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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 238

  • Critique de "Ces amours-là" de Claude Lelouch, ce lundi 28 janvier, sur Ciné + Emotion, à 20H45

    Demain soir, ne manquez pas la diffusion de "Ces amours-là" de Claude Lelouch sur Ciné + Emotion. Retrouvez ma critique du film ci-dessous ainsi que celle du documentaire "D'un film à l'autre" qui ravira sans aucun doute ceux qui, comme moi, sont inconditionnels du cinéaste, et apprendra aux autres à mieux le connaître et, enfin, en bas de cet article, vous trouverez ma critique de "Un homme et une femme".

     

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    Lelouch. Prononcez ce nom dans un dîner et vous verrez immédiatement l’assistance se diviser en deux. Les adorateurs d’un côté qui aiment : ses fragments de vérité, ses histoires d’amour éblouissantes, sa vision romanesque de l’existence, sa sincérité, son amour inconditionnel du cinéma, ses phrases toutes faites et récurrentes, une musique et des sentiments grandiloquents, la beauté parfois cruelle des hasards et coïncidences. Les détracteurs de l’autre qui lui reprochent son sentimentalisme et tout ce que les premiers apprécient, et sans doute de vouloir raconter une histoire avant tout, que la forme soit au service du fond et non l’inverse. Je fais partie de la première catégorie et tant pis si pour cela je dois subir la condescendance des seconds.  Avec « Roman de gare », les seconds s’étaient rapprochés des premiers, mais pour cela il aura auparavant fallu que le film soit au préalable signé d’un autre nom que le sien. Avec « Ces amours-là », il ravira sans doute à nouveau les premiers et agacera certainement les seconds, ce dernier film réunissant tout ce qui définit son cinéma. Et c’est bien normal puisque ce film est le cadeau qu’il s’est offert et qu’il offre à son public pour ses cinquante ans de carrière.

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    Pour évoquer ces cinquante ans de cinéma, il nous invite à suivre le destin flamboyant d’Ilva (Andrey Dana), ses malheurs et ses bonheurs démesurés sur cinq décennies d’histoire. Pour Ilva l’amour est plus important que tout. C’est par la plaidoirie de son avocat (Laurent Couson) et au rythme d’un orchestre symphonique que son destin, fait de bonheurs et tragédies tout aussi romanesques, nous est conté.

    Des premiers plans en noir et blanc qui évoquent les débuts du cinéma au dernier sur les spectateurs sortant d’un cinéma projetant « Ces amours-là » , ce dernier film de Claude Lelouch est avant tout un hommage au cinéma, une manière de remercier son public de sa fidélité (l’exergue puis le dernier plan leur sont ainsi destinés), de faire le bilan de son existence cinématographique, lui, l’enfant juif que sa mère cachait dans un cinéma pendant la guerre et qui verra ainsi naitre sa passion et sa dévotion pour le cinéma qui non seulement illuminera sa vie mais la sauvera. Il s’amuse avec la mise en abyme pour nous parler de son histoire, d’histoires vraies qui l’ont marqué, mais aussi du cinéma qu’il aime.

    Le père d’Ilva (Dominique Pinon) est projectionniste, beau prétexte pour évoquer les débuts du parlant avec « Le chanteur de jazz » ou pour nous montrer des extraits de classiques du cinéma : « Remorques » de Jean Grémillon, « Autant en emporte le vent » de Victor Fleming, « Le Jour se lève » et « Hôtel du Nord » de Marcel Carné sans parler d’une affiche très à propos du « Crime était presque parfait » d’Hitchcock. Et c’est avant tout ce qui m’a plu dans ce nouveau film : sa passion du cinéma qui transpire dans chaque plan, sa volonté de la partager avec nous, son regard toujours alerte et curieux, presque candide. Tant pis si cette naïveté en hérisse certains.

    L’amour du cinéma donc, un amour du cinéma qui passe par celui des acteurs. Et c’est là qu’il m’a bluffée. Dans ces scènes plus intimes ou ses fameux fragments de vérité et où l’émotion affleurent et nous emportent. Qu’importe si « Ces amours-là » souffre de quelques baisses de rythme, si la musique force parfois un peu trop l’émotion, si Claude Lelouch ne s’embarrasse pas de psychologie, il dessine la vie en grand, en romanesque et le jeu de ses acteurs qu’il dirige si habilement nous y fait croire (on comprend alors aisément le générique impressionnant des acteurs qui ont tourné pour lui et qui apparaissent à la fin).

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    Que ce soit dans une boîte de jazz avec Audrey Dana, Gilles Lemaire et Jacky Ido (ce dernier est pour moi LA révélation) où plus rien d’autre, malgré la foule et le bruit, ne semble exister que leurs sentiments naissants ou au siège de la Gestapo entre Samuel Labarthe, nazi jouant la Marseillaise et Audrey Dana (qui m’a rappelée la fameuse scène de la Marseillaise dans « Casablanca » de Michael Curtiz), Lelouch nous fait retenir notre souffle comme si la scène se déroulait réellement sous nos yeux, sans doute l’effet de sa fameuse méthode qui consiste à souffler le texte aux acteurs pour créer l’effet de surprise. Des acteurs filmés en gros plan dont sa caméra bienveillante traque l’éclat, l’émotion, la vie, la faille, la magie. Raphaël fait ses débuts plus que prometteurs de même que le musicien Laurent Couson, Dominique Pinon devient à nouveau beau sous l’œil de Claude Lelouch, Judith Magre et Anouk Aimée nous émeuvent en quelques plans. Audrey Dana confirme la confiance que Lelouch a placée en elle, invariablement juste, incarnant ce personnage à la fois courageux et désinvolte, grave et insouciant, volontaire et soumis aux hasards de l’existence. Et il en fallait du culot pour dire à des Français de jouer des Allemands ou des Américains et de l’audace pour prétendre retracer 50 ans d’Histoire en deux heures, et pour tourner le tout en Roumanie.

    Avec « Ces amours-là », Lelouch signe une fresque nostalgique ; une symphonie qui s’achève sur une note d’espoir ; la bande originale de son existence cinématographique qui évite l’écueil du narcissisme en guise de remerciements au cinéma, à la musique, à son public, à ses acteurs ; un film joliment imparfait qui met en exergue les possibles romanesques de l’existence ; un film jalonné de moments de grâce, celle des acteurs avant tout à qui ce film est une déclaration d’amour émouvante, passionnée et de ce point de vue entièrement réussie.

    En bonus, critique de l'excellent documentaire "D'un film à l'autre" (à voir absolument si vous aimez le cinéma de Claude Lelouch)

     

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    En mars 2011, dans les locaux des Films 13 était organisée une projection du documentaire « d’Un film à l’autre » suivie d’un débat avec Claude Lelouch.

    Le cinéma de Claude Lelouch a bercé mon enfance. D’ailleurs, moi dont la passion pour le cinéma a été exacerbée à et par Deauville, j’étais presque « condamnée » à aimer son cinéma indissociable de cette ville qu’il a magnifiquement immortalisée.

     Le cinéma est pour moi avant tout affaire de passion, de sincérité, d’audace et quoiqu’en disent ses détracteurs, le cinéma de Claude Lelouch se caractérise par ces trois éléments comme le démontre magnifiquement de documentaire « D’un film à l’autre » réalisé à l’occasion des 50 ans des films 13. Un documentaire qui résume un demi-siècle de cinéma du « Propre de l’homme » à « Ces amours-là ».

    Ayant lu l’autobiographie de Claude Lelouch (« Itinéraire d’un enfant très gâté », Robert Laffont) que je vous recommande et ayant vu un grand nombre de ses films, j’ai néanmoins appris pas mal d’anecdotes et an ai réentendu d’autres comme l’histoire de la rencontre de ses parents- présente également dans son court-métrage de "Chacun son cinéma"- auquel fera formidablement écho la remise de son Oscar des années plus tard (je vous laisse la découvrir si vous ne connaissez pas l’anecdote). Magnifique hasard à l’image de ceux qu’il met en scène.

    Un parcours fait de réussites flamboyantes et d’échecs retentissants. « C’est plus difficile aujourd’hui de sortir d’un échec, aujourd’hui la terre entière est au courant. A l’époque, cela restait confidentiel. Derrière un échec on peut rebondir autant qu’on veut si on ne demande rien aux autres. Etant donné que j’ai toujours été un spécialiste du système D, j’ai toujours trouvé le moyen de tourner des films » a-t-il précisé lors du débat.

    La plus flamboyante de ses réussites fut bien sûr « Un homme et une femme », palme d’or à Canes en 1966, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario parmi 42 récompenses … à 29 ans seulement! Film que Claude Lelouch a, comme souvent réalisé, après un échec. Ainsi le 13 septembre 1965, désespéré, il roule alors vers Deauville où il arrive la nuit, épuisé. Réveillé le matin par le soleil, il voit une femme depuis sa voiture, elle marche sur la plage avec un enfant et un chien. Sa « curiosité est alors plus grande que la tristesse ». Il commence à imaginer ce que peut faire cette femme sur cette plage, avec son enfant, à cette heure matinale. Cela donnera « Un homme et une femme », la rencontre de deux solitudes blessées qui prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires.

     

    Une histoire que vous redécouvrirez parmi tant d’autres comme les derniers instants de Patrick Dewaere, et puis des tas d’autres hasards et coïncidences et d’histoires sur les uns et les autres que Lelouch nous raconte en voix off, avec passion et sincérité, comme un film, celui de son existence, une existence à 100 à l’heure, à foncer et ne rien regretter à l’image de son court-métrage « C'était un rendez-vous » qui ouvre le documentaire. L’histoire d’une vie et une histoire, voire une leçon, de cinéma. Claude Lelouch souligne notamment l’importance de la musique essentielle dans ses films : « L’image, c’est le faire-valoir de la musique ». « Chaque nouvelle invention modifie l’écriture cinématographique. Mes gros plans c’est ma dictature, et les plans larges c’est ma démocratie, et pas de plan moyen. » a-t-il précisé lors du débat. « Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui va très vite et on n’a plus le temps de lire le mode d’emploi alors que de mon temps on avait le temps de lire le mode d’emploi mais il y a quelque chose qui n’a pas fait de progrès c’est l’amour. La montée et la descente d’une histoire d’amour m’ont toujours fasciné. »

     

    Claude Lelouch est né avec la Nouvelle Vague qui ne l’a jamais reconnu sans doute parce que lui-même n’avait « pas supporté que les auteurs de la Nouvelle Vague aient massacré Clouzot, Morgan, Decoin, Gabin », tous ceux qui lui ont fait aimer le cinéma alors qu’il trouvait le cinéma de la Nouvelle Vague « ennuyeux ».

    Quel bonheur de revoir Jean-Paul Belmondo, Jacques Villeret, Yves Montand, Annie Girardot, Jean Louis Trintignant, Anouk Aimée, Fabrice Luchini Evelyne Bouix, Catherine Deneuve, Lino Ventura, Fanny Ardant, Francis Huster, Alessandra Martines, tantôt irrésistibles ou bouleversants, parfois les deux, magnifiés par la caméra de Claude Lelouch qui sait si bien, par sa manière si particulière de tourner et surtout de diriger les acteurs, capter ces fameux fragments de vérités. « Les parfums de vérité plaisent au public français. Donner la chair de poule, c’est l’aristocratie de ce métier. » Comment ne pas être ému en revoyant Annie Girardot dans « Les Misérables » (qui lui vaudront ce César de la meilleure actrice dans un second rôle, en 1996, et sa déclaration d’amour éperdue au cinéma ), Jean-Paul Belmondo et Richard Anconina dans « Itinéraire d’une enfant gâté » ? Des extraits comme autant de courts-métrages qui nous laissent un goût d’inachevé et nous donnent envie de revoir ses films.

     « Il n’y a pas de vraies rencontres sans miracles » d’après Claude Lelouch et chacun de ces miracles en a donné un autre, celui du cinéma. «L’idée était de raconter l’histoire des films 13 et comment je suis allée d’un miracle à l’autre car un film est toujours un miracle. »

     Alors tant pis si une certaine critique continue de le mépriser (il y est habitué lui dont un critique clairvoyant disait à ses débuts "Claude Lelouch... Souvenez-vous bien de ce nom. Vous n'en entendrez plus jamais parler.") voire les professionnels de la profession (cf son absence de nominations aux César, récemment encore, pour "Ces amours-là"…) car comme il le dit lui-même : « Un seul critique qui compte sur moi, c’est le temps qui passe ».

    Alors si comme moi, vous aimez le cinéma de Claude Lelouch et les fragments de vérités, si vous croyez aux hasards et coïncidences, fussent-ils improbables, découvrez ce documentaire qui est aussi la leçon d’une vie d’un homme qui a su tirer les enseignements de ses succès et surtout de ses échecs et d’un cinéaste qui a tellement sublimé l’existence et les acteurs, ce dont témoigne chaque seconde de ce documentaire passionnant, itinéraire d'un enfant gâté, passionné fou de cinéma.

    Critique - "Un homme et une femme" de Claude Lelouch

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    Je ne sais plus très bien si j'ai vu ce film avant d'aller à Deauville, avant que cette ville soit indissociablement liée à tant d'instants de mon existence, ou bien si je l'ai vu après, après que mon premier séjour à Deauville, il y a 19 ans, ait modifié le cours de mon « destin »... Toujours est-il qu'il est impossible désormais de dissocier Deauville du film de Claude Lelouch qui a tant fait pour sa réputation, « Un homme et une femme » ayant créé la légende du réalisateur comme celle de la ville de Deauville, et notamment sa réputation de ville romantique à tel point que, pendant le Festival du Cinéma Américain 2006, a été inaugurée une place Claude Lelouch, en sa présence et celle d'Anouk Aimée. J'étais présente ce jour-là et l'émotion et la foule étaient au rendez-vous.

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    Le 13 septembre 1965, Claude Lelouch est désespéré, son dernier film ayant été un échec. Il prend alors sa voiture, roule jusqu'à épuisement en allant vers Deauville où il s'arrête à 2 heures du matin en dormant dans sa voiture. Réveillé le matin par le soleil, il voit une femme depuis sa voiture, étonné de la voir marcher avec un enfant et un chien. Sa « curiosité est alors plus grande que la tristesse ». Il commence à imaginer ce que peut faire cette femme sur cette plage, avec son enfant, à cette heure matinale. Cela donnera « Un homme et une femme ».

    Synopsis : Anne (Anouk Aimée), scripte, inconsolable depuis la mort de son mari cascadeur Pierre (Pierre Barouh), rencontre à Deauville, en allant chercher sa fille à la pension, un coureur automobile, Jean (Jean-Louis Trintignant), dont la femme s'est suicidée par désespoir. Jean raccompagne Anne à Paris. Tous deux sont endeuillés, et tous deux ont un enfant. C'est l'histoire d'un homme et d'une femme qui s'aiment, se repoussent, se retrouvent et s'aiment encore...

    J'ai vu ce film un grand nombre de fois, tout à l'heure encore et comme à chaque fois, avec le même plaisir, la même émotion, le même sentiment de modernité pour un film qui date de 1966, étonnant pour un cinéaste dont beaucoup de critiques raillent aujourd'hui le classicisme. Cette modernité est bien sûr liée à la méthode Claude Lelouch d'ailleurs en partie la conséquence de contraintes techniques et budgétaires. Ainsi, Lelouch n'ayant pas assez d'argent pour tourner en couleurs tournera les extérieurs en couleurs et les intérieurs en noir et blanc. Le montage et les alternances de noir et blanc et de couleurs jouent alors habilement avec les méandres du temps et de la mémoire émotive, entre le présent et le bonheur passé qui ressurgit sans cesse.

    Je ne sais pas si « le cinéma c'est mieux que la vie » mais en tout cas Claude Lelouch fait partie de ceux dont les films et surtout « Un homme et une femme » nous la font aimer. Rares sont les films qui donnent à ce point la sensation de voir une histoire d'amour naître et vibrer sous nos yeux, d'en ressentir -partager, presque- le moindre battement de cœur ou le moindre frémissement de ses protagonistes, comme si la caméra scrutait les visages et les âmes. Par une main qui frôle une épaule si subtilement filmée. Par le plan d'un regard qui s'évade et s'égare. Par un sourire qui s'esquisse. Par des mots hésitants ou murmurés. Par la musique éternelle de Francis Lai (enregistrée avant le film) qui nous chavire le cœur. Par une photographie aux accents picturaux qui sublime Deauville filmée avec une lumière nimbée de mélancolie, des paysages qui cristallisent les sentiments de Jean-Louis et d'Anne, fragile et paradoxalement impériale, magistralement (dirigée et) interprétée par Anouk Aimée. Rares sont les films qui procurent cette impression de spontanéité, de vérité presque. Les fameux « instants de vérité » de Lelouch.

    Et puis il y a le charme incomparable du couple Anouk Aimée/ Jean-Louis Trintignant, le charme de leurs voix, notamment quand Jean-Louis Trintignant prononce « Montmartre 1540 ». Le charme et la maladresse des premiers instants cruciaux d'une histoire d'amour quand le moindre geste, la moindre parole peuvent tout briser. Et puis ces plans fixes, de Jean-Louis dans sa Ford Mustang (véritable personnage du film), notamment lorsqu'il prépare ce qu'il dira à Anne après qu'il ait reçu son télégramme. Et puis ces plans qui encerclent les visages et en capturent la moindre émotion. Ce plan de cet homme avec son chien qui marche dans la brume et qui fait penser à Giacometti (pour Jean-Louis). Tant d'autres encore...

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    Avec « Un homme et une femme » Claude Lelouch a signé une histoire intemporelle, universelle avec un ton très personnel et poétique. La plus simple du monde et la plus difficile à raconter. Celle de la rencontre d'un homme et une femme, de la rencontre de deux solitudes blessées. Il prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires.

    Alors pour reprendre l'interrogation de Jean-Louis dans le film citant Giacometti « Qu'est-ce que vous choisiriez : l'art ou la vie » Lelouch, n'a certainement pas choisi, ayant réussi a insufflé de l'art dans la vie de ses personnages et de la vie dans son art. Voilà c'est de l'art qui transpire la vie.

    Alors que Claude Lelouch a tourné sans avoir de distributeur, sans même savoir si son film sortirait un jour, il obtint la palme d'or à Cannes en 1966, l'oscar du meilleur film étranger et celui du meilleur scénario et 42 récompenses au total et aujourd'hui encore de nombreux touristes viennent à Deauville grâce à « Un homme et une femme », le film, mais aussi sa musique mondialement célèbre. Vingt ans après, Claude Lelouch tourna une suite « Un homme et une femme 20 ans déjà » réunissant à nouveau les deux protagonistes.

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  • César 2013 : nominations complètes et conférence de presse

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    Comme l'an passé, j'étais ce matin en direct du Fouquet's où avaient lieu les nominations aux César 2013.

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     L'enveloppe cachetée a été ouverte à 10 h par Antoine de Caunes (présentateur de cette édition, à nouveau) et Alain Terzian, président des César.

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     Auparavant, nous avions découvert l'affiche représentant la sublime Simone Signoret, César de la meilleure actrice en 1978 pour "La vie devant soi", la photo de l'affiche étant celle de "Casque d'or" de Becker.

     Antoine de Caunes a ensuite annoncé le nom du Président de la cérémonie, cette année Jamel Debbouze, après Guillaume Canet, l'an passé.

    Pour la 20ème année consécutive, la cérémonie sera diffusée sur Canal +, en clair, le 22 février prochain et au Théâtre du Châtelet, également comme chaque année.

    C'est "Camille redouble" de Noémie Lvovsky qui est en tête avec 13 nominations. "Amour" de Michael Haneke qui a remporté la Palme d'or suit avec 10 nominations ainsi que "Les Adieux à la Reine", le très beau film de Benoit Jacquot.

    Je me réjouis tout particulièrement des nominations de "Louise Wimmer" de Cyril Mennegun dont je vous parle depuis de sa découverte au Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2011, il y a plus d'un an donc, un énorme coup de coeur de même que "Comme des frères" d'Hugo Gélin, également nommé. Deux formidables premiers films, très différents, mais qui exhalent la sincérité de leurs auteurs et qui ont aussi permis de découvrir deux remarquables comédiens dans des genres très différents: Pierre Niney (j'en profite pour vous signaler que, le 23 janvier, Canal plus consacrera une journée aux César en diffusant notamment "J'aime regarder les filles" de Frédéric Louf, un film pour lequel le comédien avait déjà été nommé comme meilleur espoir, l'an passé, étonnant également dans "Un chapeau de paille d'Italie" de Labiche à la Comédie Française, fin 2012) et Corinne Masiero, une comédienne magistrale et j'espère que cette nomination (si ce n'est déjà fait) fera décoller sa carrière et lui permettra d'avoir d'autres rôles comme celui-ci à sa (dé)mesure. "Louise Wimmer" est donc nommé comme meilleur premier film et la comédienne Corinne Masiero est nommée comme meilleure actrice (si vous avez vu le film, vous comprendrez à quel point cette nomination était une évidence) face à Catherine Frot dans Les Saveurs du palais, Marion Cotillard dans De rouille et d'os, Noémie Lvovsky dans Camille redouble, Emmanuelle Riva dans Amour, Léa Seydoux dans Les Adieux à la reine, Hélène Vincent dans Quelques heures de printemps.

     Je suis également ravie pour "Les Adieux à la reine", "Dans la maison", et "De rouille et d'os" parmi mes coups de coeur de cette année 2012.

    Je n'ai pas encore vu "Quelques heures de printemps" mais je me réjouis également pour Stéphane Brizé, réalisateur des remarquables "Je ne suis pas là pour être aimé" et "Le bleu des villes".

    Les deux grands oubliés de ces nominations, dans des genres différents sont pour moi "Vous n'avez encore rien vu" d'Alain Resnais (selon moi, le film de l'année 2012) et "Une bouteille à la mer" de Thierry Binisti (un autre premier film qui, tout comme "Louise Wimmer" et "Comme des frères" aurait mérité d'être nommé dans cette catégorie, de même que ses acteurs).  Ces trois films précités auraient d'ailleurs aussi mérité d'être nommés pour le scénario.

    Pas de polémique cette année concernant l'absence de comédies ou de films populaires bel et bien présents à commencer par le film éponyme de Régis Roinsard , mais aussi "Le Prénom" (qui, il est vrai, repose essentiellement sur l'excellente interprétation de ses comédiens, notamment Patrick Bruel et Valérie Benguigui, tous deux nommés).

     Je trouve d'ailleurs  que ces nominations 2013 reflètent la diversité du cinéma français mettant autant à l'honneur des premiers films que des films de cinéastes confirmés, mais aussi des genres très différents. Voilà qui nous promet une belle cérémonie, en tout cas une réjouissante affiche.

    Pour le prix du meilleur film étranger, mon coeur balance entre le petit génie Xavier Dolan pour "Laurence anyways" et "A perdre la raison" de Joachim Lafosse.

    Je reviendrai ultérieurement et plus en détails sur ces nominations que je vous invite à découvrir ci-dessous. Comme chaque année, pour la 5ème année consécutive, je serai en direct du théâtre du Châtelet. Rendez-vous donc le 22 février pour vivre la cérémonie en direct.

    Retrouvez ci-dessous, mes critiques des films nommés en cliquant sur leurs titres et, plus bas, la liste complète des nominations:

    « Dans la maison » de François Ozon

    « Comme des frères » de Hugo Gélin

    « Amour » de Michael Haneke

    « De rouille et d’os » de Jacques Audiard

    « Louise Wimmer » de Cyril Mennegun

    « A perdre la raison » de Joachim Lafosse

    « Une bouteille à la mer » de Thierry Binisti

    « Les Adieux à la Reine » de Benoit Jacquot

    "Cloclo" de Florent-Emilio Siri

    "Argo" de Ben Affleck

    "Le Prénom" de Matthieu Delaporte et Alexandre De la Patellière

     

    Meilleur film:
    Le Prénom de Matthieu Delaporte et Alexandre De la Patellière
    Holy Motors de Léos Carax
    De rouille et d'os de Jacques Audiard
    Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot
    Dans la maison de François Ozon
    Camille redouble de Noémie Lvovsky

    Meilleur réalisateur:
    Benoît Jacquot pour Les Adieux à la reine
    Michael Haneke pour Amour
    Noémie Lvovsky pour Camille redouble
    François Ozon pour Dans la maison
    Jacques Audiard pour De rouille et d'os
    Leos Carax pour Holy Motors
    Stéphane Brizé pour Quelques heures de printemps

    Meilleur film étranger:
    Argo de Ben Affleck
    Bullhead de Michael R. Roskam
    Laurence Anyways de Xavier Dolan
    Oslo, 31 août de Joachim Trier
    La Part des Anges de Ken Loach
    Royal Affair de Nikolaj Arcel
    À perdre la raison de Joachim Lafosse

    Meilleure actrice:
    Catherine Frot dans Les Saveurs du palais
    Marion Cotillard dans De rouille et d'os
    Noémie Lvovsky dans Camille redouble
    Corinne Masiero dans Louise Wimmer
    Emmanuelle Riva dans Amour
    Léa Seydoux dans Les Adieux à la reine
    Hélène Vincent dans Quelques heures de printemps

    Meilleur acteur:
    Jean-Pierre Bacri dans Cherchez Hortense
    Patrick Bruel dans Le Prénom
    Denis Lavant dans Holy Motors
    Vincent Lindon dans Quelques heures de printemps
    Fabrice Lucchini dans Dans la maison
    Jean-Louis Trintignant dans Amour
    Jérémie Renier dans Cloclo

    Meilleur second rôle féminin:
    Valérie Benguigui dans Le Prénom
    Judith Chemla dans Camille redouble
    Isabelle Huppert dans Amour
    Yolande Moreau dans Camille redouble
    Edith Scob dans Holy Motors

    Meilleur second rôle masculin:
    Guillaume de Tonquedec dans Le Prénom
    Samir Guesmi dans Camille redouble
    Benoît Magimel dans Cloclo
    Claude Rich dans Cherchez Hortense
    Michel Vuillermoz dans Camille redouble

    Meilleur premier film:
    Augustine d'Alice Winocour
    Comme des frères d'Hugo Gélin
    Louise Wimmer de Cyril Mennegun
    Populaire de Régis Roinsard
    Rengaine de Rachid Djaïdani

    Meilleur documentaire:
    Bovines ou la vraie vie des vaches d'Emmanuel Gras
    Duch, le maître des forges de l'enfer de Rithy Panh
    Les Invisibles de Sébastien Lifshitz
    Journal de France de Claudine Nougaret et Raymond Depardon
    Les Nouveaux chiens de garde de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat

    Meilleur film d'animation:
    Edmond était un âne de Franck Dion
    Ernest et Célestine de Benjamin Rennet, Vincent Patar et Stéphane Aubier
    Kirikou et les hommes et les femmes de Michel Ocelot
    Oh Willy... d'Emma de Swaef et Marc Roels
    Zarafa de Rémi Bezançon et Jean-Christophe Lie

    Meilleur espoir masculin:
    Félix Moati dans Télé Gaucho
    Kacey Mottet Klein dans L'Enfant d'en haut
    Pierre Niney dans Comme des frères
    Matthias Schoenaerts dans De rouille et d'os
    Ernst Umhaeur dans Dans la maison

    Meilleur espoir féminin
    Alice de Lencquesaing dans Au galop
    Lola Dewaere dans Mince alors
    Julia Faure dans Camille redouble
    India Hair dans Camille redouble
    Izia Higelin dans Mauvaise fille

    Meilleur scénario original:
    Adieu Berthe
    Amour
    Camille redouble
    Holy Motors
    Quelques heures de printemps

    Meilleure adaptation:
    Luca Belvaux pour 38 témoins
    Gilles Taurand et Benoît Jacquot pour Les Adieux à la reine
    François Ozon pour Dans la maison
    Jacques Audiard et Thomas Bidegain pour De rouille et d'os
    Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière pour Le Prénom

    Meilleure musique originale:
    Bruno Coulais pour Les Adieux à la reine
    Gaëtan Roussel et Joseph Dahan pour Camille redouble
    Philippe Rombi pour Dans la maison
    Alexandre Desplat pour De rouille et d'os
    Rob et Emmanuel d'Orlando pour Populaire

    Meilleur montage:
    Luc Barnier pour Les Adieux à la reine
    Monika Willi pour Amour
    Annette Dutertre et Michel Klochendler pour Camille redouble
    Juliette Welfling pour De rouille et d'os
    Nelly Quettier pour Holy Motors

    Meilleur son:
    Les Adieux à la reine
    Amour
    Cloclo
    De rouille et d'os
    Holy Motors

    Meilleure photographie:
    Romain Winding pour Les Adieux à la reine
    Darius Khondji pour Amour
    Stéphane Fontaine pour De rouille et d'os
    Caroline CHampetier pour Holy Motors
    Guillaume Schiffman pour Populaire

    Meilleurs costumes:
    Christian Gasc pour Les Adieux à la reine
    Pascaline Chavanne pour Augustine
    Madeline Fontaine pour Camille redouble
    Mimi Lepicka pour Cloclo
    Charlotte David pour Populaire

    Meilleurs décors:
    Katya Wyszkop pour Les Adieux à la reine
    Jean-Vincent Puzos pour Amour
    Philippe Chiffre pour Cloclo
    Florian Sanson pour Holy Motors
    Sylvie Olivé pour Populaire

    Meilleur court-métrage:
    Ce n'est pas un film de cow-boys de Benjamin Parent
    Ce qu'il restera de nous de Vincent Macaigne
    Le Cri du homard de Nicolas Guiot
    Les Meutes de Manuel Schapira
    La vie parisienne de Vincent Dietschy

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  • Vidéo - Voeux à la presse 2013 de la Ministre de la Culture Aurélie Filippetti

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    J'étais ce matin invitée aux voeux à la presse de la Ministre de la Culture et de la communication, Aurélie Filippetti, au Ministère de la Culture, rue de Valois. Retrouvez ma vidéo de l'intégralité du discours ci-dessous (il manque juste les 10 premières secondes, désolée pour la qualité approximative de l'image). Vous pouvez aussi retrouver la version écrite du discours en cliquant ici.

  • FESTIVAL D’AVANT-PREMIERES des CINEMAS GAUMONT PATHE (du 23 au 29 janvier 2013) : le programme

     Les cinémas Gaumont et Pathé vous proposent de découvrir, en avant-première, une sélection de films qui vont marquer l’année 2013, dont certains sont déjà pressentis pour des récompenses internationales... et, notamment, "Lincoln" de Spielberg vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici. Retrouvez le reste du programme, ci-dessous.

     

     

     

    Avant-première le 23 janvier
    à 20h (VOST)
    Happiness Therapy
     
    Bradley Cooper, en pleine dépression, a du mal à contrôler ses émotions. Jusqu’au jour où il rencontre Tiffany, une femme toute aussi perturbée que lui. Ensemble, ils vont tenter de reprendre goût à la vie, sous les yeux de Robert De Niro, en père attachant.
     
    A l’affiche le 30 janvier
    DE / Davis O. Russel
    AVEC / Bradley Cooper, Robert De Niro, Jennifer Lawrence, Julia Stiles
     
     

     

    Avant-première le 24 janvier
    à 20h (VOST)
    Lincoln
     
    Steven Spielberg rêvait de porter à l’écran celui qui mit fin à la guerre de Sécession. Et c’est Daniel Day-Lewis qu’il a choisi pour incarner le 16e président des Etats-Unis. Sa prestation bluffante de réalisme pourrait bien valoir à l’acteur un nouvel Oscar.
     

    A l’affiche le 30 janvier

    DE / Steven Spielberg

    AVEC / Daniel Day-Lewis, Sally Field, Joseph Gordon-Levitt

     

     

     

     

     
    Avant-première le 25 janvier
    à 20h (VOST)
    Hitchcock
     
    Plongez dans les coulisses du tournage du film mythique d’Alfred Hitchcock : Psychose. Grâce au soutien inconditionnel de son épouse Alma Reville, découvrez comment ce chef-d’oeuvre a vu le jour alors que personne n’y croyait !
     

    A l’affiche le 06 février

    DE / Sacha Gervasi

    AVEC / Anthony Hopkins, Helen Mirren, Scarlett

     

     
     
    Avant-première le 26 janvier
    à 20h
    Möbius
     
    Jean Dujardin et Cécile de France sont tous les deux infiltrés dans une affaire d’espionnage impliquant un puissant homme d’affaires russe. Mais le soudain rapprochement entre les deux officiers risque de compliquer leur mission commune.
     

    A l’affiche le 27 février

    DE / Eric Rochant

    AVEC / Jean Dujardin, Cécile de France, Tim Roth, Emilie Dequenne

     

     

     
     
    Avant-première le 27 janvier
    à 16h (VF)

    Hôtel Transylvanie 3D

     

     
    Pour fêter l’anniversaire de sa fille, Mavis, Dracula invite les plus célèbres monstres du monde dans son hôtel. Mais alors que la fête semblait être garantie, un voyageur inconnu va venir semer le trouble dans le coeur de Mavis...
     

     

    A l’affiche le 13 février

    DE / Genndy Tartakovsky

    AVEC les voix FRANÇAISES de / Virginie Efira, Alex Goude

     

     

     

     

    Avant-première le 27 janvier
    à 20h (VOST)

    Week-end royal

     

     
    Le président Franklin D. Roosevelt reçoit le couple royal britannique dans sa demeure le temps d’un week-end : la première visite d’un monarque britannique aux Etats-Unis. Mais le président américain est davantage préoccupé par sa relation avec Daisy, sa cousine, que par ses invités...
     

    A l’affiche le 27 février

    DE / Roger Michell

    AVEC / Bill Murray, Laura Linney, Samuel West

     

     

     

     
     
    Avant-première le 28 janvier
    à 20h (VOST)

    Gangster Squad

     

     
    En pleine Amérique des années 1950, Los Angeles est sous la coupe du parrain Mickey Cohen. Personne n’ose se frotter à l’homme le plus puissant de la ville... sauf une petite brigade du LAPD... Quand Ryan Gosling et Josh Brolin tiennent tête à Sean Penn !
     

    A l’affiche le 06 février

    DE / Ruben Fleisher

    AVEC / Sean Penn, Ryan Gosling, Josh Brolin, Emma Stone

     

     

     
     
    Avant-première le 29 janvier
    à 20h

    Au bout du conte

     

     
    Il était une fois Agnès Jaoui ! Pour son nouveau film en tant que réalisatrice, elle partage à nouveau l’affiche avec son acolyte de toujours Jean-Pierre Bacri. L’histoire de plusieurs personnes dont les destins pourraient être ceux d’un conte de fées...
     

    A l’affiche le 06 mars

    DE ET AVEC / Agnès Jaoui

    AVEC / Jean-Pierre Bacri, Agathe Bonitzer

     

     
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  • César 2013 : les nominations complètes et commentées

    A suivre dans quelques minutes, ici, et sur http://inthemoodforfilmfestivals.com ...et en attendant à 9H30 sur twitter en direct du Fouquet's ( http://twitter.com/moodforcinema ).

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  • César 2013 - Conférence de presse de nominations en direct sur @moodforcinema ce 25 janvier

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    Ce 25 janvier, à partir de 9H30 seront annoncées les nominations aux César 2013, au Fouquet’s en direct duquel je serai et d’où je vous ferai donc un live tweet de ces nominations à suivre sur @moodforcinema (http://twitter.com/moodforcinema ).

    Vous pourrez ensuite retrouver les nominations complètes et commentées sur ce blog et sur mon blog http://inthemoodforfilmfestivals.com .

    En attendant, retrouvez, ici, mon compte-rendu et le palmarès des Lumières qui préfigurent souvent celui des César.

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  • Critique - "Il y a longtemps que je t'aime" de Philippe Claudel, à 20H50, ce soir, sur Arte

     

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    Le film s’ouvre sur le regard bleu et absent et glacial de Kristin Scott Thomas (Juliette), ce regard qui va nous happer dans les abysses de ses douleurs et ses secrets et ne plus nous lâcher jusqu’à la dernière seconde du film. Ses traits sont tirés, sa démarche maladroite, ses réactions sont brutales. Elle vient de sortir de prison après 15 ans d’enfermement. 15 années pendant lesquelles sa famille l’a rejetée. Sa jeune sœur, Léa (Elsa Zylberstein), vient la chercher pour l’héberger et l’accueillir chez elle auprès de son mari Luc (Serge Hazanavicius) et ses deux filles, adoptives (ce qui n’est évidemment pas anodin). L’une et l’autre vont alors reconstruire leur relation et reconstruire le passé, panser cette plaie à vif, ce gouffre béant. Juliette va devoir se faire « adopter ».

    78c6f923d22bbf6d767494e0cca2be92.jpgA la manière d’un tableau qui l’on jugerait rapidement, s’arrêtant à notre premier regard, vue d’ensemble imparfaite et simpliste et finalement rassurante dans nos certitudes illusoires, c’est d’abord le mal être, la violence des réactions de Juliette qui nous apparaît, filmée en plongée, si fragile, brisée par la vie, l’absence de vie. Le cinéaste distille les informations retenant judicieusement notre attention par cette soif de comprendre, accroissant notre curiosité pour cette femme aux contours de moins en moins flous mais de plus en plus complexes. On apprend ensuite qu’elle a commis l’impardonnable : elle a tué son enfant. Elle devrait être détestable mais l’humanité avec laquelle elle est filmée, son égarement, son mutisme obstiné sur les circonstances du drame, la violence des réactions qu’elle provoque suscitent notre empathie puis notre sympathie. « Crime et châtiment ». Dostoïevski. (Probablement le livre le plus cité au cinéma, non ? Ici, aussi.) Le tableau nous apparaît d’abord très noir. Et puis les nuances apparaissent peu à peu. Juliette « Raskolnikov » s’humanise. Nous voyons le monde à travers son regard : faussement compassionnel, un monde qui aime enfermer dans des cases, un monde qui juge sans nuances. Un monde dont Philippe Claudel, peintre des âmes grises (Juliette est d’ailleurs presque toujours vêtue de gris) et des souffrances enfouies, nous dépeint la cruauté et la fragilité avec acuité.

    123d0f153ac881bcd7bc96b0868d006a.jpgIl y a des films comme ça, rares, qui vous cueillent, vous embarquent, vous emprisonnent délicieusement dans leurs univers, douloureux et, puis, lumineux, dès la première seconde, pour ne plus vous lâcher. C’est le cas d’ « Il y a longtemps que je t’aime », premier film en tant que réalisateur de l’auteur des « Ames grises » (Prix Renaudot 2003 adapté par Yves Angelo) et du « Rapport de Brodeck » qui a également signé le scénario. La bienveillance de son regard sur ces âmes grises, blessées, insondables, parcourt tout le film. Tous ces personnages, libres en apparence, sont enfermés à leur manière : le grand-père muet à la suite de son accident cérébral est muré dans son silence, la mère de Juliette et Léa est enfermée dans son oubli après l’avoir été dans son aveuglement, le capitaine est enfermé dans sa solitude, Michel –Laurent Grévil- (un professeur qui enseigne dans la même faculté que Léa et qui va s’éprendre de Juliette) est enfermé dans ses livres, Léa est enfermée dans ce passé qu’on lui a volé, et Juliette est encore enfermée dans cette prison à laquelle on ne cesse de l’associer et la réduire. La caméra ne s’évade que très rarement des visages pour mieux les enfermer, les scruter, les sculpter aussi, les disséquer dans leurs frémissements, leurs fléchissements, leurs fragilités : leur humanité surtout. La ville de Nancy où a été tourné le film est quasiment invisible. Nous sommes enfermés. Enfermés pour voir. Pour distinguer les nuances, dans les visages et les regards. Comme cette jeune fille que Michel vient sans cesse voir au musée, enfermée dans son cadre, et qui ressemble à un amour déçu et dont il se venge ainsi parce qu’elle ne peut pas s’échapper. Nous ne pouvons nous enfuir guidés et hypnotisés par le regard captivant, empli de douleur et de détermination, de Juliette. Nous n’en avons pas envie.

    Ne vous méprenez pas, ne soyez pas effrayés par le sujet. Si le tableau est sombre en apparence, ses couleurs sont multiples, à l’image de la vie : tour à tour cruel, très drôle aussi, l’ironie du désespoir peut-être, l’ironie de l’espoir aussi, les deux parfois (scène du dîner), bouleversant aussi, ce film vous poursuit très longtemps après le générique à l’image de la rengaine qui lui sert de titre. Il est parfois plus facile de chanter ou d’esquisser que de dire. « Il y a longtemps que ». Tout juste peut-on regretter que les traits de la personnalité du personnage de Luc ne soient qu’esquissés. (néanmoins interprété avec beaucoup de justesse par Serge Hazanavicius). Mais à l’image du verdict improbable, cela importe finalement peu.

    ef7396aca26c62ce0118fae3b1ff799a.jpgKristin Scott Thomas trouve là un personnage magnifique à la (dé)mesure de son talent, au prénom d'héroïne romantique qu'elle est ici finalement, aimant inconiditionnellement, violemment. A côté d’elle le jeu d’Elsa Zylberstein nous paraît manquer de nuances mais après tout la violence de la situation (le passé qui ressurgit brusquement) justifie celle de ses réactions. Au contact l’une de l’autre elles vont reconstituer le fil de l’histoire, elles vont renaître, revivre, et illuminer la toile.

    Jusqu’à cet instant paroxystique où le regard, enfin, n’est plus las mais là, où des larmes sublimes, vivantes, ostensibles, coulent sur la vitre, de l’autre côté, inlassablement, et les libèrent. Un hymne à la vie. Bouleversant. De ces films dont on ressort avec l’envie de chanter, de croquer la vie (dans le sens alimentaire et dans le sens pictural du terme) et la musique du générique, de Jean-Louis Aubert, achève de nous conquérir. Irréversiblement.

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