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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 50

  • Critique de THE PEANUT BUTTER FALCON de Tyler Nilson et Michael Schwartz (compétition du Festival du Cinéma Américain de Deauville)

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    Voilà un film qui a de grandes chances d'emporter le Prix du public de la Ville de Deauville au regard de l'enthousiasme qu'il a suscité chez ce dernier.

     Ce premier film raconte l'histoire de Zak, un jeune homme de 22 ans atteint de trisomie qui s’enfuit de son foyer de personnes âgées pour réaliser enfin son rêve : rejoindre l’école de catch de Salt-Walter Redneck, une vieille gloire de ce sport, et devenir catcheur professionnel répondant au nom du « faucon au beurre de cacahuète ». Il rencontre Tyler, un petit voyou en cavale, qui va devenir son improbable coach et compagnon de route. Ils vont remonter ensemble les rivières, échapper à leurs poursuivants. Ils vont aussi convaincre Eleanor, une aide-soignante dévouée trimballant ses propres démons, de les accompagner en chemin. 

    Ce film jubilatoire, à la fois tendre et drôle, est d’abord remarquable par sa distribution : Shia LaBeouf, Dakota Johnson, John Hawkes, Thomas Haden Church, Bruce Dern. « Nous avons écrit ce film pour un ami trisomique, qui rêvait de jouer dans un long métrage », a ainsi expliqué le coréalisateur Michael Schwartz. Tyler, dont on découvre par bribes qu’il a tragiquement perdu son frère, trouve en Zack un frère de substitution et avec lui va renouer avec les plaisirs simples auxquels cette épopée en pleine nature les confronte.

    Une ode à l’amitié, la fraternité, la nature, comme pansements sur les âmes blessées. Une standing ovation méritée pour ce film rempli de bons sentiments (au sens noble) et de bienveillance.

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  • Connaissez-vous AbracadaBox, de l'association caritative Coucou Nous Voilou ?

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    Je vous ai déjà parlé de cette formidable association qu'est Coucou Nous Voilou et de ses remarquables initiatives. Pour un adulte,  une hospitalisation est toujours source d'angoisses, en particulier quand il s'agit de chimiothérapie. Elle l'est a fortiori pour un enfant qui se retrouve dans un univers inconnu et souvent anxiogène, parfois loin des siens. Tout ce qui peut réduire cet aspect est donc une initiative plus que louable, et même nécessaire, voire vitale (d'autant plus qu'on sous-estime souvent l'impact du cadre et de ces angoisses liées à celui-ci sur la maladie).  AbracadaBox est ainsi un projet original et unique en Europe que l'association caritative Coucou Nous Voilou met actuellement en place gracieusement, sans aucun frais pour les Services de Pédiatrie, dans les hôpitaux français, pour le plus grand bonheur des enfants malades avec pour vocation de financer intégralement ou partiellement les projets d'amélioration du quotidien des jeunes hospitalisés (achats de matériels, décorations, fresques murales, création de lieux de vie, aménagements, animations, humanisation, séjours, jeux, jouets, cadeaux, etc.) imaginés par les médecins et infirmières au sein de leurs Services de pédiatrie. Ci-dessous, je vous en dis plus sur cette association remarquable et son idée que je trouve lumineuse et même...abracadabrantesque !! Prenez quelques minutes pour en savoir plus et si le cœur vous en dit pour les soutenir et partager leurs initiatives.

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  • Critique de BULL d'Annie Silverstein (compétition - Festival du Cinéma Américain de Deauville)

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    « Bull » est le premier film de la réalisatrice Annie Silverstein qui fut lauréate de la Cinéfondation, toujours un vivier de talents, est un gros plan sur l’âpre réalité de l'Amérique de Donald Trump (déjà en lice à Cannes dans la section « Un Certain Regard »).

     Ce premier film « dresse un tableau extrêmement juste et troublant de l'Amérique de Donald Trump, 

    « Bull », c’est l’histoire de la rédemption de Kris, une adolescente de 14 ans qui vit dans la banlieue pauvre de Houston et qui donne l'impression de suivre le chemin de sa mère, qui purge une peine de prison. Après avoir saccagé la maison de son voisin dans un acte purement gratuit, elle doit faire amende honorable, et prêter main-forte au propriétaire de la maison vandalisée qui est une ancienne gloire du rodéo. Elle se découvre alors une passion pour l'art de monter les taureaux à cru. Mais les mauvaises fréquentations ne sont jamais bien loin.

    La réalisatrice a choisi de montrer l’Amérique des laissés-pour-compte, celle des citoyens en colère mais qui n'ont parfois comme la jeune Kris que la violence ou la rébellion pour l'exprimer  parce qu’on n’a pas même pris le temps de leur poser une main, consolatrice et apaisante sur leur front, comme le taciturne Abe le fait avec les taureaux.  

    La rencontre de ces deux solitudes qui s’apprivoisent comme ils apprivoisent les taureaux, c’est celle de deux visages de l’Amérique, deux figures que l’Amérique a abandonnées.

    Bien sûr, « Bull » n’est pas sans rappeler « The Rider » de Chloé Zhao, vainqueur du Grand Prix à Deauville en 2017.

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     Là aussi l’animal en furie sur lequel il fallait tenir était une métaphore de cette vie chaotique, de ces âmes tourmentées qui devaient trouver leur équilibre malgré l’âpreté et les secousses de l’existence.  Brady, un jeune cow-boy, entraîneur de chevaux et étoile montante du rodéo, voyait sa vie basculer après un tragique accident de rodéo. On lui annonçait alors qu’il ne pourrait plus jamais faire d’équitation. De retour chez lui, il était confronté au vide qu’était devenue sa vie : celle d’un cow-boy qui ne peut désormais ni faire de rodéo ni même monter à cheval. Pour reprendre son destin en mains, Brady se lançait alors dans une quête identitaire en cherchant à comprendre ce que c’est vraiment qu’être un homme au cœur même de l’Amérique. Brady Jandreau, qui jouait son propre rôle aux côtés de sa famille et de ses amis est vraiment une jeune star du rodéo qui a vu sa vie basculer suite à un accident et cette véracité renforçait bien sûr l’émotion qui émane de chacun des plans. Brady devait faire face à un avenir sans espoir, à un parent immature, et lui aussi incarne de nombreux contrastes à l’image de cette Amérique pétrie de contradictions. La violence de l’arène dans laquelle il évoluait contrastait avec la tendresse dont il faisait preuve avec sa jeune sœur handicapée ou son ami victime d’un accident de rodéo. Les immenses plaines évocatrices de liberté contrastaient avec la blessure et l’arène qui l’enfermaient. Et c’est en renonçant au rodéo que le cowboy devenait un homme. On retrouve ce même contraste dans « Bull ». Le jury qui avait attribué le grand prix à « The Rider » avait salué sa poésie et son humanité.

    Sans doute, pour ces raisons, avais-je préféré ce film à « Bull » qui n’en dresse pas moins un portrait édifiant et sensible de cette Amérique des oubliés à travers cette amitié improbable, porteuse d’espoir malgré l’âpreté du quotidien qui en a permis l’éclosion.

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  • Critique de TOUT PEUT CHANGER et Deauville Talent Award décerné à Geena Davis

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    Parmi les évènements de cette édition figure l’hommage à Geena Davis venue présenter « Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood » de Tom Donahue.

    Tout peut changer est un documentaire qui révèle ce qui se cache derrière l'une des aberrations de l'industrie du cinéma américain : la sous-représentation des femmes à Hollywood. Le réalisateur Tom Donahue met en avant des décennies de discrimination à l'égard des femmes derrière et devant la caméra, grâce notamment à une méthode inédite d’étude des données chiffrées, avec, à l’appui, des centaines de témoignages accablants.  

    Plus important encore, le film cherche et propose des solutions qui vont au-delà de l'industrie du cinéma et bien au-delà des frontières américaines, à travers les témoignages de nombreuses voix d'Hollywood, dont Meryl Streep, Cate Blanchett, Natalie Portman, Reese Witherspoon,  Jessica Chastain, Chloë Grace Moretz ou encore, Geena Davis, également productrice exécutive du film ; pour mettre en exergue ce qui peut et doit changer.

    Dommage que le message soit noyé parmi une floppée de chiffres et d’énonciations didactiques, une manière d’infantiliser le spectateur (en surlignant bien certaines données au cas où il n’aurait pas compris), un ton vindicatif voire guerrier en totale contradiction avec le propos, et une dispersion des sujets qui méritaient pourtant d’être traités.

    Il était cependant intéressant de voir le rôle majeur occupé par les femmes au temps du muet et comment celles-ci ont peu à peu été évincées de l’industrie cinématographique ou encore comment ces dernières sont enfermées (encore l’enfermement) dans des personnages stéréotypés.

    L’intention était donc louable même si le résultat n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Geena Davis, qui a fondé un institut d'études sur la représentation des femmes à l'écran, l'Institute of gender in media, démontre que la discrimination est toujours d’actualité pour les femmes, qu’elles se trouvent devant ou derrière la caméra, que ce soit dans la manière dont elles sont représentées sur l’écran ou traitées sur les tournages. Ainsi, « En Amérique, seuls 4% des films produits sont réalisés par des femmes » alors que ce « chiffre est de 24% en France. »

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  • Critique de AMERICAN SKIN de Nate Parker (Première du Festival du Cinéma Américain de Deauville)

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    La plus longue standing ovation à Deauville cette année restera probablement celle à l’issue de la projection d’ « American skin » de Nate Parker. Produit par Spike Lee, ce film est de ceux de ce festival annoncés comme « défiant Trump » ou en tout cas l'Amérique de Trump, une Amérique enfermée dans des préjugés par définition étriqués, dans la peur et ses conséquences, l'oppression de l'autre.

    Lincoln est un ancien combattant de la Marine. Aujourd'hui, il travaille comme concierge au sein d'une école et tente d’améliorer ses relations avec son fils. Un jour, lors d'un contrôle de police de routine, le jeune garçon est tué. Cependant, l'officier coupable d'avoir tiré sur lui est déclaré innocent. Lincoln (incarné par Nate Parker lui-même) choisit alors de faire justice lui-même.

    L'enfermement, l'aspiration à la liberté, à pouvoir être soi-même sans entraves est décidément le thème récurrent de cette édition. Là encore en effet il est question d’enfermement. D’enfermement dans une société de préjugés qui conduit à ce que certains hommes se sentent moins libres que d’autres. D’enfermement pour faire surgir la vérité.

    Paradoxalement, les multiples moyens de communication (sous leurs nombreuses formes) et de filmer et donc supposément de s'ouvrir à l'autre sont aussi omniprésents et servent aussi le style faux documentaire du film mais également à montrer que dans nos sociétés ultra connectées tout est filmé constamment sans pour autant permettre de faire éclater la vérité ou de s'ouvrir l'autre et de communiquer posément. Vérité glaçante.

    Cela permet bien sûr aussi d'impliquer le spectateur, de susciter son empathie. Le film fait d’ailleurs l’éloge du documentaire comme moyen d’éveil des consciences, limité d’ailleurs puisqu’il est ici au service de la vérité mais peut tout aussi bien la trahir et non la traduire. Prenant de la première seconde (début sur le vif lors d'un contrôle de police tragique) au dénouement (qui rappelle cette première scène comme si tout cela n'était qu'un cycle infernal, condamnant tout espoir d'un lendemain meilleur où chacun s'écouterait et se libérerait de la peur dictée par les préjugés), ce faux documentaire fourmille d'idées brillantes. Comme de s'inspirer de « 12 hommes en colère », le face à face auquel ce « procès » improvisé donne lieu n’est d’ailleurs pas sans rappeler certaines scènes des « Misérables » (Prix d’Ornano-Valenti de cette édition ) en ce que l’un et l’autre de ces deux films montrent que la violence, dictée par la peur, exacerbe les tensions. Comme encore ces quelques mots lapidaires au journal télévisé pour traduire et trahir la complexité d'un drame humain. Mots auxquels succèdent les louanges sur les performances d'un sportif noir énoncées par un présentateur guilleret. « Cachez ces crimes racistes que je ne saurais voir », semble nous dire Nate Parker du moment que l'apparence et les clichés soient saufs. Telle est l'Amérique de Trump.

    Résultat : un film poignant, bouleversant, un coup de poing et un coup au cœur. Un plaidoyer aussi convaincant que nécessaire qui a bouleversé les festivaliers.

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  • Critique de THE WOLF HOUR d’Alistair Banks Griffin (compétition - Festival du Cinéma Américain de Deauville)

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     New York. Juillet 1977.  Naomi Watts incarne June Leigh, une ancienne romancière à succès en panne d’inspiration, retranchée dans son appartement du Bronx. Alors qu’un tueur en séries sévit dans la ville et que de violentes émeutes et des pillages plongent la ville dans le chaos, June est harcelée par un mystérieux individu.

    A nouveau il est question d’enfermement, d’une femme prisonnière, cette fois de ses propres démons. A l’inverse de « Swallow » ce n’est pas sa famille mais elle-même qui l’enferme. Dans les deux cas pourtant un drame est à l’origine de cette pathologie, ici la paranoïa. Là où l’une « avalera » (des objets, ses émotions), l’autre devra au contraire retrouver le désir pour « recracher » ses émotions.

    Le film s’ouvre sur le regard de June et l’enferme comme elle le sera dans cet environnement, son appartement dans nous ne sortirons qu’à la fin, ne voyant le monde extérieur que par sa fenêtre ou par le truchement d’informations anxiogènes, cet extérieur qui ne semble représenter que menaces comme cette sonnerie intempestive de l’interphone.

    L’angoisse ne cessera de croître après ses rencontres avec un policier inquiétant et immoral, un jeune livreur dont on ne sait s’il représente une aide ou une menace, une amie réprobatrice… mais de l’une de ces rencontres naitra aussi le désir de reprendre le pouvoir sur son existence et sur ses mots (et ses maux).

    La menace est-elle existante ou le fruit du cerveau perturbé de June, menace qui semble exacerbée par cette chaleur suintante qui plonge même la ville dans le noir ? Peu importe, « The wolf hour », grâce au jeu habité de Naomi Watts est palpitant de la première à la dernière seconde et est une habile réflexion sur le processus, douloureux et libératoire, de création.

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  • Hommage à Johnny Depp et critique de WAITING FOR THE BARBARIANS de Ciro Guerra (Première du Festival du Cinéma Américain de Deauville)

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    Parmi les premières marquantes de cette 45ème édition subsistera indéniablement « Waiting for the barbarians » de Ciro Guerra, une première précédée de l'hommage à Johnny Depp, l’occasion de revoir des extraits de films inoubliables : « Edward aux mains d’argent », « Arizona dream », « Gilbert grape », « Dead man », « Las Vegas parano », « Sleepy hollow » … « Waiting for the barbarians » pourrait s’ajouter à cette liste.

    Une fois de plus, Johnny Depp est là où on ne l’attend pas, dans un rôle antipathique au possible. Dans un désert sans nom à une époque incertaine, un magistrat (Mark Rylance) gère un fort qui marque la frontière de l’Empire. Le pouvoir central s’inquiète d’une invasion barbare et dépêche sur les lieux le colonel Joll (Johnny Depp), un tortionnaire de la pire espèce (qui nomme sa méthode « patience »). Parmi les hommes et les femmes ramenés au fort et torturés, une jeune fille blessée attire l’attention du magistrat qui finit par contester les méthodes employées par le colonel et prendre fait et causes pour les soi-disant barbares.

    « Waiting for the barbarians » est une passionnante réflexion sur les mécanismes de l'abus de pouvoir, l'oppression, une métaphore à petite échelle des totalitarismes qui traversent les lieux et les époques, qu'ils soient dans le cadre d'une entreprise (ou même d'un cercle plus restreint social ou familial) ou étatiques.

    Évidemment il était judicieux pour incarner « le mal » de choisir un acteur plutôt habitué à des rôles de héros pour montrer que la monstruosité peut avoir tous les visages, que le masque arboré n'est pas forcément celui du Rhinocéros comme dans la pièce éponyme de Ionesco. La monstruosité n’en est pas moins là.

     Adaptée du roman éponyme de l’écrivain sud-africain J. M. Coetzee, lauréat du prix Nobel de littérature en 2003, cette fable terrifiante à l'image de la pièce de Ionesco précitée est un vibrant plaidoyer pour la résistance. Pour s’agrandir, l’Empire paranoïaque (voilà qui rappelle les thématiques de films précédemment évoqués) va vouloir soumettre les peuples nomades considérés comme barbares et va aussi transformer les foules en masses grégaires et haineuses.

    Ce fort qui pourrait faire songer à ceux du Far west avec certains plans (notamment d’embrasures de portes) à la John Ford et l’intemporalité de l’histoire la rendent d’autant plus universelle, forte et terrifiante.

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    Johnny Depp a ainsi évoqué son personnage qui, à l'image de son interprète tout au long de la conférence de presse, porte en permanence des lunettes, manière sans doute de se préserver des regards inquisiteurs. et de garder « la communication profonde » pour ceux à qui il souhaite lui aussi montrer son vrai visage ». « La vraie communication, la communication profonde se fait à travers les yeux. Il a construit des murs vraiment très forts. Il est juste une armure, stratégie. Il ne sera jamais rien d'autre que ce qu'il est. Cela vient d'une enfance cassée. Il se sert de sa colère pour faire mal aux autres », a ainsi déclaré Johnny Depp à propos de son personnage.

    Notons la délicatesse de Mark Rylance qui a pris soin de poser des questions aux deux producteurs du film pendant la conférence de presse à défaut de questions posées à ces derniers par les journalistes. Qui mieux que cet acteur élégant pouvait incarner ce magistrat qui s'élève contre la barbarie ? Cette barbarie aux mille visages et qui prend parfois celui fallacieux de la bonté.

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    Mark Rylance a ainsi expliqué à propos de son personnage et la réaction de rejet que lui témoigne la jeune femme à qui il vient pourtant en aide : « nous victimisons les femmes chacun à notre manière. »  

    Dans l’absence de manichéisme de ce personnage (au contraire de celui de Depp qui est l’archétype du « méchant », archétype qui n’est pas ici un défaut mais une nécessité pour appuyer le propos) réside tout l’intérêt de ce film marquant d’une force et d’une originalité incontestables.

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