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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 81

  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2017 : Vladimir Cosma, Melville, Rémy Julienne, De Funès, Tati et la comédie à l'honneur

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    Lors des trois premières éditions du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (créé par Sam Bobino -qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif– et le cinéaste Christophe Barratier), je vous avais fait part de mon enthousiasme pour ce nouvel évènement cinématographique, convivial et passionnant, qui a lieu dans le cadre idyllique de La Baule, un festival pour lequel j’ai eu un coup de cœur tel que l’une des nouvelles de mon recueil « Les illusions parallèles » (Editions du 38), se déroule dans le cadre de celui-ci. J'avais d'ailleurs eu le plaisir de le dédicacer dans le cadre du festival l'an passé.

    Pour tout savoir sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule retrouvez :

    mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016.

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    Je  recommande vivement dès à présent l'édition 2017, d’autant plus que les premières annonces concernant la programmation sont vraiment alléchantes avec l’hommage rendu, en sa présence, au compositeur Vladimir Cosma, une légende à qui l'on doit d'innombrables musiques de films dont celles de La Boum, des Aventures de Rabbi Jacob, du Grand Blond avec une chaussure noire, de L'Aile ou La Cuisse, de La Chèvre, du Diner de cons , etc. VLADIMIR COSMA dirigera ses plus grandes musiques de film avec un orchestre symphonique d'une soixantaine de musiciens et artistes internationaux, sur la scène du Palais des Congrès Atlantia de laBaule, le samedi 11 Novembre à 20h.

    CHRISTOPHE BARRATIER et SAM BOBINO, présidents du Festival, pour cette 4ème édition ont décidé de mettre à l'honneur les comédies :

    -Coup de projecteur sur Jacques Tati dont on fête les 110 ans de sa naissance et dont le personnage culte M.Hulot figure sur la magnifique affiche du Festival ((en bonus, ma critique de "Playtime" de Tati en bas de cet article)), et Buster Keaton, dont les projections de films seront accompagnées en musique

    -Hommage à LOUIS DE FUNES à la Chapelle Saint Anne à la Baule avec une exposition d'objets inédits et encore jamais exposés ayant appartenu à l'acteur.


    -Par ailleurs, un hommage sera rendu au réalisateur culte JEAN PIERRE MELVILLE, réalisateur des chefs-d'œuvre que sont notamment L’Armée des Ombres, Le Cercle Rouge, le Samouraï (dont je vous propose ma critique en bonus, ci-dessus)

    -Un hommage sera également rendu à REMY JULIENNE, le plus grand cascadeur du Cinéma Français.


    -Le Festival, ce sont aussi des ateliers, des rencontres, des séances de dédicaces, des Master class dirigées par STÉPHANE LEROUGE, grand spécialiste de la musique de film, et bien sûr des projections en avant première en présence des équipes de films et acteurs.

    Le festival 2017 aura lieu du mercredi 7 au dimanche 12 novembre.

    Pour en savoir plus, vous pouvez d’ores et déjà vous abonner à la page Facebook du festival, ici, mais aussi le retrouver sur twitter (@FestivalLaBaule), sur Instagram (@festivallabaule) et sur son site internet.

    Pour préparer au mieux votre séjour, vous pouvez aussi retrouver mes bonnes adresses à La Baule et Pornichet, ici.

    Cet article (à retrouver aussi bientôt sur mon autre blog Inthemoodforfilmfestivals.com) sera complété au fur et à mesure des annonces sur la programmation de cette édition 2017.

    Critique - Le Samouraï de Jean-Pierre Melville

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    C’est un des films à l’origine de ma passion pour le cinéma qui s’est au départ et dès l’enfance nourrie surtout de cinéma policier, un chef d’œuvre du maître du cinéma policier et accessoirement l'œuvre d'un de mes cinéastes de prédilection, Jean-Pierre Melville, et enfin un des meilleurs rôles d’Alain Delon qui incarne et a immortalisé le glacial, élégant et solitaire Jef Costello tout comme il immortalisa Tancrède, Roch Siffredi, Corey, Robert Klein, Roger Sartet, Gino dans les films de Clément, Deray, Visconti, Verneuil, Losey, Giovanni. Si je ne devais vous recommander qu’un seul polar, ce serait sans doute celui-ci…

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    Jef Costello est un tueur à gages dont le dernier contrat consiste à tuer le patron d’une boîte de jazz, Martey. Il s’arrange pour que sa maîtresse, Jane (Nathalie Delon), dise qu’il était avec elle au moment du meurtre. Seule la pianiste de la boîte, Valérie (Cathy Rosier) voit clairement son visage. Seulement, lorsqu’elle est convoquée avec tous les autres clients et employés de la boîte pour une confrontation, elle feint de ne pas le reconnaître… Pendant ce temps, on cherche à  tuer Jef Costello « le Samouraï » tandis que le commissaire (François Périer) est instinctivement persuadé de sa culpabilité qu’il souhaite prouver, à tout prix.

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Dès le premier plan, Melville parvient à nous captiver et plonger dans son atmosphère, celle d’un film hommage aux polars américains…mais aussi référence de bien des cinéastes comme Johnny To dans « Vengeance » dans lequel le personnage principal se prénomme d’ailleurs Francis Costello mais aussi Jim Jarmusch  dans « Ghost Dog, la voie du samouraï » sous oublier Michael Mann avec « Heat » , Quentin Tarantino  avec « Reservoir Dogs » ou encore John Woo dans « The Killer » et bien d’autres qui, plus ou moins implicitement, ont cité ce film de référence…et d’ailleurs très récemment le personnage de Ryan Gosling dans « Drive » présente de nombreuses similitudes avec Costello (même si Nicolas Winding Refn est très loin d’avoir le talent de Melville qui, bien que mettant souvent en scène des truands, ne faisait pas preuve de cette fascination pour la violence qui gâche la deuxième partie du film de Nicolas Winding Refn malgré sa réalisation hypnotique) ou encore le personnage de Clooney dans "The American" d'Anton Corbijn.

    Ce premier plan, c’est celui du Samouraï à peine perceptible, fumant, allongé sur son lit, à la droite de l’écran, dans une pièce morne dans laquelle le seul signe de vie est le pépiement d’un oiseau, un bouvreuil. La chambre, presque carcérale, est grisâtre, ascétique et spartiate avec en son centre la cage de l’oiseau, le seul signe d’humanité dans cette pièce morte (tout comme le commissaire Mattei interprété par Bourvil dans « Le Cercle rouge » a ses chats pour seuls amis).  Jef Costello est un homme presque invisible, même dans la sphère privée, comme son « métier » exige qu’il le soit. Le temps s’étire. Sur l’écran s’inscrit « Il n’y a pas de plus profonde solitude que celle du samouraï si ce n’est celle d’un tigre dans la jungle…peut-être… » ( une phrase censée provenir du « Bushido, le livre des Samouraï » et en fait inventée par Melville). Un début placé sous le sceau de la noirceur et de la fatalité comme celui du « Cercle rouge » au début duquel on peut lire la phrase suivante : "Çakyamuni le Solitaire, dit Siderta Gautama le Sage, dit le Bouddha, se saisit d'un morceau de craie rouge, traça un cercle et dit : " Quand des hommes, même sils l'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge (Rama Krishna)".

    Puis, avec calme et froideur (manière dont il agira tout au long du film), Costello enfile sa « panoplie », trench-coat et chapeau, tandis que son regard bleu acier affronte son image élégante et glaciale dans le miroir. Le ton est donné, celui d’un hiératisme silencieux et captivant qui ne sied pas forcément à notre époque agitée et tonitruante. Ce chef d’œuvre (rappelons-le, de 1967) pourrait-il être tourné aujourd’hui ? Ce n’est malheureusement pas si certain…

    Pendant le premier quart d’heure du film, Costello va et vient, sans jamais s’exprimer, presque comme une ombre. Les dialogues sont d’ailleurs rares tout au long du film mais ils  ont la précision chirurgicale et glaciale des meurtres et des actes de Costello, et un rythme d’une justesse implacable : «  Je ne parle jamais à un homme qui tient une arme dans la main. C’est une règle ? Une habitude. » Avec la scène du cambriolage du « Cercle rouge » (25 minutes sans une phrase échangée), Melville confirmera son talent pour filmer le silence et le faire oublier par la force captivante de sa mise en scène. (N’oublions pas que son premier long-métrage fut « Le silence de la mer »).

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    La mise en scène de Melville est un modèle du genre, très épurée (inspirée des estampes japonaises), mise en valeur par la magnifique photographie d’Henri Decae, entre rues grises et désertes, atmosphère grise du 36 quai des Orfèvres, passerelle métallique de la gare, couloirs gris, et l’atmosphère plus lumineuse de la boîte de jazz ou l’appartement de Jane. Il porte à la fois le polar à son paroxysme mais le révolutionne aussi, chaque acte de Costello étant d’une solennité dénuée de tout aspect spectaculaire.

    Le scénario sert magistralement la précision de la mise en scène avec ses personnages solitaires, voire anonymes. C’est ainsi « le commissaire », fantastique personnage de François Périer en  flic odieux prêt à tout pour satisfaire son instinct de chasseur de loup (Costello est ainsi comparé à un loup) aux méthodes parfois douteuses qui fait songer au « tous coupables » du « Cercle rouge ». C’est encore « La pianiste » (même si on connaît son prénom, Valérie) et Jane semble n’exister que par rapport à Costello et à travers lui dont on ne saura jamais s’il l’aime en retour. Personnages prisonniers d’une vie ou d’intérieurs qui les étouffent comme dans « Le cercle rouge ».

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Le plan du début et celui de la fin se répondent ainsi ingénieusement : deux solitudes qui se font face, deux atmosphères aussi, celle grisâtre de la chambre de Costello, celle, plus lumineuse, de la boîte de jazz mais finalement deux prisons auxquelles sont condamnés ces êtres solitaires qui se sont croisés l’espace d’un instant.  Une danse de regards avec la mort qui semble annoncée dès le premier plan, dès le titre et la phrase d’exergue. Une fin cruelle, magnifique, tragique (les spectateurs quittent d’ailleurs le « théâtre » du crime comme les spectateurs d’une pièce ou d’une tragédie) qui éclaire ce personnage si sombre qui se comporte alors comme un samouraï sans que l’on sache si c’est par sens du devoir, de l’honneur…ou par un sursaut d’humanité.

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Que ce soit dans « Le Doulos », « Le Deuxième souffle » et même dans une autre mesure « L’armée des ombres », on retrouve toujours chez Melville cet univers sombre et cruel, et ces personnages solitaires qui firent dirent à certains, à propos de « L’armée des ombres » qu’il réalisait un « film de gangsters sous couverture historique » … à moins que ses « films de gangsters » n’aient été à l’inverse le moyen d’évoquer cette idée de clandestinité qu’il avait connu sous la Résistance. Dans les  films précédant « L’armée des ombres » comme « Le Samouraï », Melville se serait donc abrité derrière des intrigues policières comme il s’abritait derrière ses indéfectibles lunettes, pour éviter de raconter ce qui lui était le plus intime : la fidélité à la parole donnée, les codes qui régissent les individus vivant en communauté. Comme dans « L’armée des ombres », dans « Le Samouraï » la claustrophobie psychique des personnages se reflète dans les lieux de l’action et est renforcée d’une part par le silence, le secret qui entoure cette action et d’autre part par les «couleurs », terme d’ailleurs inadéquat puisqu’elles sont ici aussi souvent proches du noir et blanc et de l’obscurité. Le film est en effet auréolé d’une lumière grisonnante, froide, lumière de la nuit, des rues éteintes, de ces autres ombres condamnées à la clandestinité pour agir.

    Evidemment, ce film ne serait sans doute pas devenu un chef d’œuvre sans la présence d’Alain Delon (que Melville retrouvera dans « Le Cercle rouge », en 1970, voir ma critique ici, puis dans « Un flic » en 1972) qui parvient à rendre attachant ce personnage de tueur à gages froid, mystérieux, silencieux, élégant dont le regard, l’espace d’un instant face à la pianiste, exprime une forme de détresse, de gratitude, de regret, de mélancolie pour ensuite redevenir sec et brutal. N’en reste pourtant que l’image d’un loup solitaire impassible d’une tristesse déchirante, un personnage quasiment irréel (Melville s’amuse d’ailleurs avec la vraisemblance comme lorsqu’il tire sans vraiment dégainer) transformant l’archétype de son personnage en mythe, celui du fameux héros melvillien. 

    Avec ce film noir, polar exemplaire, Meville a inventé un genre, le film melvillien avec ses personnages solitaires portés à leur paroxysme, un style épuré d’une beauté rigoureuse et froide et surtout il a donné à Alain Delon l’un de ses rôles les plus marquants, finalement peut-être pas si éloigné de ce samouraï charismatique, mystérieux, élégant et mélancolique au regard bleu acier, brutal et d’une tristesse presque attendrissante, et dont le seul vrai ami est un oiseau. Rôle en tout cas essentiel dans sa carrière que celui de ce Jef Costello auquel Delon lui-même fera un clin d’oeil dans « Le Battant ». Melville, Delon, Costello, trois noms devenus indissociables au-delà de la fiction.

    Sachez encore que le tournage se déroula dans les studios Jenner si chers à Melville, en 1967, des studios ravagés par un incendie…et dans lequel périt le bouvreuil du film. Les décors durent être reconstruits à la hâte dans les studios de Saint-Maurice.

    Édités par Pathé, le DVD restauré et le Blu-ray inédit du film « Le Samouraï » seront disponibles à partir du 7 décembre 2011. Les deux supports contiennent un sublime livret de 32 pages au cours desquelles le journaliste Jean-Baptiste Thoret raconte la genèse du film et nous livre une analyse complète de l’œuvre et de son influence dans le cinéma français et international. Les Bonus sont enrichis par des documents inédits : un documentaire « Melville-Delon : de l’honneur à la nuit » et le Journal Télévisé de 20h de 1967 qui diffuse un reportage sur le film. Vendue au prix de 19.99€ pour le DVD et 24.99€ pour le Blu-ray, cette réédition exceptionnelle est l’occasion de redécouvrir les couleurs magistrales de ce chef d’œuvre du cinéma policier.

    Je vous recommande aussi cette interview d’Alain Delon pendant le tournage de « Mélodie en sous-sol »  réalisée en 1963 dans laquelle apparaît toute sa détermination, son amour du métier…que je ne retrouve malheureusement pas chez beaucoup d’acteurs aujourd’hui.

     

     Critique de PLAYTIME de Tati

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    « Playtime », tourné entre 1964 et 1967 et sorti en 1967, est organisé en six séquences qui nous emmènent successivement à Orly, dans un dédale de bureaux, au salon des arts ménagers,  dans des appartements ultramodernes, au royal garden et dans un manège urbain. Ces scènes sont reliées entre elles grâce à l'utilisation de deux personnages qui se croiseront au cours du récit : Barbara, une jeune touriste américaine en visite à Paris et M. Hulot (Jacques Tati), qui a un rendez-vous avec un personnage important.

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    Si le film a été un retentissant échec à sa sortie et un véritable gouffre financier pour Tati   (il dut hypothéquer sa propre maison ainsi que les droits des « Vacances de Monsieur Hulot » et de « Mon oncle » ), il est aujourd'hui considéré comme un chef d'œuvre de l'histoire du cinéma qui a par ailleurs influencé de nombreux cinéastes : : de Truffaut (qui lui rend hommage dans « Domicile conjugal » reprenant le gag du fauteuil de « PlayTime ») à Lynch ou Kaurismaki.  Prévu pour 2,5 millions de francs, le budget de Playtime est ainsi passé de 6 millions en 1964 à plus de 15 millions en 1967. Pour l'occasion Tati avait fait reconstituer une ville moderne entière « Tativille ».

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    Peut-être comme moi la première fois où je l'ai vu serez-vous déconcertés par le refus de la narration classique, par cette sollicitation permanente de l'ouïe et surtout du regard, par cette responsabilisation du spectateur mais le monde de Tati mérite un deuxième voyage, une deuxième chance et surtout un deuxième regard.

    « PlayTime » qui est pourtant sorti en 1967, il y a donc plus de 40 ans, pourrait ainsi avoir été réalisé aujourd'hui tant il reflète notre époque contemporaine : une époque avide de transparence, d'exhibition (« nous appartenons à une génération qui éprouve le besoin de se mettre en vitrine » disait-il déjà) et souvent aveugle à ce qui l'entoure. Une époque tonitruante et sourde. Une époque utra « communicationnel » et parfois tellement égocentrique voire égoïste. Une époque ouverte et cloisonnée. Une époque où les technologies compliquent parfois les rapports humains alors qu'elles devraient les faciliter. Une époque d'une modernité  aliénante (de l'uniformisation de l'architecture au rôle de la télévision en passant par l'influence de la société de consommation), déshumanisante et parfois inhumaine. C'est tout ce que Tati savait déjà si bien tourner en dérision et envelopper dans un vaste manège parfois (contrairement à ce qu'on pourrait croire) plus désenchanté qu'enchanté, en tout cas enchanteur. Le premier plan sur l'immeuble gigantesque, en contre-plongée est ainsi le reflet, à la fois inquiétant et fascinant, de ce que représente la modernité pour Tati.

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    Quelle clairvoyance, quand il y a plus de 40 ans, Tati nous montre une société aseptisée, uniformisée, qui perd son identité et sa convivialité mais qui perd aussi la notion d'intimité (même si ici la transparence est un leurre, au propre comme au figuré), des vies standardisées, une société monochrome, un monde moderne qui aliène dans lequel « la vedette est avant tout le décor ». Les corps et décors sont alors pareillement soumis à la standardisation et à la répétition. « Playtime » a ainsi été tourné en 70mm pour montrer la démesure de l'architecture par rapport à l'homme.

     Quel cinéaste arrive aujourd'hui à construire des plans (souvent des plans séquence et des plans d'ensemble) d'une telle richesse, d'une  telle densité, d'une telle polysémie avec un tel travail sur le son, les couleurs, l'organisation en apparence désorganisée de l'espace, créant un univers tellement singulier à la fois absurde et clairvoyant, tendre et mélancolique ?

      PlayTime est un bijou burlesque, héritier de Keaton mais aussi de Chaplin avec ses objets métonymiques (canne, chapeau),  d'une beauté inégalée et qui nous embarque dans son univers aussi gris que fantaisiste, aussi absurde que réaliste : Tati met ainsi en lumière les paradoxes de notre société par un cinéma lui-même en apparence paradoxal, mais savamment orchestré.

    Ah, la séquence du Royal Garden! Quelle lucidité. Quelle drôlerie ! Quel discernement ! Quelle folie savante et poétique ! Quel sens du détail ! 45 minutes d'une inventivité et d'une intelligence jubilatoires et incomparables ! Et quelle confiance accordée au spectateur qu'on cherche si souvent aujourd'hui à infantiliser et quelle confiance accordée à son regard qu'on cherche si souvent à dicter... Un tourbillon spectaculaire, une récréation savoureuse dont le spectateur fait partie intégrante.

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     Tati se fait chorégraphe et maître de ballet de son univers labyrinthique si particulier et fascinant, tout en folie, déplacement et transparence, avec ses mouvements qui épousent d'abord les lignes architecturales puis qui prennent leur liberté, leur envol et deviennent plus audacieux comme une invitation à ne pas se laisser emprisonner par les lignes du décor et donc à se désaliéner de la modernité dans laquelle Paris n'est plus qu'un reflet inaccessible et nostalgique. L'artiste prend alors le pas sur les lignes rectilignes et glaciales de l'architecture. Tati s'inspire lui-même de plusieurs peintres : Mondrian, Klee, Bruegel...Il tente alors de décloisonner et perturber l'espace.

    Au milieu de cette modernité intrigante, inquiétante, faîte de tant d'incongruités,  le spectateur est en permanence sollicité, surtout responsabilisé. Tati nous déconcerte et nous ensorcelle, nous interpelle et nous responsabilise, donc, et nous invite à voir la poésie, certes parfois désespérée, qui se cache derrière (et parfois émane de)  l'absurdité de la société et de l'existence modernes.

    Le film a été restauré en 2002 pour plus de 800000 euros...

     

  • Critique de FAUTE D'AMOUR (LOVELESS) d'Andreï Zvyagintsev (prix du jury du Festival de Cannes 2017)

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    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    « Faute d’amour » est mon grand coup de cœur de cette édition que je retournerai voir pour vous en parler plus longuement et plus précisément.

    Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui semble prêt à l’épouser... Aucun des deux ne semble avoir d'intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu'à ce qu'il disparaisse.

    En 2007, Konstantin Lavronenko, remportait le prix d’interprétation masculine pour son rôle dans « Le Bannissement » de Zvyagintsev. Avec « Elena », Zvyangintsev remportait le Prix spécial du jury  Un  Certain Regard en 2011. Et le Prix du scénario pour « Leviathan » en 2014. Avec ce cinquième long-métrage, il frôle la perfection.

    Ce film palpitant m’a littéralement scotchée à l’écran du premier au dernier plan. Premiers plans de ces arbres décharnés, morts, comme un avertissement. Et de ce drapeau russe flottant sur le fronton d’une école déserte. « Je voulais parler d’absence d’empathie et d’égoïsme permanent et l’arrière-plan politique contribue à votre perception ». Voilà comment Zvyagintsev a évoqué son film lors de la conférence de presse des lauréats. Il a obtenu le grand prix, son film avait aussi tout d’une palme d’or. Et dans ces premiers plans, déjà, tout était dit.

    Chaque séquence, portée par une mise en scène vertigineuse d’une précision stupéfiante (perfection du cadre, des mouvements de caméra, de la lumière, du son même), pourrait être un court-métrage parfait et le tout esquisse le portrait d’êtres ne sachant plus communiquer ni aimer. La mère passe ainsi son temps sur Facebook et à faire des selfies. Métaphore de la Russie et plus largement d’un monde, individualiste, matérialiste et narcissique, où il est plus important de parler de soi sur les réseaux sociaux que de s’occuper de ses enfants. Où l’entreprise devient un univers déshumanisé dans l’ascenseur de laquelle les employés sont  silencieusement alignés tels des zombies.

    « Faute d’amour » est un film très ancré dans le pays dans lequel il se déroule mais aussi très universel. Le pays en question c’est une Russie qui s’essouffle (au propre comme au figuré, et tant pis pour ceux qui trouveront le plan le matérialisant trop symboliste). A l’arrière-plan, l’Ukraine. « Il y a une dimension métaphysique. La perte de l'enfant pour ces deux parents, c'est pour la Russie la perte de la relation naturelle et normale avec notre voisin le plus proche, l'Ukraine », a ainsi expliqué le cinéaste. Et quand la caméra explore le bâtiment fantôme, surgi d’une autre époque, figé, chaque pas dans cette carcasse squelettique nous rappelle ainsi à la fois les plaies béantes d’un pays et celles d’un enfant qui venait s’y réfugier.

    Le film est éprouvant, par moment étouffant, suffocant même. Il décrit des êtres et un univers âpres, abîmés,  cela ne le rend pas moins passionnant comme un éclairage implacable sur une société déshumanisée, pétrie de contradictions. Ainsi, le père travaille dans une société avec un patron intégriste qui ne supporte pas que ses employés divorcent tandis que la mère travaille dans un institut de beauté et passe son temps à s’occuper de son corps.

    Les scènes de disputes entre les parents sont d’une violence inouïe et pourtant semblent toujours justes, comme celle, féroce, où la mère dit à son mari qu’elle ne l’a jamais aimé et a fortiori celle que l’enfant entend, caché derrière une porte, dont nous découvrons la présence à la fin de celle-ci, dispute qui avait pour but de s’en rejeter la garde. L’enfant semble n’être ici qu’un obstacle à leur nouveau bonheur conjugal. Une séquence d’une force, d’une brutalité à couper le souffle. Et lorsque l’enfant se réfugie pour pleurer, secoué de sanglots, exprimant un désarroi incommensurable que personne ne viendra consoler, notre cœur saigne avec lui.

    Zvyangintsev, s’il stigmatise l’individualisme à travers ceux-ci, n’en fait pas pour autant un portrait manichéen des parents. La mère, Genia, a ainsi vécu elle aussi une enfance sans amour avec une mère surnommée « Staline en jupons » qui, elle-même, après une séquence dans laquelle elle s’est montrée impitoyable avec sa fille, semble s’écrouler, visiblement incapable de communiquer autrement qu’en criant et insultant, mais surtout terriblement seule. Genia apparaît au fil du film plus complexe et moins détestable qu’il n’y paraissait, la victime d’un système (humain, politique) qui broie les êtres et leurs sentiments. Son mari nous est presque rendu sympathique par la haine que sa femme lui témoigne et par son obstination silencieuse à aider aux recherches menées par des bénévoles qui témoignent d’une générosité qui illumine ce film glaçant et glacial.

    Des décors de l’appartement, d’une froideur clinique, à ces arbres squelettiques, à l’entreprise du père avec ses règles et espaces rigides, en passant par les extérieurs que la neige et l’obscurité envahissent de plus en plus au fil du film, tout semble sans âme et faire résonner ces pleurs déchirantes d’un enfant en mal d’amour (auxquelles d’ailleurs feront écho d’autres pleurs et d’autres cris lors de séquences ultérieures  également mémorables et glaçantes). Des plans qui nous hanteront bien après le film. Bien après le festival. Un très grand film qui m’a rappelée une palme d’or qui nous interrogeait sur les petitesses en sommeil recouvertes par l’immaculée blancheur de l’hiver, un film rude et rigoureux,« Winter sleep » de Nuri Bilge Ceylan. Une palme d’or que Zvyagintsev  (reparti avec le prix du jury) aurait indéniablement méritée pour ce film parfait de l’interprétation au scénario en passant par la mise en scène et même la musique, funèbre et lyrique, qui renforce encore le sentiment de désolation et de tristesse infinie qui émane de ces personnages que la richesse du scénario nous conduit finalement à plaindre plus qu’à blâmer. Du grand art.

  • Ma critique de JUSTE LA FIN DU MONDE de Xavier Dolan à l'honneur sur Canalplus.fr

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    Chaque mois, je vous recommande un film diffusé sur Canal plus dont ma critique est mise à l'honneur sur Canalplus.fr. Ce mois-ci, je n'ai su choisir entre mes deux coups de cœur de 2016, "Frantz" de François Ozon et "Juste la fin de monde" de Xavier Dolan. Après "Frantz"( dont vous pouvez retrouver ma critique, ici), c'est donc ma critique du film de Xavier Dolan qui est à l'honneur. Vous pourrez (re)voir le film à la fin du mois sur Canal plus. Cliquez ici ou sur l'image ci-dessous pour lire ma critique.

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  • Le programme complet du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz 2017

     

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    Chaque année, je manque de superlatifs pour vous parler de ce formidable festival auquel j'ai le plaisir d'assister depuis 5 ans. Comme je vous le disais dans mon compte rendu de l'édition 2016 (à retrouver ici), si le Festival de Saint-Jean-de-Luz était un film, ce serait le mélange détonant entre le cinéma de Claude Sautet et celui de Federico Fellini, une célébration amicale du cinéma dans une atmosphère joyeusement surréaliste, bien sûr dans un décor de cinéma, celui de la belle ville de Saint-Jean-de-Luz, entre océan parfois tumultueux et montagne stoïque, à quelques pas de l’Espagne, si bien que vous entendez plus souvent la langue de Cervantès que celle de Molière, si bien que vous avez l’impression que, là-bas, dans ce doux ailleurs, l’actualité et ses innommables tragédies marquent une pause même si les films braquent parfois un projecteur sur celles-ci. Ce serait aussi un road movie qui chaque année nous entraîne aux quatre coins du monde, en éclaire les drames, les espoirs et les blessures. Ce serait un film utopique dans lequel tous les "acteurs" sont d'une rare bienveillance, là pour l’amour du cinéma, un cinéma ouvert sur le monde et sur les autres. Ce serait un film dont on aimerait retarder le dénouement.

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    Rares sont les festivals à proposer  une compétition de cette qualité ( 15 longs-métrages cette année, premiers et deuxièmes longs-métrages uniquement, mais aussi courts-métrages), à être de tels découvreurs de talents mais aussi à parvenir à proposer autant de "vraies" avant-premières françaises et même mondiales. Le Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz, dont ce sera cette année la  quatrième édition,  se distingue ainsi par la passion, la cinéphilie, la liberté, l’audace (« un cinéma d’avenir » comme l’indique sa très belle affiche avec, pour égérie, la charmante comédienne Lou Gala,  devant l’objectif de François Berthier) qui l’animent.

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    Cette année à nouveau, j'aurai le grand plaisir de couvrir la riche programmation du festival : les premiers et deuxièmes films en compétition ( film historique, film de boxe, drame familial, comédies sans oublier les courts métrages : il devrait encore y en avoir pour tous les goûts cinématographiques), et d'y retrouver la convivialité sereine, le cadre idyllique, envoûtant et indiciblement mélancolique de Saint-Jean-de-Luz, la passion du cinéma comme credo et les débats avec le public après les projections (toujours instructifs) menés par l’enthousiaste directeur artistique du festival Patrick Fabre, à l'origine de la sélection toujours riche, surprenante, forte qu'il défend chaque année passionnément et sincèrement.

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    Cette 4ème édition aura lieu du 3 au 7 octobre 2017 et fera à nouveau la part belle au court-métrage entre les 10 courts métrages en compétition et ceux de l'ADAMI, hors compétition.

    Organisée chaque année depuis maintenant 24 ans, l’opération Talents Adami Cannes permet ainsi de découvrir et de mettre en valeur des jeunes comédiens de 18 à 30 ans au travers d’un programme de courts métrages. Au rythme d’un film par jour, les 5 courts métrages de la saison 2017 - coproduits par FullDawa Films - seront projetés à 14h30 au cinéma Le sélect et le dimanche 8 à 11H00.

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    Le jury  sera présidé par Michèle Laroque. Elle viendra présenter sa première réalisation, Brillantissime, en clôture du Festival, en avant-première mondiale. Elle sera entourée de Hugo Becker (acteur, producteur), Lola Doillon (réalisatrice, scénariste), Marc Fitoussi (réalisateur, scénariste), Gringe (acteur, auteur, interprète), Anne Marivin (comédienne), Sarah Stern (actrice).

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    ©Marie Astrid Jamois (photo prise lors du Festival du Cinéma Américain de Deauville, l'occasion d'évoquer notamment le Festival du Film Britannique de Dinard 1999 pour lequel nous étions alors membres du même jury).

     Ce qui  constitue la vraie force de ce festival, c’est la qualité  et souvent l’originalité des films en sélection (c’est souvent là -pour ne pas dire toujours !- que je découvre les meilleurs films de l’année à venir)  comme Louise Wimmer, Syngue Sabour, J’enrage de son absence , The selfish giant, Respire , le sublime A peine j’ouvre les yeux ou encore Compte tes blessures l’an passé…parmi tant d'autres ! Cette édition ne devrait pas déroger à la règle et le jury présidé par Michèle Laroque sera sans aucun doute confronté à des choix cornéliens au regard de la sélection qui s'annonce une nouvelle fois singulière et réjouissante de l'avant-première mondiale de "L'échange des princesses" de Marc Dugain en ouverture à des films en compétition intrigants et prometteurs.

    LONGS MÉTRAGES HORS COMPÉTITION

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    Ouverture

    L'ÉCHANGE DES PRINCESSES

    France
    De Marc Dugain

    Mardi 3 à 19h30

    AVANT PREMIERE MONDIALE

    Synopsis :

    Sous couvert de vouloir consolider la paix, Philippe d'Orléans, alors Régent de France, propose au Roi d'Espagne, Philippe V, un mariage entre l'héritier du trône français, Louis XV, âgé de 11 ans, et la très jeune infante d'Espagne, Anna Maria Victoria, âgée de quatre ans... Et il ne s'arrête pas là : il propose également de donner sa fille, Mlle de Montpensier, âgée de 12 ans, comme épouse au prince des Asturies, héritier du trône d'Espagne, pour renforcer ses positions et consolider la fin du conflit entre les deux royaumes. La réaction à Madrid est enthousiaste, et les choses se mettent vite en place. L'échange des princesses a lieu début 1722, en grande pompe, sur une petite île au milieu de la Bidassoa, la rivière qui fait office de frontière entre les deux pays. Tout pourrait aller pour le mieux. Mais rien ne marchera comme prévu...

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    séance spéciale

    SPARRING

    France

    De Samuel Jouy

    Vendredi 6 à 19h30

    AVANT PREMIERE FRANÇAISE

    Synopsis :

    A plus de 40 ans, Steve Landry est un boxeur qui a perdu plus de combats qu’il n’en a gagnés. Avant de raccrocher les gants, il accepte une offre que beaucoup refuseraient : devenir sparring partner du grand champion Tarek M’Bareck. Une dernière occasion de briller auprès de sa femme et de ses enfants.

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    séance spéciale

    LE RIRE DE MA MÈRE

    France

    De C. Savignac & P. Ralite

    Samedi 7 à 16h30

    Synopsis :

    Adrien, onze ans, est un enfant anxieux et contemplatif. Il partage son temps entre ses parents divorcés : Romain, homme rassurant, qui a refait sa vie avec Gabrielle, et Marie, mère impulsive et passionnée. Il est amoureux d'Elsa qu’il observe à l’atelier de théâtre du Collège, sans oser y participer. Un jour, Adrien est témoin d’un événement qui va bouleverser la vie de Marie et de toute la famille…

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    séance enfants

    ZOMBILLÉNIUM

    France

    De Arthur de Pins & Alexis Ducord

    Mercredi 4 à 9h30

    Synopsis :

    Dans le parc d’attractions d’épouvante Zombillénium, les monstres ont le blues. Non seulement, zombies, vampires, loups garous et autres démons sont de vrais monstres dont l’âme appartient au Diable à jamais, mais en plus ils sont fatigués de leur job, fatigués de devoir divertir des humains consuméristes, voyeuristes et égoïstes, bref, fatigués de la vie de bureau en général, surtout quand celle-ci est partie pour durer une éternité... Jusqu'à l'arrivée d'Hector, un humain, contrôleur des normes de sécurité, déterminé à fermer l’établissement. Francis, le Vampire qui dirige le Parc, n’a pas le choix : il doit le mordre pour préserver leur secret. Muté en drôle de monstre, séparé de sa fille Lucie, et coincé dans le parc, Hector broie du noir... Et si il devenait finalement la nouvelle attraction phare de Zombillénium ? 

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    clôture

    BRILLANTISSIME

    France
    De Michèle Laroque

    Samedi 7 à 20h00

    AVANT PREMIERE MONDIALE

    Synopsis :

    Nice. Angela, femme sans histoire, se fait quitter par mari et enfant sans préavis, le soir de Noël. Entre soulagement et déprime, Angela va connaître toutes les émotions et se poser toutes les questions sans réponse. Tout y passe : la tristesse, l'angoisse de la solitude, la tentation suicidaire, la colère, l'ironie, l'autodénigrement, jusqu'au déclic et l'envie de se reprendre en main, d'évoluer. A qui d'autre en parler qu'à son psy, sa meilleure amie, sa mère ?

    LONGS MÉTRAGES EN COMPÉTITION

    Les 10 films de longs métrages sélectionnés pour la compétition.

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    APRÈS LA GUERRE

    Italie / France
    De Annarita Zambrano

    Vendredi 6 à 14h45
    et samedi 7 à 12h00

    Synopsis :

    Bologne, 2002. Le refus de la loi travail explose dans les universités. L’assassinat d’un juge ouvre des vieilles blessures politiques entre l’Italie et la France. Marco, ex-militant d’extrême gauche, condamné pour meurtre et réfugié en France depuis 20 ans grâce à la Doctrine Mitterrand, est soupçonné d’avoir commandité l’attentat. Le gouvernement italien demande son extradition. Obligé de prendre la fuite avec Viola, sa fille de 16 ans, sa vie bascule à tout jamais, ainsi que celle de sa familleen Italie qui se retrouve à payer pour ses fautes passées.

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    L'ENFANT DE GOA

    Inde / France / Pays Bas
    De Miransha Naik

    Mercredi 4 à 11h00
    et Jeudi 5 à 17h15

    AVANT PREMIERE FRANÇAISE

    Synopsis :

    Goa 1999, où vit un grand nombre de Ghatis, des travailleurs immigrants venus d’autres états d’Inde. Santosh habite dans un petit village avec sa grand-mère sous la domination de Juze, leur vendeur de sommeil tyrannique. Il est le seul à lui tenir tête.

     

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    JUSQU'À LA GARDE

    France
    De Xavier Legrand

    Mercredi 4 à 19h30

    AVANT PREMIERE FRANÇAISE

    Synopsis :

    Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive…

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    LUCKY

    États Unis
    De John Carroll Lynch

    Mardi 3 à 11h00
    et mercredi 4 à 17h15

    AVANT PREMIERE FRANÇAISE

    Synopsis :

    Le voyage spirituel d’un athée de quatre-vingt-dix ans et les personnages excentriques qui habitent sa ville, perdue dans le désert...

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    SEULE LA TERRE

    Royaume Uni
    De Francis Lee

    Vendredi 6 à 11h00
    et samedi 7 à 10h00

    Synopsis :

    Johnny travaille du matin au soir dans la ferme de ses parents, perdue dans le brouillard du Yorkshire. Le soir, il noie son amertume au pub du village et multiplie les aventures sexuelles sans lendemain. Lorsque Gheorghe, un saisonnier roumain, arrive à la ferme pour lui prêter main forte, Johnny doit faire face à des sentiments jusqu’alors inconnus. Une relation intense naît entre les deux hommes, qui pourrait changer la vie de Johnny à jamais. 

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    DIANE À LES ÉPAULES

    France
    De Fabien Gorgeart

    Mercredi 4 à 14h45
    et jeudi 5 à 22h00

    Synopsis :

    Sans hésiter, Diane a accepté de porter un enfant pour Thomas et Jacques, ses meilleurs amis. C’est dans ces circonstances, pas vraiment idéales, qu’elle s’éprend de Fabrizio, son électricien.

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    LA FÊTE EST FINIE

    France
    De Marie Garel Weiss

    Jeudi 5 à 19h30

    AVANT PREMIERE MONDIALE

    Synopsis :

    Malgré leurs différences, Céleste et Sihem deviennent vite inséparables. La volonté commune de se sortir de la drogue scelle leur amitié fusionnelle. Celle-ci sera autant une force qu’un obstacle lorsque, virées du centre qui les accueille, elles se retrouvent livrées à elles-mêmes, à l’épreuve du monde réel et de ses tentations. Elles vont devoir se battre pour vivre enfin.

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    LE RIRE DE MADAME LIN

    Hong Kong

    De Zhang Tao

    Jeudi 5 à 11h00
    et vendredi 6 à 17h15

    Synopsis :

    Dans un village du Shandong, une vieille paysanne fait une chute. Immédiatement, ses enfants en profitent pour la déclarer inapte et l’inscrivent malgré elle dans un hospice. Dans l’attente que se libère une place, la doyenne séjourne tour à tour chez chacun de ses enfants, aucun ne voulant la prendre en charge.

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    LE SEMEUR

    France
    De Marine Francen

    Jeudi 5 à 14h45
    et vendredi 6 à 22h00

    AVANT PREMIERE Française

    Synopsis :

    1852 : L’armée de Louis Napoléon Bonaparte écrase la résistance des Républicains.

    Dans son village de montagne, Violette assiste à la rafle de tous les hommes. Après des mois passés dans un isolement total, Violette et les autres jeunes filles se font un serment : si un homme vient, il sera celui de toutes…

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    SIMON ET THÉODORE

    France
    De Mikael Buch

    Mardi 3 à 14h45
    et mercredi 4 à 22h00

    AVANT PREMIERE MONDIALE

    Synopsis :

    Simon Weiser va bientôt devenir père. Mais comment ce jeune homme, fantasque et blessé, peut-t-il s’occuper d’un enfant alors qu’il ne parvient même pas à prendre soin de lui ? La rencontre avec Théodore, adolescent teigneux qui n’a jamais connu son père, permet à Simon de questionner son imminente paternité. Le temps d'une nuit, ces deux frondeurs vont se lancer dans un périple existentiel cocasse et touchant.

     

    COURTS MÉTRAGES EN COMPÉTITION

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    8 films de courts métrages présentés en compétition le samedi 7 à 14h00.

    ENTRE ELLES

    Réalisation : Noémie Landreau

    Synopsis :

    C’est l’été, dans le sud, il fait extrêmement chaud.Une grande maison isolée dans les hauteurs d’un petit village. Agneshka a invité trois amies à passer des vacances « entre filles ». Quatre trentenaires en pleine crise existentielle, sans enfant. C’est alors que débarque Marie, l’amie d’enfance d’Agneshka, enceinte de plus de six mois, l’incarnation de la maternité épanouie et du bonheur conjugal. Son arrivée va créer un étrange malaise parmi les jeunes femmes, sa présence faisant ressurgir toutes les angoisses, les frustrations des quatre autres. S’enclenche alors une mécanique perverse dont Marie devient la victime…

    EX-VOTO

    Réalisation : Antoine Beauvois Boetti

    Synopsis :

    Marco, un jeune artiste parisien se rend dans l'appartement familial pour fêter la majorité de son petit frère Lucas. Ce dernier est encore perturbé par le récent départ du foyer de son frère et surtout par l’absence du père, d’autant plus à cette date symbolique. En rentrant chez lui juste après les affectueuses festivités familiales, Marco croise un homme ressemblant étrangement à un portrait qu'il vient de réaliser. Il pense d’abord à une coïncidence, mais lorsque le phénomène se produit à nouveau, Marco écarte l’hypothèse du hasard. Il tentera de mettre cet étrange phénomène au service d’une quête chère à son petit frère: la recherche de leur père.

    MARLON

    Réalisation : Jessica Palud

    Synopsis :

    Marlon, 14 ans, rend visite à sa mère en prison pour la première fois depuis son incarcération. La jeune fille, protégée par sa famille et son entourage, s'entête malgré tout à croire que sa mère est son héroïne d'enfance...

    NOS ENFANTS

    Réalisation : Sarah Suco

    Synopsis :

    Lorsque Lucie et Jean rentrent d’une soirée en amoureux, le comportement étrange de leur nouvelle baby-sitter les interpelle. Ils se rendent alors dans la chambre de leurs enfants et se

    rendent compte qu’ils ont disparu. Fous d’inquiétude, ils cherchent des explications auprès de la jeune fille.

    L'OCCUPANT

    Réalisation : Jonathan Hazan

    Synopsis :

    Vincent, un homme venu de nulle part, s’installe dans une maison de campagne isolée. Au fur et à mesure que les jours passent, il aménage les lieux loin de tout et de tout le monde.

    ORDALIE

    Réalisation : Sacha Barbin

    Synopsis :

    Jean sonne à la porte d’un appartement situé en haut d’une tour. Karl, la cinquantaine, lui ouvre. Jean annonce à Karl la raison de sa visite : il a été payé pour le tuer. Karl accepte son sort trop facilement résigné…

    LES PIONNIERS

    Réalisation : Gaby Ohayon

    Synopsis :

    Zyto et Momo, 11 ans, font connaissance dans les toilettes d’un collège privé. Leur point commun : ils sont tous les deux circoncis. Alors que Momo l’assume complètement, Zyto appréhende cette différence comme un frein pour s’intégrer. Momo échafaude alors un plan quelque peu farfelu pour aider son ami à en finir avec son blocage…

    SOPHILOSCOPE

    Réalisation : Daisy Sadler

    Synopsis :

    Alice et ses amies tentent de faire face à l’absurdité de la mort de leur camarade de classe.

    COURTS MÉTRAGES : L'ADAMI L'APRÈS-MIDI

    5 films de courts métrages présentés hors compétition

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    CHOUGMUUD
    Réalisation : Cécile Tellerman

    Synopsis :

    Lorsque Gilles, Marylin, Lucie et Thomas arrivent à leur soirée de Speed Dating, ils ont tous en tête le personnage idéal qui leur permettra de conclure à coup sûr. C’était sans compter sur l’un des serveurs, qui glisse dans les cocktails une drogue violemment désinhibante, le Chougmuud ! Après avoir déroulé leur discours type, voilà que les quatre dragueurs d’un soir se mettent à jouer carte sur table, sans masque et sans pudeur...

    LE PÉROU
    Réalisation : Marie Kremer

    Synopsis :

    Convoqués pour un mystérieux rendez- vous, deux jeunes hommes et deux jeunes filles se retrouvent devant un bar défraichi, sur le front de mer, à Ostende. Très vite, les quatre individus découvrent qu’ils ne sont pas ici par hasard : apprenant qu’ils sont demi-frères et soeurs, ils héritent également du bar. Avec une mission : le retaper...

    QUI NE DIT MOT
    Réalisation : Stéphane de Groodt

    Depuis toujours, John est maladivement incapable de s’engager. Mais aujourd’hui, les choses changent. Le monde entier semble s'être ligué contre lui, avec une étrange obsession... lui faire enfin dire « Oui »!

    LA STATION

    Réalisation : Patrick Ridremont

    Synopsis :

    Max, Mégane et Louise débarquent dans une mystérieuse station-essence. A l’intérieur du bâtiment désert, de nombreuses photocopieuses qui fonctionnent à plein régime. Et un homme, bien décidé à exploiter le pouvoir magique des machines, capables de donner vie aux fantasmes les plus fous...

    TIMING
    Réalisation : Marie Gillain

    Synopsis :

    Dans les allées de l’Ikea où il est venu aider son frère, Gaspard répète le texte de son casting. A l’accueil de la société de production où on la fait poireauter, Léa attend son tour avec impatience. Mais Benoit, le frère de Gaspard, et Marie, la standardiste, ont bien d’autres priorités que ce casting...

    LA GRILLE DE PROGRAMMATION

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    AUTOUR DU FESTIVAL

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    Rencontre avec le jury - mardi 3 octobre - 10h30 - Cinéma le Sélect. Premier contact avec les membres du jury présidé par Michèle Laroque avant la projection du premier film de la compétition.


    Dédicace de Marc Dugain de son livre “ils vont tuer Robert Kennedy” (Gallimard) - mardi 3 octobre - 17h - Cinéma le Sélect.


    Guillemette Odicino s’fait des films - mercredi 4 octobre - 17h - Médiathèque. La journaliste de Télérama, animatrice de l’émission On s’fait des films sur France Inter, présentera des premiers films qu’elle a choisis parmi les titres disponibles à la Médiathèque de Saint-Jean-de-Luz.


    Rencontre avec Michèle Laroque - jeudi 5 octobre - 18h - Cinéma le Sélect. Evocation du parcours de la comédienne de son premier rôle au cinéma dans Le mari de la coiffeuse, à son premier film comme réalisatrice, Brillantissime.


    Métier de cinéma : Costumière - vendredi 6 joctobre - 10h - Cinéma le Sélect. Rencontre autour du métier de costumière de cinéma avec notamment Laurence Forgue Lockhart qui a travaillé sur Jusqu’à la garde, présenté en compétition.


    Forum : Apprendre le cinéma - samedi 7 octobre - 11h- Cinéma le Sélect. En présence notamment de Claude Lelouch et Rémi Bergman qui nous parleront des Ateliers de Beaune où 13 élèves apprennent à faire du cinéma.


    Concert de musique de film par l’Orchestre de l’Harmonie Intercommunale - 17h - Place Louis Louis XIV.

    POUR SUIVRE LE FESTIVAL ET TOUT SAVOIR SUR CELUI-CI :

    Le site internet officiel du festival

    https://www.fifsaintjeandeluz.com/

    J'ai oublié de vous préciser que les séances étaient accessibles à tous à des tarifs plus que raisonnables. Toutes les informations pratiques sont sur le site officiel du festival.

    La page Facebook officielle du festival 

    https://www.facebook.com/fifsaintjeandeluz/

    Le compte Twitter officiel du festival

    @FifStJeanDeLuz

    Le compte Instagram officiel du festival

    @fifsaintjeandeluz

    ... et mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma "Les illusions parallèles" (Editions du 38) qui comprend une nouvelle qui se déroule dans le cadre du festival.

    Retrouvez mes articles sur les éditions précédentes sur Inthemoodforcinema.com et Inthemoodforfilmfestivals.com.

    Retrouvez également mon article sur le Grand Hôtel Loreamar de Saint-Jean-de-Luz

    Les visuels des films et du jury sont issus du site officiel et de la page Facebook officielle du festival.

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  • Critique de INTERSTELLAR de Christopher Nolan à 20H55 sur France 2

    En 1999, un certain Christopher Nolan avait remporté le Hitchcock d’argent du Festival du Film Britannique de Dinard. Cette même année, j’avais eu le plaisir de faire partie du jury qui lui avait décerné ce prix. Nous avions alors été subjugués par l’indéniable originalité de son premier film « Following ». Depuis, Christopher Nolan a enchaîné les succès : « Memento », « Insomnia », « Batman begins », « Le Prestige», « The Dark Knight ». La singularité remarquable de son univers lui avait ensuite permis de réunir et convaincre un casting d’exception comme celui d’ «Inception » avant de réaliser « The Dark night rises » et enfin « Interstellar ».

    interstellar

    Dans « Inception », il s’agissait de subtiliser et manipuler les rêves. D’implanter une idée. Une belle promesse d’un voyage unique pour le spectateur. Un synopsis  d’une inventivité et d’une audace rarement égalées dans un cinéma de plus en plus frileux. Un blockbuster possédant toute la richesse, la complexité et la confiance dans le spectateur, généralement davantage (et à tort) attribuées au film d’auteur. La mémoire, la distorsion du temps, l’illusion : autant de thèmes que Christopher Nolan avait déjà abordés dans ses précédents films et dont il extrayait et recyclait ici le meilleur. Film inclassable qui ne mêlait pas seulement les dimensions mais aussi les genres. Plus qu’un film, une expérience vertigineuse, dont le dernier plan, même après une seconde projection, m’avait laissée en apesanteur, comme grisée par un tour de manège délicieusement enivrant. A l’image des idées toujours fixées sur le subconscient, un film qui vous laisse une empreinte inaltérable. Un film qui se vit plus qu’il ne se raconte, qui nous plonge en plein rêve. La quintessence du cinéma : un rêve partagé qui distord le temps, défie la mort et qui nous rappelle ce que nous ne devrions pas oublier ou craindre : ne jamais avoir peur de rêver trop grand. Je pourrais écrire ce même paragraphe concernant les immenses qualités d’ « Inception » au sujet d’ « Interstellar », sans en changer un mot. Preuve que le cinéma de Christopher Nolan possède son univers et une continuité, une logique et une constance dans l’excellence, la marque des grands cinéastes.

    Christopher Nolan aime en effet jouer avec les codes narratifs, cinématographiques, éclater la narration, bousculer nos repères spatio-temporels. Nous bousculer. Et bousculée, remuée, bouleversée, je l’ai été pendant ce film, à son dénouement, et après. Comme rarement il m’est arrivé de l’être au cinéma.

    Dans un monde futur qui ressemble au nôtre, mais où la sécheresse, les tempêtes, une poussière suffocante, la famine menacent, l’époque n’est plus aux conquérants et aux explorateurs et aux rêves mais aux agriculteurs et à la nécessité de s’alimenter et survivre. En cachette, la NASA continue pourtant ses travaux et ses recherches. L’horloge tourne. Il faut sauver l’humanité du désastre et de la fin annoncés. Une faille récemment découverte dans l’espace-temps permettrait de repousser les limites humaines et de partir à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire. Jamais l’humanité n’aura connu une telle urgence et un tel défi : dépasser les limites de notre galaxie pour trouver une autre planète sur laquelle vivre. Les explorateurs, ce sont Joseph Cooper (Matthew McConaughey) et Amelia Brand (Anne Hathaway), fille du professeur Brand (Michael Caine), un astrophysicien à l’origine de ces recherches et de cette mission. Joseph Cooper, quant à lui, est un ancien pilote qui a trouvé sa reconversion forcée dans la culture de maïs. Un phénomène paranormal le conduit jusqu’à ce centre ultrasecret de la NASA. Comme il est un éminent pilote et même le plus doué, cette mission lui est alors destinée. Joseph Cooper est le père de deux enfants, Tom et Murphy (incarnée à l’âge adulte par Jessica Chastain), nommée comme la loi éponyme non pas « parce que ça porte malheur mais parce que ce qui peut arriver va arriver ». Elle ne pardonne pas à son père ce départ, qu’elle assimile à un abandon, un départ sans certitude de réussite et de retour. Rester avec ses enfants ou les abandonner pour tenter de leur assurer un avenir possible, ainsi qu’au reste de l’humanité : tel est l’impossible dilemme auquel s’était retrouvé confronté Joseph, d’autant plus cruel que la distorsion du temps et la relativité peut leur faire perdre 7 ans en une heure lorsqu’ils se retrouvent au contact de la gravité d’une certaine planète…

    Loin d’être folle utopie, le scénario d’ « Interstellar » s’inspire principalement des travaux du physicien théoricien Kip Thorne, réputé pour ses apports cruciaux à la physique, l’astrophysique et surtout au domaine de la gravitation. Il est connu pour avoir exploré la théorie de la relativité générale d’Einstein. D’après ses recherches, il serait possible de voyager dans le temps, grâce aux fameux trous de vers.  Il a également participé à l’écriture du scénario. Jonathan Nolan, co-auteur du scénario avec son frère, a aussi beaucoup lu les travaux de Carl Sagan, scientifique et astronome américain.

    Initialement développé par Spielberg, « Interstellar » n’a finalement pas été réalisé par le cinéaste pour des raisons d’emploi du temps. Christopher Nolan devait alors seulement en écrire le scénario avec son frère Jonathan Nolan. Spielberg proposa alors à Christopher Nolan de le reprendre à son compte et de le réaliser. Si on y retrouve des thèmes chers à Spielberg, le film semblait néanmoins être fait pour Christopher Nolan, tant il recèle et sublime ses thèmes de prédilection.  Ce projet presque aussi fou que celui qu’il relate a été entouré du plus grand secret. Je n’en savais rien avant d’entrer dans la salle et le voyage en fut d’autant plus époustouflant.

    Comme « Inception », « Interstellar » est inclassable. Il réunit le western et la science-fiction. Le film d’auteur et le blockbuster. L’intime et le grandiose. Il fait se rencontrer Ford et Kubrick et, s’il peut faire penser à « Gravity » par le voyage auquel il nous convie, oubliez tout de suite la comparaison, « Interstellar », au contraire de celui-ci,  est dépourvu du symbolisme simpliste et surligné dont « Gravity » souffrait. Dès les premiers plans, ces différents genres et dimensions sont entremêlés : le récit d’une vieille femme, le cauchemar d’un pilote, et un fantôme qui rend visite à une petite fille qui en fait part à son père, incrédule. Toutes les clés du passionnant puzzle sont contenues dans ces premières minutes mais le voyage qui nous amène à cette conclusion est tellement étourdissant, éblouissant, suffocant aussi parfois pour nous éblouir davantage encore ensuite, que vous auriez tort de vous en priver.

    Certes, le montage (notamment une scène en montage alterné) met avec un peu de lourdeur des événements en parallèle, mais le résultat est tellement redoutable et efficace en termes d’émotion et de force narrative qu’il serait difficile de lui reprocher. Tout juste peut-on regretter que le film ne soit pas finalement plus long pour prolonger encore le voyage et laisser un peu plus de place à certains personnages et intrigues secondaires.

    Il en fallait tout de même de l’audace, de la détermination, du talent pour rendre les trous de ver et la singularité gravitationnelle et cette fable métaphysique ainsi exaltants, pour que nous nous égarions dans ce labyrinthe avec autant de jubilation. Comme si le temps avait perdu pour moi aussi toute logique et s’était distendu, les 2H49 que durent le film m’ont semblé une heure et, pourtant, j’ai éprouvé la sensation d’un lointain voyage, à la fois éprouvant et sublime. Avec les protagonistes, le spectateur est immergé dans cette course contre le temps, contre la mort, et confronté aux questionnements et dilemmes des protagonistes. Le réalisateur prend d’ailleurs le temps, notamment d’une exposition qui ancre dans le réel les personnages et qui donne plus de force encore au voyage interstellaire.

    Nolan est aussi doué pour les scènes grandioses que les scènes intimistes, les alternant savamment pour que jamais la tension et notre attention ne se relâchent. Cette scène, intime, où Cooper reçoit un message de sa fille ou celle, grandiose, où la capsule tente, dans une périlleuse acrobatie de rejoindre la navette, sont tout aussi bouleversantes. Dans cette scène, où la capsule virevolte à une vitesse grisante, effrayante et vertigineuse, j’ai littéralement eu la sensation de danser, voler avec eux aux confins de la galaxie, le souffle coupé. La musique, elle aussi enivrante, de Hans Zimmer achève de faire de cette scène un moment d’anthologie…comme le film en compte d’ailleurs plusieurs, Hans Zimmer dont c’est ici la cinquième collaboration avec Christopher Nolan et dont la partition contribue au caractère exceptionnel du film. Le son joue d’ailleurs un rôle crucial et Nolan en fait une utilisation particulièrement  brillante et astucieuse : du silence qui, soudain, nous happe dans son gouffre à la fois lénifiant et effrayant, aux cris des oiseaux et au bruit de la pluie qui viennent le briser, en passant par ce poème réitéré, d’une mélancolie et d’une beauté ravageuses, sur les images de l’espace.

    Malgré son caractère science-fictionnel, le film est particulièrement réaliste, grâce au décor, à la photographie, à cette tension constante évoquée précédemment, mais aussi à ce choix de la pellicule (que Christopher Nolan est l’un des derniers à défendre face au numérique, à Hollywood, comme le rappelle le passionnant documentaire « Side by side » dont je vous parlais dans mon compte rendu du dernier Festival Lumière de Lyon) et  à la préférence du réel face à l’infographie, notamment pour les deux robots, prénommés Case et Tars qui ont été véritablement construits pour le film.

    Au-delà de l’aventure exceptionnelle à laquelle il nous convie, au-delà du voyage initiatique et interstellaire, au-delà du message humaniste et écologique, (oui, ce film est tout cela et bien plus encore), « Interstellar » est aussi une célébration de l’amour et en particulier de l’amour filial qui « transcende la dimension temporelle et spatiale » (message que certains trouveront sans doute mièvre mais qui contribue à la force et à l’émotion qui culmine à la fin du film), sur l’instinct de survie, le temps, la mémoire et la nature, bien si précieux. « Interstellar » fait partie de ces films, exceptionnels, SENSATIONnels (au propre comme au figuré),  qui plus que des films, sont des instants, des expériences à voir et revoir, vivre et revivre, qui s’intègrent à votre vie. J’en suis ressortie épuisée, mélancolique, ravagée, éblouie et souriante comme après un voyage lointain, magnifique et éreintant, en me disant que, au-delà de la mort, de l’espace et du temps, un père récemment disparu et si cher à sa fille auteur de ces lignes, continuait à l’accompagner, par-delà le néant. Merci au cinéma et à ce film de m’avoir fait croire, l’espace d’un inestimable instant, à l’impossible et de m’avoir ainsi embarquée pour ce voyage inoubliable aux confins de la galaxie, de la mort et de l’imaginaire…

  • Festival de Deauville 2017, parenthèse enchantée - épisode 1 : souvenirs de ma séance de dédicaces

     

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    J'ai eu l'immense plaisir dédicacer mes livres pendant le Festival du Cinéma Américain de Deauville, dans le cadre du mythique hôtel Normandy. Dans la ville où cette longue histoire avec les festivals de cinéma commença pour moi. Dans l'hôtel où fut tourné "Un homme et une femme" de Claude Lelouch dont je parle d'ailleurs dans ces livres. La mise en abyme était parfaite, et joyeusement étourdissante. En attendant, comme d'habitude, mon compte rendu détaillé du festival et mes critiques des films, retour en images sur cette journée.

    Un grand merci à tous ceux qui sont venus à cette séance de dédicaces mais aussi et surtout à la libraire Caroline Kuntz (de la librairie "Jusqu'aux lueurs de l'aube" de Deauville) pour l'enthousiasme avec lequel elle a défendu le recueil de nouvelles (et d'ailleurs avec lequel elle soutient ardemment les livres qu'elle apprécie, si vous avez besoin de conseils, ne cherchez pas, allez à la librairie de Deauville Jusqu'aux lueurs de l'aube !) et merci pour le mot qui accompagne le recueil dans sa librairie.

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    Quel plaisir d'être ainsi soutenue et aussi de rencontrer des lecteurs déjà conquis notamment cette lectrice insatiable qui a dévoré le recueil la veille et qui est alors venue acheter le roman ! Quelle joie aussi de revoir ou rencontrer certains d'entre vous à cette occasion (merci Anne-Sophie, Yannick, Camille, Yanic, Anthony, Sandrine, Jenny, Nathalie, Pierre, Alexandre, Julien, Sandrine ...), parfois venus pour me faire une belle surprise et de loin (un merci spécial à Delphine et Céline).  Merci aussi à tous ceux qui ont eu la curiosité de découvrir le recueil et/ou le roman après la séance de dédicaces.

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    Les livres sont bien sûr toujours disponibles à la librairie "Jusqu'aux lueurs de l'aube" (88 rue Eugène Colas - 02 31 88 25 66). De très belles rencontres encore à cette occasion, un des bonheurs de l'écriture que de les rendre possibles. Merci le CID et son équipe ( et tout particulièrement Jacques Belin et Marie-Anne Blossier) de m'avoir permis de vivre mon 25ème Festival dans des conditions exceptionnelles et merci pour la newsletter envoyée aux 9000 abonnés.

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    Merci Deauville pour le soutien sur sa page officielle...et d'avoir changé le cours de mon existence, il y a des années de cela. Merci le groupe Barrière pour l'idée initiale de cette dédicace et pour l'organisation.  Merci l'écriture de me faire vivre tous ces moments et pour cette parenthèse enchantée.

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    Merci à France 3, Normandie Passion, Paris- Normandie, Le Pays d'Auge, Bleu Normandie, Radio Cristal pour la belle couverture médiatique et aussi à Pascale.B). Merci au talentueux photographe Dominique Saint (pour la couverture photos et la séance photos dont est extraite celle ci-dessous) et à Delphine.S pour les autres photos.

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    Merci à la boutique Lollipops de Deauville d'avoir mis le livre dans sa jolie vitrine (photos ci-dessus).

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    Pour plus d'informations :

    Ma page Facebook de romancière

    La page du site officiel de mon éditeur consacrée au recueil de nouvelles "Les Illusions parallèles"

    La page du site officiel de mon éditeur consacrée au roman "L'amor dans l'âme"

    La page Facebook de la librairie "Jusqu'aux lueurs de l'aube"

    Les pages du site internet de la ville de Deauville consacrées à la dédicace

    Ma page Amazon (n'hésitez pas à y laisser votre avis à votre tour...ainsi que sur les sites Fnac, Babelio etc)

    Bientôt, d'autres articles consacrés à cette dédicace... et mon compte rendu détaillé de ce 43ème Festival du Cinéma Américain de Deauville.

  • Ma critique de FRANTZ de François Ozon à l'honneur sur Canal + : le film à ne pas manquer ce soir !

    Chaque mois désormais, j'aurai le plaisir de vous recommander un film diffusé sur Canal plus et vous pourrez retrouver ma critique du film en question sur Canalplus.fr. Cliquez sur le l'image ci-dessous pour accéder à ma critique de FRANTZ de François Ozon diffusé ce soir sur Canal plus.

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