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IN THE MOOD FOR CINEMA - Page 255

  • Le Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2012 en direct bientôt ici: programme détaillé, jury ...!

    Encore un festival, me direz-vous. Oui, certes, mais celui-ci vaut vraiment le déplacement car, s'il a gagné en notoriété au fil des ans (ce sera déjà la 17ème édition!), il n'a rien perdu en convivialité (ce qui arrive malheureusement à un grand nombre de festivals qui prennent de l'ampleur). Accessible à tous, ce festival permet de découvrir des talents (le festival ne sélectionne que des premiers et deuxièmes longs-métrages, et propose également une compétition de courts-métrages) tout en étant un lieu d'échanges, le plus souvent au cinéma Le Sélect où se déroulent toutes les projections.

    L'édition 2012 du Festival International des Jeunes Réalisateurs aura ainsi lieu du 9 au 13 octobre dans ce qui est pour moi le plus beau port du Pays Basque, à Saint-Jean-de-Luz donc. (retrouvez mon article détaillé avec le compte-rendu complet de la 16ème édition du Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2011 en cliquant ici) .

    J'ai vu tous les films l'an passé (une sélection éclectique et forte) et j'essaierai de faire de même cette année pour vous livrer ici un compte-rendu exhaustif. Je me réjouis ainsi d'avance de découvrir les pépites cinématographiques de l'année à venir, et les grands cinéastes de demain, et de vous faire partager ces découvertes, raison d'être de la création de ce blog, il y a 9 ans déjà.

     Je vous le ferai également vivre sur twitter en direct de l'ouverture à la clôture (sur mon compte principal @moodforcinema ainsi que sur celui consacré aux festivals de cinéma @moodforfilmfest).

    Vous pouvez aussi suivre le festival sur sa page Facebook officielle et sur son compte twitter officiel ( @JeunesReals).

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    C'est là que j'avais notamment découvert ce qui est pour moi un des films de l'année 2012: "Une bouteille à la mer" de Thierry Binisti (retrouvez ma critique ici),  un film ensorcelant, poignant comme un poème entremêlant tragédie et espoir, et les réunissant par la beauté lumineuse et clairvoyante des mots; ou enore un autre coup de coeur de cette année "Louise Wimmer" de Cyril Mennegun, (membre du jury cette année) qui m'avait permis de  découvrir un cinéaste qui me rappelle les plus grands cinéastes du réalisme social britannique et une comédienne qui porte ce film magnifiquement bouleversant et tristement universel qui s’achève sur une note d’espoir d’une beauté aussi simple que ravageuse.

    C'est un grand nom de la bande dessinée qui a réalisé la très belle affiche de cette année: Vincent Paronnaud, aussi connu des cinéphiles pour avoir réalisé plusieurs courts-métrages, un moyen-métrage, avoir coréalisé « Persépolis » et avoir réalisé « Poulet aux prunes » d’ailleurs présenté à Saint-Jean-de-Luz, en compétition, l’an passé.

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    A nouveau, cette année, le festival proposera 5 jours de projections: une compétition de 1ers et deuxièmes films, courts et longs-métrages, des avant-premières nationales…

    Je vous laisse découvrir la (très belle) programmation en images ci-dessous avec, notamment, « J’enrage de son absence » de Sandrine Bonnaire, un de mes coups de coeur du dernier Festival de Cannes dont je vous propose la critique en bonus ci-dessous. Retrouvez également les horaires des projections ci-dessous et la bande-annonce des courts-métrages (je vous les recommande également).

    Mardi 9 octobre

    19h30 Cérémonie d'ouverture suivie du film "Rue Mandar" d'Idit CEBULA
    22h30 "Rue Mandar" d'Idit CEBULA

    Mercredi 10 octobre

    11h "Le voyage de Monsieur Crulic" d'Anca DAMIAN
    15h "Syngue Sabour" d'Atiq RAHIMI
    17h15 "Vole comme un papillon" de Jérôme MALHDE (hors compétition)
    20h "Ouf" de Yann CORIDIAN
    22H "Syngue Sabour" d'Atiq RAHIMI (rediffusion)

    Jeudi 11 octobre

    11h "Now is good" d'Ol PARKER
    15h "Soongava" de Subarna THAPA
    17h15 "Le voyage de Monsieur Crulic" d'Anca DAMIAN (rediffusion)
    17h15 "Ouf" de Yann CORIDIAN (rediffusion)
    20h "Dead man talking" de Patrick RIDREMONT
    22h "Soongava" de Subarna THAPA (rediffusion)

    Vendredi 12 octobre

    11h "Les voisins de Dieu" de Meni YAESH
    15h "Une estonienne à Paris" d'Ilmar RAAG
    17h15 "Now is good" d'Ol PARKER (rediffusion)
    17h15 "Dead man talking" de Patrick RIDREMONT (rediffusion)
    20h "J'enrage de son absence" de Sandrine BONNAIRE
    22h "Une estonienne à Paris" d'Ilmar RAAG (rediffusion)

    Samedi 13 octobre

    10h30 Projection des courts métrages
    11h "Les voisins de Dieu" de Meni YAESH (rediffusion)
    11h "J'enrage de son absence" de Sandrine BONNAIRE (rediffusion)
    14h30 Film pour enfants "Ernest et Célestine"
    19h30 Cérémonie de clôture suivie du film "Mais qui a re-tué Pamela Rose ?" d'Olivier BAROUX et de Kad MERARD

     

    Quant au jury, il sera présidé par Audrey Fleurot avec, à ses côtés, Julien Courbey, Pauline Etienne, Thierry Neuvic, Audrey Fleurot, Michaël Cohen, Elodie Navarre et Cyril Mennegun ( donc réalisateur du très beau « Louise Wimmer » qui avait bouleversé les festivaliers de SAint-Jean-de-Luz l’an passé et dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici).

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    Enfin, avant de vous laisser avec la critique de "J'enrage de son absence" ( une projection à ne manquer sous aucun prétexte, vendredi à 20H), signalons une innovation du festival pour cette année: la mise en place d'un "filmaton" à votre disposition au cinéma Le Sélect pour laisser vos impressions sur les films et le festival.

    Critique de « J’enrage de son absence » de Sandrine Bonnaire

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    Sandrine Bonnaire nous avait déjà bouleversés avec son documentaire consacré à sa sœur autiste « Elle s’appelait Sabine » (alors présenté à la Quinzaine des Réalisateurs), un documentaire ni larmoyant ni complaisant, deux écueils dans lesquels il aurait été si facile de tomber. Véritable plaidoyer pour la mise en place de structures d’accueil pour les handicapés, hommage à ceux qui les encadrent, c’est aussi une véritable déclaration d’amour de Sandrine Bonnaire à sa sœur, un cri du cœur déchirant pour celle que 5 années d’hôpital psychiatrique ont changé à jamais mais qui joue un prélude de Bach avec la même facilité sidérante que des années auparavant. Elle parvient à nouveau, magistralement, à nous bouleverser avec son premier long-métrage, inspiré d’une histoire vraie.

    Ce film nous raconte l’histoire d’un couple, Jacques (William Hurt) et Mado (Alexandra Lamy), dont le fils est décédé accidentellement il y a une dizaine d’années. Lorsqu’ils se retrouvent, le père devient obsédé par le petit garçon de 7 ans qu’elle a eu d’une autre union. Entre cet homme et ce petit garçon, un lien fort et inquiétant se crée dans le secret d’une cave.

    Sandrine Bonnaire pour son premier film, dès la première seconde, fait preuve d’une maitrise étonnante, d’une manière de nous « impliquer » dans son drame, avec intensité et empathie. La tension est croissante. Le regard à la fois doux et perdu, un peu fou mais surtout fou d’amour et de la rage de l’absence de William Hurt auquel sa caméra s’accroche souvent, y est pour beaucoup. Sa prestation est une des plus magistrales qu’il m’ait été donné de voir. Son personnage un des plus bouleversants de tendresse, de détresse, d’humanité, aux portes de la folie. Il va peu à peu s’enterrer, se recroqueviller au propre comme au figuré, pour aller au bout de cette détresse. Jamais Sandrine Bonnaire ne tombe dans le pathos, toujours à hauteur de ses personnages, de leur cauchemar dans lequel elle nous enferme peu à peu, créant une tension croissante, bientôt suffocante. Elle ne juge jamais ses personnages mais les comprend, les suit pas à pas dans cette descente aux enfers. Deux appréhensions du deuil. L’un tait et l’autre fait exploser sa douleur, descend jusqu’au plus profond de celle-ci. Deux personnages abîmés par les terribles vicissitudes de l’existence et d’autant plus humains et touchants.

    Sandrine Bonnaire, si elle a certainement appris beaucoup avec tous les grands cinéastes avec lesquels elle a tournés (le prénom de Mado fait ainsi songer à Claude Sautet, d’ailleurs ce mélange des genres peut aussi faire penser à « Quelques jours avec moi » de ce même cinéaste dans lequel Sandrine Bonnaire était d’ailleurs magistral), elle impose, dès son premier film, un style bien à elle, et surtout un regard et un univers propres aux grands cinéastes. En plus d’être une grande comédienne, Sandrine Bonnaire s’affirme ici comme une grande cinéaste en devenir. Elle filme la violence de la couleur avec une rage à la fois douce et âpre, sans jamais lâcher ses personnages tout comme cette douleur absolue ne les lâche jamais. Paradoxalement, un film qui fera du bien à tous ceux qui ont connu ou connaissent la douleur ineffable, étouffante et destructrice du deuil.

    Avec ce film dramatique, absolument bouleversant, entre drame familial et thriller, Sandrine Bonnaire met des images sur l’indicible douleur et donne à William Hurt et Alexandra Lamy leurs meilleurs rôles (un premier rôle et une nouvelle fois un beau personnage de mère qui montre une nouvelle fois toute l’étendue de l’immense talent de cette dernière) et signe une première fiction palpitante, poignante, d’une maîtrise étonnante qui vous fera chavirer d’émotion pour ces beaux personnages enragés de douleur.

    Sortie en salles : le 31 octobre 2012

    Pour plus d’infos, rendez-vous sur le site officiel du Festival International des Jeunes Réalisateurs de SAint-Jean-de-Luz: http://www.jeunes-realisateurs.com/

    Réservation au Cinéma Le Sélect, 29 Bd Victor Hugo à Saint-Jean-de-Luz du lundi au vendredi de 14h à 19h

    Découvrez les autres blogs inthemood: http://inthemoodforfilmfest , http://inthemoodlemag.comhttp://www.inthemoodforcannes.com , http://www.inthemoodfordeauville.com , http://www.inthemoodfrorluxe.com  (avec, notamment, un article sur l'hôtel Loreamar de Saint-Jean-de-Luz, ici).

    Retrouvez-moi en direct de Saint-Jean-de-Luz dès mardi prochain!

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  • Critique de "Rapt" de Lucas Belvaux, ce 4 octobre 2012, à 20H45, sur France 3

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    Stanislas Graff est un homme d'industrie à qui, en apparence, tout réussit jusqu'à ce qu'il soit enlevé par un groupe de truands sans scrupules. Débute alors pour lui un calvaire qui va durer plusieurs semaines. Pour persuader son entourage de payer, ses ravisseurs lui coupent un doigt qu'ils envoient à ses proches. Pendant qu'il est coupé du monde et humilié, la presse fait de nombreuses révélations sur ses pertes au jeu, sur ses nombreuses maîtresses, sur sa double vie. Sa femme (Anne Consigny), sa mère (Françoise Fabian) et ses deux filles découvrent par la même occasion sa face cachée...

    A certains égards, « Rapt » me rappelle le film dont je vous parle souvent, « Monsieur Klein » de Joseph Losey, dans sa négation de l'humanité et de l'identité d'un homme, dans son analyse de la barbarie, de l'inhumanité, d'un fascisme latent.

    Lucas Belvaux, en quelques plans frénétiques et vertigineux, nous présente d'abord Stanislas Graff dans son statut d'homme d'industrie, homme de pouvoir, sûr de lui, pressé, respecté, ami des puissants, quelque peu arrogant même. Rien qui ne nous le rende éminemment sympathique ni totalement antipathique. Et puis c'est l'enlèvement, la descente aux enfers. L'homme est condamné à être enchaîné, à genoux, pire qu'un animal, amputé, humilié. Lui qui surplombait Paris de son appartement et le regardait de sa hauteur d'homme de pouvoir devant lequel on se courbe est courbé à son tour et n'a même plus le droit de lever les yeux condamné à l'obscurité et au silence. Ses bourreaux n'ont aucune pitié, uniquement guidés par l'appât du gain et la haine envers cet homme qui représente un statut auquel ils souhaitent accéder. Par tous les moyens. Même les plus vils et barbares. Lucas Belvaux a eu l'intelligence de ne jamais les rendre sympathiques, mais de stigmatiser au contraire leur goût du pouvoir et de la violence. Et lorsque la conversation de l'un de ses bourreaux se fait sur un ton presque léger avec un accent marseillais chantant, la cruauté n'en est que plus insidieuse quand, en parlant sur un ton faussement badin et d'autant plus exaspérant, il lui remet les chaînes autour du cou.

    La réalisation, intelligemment elliptique, glaciale et glaçante, accompagne aussi bien les scènes de Stanislas avec ses ravisseurs que celles de sa famille, des avocats, de la police plus soucieux de préserver leurs intérêts que de réellement le sauver. Stanislas va devenir l'objet d'une lutte de pouvoirs acharnée. Entre la police et son avocat. Entre son entreprise et sa famille. Entre son épouse et sa mère.

    Là où le film était intéressant dans ses trois premiers quarts, il se révèle brillant et d'une cruauté ineffable dans ses dernières minutes. Libéré, Stanislas se heurte à un mur de froideur et d'incompréhension. Pas une marque d'affection ou de tendresse si ce n'est de la part de son chien à qui son apparence est bien égale ( ironie du sort pour lui qui a été réduit à l'animalité) sinon des reproches sur sa vie passée comme si cela justifiait, voire excusait, la barbarie dont il a été victime dans le regard des médias, de ses collaborateurs, et même de sa famille pour qui il n'a finalement été qu'un enjeu d'argent.

    L'image l'emporte sur la réalité des faits. Celle que les médias ont forgé confondant fonds propres et chiffres d'affaires, confondant vie dissolue d'un homme et barbarie dont il est victime, comme si la première justifiait la seconde. Ces médias qui passent d'un sujet à l'autre, lunatiques, amnésiques, un drame en chassant un autre. La dignité avec laquelle il fait face alors qu'il a tout perdu et que sa libération s'avère être une autre forme de captivité (prisonnier de son image) le rend encore plus bouleversant, piétiné alors qu'il est à terre.

    Yvan Attal est ainsi absolument parfait du début à la fin mais encore plus dans les dernières minutes, visages émacié, méconnaissable mais digne et faisant face.

    Cette histoire inspirée de l'affaire du Baron Empain qui eut lieu en 1978 a été transposée de nos jours avec évocation de stock options et de parachutes dorées de rigueur, ce qui renforce le sentiment de malaise et de vraisemblance.

    Le dernier plan, d'une austérité angoissante, montre l'homme dans toute sa solitude, sans même une lueur d'espoir, plongé dans un cauchemar inextricable. Un film d'une noirceur et d'une froideur rares mais judicieuses qui, du premier plan au dernier, nous tient en haleine malgré sa noirceur et sa violence psychologique suffocantes (mais toujours au service du propos). Le jeu irréprochable et subtilement froid des acteurs secondaires (délibérément hiératiques) contribue aussi à cette réussite. Un (excellent) film particulièrement intense dont on ressort avec une forte impression qui nous accompagne bien longtemps après le générique, tout comme nous compagne longtemps ce regard d'Yvan Attal, blessé mais debout, seul mais digne. Poignant.

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  • Dates du 39ème Festival du Cinéma Américain de Deauville

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    Après cette très belle édition 2012 du Festival du Cinéma Américain de Deauville (sur laquelle je reviendrai d'ailleurs à nouveau prochainement), il va de soi que vous pourrez suivre ici en direct cette 39ème édition (qui sera aussi pour moi la 20ème) évidemment sur mon blog dédié à Deauville http://www.inthemoodfordeauville.com  mais aussi sur mes autres blogs : http://www.inthemoodforcinema.com , http://inthemoodforfilmfestivals.com , http://inthemoodlemag.com .

    Rendez-vous ici pour connaître prochainement les premières informations sur cette édition 2013 du Festival du Cinéma Américain de Deauville qui aura donc lieu du 30 août au 8 septembre. En attendant, vous pourrez évidemment suivre le Festival du Film Asiatique de Deauville sur lequel vous retrouverez ici prochainement de nombreuses informations.

    Vous pouvez aussi rejoindre la page Facebook de ce blog http://facebook.com/inthemoodfordeauville et son compte twitter (@moodfdeauville )

    Retrouvez également ma critique du grand lauréat du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012: "Les bêtes du sud sauvage" en cliquant ici.

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  • Dates du 66ème Festival de Cannes

    Le Festival de Cannes 2013 aura lieu du 15 au 26 Mai 2013.

    Vous pourrez bien entendu retrouver ici toutes les informations sur cette 66èmr édition que j’espère pouvoir vous faire vivre en direct sur mes différents blogs (ici bien sûr mais aussi sur http://www.inthemoodforcinema.com, http://inthemoodlemag.com, et évidemment sur http://www.inthemoodforcannes.com , mon blog consacré au Festival de Cannes) pour ce qui sera mon 13ème Festival de Cannes.

    Je vous rappelle que sort aujourd’hui en salles « Reality » de Matteo Garrone, Grand prix du dernier Festival de Cannes dont je vous parlerai à nouveau ici prochainement.

    En attendant les premières informations sur l’édition 2013 du Festival de Cannes, retrouvez mon bilan de l’édition 2012 en cliquant ici.

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  • Critique - "The social network" de David Fincher, ce 3 octobre 2012, à 20H45, sur Ciné + premier

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    Comment rendre cinématographique un sujet qui ne l’est a priori pas ? Telle est la question que je m’étais posée quand, pour la première fois, j’avais entendu parler du sujet de ce film dont j’avoue qu’il m’avait laissée pour le moins sceptique, un scepticisme toutefois amoindri par le nom du cinéaste à la manœuvre : le talentueux David Fincher par lequel, par le passé, j’ai été plus (« L’étrange histoire de Benjamin Button », « Seven», « The game ») ou moins (« Zodiac ») enthousiasmée.

    Le sujet, c’est donc le site communautaire Facebook ou plutôt l’histoire de sa création et de son créateur Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg), un soir d’octobre 2003 bien arrosé, pour cause de déception sentimentale. Ce dernier pirate alors le système informatique de Harvard pour créer une base de données de toutes les filles du campus. Il est alors accusé d’avoir intentionnellement porté atteinte à la sécurité, aux droits de reproduction et au respect de la vie privée. Son exploit retentissant arrive jusqu’aux oreilles de trois autres étudiants qui avaient un projet similaire à ce qui deviendra Facebook. Mark leur apporte son soutien technique mais surtout s’empare de l’idée et la perfectionne évinçant complètement les trois autres du projet. Ce nouveau site prend une ampleur considérable et inattendue, d’abord à Harvard puis dans les autres universités américaines et finalement dans le monde entier.

    Le film est adapté du livre de Ben Mezrich "The accidental Billionaires ( "La revanche d'un solitaire").

    « The social network » est passionnant à plus d’un titre et cela dès la première scène, un dialogue dont la brillante vivacité accroche immédiatement le spectateur et nous donne la clé de la réussite de Mark Zuckerberg, ou plutôt de sa soif de réussite : une quête éperdue de reconnaissance sociale. Un échange à la vitesse de l’éclair avec sa petite amie qui aboutira à leur rupture et dans lequel il fait preuve d’une sorte de fascination obsessionnelle pour les clubs qui pullulent à Harvard, marque d’ascension sociale aux rites souvent puérils. D’une fascinante intelligence, et d’une saisissante arrogance, son esprit et ses motivations deviennent plus palpitants à suivre que bien des thrillers notamment grâce au montage d’une limpidité virtuose qui mêle plusieurs histoires liées à Mark Zuckerberg et plusieurs temporalités: la création de Facebook et les procès suscités par celle-ci.

    C’est pour moi avant tout le montage, ingénieusement elliptique, et le scénario (signé Aaron Zorkin) qui font la grande richesse du film, en ce qu’ils apportent un rythme soutenu mais aussi en ce qu’ils illustrent la création de Mark Zuckerberg : Facebook où les informations fusent et s’entrecroisent. Le film, à l’image du créateur et de sa création, passe d’une idée à une autre à une rythme frénétique. Génération Facebook où tout doit aller vite, une idée ( ou un-e- ami-e-) en remplacer un(e) autre.

    Montage, scénario, interprétation (Jesse Eisenberg mais aussi Justin Timberlake dans le rôle du fondateur de Napster, ou encore Andrew Garfield dans le rôle d’Eduardo, l’ami jalousé-jaloux et trahi) sont la grande réussite de ce film au sujet a priori improbable, un film sur un sujet générationnel dont c’est d’ailleurs peut-être la limite même si les autres thèmes qu’il illustre ( trahison, prix et moteurs de la réussite ) restent universels.

    L’idée brillante est certainement d’avoir réalisé un film à l’image de son sujet (Marck Zuckerberg) et de son objet (Facebook), égocentrique, centré sur lui-même et qui redoute l’ennui, le temps mort, plus que tout et n’en laisse donc aucun plongeant le spectateur dans un flux hypnotisant (plus que captivant, à l’image de Facebook, là encore) d’informations. La forme judicieuse fait apparaître la confusion significative entre le créateur et sa création, Mark Zuckerberg et Facebook. Milliardaire solitaire dont la réussite s’apparente à un échec (qui n’est pas sans rappeler le héros d’un autre film de David Fincher) et qu’illustre parfaitement la redoutable dernière scène. Le créateur est alors à l’image de la création phénomène qu’il a engendrée : l’outil d’une communication à outrance qui finalement isole plus qu’elle ne rassemble et qui n’est qu’un voile flatteur mais illusoire sur une criante solitude.

    Un brillant film générationnel qui est aussi une ingénieuse parabole et qui témoigne une nouvelle fois de l’éclectisme du talent de David Fincher et qui aura même sans doute valeur sociologique mais qui, en revanche, ne mérite pas l’appellation de « film de l’année » qui me laisse perplexe… sans doute l’aspect très narcissique qui flatte l’ego d’une génération qui se reconnait dans cet entrepreneur certes brillant mais effroyablement, cyniquement et sinistrement avide de reconnaissance.

    Précisons enfin que Mark Zuckerberg a désavoué le film qui, s’il nuit au créateur de Facebook, devrait encore davantage populariser sa création.

    Ci-dessous, le vrai Mark Zuckerberg évoque "The social network".



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  • Critique - "This must be the place" de Paolo Sorrentino , ce 2 octobre 2012, à 22H45, sur Canal plus

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    Ce soir, à 22H45, sur Canal plus, ne manquez pas "This must be the place" de Paolo Sorrentino. Critique:

     « This must be the place » de Paolo Sorrentino était reparti bredouille de la compétition du Festival de Cannes 2011, enfin presque puisqu’il avait reçu le prix du jury œcuménique. Avec son premier film en Anglais, le cinéaste italien était ainsi pour la quatrième fois en compétition à Cannes, trois ans après avoir obtenu un prix du jury pour « Il divo ». Avec « Melancholia », « Minuit à Paris » et « The Artist », c’était un de mes coups de cœur de cette édition 2011 qui a souvent fasciné autant qu’il a agacé les festivaliers. Des réactions aussi extrêmes sont souvent signes d’un univers fort, ce que possède incontestablement Paolo Sorrentino.

    Sean Penn y interprète Cheyenne, 50 ans, une ancienne star du rock. Il vit de ses rentes à Dublin où il traine sa mélancolie et son ennui. La mort de son père avec qui il a coupé les ponts depuis des années le décide à partir pour New York. Là, il découvre que son père pourchassait un ancien criminel de guerre nazi, un bourreau d’Auschwitz qui l’avait humilié. Cheyenne va poursuivre la vengeance de son père et, pour l’accomplir, va traverser les Etats-Unis…

    En revoyant « This must be the place », j’ai pensé à l’écriture de Françoise Sagan. A sa fameuse petite musique des mots qui fait que, au-delà de l’histoire qu’elle nous raconte, le caractère jubilatoire de la forme happe notre attention et nous donne envie de dévorer notre lecture. C’est le cas aussi de la mise en scène de Sorrentino qui nous ensorcelle avec sa « petite musique » des images (des mots d’ailleurs aussi avec, en voix off, parfois le texte du père de Cheyenne). La comparaison n’est d’ailleurs pas aussi absurde, Cheyenne aurait ainsi pu dire telle la Cécile de « Bonjour tristesse » : « Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. »

    Cheyenne, c’est donc Sean Penn, allure gothique et dégingandée, dos courbé, démarche lente et irrésolue, voix traînante, visage maquillé à la Robert Smith et rire triste et improbable. Pour entrer dans le film, il faut évidemment adhérer à son personnage d’enfant capricieux sur les épaules duquel semblent peser tous les malheurs du monde (en tout cas ceux de son histoire et de l’Histoire, rien que ça). Contrairement à ce qu’il a déclaré récemment à propos d’un autre film (indice : ce film a obtenu la palme d’or), il semble vraiment savoir ce qu’il est venu faire là. Ses gestes, son regard, son phrasé : tout nous fait oublier l’acteur pour construire ce personnage de grand enfant innocent, malicieux, capricieux, ce chanteur de rock déchu, à la fois pathétique, touchant, ridicule, flamboyant, décalé. Face à lui, Jane (Frances McDormand), sa femme, aussi forte, présente, décidé qu’il est faible, absent, velléitaire. Leur couple est d’ailleurs symbolique de ce film tout en contradictions et judicieux décalages.

    "Paolo réalise des films rapides sur des gens lents et des films drôles sur des gens tristes", a déclaré Sean Penn lors du dernier Festival de Cannes. Sorrentino recourt en effet à la légèreté pour évoquer le poids de l’existence que Cheyenne semble porter, mais aussi le poids de la tragédie. Contradictions encore avec ce père absent et omniprésent. Entre ce personnage enfantin, sa fragilité apparente et sa terrible, et souvent irrésistible, lucidité (Au départ on se dit « Ce sera ça ma vie » puis « C’est ça la vie » déclare-t-il ainsi). Entre la gravité du sujet et la tendresse loufoque pour l’aborder. Entre les grands espaces américains et la mélancolie irlandaise. Entre le visage fardé et ce qu’il dissimule. Entre la mort omniprésente et la vie absente d’un Cheyenne qui s’ennuie. Contradictions entre la fantaisie parfois dérisoire et son objectif qui est tout sauf dérisoire. Entre l’inoffensivité apparente d’un homme et les crimes qu’il a commis.

    Sorrentino semble prendre autant de plaisir à sublimer cette Amérique que Cheyenne traverse qu’à en souligner les ridicules excès, entre les images d’Epinal de l’American dream, les paysages qui ressemblent à des peintures de Hopper avec ses motels, ses stations service, ses vastes étendues d’une beauté vertigineuse et ses excès (ou contradictions à nouveau) qu’il tourne en dérision : d’un armurier à la plus grande pistache du monde, en passant par une bouteille géante qui entrave sa route. Il nous en montre aussi la diversité des visages et des paysages comme un enfant curieux, celui qu’est encore Cheyenne, qui découvre Le Nouveau Monde, un nouveau monde, un enfant qui s’émerveille et croise des personnages (un Indien silencieux, une oie, un bison…) qui semblent tout droit sortie d’un conte. Les moments de fantaisie poétique sont encore sublimés par la musique comme dans cette scène avec cette chanson interprétée par David Byrne, le chanteur des Talking heads qui a composé la musique du film (pas une première puisqu’il a reçu l’Oscar de la meilleure musique pour la BO du Dernier Empereur de Bertolucci).

    « This must be the place », c’est un parcours initiatique: l’histoire d’un masque qui tombe, d’un enfant qui grandit, d’un homme qui se relève. D’un artiste enfantin qui devient un homme et fume sa première cigarette. Un film inclassable qui mélange habilement les genres, un road movie qui déroute et enchante, ou nous glace par sa lucidité. Un film envoûtant grâce à la musique de David Byrne, la virtuosité de la mise en scène de Sorrentino et de l’interprétation de Sean Penn qui nous plongent dans une atmosphère poétique, onirique et fantaisiste qui dissimule un visage grave et lucide. Un bel hommage à « Paris, Texas » de Wim Wenders, et à « Into the wild » de Sean Penn, aussi. Un personnage et un film qui vous restent dans la tête comme une petite musique. Celle des mots de Sagan. Ou une grande. Celle des Talkings Heads. « Il faut choisir, dans l'existence, un moment, un seul, où la peur disparaît » nous dit-on dans le film. Ce périple en fait partie. Un périple réjouissant et bouleversant, grave et léger, mélancolique et enchanteur, fardé et sincère. Qui donne envie de regarder la vérité derrière le masque. Celle de l’abjection (le bourreau nazi) ou de l’humanité (Cheyenne) qui se mettent à nu (au propre comme au figuré ici). Leur rencontre improbable donne ce grand film construit sur de brillants contrastes.

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  • Critique - « La Désintégration » de Philippe Faucon

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    Si vous cherchez un bon film à voir parmi les sorties cinema DVD, je vous recommande "La Désintégration" de Philippe Faucon.

    C’est avec un peu de retard que je vous parle de ce film sorti le 15 février dernier et qu’il faut absolument que vous découvriez. Je l’avoue humblement, je ne connaissais pas le travail de Philippe Faucon mais, sans aucun doute, je m’y intéresserai à l’avenir tant ce film choc traite avec simplicité, nuance, humanité, intelligence, d’un sujet complexe et dense.

    L’intrigue se déroule dans une cité dans l’agglomération Lilloise, aujourd’hui.
    Ali, Nasser et Hamza, âgés d’une vingtaine d’années, font la connaissance de Djamel qui dix ans de plus qu'eux.
    Aux yeux d'Ali et ses amis, Djamel apparaît comme un aîné aux propos acérés et au charisme certain. Habile manipulateur, il endoctrine peu à peu les trois garçons, connaissant mieux que quiconque leurs déceptions, leurs failles et leurs révoltes face à une société dans laquelle ils sont nés, mais dont aucun des trois ne pense plus désormais faire partie.

    Ce film, certes très court (1H18) n’en est pas moins intense. Les ellipses accroissent la force du message et, avec subtilité, Philippe Faucon (dé)montre comment les souffrances sociales, le sentiment de se sentir nié, voire rejeté, aboutissent aux replis communautaires et parfois à des actes radicaux. Toute l’intelligence de l’écriture réside dans le fait d’éviter le manichéisme (Philippe Faucon montre ainsi qu’à côté de l’Islam radical, minoritaire, existe un Islam éclairé). Son film est une implacable démonstration qui montre comment des éléments apparemment mineurs, une suite de rejets et de frustrations vont aboutir à la violence extrême comme une issue inévitable.

    Plutôt que de construire un film spectaculaire, Philippe Faucon a choisi de filmer au plus près de ces hommes égarés qui basculent dans l’horreur plus par « désintégration » et parce qu’ils trouvent là une forme d’intégration que par conviction ou idéologie.

    Sans artifices, sans sensationnalisme, Philippe Faucon passe par la fiction pour montrer une réalité d’une manière plus convaincante que bien des articles ou reportages, auscultant ainsi les plaies béantes d’une République qui, parfois, désintègre plus qu’elle n’intègre mais sans non plus nier les progrès –et donc l’intégration- qu’elle permet (ainsi la comparaison entre la génération des parents et celle des enfants).

    Les dernières minutes du film sont d’une saisissante douleur et criantes de vérité. Les scènes qui les précèdent, au plus près du désarroi, de la folie, montrant le contraste entre la vie, là, si simple, ensoleillée, derrière la vitre, et ce dénouement effroyable qui semble inextricable, cette atmosphère cloisonnée, carcérale, dans l’habitacle de la voiture à laquelle l’un d’entre eux même, si symboliquement, s’enchaîne sont aussi simples que magistrales. Un film d’une simplicité aussi radicale et saisissante que son propos.

    Je ne pouvais pas terminer sans évoquer ce qui est l’autre grande force du film, ses incroyables interprètes dont l’époustouflante Zahra Addioui qui joue la mère, et dont j’ai encore du mal à croire que c’est sa première expérience de tournage tant elle est juste mais aussi Rashid Debbouze qui se fait ici plus qu’un prénom et qui crève littéralement l’écran, sidérant de justesse et d’intensité (et qui a d'autant plus de mérite qu'il n'a jamais utilisé sa célèbre parenté mais a fait son propre chemin, jouant son spectacle dans des salles parfois quasiment vides, un bel exemple d'opiniâtreté), sans oublier Yassine Azzouz, Ymanol Perset et Mohamed Nachit également remarquables. Des acteurs à suivre et un film à découvrir !

    LA DESINTEGRATION, un film de Philippe Faucon.
    Disponible en DVD – Editeur Pyramide Vidéo.
    En bonus : Entretiens avec Philippe Faucon et Rashid Debbouze.

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