendre comme une marchandise. Solomon devient Patt. On lui nie son identité mais il n’aura de cesse de la récupérer.

    L’inspiration dramatiquement réelle du film  désamorce d'emblée tout critique sur le manichéisme malgré l’effroyable et inconcevable inhumanité des esclavagistes pour réduire à l’animalité ceux qu’ils considèrent comme « leurs » esclaves et ne révélant finalement ainsi que la leur.  Solomon passera d'un maître doté d’un minimum d’empathie et amateur de musique interprété par Benedict Cumberbatch à Epps interprété par Michael Fassbender, un fou (mais ne fallait-il pas qu’ils le soient tous pour asservir, humilier, nier ainsi leurs semblables, essayant d'ailleurs parfois de justifier leur injustifiable folie en s’appuyant sur les écritures saintes) marié à une femme qui l’était au moins autant. Une prison à ciel ouvert dans laquelle un mince espoir est la seule fenêtre d’évasion.

     Si la radicalité, la frontalité aussi auxquelles McQueen s’était auparavant adonné est ici bien présente dans quelques plans-séquences, voire nécessaire pour ne pas rendre son film « beau » ou maladroitement distrayant, il n’en fait pas moins quelques concessions à Hollywood avec une musique signée  Hans Zimmer (La Ligne rouge, Inception Gladiator, Rain man etc) parfois superflue pour ne pas dire qu’elle est un contre-sens. Une des scènes les plus fortes du film est d’ailleurs celle où Solomon chante a capella avec d’autres esclaves autour de la dépouille d’un des leurs. Son regard et son expression passent alors de la tristesse, la résignation  à la détermination, la rage, la hargne.

    Les plans qui s’étirent en longueur exacerbent intelligemment le caractère effroyable et insupportable de certaines scènes de torture comme celle pendant laquelle Solomon est pendu à une corde parvenant péniblement  à ce que ses pieds touchent le sol pour éviter l'asphyxie. L’horrible tranquillité, la sérénité apparente du décor et surtout des autres esclaves qui vaquent à leurs occupations rendent encore plus horrible ce premier plan d’un homme qui lutte pour survivre dans l’indifférence (probablement masque de la peur) générale.

    Comme souvent chez McQueen le corps est au centre, au propre comme au figuré. Un corps meurtri, brutalisé. Que ce soit dans « Hunger » avec la grève de la faim d’un prisonnier politique de l’IRA  (film de 2008).  Ou l’addiction sexuelle d’un New Yorkais dans « Shame » en 2011. Le corps souffre, ce qui n’empêche pas la dignité et la fierté, comme en témoigne comme une déclaration pacifique de résistance, le début du film où des esclaves immobiles, dans une plantation de canne à sucre, écoutent les ordres de leur contremaître. Parmi eux, Solomon. Un premier plan auquel répond intelligemment le plan de la fin : un corps qui, enfin, ose se reposer, se courber, enlacer et être enlacé. Debout mais asservi puis courbé mais libre. Le début dans un silence presque assourdissant, démontre toute l’habileté du montage (signé Joe Walker) qui est une grande qualité de ce film qui n’en manque pas. Un flashback revient ensuite sur 12 années de survie.

    12 années pendant lesquelles il croisera notamment Patsey, maîtresse et souffre-douleur d'Epps,  incarnée par  Lupita Nyong’o dans un premier rôle indéniablement marquant et une scène qui fait écho à celle de la pendaison, insoutenable. Chiwetel Ejiofor, quant à lui, après avoir reçu de nombreuses récompenses pour ce rôle pour lequel il est nommé aux Oscars (et un Oscar du meilleur acteur qui pourrait bien, une fois de plus, échapper à Leonardo DiCaprio), incarne avec beaucoup de nuance, de force, de rage et douleur contenues  cet homme  qui devra subir et faire subir l’horreur pour sa survie et parfois  celle des autres (terrible scène où il est contraint de fouetter Patsey pour qu’elle "souffre moins" ou du moins reste en vie).

    12 Years A Slave a été co-produit par la société Plan B Entertainment, créée en 2002 par Brad Pitt (qui joue également dans le film), Brad Grey et Jennifer Aniston qui a produit des chefs d’œuvre comme « L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » ou des films indignes de ce nom comme le ridicule et parfois involontairement drôle World War Z.

    Jamais larmoyant, refusant le sentimentalisme, avec de longs plans brillamment effroyables qui tentent de nous faire éprouver l’indicible horreur, McQueen a réalisé une nouvelle variation sur le corps et ses meurtrissures, sur la honte aussi, celle d’appartenir à une humanité qui a pu permettre qu’un homme soit réduit à être « 12 years a slave », et souvent même une vie entière. Ou toute la puissance du cinéma au service de l’Histoire, de la mémoire et de l’avenir. Espérons-le…

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