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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 186

  • Champs-Elysées Film Festival 2014 : affiche, nouveau site et dates

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    Ce sera cette année (déjà) la 3ème édition du Champs-Elysées Film Festival qui aura lieu du 11 au 17 juin 2014 et que vous pourrez bien entendu suivre sur mes sites http://inthemoodforfilmfestivals.com et http://inthemoodforcinema.com,  en direct, comme les deux années précédentes.

    Je vous parlerai de la programmation après la conférence de presse du festival qui aura lieu le 29 Avril 2014.

    En attendant, je vous invite à découvrir la nouvelle affiche très "pop art" avec Marilyn pour égérie, une affiche que, pour ma part, je trouve très réussie.

    Je vous invite également à découvrir le nouveau site internet du festival et à vous inscrire à sa newsletter pour recevoir toutes les informations: www.champselyseesfilmfestival.com .

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    Enfin, vous pouvez vous inscrire à la page Facebook du festival, ici et suivre le festival sur twitter (@CEfilmfestival ), mot-dièse #CEFF2014 .

    Enfin, pour ceux qui douteraient encore de la qualité de la programmation du festival, retrouvez mes articles consacrés à l'édition 2013 : http://www.inthemoodforcinema.com/champs-elysees-film-festival/ et mon bilan complet de l'édition 2014 là: http://inthemoodforfilmfestivals.com/champs-elysees-film-festival-2013-bilan-et-palmares/ .

     

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  • Le FESTIVAL DE CANNES 2014 EN DIRECT

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    Je vous annonce que, comme chaque année, vous pourrez me suivre en direct du Festival de Cannes 2014 auquel je serai pour la 14ème année consécutive, de l'ouverture à la clôture, principalement sur http://inthemoodforfilmfestivals.com et http://inthemoodforcannes.com mais aussi dans la presse papier (après le festival). Je vous en dirai prochainement plus à ce sujet.

    En attendant, pour tout savoir en avant-première sur cette édition 2014, rendez-vous sur les deux sites précités...ou lisez mon recueil de nouvelles "Ombres parallèles" qui comprend 13 nouvelles sur le cinéma et 4 dans l'envers du rutilant décor du Festival de Cannes.

    Vous pourrez également me suivre en direct sur twitter: sur mon compte principal @moodforcinema ou sur mon compte consacré au Festival de Cannes @moodforcannes .

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  • Ouverture du Festival du Film Policier de Beaune 2014 : critique de SALAUD, ON T'AIME de Claude Lelouch

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    Lelouch. Prononcez ce nom et vous verrez immédiatement l’assistance se diviser en deux. D’un côté, les adorateurs du cinéaste qui aiment : ses fragments de vérité, ses histoires d’amour éblouissantes, sa vision romanesque de l’existence, sa sincérité, son amour inconditionnel du cinéma, ses phrases récurrentes, ses aphorismes, une musique et des sentiments grandiloquents, la beauté parfois terrible des hasards et coïncidences. De l’autre, ses détracteurs qui lui reprochent son sentimentalisme et tout ce que les premiers apprécient, et sans doute de vouloir raconter une histoire avant tout, que la forme soit au service du fond et non l’inverse. Avec « Roman de gare », les seconds s’étaient rapprochés des premiers, mais pour cela il aura auparavant fallu que le film soit au préalable signé d’un autre nom que le sien.  Je fais partie de la première catégorie et tant pis si pour cela je dois subir la condescendance des seconds. Le cinéma est pour moi avant tout affaire de passion, de sincérité, d’audace, de liberté et quoiqu’en disent ses détracteurs, le cinéma de Claude Lelouch se caractérise par ces quatre éléments comme le démontre magnifiquement le documentaire « D’un film à l’autre » réalisé à l’occasion des 50 ans des films 13.  Un documentaire qui résume un demi-siècle de cinéma du « Propre de l’homme » à « Ces amours-là ».

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     La plus flamboyante de ses réussites fut bien sûr « Un homme et une femme », palme d’or à Cannes en 1966, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario parmi 42 récompenses … à 29 ans seulement ! L’histoire de la rencontre de deux solitudes blessées qui prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires. A chaque fois que je le revois (et je ne les compte plus !), je suis frappée par son étonnante modernité, notamment dans le montage avec les alternances de noir et blanc et de couleurs qui jouent alors habilement avec les méandres du temps et de la mémoire émotive, entre le présent et le bonheur passé qui ressurgit sans cesse. Je suis aussi toujours frappée par cette photographie aux accents picturaux qui sublime Deauville (et qui n’est certainement pas étrangère à mon coup de foudre pour le lieu en question) filmée avec une lumière nimbée de mélancolie, des paysages qui cristallisent les sentiments de Jean-Louis et d'Anne, fragile et paradoxalement impériale, magistralement (dirigée et) interprétée par Anouk Aimée. Rares sont les films qui procurent cette impression de spontanéité, de vérité presque. Les fameux « instants de vérité » de Lelouch. Et puis le célèbre « Montmartre 1540 » prononcé par la voix inimitable de Jean-Louis Trintignant. Mais, je m’égare…

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    Avec sa dernière fiction, « Ces amours-là », Lelouch signait une fresque nostalgique, une symphonie qui s’achevait sur une note d’espoir, la bande originale de son existence cinématographique (qui évitait l’écueil du narcissisme) en guise de remerciements au cinéma, à la musique, à son public, à ses acteurs. Un film qui mettait en exergue les possibles romanesques de l’existence. Un film jalonné de moments de grâce, celle des acteurs avant tout à qui ce film était une déclaration d’amour émouvante et passionnée.

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     Cette dernière réalisation qu’est « Salaud, on t’aime » se rapproche peut-être davantage de « Itinéraire d’un enfant gâté », du moins en ce qu’elle raconte l’histoire d’un homme à l’automne de sa vie, un autre « enfant gâté » qui est peut-être passé à côté de l’essentiel et qui, contrairement au film précité, ne va pas fuir sa famille, mais au contraire tenter de la réunir.

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     Jacques Kaminsky (Johnny Hallyday) est ainsi un photographe de guerre et père absent, qui s'est plus occupé de son appareil photo (enfin plutôt de son impressionnante collection d’appareils photos) que de ses 4 filles (de 4 mères différentes) nommées Printemps (Irène Jacob), Eté (Pauline Lefèvre), Automne (Sarah Kazemy –révélée par le magnifique « En secret » de Maryam Keshavarz ) et Hiver (Jenna Thiam). Avec l’espoir de les réunir, il décide d’acquérir une maison dans les Alpes dont il tombe amoureux en même temps que de celle qui la lui fait visiter,   Nathalie Béranger (Sandrine Bonnaire). Tout va se compliquer encore un peu plus quand son meilleur ami, Frédéric Selman (Eddy Mitchell) va tenter de le réconcilier avec sa famille en leur racontant un terrible mensonge.

     

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    Avec « Salaud, on t’aime », Claude Lelouch signe son 44ème film. Les réalisations et les années n’ont pourtant pas entamé la jeunesse et la modernité de son cinéma. Ni la curiosité, l’admiration, la fascination avec lesquelles il regarde et révèle les acteurs. Les acteurs et la vie qu’il scrute et sublime. Dès ce premier plan avec le beau visage buriné de Johnny Hallyday et derrière lui les pages d’un livre (écrit par sa fille) qui se consume, j’étais déjà happée. Et les pages de cet autre livre qui se tournent et montrent et rendent hommage au photographe de guerre qu’est Kaminsky, à tous les photographes de guerre et aux horreurs (et quelques bonheurs) de l’Histoire qu’ils ont immortalisées, souvent au péril de leur vie. Deux livres. Deux faces d’un même homme. Peut-être un peu le double de Claude Lelouch qui fut lui-même photographe de guerre à ses débuts.

     Dès les premiers plans du film règne à la fois une atmosphère tranquille et inquiétante à l’image de  celle de cette maison gardée par un  aigle majestueux, sublime, clairvoyant, là comme une douce menace, comme si tout pouvait basculer d’un instant à l’autre dans le drame ou le thriller. Le cinéma de Claude Lelouch ne rentre dans aucune case, situé à la frontière des genres. Ou si: il rentre dans un genre, celui d’un film de Lelouch, tout simplement. Et c’est ce que j’aime par-dessus tout : celle liberté, cet atypisme que j’ai retrouvés dans ce film.  Claude Lelouch est né avec la Nouvelle Vague qui ne l’a jamais reconnu sans doute parce que lui-même  n’avait « pas supporté que les auteurs de la Nouvelle Vague aient massacré Clouzot,   Morgan, Decoin, Gabin », tous ceux qui lui ont fait aimer le cinéma alors qu’il trouvait le cinéma de la Nouvelle Vague « ennuyeux ». Et tous ceux qui M’ont fait aimer le cinéma. 

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     A l’image de ses autres films, sans doute celui-ci agacera-t-il ses détracteurs pour les mêmes raisons que celles pour lesquelles il m’a enchantée. Ses citations sur la vie, la mort, l’amour, l’amitié :

    - « Un ami c’est quelqu’un qui te connait très bien et qui t’aime quand même »,

    -« Qu’est-ce que vous préférez le plus au monde, à part votre appareil photo ? Le juste milieu. L’équilibre. Vous savez comme ces types qui viennent de traverser le Grand Canyon sur un fil. »

    C’est d’ailleurs ce qui pourrait définir le cinéma de Lelouch. Et ce film. La vie aussi. Et ce qui les rend si singuliers, palpitants et attachants. Cette impression d’être sur un fil, sur le fil, au bord du précipice.

    Comme toujours chez Claude Lelouch, la musique est judicieusement choisie entre le sublime jazz d’Ella Fitzgerald et Louis Armstrong, la chanson "Les eaux de mars" de Georges Moustaki, ou encore les "Quatre saisons" de Vivaldi repris par les compositeurs du film, le fidèle Francis Lai et Christian Gaubert.

    Et puis il y a les acteurs. Ces acteurs que la caméra de Lelouch aime, scrute, sublime, magnifie, révèle, caresse presque. D’abord, Johnny Hallyday qui n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour être ce personnage. Son visage et sa prestance racontent déjà une histoire. Il n’a pas besoin d’en faire ou dire beaucoup pour imposer son personnage grâce à sa forte personnalité, un mélange de douceur,  de douleur, de force, de fragilité, de liberté, d’humanité, de rudesse et de tendresse. Et pour l’avoir vu (et revu) sur scène, que ce rôle lui ait été attribué me semble une évidence tant il est et joue sur scène et sait capter et captiver l’attention d’un regard. Leconte dans « L’homme du train » (à mon avis le meilleur film avec Johnny Hallyday) avait déjà compris cet énorme potentiel. Johnny Hallyday avait d’ailleurs déjà tourné sous la direction de Claude Lelouch en 1972 pour « L’Aventure c’est l’Aventure » où il jouait son propre rôle aux côtés de Lino Ventura et Jacques Brel. Ce rôle de Kaminsky semble avoir été écrit pour lui et pourtant il n’était initialement pas pressenti pour jouer le rôle principal de « Salaud, on t'aime ». Le plus sidérant est que Lelouch a dû l’imposer: « Aucune chaîne de télévision ne voulait faire un film avec Johnny et moi, aucune assurance n’a voulu nous suivre, les coproducteurs, les distributeurs, tout le monde s’est montré frileux. » Il y a eu Annie Girardot dans « Les Misérables », Jean-Paul Belmondo dans « Itinéraire d’une enfant gâté »  Tant d’autres… Il y aura désormais Johnny Hallyday dans « Salaud, on t’aime ». De fortes personnalités qui, plus que d’incarner des rôles, les imprègnent et les révèlent. Les réveillent même.

    A ses côtés, il y a Sandrine Bonnaire avec qui il forme un couple évident. Solaire Sandrine Bonnaire avec son sourire lumineux et empathique et dont on comprend qu’il en tombe immédiatement amoureux.

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    Et puis les 4 « saisons » dont la photographie reflète judicieusement les caractères au premier rang desquelles Jenna Thiam (Hiver Kaminsky), révélation du film à qui sont dévolues les plus belles partitions. Le temps d’un dialogue dans une voiture qui pourrait constituer à elle seule un court-métrage, Lelouch nous montre quel directeur d’acteurs et quel conteur d’histoire il est.  Les « seconds » rôles ne sont pas en reste : Isabelle de Hertogh, Rufus, Agnès Soral, Valérie Kaprisky, Jacky Ido, Antoine Duléry…

     Enfin, dernier personnage ici (et non des moindres !): la nature, sublime et sublimée elle aussi, à laquelle ce film est aussi un véritable hymne et qui varie subtilement au gré des saisons.

     

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    « Chaque nouvelle invention modifie l’écriture cinématographique. Mes gros plans c’est ma dictature, et les plans larges c’est ma démocratie, et pas de plan moyen. » avait-il dit lors du débat succédant à la projection du documentaire « D’un film à l’autre ». Ce nouveau film ne déroge pas à la règle. Une scène de repas est ainsi particulièrement réussie me faisant songer à celles qu'affectionnait Claude Sautet qui lui aussi aimait tant ces scènes mais aussi, comme Lelouch, raconter la vie. Notre vie.

     Ce film comme chaque film de Lelouch comporte quelques scènes d’anthologie. Celle pendant laquelle les deux amis Kaminsky/Johnny et Selman/ Eddy refont « Rio Bravo » est un régal. Mais aussi, à l’opposé, ce brusque basculement du film (que je ne vous révélerai évidemment pas) qui m’a bouleversée.  Il n’y a que lui pour oser. De même qu’il n’y a que lui pour oser appeler les 4 filles d’un personnage Printemps, Eté, Automne et Hiver. Et ce sont cette liberté presque irrévérencieuse, cette audace, qui me ravissent. Dans la vie. Au cinéma. Dans le cinéma de Lelouch qui en est la quintessence. La quintessence des deux.

    Lelouch, dans ce nouveau film coécrit avec Valérie Perrin,  raconte la vie, avec tout ce qu’elle comporte de beauté tragique ou de belle cruauté, de douleurs ineffables aussi, ses paradoxes qui la rendent si fragile et précieuse. En quelques plans, ou même en un plan d’une silhouette, il exprime la douleur indicible de l’absence. Mais c’est aussi et avant tout un film magnifique sur l’amitié et ses mensonges parfois nécessaires, sur le le pardon aussi…sans oublier ces « hasards et coïncidences » qu’affectionne le cinéaste. Ce hasard qui «  a du talent » à l’image de celui qui en a fait un de ses thèmes de prédilection.   Malgré son titre, peut-être son film le plus tendre, aussi.

     Je ne sais pas si le cinéma comme "le bonheur, c'est mieux que la vie » mais en tout cas Claude Lelouch fait partie de ceux dont les films nous la font voir en gros plans majestueux, parfois sans fards, avec une redoutablement sublime vérité, et qui nous la font aimer ardemment.   Et ce nouveau film porté par des acteurs solaires, un montage ingénieux, une musique judicieuse, une photographie émouvante ne déroge par à la règle. Le juste milieu entre légèreté et gravité. Les fragments de vérité et les fragments de mensonges. La vie et le cinéma.

    « Salaud, on t’aime » fera l’ouverture du prochain Festival International du Film Policier de Beaune à l’occasion duquel sera rendu un hommage à Johnny Hallyday.

    Sortie en salles 2 Avril 2014

     Et puisque de Deauville il est question, retrouvez le programme complet du Festival du Film Asiatique de Deauville en direct duquel je serai à partir de demain, et « Les Orgueilleux » et « Ombres parallèles », mes ebooks qui sont aussi des déclarations d’amour à Deauville.

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    Retrouvez également cette critique sur mon autre site http://inthemoodforfilmfestivals.com .

     Retrouvez l’actualité cinématographique, culturelle et touristique sur mes 7 blogs inthemood : Inthemoodlemag.com, Inthemoodforfilmfestivals.com, Inthemoodforcinema.com, Inthemoodforcannes.com, Inthemoodfordeauville.com, Inthemoodforluxe.com, Inthemoodforhotelsdeluxe.com .

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  • Critique de L'HOMME QUI RIT de Jean-Pierre Améris à 20H55 ce soir sur Canal plus

    cinéma, film, avant-première, Gérard Depardieu, livre, Victor Hugo, L'homme qui rit, marc-André Grondin, Gwynplaine, Christa Théret, Emmanuelle Seigner

    Comme étais-je passée à côté de ce roman de Victor Hugo ? Mystère… La sortie du film a pour moi été l’occasion de cette magnifique découverte, d’un texte ardu mais passionnant, riche de multiples digressions, d’une langue admirable (évidemment), et surtout d’un personnage monstrueusement séduisant auquel tous ceux qui se sont un jour sentis différents pourront s’identifier : Gwynplaine sur lequel Jean-Pierre Améris a eu la bonne idée de centrer son film.

    Alors que la tempête de neige fait rage, Ursus (Gérard Depardieu), le forain  en apparence revêche mais généreux, recueille deux orphelins dans sa roulotte. Le premier de ces deux orphelins, c’est Gwynplaine, un jeune garçon dont une cicatrice qui ressemble à un rire insolemment triste barre le visage, l’œuvre des Comprachicos (un mot qui est une invention de Victor Hugo provenant de l'espagnol comprar -qui signifie acheter- et chicos -qui signifie enfant- signifiant donc «acheteurs d’enfants»), spécialisés dans le commerce d'enfants, qu'ils achètent ou volent et revendent après les avoir mutilés. L’autre enfant, c’est Déa une petite fille aveugle que ce dernier a trouvée sur son chemin. Quelques années plus tard, ils sillonnent toujours les routes et présentent un spectacle dont Gwynplaine (Marc-André Grondin) alors adulte, est devenu la vedette, accompagné de Déa (Christa Théret), également sur scène. Partout, on souhaite voir « L’homme qui rit » celui qui fait rire et émeut les foules mais un autre théâtre, bien plus redoutable, celui de l’aristocratie, va l’éloigner de ceux qu’il aime et qui l’aiment…

    Hugo a écrit « L’homme qui rit » entre 1866 et 1869 durant son exil politique dans les îles Anglo-Normandes. Adapter les 750 pages de ce roman était un véritable défi tant le roman est foisonnant, allégorique aussi, et tant l’auteur digresse sur la politique, la philosophie et même l’architecture. Jean-Pierre Améris et Guillaume Laurant (notamment scénariste de films de Jean-Pierre Jeunet dont « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ») ont réalisé un incroyable travail d’adaptation et ont eu l’excellente idée de transposer le roman qui se déroule dans l’Angleterre du XVIIème sicèle dans un lieu et une époque imprécis (le film a été tourné en studios à Prague) et surtout d’en faire un conte sombre, et ainsi fascinant. Pour rendre l’histoire plus moderne et accessible, Jean-Pierre Améris a volontairement utilisé des éléments plus contemporains, pour les dialogues mais aussi pour les costumes, comme l'avaient fait Baz Luhrmann pour "Roméo et Juliette" ou Sofia Coppola pour "Marie-Antoinette".

    Dès les premiers plans dans la neige et la tempête, la poésie lugubre et la féérie sombre des images captivent. Du roman baroque d’Hugo Jean-Pierre Améris a fait une fable intemporelle d’une beauté triste mais ensorcelante. C’est un magnifique roman (et film) sur la différence, la dualité, entre blancheur et noirceur, entre beauté et laideur, entre théâtre et réalité, entre aveuglement et clairvoyance, des contrastes que l’esthétique du film souligne magnifiquement et dont elle souligne aussi les paradoxes. « Qu’est-ce que ça veut dire être laid ? Laid c’est faire le mal ! Toi tu me fais du bien », résume si bien l’aveugle et sensible Déa. 

    La vie est à la fois sublimée et plus réelle sur les planches comme elle peut l’être dans « Le Carrosse d’or », « Les enfants du paradis », « Le dernier métro » et c’est là que l’amour impossible de Déa (la jeune aveugle qui voit la beauté de l’âme, allégorie simple et tellement magnifique) et Gwynplaine est le plus éclatant. La monstruosité, le théâtre, la noirceur se situent finalement dans la réalité et du côté de l’aristocratie comme dans le « Ridicule » de Patrice Leconte. « Ne quitte jamais les planches. Ici les gens t’aimeront, mais dans la vie réelle, ils te feront souffrir » le prévient pourtant Ursus mais pour son plus grand malheur, Gwynplaine ne l’écoutera pas…

    Jean-Pierre Améris (dont j’ai découvert le cinéma avec « C’est la vie » et « Poids léger » que je vous recommande vivement et dont le dernier film « Les Emotifs anonymes » était une comédie très réussie), pour son 12ème film, est une nouvelle fois attiré par une histoire de marginaux qu’il sait si bien comprendre et pour lesquels il sait si bien susciter de l’empathie. Il a ainsi fait de Gwynplaine un personnage éminemment séduisant : innocent, révolté, libre, d’une laideur attrayante.  Gwynplaine est moins connu que Quasimodo et pourtant sa belle monstruosité a énormément inspiré les artistes, à commencer par Tim Burton pour « Edward aux mains d’argent ». Le film de Jean-Pierre Améris, sans jamais le singer, m’a d’ailleurs beaucoup fait penser à l’univers du cinéaste américain par sa beauté baroque, entre rêve et cauchemar, par ses personnages d’une beauté étrange et fascinante (très felliniens, aussi), par sa mise en scène inspirée. Tim Burton n’était d’ailleurs pas le seul à avoir été inspiré par Gwynplaine. Les dessinateurs Jerry Robinson et Bob Kane reconnaissaient ainsi volontiers s’être inspirés de Gwynplaine pour le personnage du Joker, dans les comics Batman. Et le roman d’Hugo est longuement évoqué dans  « Le Dahlia noir » de James Ellroy, présent également dans l'adaptation cinématographique de Brian De Palma.

    C’est aussi un très bel hymne à la différence,  et à ceux qui se battent pour les autres (Hugo était un écrivain engagé, Jean-Pierre Améris, l’est aussi à sa manière dans chacun de ses films ou même teléfilms comme « Maman est folle »). Magnifique scène de la tirade au Parlement ! Il s’agit d’un discours exalté dans lequel Marc-André Grondin met beaucoup d’éloquence et de conviction : « Ce qu’on fait à ma bouche, c’est ce qu’on fait au peuple. On le mutile » dit-il notamment (le texte, magnifique, est là repris de Hugo). Marc-André Grondin apporte toute sa beauté, sa fraîcheur à ce homme bouleversant caché derrière ce masque tragiquement rieur, se mettant ainsi à nu, dévoilant son visage mais surtout sa belle âme, face à la vraie monstruosité.

     Le film bénéficie aussi d’un casting impeccable : outre Marc-André Grondin, Gérard Depardieu impose sa force tranquille et sa générosité (au passage, que les pseudo-politiquement corrects laissent tranquille cet homme terriblement libre, vivant, cet immense artiste, plutôt que d’utiliser sa vie personnelle pour, probablement, exprimer une certaine rancœur, voire jalousie, et qu’ils s’engagent et mettent leur énergie vindicative au service de causes qui en sont vraiment). J’espère que cela permettra aussi à certains de découvrir Swann Arlaud que j’avais découvert au Festival de Cabourg dans le court-métrage   « Alexis Ivanovich vous êtes mon héros » de Guillaume Gouix dans lequel il incarne admirablement un personnage radieux et joyeusement désinvolte qui, en une fraction seconde, blessé dans son orgueil, va tout remettre en question, découvrant ne pas être le héros qu’il aurait aimé être aux yeux de son amoureuse.  Emmanuelle Seigner est une incarnation sublime de la tentation diabolique et finalement, malgré tout, touchante (comme chez Hugo, même ou car monstrueux, ses personnages restent humains),  et comme elle le dit elle-même, le visage de Gwynplaine est le reflet de son âme sombre. Enfin, Christa Théret dont le visage est si expressif (à voir aussi absolument dans « Renoir », dans un rôle très différent dans lequel elle excelle également) est la tentation angélique, incarnation du mélange de force et de fragilité, d’aveuglement et de clairvoyance.

    Mon seul reproche concerne le montage, et la durée, l’impression que la fin est un peu brusque…et que sans digresser autant que le fait Hugo dans son livre, le film aurait encore gagné en densité en gagnant un peu en longueur.

    Ce film est néanmoins vraiment un enchantement, un enchantement mélancolique, la forme reflétant ainsi le fond et toutes les sublimes dualités que l’histoire recèle. C’est aussi un opéra moderne ( la musique a été enregistrée à Londres avec un orchestre de 65 musiciens et elle apporte une force lyrique au film) . C’est également une histoire d’amour absolu, idéalisée, intemporelle (elles sont trop rares au cinéma pour s’en priver). C’est enfin un film universel au dénouement bouleversant. N’ayez pas peur de l’humour grinçant, la noirceur, la tragédie, ils sont sublimés par un personnage émouvant qui à la fois nous ressemble si peu et tellement (pour peu que nous nous sentions un tout petit peu différents) et un univers fascinant, poignant : celui d’un conte funèbre et envoûtant. La très belle surprise de cette fin d’année.

    Quelques citations extraites du livre « L’homme qui rit » de Victor Hugo, pour terminer :

    « Les aristocrates ont pour orgueil ce que les femmes ont pour humiliation, vieillir. »
    « De telles innocences dans de telles ténèbres, une telle pureté dans un tel embrassement, ces anticipations sur le ciel ne sont possibles qu'à l'enfance, et aucune immensité n'approche de cette grandeur des petits. »
    « Ca doit se fourrer dans des trous, le bonheur. Faites-vous encore plus petits que vous n'êtes, si vous pouvez. Dieu mesure la grandeur du bonheur à la petitesse des heureux. Les gens contents doivent se cacher comme des malfaiteurs. »
    « Deux coeurs qui s'aiment, n'allez pas chercher plus loin la poésie; et deux baisers qui dialoguent, n'allez pas chercher plus loin la musique. »

    L’homme qui rit a été présenté en clôture de la 69ème Mostra de Venise

     Sortie en salles : le 26 décembre 2012

    Retrouvez également cet article sur mon site  http://inthemoodlemag.com :  http://inthemoodlemag.com/2012/12/21/avant-premiere-criti...

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  • A propos de Deauville, de mes romans, de cinéma, de festivals, du Salon du Livre de Paris etc

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  • Palmarès du 16ème Festival du Film Asiatique de Deauville

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    Cet article sera prochainement complété notamment par les critiques des films cités.

    Hier soir était annoncé le palmarès du 16ème Festival du Film Asiatique de Deauville couronnant une sélection de très haute qualité. 10 films et autant de regards, toujours singuliers et passionnants, sur des visages, souvent sombres (voire très sombres) des pays asiatiques dans tous leurs Etats et états. Corée du Sud, Inde, Chine, Philippines, Kazakhstan, Indonésie, Japon, Iran…Autant de pays différents esquissés et traversés en deux jours et pourtant, partout, un commun désarroi. De forts personnages féminins souvent broyés par l’existence, par leurs mères, par les hommes (beaucoup de viols, de suicides aussi), sans (re)pères, une police souvent incompétente et corrompue. Des sujets sensibles traités avec plus ou moins de délicatesse, et rarement de l’espoir au bout du chemin. Des réalités suffocantes dans lesquelles la mort devient alors presque une alternative joyeuse.  La seule.

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     Carton plein pour le film du Coréen Han Gong-Ju (qui sortira en avril sous le titre "A Cappella") qui a reçu le prix du jury ex-aequo, le prix de la critique et le prix du public. Le bouleversant "Nagima" (mon grand coup de cœur de cette édition) a reçu le grand prix (Lotus du meilleur film) à l'unanimité du jury. Enfin, le film indien "Ugly" a reçu le prix du jury ex-aequo. Trois films à la fois différents dans leurs origines (Kazakhstan, Inde, Corée du Sud), traitements (scénaristiques et visuels) et similaires en ce qu'ils mettent en scène des femmes, voire des jeunes filles, aux destins tragiques, souvent malmenées par la société et les hommes.

     

    « Han Gong-Ju »  avait déjà reçu l'étoile d’or du Festival de Marrakech, un film dérangeant par le traitement de son sujet sordide (un viol collectif), raconté en flash-backs, un pseudo-suspense, procédé à mon  sens malsain pour rendre compte d’un drame terrible, avec un manque de sobriété dans le traitement donc et un peu trop de manichéisme aussi (les hommes du film représentent l’animalité et la lâcheté même si un personnage féminin, celui de la mère, n’est pas non plus épargné). Dommage car l’intention, même si trop visible, était noble : rendre hommage aux victimes obligés de se conduire comme des coupables.  Un magnifique personnage féminin néanmoins, lumineux malgré l’horreur vécue, porté par une interprétation exemplaire. L'histoire d'une renaissance qui a bouleversé les jurys et festivaliers.

    L’Indien « Ugly », bien éloigné des clichés bollywoodiens,  dresse, quant à lui, un portrait sans concessions d’une société indienne patriarcale,  misogyne et surtout d’une police corrompue. Un thriller maîtrisé teinté de critique sociale . Ce film a le mérite de montrer un autre visage de l’Inde et de réussir à nous tenir en haleine du début à la fin. Cette violence sociale est entrecoupée de quelques scènes tristement saugrenues  et burlesques pour dénoncer la bêtise de la police.

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    Quant à « Nagima »,  Zhanna Issabayeva y raconte l’histoire d’une jeune femme abandonnée à la naissance et placée dans un orphelinat. Un rare sens du cadre. Une photographie sublime à l’inverse du sujet, d’une ineffable dureté. De ce contraste émane une grâce inattendue, remarquable et poignante. Un film à la fois pudique et sans concessions avec un dénouement particulièrement fracassant, d’une fureur et d’un désespoir déchirants pour raconter les affres du destin (ou de l’absence de destin) d’une vie terriblement ordinaire.

    Le jury présidé par Claire Denis, entourée de René Bonnell, Samir Guesmi, Florence Loiret-Caille, Gilles Marchand et Roxane Mesquida a décerné les prix suivants :

    LOTUS DU MEILLEUR FILM - Grand Prix
    NAGIMA de Zhanna Issabayeva (Kazakhstan)

    LOTUS DU JURY - Prix du Jury ex-aequo
    UGLY de Anurag Kashyap (Inde)
    & HAN GONG-JU (A Cappella) de Lee Su-jin (Corée du Sud)

    Le jury de la critique a décerné le prix suivant:


    LOTUS AIR FRANCE - Prix de la Critique
    HAN GONG-JU (A Cappella) de Lee Su-jin (Corée du Sud)

    LE PRIX DU PUBLIC DE LA VILLE DE DEAUVILLE


    HAN GONG-JU (A Cappella) de Lee Su-jin (Corée du Sud)

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  • 16ème Festival du Film Asiatique de Deauville : épisode 1

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    Avant le compte rendu plus détaillé et exhaustif du festival, à mi-parcours, petit tour d’horizon en bref de la sélection de ce 16ème Festival du Film Asiatique de Deauville (des photos des films viendront ultérieurement illustrer cet article).

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    2 jours de festival et déjà 9 films vus et autant de regards, toujours singuliers et passionnants, sur des visages, souvent sombres (voire très sombres) des pays asiatiques dans tous leurs Etats et états. Corée du Sud, Inde, Chine, Philippines, Kazakhstan, Indonésie, Japon…Autant de pays différents esquissés et traversés en deux jours et pourtant, partout, un commun désarroi. De forts personnages féminins souvent broyés par l’existence, par leurs mères, par les hommes (beaucoup de viols, de suicides aussi), sans (re)pères, une police souvent incompétente et corrompue. Des sujets sensibles traités avec plus ou moins de délicatesse, et rarement de l’espoir au bout du chemin. Des réalités suffocantes dans lesquelles la mort devient alors presque une alternative joyeuse.  La seule.

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    Mais revenons au début. A l’ouverture. Deauville, comme un pied-de-nez à la noirceur des films projetés s’était parée d’un soleil éblouissant, renforçant cette impression que, à force d’y avoir vécu, raconté, inventé tant de festivals, je ne l’ai jamais vraiment quittée, me croyant ainsi revenue au dernier Festival du Cinéma Américain qui s’était déroulé sous un soleil éblouissant.  Si seulement d’ailleurs ces six derniers mois n’avaient pas existé. Mais c’est une autre histoire que je vous raconterai peut-être ailleurs et autrement.

    Comme pour renforcer cette impression de réminiscence, le film d’ouverture intitulé « No man’s land » avait des accents américains, déjantés et tarantinesques (pléonasme) malgré sa nationalité chinoise.

    Ledit film d’ouverture fut précédé d’un hommage à à Malani Senehelatha Fonseka « La Reine du cinéma sri-lankais » qui  a figuré en 2010 dans le classement des 25 plus grandes actrices de tous les temps établi par CNN avec pas moins de 140 films à son actif.

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    Revenons donc à notre  western chinois qui, tout en permettant à son anti-héros une traversée périlleuse dans le désert de Gobi, rend hommage à John Ford, Tarantino (et à la série B, par voie de conséquence), et même aux Coen jonglant avec les inspirations et les genres avec beaucoup de talent et surtout mettant en scène une galerie de personnages marginaux dans des lieux interlopes et dans un désert qui, comme, tel le décor de « La mort aux trousses », devient paradoxalement un enfermement. Un humour décapant dépassant allègrement les frontières de l’absurde. Un rythme haletant qui a fait démarrer ce festival sur les chapeaux de roue. Ne manquait plus que John Wayne et le tableau était parfait. A défaut de perfection, ce « No man’s land » jubilatoire servi par une photographie inspirée, mérite indéniablement le prix de l’originalité.

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    L’Indien « Ugly », bien éloigné des clichés bollywoodiens,  dresse, quant à lui, un portrait sans concessions d’une société indienne patriarcale,  misogyne et surtout d’une police corrompue. Un thriller teinté de critique sociale qui pâtit d’un montage qui, à force de se vouloir audacieux, brise un peu la logique scénaristique,  et d’une interprétation hasardeuse. Ce film a néanmoins le mérite de montrer un autre visage de l’Inde et de réussir à nous tenir en haleine du début à la fin. Cette violence sociale est entrecoupée de quelques scènes tristement saugrenues  et burlesques pour dénoncer la bêtise de la police.

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    Dans l’Indonésien « Toilet blues », le réalisateur Dirmawan Hatta dresse le  portrait en filigrane de deux jeunes en route pour un ailleurs, prétexte à une quête d identité et de leurs destins. Filmé avec la lenteur contemplative et les longs plans qu’affectionnent les cinéastes indonésiens et enrichi par une frontière judicieusement floue entre passé et présent, entre rêve et réalité. Un film non dénué de sensualité mais aussi l’œuvre un peu trop appliquée d’un cinéaste néanmoins prometteur.

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    Le Coréen « Steel cold winter » mélange sciemment l’horreur et l’amour, la noirceur et l’innocence pour traiter des ravages de la rumeur, d’une fatale et destructrice perte d’innocence. Quelques scènes particulièrement lumineuses au milieu du carnage malgré des métaphores peut-être un peu trop appuyées.

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    Direction le Kazakhastan pour le film qui est pour l’instant mon coup de cœur de cette compétition, « Nagima » de Zhanna Issabayeva. L’histoire d’une jeune femme abandonnée à la naissance et placée dans un orphelinat. Un rare sens du cadre. Une photographie sublime à l’inverse du sujet, d’une ineffable dureté. De ce contraste émane une grâce inattendue, remarquable et poignante. Un film à la fois pudique et sans concessions avec un dénouement particulièrement fracassant, d’une fureur et d’un désespoir déchirants pour raconter les affres du destin (ou de l’absence de destin) d’une vie terriblement ordinaire.

    Dans « Mater Dolorosa »,  film philippin de Adolfo B.Alix, Jr, l’héroïne est une sorte de Don Corleone au féminin, de « marraine » prête à tout pour protéger sa famille que le cinéaste filme avec beaucoup de douceur au contraire de l’univers, de violence et de trafics,  dans lequel évoluent les personnages. Une photographie remarquable, sorte de  noir et blanc tacheté (et tâché) de rouge souligne ce mélange qui ne manque pas de charme. Un scénario pas assez abouti nuit malheureusement à l’ensemble.

     

    Enfin, le Coréen « Hang Gong-Ju » (étoile d’or du Festival de Marrakech) est le film qui m’a le plus dérangée par le traitement de son sujet sordide (un viol collectif), raconté en flash-backs, un pseudo-suspense, procédé à mon  sens malsain pour rendre compte d’un drame terrible, avec un manque de sobriété dans le traitement donc et un peu trop de manichéisme aussi (les hommes du film représentent l’animalité et la lâcheté même si un personnage féminin, celui de la mère, n’est pas non plus épargné). Dommage car l’intention, même si trop visible, était noble : rendre hommage aux victimes obligés de se conduire comme des coupables.  Un magnifique personnage féminin néanmoins, lumineux malgré l’horreur vécue, porté par une interprétation exemplaire.

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    Dans « Suneug », autre film coréen (hors compétition cette fois), la vision de la société coréenne n’était guère plus reluisante. La compétition poussée à son paroxysme conduit quelques lycéens à fonder une sorte de société secrète pour rester parmi les meilleurs qui accéderont à l’université convoitée, la fin justifiant tous les moyens. Une belle métaphore avec les planètes sur la place de l’individu qui, pour être porté au firmament, doit s’exclure. Qui, pour exister dans la société, doit nier une part de lui-même. Une réalisation ingénieuse accompagne cet enfermement progressif. Jusqu’à ce que la lumière, l’espoir, l’avenir, le soleil s’éclipsent, au propre comme au figuré, jusqu’à ce que l’avenir se réduise à 4 murs. Une belle démonstration par l’exagération. Un film prenant et brillamment écrit.

    Le Festival a également rendu hommage au cinéaste japonais Hideo Nakata et projeté en première mondiale son dernier film « Monsterz ».  Je vous en parlerai ultérieurement.

    A ce soir pour la suite du voyage et le palmarès…

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