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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 48

  • Critique de SWALLOW de Carlo Mirabella-Davis (en salles demain, prix spécial du 45ème Festival du Cinéma Américain de Deauville)

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    Le jury du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville (dont vous pouvez retrouver mon bilan complet, ici) présidé par Catherine Deneuve avait décerné un Prix spécial du 45ème anniversaire du Festival à « Swallow » (qui signifie « avale »), de Carlo Mirabella-Davis qui sort demain en salles.

    Le film raconte l’histoire d’Hunter qui mène une vie parfaite (en apparence, seulement en apparence) aux côtés de son mari qui vient de reprendre l’entreprise familiale. Mais dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif du comportement alimentaire, le Pica, caractérisé par l’ingestion d’objets dangereux. Son époux et sa belle-famille décident alors de contrôler ses moindres faits et gestes pour éviter le pire : qu’elle ne porte atteinte à la lignée des Conrad… Mais cette inquiétante et incontrôlable obsession ne cacherait-elle pas un secret plus terrible encore ?

    "Swallow", c’est le portrait d’une femme enfermée dans ses douleurs enfouies, dans son carcan social, dans son mariage illusoirement parfait et sa maison même, sorte de prison de verre aseptisée tout autour de laquelle la nature semble l'épier, comme un musée dont elle serait une pièce, condamnée à n'être qu'un objet que l'on admire mais à qui on refuse le droit de penser.

    La mise en scène épouse judicieusement les états d'âme de cette femme qui peu à peu s'émancipe et se découvre. Pour garder le contrôle sur cette vie qu'elle ne maîtrise pas et qui l'étouffe, elle va s'enfermer dans des troubles compulsifs alimentaires qui lui procurent la trompeuse sensation de maitriser son existence. Un moyen de se réapproprier son corps aussi, ce à quoi la réduit son mari, lui niant toute capacité à penser.

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    « Je vois vraiment ce film comme un film féministe. Le film a été inspiré de la vie de ma grand-mère qui a vécu dans les années 50, alors femme au foyer. Pour essayer de s'accrocher, elle avait des rituels comme se laver les mains de manière compulsive. Elle a été internée et a perdu le sens du goût et de l'odorat. Elle a été punie car elle ne rentrait pas dans le carcan des femmes au foyer dans les années 50 », a ainsi déclaré le réalisateur lors de la conférence de presse du film au Festival du Cinéma Américain de Deauville. Il s'est également dit « fasciné par Malick et la manière dont il nous introduit dans l'esprit des personnages par le paysage ». « J'aime beaucoup ses films et je les ai tous vus de nombreuses fois. Son travail sur la nature est fascinant. J'ai essayé d'approcher cela dans le film notamment par la relation presque mystique entre Hunter et les objets » a-t-il ajouté.

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    En tentant d'organiser son monde chaotique, d'enfouir en elle ces objets comme son traumatisme l'est, le monde d’Hunter va peu à peu s'ébranler et le visage de chacun se révéler. Son monde parfait va se fissurer. Les couleurs chatoyantes de ses tenues vont se ternir pour se fondre dans le décor et elle va presque être absorbée par celui-ci. Le monde réel, la vie même, vont peu à peu reprendre leurs droits.

    Le cinéaste peut revendiquer sans rougir ses références citées en conférence de presse : Chantal Akerman, Todd Haynes, Douglas Sirk et Alfred Hitchcock pour ce film passionnant du premier du dernier plan, brillamment pensé, mis en scène et interprété (par une actrice magnétique, Haley Bennett). Un beau portrait de femme qui s'émancipe. Intemporel et universel.

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  • Des nouvelles de mes nouvelles : ma nouvelle pour Octobre rose et l'Institut Curie avec Short Edition

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    Alors que le recueil de nouvelles des Editions J'ai Lu, Sur un malentendu, tout devient possible (comprenant les 11 nouvelles des 11 lauréats du concours Nouveaux Talents lancé par les Editions J'ai Lu pour les 60 ans de la maison d'édition) est à l'honneur dans les librairies pour Noël, c'est d'une autre nouvelle dont je viens vous parler aujourd'hui (ci-dessous la photo avec les autres lauréats).

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    Je vous parle ainsi souvent du site Short Edition (site de littérature courte qui propose souvent des concours de nouvelles et édite aussi désormais des recueils, vous pouvez d'ailleurs trouver deux de mes nouvelles lauréates dans deux de leurs recueils comme celui ci-dessous).
     

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    Récemment, un appel à textes a été lancé par Short Edition en partenariat avec l'Institut Curie dans le cadre d'Octobre rose. L'Institut à Saint-Cloud a ainsi mis à disposition des malades du cancer un Distributeur d'Histoires Courtes de Short Édition et, sur son site de Saint-Cloud, avec le soutien institutionnel de Roche et en partenariat avec Short Édition, a choisi d’organiser un appel à textes afin d’alimenter le Distributeur d’Histoires Courtes avec des histoires écrites par toutes les personnes touchées par le cancer (malades, soignants, proches).

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    Si je vous en parle aujourd'hui, c'est parce que ma nouvelle "La voleuse de rêves" fait partie des nouvelles et poèmes sélectionnés par le jury qui ont été lus à l'Institut Curie par un comédien et imprimés sur papyrus via le Distributeur d'Histoires Courtes de l'Institut Curie. Short Édition m'a également contactée pour me dire que mon texte sera diffusé à plus large échelle dans leurs autres Distributeurs d'Histoires courtes. Puisse cette nouvelle changer ne serait-ce qu'un regard sur ce que vivent les accompagnants et bien sûr les malades...et éviter certaines maladresses parfois douloureuses.
     
    Ce choix du jury m'émeut évidemment car évoquer ce sujet me tenait particulièrement à cœur, même si je l'ai déjà fait ailleurs dans mon roman "L'amor dans l'âme". Je tenais à parler à nouveau du ressenti des proches comme je le fus de 2011 à 2013.
     
    Il s'agissait d'écrire un texte de 8000 signes espaces compris sur ce thème du cancer et s'inspirant de cette citation : « La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie. » 
     
    Ma nouvelle intitulée "La voleuse de rêves" ici :
     
     

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    Vous pouvez retrouver les distributeurs de Short Édition un peu partout en France et à l'étranger (entreprises, gares etc) et même dans le café de  Coppola à San Francisco ("parrain" américain de Short Édition à sa demande). 
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  • Critique de UN COEUR EN HIVER de Claude Sautet (à voir ce soir sur Ciné + club)

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    A voir absolument ce soir sur Ciné + club, à 20H50, "Un coeur en hiver" de Claude Sautet, un film dont je vous parle dans mon roman "L'amor dans l'âme". Je vous explique pourquoi ce film est un de mes films préférés et pour moi un chef-d'œuvre. Lorsqu’on me demande mon film culte, je cite le plus souvent soit « Le Guépard » de Luchino Visconti, soit « Un cœur en hiver » de Claude Sautet, suscitant régulièrement la perplexité chez mes interlocuteurs concernant le second, et la mienne en retour de constater que beaucoup ne connaissent pas ce film. Après un certain nombre de visionnages, il me bouleverse, me fascine et m’intrigue toujours autant. Si vous ne l’avez pas encore vu, ou si vous l’avez vu mais n’en gardez qu’un souvenir mitigé je vais essayer de vous convaincre de (re)voir ce film que je considère comme un chef-d’œuvre. « Un cœur en hiver » est une adaptation d'un roman de Lermontov mais est également inspiré de la vie de Maurice Ravel.
    Maxime (André Dussolier) et Stéphane (Daniel Auteuil) sont (apparemment) amis et travaillent ensemble dans l’atmosphère feutrée d’un atelier de lutherie. Les violons sont toute la vie de Stéphane, contrairement à Maxime qui vient de tomber amoureux d’une jeune violoniste, Camille (Emmanuelle Béart), rapidement intriguée puis attirée par la retenue singulière de Stéphane. Pour Stéphane, véritable « cœur en hiver », ce n’est qu’un jeu dont il conte l’évolution à son amie Hélène (Elisabeth Bourgine). Stéphane semble n’aimer qu’une seule personne au monde : son maître de violon, Lachaume (Maurice Garrel).
    Sur la tombe de Claude Sautet au cimetière Montparnasse, il est écrit : « Garder le calme devant la dissonance », voilà probablement la phrase qui définirait aussi le mieux son cinéma et peut-être même le mieux « Un cœur en hiver » : d’abord parce que son cinéma est un cinéma de la dissonance, de l’imprévu, de la note inattendue dans la quotidienneté (ici, l’arrivée de Camille dans la vie de Maxime et par conséquent dans celle de Stéphane comme c’est le cas de l’arrivée de David dans « César et Rosalie » ou de Nelly dans « Nelly et Monsieur Arnaud ») et ensuite parce que cette épitaphe fait référence à la passion de Claude Sautet pour la musique, une passion qui s’exprime pleinement ici puisque la musique est un personnage à part entière. Le tempo des films de Sautet est ainsi réglé comme une partition musicale, impeccablement rythmée, une partition dont on a l’impression qu’en changer une note ébranlerait l’ensemble de la composition.
    C’est par elle, la musique, que Camille s’exprime (d’ailleurs Maxime le dira, elle ne se livre que lorsqu’elle joue) : tantôt sa mélancolie, sa violence (ainsi cette scène où elle enregistre en studio et qu’elle manie l’archet comme une lame tranchante), son désarroi, ses espoirs. C’est aussi à travers elle que Stéphane ressent et exprime ses (rares) émotions notamment lorsqu’un « c’est beau » lui échappe après avoir écouté Camille jouer. La musique ici, aussi sublime soit-elle (celle des sonates et trio de Ravel) n’est pas forcément mélodieuse mais exprime la dissonance que connaissent les personnages. C’est un élément d’expression d’une force rare, bien plus que n’importe quel dialogue.
    La passion est donc celle pour la musique mais aussi celle qui s’exprime à travers elle, l’autre : la passion amoureuse. Celle qui s’empare de Camille pour cet homme hermétique au regard brillant, transperçant qui la fascine, l’intrigue, la désempare. Le trouble s’empare d’elle dès sa première répétition à laquelle Stéphane assiste. Elle ne parvient pas à jouer, dit qu’elle reprendra un autre jour et puis quand Stéphane quitte la pièce, elle reprend comme si de rien n’était. Ensuite, venue rejoindre Maxime dans l’atelier de lutherie, ce dernier occupé, elle l’attend en compagnie de Stéphane et lui confie ce qu’elle n’avait jamais dit à personne, lui parlant de ses rapports compliqués avec son agent et amie Régine (Brigitte Catillon). Enfin, troisième rencontre déterminante : Stéphane vient la voir jouer, seul, sans Maxime pour la première fois. Ils s’évadent un instant de la répétition pour aller boire un café après avoir traversé la rue sous la pluie. Leurs mains s’effleurent presque subrepticement, négligemment. Stéphane la protège de la pluie avec sa veste. Puis, il l’écoute assis au café, avec son regard scrutateur. Puis, c’est l’absence et le silence de Stéphane mais c’est trop tard : Camille est déjà bouleversée, amoureuse. A priori, racontées ainsi rien d’extraordinaire dans ces trois scènes, pourtant le scénario et la mise en scène de Sautet et surtout ses personnages sont d’une telle richesse que chacune d’elle est plus haletante qu’une scène d’un palpitant thriller. Aucun plan n’est inutile. Comme dans un thriller, chaque plan a une implication sur la résolution.
    Tous les films de Sautet se caractérisent d’ailleurs aussi par le suspense (il était fasciné par Ford et Hawks ) : le suspense sentimental avant tout, concourant à créer des films toujours haletants et fascinants. Claude Sautet citait ainsi souvent la phrase de Tristan Bernard : « il faut surprendre avec ce que l’on attend ». On ne peut certainement pas reprocher au cinéma de Claude Sautet d’être démesurément explicatif, c’est au contraire un cinéma de l’implicite, des silences et du non-dit. Pascal Jardin disait de Claude Sautet qu’il « reste une fenêtre ouverte sur l’inconscient ».
    Le souffle du spectateur est suspendu à chaque regard (le regard tellement transperçant de Stéphane, ou de plus en plus troublé de Camille) à chaque note, à chaque geste d’une précision rare. Je n’ai encore jamais trouvé au cinéma de personnages aussi « travaillés » que Stéphane, ambigu, complexe qui me semble avoir une existence propre, presque exister en dehors de l’écran. Là encore comme un thriller énigmatique, à chaque fois je l’interprète différemment, un peu aussi comme une sublime musique ou œuvre d’art qui à chaque fois me ferait ressentir des émotions différentes. Stéphane est-il vraiment indifférent ? Joue-t-il un jeu ? Ne vit-il qu’à travers la musique ? « La musique c’est du rêve » dit-il. Ou, selon cette citation de La Rochefoucauld que cite Sautet fait-il partie de ceux qui pensent que« Peu de gens seraient amoureux si on ne leur avait jamais parlé d’amour » ? A-t-il peur d’aimer ? Ou n’y croit-il simplement pas ? Est-il sincère quand il dit avec une froide tranquillité que Maxime n’est pas un ami, juste « un partenaire »
    Le film commence ainsi de nuit dans l’atelier et se termine de jour dans un café et entre ces deux moments, Stéphane passera de l’ombre à la lumière, d’une personnalité ombrageuse à (peut-être, là aussi, l’interprétation varie à chaque visionnage) un homme capable d’aimer. Un personnage assez proche du personnage de Martial dans « Quelques jours avec moi » (un autre film de Sautet méconnu que je vous recommande, où son regard se fait encore plus ironique et acéré, un film irrésistiblement drôle et non dénué de –douce-cruauté). « Les films de Claude Sautet touchent tous ceux qui privilégient les personnages par rapport aux situations, tous ceux qui pensent que les hommes sont plus importants que ce qu’ils font (..). Claude Sautet c’est la vitalité. » disait ainsi Truffaut.
    Et puis certaines scènes font pour moi partie des plus belles et cruelles du cinéma. Cette scène où dans une voiture, Camille lui avoue l’amour qu’il lui inspire et se livre à lui, ce à quoi Stéphane répond avec tranquillité, jubilation peut-être, froidement en tout cas : « je ne vous aime pas ». Cette scène me glace le sang à chaque fois. Et puis la scène où Camille veut l’humilier à son tour. Elle se maquille outrageusement, le rejoint au café où il a ses habitudes où il dîne avec son amie Hélène. Camille lui crie sa rancœur, sa passion, cherche à l’humilier. La scène est tranchante, violente et sublime comme la musique de Ravel jouée par Camille.
    Et puis comment ne pas parler de la distribution, absolument parfaite, à commencer par Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart, sans aucun doute leurs meilleurs rôles auxquels ils semblent se livrer (ou se cacher) corps et âme, d’autant plus ambigus puisqu’ils vivaient alors ensemble. Emmanuelle Béart est à la fois mystérieuse, sensuelle, forte, fragile, fière, brisée, passionnée et talentueuse (elle apprit ainsi le violon pendant un an). Daniel Auteuil donne vie à ce Stéphane énigmatique, opaque, cinglant, glacial, austère qui se définit lui-même comme sournois, parfois révoltant, parfois touchant avec ce regard perçant, tantôt terriblement là ou terriblement absent. L’un comme l’autre, dans leurs regards, expriment une multitude d’émotions ou de mystères. Mais il ne faudrait pas non plus oublier les seconds rôles : André Dussolier, personnage digne qui échappe au cliché de l’amant trompé et qui obtint d’ailleurs le César du meilleur second rôle. Jean-Luc Bideau qui dans une scène courte mais intense aligne les clichés sur la culture et l’élitisme (magnifique scène de dialogue où là aussi Stéphane dévoile une trouble (et pour Camille troublante) facette de sa personnalité. Myriam Boyer, Brigitte Catillon, Elisabeth Bourgine (les femmes de l’ombre avec, chacune à leur manière, une présence forte et déterminante).
    « Un cœur en hiver » obtint le lion d’argent à Venise. Daniel Auteuil et Emmanuelle Béart passèrent à côté des César de meilleurs acteurs (que leur ravirent Claude Rich pour « Le souper » et Catherine Deneuve, pour « Indochine »). Claude Sautet obtint néanmoins le césar du meilleur réalisateur (le seul avec celui de Dussolier malgré sept nominations) et celui du meilleur film fut cette année-là attribué à Cyril Collard pour « Les nuits fauves ». Tous les postes du film auraient mérités d’être récompensés : le scénario, l’image d’Yves Angelo, le travail sur la musique de Philippe Sarde, le scénario de Jacques Fieschi et Claude Sautet…
    On retrouve là encore ce qui caractérise les films de Claude Sautet : les scènes de groupe (dont « Vincent, François, Paul et les autres est le film emblématique) et la solitude dans et malgré le groupe, l’implicite dans ce qui n’est pas- les ellipses- comme dans ce qui est-les regards- (Ah le regard tranchant de Daniel Auteuil! Ah, ce dernier plan !), des scènes de café ( « A chaque film, avouait Sautet, je me dis toujours : non, cette fois tu n’y tournes pas. Et puis, je ne peux pas m’en empêcher. Les cafés, c’est comme Paris, c’est vraiment mon univers. C’est à travers eux que je vois la vie. Des instants de solitude et de rêvasseries. ») les personnages filmés à travers les vitres de ces mêmes cafés, des scènes de pluie qui sont souvent un élément déclencheur, des scènes de colère (peut-être inspirées par les scènes de colère incontournables dans les films de Jean Gabin, Sautet ayant ainsi revu « Le jour se lève » …17 fois en un mois!), des femmes combatives souvent incarnées par Romy Schneider puis par Emmanuelle Béart, des fins souvent ouvertes et avant tout un cinéma de personnages : César, Rosalie, Nelly, Arnaud, Vincent, François, Paul, Max, Mado, …et les autres, des personnages égarés affectivement et/ou socialement, des personnages énigmatiques et ambivalents.
    On a souvent dit de Claude Sautet était le peintre de la société des années 70 mais en réalité la complexité des sentiments de ses personnages disséquée avec une rare acuité est intemporelle. S’il est vrai que la plupart de ses films sont des tableaux de la société contemporaine, notamment de la société d’après 1968, et de la société pompidolienne, puis giscardienne, et enfin mitterrandienne, ses personnages et les situations dans lesquelles il les implique sont avant tout universels, un peu comme « La Comédie Humaine » peut s’appliquer aussi bien à notre époque qu’à celle de Balzac.
    Le personnage de Stéphane ne cessera jamais de m’intriguer, intrigant le spectateur comme il intrigue Camille, exprimant tant d’ambiguïté dans son regard brillant ou éteint. Hors de la vie, hors du temps. Je vous le garantis, vous ne pourrez pas oublier ce crescendo émotionnel jusqu’à ce plan fixe final polysémique qui vous laisse ko et qui n’est pas sans rappeler celui de Romy Schneider à la fin de « Max et les ferrailleurs » ou de Michel Serrault (regard absent à l’aéroport) dans « Nelly et Monsieur Arnaud » ou de Montand/Frey/Schneider dans « César et Rosalie ». Le cinéma de Claude Sautet est finalement affaire de regards, qu’il avait d’une acuité incroyable, saisissante sur la complexité des êtres, et jamais égalée. Alors que le cinéma est de plus en plus univoque, explicatif, c’est plus que salutaire.
    Une histoire d’amour, de passion(s), cruelle, intense, poétique, sublime, dissonante, mélodieuse, contradictoire, trouble et troublante, parfaitement écrite, jouée, interprétée, mise en lumière, en musique et en images.
    Un peu comme l’ours en peluche du « Jour se lève » qui a un œil qui rit et un autre qui pleure, nous ressortons des films de Sautet et de celui-là en particulier, entre rires et larmes, bouleversés, avec l’envie de vivre plus intensément encore car là était le véritable objectif de Claude Sautet : nous « faire aimer la vie »…et il y est parvenu, magistralement. Personne après lui n’a su nous raconter des « histoires simples » aux personnages complexes qui nous parlent aussi bien de « choses de la vie ».
    Claude Sautet, en 14 films, a su imposer un style, des films inoubliables, un cinéma du désenchantement enchanteur, d’une savoureuse mélancolie, de l’ambivalence et de la dissonance jubilatoires, une symphonie magistrale dont chaque film est un morceau unique indissociable de l’ensemble, et celui-ci pour moi le plus beau et bouleversant.

  • Sortie du recueil "Sur un malentendu, tout devient possible" (Editions J'ai Lu - 11 auteurs, 11 nouvelles)


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    Le recueil des 11 nouvelles des 11 lauréats du concours Nouveaux Talents des Éditions J'ai Lu sort ce 13 novembre en librairie. Vous y retrouverez ainsi ma nouvelle lauréate "Une bouteille à la mer" ainsi que les nouvelles des 10 autres lauréats. Une nouvelle qui présente la particularité de tourner autour du texte d'une chanson inventée pour l'occasion. 543 pages tendrement drôles pour rêver et vous évader. Le cadeau de Noël idéal ! Pour rappel, ce concours de nouvelles avait eu lieu en mai 2018 à l'occasion des 60 ans des Editions J'ai Lu, une belle maison que je suis heureuse et fière d'intégrer.
     
    Quatrième de couverture :
     
    "Lorsque l'amour survient, nous le recevons comme un cadeau du ciel. Mais nous ne sommes pas tous bénis des dieux. Alors qui, dans les affaires de cœur, refuserait un petit coup de pouce du destin ? Dans ce recueil de nouvelles, c'est un malentendu qui s'immisce dans la vie des personnages, bouleverse leurs routines et leur ouvre les portes de l'inattendu. Voici onze variations subtiles et drôles sur les petits arrangements avec le hasard, un concentré vitaminé de bonne humeur, concocté par des auteurs français à découvrir absolument ! Sur un malentendu, tout devient possible ! rassemble les nouvelles des lauréats du concours Nouveaux Talents : Alex d'Aboise, Laura Bennevault, Carole Cerruti, Fanny Gayral, Caro Manaël, Déborah J. Marrazzu, Sandra Mézière, Audrey Perri, Amélie Petitpas, Colombine Rosier et Gala de Spax."
     
    Pour commander le recueil (disponible un peu partout en librairies) :
     
    https://livre.fnac.com/a13706952/Collectif-Sur-un-malentendu-tout-devient-possible?Origin=fnac_google
     
    Et si vous aimez lire des nouvelles, vous pouvez toujours lire mon recueil de 16 nouvelles sur le cinéma "Les illusions parallèles" (Éditions du 38) :
     
    https://livre.fnac.com/a10120131/Sandra-Meziere-Les-illusions-paralleles.
     
    Et pour ceux qui lisent en numérique, sachez que mon roman au coeur du Festival de Cannes "L'amor dans l'âme" (Éditions du 38) est à 1,99 euros pendant 38 jours sur toutes les plateformes numériques.
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  • Critique de MATTHIAS ET MAXIME de Xavier Dolan (en salles ce 16 octobre 2019)

    cinéma, Xavier dolan, Matthias et Maxime, Festival de Cannes 2019, 72ème Festival de Cannes, Gabriel D’Almeida Freitas

    L’émotion était au rendez-vous ce 22 Mai 2019 à Cannes dans le Grand Théâtre Lumière, pendant le film, et a fortiori lorsque la lumière s’est rallumée.  Comme le veut la nouvelle tradition à la fin de chaque projection officielle, un micro a été tendu au réalisateur pour qu’il prononce quelques mots. En larmes, Xavier Dolan, s’est ainsi exprimé : « Je ne pense pas que je pourrai parler longuement car je suis très ému. Cela fait tout de même 10 ans que je débarquais à Cannes avec « J’ai tué ma mère » et depuis cela a été tellement enrichissant, tellement de rencontres, tellement de moments comme ceux-ci…et merci, c’est tout… ». En larmes, je l’étais aussi après ce film pétri de tendresse, d’émotions, de vérité, d’audace. Et de talent.

    Présenté en compétition du 72ème Festival de Cannes, ce huitième film de Xavier Dolan est aussi son sixième présenté à Cannes. Ce huitième film de Xavier Dolan est reparti de Cannes sans prix. Il aurait pourtant pu prétendre à plusieurs d’entre eux, à commencer par celui du scénario. Cannes et Xavier Dolan, c’est déjà une longue histoire jalonnée de récompenses. En 2009, il réalise et produit à seulement vingt ans son premier long-métrage, « J’ai tué ma mère » présenté à la Quinzaine des Réalisateurs où il suscite un incroyable engouement en repartant avec 3 prix.  Suivront « Les amours imaginaires » et « Laurence anyways » en compétition à Un Certain Regard en 2010 et 2012. En 2013, « Tom à la ferme » ne sera pas à Cannes mais il reçoit le Prix Fipresci à la Mostra de Venise. « Mommy » a reçu le Prix du Jury du Festival de Cannes en 2014 et le César du meilleur film étranger. « Juste la fin du monde » en compétition en 2016 a reçu le Grand Prix.

    Très prolifique, Xavier Dolan, quelques mois avant le Festival de Cannes sortait le magnifique « Ma vie avec John F. Donovan ». Un film intime et universel. Passionné et passionnant. Épique et personnel. Moderne et intemporel. Sensible et fougueux. Mélancolique et enivrant. Un film dans lequel la sincérité affleure, comme dans tous les films de Xavier Dolan d’ailleurs, et nous touche en plein cœur. Un long métrage qui nous dit que les rêves et les mensonges peuvent sauver (tuer parfois, aussi). Quel plus bel hommage encore au cinéma que cette nouvelle mise en abyme ? La forme épouse le fond et ceux qui n'y ont vu qu'esbroufe sous-estiment Dolan, les mensonges du personnage de Donovan s'illustrant ainsi magistralement dans cette flamboyance hypnotique. La correspondance est comme un miroir, un révélateur entre ces enfances. Ce sont donc des êtres qui se répondent et réfléchissent, les affres de l'un condamnées à l'ombre éclairant finalement la vie de l'autre. Ce film, comme les précédents de Dolan, brasse de multiples thèmes chers à l'auteur et recèle de nombreuses scènes d'anthologie poignantes et/ou électrisantes, une fois de plus : sous la pluie, dans une salle de bain ou lorsque la ville semble comme survolée par un super héros et vue par le prisme d'un enfant rêveur. Avec, comme toujours dans les films de Dolan, une BO remarquable au service de l'émotion.

    Changement d’univers avec « Matthias et Maxime ». Deux amis d’enfance, Matthias (Gabriel d’Almeida Freitas) et Maxime (Xavier Dolan) s’embrassent pour les besoins d’un court métrage amateur. Matthias a une brillante carrière d’avocat devant lui, des airs de gendre idéal. Maxime a une vie plus chaotique. Ils viennent de milieux différents et une profonde amitié les lie. Suite à ce baiser d’apparence anodine, un doute récurrent s’installe, confrontant les deux garçons à leurs préférences, bouleversant l'équilibre de leur cercle social et, bientôt, leurs existences. 

    Le film commence ainsi par une longue scène de soirée entre amis, bouillonnante, débordante de vie, soirée de joyeuse confusion lors de laquelle les plaisanteries fusent. Immédiatement notre attention est captée par le naturel de la scène. Subrepticement s’y glissent des regards fuyants, une sensation de non-dit, le sentiment impalpable qu’une dissonance va venir briser l’harmonie, que les silences qui ponctuent cette cacophonie sont peut-être annonciateurs d’un orage. Erika, la sœur d’un de leurs amis, Rivette, jeune fille survoltée veut réaliser un petit film pour son école. Il faut trouver deux remplaçants aux deux amis qui se sont désistés et qui devaient interpréter les rôles. Les remplaçants, ce seront donc Matthias et Maxime. La scène du baiser ne nous est alors pas montrée mais alors que Matthias, en couple avec Sarah, semble ne pas y avoir accordé d’importance, pour Maxime, plus rien ne semble pareil. A quelques jours de son départ pour deux ans pour l’Australie, la confusion est désormais celle des sentiments.

    Le plan du début, d’un panneau publicitaire, montrant une famille soi-disant parfaite;, annonçait d’emblée que ce schéma ne serait pas si facile à briser, que cela ne serait pas sans heurts et sans blessures.

    Un schéma qui, comme le cadre, ce cadre, semble  enfermer Matthias et Maxime. Malgré les plaisanteries qu’ils partagent, Matthias et Maxime semblent  soudain étrangers à eux-mêmes, seuls, ailleurs, dans une bulle chacun de leur côté puisque Dolan ensuite nous les fait suivre, les séparant, les montrant si fébriles chacun de leur côté. Ils sont distraits par ce désir irrépressible et inattendu dont Dolan filme magnifiquement les moindres vacillements. Matthias qui aime reprendre les fautes sémantiques des autres semble soudain sans voix, ne plus trouver les mots pour exprimer cette confusion des sentiments qu’il fuit.

    "J'ai toujours préféré la folie des passions à la sagesse de l'indifférence" disait Xavier Dolan citant Anatole France dans son discours, lyrique et émouvant, en recevant son Grand Prix pour "Juste la fin du monde". Avec "Matthias et Maxime", il prouve une nouvelle fois qu'il est le cinéaste des élans du cœur, qu'ils soient passionnés, amicaux, filiaux, à la fois fidèle à son univers si singulier et se réinventant sans cesse.

    Avec ce film dont le titre avec ces deux prénoms juxtaposés fait penser à ceux de Claude Sautet (cinéaste qu'il cite souvent et notamment "Un cœur en hiver", un de mes films préférés dont je vous parle souvent et dont je vous propose aussi la critique ici), - sans compter que le surnom de Maxime est Max, autre surnom indissociable du cinéma de Claude Sautet. Comme Claude Sautet, Xavier Dolan filme comme personne l'amitié, les regards éludés, la passion contenue, puis qui explose. Ardente. Sublime. Un film électrique comme cette scène alors que règne l’orage à l’extérieur (ou est-ce seulement dans mon imaginaire, en écrivant cette critique plus d'un mois après avoir vu le film). Comme cette  pluie qui, dans les films de Sautet, accélère et exacerbe l’expression des sentiments. Tant pis pour les haineux systématiques (qui lui donnent tort avant même de le voir ou l'entendre, qui ne supportent pas le talent a fortiori allié à l'enthousiasme et la jeunesse), Xavier Dolan est mon Claude Sautet des années 2000 et chacun de ses films m'envoûte et m'émeut autant. Infiniment.

    Comme Claude Sautet, Xavier Dolan a construit de magnifiques personnages, émouvants, attachants, vibrants de vie, à l’image de Maxime,  jeune homme en mal d’amour qui fuit sa mère et en même temps recherche son amour, un rôle de mère complexe et irascible qui incombe une nouvelle fois à Anne Dorval, à l’opposé de la mère de son ami Matthias, son autre famille.

     Sur la tombe de Claude Sautet est écrit "Garder le calme devant la dissonance". Dolan filme aussi la dissonance avec maestria.  Comme Claude Sautet, il filme ses beaux personnages, Matthias, Maxime et les autres, avec sensibilité et empathie, pour signer une "histoire simple", en apparence, si profonde en réalité, chaque seconde, même en apparence anodine, semble suspendue et contenir le désir impalpable qui remet tout en question.

    Dans une société du cynisme dans laquelle elles sont souvent méprisées, Xavier Dolan n’a pas pleur de laisser les émotions prendre le dessus et surtout de rester fidèle aux siennes, ou encore pour les souligner d'utiliser une chanson de l'Eurovision, qui sied parfaitement à l'émotion de la scène, dont le choix est déjà décrié par les pseudo-détenteurs du politiquement correct et du bon goût.

    Une fois de plus Xavier Dolan nous envoûte, électrise, bouleverse, déroute.  Il se fiche des modes, du politiquement correct, de la mesure, de la tiédeur et c’est ce qui rend ses films si singuliers, attachants, bouillonnants de vie, lyriques et intenses.  Surtout, qu’il continue à filmer les personnages en proie à des souffrances et des passions indicibles, qu'il continue à les soulever ces passions, à préférer leur folie à « la sagesse de l’indifférence », c’est si rare…  Qu’il continue à oser, à délaisser la demi-mesure, la frilosité ou la tiédeur, à se concentrer sur ceux qui voient ce que dissimulent le masque, la fantasmagorie, l’excès, la flamboyance et à ignorer ceux que cela aveugle et indiffère. Qu’il continue à toujours exalter ainsi la force de la passion et de l'imaginaire, et de faire de chacun de ses films une déclaration d'amour fou au cinéma, ce cinéma qui permet d'affronter les désillusions de l'existence et à chaque fois de prouver comme il le disait à Cannes que "tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais ».

    La réussite doit beaucoup aux choix de Gabriel D’Almeida Freitas et Xavier Dolan dans les rôles respectifs de Matthias et Maxime, dans leurs différences (dans l’apparence, la manière de parler, bouger) qui semblent aussi les rendre complémentaires et dans le choix d'Anne Dorval, une nouvelle fois dans un rôle de "Mommy".

    Un film empreint de beaucoup de douceur et de tendresse, de passion aussi, d’audace visuelle et sonore, jalonné de ces scènes fortes indissociables des films de Dolan qui imprègnent notre mémoire comme ce plan final. Un moment suspendu. Un moment à retenir son souffle.  Et à continuer à vivre avec Matthias et Maxime dans nos imaginaires que Xavier Dolan sait tant titiller et enrichir. Un film enfiévré et mélancolique, électrique et nostalgique, porteur d’illusions et d’espoirs, comme une amitié amoureuse, ou comme un été qui s’achève, cet été qui s’achève.

    Il vous faudra patienter jusqu'au 16 octobre 2019 pour le découvrir en salles en France.

    A lire aussi :

    1/Festival de Cannes 2019 - LES PLUS BELLES ANNEES D’UNE VIE de CLAUDE LELOUCH - critique du film et conférence de presse

    2/Festival de Cannes 2019 - Master class d’Alain Delon et remise de sa Palme d’or d’honneur. Récit.

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  • 6ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule du 6 au 11 novembre 2019, programme complet : Gabriel Yared et l'amour à l'honneur

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    Désormais, à l'image du Festival du Cinéma Américain de Deauville (dont vous pouvez lire mon bilan détaillé de l'édition 2019, ici) ou du Festival de  Cannes, le rendez-vous avec le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule qui a lieu chaque année début novembre (du 6 au 11 cette année) est devenu pour moi  incontournable. Ainsi, n'ai-je manqué aucune des  cinq premières éditions de ce festival qui met cinéma et musique à l'honneur et les entrelace astucieusement. Je serai évidemment fidèle au rendez-vous pour la 6ème édition dont je vous présente le savoureux programme ci-dessous avec pas moins de 45 films, pour la plupart inédits et en avant-première, en compétition ou hors compétition et avec une programmation aux airs enthousiasmants d'Hollywood sans oublier des coups de projecteurs sur des classiques du cinéma. Plus d’une vingtaine d’avant-premières seront organisées en présence des équipes des films parmi lesquelles : « La Belle époque », de Nicolas Bedos, avec Guillaume Canet, Doria Tillier, Michaël Cohen, « Les Éblouis », de Sarah Suco, avec Jean-Pierre Darroussin, « Lola vers la mer », de Mya Bollaers avec Benoit Magimel, « Place des Victoires », de Yoann Guillouzouic avec Guillaume de Tonquedec, « Long time no see », de Pierre Filmon, avec Laetia Eido et Pierre Rochefort… Au programme aussi  10 longs-métrages de fiction hors compétition, parmi lesquels 2 films d’animation et deux Premières Française : «Judy», de Ruppert Goold, avec Renée Zellweger sur une musique signée Gabriel Yared et «Rattlesnakes» de Julius Amedume, avec Jimmy Jean-Louis et Jack Coleman. Comme chaque année, vous retrouverez des hommages, master classes, animations, concerts. Je vous détaille le programme ci-dessous.
     

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    Ce festival a été créé en 2014  par Sam Bobino ( qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif) et par le cinéaste Christophe Barratier qui ont eu la bonne idée de choisir pour ce festival le décor idyllique de La Baule, entre ses palaces et sa plage mythiques bordés des célèbres pins, la majestueuse salle Atlantia et le si convivial cinéma le Gulf Stream. Convivial, ce festival l'est d'ailleurs indéniablement.
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    Au programme notamment des années passées : les concerts de Michel Legrand, Vladimir Cosma, Lalo Schifrin, Eric Serra, de marquantes avant-premières, de formidables master class... et un palmarès qui, à chaque fois, a récompensé des films parmi les meilleurs de l'année à l'exemple du remarquable film tunisien A peine j'ouvre les yeux de Leyla Bouzid ou encore du poignant Sauver ou périr de Frédéric Tellier.

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    Le thème de cette année sera l'amour, thématique indissociable du président du jury, André Téchiné, mais aussi de l'invité d'honneur, Gabriel Yared dont les musiques ont accompagné tant de chefs-d'œuvre du cinéma et notamment du cinéma romantique.
     
    Cinéaste de la passion amoureuse et du romanesque, le réalisateur André Téchiné, quant à lui, compte dans sa filmographie de nombreux chefs-d'oeuvre parmi lesquels je vous recommande notamment : Hôtel des Amériques (que vous pourrez revoir dans le cadre du festival), Le lieu du crime, Ma saison préférée, Les Egarés... 

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    Le président du jury André Téchiné sera entouré de la comédienne Nadia Farès, du chanteur Thomas Dutronc, du compositeur Eric Neveux («Ceux qui m’aiment prendront le train», « La tête haute »…), du journaliste et écrivain Patrick Poivre d’Arvor et du réalisateur Thierry Klifa (Ibis d’Or du Meilleur film et de la meilleure musique de film au Festival de La Baule en 2017 pour «Tout nous sépare», également réalisateur du remarquable "Les yeux de sa mère" dont je vous parle, ici) ainsi que de la comédienne Astrid Bergès-Frisbey.

     
    La sublime et poétique affiche de cette 6ème édition du festival illustre parfaitement ce thème. La mer y enlace amoureusement un homme : « Par amour pour le Cinéma, par amour pour la Musique ! ». Voici le communiqué du festival au sujet de cette affiche: "À toutes les époques et dans tous les genres cinématographiques, l’amour a trouvé sa place sur les toiles des salles obscures... Souvent, les plus beaux films de cinéma sont ceux qui racontent des histoires de coeur, car le cinéma et l'amour, c'est une longue (et souvent belle) histoire. Amour platonique, amour charnel, histoires d'amour qui finissent mal (en général) ou qui finissent bien, elles sont toutes représentées à travers le septième art. Nous avons tous en mémoire un film ou une scène précise, qui nous a ému parfois aux larmes. C'est ce sentiment universel et universellement traité sur grand écran, "L'Amour", qui sera le thème du 6ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule. A cette occasion, les organisateurs du festival, ont demandé à l’artiste Sebastien Dupouey (déjà auteur des affiches des précédentes éditions), de réaliser une nouvelle affiche très romantique, avec toujours la mer en toile de fond, pour mieux rappeler l’amour que porte le festival à la belle station balnéaire qu’est La Baule. Le thème de « L’Amour » présent sur cette affiche est en lien aussi avec le compositeur auquel le festival rendra hommage cette année, puisqu’il s’agit de Gabriel Yared, Oscar de la Meilleure musique de film pour « Le patient anglais ». L’artiste participera d’ailleurs à une Master Class animée par Stéphane Lerouge et se produira, entouré de ses musiciens, sur la scène du Palais des Congrès Atlantia, en clôture du festival. L’Amant , Retour à Cold Mountain, 37°2 le matin, Une bouteille à la mer, Camille Claudel, La Cité Des anges… Les relations amoureuses et passionnelles sont ainsi souvent au cœur de la filmographie de Gabriel Yared."

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    Cet hommage sera rendu à Gabriel Yared l’occasion de son 70ème anniversaire et de ses 40 ans de carrière avec plus de 100 musiques de films composées essentiellement pour le cinéma. Parmi les musiques qu’on lui doit, on peut citer : Sauve qui peut (la vie) (1980), La lune dans le caniveau (1983), Hanna K. (1983), La diagonale du fou (1984), 37°2 le matin (1986), Beyond Therapy (1987), Camille Claudel (1988), Tatie Danielle (1990), Vincent et Théo (1990), La putain du Roi (1990), L’Amant (César de la meilleure musique de film en 1993), La cité des anges (1998), Une bouteille à la mer (1999), Le talentueux Mr Ripley (1999), Un automne à New York (2000), Retour à Cold Mountain (2003), Azur et Asmar (2006), Tom à la ferme (2013), Chocolat (2015), Juste la fin du monde (2016), Dilili à Paris (2018), The Happy Prince (2018), Ma vie avec John F. Donovan (2019)… 

     

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    Gabriel Yared sera le 6ème compositeur honoré par le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, après Francis Lai (2014), Michel Legrand (2015), Lalo Schifrin (2016), Vladimir Cosma (2017) et Eric Serra (2018). A cette occasion il donnera un concert, lors de la Cérémonie de remise des prix du festival, au Palais des congrès de La Baule, le 10 novembre, ainsi qu’une Master Class, animée par Stéphane Lerouge, au Cinéma le Gulf Stream, le 11 novembre.

    Ce sera la première fois que Gabriel Yared se produira en province.

    «Concert Gabriel Yared », le Dimanche 10 novembre à 19h, Atlantia (concert précédé de la Cérémonie de remise des prix)- Tarif : à partir de 59€ (réservation sur www.atlantia-labaule.com).

     

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    La 6ème édition du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, proposera également le 9 novembre, une soirée musciale avec Pierre Richard. L'interprète du "Grand blond" sera sur la scène du Palais des Congrès Atlantia de La Baule pour vous offrir une véritable récréation musicale. Pierre Richard chantera, dansera, jouera du piano et rendra hommage à ceux qui l'ont influencé, comme Charlie Chaplin et Jacques Tati, mais aussi aux compositeurs de musique de films qui l'ont accompagné tout au long de sa vie, Vladimir Cosma, bien sûr (Le Grand blond avec une chaussure noire, La Chèvre), mais aussi Philippe Sarde (On aura tout vu) ou son ami Michel Fugain (Je sais rien mais je dirai tout, Les gentils les méchants)...  Il sera accompagné par un ensemble musical dirigé par le compositeur et pianiste Jean-Michel Bernard (Grand Prix Sacem 2017 de la musique pour l’image), ami et disciple de Ray Charles, auteur de bandes originales pour Michel Gondry, Etienne Chatiliez ou Francis Weber et à qui l'on doit déjà le mémorable concert hommage à Lalo Schifrin au Festival de La Baule en 2016. Jean-Michel Bernard sera notamment accompagné par le célèbre violoniste Laurent Korcia… et par le propre fils de Pierre Richard, le saxophoniste Olivier Defays (duo musical Blues Trottoir).

    « Concert Hommage à Pierre Richard, la Grande Soirée », le Samedi 9 novembre à 20h30 au Palais des Congrès Atlantia- Tarif : à partir de 59€ (réservation sur www.atlantia-labaule.com)

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    SPECTACLE MUSICAL : «LE SON D’ALEX – SPECIAL MUSIQUE DE FILMS »

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    « Le son d’Alex » est le premier stand-up musical. Armé d’une volonté tant comique que pédagogique, Alex Jaffray, par ailleurs compositeur et chroniqueur « musique » pour l’émission TéléMatin sur France 2, s’amuse à décortiquer la musique ou à donner les clés de la fabrication d’un tube. A l'occasion de la Cérémonie d'Ouverture du 6ème Festival du Cinéma et Musique de La Baule, Alex Jaffray, vous proposera un show revisité pour l'occasion autour des plus célèbres musiques de films.

    « Le Son d’Alex-Spécial Musique de Films», le Mercredi 6 novembre à 20h30 au Palais des Congrès Atlantia- Tarif :35€-Gratuit pour les Pass festival, sauf Pass gratuit -de 18ans (réservation au 02405151/ www.atlantia-labaule.com)

     
    TALENT AWARD : WILLIAM BALDWIN

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    La Star hollywoodienne, William Baldwin (« Backdraft », « Sliver », « Flatliners, l’Experience Interdite », « né un 4 juillet», «Fair Game», «Affaires privées», «Virus», «The Purge», «The Old to Die Young », «Northern Rescue»…), sera présent à La Baule pour la présentation de «Talk », un film réalisé par le français Romuald Boulanger et pour fêter l’approche du 30ème anniversaire du film «Backdraft» et la sortie de «Backdraft 2». Il recevra un « Ibis Talent Award» pour l’ensemble de sa carrière, lors de la Cérémonie de remise des prix du festival, le dimanche 10 novembre à Atlantia, le Palais des congrès de La Baule.
     

    COUP DE PROJECTEUR : PAUL MISRAKI

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    Paul Misraki est l'un des cinq compositeurs les plus prolifiques du cinéma français. Le compositeur et pianiste de l'orchestre de Ray Ventura, à qui l'on doit des titres aussi connus que " Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux", "Tout va très bien Madame la Marquise» … est aussi à l’origine de 185 musiques de films pour les plus grands cinéastes («Et Dieu créa la femme » de Vadim, « Le Doulos » de Melville, « Alphaville » de Godard, mais aussi pour Buñuel, Chabrol, Welles, Clouzot, Becker…).

    Dans le cadre des commémorations liées au 110e anniversaire de sa naissance et du 20ème anniversaire de sa mort, le Festival du Cinéma et Musique de Film a souhaité mettre un « coup de projecteur » sur son œuvre pour le cinéma. Une rencontre avec Christophe Misrachi, le fils de Paul Misraki, animée par Stéphane Lerouge, sera organisée au Cinéma de La Baule le Gulf Stream, précédée de la projection du film «Et Dieu… créa la femme » de Roger Vadim.

    FOCUS SUR LA SOCIÉTÉ DE PRODUCTION LES FILMS DU KIOSQUE:

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    Les "Films du Kiosque" ont été créés en 1995 par les producteurs François Kraus et Denis Pineau-Valencienne. Ils ont produit à ce jour 28 longs métrages français dont 14 premiers films, un unitaire et deux séries télévisées.

    Ils ont obtenu au total 26 nominations aux César, dont 4 pour les premiers films: « Les Chatouilles » d’Andréa Bescond et Eric Metayer, « Pardonnez moi » de Maïwenn, « Qu'Allah bénisse la France » d'Abd Al Malik (Ibis d'Or du Meilleur film au Festival de La Baule 2014 ) et « Monsieur et Madame Adelman » de Nicolas Bedos.

    Parmi les réalisateurs produits, on compte aussi François Favrat ("Le rôle de sa vie"), Florent-Emilio Siri ("L'Ennemi intime"), Igor Gotesman ("Five"), Maïwenn ("Le Bal des actrices"), Marion Vernoux ("Les beaux jours"), Emmanuelle Bercot ("La Tête Haute") ou encore Thierry Klifa ("Une vie à t'attendre", "Tout nous sépare"). Il viennent également de produire "La Belle époque" deNicolas Bedos qui sera présenté à La Baule. Le Festival organisera une rencontre avec le public en présence de François Kraus et une sélection de leurs films les plus en lien avec le thème de « l’amour» seront projetés.

    7 LONGS-MÉTRAGES EN COMPÉTITION

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    «J’ai perdu mon corps», film d’animation de Jérémy Clapin/Musique de Dan Levy

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    «La Belle époque» de Nicolas Bedos, avec Daniel Auteuil, Fanny Ardant, Guillaume Canet, Doria Tillier, Michaël Cohen/Musique de Nicolas Bedos & Anne-Sophie Versnaeyen

    «La Dernière vie de Simon» de Léo Karmann/Musique de Erwann Chandon

    «La Nuit venue » de Frédéric Farucci, avec Camélia Jordana/Musique de Rone

    «Les éblouis» de Sarah Suco, avec Jean-Pierre Darroussin, CamilleCottin/ Musique de Laurent Perez del Mar

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    «Lola vers la Mer» de Laurent Micheli, avec Benoit Magimel/Musique de Raf Keunen

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    «Tu mérites un amour» de et avec Hafsia Herzi/Musique de Nous deux the band

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    Les 10 longs-métrages fiction hors compétition :

    «Judy», de Rupert Gooldavec Renée Zellweger/ Musique de Gabriel Yared

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    «Adults in the room», de Costa Gavras/ Musique de Alexandre Desplat

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    «Rattlesnakes», de Julius Amedume, avec Jimmy Jean-Louis, Jack Coleman / Musique de Seymour Milton & Paul Pringle

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    «Selfie», de Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Vianney Le Basque, Tristan Aurouet, avec Blanche Gardin, Elsa Zylberstein, Manu Payet/ Musique de Laurent Perez del Mar

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    «L’Adieu à la nuit », de André Téchiné avec Catherine Deneuve / Musique de Alexis Rault

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    «Les Hirondelles de Kaboul», film d’animation de Zabou Breitman/ Musique de Alexis Rault «Minuscules 2», film d’animation de Thomas Szabo et Hélène Giraud / Musique de Mathieu Lamboley

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    «Long Time no see», de Pierre Filmon avec Laetitia Eidoet Pierre Rochefort / Musique de David Hadjadj

    «Place des Victoires», de Yoann Guillouzouic, avec Guillaume de Tonquedec / Musique de Amin Bouhafa

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    «l’Esprit de famille», de Eric Besnard avec Guillaume de Tonquedec, François Bérleand, Josianne Balasko

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    7 COURTS-MÉTRAGES EN COMPETITION

    Dont une Première européenne pour le film «Talk » avec William Baldwin

    «A l’aube» de Julien Trauman /Musique de Alexandre Chaigniau

    «Belle à croquer» de Axel Courtière,avec Lou Delage, Catherine Deneuve / Musique de Erik Wedin

    «Bug» de Cédric Prevost/ Musique de Eric Pilavian

    «5mn avant» de Christophe Brachet / Musique de Romain Trouillet

    «Elle s’appelait Baby » de BaptisteGourden& Mélanie Laleu, avec Marie-Christine Barrault / Musique de Pierre Tereygeol

    «Monsieur»,comédie musicale «Queer» de Thomas Ducastel

    «Talk » de Romuald Boulanger, avec WilliamBaldwin, Vanessa Guide, Tom Hudson/ Musique deGilles Luka & Clément Perin

    5 COURTS-MÉTRAGE DE L’ ADAMI (hors compétition)

    Depuis sa création en 2014, le festival diffuse, chaque année, les courts métrages desTalents de l’Adami.

    La 26e édition des Talents Adami a été confiée à Suzanne Clément, Mélanie Doutey, Guillaume Gouix, Zita Hanrotet Grégory Montelsous le regard bienveillant d’Agnès Jaouiqui les a accompagnés pour l’écriture et le montage des films. Ce sont ces 5 comédiennes et comédiens aguerris qui ont dirigé la nouvelle promotion des Talents Adami2019.

    Les films: «Relai» de Suzanne Clément / «Avanti» de Mélanie Doutey/ «Mon Royaume» de Guillaume Gouix/ «La maman des poissons» de Zita Hanrot/ «Les chiens aboient» de Grégory Montel

    Chaque film fait l’objet d’une musique originale composée par :Christophe Julien (pour «Relai»), Pascal Sangla (pour «Avanti» ), Coming Soon et Island Kizhi (pour «Mon royaume»), Ferdinand Berville (pour «La maman des poissons»), Jean-Benoît Dunckel (pour «Les chiens aboient»).

    12 classiques du cinéma

    «L’Amant » de Jean-Jacques Annaud / Musique de Gabriel Yared

    «le Patient Anglais» de Anthony Minghella/ Musique deGabriel Yared

    «37°2 Le Matin» de JJ Beinex/ Musique de Gabriel Yared

    «Une bouteille à la mer» de Luis Mandoki/ Musique de Gabriel Yared (spécial 20eme anniversaire)

    «Hôtel des Amériques», de André Téchiné / Musique dePhilippe Sarde

    «Une vie à t’attendre» de Thierry Klifa/ Musique de David François Moreau (spécial 15eme anniversaire)

    «La Tête Haute » de Emmanuelle Bercot/ Musique de Eric Neveux (dont vous pouvez retrouver ma critique ci-dessous)

    La tête haute, Emmanuelle Bercot, cinéma, film,

    "La tête haute" était le film d'ouverture du 68ème Festival de Cannes.  Le temps de débarrasser la scène du Grand Théâtre Lumière des apparats de l’ouverture de ce 68ème Festival de Cannes, et nous voilà plongés dans un tout autre univers : le bureau d’une juge pour enfants (Catherine Deneuve), à Dunkerque. La tension est palpable. Le ton monte. Les éclats de voix fusent. Une femme hurle et pleure. Nous ne voyons pas les visages. Seulement celui d’un enfant, Malony, perdu au milieu de ce vacarme qui assiste, silencieux, à cette scène terrible et déroutante dont la caméra frénétique accompagne l’urgence, la violence, les heurts. Un bébé crie dans les bras de sa mère qui finalement conclut à propos de Malony qu’il est « un boulet pour tout le monde ». Et elle s’en va, laissant là : un sac avec les affaires de l’enfant, et l’enfant, toujours silencieux sur la joue duquel coule une larme, suscitant les nôtres déjà, par la force de la mise en scène et l’énergie de cette première scène, implacable. Dix ans plus tard, nous retrouvons les mêmes protagonistes dans le même bureau …

    Ce film est réalisé par Emmanuelle Bercot dont j’avais découvert le cinéma et l’univers si fort et singulier avec « Clément », présenté à Cannes en 2001, dans le cadre de la Section Un Certain Regard, alors récompensé du Prix de la jeunesse dont je faisais justement partie cette année-là. Depuis, je suis ses films avec une grande attention jusqu’à « Elle s’en va », en 2013, un très grand film, un road movie centré sur Catherine Deneuve, « né du désir viscéral de la filmer ». Avant d’en revenir à « La tête haute », je ne peux pas ne pas vous parler à nouveau de ce magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout. C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va » montre que, à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour. « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie. ( Retrouvez ma critique complète de ELLE S'EN VA en cliquant ici.)

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    Et contre toute attente, c’est aussi l’effet produit par « La tête haute » où il est aussi question de départ, de nouveau départ, de nouvelle chance. Avec beaucoup de subtilité, plutôt que d’imprégner visuellement le film de noirceur, Emmanuelle Bercot a choisi la luminosité, parfois le lyrisme même, apportant ainsi du romanesque à cette histoire par ailleurs particulièrement documentée, tout comme elle l’avait fait pour « Polisse » de Maïwenn dont elle avait coécrit le scénario. Le film est riche de ce travail en amont et d’une excellente idée, celle d' avoir toujours filmé les personnages dans un cadre judiciaire : le bureau de la juge, des centres divers… comme si toute leur vie était suspendue à ces instants.

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    Le grand atout du film : son énergie et celle de ses personnages attachants interprétés par des acteurs judicieusement choisis. Le jeune Rod Paradot d’abord, l’inconnu du casting qui ne le restera certainement pas longtemps et qui a charmé l’assistance lors de la conférence de presse cannoise du film, avec son sens indéniable de la répartie (« la tête haute mais la tête froide »…), tête baissée, recroquevillé, tout de colère rentrée parfois hurlée, dont la présence dévore littéralement l’écran et qui incarne avec une maturité étonnante cet adolescent insolent et bravache qui n’est au fond encore que l’enfant qui pleure des premières minutes du film. Catherine Deneuve, ensuite, une nouvelle fois parfaite dans ce rôle de juge qui marie et manie autorité et empathie. L’éducateur qui se reconnaît dans le parcours de ce jeune délinquant qui réveille ses propres failles incarné par Benoît Magimel d’une justesse sidérante. La mère (Sara Forestier) qui est finalement l’enfant irresponsable du film, d’ailleurs filmée comme telle, en position fœtale, dans une très belle scène où les rôles s’inversent. Dommage (et c’est mon seul bémol concernant le film) que Sara Forestier ait été affublé de fausses dents (était-ce nécessaire ?) et qu’elle surjoue là où les autres sont dans la nuance, a fortiori les comédiens non professionnels, excellents, dans les seconds rôles.

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    Ajoutez à cela des idées brillantes et des moments qui vous cueillent quand vous vous y attendez le moins : une main tendue, un « je t’aime »furtif et poignant, une fenêtre qui soudain s’est ouverte sur « Le Monde » (littéralement, si vous regardez bien…) comme ce film s’ouvre sur un espoir.

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    Après « Clément », « Backstage », «  Elle s’en va », Emmanuelle Bercot confirme qu’elle est une grande scénariste et réalisatrice (et actrice comme l'a prouvé son prix d'interprétation cannois) avec qui le cinéma va devoir compter, avec ce film énergique et poignant, bouillonnant de vie, qui nous laisse avec un salutaire espoir, celui que chacun peut empoigner son destin quand une main se tend et qui rend un bel hommage à ceux qui se dévouent pour que les enfants blessés et défavorisés par la vie puissent grandir la tête haute. Un film qui « ouvre » sur un nouveau monde, un nouveau départ et une bouffée d’optimisme. Et ça fait du bien. Une très belle idée que d’avoir placé ce film à cette place de choix d'ouverture du 68ème Festival de Cannes et de lui donner cette visibilité.

     

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    «Et Dieu créa la femme» de Roger Vadim / Musique de Paul Misraki

    «La Piscine» de Jacques Deray/ Musique de Michel Legrand (version remastérisée/ spécial 50eme anniversaire) -dont vous pouvez retrouver ma critique ci-dessous-

    «Le distrait» de Gérard Oury/ Musique deVladimir Cosma

    «Un homme amoureux» de Diane Kurys/ Musique de Georges Delerue

    «Backdraft» de Ron Howard /

    EXPOSITION :ROMY SCHNEIDER & ALAINDELON,«LES AMANTS MAGNIFIQUES»

    Le Festival rendra hommage au couple mythique du cinéma français, lors d’une grande exposition photo, organisée en partenariat avec la Galerie de l’Instant. En effet, comment parler d’Amour au Cinéma, sans évoquer Romy Schneider et Alain Delon.

    Une projection exceptionnelle de « La Piscine », à l’occasion du 50ème anniversaire du film de Jacques Deray, sera organisée également (dans sa nouvelle version restaurée), ainsi qu’un documentaire de 30mn, totalement inédit, réalisé par la femme de Jacques Deray, Agnès Vincent, sur le tournage du film, qui sera dévoilé durant le festival. L’occasion également de célébrer le 80ème anniversaire de la naissance de l’interprète de « L’Important c’est d’aimer », «Une histoire simple», «Les choses de lavie»,«Plein soleil» et de  «Sissi»…

    Exposition «Romy Schneider & Alain Delon, Les Amants magnifiques», du 01 novembre au 08 décembre 2019, au Centre Culturel Chapelle Sainte-Anne, Place du Maréchal Leclerc -La Baule-Escoublac, du mardi au dimanche de 14h à 19h, entrée libre. Une exposition organisée par le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule en partenariat avec la Ville de La Baule et la Galerie de l’Instant (Commissaire d’exposition: Julia Gragnon)

    Critique  - LA PISCINE de Jacques Deray (1969)

     

    Marianne (Romy Schneider) et Jean-Paul (Alain Delon) passent en effet des vacances en amoureux dans la magnifique villa qui leur a été prêtée sur les hauteurs de Saint-Tropez. L’harmonie est rompue lorsqu’arrive Harry (Maurice Ronet), ami de Jean-Paul et de Marianne chez lequel ils se sont d’ailleurs rencontrés, cette dernière entretenant le trouble sur la nature de ses relations passées avec Harry. Il arrive accompagné de sa fille de 18 ans, la gracile et nonchalante Pénélope (Jane Birkin).

    La piscine fait partie de ces films que l’on peut revoir un nombre incalculable de fois (du moins que je peux revoir un nombre incalculable de fois) avec le même plaisir pour de nombreuses raisons mais surtout pour son caractère intelligemment elliptique et son exceptionnelle distribution et direction d’acteurs.

    Dès les premières secondes, la sensualité trouble et la beauté magnétique qui émane du couple formé par Romy Schneider et Alain Delon, la langueur que chaque plan exhale plonge le spectateur dans une atmosphère particulière, captivante. La tension monte avec l’arrivée d’Harry et de sa fille, menaces insidieuses dans le ciel imperturbablement bleu de Saint-Tropez. Le malaise est palpable entre Jean-Paul et Harry qui rabaisse sans cesse le premier, par une parole cinglante ou un geste méprisant, s’impose comme si tout et tout le monde lui appartenait, comme si rien ni personne ne lui résistait.

    Pour tromper le langoureux ennui de l’été, un jeu périlleusement jubilatoire de désirs et de jalousies va alors commencer, entretenu par chacun des personnages, au péril du fragile équilibre de cet été en apparence si parfait et de leur propre fragile équilibre, surtout celui de Jean-Paul, interprété par Alain Delon qui, comme rarement, incarne un personnage vulnérable à la sensualité non moins troublante. L’ambiguïté est distillée par touches subtiles : un regard fuyant ou trop insistant, une posture enjôleuse, une main effleurée, une allusion assassine. Tout semble pouvoir basculer dans le drame d’un instant à l’autre. La menace plane. L’atmosphère devient de plus en plus suffocante.

    Dès le début tout tourne autour de la piscine : cette eau bleutée trompeusement limpide et cristalline autour de laquelle ils s’effleurent, se défient, s’ignorent, s’esquivent, se séduisent, autour de laquelle la caméra virevolte, enserre, comme une menace constante, inéluctable, attirante et périlleuse comme les relations qui unissent ces 4 personnages. Harry alimente constamment la jalousie et la susceptibilité de Jean-Paul par son arrogance, par des allusions à sa relation passée avec Marianne que cette dernière a pourtant toujours niée devant Jean-Paul. Penelope va alors devenir l’instrument innocent de ce désir vengeur et ambigu puisqu’on ne sait jamais vraiment si Jean-Paul la désire réellement, s’il désire atteindre Harry par son biais, s’il désire attiser la jalousie de Marianne, probablement un peu tout à la fois, et probablement aussi se raccrochent-ils l’un à l’autre, victimes de l’arrogance, la misanthropie masquée et de la désinvolture de Harry. C’est d’ailleurs là que réside tout l’intérêt du film : tout insinuer et ne jamais rien proclamer, démontrer. Un dialogue en apparence anodin autour de la cuisine asiatique et de la cuisson du riz alors que Jean-Paul et Penelope reviennent d’un bain nocturne ne laissant guère planer de doutes sur la nature de ce bain, Penelope (dé)vêtue de la veste de Jean-Paul dans laquelle elle l’admirait de dos, enlacer Marianne, quelques jours auparavant, est particulièrement symptomatique de cet aspect du film, cette façon d’insinuer, cette sensualité trouble et troublante, ce jeu qui les dépasse. Cette scène entremêle savoureusement désirs et haines latents. Les regards de chacun : respectivement frondeurs, évasifs, provocants, dignes, déroutés… font que l’attention du spectateur est suspendue à chaque geste, chaque ton, chaque froncement de sourcil, accroissant l’impression de malaise et de fatalité inévitable.

    Aucun des 4 personnages n’est délaissé, la richesse de leurs psychologies, de la direction d’acteurs font que chacune de leurs notes est indispensable à la partition. La musique discrète et subtile de Michel Legrand renforce encore cette atmosphère trouble. Chacun des 4 acteurs est parfait dans son rôle : Delon dans celui de l’amoureux jaloux, fragile, hanté par de vieux démons, d’une sensualité à fleur de peau, mal dans sa peau même, Romy Schneider dans celui de la femme sublime séductrice dévouée, forte, provocante et maternelle, Jane Birkin dont c’est le premier film français dans celui de la fausse ingénue et Maurice Ronet dans celui de l’ « ami » séduisant et détestable, transpirant de suffisance et d’arrogance…et la piscine, incandescente à souhait, véritable « acteur ». Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas lever le voile sur les mystères qui entourent ce film et son dénouement.

    Deray retrouvera ensuite Delon à 8 reprises notamment dans Borsalino, Flic story, Trois hommes à abattre… mais La piscine  reste un film à part dans la carrière du réalisateur qui mettra en scène surtout un cinéma de genre.

    Neuf ans après  Plein soleil de René Clément (que je vous recommande également), la piscine réunit donc de nouveau Ronet et Delon, les similitudes entres les personnages de ces deux films sont d’ailleurs nombreuses et le duel fonctionne de nouveau à merveille.

    Un film sensuel d'une incandescence trouble porté par des acteurs magistraux, aussi fascinants que cette eau bleutée fatale, un film qui se termine par une des plus belles preuves d’amour que le cinéma ait inventée. A voir et à revoir. Plongez dans les eaux troubles de cette « piscine » sans attendre une seconde …à vos risques et périls.

    En complément : cliquez ici pour retrouver mon article sur la remise de la palme d'or d'honneur à Alain Delon lors du dernier Festival de Cannes avec également le récit de sa master class et une dizaine de critiques de films avec l'acteur.

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    5 films documentaires inédits (dont une Première Mondiale)

    - «André Téchiné, l’insoumis», de Thierry Klifa

    - «Bandes originales : Gabriel Yared », de Pascale Cuenot

    - «Bandes Originales : Jean-Michel Bernard», de Pascale Cuenot (Première Mondiale)

    -«Les silences de Johnny», de Pierre William Glenn / Musique de RurikSallé

    - «Romy Schneider, à fleur de peau», de Bertrand Teissier

    RENCONTRES & MASTER CLASS

    Pour la deuxième année consécutive, l’UCMF (l’Union des Compositeurs de Musiques de Films), renouvelle son partenariat avec le Festival. À cette occasion, les compositeurs lauréats des Prix UCMF 2019, seront conviés au Festival. Ils participeront à une table ronde sur le thème de la musique à l’image.

    Des Masters Class seront aussi organisées avec les Principaux invités du Festival, animées par Stéphane Lerouge.

    Des rencontres auront lieu avec les scolaires:

    *Projection d’un film à destination de 900 élèves d’écoles primaires de La Baule, suivie d’un échange avec le compositeur de la musique du film, pour une première approche et initiation de la musique à l’image.

    *Rencontre avec 200 lycéens de la Cité Scolaire Grand Air à La Baule avec Gabriel Yared (master class dans l’amphithéâtre du lycée).

    LA FACTORY

    Cette année une résidence d'artistes nommée «La Factory » sera créée. Elle accueillera à La Baule, 6 jeunes étudiants compositeurs de musique de films issus des CNSM (Conservatoire National Supérieur de Musique) de Paris et de Lyon, ainsi que du Conservatoire Municipal de Paris, Paul Dukas(Paris12e).

    Encadré par le compositeur et enseignant, Emmanuel d’Orlando (« Populaire », « House of time », « Si j’étais un homme »…), ces six jeunes compositeurs auront 4 jours pour composer une oeuvre originale sur place, destinée à un court métrage d’animation de l’École des Gobelins(une des meilleures écoles d’animation aum onde).

    Un Ibis de la Révélation JeuneTalent, récompensera l’un d’entre eux.

    Ce festival et l'inoubliable et bouleversant concert de Michel Legrand (au lendemain du tragique 13 novembre 2015)  sont d'ailleurs le cadre et la toile de fond de l’une des nouvelles de mon recueil Les illusions parallèles. (Editions du 38 - 2016).

    Concert de Michel Legrand La Baule.jpg

     

     

    Nouvelle Festival de La Baule.png

     

    Pour tout savoir sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, ci-dessous les liens vers mes articles sur les précédentes éditions avec les critiques des films présentés dans le cadre du festival :

    -le site officiel du festival

    -Mon compte rendu de la 1ère édition du festival (2014)

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    La Baule 2014.jpg

    -Mon compte rendu de la 2ème édition du festival (2015)

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    la baule 2015.jpg

    -Mon compte rendu de la 3ème édition du festival (2016)

    La Baule 2016 1.jpg

    La Baule 2016 2.png

    -Mon compte rendu de la 4ème édition du festival (2017)

    Affiche La Baule 2017.jpg

    Quelques articles sur l'édition 2018 :

    affiche 2018.jpg

    Critique de Sauver ou Périr de Frédéric Tellier

     

    Critique de Ma mère est folle de Diane Kurys

     

    Quelques bonnes adresses à La Baule :

     

    -Mon article sur l'hôtel Barrière Le Royal Thalasso de La Baule

     

    Royal thalasso Barrière La Baule 1.jpg

    -Mon article sur l'Hermitage Barrière de La Baule

    hermitage la baule.jpg

     

    Cette année, pour la première fois, le Groupe Barrière, partenaire officiel et historique, du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, vous propose l'offre "Pass festival + chambre d'hôtel" pour vivre le festival. Valable pour des séjours réalisés du 8/11/2019 au 10/11/2019.  Le Pass Journée Festival ne donne pas accès à la Cérémonie de Clôture.
    Prépaiement requis - Non modifiable et non annulable. Offre valable sous réserve de disponibilités et soumise à conditions, dans la limite des chambres réservées à cette offre.  A partir de 249 euros la nuit. Cliquez ici pour réserver.

    Informations pratiques :

    Les Pass pour la 6ème édition du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, qui aura lieu du 6 au 11 novembre prochain, sont disponibles, dès à présent, sur internet, et au Cinéma le Gulf Stream à La Baule depuis le 19 octobre. 

    Retrouvez l'ensemble des informations pratiques, sur le site officiel du festival, en cliquant ici.

  • Bilan du 45ème Festival du Cinéma Américain de Deauville

     Entre glamour et engagement. Entre rêves fragiles, âpres réalités et espoirs tenaces.

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    « Ni le feu ni la glace ne sauraient atteindre en intensité ce qu’enferme un homme dans les illusions de son cœur. »

    « Ces rêveries servirent un temps d'exutoire à son imagination ; elles étaient une allusion satisfaisante à l'irréalité de la réalité, l'assurance que ce rocher, le Monde, solidement reposait sur l'aile d'une fée. »

    Ces deux citations sont extraites de « Gatsby le magnifique » de Francis Scott Fitzgerald. Pourquoi Gatsby pour commencer cet article sur le Festival du Cinéma Américain de Deauville, me direz-vous ! Sans doute parce que c’était le prénom du personnage principal du film d’ouverture de ce 45ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, l’ensorcelant « Un jour de pluie à New York » et sans doute parce que ces citations font écho à une de celles du film en question : « C’est la vraie vie. Laisse-la à ceux qui ne trouvent pas mieux ».

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     Certainement aussi parce que les rêveries et les illusions sont indissociables du cinéma, et de la mélancolie de Gatsby et de Deauville. Le cinéma que nous a donné à voir ce Festival du Cinéma Américain de Deauville, aussi passionnant fut-il, nous a pourtant néanmoins ancrés dans la réalité même si le rêve et le glamour étaient incarnés par la présidente du jury, l’interprète des chefs-d’œuvre que sont « Les parapluies de Cherbourg », « Le Dernier Métro », « Le choix des armes », « Hôtel des Amériques », « Les Demoiselles de Rochefort », « Indochine », « Belle de jour », « Fort Saganne », « Drôle d'endroit pour une rencontre », « Un conte de noël »,« Elle s’en va », « Ma saison préférée, » « La tête haute », « La Sirène du Mississipi », « Je veux voir »… Avec elle, c’est une partie de la mythologie du cinéma qui était présente chaque jour dans la salle du CID. Les hommages (notamment à Geena Davis, Pierce Brosnan, Johnny Depp) étaient aussi des fenêtres ouvertes sur les rêves car l’occasion à chaque fois de la diffusion d’un montage des films dans lesquels ils jouèrent, réminiscences de tant d’émotions de cinéphiles.

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     La réalité donc. Celle des Etats-Unis de Trump. Celle d’une époque impatiente et carnassière aussi. Comme ce plan du retentissant « American skin » de Nate Parker l’illustrait si bien, ces quelques mots lapidaires au journal télévisé pour traduire et trahir la complexité d'un drame humain, la mort d’un jeune garçon noir suite à un contrôle de police. Mots auxquels succèdent les louanges sur les performances d'un sportif noir énoncées par un présentateur guilleret. « Cachez ces crimes racistes que je ne saurais voir » semble nous dire Nate Parker du moment que l'apparence et les clichés soient saufs. Je vais y revenir. Telle est l'Amérique de Trump reflétée par les films de cette édition.  En proie à la paranoïa, la violence, éprise de liberté, de résistance. Des films militants. Des films qui brandissent le poing. Des films coups de poing. Des films qui mettent en scène des personnages enfermés, des femmes surtout, souvent prisonnières d’un carcan social ou familial, d’un drame, avides de vérité, d’émancipation, de liberté. Quand il s’agit d’hommes, ils sont aussi prisonniers d’atmosphères claustrophobiques, que ce soit d’un phare, d’un foyer, d’un milieu ou d’une amitié étouffante. Comme vous le verrez dans les extraits vidéos, les propos des cinéastes, acteurs et actrices étaient souvent salutairement engagés, voire militants à l'image des films projetés.

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    « De nombreux films de ce Deauville 2019 défient Trump » avait ainsi annoncé le directeur du festival, Bruno Barde, lors de la conférence de presse d’annonce de sélection du festival du 22 août. Le tableau de l’Amérique, vue à travers ces films, n’est pas glorieux entre résurgences d’idéologies nazies et populations abandonnées. Le portrait d’une Amérique qui broie les plus fragiles. « Il est important de reconnaître que nous avons à la Maison-Blanche quelqu'un de raciste et de sexiste, dont il faut essayer d'éviter qu'il soit réélu », a ainsi déclaré Carlo Mirabella-Davis le réalisateur de « Swallow » en recevant son prix. 

     L’année 2018, celle de l’après #MeToo, si la noirceur était aussi au rendez-vous dans les films présentés à Deauville, le pouvoir était déjà pris par les femmes. Deux titres des films de la compétition étaient ainsi des prénoms féminins (Nancy et Diane) et six d’entre eux avaient pour personnages principaux des protagonistes féminines. Des femmes souvent condamnées par l’existence, engluées ou même enfermées dans leur quotidien, leur passé, confrontées à la solitude, à la maladie, à la mort, aux traumatismes et même enfermées au sens propre et condamnées à mort dans le douloureux « Dead women walking ». Des femmes fortes et combattives qui s’emparaient néanmoins de leurs destins. Les films s’achevaient ainsi souvent par un nouveau départ (au sens propre). En route vers un lendemain peut-être plus joyeux. Une note d’espoir malgré tout. « Une Amérique où règne le désenchantement et la mélancolie, où l'espoir est tenace », comme l’avait très bien résumé la regrettée présidente du jury de la critique 2018, l’enthousiaste Danièle Heymann (à laquelle le festival a eu la louable idée de rendre hommage lors de l’ouverture de cette édition 2019). Le jury de la critique de l'édition 2018, lors de la cérémonie du palmarès, avait d’ailleurs également tenu à saluer « la quasi-parité de la compétition avec 6 films de femmes. » Ce fut a fortiori le cas cette année avec des films de femmes, des thématiques féminines, voire féministes, des portraits de femmes qui s’émancipent, prennent leurs destins en main, contre vents et marées et qui, là aussi, souvent, au dénouement prennent la route pour un nouveau départ.

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    Les titres des films nous en disaient déjà long : « Skin », « American Skin », « Knives and skin », « American woman », « Seberg », « Waiting for the Barbarians », « Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood ». La barbarie. Les femmes. Et cette peau qui souvent condamne aux préjugés iniques ou à un destin tragique. Le festival dans sa programmation était ouvertement féministe. Même si aujourd’hui il semble y avoir une sorte de surenchère pour savoir qui s’autoproclamera le plus féministe (ou quel festival présentera le plus de film de femmes), ce festival avait le mérite, plus que dans le choix de ses invités, de nous donner à voir d’autres visages féminins, des personnages de femmes plus nuancés ou moins caricaturaux. Quatorze films « ambitieux et réussis » (selon la présidente du jury Catherine Deneuve) étaient ainsi en compétition, dont neuf premiers films et six réalisés par des femmes. Par ailleurs, dix mettaient en scène des héroïnes souvent broyées par l’existence ou par les hommes mais des héroïnes combattives, et trouvant seules le chemin de la liberté.

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    Cette année 2019, Bruno Barde avait d’emblée annoncé un festival féminin, non seulement dans les thématiques des films présentés mais aussi dans les deux jurys. Deux femmes les présidaient en effet, Catherine Deneuve et Anna Mouglalis. Catherine Deneuve succédait ainsi dans ce rôle à une autre actrice de grand talent, Sandrine Kiberlain. Le festival avait par ailleurs choisi cette année d’attribuer des prix spéciaux à quatre actrices : Kristen Stewart (venue présenter « Seberg », de Benedict Andrews), Geena Davis (venue quant à elle présenter le documentaire « This Changes Everything », de Tom Donahue), Sienna Miller (venue avec « American Woman », de Jake Scott, dans lequel elle incarne le rôle principal) et Sophie Turner (l’héroïne de « Game of Thrones » dont l’Intégrale était projetée à Deauville).

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    Cette édition 2019 était aussi nostalgique avec la soirée des 25 ans de la compétition et les formidables petits films de l’INA diffusés chaque soir, l’occasion d’entendre Kirk Douglas dire qu’il aimerait tourner avec Truffaut, Lelouch, Sautet ou encore d’entendre De Palma dire avec malice que personne n'est incorruptible et de se rappeler que toutes les stars du cinéma américain ou presque foulèrent un jour les planches de Deauville, en pleine gloire, ou à leurs débuts. L'INA, à l'occasion de cette soirée anniversaire, a également remis à Catherine Deneuve une distinction numérique (l'ensemble de sa carrière sur support numérique, distinction reçue auparavant notamment par De Niro ou Depardieu).

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    Cette année, Deauville célébrait ains les 25 ans de la compétition de films indépendants, une compétition qui a révélé tant de cinéastes et de films devenus cultes : Chloé Zhao (« The Rider », 2017) Spike Jonze («Dans la peau de John Malkovich», 1999), Jeff Nichols («Take Shelter», 2011)  Damien Chazelle («Whiplash »), Joshua Marston (« Maria, pleine de grâce », 2004), Paul Haggis (« Collision », 2005), Benh Zeitlin (« Les bêtes du sud sauvage », 2012)…

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    Quelques films néanmoins nous parlaient de rêves, ceux qu’il faut se construire. Le générique de ce festival renouant avec le glamour d’antan, nous y invitait d’ailleurs : Kristen Stewart, Sienna Miller, Geena Davis, Sophie Turner, Pierce Brosnan, Catherine Deneuve, Anna Mouglalis, Johnny Depp sans oublier les anciens présidents de jurys présents pour l’anniversaire des 25 ans de la compétition.

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    Comme chaque année la compétition (mais aussi une partie des Premières) nous proposait d’ausculter l’Amérique contemporaine, ses meurtrissures et ses élans. S’il est soucieux de vérité, ce festival protéiforme n’oublie pas non plus le glamour de ses origines. Cette année plus que jamais, flamboyance et noirceur, glamour et actualité, engagement et festivités s’entrelaçaient.

    LA COMPETITION ET LE PALMARES

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    Le jury présidé par Catherine Deneuve a attribué le Grand Prix à « Bull », le premier film de la réalisatrice Annie Silverstein (qui fut lauréate de la Cinéfondation, toujours un vivier de talents), un gros plan sur l’âpre réalité de l'Amérique de Donald Trump (déjà en lice à Cannes dans la section « Un Certain Regard »).

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     Ce premier film a d’ailleurs fait l’unanimité des trois jurys puisqu’il a également reçu le prix de la Révélation Louis Roederer et celui de la Critique. « Ce premier film « dresse un tableau extrêmement juste et troublant de l'Amérique de Donald Trump, cette Amérique abandonnée par ses politiques que ce soit dans l'école ou dans la santé », a ainsi ajouté Anna Mouglalis, la présidente du jury Révélation Louis Roederer. « C'est un film politique sans jamais être dogmatique », a-t-elle également précisé. Gérard Lefort, président du jury de la critique a évoqué « une histoire captivante, une actrice sidérante de maturité malgré son jeune âge, des situations dérangeantes et imprévisibles » spécifiant que ce film « invente un territoire tant par son cadrage, son montage, son scénario, sa façon d'entremêler le documentaire à la fiction ».  « Bull », c’est l’histoire de la rédemption de Kris, une adolescente de 14 ans qui vit dans la banlieue pauvre de Houston et qui donne l'impression de suivre le chemin de sa mère, qui purge une peine de prison. Après avoir saccagé la maison de son voisin dans un acte purement gratuit, elle doit faire amende honorable, et prêter main-forte au propriétaire de la maison vandalisée qui est une ancienne gloire du rodéo. Elle se découvre alors une passion pour l'art de monter les taureaux à cru. Mais les mauvaises fréquentations ne sont jamais bien loin. La réalisatrice a choisi de montrer l’Amérique des laissés-pour-compte, celle des citoyens en colère mais qui n'ont parfois comme la jeune Kris que la violence ou la rébellion pour l'exprimer  parce qu’on n’a pas même pris le temps de leur poser une main, consolatrice et apaisante sur leur front, comme le taciturne Abe le fait avec les taureaux.  La rencontre de ces deux solitudes qui s’apprivoisent comme ils apprivoisent les taureaux, c’est celle de deux visages de l’Amérique, deux figures que l’Amérique a abandonnées. Bien sûr, « Bull » n’est pas sans rappeler « The Rider » de Chloé Zhao, vainqueur du Grand Prix à Deauville en 2017.

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     Là aussi l’animal en furie sur lequel il fallait tenir était une métaphore de cette vie chaotique, de ces âmes tourmentées qui devaient trouver leur équilibre malgré l’âpreté et les secousses de l’existence.  Brady, un jeune cow-boy, entraîneur de chevaux et étoile montante du rodéo, voyait sa vie basculer après un tragique accident de rodéo. On lui annonçait alors qu’il ne pourrait plus jamais faire d’équitation. De retour chez lui, il était confronté au vide qu’était devenue sa vie : celle d’un cow-boy qui ne peut désormais ni faire de rodéo ni même monter à cheval. Pour reprendre son destin en mains, Brady se lançait alors dans une quête identitaire en cherchant à comprendre ce que c’est vraiment qu’être un homme au cœur même de l’Amérique. Brady Jandreau, qui jouait son propre rôle aux côtés de sa famille et de ses amis est vraiment une jeune star du rodéo qui a vu sa vie basculer suite à un accident et cette véracité renforçait bien sûr l’émotion qui émane de chacun des plans. Brady devait faire face à un avenir sans espoir, à un parent immature, et lui aussi incarne de nombreux contrastes à l’image de cette Amérique pétrie de contradictions. La violence de l’arène dans laquelle il évoluait contrastait avec la tendresse dont il faisait preuve avec sa jeune sœur handicapée ou son ami victime d’un accident de rodéo. Les immenses plaines évocatrices de liberté contrastaient avec la blessure et l’arène qui l’enfermaient. Et c’est en renonçant au rodéo que le cowboy devenait un homme. On retrouve ce même contraste dans « Bull ». Le jury qui avait attribué le grand prix à « The Rider » avait salué sa poésie et son humanité. Sans doute, pour ces raisons, avais-je préféré ce film à « Bull » qui n’en dresse pas moins un portrait édifiant et sensible de cette Amérique des oubliés à travers cette amitié improbable, porteuse d’espoir malgré l’âpreté du quotidien qui en a permis l’éclosion.

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    Le jury présidé par Catherine Deneuve a également décerné un Prix spécial du 45ème anniversaire du Festival à « Swallow » (qui signifie « avale »), de Carlo Mirabella-Davis. Le film raconte l’histoire d’Hunter qui mène une vie parfaite (en apparence, seulement en apparence) aux côtés de son mari qui vient de reprendre l’entreprise familiale. Mais dès lors qu’elle tombe enceinte, elle développe un trouble compulsif du comportement alimentaire, le Pica, caractérisé par l’ingestion d’objets dangereux. Son époux et sa belle-famille décident alors de contrôler ses moindres faits et gestes pour éviter le pire : qu’elle ne porte atteinte à la lignée des Conrad… Mais cette inquiétante et incontrôlable obsession ne cacherait-elle pas un secret plus terrible encore ?

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    « Swallow », c’est le portrait d’une femme enfermée dans ses douleurs enfouies, dans son carcan social, dans son mariage illusoirement parfait et sa maison même, sorte de prison de verre aseptisée tout autour de laquelle la nature semble l'épier, comme un musée dont elle serait une pièce, condamnée à n'être qu'un objet que l'on admire mais à qui on refuse le droit de penser. La mise en scène épouse judicieusement les états d'âme de cette femme qui peu à peu s'émancipe et se découvre. Pour garder le contrôle sur cette vie qu'elle ne maîtrise pas et qui l'étouffe, elle va s'enfermer dans des troubles compulsifs alimentaires qui lui procurent la trompeuse sensation de maitriser son existence. Un moyen de se réapproprier son corps aussi, ce à quoi la réduit son mari, lui niant toute capacité à penser. « Je vois vraiment ce film comme un film féministe. Le film a été inspiré de la vie de ma grand-mère qui a vécu dans les années 50, alors femme au foyer. Pour essayer de s'accrocher, elle avait des rituels comme se laver les mains de manière compulsive. Elle a été internée et a perdu le sens du goût et de l'odorat. Elle a été punie car elle ne rentrait pas dans le carcan des femmes au foyer dans les années 50 », a ainsi déclaré le réalisateur en conférence de presse. Il s'est également dit « fasciné par Malick et la manière dont il nous introduit dans l'esprit des personnages par le paysage ». « J'aime beaucoup ses films et je les ai tous vus de nombreuses fois. Son travail sur la nature est fascinant. J'ai essayé d'approcher cela dans le film notamment par la relation presque mystique entre Hunter et les objets » a-t-il ajouté. En tentant d'organiser son monde chaotique, d'enfouir en elle ces objets comme son traumatisme l'est, le monde d’Hunter va peu à peu s'ébranler et le visage de chacun se révéler. Son monde parfait va se fissurer. Les couleurs chatoyantes de ses tenues vont se ternir pour se fondre dans le décor et elle va presque être absorbée par celui-ci. Le monde réel, la vie même, vont peu à peu reprendre leurs droits. Le cinéaste peut revendiquer sans rougir ses références citées en conférence de presse : Chantal Akerman, Todd Haynes, Douglas Sirk et Alfred Hitchcock pour ce film passionnant du premier du dernier plan, brillamment pensé, mis en scène et interprété (par une actrice magnétique, Haley Bennett). Un beau portrait de femme qui s'émancipe. Intemporel et universel.

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    Le Prix du public de la Ville de Deauville a été attribué à « The Peanut Butter Falcon » de Tyler Nilson et Michael Schwartz. Ce premier film raconte l'histoire de Zak, un jeune homme de 22 ans atteint de trisomie qui s’enfuit de son foyer de personnes âgées pour réaliser enfin son rêve : rejoindre l’école de catch de Salt-Walter Redneck, une vieille gloire de ce sport, et devenir catcheur professionnel répondant au nom du « faucon au beurre de cacahuète ». Il rencontre Tyler, un petit voyou en cavale, qui va devenir son improbable coach et compagnon de route. Ils vont remonter ensemble les rivières, échapper à leurs poursuivants. Ils vont aussi convaincre Eleanor, une aide-soignante dévouée trimballant ses propres démons, de les accompagner en chemin.  Ce film jubilatoire, à la fois tendre et drôle, est d’abord remarquable par sa distribution : Shia LaBeouf, Dakota Johnson, John Hawkes, Thomas Haden Church, Bruce Dern. « Nous avons écrit ce film pour un ami trisomique, qui rêvait de jouer dans un long métrage », a ainsi expliqué le coréalisateur Michael Schwartz. Tyler, dont on découvre par bribes qu’il a tragiquement perdu son frère, trouve en Zack un frère de substitution et avec lui va renouer avec les plaisirs simples auxquels cette épopée en pleine nature les confronte. Une ode à l’amitié, la fraternité, la nature, comme pansements sur les âmes blessées. Un prix du public mérité pour ce film rempli de bons sentiments (au sens noble) et de bienveillance.

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    Également au palmarès, couronné du  prix du jury, une autre histoire d’hommes, beaucoup plus conflictuelle celle-ci, celle de « The Lighthouse » de Robert Eggers, « l’histoire hypnotique et hallucinatoire de deux gardiens de phare sur une île mystérieuse et reculée de la Nouvelle-Angleterre dans les années 1890 » nous dit ainsi le synopsis officiel. Là aussi, il s’agit d’un monde oppressant et âpre dont on ne peut s’échapper. Oppressante, l’expérience l’est aussi pour le spectateur qui a l’impression de sombrer peu à peu dans la folie avec les protagonistes de ce huis-clos incarnés par Willem Dafoe (en vieux marin irascible) et Robert Pattinson (son nouveau collègue qui semble dissimulé un lourd secret), isolés sur ce phare et dans ce format carré qui nous enserre et enterre avec eux dans cet enfer maritime. C’est sans doute la performance des deux acteurs et la forme qui ont séduit le jury, quoique le terme de séduction convienne mal à ce film qui ne cherche justement jamais à séduire mais plutôt à nous confronter, à heurter.  Entre « les Oiseaux » d’Hitchcock et « Nosferatu » de Murnau, le réalisateur rend un hommage appuyé au cinéma muet, au noir et blanc et à l’expressionisme jouant constamment avec les ombres et la lumière, les plongées et contre plongées et les gros plans très expressifs. Un voyage effroyable aux confins de la folie, aux frontières des légendes et des mythes, après lequel on retrouve la sérénité et la lueur du jour avec soulagement.

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    Dans « The Climb » de Michael Angelo Covino, l’autre prix du jury, il s’agit aussi de l’histoire de deux hommes. Cette fois, ce n’est pas un phare mais une amitié qui les enferme dans une relation singulière. Là aussi, l’originalité de la forme n’est certainement pas pour rien dans le prix obtenu par ce film. Dans ce premier film, Kyle et Mike sont deux meilleurs amis aux tempéraments très différents, cependant leur amitié a toujours résisté aux épreuves de la vie. Jusqu’au jour où Mike avoue à Kyle avoir eu une relation avec la femme que ce dernier s’apprête à épouser. « Presque un film de Claude Sautet » avait dit Bruno Barde en conférence de presse pour qualifier ce film, sans doute en référence à l’amitié au cœur de chefs-d’œuvre du cinéaste français comme « Vincent, François, Paul et les autres », néanmoins ici il s’agit d’une amitié plus toxique, de personnages plus pathétiques, une tragi-comédie cruelle sur deux amis qui ne se séparent jamais réellement. Les deux acteurs qui les incarnent ont coscénarisé le film dont le réalisateur Michael Angelo Covino. Le début de la première séquence qui nous laisse voir deux cyclistes deviser au loin en plein effort sur les routes escarpées françaises donne le ton. Après quelques boutades, l’un des deux avoue à l’autre avoir eu une relation avec sa future épouse (incarnée par Judith Godrèche). Le récit est divisé en 8 chapitres et autant de plans-séquence (d’où la prouesse technique) que séparent de judicieuses ellipses qui permettent de suivre la relation entre Kyle et Mike sur une quinzaine d’années. « The Climb» avait déjà été récompensé du prix de la mise en scène de la section Un Certain Regard à Cannes.

    44ème Festival du Cinéma Américain de Deauville 91

    Ce film n’est pas sans rappeler le Grand prix de l’édition 2018, « Thunder road » de Jim Cummings qui était aussi l’œuvre d’un réalisateur auteur (avec fantaisie et énergie débordantes) qui incarnait le rôle principal, un personnage englué dans une quotidienneté étouffante. Tout commençait d’ailleurs là aussi par un sidérant plan-séquence de plus de dix minutes qui était au départ le sujet d’un court-métrage de Jim Cummings qui lui valut une récompense à Sundance en 2016. La caméra passe fugacement sur l’assemblée d’un enterrement avant de s’attarder sur le fils de la défunte vêtu de son uniforme de policier. Il commence alors un long monologue tandis qu’un lent travelling avant nous rapproche doucement comme pour mieux débusquer les fêlures de plus en plus apparentes au fur et à mesure que le discours fantasque se déroule. Et comme tout le reste du film, autant dans son montage que dans les réactions de son personnage, « Thunder road » nous embarque toujours là où on ne l’attend pas. Tenter de danser devant un cercueil, quelle belle et déchirante métaphore de l'existence, non ? Cette digression pour vous recommander à nouveau ce bouleversant et fantasque portrait d’un homme désorienté et, au-delà, d’une Amérique déboussolée de laquelle une évasion semble possible, ou en tout cas un lendemain plus joyeux comme nous le dit cette ultime scène et ce regard final dans lequel passe une multitude d’émotions.

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    Je regrette l’absence au palmarès de ce Festival de Deauville 2019 de « The wolf hour » d’Alistair Banks Griffin.New York. Juillet 1977.  Naomi Watts incarne June Leigh, une ancienne romancière à succès en panne d’inspiration, retranchée dans son appartement du Bronx. Alors qu’un tueur en séries sévit dans la ville et que de violentes émeutes et des pillages plongent la ville dans le chaos, June est harcelée par un mystérieux individu. A nouveau il est question d’enfermement, d’une femme prisonnière, cette fois de ses propres démons. A l’inverse de « Swallow » ce n’est pas sa famille mais elle-même qui l’enferme. Dans les deux cas pourtant un drame est à l’origine de cette pathologie, ici la paranoïa. Là où l’une « avalera » (des objets, ses émotions), l’autre devra au contraire retrouver le désir pour « recracher » ses émotions. Le film s’ouvre sur le regard de June et l’enferme comme elle le sera dans cet environnement, son appartement dans nous ne sortirons qu’à la fin, ne voyant le monde extérieur que par sa fenêtre ou par le truchement d’informations anxiogènes, cet extérieur qui ne semble représenter que menaces comme cette sonnerie intempestive de l’interphone. L’angoisse ne cessera de croître après ses rencontres avec un policier inquiétant et immoral, un jeune livreur dont on ne sait s’il représente une aide ou une menace, une amie réprobatrice… mais de l’une de ces rencontres naitra aussi le désir de reprendre le pouvoir sur son existence et sur ses mots (et ses maux). La menace est-elle existante ou le fruit du cerveau perturbé de June, menace qui semble exacerbée par cette chaleur suintante qui plonge même la ville dans le noir ?  Peu importe, « The wolf hour », grâce au jeu habité de Naomi Watts est palpitant de la première à la dernière seconde et est une habile réflexion sur le processus, douloureux et libératoire, de création.

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    « Skin » de Guy Nattiv était annoncé comme le film choc de cette compétition. C’est encore d’une autre forme d’enfermement que doit se sortir le protagoniste dont le corps porte les marques. Les marques d’un passé ultraviolent.  « Skin » relate l’histoire vraie d’un jeune homme désorienté, élevé par un groupe de skinheads suprémacistes blancs, qui décide de renoncer à toute haine et violence pour une nouvelle vie. Bien que soutenu par un activiste noir et la femme qu’il aime, trahir ceux qui lui ont tout donné, y compris la colère, le mènera dans une situation inextricable. Guy Nattiv avait reçu l’Oscar du court métrage pour un film s’intitulant déjà « Skin », sur un sujet similaire. Dans la peau du skinhead repenti, Jamie Bell, dans un rôle aux antipodes de Billy Eliott qui le fit connaître. Le film est dédié à la mémoire du grand-père du réalisateur, survivant des camps de concentration.  Ou quand les barbaries d’hier résonnent tristement avec celles d’aujourd’hui, avec la résurgence des groupes suprémacistes blancs et de groupuscules nazis. Dès les premiers plans, nous est montrée la douleur que suscite l’effacement des tatouages sur son corps, douleur à laquelle fait écho la douleur infligée aux populations que les skinheads persécutent. Il faut effacer ce passé. A tout prix. Le film  décortique en parallèle les mécanismes de la déshumanisation, puis de sa rédemption et de son retour à un visage humain (et à une humanité). Embrigadé dès son plus jeune âge dans un camp dirigé par un couple qui ne répond qu’aux noms de « Ma » et « Pa » il n’a eu d’autre perspective que cette violence dévastatrice, à l’image de l’adolescent isolé Gavin (Russell Posner), qui revit les mêmes étapes de ce terrible embrigadement quasiment sectaire. C’est par l’amour et en fondant sa propre famille qu’il trouvera la voie de la rédemption. Malgré la force du propos et de cette plongée presque documentaire au milieu des suprémacistes, dommage que cette rédemption nous apparaisse presque artificielle et trop soudaine, sans réelle explication (si ce n’est la rencontre amoureuse), un comble pour une histoire vraie dont le cinéaste s’est peut-être senti prisonnier, de crainte de la trahir.

    LES PREMIERES

    C’est par l’hommage à Pierce Brosnan et par la nouvelle pépite de Woody Allen, « Un jour de pluie à New York » qu’avait débuté ce 45ème Festival du Cinéma Américain de Deauville.

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    En 2016 avec, « Café Society » (également diffusé cette année à Deauville dans le cadre de l’hommage à Kristen Stewart), Woody Allen nous avait emmenés dans les années 30, et nous avait laissés à la joie factice du réveillon dans ce fameux café. Le film éponyme, empreint d’une féroce nostalgie, était ainsi une chronique acide sur Hollywood, son vain orgueil et sa superficialité, et un nouvel hommage à la beauté incendiaire de New York mais c’était aussi un hymne aux amours impossibles qui auréolent l’existence d’une lumineuse mélancolie. Ensuite avec « Wonder wheel » il nous avait transportés deux décennies plus tard dans un lieu d’évasion qui s’apparente aussi à une prison, Coney Island, parc d’attraction, péninsule située à l'extrême sud de Brooklyn au centre de laquelle trône une grande roue qui tourne irrémédiablement sur elle-même, métaphore des destinées des personnages de « Wonder Wheel » et surtout de celle de Ginny (Kate Winslet). Comme avec, Cate Banchett dans « Blue Jasmine », la réussite de ce film devait beaucoup à l’écriture de ce personnage féminin et à sa remarquable interprétation. Cate Blanchett était parvenue à nous faire aimer son personnage horripilant, snob, condescendant, inquiétant même parfois mais surtout très seul, perdu, et finalement touchant, comme l’est Ginny. Jasmine maquillait ses failles derrière un culte de l’apparence, Ginny par un culte du passé. Dans « Un jour de pluie à New York » c’est Elle Fanning qui crève l’écran dans ce nouveau film de Woody Allen dont la sortie américaine n’a pourtant jamais eu lieu. Mars Films a en revanche choisi de sortir ce film qu’il aurait été dommage de ne pas découvrir.  C’est l’histoire de deux étudiants, Gatsby et Ashleigh, qui envisagent de passer un week-end en amoureux à New York. Pas le New York de Coney island, non, plutôt le New York idyllique et mythique de « Manhattan ». Mais le projet tourne court, aussi vite que la pluie succède au beau temps. Bientôt séparés, les deux tourtereaux enchainent chacun de leur côté les rencontres fortuites et situations insolites. Comme d’habitude, ce nouveau Woody Allen débute par une brillante scène d’exposition qui nous présente les protagonistes : l’étudiant décalé, surdoué, romantique Gatsby Welles le bien nommé (Timothée Chalamet) – Gatsby pour le romantisme et la mélancolie, Welles peut-être pour le pouvoir de création - , sorte de double de Woody Allen, et sa petite amie, Ashleigh Enright (Elle Fanning), étudiante naïve, apprentie journaliste en cinéma, qui va interviewer le grand cinéaste Roland Pollard (Liev Schreiber) pour son journal universitaire sauf que ce dépressif va s’échapper et conduire Ashley à travers New York tandis que Gatsby l’attend pour leur virée romantique et déambule dans New York où il fera une rencontre qui modifiera le cours de son destin, celle de Chan (Selena Gomez). « Un jour de pluie à New York ». Un titre à la Claude Sautet, qui affectionnait tant les scènes de pluie pour rapprocher les êtres.  Une promenade romantique à New York, pleine de charme, avec des personnages « pittoresques » comme toujours remarquablement brossés. Oui, « Laissons la réalité à ceux qui n'ont rien d'autre ». Alors osons rêver nos vies comme nous y invite cette escapade mélancolique dans New York, teintée d'humour cinglant et de dialogues ciselés. Une promenade à l’image des personnages, pleine de charme (décidément, mais le charme est vraiment ce qui définit ce film qui vous envoûte et enlace progressivement de son voile de mélancolie), riche de scènes marquantes comme celle lors de laquelle la mère de Gatsby (Cherry Jones) part dans un monologue inattendu qui est un film en soi, dévoilant un autre visage de cette mère possessive, ou comme lorsque Gatsby se met au piano. Soudain, la magie opère. Un film empreint de nostalgie, étonnamment jeune aussi, qui nous donne envie de déambuler sous la pluie, d’observer la beauté captivante de la ville, de croire aux rencontres impromptues, bref à la magie du cinéma. Une fable savoureuse qui nous donne envie de croire à ce qui arrive « dans les films, pas dans la vraie vie ». 

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    Autre invitation au rêve avec « Music of my life » de Gurinder Chadha à qui l’on doit notamment le réjouissant « Joue-la comme Beckham ». 1987. Angleterre.  Javed, adolescent d’origine pakistanaise, grandit à Luton, une petite ville qui n’échappe pas à un difficile climat social. Il se réfugie dans l’écriture pour échapper au racisme et au destin que son père, très conservateur, imagine pour lui.  Mais sa vie va être bouleversée le jour où l’un de ses camarades lui fait découvrir l’univers de Bruce Springsteen. Il est frappé par les paroles des chansons qui décrivent exactement ce qu’il ressent. Javed va alors apprendre à comprendre sa famille et trouver sa propre voie. Un film porté par la musique du « Boss » et dont le sujet tourne en plus autour de celle-ci pouvait difficilement être mauvais. A l’image de ses musiques, la légèreté n’est qu’apparente et on évoque ici aussi bien le décalage culturel, la résistance et l’intégration qui donnent lieu à des situations savoureuses. Le film est d’abord et avant tout un hymne à la création. Javed écrit. Mais c’est cette rencontre avec l’œuvre de Springsteen qui va le porter et l’aider dans l’Angleterre nationaliste et raciste de Thatcher, gangrénée par le chômage. A la fois feel good movie et chronique sociale, cette adaptation du roman autobiographique « Greetings from Bury Park : Race, Religion and Rock’n’Roll » du journaliste britannique Sarfraz Manzoor raconte comment ce jeune homme d’origine pakistanaise mal dans sa peau va s’émanciper grâce à la musique et l’écriture. Il veut en effet devenir écrivain mais sa « famille est coincée dans une autre époque ». Cela va lui permettre de « bâtir un pont » vers ses « ambitions » parce que ce que raconte le Boss de sa vie dans le New Jersey fait écho à la vie de ce jeune homme d’origine pakistanaise dans une ville anglaise, Bruce est pour lui « le lien direct vers la vérité ». Les paroles, universelles, dépassent les frontières, et vont l’aider à affronter son père. Vous quitterez le film avec en tête les musiques de Bruce Springsteen, l’envie de chanter (certaines chansons sont joliment mises en scène sous forme de comédie musicale) et cette phrase : « Ecris un rêve Fais en sorte qu’il se réalise ». Tout un programme. Une bulle d’optimisme non dénuée de fond, voilà qui fait beaucoup de bien.

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    Parmi les premières marquantes de cette 45ème édition il y eut indéniablement « Waiting for the barbarians » de Ciro Guerra, une première précédée de l'hommage à Johnny Depp, l’occasion de revoir des extraits de films inoubliables : « Edward aux mains d’argent », « Arizona dream », « Gilbert grape », « Dead man », « Las Vegas parano », « Sleepy hollow » … « Waiting for the barbarians » pourrait s’ajouter à cette liste. Une fois de plus, Johnny Depp est là où on ne l’attend pas, dans un rôle antipathique au possible. Dans un désert sans nom à une époque incertaine, un magistrat (Mark Rylance) gère un fort qui marque la frontière de l’Empire. Le pouvoir central s’inquiète d’une invasion barbare et dépêche sur les lieux le colonel Joll (Johnny Depp), un tortionnaire de la pire espèce (qui nomme sa méthode « patience »). Parmi les hommes et les femmes ramenés au fort et torturés, une jeune fille blessée attire l’attention du magistrat qui finit par contester les méthodes employées par le colonel et prendre fait et causes pour les soi-disant barbares. « Waiting for the barbarians » est une passionnante réflexion sur les mécanismes de l'abus de pouvoir, l'oppression, une métaphore à petite échelle des totalitarismes qui traversent les lieux et les époques, qu'ils soient dans le cadre d'une entreprise (ou même d'un cercle plus restreint social ou familial) ou étatiques. Évidemment il était judicieux pour incarner « le mal » de choisir un acteur plutôt habitué à des rôles de héros pour montrer que la monstruosité peut avoir tous les visages, que le masque arboré n'est pas forcément celui du Rhinocéros comme dans la pièce éponyme de Ionesco. La monstruosité n’en est pas moins là.  Adaptée du roman éponyme de l’écrivain sud-africain J. M. Coetzee, lauréat du prix Nobel de littérature en 2003, cette fable terrifiante à l'image de la pièce de Ionesco précitée est un vibrant plaidoyer pour la résistance. Pour s’agrandir, l’Empire paranoïaque (voilà qui rappelle les thématiques de films précédemment évoqués) va vouloir soumettre les peuples nomades considérés comme barbares et va aussi transformer les foules en masses grégaires et haineuses.  Ce fort qui pourrait faire songer à ceux du Far west avec certains plans (notamment d’embrasures de portes) à la John Ford et l’intemporalité de l’histoire la rendent d’autant plus universelle, forte et terrifiante.

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    Johnny Depp a ainsi évoqué son personnage qui, à l'image de son interprète tout au long de la conférence de presse, porte en permanence des lunettes, manière sans doute de se préserver des regards inquisiteurs. et de garder « la communication profonde » pour ceux à qui il souhaite lui aussi montrer son vrai visage ». « La vraie communication, la communication profonde se fait à travers les yeux. Il a construit des murs vraiment très forts. Il est juste une armure, stratégie. Il ne sera jamais rien d'autre que ce qu'il est. Cela vient d'une enfance cassée. Il se sert de sa colère pour faire mal aux autres », a ainsi déclaré Johnny Depp à propos de son personnage. Notons la délicatesse de Mark Rylance qui a pris soin de poser des questions aux deux producteurs du film pendant la conférence de presse à défaut de questions posées à ces derniers par les journalistes. Qui mieux que cet acteur élégant pouvait incarner ce magistrat qui s'élève contre la barbarie ? Cette barbarie aux mille visages et qui prend parfois celui fallacieux de la bonté.

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    Mark Rylance a ainsi expliqué à propos de son personnage et la réaction de rejet que lui témoigne la jeune femme à qui il vient pourtant en aide : « nous victimisons les femmes chacun à notre manière. »  Dans l’absence de manichéisme de ce personnage (au contraire de celui de Depp qui est l’archétype du « méchant », archétype qui n’est pas ici un défaut mais une nécessité pour appuyer le propos) réside tout l’intérêt de ce film marquant d’une force et d’une originalité incontestables.

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    La plus longue standing ovation à Deauville cette année fut néanmoins celle à l’issue de la projection d’ « American skin » de Nate Parker. Produit par Spike Lee, ce film est de ceux de ce festival annoncés comme « défiant Trump » ou en tout cas l'Amérique de Trump, une Amérique enfermée dans des préjugés par définition étriqués, dans la peur et ses conséquences, l'oppression de l'autre. Lincoln est un ancien combattant de la Marine. Aujourd'hui, il travaille comme concierge au sein d'une école et tente d’améliorer ses relations avec son fils. Un jour, lors d'un contrôle de police de routine, le jeune garçon est tué. Cependant, l'officier coupable d'avoir tiré sur lui est déclaré innocent. Lincoln (incarné par Nate Parker lui-même) choisit alors de faire justice lui-même.  L'enfermement, l'aspiration à la liberté, à pouvoir être soi-même sans entraves était décidément le thème récurrent de cette édition. Là encore en effet il est question d’enfermement. D’enfermement dans une société de préjugés qui conduit à ce que certains hommes se sentent moins libres que d’autres. D’enfermement pour faire surgir la vérité. Paradoxalement, les multiples moyens de communication (sous leurs nombreuses formes) et de filmer et donc supposément de s'ouvrir à l'autre sont aussi omniprésents et servent aussi le style faux documentaire du film mais également à montrer que dans nos sociétés ultra connectées tout est filmé constamment sans pour autant permettre de faire éclater la vérité ou de s'ouvrir l'autre et de communiquer posément. Vérité glaçante. Cela permet bien sûr aussi d'impliquer le spectateur, de susciter son empathie. Le film fait d’ailleurs l’éloge du documentaire comme moyen d’éveil des consciences, limité d’ailleurs puisqu’il est ici au service de la vérité mais peut tout aussi bien la trahir et non la traduire. Prenant de la première seconde (début sur le vif lors d'un contrôle de police tragique) au dénouement (qui rappelle cette première scène comme si tout cela n'était qu'un cycle infernal, condamnant tout espoir d'un lendemain meilleur où chacun s'écouterait et se libérerait de la peur dictée par les préjugés), ce faux documentaire fourmille d'idées brillantes. Comme de s'inspirer de « 12 hommes en colère », le face à face auquel ce « procès » improvisé donne lieu n’est d’ailleurs pas sans rappeler certaines scènes des « Misérables » (Prix d’Ornano-Valenti de cette édition dont je vous parle plus bas) en ce que l’un et l’autre de ces deux films montrent que la violence, dictée par la peur, exacerbe les tensions. Comme encore ces quelques mots lapidaires au journal télévisé pour traduire et trahir la complexité d'un drame humain. Mots auxquels succèdent les louanges sur les performances d'un sportif noir énoncées par un présentateur guilleret. « Cachez ces crimes racistes que je ne saurais voir », semble nous dire Nate Parker du moment que l'apparence et les clichés soient saufs. Telle est l'Amérique de Trump. Résultat : un film poignant, bouleversant, un coup de poing et un coup au cœur. Un plaidoyer aussi convaincant que nécessaire qui a bouleversé les festivaliers.

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    Parmi les évènements de cette édition, il y eut également l’hommage à Geena Davis venue présenter « Tout peut changer, et si les femmes comptaient à Hollywood » de Tom Donahue. Tout peut changer est un documentaire qui révèle ce qui se cache derrière l'une des aberrations de l'industrie du cinéma américain : la sous-représentation des femmes à Hollywood. Le réalisateur Tom Donahue met en avant des décennies de discrimination à l'égard des femmes derrière et devant la caméra, grâce notamment à une méthode inédite d’étude des données chiffrées, avec, à l’appui, des centaines de témoignages accablants.  Plus important encore, le film cherche et propose des solutions qui vont au-delà de l'industrie du cinéma et bien au-delà des frontières américaines, à travers les témoignages de nombreuses voix d'Hollywood, dont Meryl Streep, Cate Blanchett, Natalie Portman, Reese Witherspoon,  Jessica Chastain, Chloë Grace Moretz ou encore, Geena Davis, également productrice exécutive du film ; pour mettre en exergue ce qui peut et doit changer. Dommage que le message soit noyé parmi une floppée de chiffres et d’énonciations didactiques, une manière d’infantiliser le spectateur (en surlignant bien certaines données au cas où il n’aurait pas compris), un ton vindicatif voire guerrier en totale contradiction avec le propos, et une dispersion des sujets qui méritaient pourtant d’être traités. Il était cependant intéressant de voir le rôle majeur occupé par les femmes au temps du muet et comment celles-ci ont peu à peu été évincées de l’industrie cinématographique ou encore comment ces dernières sont enfermées (encore l’enfermement) dans des personnages stéréotypés. L’intention était donc louable même si le résultat n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Geena Davis, qui a fondé un institut d'études sur la représentation des femmes à l'écran, l'Institute of gender in media, démontre que la discrimination est toujours d’actualité pour les femmes, qu’elles se trouvent devant ou derrière la caméra, que ce soit dans la manière dont elles sont représentées sur l’écran ou traitées sur les tournages. Ainsi, « En Amérique, seuls 4% des films produits sont réalisés par des femmes » alors que ce « chiffre est de 24% en France. »

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    Finalement plus parlant, militant, efficace était le film « American Woman » de Jake Scott, projeté après la remise du Deauville Talent Award à Sienna Miller, sans aucun doute le rôle de sa carrière, « le plus beau rôle de ma carrière » a-t-elle d’ailleurs elle-même déclaré, suite logique de judicieux choix pour celle qui a notamment tourné pour Clint Eastwood dans « American sniper »,  James Gray dans « The lost city of Z » ou encore Bennett Miller dans « Foxcatcher ». Un rôle beaucoup plus nuancé que ce qu’il paraît être dans les premières minutes du film où elle incarne une sorte de caricature de bimbo frivole, mère aimante d’une fille mère, laquelle adolescente disparaît mystérieusement. Le tout dans une ville rurale de Pennsylvanie. Deb Callahan (Sienna Miller donc), est ainsi une mère de 31 ans qui travaille comme caissière dans un supermarché. Elle se retrouve alors seule à élever son petit-fils encore bébé. Elle va devoir affronter ses errements passés pour se construire une nouvelle vie d'adulte. Mais sa quête est remise en question le jour où la vérité sur la disparition de sa fille éclate. Philippe Augier, le maire de Deauville, a ainsi rendu l’hommage à l’actrice : « Les femmes sont beaucoup représentées dans le cinéma, particulièrement à Deauville cette année, et c’est notre volonté d’affirmer leur émancipation de tous les carcans qui leurs sont imposés, souvent par erreur, par méconnaissance, par incompréhension de la beauté du genre qu’elles incarnent. »  « American Woman » est un film remarquable en ce qu’il déjoue et démonte les clichés qu’il semble de prime abord mettre en scène. Il évite aussi tous les écueils. Plutôt que de dresser un portrait larmoyant d’une mère éplorée qui a perdu sa fille ou de s’axer sur l’enquête, il se concentre sur la reconstruction de cette femme qui passe par son émancipation. Au fur et à mesure que son visage se démaquille, elle devient elle-même, prend peu à peu son destin en main. Le film n’a rien du thriller contrairement à ce que pourraient laisser entendre son pitch et son affiche. Ou alors un thriller de l’intime, une enquête sur la profondeur d’un être en apparence superficiel.  Cette disparition est finalement le prétexte à dresser le portrait de cette femme dans la tourmente. « La parole s’est libérée et s’il y a un problème, on peut le signaler en moins de cinq minutes. Aujourd’hui, je n’accepterais pas certaines choses que j’ai pu accepter par le passé, et je me félicite de l’égalité salariale entre les hommes et les femmes », a ainsi déclaré Sienna Miller en conférence de presse.

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    Autre femme forte et de conviction, Jean Seberg incarnée par une autre femme forte et de conviction Kristen Stewart dans le film éponyme de Benedict Andrews qu’elle est venue présenter à l’occasion de l’hommage que lui a rendu le Festival de Deauville qui lui a décerné un Deauville Talent Award. Ce film qui oscille entre thriller, film politique et histoire d’amour est surtout là aussi un magnifique portrait de femme auquel Kristen Stewart apporte à la fois force, fragilité, et une palette d’expressions et d’émotions d’une rare diversité. Ce film, qui n’est pas un biopic mais inspiré de faits réels, relate une période de la vie de l’actrice emblématique de la Nouvelle Vague et d’« A bout de souffle », épouse de Romain Gary (Yvan Attal) et éclaire certaines ombres de sa vie (et mort). L’actrice américaine  vit à Paris et se rend à Los Angeles pour un tournage. Dans l’avion, elle rencontre Hakim Jamal, activiste américain défenseur de la cause noire (ou plutôt ce dernier semble s’être arrangé pour qu’ils s’y rencontrent). Ils vont commencer une relation secrète tandis que Jean soutient publiquement la cause de Jamal. Seberg devient alors un des sujets de la surveillance du FBI qui surveillait déjà les agissements de Jamal et de son entourage. Cette surveillance va peu à peu se transformer en véritable harcèlement et détruire la jeune femme. Tout aussi intéressant est le personnage d’un jeune membre du FBI qui commence à douter de ses méthodes. Le film commence par la scène du bûcher de « Sainte Jeanne » d’Otto Preminger au cours de laquelle l’actrice fut blessée. Comme une marque indélébile présageant les souffrances morales à venir. Jean Seberg va peu à peu sombrer dans la paranoïa.  Kristen Stewart prouve une nouvelle fois qu’elle peut tout jouer après notamment « Sils Maria » d’Olivier Assayas (c’est d’ailleurs ce dernier qui lui a rendu hommage avant de recevoir le lendemain le prix du 45ème festival pour "Cuban network", j’en profite pour vous recommander vivement ce film dans lequel Kristen Stewart est d’une justesse remarquable, un film sur l'étanchéité des frontières entre l'art et la vie, et l'implacable violence du temps qui passe) et « Café Society » de Woody Allen (elle est éblouissante dans ce film dans lequel en un instant son regard s’évade et se voile de tristesse), deux films dans lesquels elle incarnait des rôles très différents et dans lesquels elle excellait déjà. Avec ce rôle, elle donne une nouvelle fois raison à Olivier Assayas qui lui a rendu hommage par ces mots : « Kristen est une artiste qui possède ce don rare d’être à la fois hors du temps et d’incarner son époque au meilleur sens de ce terme. Son âme est dans ses films et elle donne aussi une âme à tout ce qu’elle approche. Si je suis si heureux de lui donner ce prix ce soir c’est parce que Kristen incarne spontanément, avec sincérité et pureté, ce que le cinéma peut susciter de meilleur, donnant chair à l’idée même d’indépendance et de liberté. Et que je lui suis infiniment reconnaissant de porter avec autant de courage ces valeurs, à la fois si fragiles et si précieuses, et de le faire non seulement pour elle mais pour chacun et pour chacune. » Le film « Seberg », passionnant et bouleversant est basé sur « des faits, et des documents du FBI ». Le destin tragique d’une actrice si lumineuse comme l’histoire du cinéma en connut tant. Et s’il se concentre sur la période de 1968 à 1971, difficile de ne pas établir de lien avec la résurgence du racisme aux Etats-Unis.

    Enfin, j’ai délibérément choisi de terminer ce bilan du festival par deux films qui, chacun à leur manière, défendent des messages forts, l’un pour dresser le portrait d’un héros, l’autre pour nous raconter l’histoire de Misérables du 21ème siècle, empruntant pour cela à Victor Hugo certaines de ses figures emblématiques du chef-d’œuvre éponyme.

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    Il s’agit d’abord d’« Une vie cachée » de Terrence Malick, présenté en mai dernier en compétition dans le cadre du Festival de Cannes (8 ans après sa palme d’or pour « The tree of life ») et en Première à Deauville. Dans ce film inspiré de faits réels, Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, Franz reste un homme libre. Une vie cachée raconte l'histoire de ce héros qui vit dans le Tyrol autrichien, au milieu d’une nature que la caméra de Malick effleure et caresse délicatement, amoureusement, une nature idyllique où vivent Franz et sa famille.  C’est le parcours christique de cet homme follement courageux que nous raconte Malick, filmant ce parcours avec le lyrisme qui le caractérise par d’amples travellings et des contre-plongées inspirées. C’est fascinant, beau et envoûtant, comme un poème tragique, comme un éloge funèbre. Son lyrisme grandiloquent rend le plus vibrant et flamboyant des hommages à ce fiévreux résistant. Enfiévré de son amour pour sa femme, porté par leurs souvenirs communs. De sa foi. De son combat qu’il sait juste et que seuls dieu et son épouse semblent pouvoir comprendre et accompagner. Un film méditatif sidérant d’éclat, de force. Une symphonie visuelle captivante qui rend un hommage bouleversant à cet homme qui trouve la lumière en combattant l’obscurantisme et dont la fin à la fois tragique, poignante et sublime nous laisse KO. Je vous reparlerai de ce film qui mérite plus que ces quelques lignes.

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    Terminons ce bilan subjectif et sélectif du Festival de Deauville 2019 par un film dont la fin m’a également laissée KO : « Les Misérables » de Ladj Ly dont nous venons d’apprendre qu’il représentera la France dans la course aux Oscars. C’est en tant que lauréat du prix d’Ornano-Valenti (qui récompense chaque année un film français dans le but d'aider à sa promotion et son exportation) qu’il était présenté à Deauville, succédant aux « Chatouilles » et recevant le même accueil enthousiaste auprès du public du festival.  Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes. Ladj Ly nous plonge d’emblée dans le quotidien de ces policiers, et suscite notre empathie en nous mettant à la place de la nouvelle recrue qui, comme nous, découvre cet univers dans lequel la tension est palpable, constante et la réalité complexe. Loin de tout manichéisme, Ladj Ly filme  en effet la réalité qu’il connait dans toute sa complexité, ses rouages, la perversité que cela engrange, obligeant la police à traiter avec les voyous pour solutionner certaines situations (ou parfois employant leurs méthodes, et franchissant allègrement la ligne rouge). La caméra à l’épaule nous donne la sensation d’être immergés dans cet enfer urbain dans lequel la corruption règne. Jamais le rythme ne faiblit. La tension est constante. Personne n’est idéalisé ou épargné et, dans leur intimité, les policiers apparaissent tout aussi misérables que ceux qu’ils poursuivent. Le titre qui se réfère à la ville de Montfermeil (où se situent des passages des « Misérables ») fait ainsi le lien et les réunit dans une même réalité après un début sur ce qui les réunit aussi, le drapeau, la coupe du monde. « Sans cohésion pas d’équipe et sans équipe on est seul », entend-on ainsi, ce qui s’applique alors à l’un et l’autre des deux « camps ».  Avec Laurent nous découvrons cet équilibre précaire qu’un rien pour conduire à s’embraser jusqu’au chaos final, un final explosif, un piège qui se referme inexorablement. L’enfermement, encore. Une scène couper le souffle. Un final terrible et d’une logique implacable après un crescendo éreintant. Un final après lequel il était apaisant de retrouver la douceur des planches, la mélancolie charmante de Deauville qui n’a rien à envier à celle de « Un jour de pluie à New York » dont la phrase me revient aujourd’hui encore comme un leitmotiv : « C’est la vraie vie. Laisse-la à ceux qui ne trouvent pas mieux » et me donne l’envie de m’installer à une terrasse sur les planches. D’y observer le film de la vie. Ou d’y relire « Gatsby le magnifique ». Alors, en attendant de me replonger dans les livres de Francis Scott Fitzgerald, un peu de Victor Hugo : 

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    Après cette édition 2019 qui a su allier glamour et exigence artistique, mythes et engagement (films, femmes et cinéastes engagés étaient à l'honneur cette année) et révéler de nouveaux talents, je vous donne rendez-vous en 2020 pour la 46ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville qui aura lieu du 4 au 13 septembre et, en attendant, dès vendredi au Festival du Film Britannique de Dinard. 

    Ci-dessous, quelques photos complémentaires de Deauville aux couleurs du Festival du Cinéma Américain.

    Je suis l'auteure de toutes les vidéos et photos de cet article. Merci au photographe Dominique Saint pour les photos de tapis rouge à retrouver sur mon compte instagram @Sandra_Meziere. Merci au CID, au magazine Normandie Prestige 2019 (dans lequel vous pourrez notamment retrouver mon article bilan de l'édition 2018 du festival), et à la radio France Bleu Normandie pour l'interview rituelle en direct du festival. Je continue à vous parler de Deauville, en fiction cette fois, puisque, après mon recueil "Les illusions parallèles" (Editions du 38) qui comprend deux nouvelles se déroulant dans le cadre du festival, Short Edition vient de sortir cette semaine un recueil dans lequel figure une de mes nouvelles, lauréate d'un de leurs concours d'écriture dont l'intrigue se déroule à... Deauville.

     

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